Panthéon (Paris)
monument historique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Le Panthéon est un mausolée de style néo-classique situé dans le 5e arrondissement de Paris. Au cœur du Quartier latin, au sommet de la montagne Sainte-Geneviève, il est au centre de la place du Panthéon et entouré notamment de la mairie du 5e arrondissement, des universités Paris 2 Panthéon-Assas et Paris 1 Panthéon-Sorbonne (partageant le même bâtiment) de la bibliothèque Sainte-Geneviève, du lycée Henri-IV et de l'église Saint-Étienne-du-Mont. La rue Soufflot lui dessine une perspective vers l’ouest jusqu'au jardin du Luxembourg.
Type |
Église |
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Destination initiale |
Originellement à vocation ecclésiastique[note 1] |
Destination actuelle | |
Style | |
Architecte | |
Construction |
1757-1790 (projet : 1744) |
Ouverture | |
Hauteur |
83 m |
Religion | |
Gestionnaire | |
Patrimonialité |
Classé MH (, ) |
Visiteurs par an |
949 760 () |
Site web |
Pays | |
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Commune |
Coordonnées |
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Prévu à l'origine, au XVIIIe siècle, pour être une église qui abriterait la châsse de sainte Geneviève, ce monument a depuis la Révolution française vocation à honorer de grands personnages ayant marqué l'histoire de France, hormis pour les carrières militaires normalement consacrées au panthéon militaire des Invalides[note 2]. Y sont notamment inhumés Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo, Louis Braille, Sadi Carnot, Émile Zola, Jean Jaurès, Félix Éboué, Jean Moulin, Jean Monnet, Pierre et Marie Curie, André Malraux ou encore Alexandre Dumas, qui y fait son entrée en 2002. Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette y font leur entrée le . Simone Veil, accompagnée de son époux Antoine Veil, y est inhumée depuis le [1]. Maurice Genevoix y entre le . Joséphine Baker rejoint le temple républicain le . Missak et Mélinée Manouchian font leur entrée au Panthéon le .
L'architecture reprend notamment la façade du Panthéon de Rome, construit au Ier siècle avant notre ère, surmontée d'un dôme qui s'inspire du Tempietto de l'église San Pietro in Montorio. Les différents dessins de sa construction, sa décoration, les inscriptions et les symboles qui y figurent permettent de découvrir l’élaboration — lente et contrastée — de la nation française. Ce monument, considéré comme un lieu de mémoire, est ouvert au public et géré par le Centre des monuments nationaux.
Le nom du monument vient du Panthéon de Rome, qui date de l'Empire romain. On ne sait pas exactement quelle a été la fonction originelle de ce dernier, mais il semble avoir été un culte à la famille impériale et avoir été dédié à plusieurs dieux, ce qui lui aurait donné le nom latin Pantheon, du grec πάνθειον / pántheion, « de tous les dieux »[2].
Longtemps après cette époque, à partir du XVIe siècle, ce Panthéon de Rome a été réemployé comme tombeau pour les hommes illustres, il contient en particulier les restes de Raphaël et Victor-Emmanuel II. Les humanistes de cette époque devaient penser qu'un monument dédié à la vénération des dieux pouvait servir à celle des grands hommes. Il avait alors un peu la même fonction que la basilique Saint-Denis en France ou que l'abbaye de Westminster à Londres.
Et donc, à l'imitation de ce monument, « Panthéon français » est choisi pendant la Révolution pour désigner l'église Sainte-Geneviève dans son nouvel emploi de mausolée. Un rapport de 1791 proposait des alternatives comme « Portique » ou « Monument des grands hommes », « Basilique nationale », « Cénotaphe », « Mausolée des grands hommes »[3]. Le nom de « Panthéon » a dû plaire parce qu'il apparaissait comme une référence aux vertus romaines antiques, très mises en valeur à l'époque, même si en fait le panthéon-mausolée est une invention italienne.
Il se trouve qu'à ce moment il y avait déjà à Paris un bâtiment nommé Panthéon, qui était un théâtre de divertissement au Louvre[4]. Il a été remplacé en 1792 par le théâtre du Vaudeville. Le nom reprenait celui d'un théâtre de Londres (en)[5], qui lui-même avait été construit en s'inspirant du Panthéon de Rome.
Le Panthéon est un bâtiment long de 110 m et large de 84 m. La façade principale est décorée d’un portique aux colonnes corinthiennes, surmonté d’un fronton triangulaire exécuté par David d'Angers. Ce fronton représente la Patrie (au centre) donnant la Liberté et protégeant à sa droite les Sciences – représentées par de nombreux grands savants (Xavier Bichat, Berthollet, Gaspard Monge, Laplace…), philosophes (Voltaire, Jean-Jacques Rousseau…), écrivains (Fénelon, Pierre Corneille…) et artistes (Jacques-Louis David…) – et à sa gauche l'Histoire – représentée par les grands personnages de l'État (Napoléon Bonaparte…) et les étudiants de l'École polytechnique.
L'édifice, en forme de croix grecque, est couronné par un dôme haut de 83 mètres, coiffé d’un lanterneau. L’intérieur est décoré par des peintres académiques comme Puvis de Chavannes, Antoine-Jean Gros, Léon Bonnat ou Cabanel.
Un élément essentiel de la construction reste invisible aux yeux du visiteur. Alors que l'on pourrait penser qu'une seule coupole soutient le lanterneau et la croix à son sommet, en réalité, trois coupoles sont emboîtées les unes dans les autres :
Cette méthode de circulation de la lumière peut être comparée avec celle qu'ont adoptée les prédécesseurs de Soufflot ; par exemple, le Panthéon de Rome et son oculus central à ciel ouvert, ou la coupole des Invalides de Paris de Hardouin-Mansart. Il existe aussi un dôme triple enveloppe à la cathédrale Saint-Paul de Londres, conçu peu de temps auparavant par l'architecte anglais Christopher Wren, avec cependant un dôme charpenté. Le système de construction peut être examiné sur la maquette réalisée par Rondelet : elle se trouve exposée dans la chapelle annexe-nord du bâtiment[note 3],[note 4].
Dans la conception du dôme, d'un poids de 17 000 tonnes, Soufflot a utilisé la courbe de la « chaînette renversée », dans le dessin de la coupole intermédiaire[note 5],[7]. Celle-ci est influencée par la théorie du mathématicien anglais Robert Hooke, publiée en 1678 : la courbe formée par une chaîne de suspension, lorsque renversée, donne la forme d'un arc de maçonnerie « parfait », suivant et contenant la ligne de poussée, et qui trouvera une formulation mathématique en 1691, par Jacques Bernoulli, Leibniz, et Huygens.
La crypte couvre toute la surface de l'édifice. En effet, elle est constituée de quatre galeries, chacune sous chacun des bras de la nef. Cependant, elle n'est pas véritablement enterrée comme une cave puisque des fenêtres, en haut de chaque galerie, s'ouvrent sur l'extérieur.
On pénètre dans la crypte par une salle décorée de colonnes doriques (en référence au temple de Neptune à Paestum, que Soufflot avait visité pendant son voyage en Italie). En avançant, on découvre, au centre du bâtiment, la vaste salle voûtée de forme circulaire et la petite pièce centrale, située juste sous le dôme. Les dimensions de la crypte font qu'elle paraît fort vaste. Les 81 hôtes actuels ne sont pas à l'étroit puisque la capacité totale d'accueil est d'environ 300 places. Une des hypothèses émises pour expliquer cela serait que Louis XV voulait en faire un mausolée pour les Bourbons.
Louis XV, parti diriger ses armées engagées sur le front de l'Est dans la guerre de Succession d'Autriche, tombe gravement malade le , à Metz[8]. Son état empirant, la question de la communion et de l'extrême-onction se pose. François de Fitz-James, premier aumônier du roi, refuse de lui donner la communion tant que sa maîtresse, Madame de Châteauroux, n'a pas quitté les lieux[9]. Puis il impose au roi de demander pardon du scandale et du mauvais exemple qu'il donne[8]. Le , il n'accepte de lui donner l'extrême-onction que si sa maîtresse perd le titre de surintendante de la maison de la Dauphine. Madame de Châteauroux quitte Metz tandis que la reine arrive en hâte.
Le roi fait le vœu de faire construire une église dédiée à sainte Geneviève, dans le cas où il guérirait[10]. Devant l'incapacité des médecins à le soigner, un praticien messin juif, Isaïe Cervus Ullmann, est appelé au chevet du roi[11],[12]. Bien qu'il parvienne à sauver le roi, il n'en est pas récompensé : on ne peut attribuer la guérison du roi « Très Chrétien » à un Juif, aussi c'est un médecin lorrain, Alexandre de Montcharvaux, qui récolte tous les honneurs[13]. Le souverain échappe à la mort et fait construire l'église qu'il a promise en cas de guérison ; elle deviendra le Panthéon de Paris[14].
Le projet architectural de Jacques-Germain Soufflot est une église à dôme, en forme de croix grecque, c'est-à-dire avec quatre branches courtes, égales en longueur et en largeur[15]. Pour le réaliser, il emprunte à différents styles architecturaux, ce qui fera écrire à Maximilien Brébion : « Le principal objet de M. Soufflot, en bâtissant son église, a été de réunir, sous une des plus belles formes, la légèreté de la construction des édifices gothiques avec la magnificence de l'architecture grecque »[16].
Soufflot était assisté par deux ingénieurs, Émiland Gauthey et Jean-Baptiste Rondelet qui a achevé le monument à la mort de l’architecte en 1780. Pour la première fois, un monument a fait l’objet de calculs mathématiques afin d’évaluer les poussées et la résistance des matériaux. On avait même construit à cet effet une machine à écraser les pierres. Pour tenter de consolider la structure, toutes les pierres ont été armées avec des agrafes en fer[17].
Soufflot a composé son église en puisant dans différents registres :
En raison de ces différents styles, l'église Sainte-Geneviève sera considérée par Pierre Lavedan et Louis Hautecœur comme le premier édifice éclectique[18]. Il est cependant généralement classé comme néo-classique, d'abord pour la période de sa construction, puis par le vocabulaire de l'architecture classique (colonnes, entablement, fronton, etc.) utilisé dans une volonté de retour à la simplicité antique en réaction au style baroque de la période précédente (la façade ne comporte qu'un seul ordre comme les temples grecs, et non des ordres superposés comme Saint-Louis des Invalides, les colonnes du péristyle d'entrée ont un entrecolonnement régulier comme les temples antiques, alors que l'usage classique était d'écarter davantage les colonnes centrales, le même ordre corinthien se retrouve à l'intérieur comme à l'extérieur, etc.)[19].
D'un point de vue structurel, les quatre nefs servent à contrebuter les poussées latérales du dôme. Cependant, le recours à l'armature de la pierre est nécessaire, compte tenu des poussées à contenir. Le portail contient une structure métallique invisible. Il s'agit véritablement de pierre armée et non pas simplement chaînée comme il était souvent pratiqué à l'époque, la disposition des armatures étant déjà celle d'une poutre en béton armé[20]. Cependant, cette technique de construction nécessite un entretien régulier, pour éviter que l'humidité n'entre dans la maçonnerie et ne fasse rouiller le fer des armatures qui risqueraient de faire éclater la pierre.
Dès 1764, ce projet audacieux est l'objet de protestations de la part du clergé catholique qui s'élève contre la construction d'une église dont le plan au sol ne serait pas celui d'une croix latine. Soufflot doit donc revoir son plan. Il allonge d'une travée le bras du chœur (branche est), ce qui permet de créer une abside flanquée de deux tours abritant des chapelles au rez-de-chaussée et des clochers en élévation. À l'opposé, il allonge également le bras de la branche ouest en la dotant, à la manière des temples grecs de l'Antiquité, d'une sorte de pronaos, c'est-à-dire d'un portique qui précède le sanctuaire.
Il s'agissait d'abord de trouver de l'argent pour réaliser ce projet. On majora le prix des trois loteries mensuelles, leur coût passant de 20 à 24 sols, ce qui rapporta 400 000 livres.
Ensuite, il fallait trouver un terrain. On décida de le prendre sur la partie ouest du jardin de l'abbaye Sainte-Geneviève. Les travaux commencèrent en 1758. L'argent récolté ne permit de réaliser que les fondations, car le terrain était miné par les galeries qu'avaient forées, seize siècles plus tôt, les potiers gallo-romains pour extraire l'argile. On dénombra au moins sept puits de 25 mètres de profondeur, et une centaine d'autres, moins profonds.
Enfin, le , Louis XV vint poser la première pierre. On avait édifié pour l'occasion une reproduction du futur édifice, un trompe-l'œil grandeur nature, de toile et de charpente, représentant le futur portail de l'église[note 6].
Lors de la pose de la première pierre de la nouvelle église Sainte-Geneviève, Alexandre Guy Pingré, bibliothécaire de l'abbaye de sainte-Geneviève et franc-maçon rédigea le quatrain suivant[21] :
Lorsque le Sceptre en main Louis dicte des lois
Dans son maître en français bénit un tendre père
Si, pour fonder un temple il prend en main l'Équerre
Dans son frère un maçon voit le plus grand des rois.
La construction avança malgré tout avec régularité : en 1769, les murs étaient élevés et en 1776, les voûtes terminées et décintrées.
Mais le projet fut très contesté. Bien que cette idée fît école[22], il fut attaqué par de nombreux détracteurs. L'audace du projet, mais aussi, il est vrai, des tassements dans les maçonneries dus à une mauvaise exécution, alimentèrent libelles et mémoires explicatifs. La polémique fut très vive et c'est désespéré que Soufflot mourut le avant que le projet ne fût terminé. Les critiques principales tendaient à établir que les quatre groupes de trois colonnes destinées à soutenir les trois coupoles, imaginées par l'architecte, manquaient de solidité et que l'édifice allait s'écrouler.
La plupart des pierres viennent des carrières du Bassin parisien. Les parties inférieures, jusqu’à neuf pieds de hauteur, viennent des carrières d'Arcueil et sont constituées de banc franc réputé comme le cliquart pour sa finesse et la dureté de son grain. De la carrière de Conflans-Sainte-Honorine, au confluent de la Seine et de l'Oise, on a extrait deux beaux blocs dits de banc royal qui ont été employés pour les angles du fronton. Du banc supérieur au banc royal, on trouve des pierres d'une dureté et d'une finesse un peu inférieure, dont on a extrait les blocs qui ont servi aux chapiteaux des colonnes corinthiennes[23]. Les pierres aux grains fins et serrés dont sont faits les fûts des colonnes proviennent des carrières souterraines de Bagneux[24].
Parmi les ouvriers qui ont participé à ce chantier, beaucoup venaient de la Creuse. Les maçons de la Creuse, qui ont participé à tous les grands chantiers de la capitale, évoquent le Panthéon dans une chanson :
[…]
Voyez le Panthéon,
Voyez les Tuileries,
Le Louvre et l'Odéon,
Notre-Dame jolie,
De tous ces monuments,
La France est orgueilleuse,
Elle en doit l'agrément,
Aux maçons de la Creuse
[…]
La suite des travaux fut confiée à deux collaborateurs de Soufflot, les architectes Rondelet et Brébion aidés d'un parent de Soufflot, Soufflot dit le Romain[25].
Pour la structure, leur principal apport fut de substituer de massifs piliers aux colonnes imaginées par Soufflot pour soutenir le dôme. Pour tracer les fuseaux verticaux contenant les caissons du dôme, Rondelet s'est servi d'une méthode simple : accrochant un fil à plomb au sommet, il se servit de l'ombre portée directement sur la voûte déjà réalisée pour les matérialiser.
Ils assurèrent également le suivi du chantier. On trouvera sur le site italien Vita e opere[26] de nombreuses gravures sur la construction de l'église Sainte-Geneviève, plans de coupe du bâtiment, croquis de machines de chantier pour tester la solidité de la pierre et pour le renforcement de la pierre par des armatures de métal.
Le sculpteur Guillaume II Coustou réalisa le fronton.
Le , l'Assemblée constituante transforme la future église Sainte-Geneviève en « Panthéon des grands hommes ». Elle charge Quatremère de Quincy d'adapter les lieux à cette nouvelle fonction[27].
Les choix de l'architecte modifient l'idée initiale de Soufflot : il change l'aspect extérieur, en supprimant le lanterneau et les clochers, devenus inutiles. Intérieurement, il obture trente-huit des quarante-deux fenêtres, modifiant ainsi profondément la circulation de la lumière à l'intérieur du bâtiment. Alors que le projet initial était de faire entrer le plus de lumière possible, l'obturation des ouvertures plonge maintenant la base du lieu dans une semi-pénombre. Elle accentue la lumière zénithale issue de l'oculus de la coupole à caissons, comme c'est le cas pour le Panthéon de Rome.
La suppression de ces fenêtres perturbe la ventilation du bâtiment ; elle accroît en particulier le taux d'humidité et se trouve à l'origine, au XXe siècle, de fissures et d'érosion des structures métalliques.
Au milieu du bouillonnement des idées de la Révolution française, concernant le Panthéon, il faut retenir l'idée de Charles De Wailly, finalement non réalisée, qui aurait consisté à modifier l'édifice pour le mettre au goût de l'époque et lui donner le caractère de solidité qui semblait lui manquer.
Durant cette période, la polémique sur la solidité de l'édifice continue au point qu'un étayage intérieur est mis en place. Visitant l'édifice le , Napoléon s'intéresse de près aux remèdes possibles pour le consolider en proposant de mettre des piliers en fonte pour soutenir le dôme. Il attribue une somme de 600 000 francs à la réfection du bâtiment et, sur les conseils de son architecte, M. Fontaine, il charge Rondelet de cette mise en application[28].
Finalement la seule réalisation est, à l'arrière de l'édifice, la construction d'un escalier monumental pour descendre dans la crypte.
En 1744, alors qu'il se trouve à Metz souffrant d’une grave maladie, Louis XV fait le vœu, s’il survit, de faire ériger une église dédiée à sainte Geneviève[29]. Rétabli, et de retour à Paris, il charge le marquis de Marigny, directeur général des bâtiments, d'édifier le monument en lieu et place de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève, alors en ruine. Plusieurs architectes dont Laurent Destouches conçoivent les plans d'un nouvel édifice[30]. Mais, en 1755, le marquis de Marigny confie la responsabilité des plans à l’architecte Jacques-Germain Soufflot, qui avait envoyé de Rome, un projet adopté par acclamation.
Le chantier commence en 1757[31] et l'abbé de Sainte-Geneviève bénit le terrain le . Dès lors, on commence à creuser les fondations.
Louis XV pose la première pierre le , devant une grandiose préfiguration : le futur portail y figure, peint et représenté grandeur nature, comme un décor en toile tendu sur une charpente ; l'œuvre est due aux peintres Pierre-Antoine Demachy et Callet. Le souverain est accompagné du dauphin, de l'abbé de Sainte-Geneviève, du marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du roi, ainsi que de l'architecte Soufflot, qui lui présente son projet. Une médaille commémorative de la cérémonie est gravée par Pierre-Simon-Benjamin Duvivier et Charles Norbert Roëttiers. Elle porte au droit l'effigie du roi et au revers l'élévation initialement prévue. Un exemplaire en or de cette médaille, offert par le roi à Jean-Baptiste de Puisieux, collaborateur de Soufflot, est conservé au musée Carnavalet (ND 20). Un célèbre tableau de Demachy représentant la cérémonie, présenté au Salon de 1765, et un grand dessin préparatoire à la plume et au lavis de bistre pour la composition de Soufflot sont également conservés au musée Carnavalet (P 1931).
Cependant, des critiques s’élèvent bientôt, dès 1770, au sujet du dôme dont on prédit, notamment l’architecte Pierre Patte, que les bases ne suffiront pas à le porter et que, faute de remplacer les colonnes de soutènement par des piliers pleins et massifs, l’édifice est voué à l'effondrement. Bientôt l’idée est fermement ancrée chez beaucoup de Parisiens qui s’imaginent l’ouvrage destiné à s’écrouler à plus ou moins long terme. Mercier, par exemple, se fait l’écho de cette rumeur dans son Tableau de Paris :
« Le dôme ou la coupole de l'église de Sainte-Geneviève s’écroulera-t-il sur nos têtes ? Ou bien bravera-t-il, sur une base inébranlable, les clameurs et les alarmes de M. Patte ? Il a annoncé le danger, n’est-il qu’imaginaire ? S’il arrivait, il ne nous resterait donc que la majestueuse façade de ce monument ; morceau qui mérite les plus grands éloges »[32].
La construction prend du retard à cause de difficultés financières dues à la guerre et à la mort de Soufflot en 1780. L'édifice n'est achevé qu'en 1790, par les associés de Soufflot, Jean-Baptiste Rondelet et Maximilien Brébion. Ils dénaturent cependant le projet en le privant de la partie audacieuse et originale qui le caractérisait[réf. souhaitée]. C'est la Révolution, qui entrainera la nouvelle affectation du monument et une épuration de l'architecture : suppression des deux clochers prévus initialement, obturation des trente-neuf fenêtres de la nef, anéantissant définitivement l'esthétique lumineuse du temple, voulue par Soufflot[33].
C'est à la mort de Mirabeau, le , que l'on songe à réunir les tombes des grands hommes de France dans un endroit qui leur soit dédié, à l'image de l'abbaye de Westminster en Angleterre ou de l'église Saint-Étienne-du-Mont dans le passé en France.
La proposition d’Emmanuel Pastoret d'utiliser pour cela l'édifice qui vient d'être achevé et n'est pas encore consacré comme église, plutôt que la rotonde de la Villette et le Champ-de-Mars, est retenue par l’Assemblée nationale. Cette dernière décide, par un décret du , que le bâtiment servira de nécropole aux personnalités exceptionnelles qui contribuent à la grandeur de la France :
« Il ne suffit pas d’une action, fût-elle la plus sublime de toute, c’est par une longue suite de pensées, d’actions, et d’ouvrages, c’est en quelque sorte par toute une vie d’homme, conçue et exécutée sur des grandes vues qu’on mérite le titre de grand homme »
— Assemblée Constituante du 4 avril 1791.
Le discours d'Emmanuel Pastoret, procureur syndic du département de Paris, provoque l'acclamation de l'Assemblée entraînée par Robespierre et Barnave[34] :
« Messieurs, Le Directoire du département propose à l'Assemblée nationale de décréter :
- Que le nouvel édifice Sainte-Geneviève soit destiné à recevoir les cendres des grands hommes, à dater de l'époque de notre liberté ;
- Que l'Assemblée nationale puisse seule juger à quels hommes cet honneur sera décerné ;
- Que Honoré-Riquetti Mirabeau en est jugé digne ;
- Que les exceptions qui pourront avoir lieu pour quelques grands hommes, morts avant la Révolution, tels que Descartes, Voltaire, Rousseau, ne puissent être faites que par l'Assemblée nationale ;
- Que le Directoire du département de Paris soit chargé de mettre promptement l'édifice Sainte-Geneviève en état de remplir sa nouvelle destination, et fasse graver au-dessus du fronton ces mots : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ». »
Entre 1791 et 1793, le bâtiment est par conséquent profondément modifié par Quatremère de Quincy, qui lui donne son apparence actuelle afin qu'il devienne un « panthéon », c'est-à-dire un monument consacré à la mémoire des grands hommes de la nation.
Entre 1796 et 1801, un chantier de consolidation du monument voit se succéder de nombreuses expertises, de projets et de controverses entre des architectes, tels que Antoine-Marie Peyre, Viel, Charles de Wailly, Jean-François Chalgrin, Alexandre-Théodore Brongniart, Louis François Petit-Radel, Léon Vaudoyer et des ingénieurs et mathématiciens, tels que Pierre-Simon de Laplace, Charles Bossut, Gaspard de Prony), dont triomphe pourtant, Jean-Baptiste Rondelet[33].
Sous le Premier Empire, par le décret du , le bâtiment prend le nom d'église Sainte-Geneviève ; c'est à la fois le lieu d’inhumation des grands hommes de la patrie et un lieu de culte. La crypte reçoit donc le cercueil de grands serviteurs de l'État, tandis que dans la partie supérieure se déroulent des cérémonies religieuses notamment liées aux commémorations impériales.
« [Au bivouac]… les soldats se dispersaient dans les environs pour aller déterrer des pommes de terre. Un champ était bientôt récolté, et le repas était bientôt préparé au feu du bivouac. Le silence durait tant que durait cette importante occupation ; mais elle ne durait pas longtemps et les provisions étaient épuisées avant que la faim ne fût apaisée. L'inépuisable gaieté du soldat français revenait alors. Ne doutant de rien, parlant de tout, lançant des saillies originales et souvent même instructives, tel est le soldat français. Un soir, on parlait politique et des nouvelles de Paris ; le propos était tombé sur les grands hommes qu'on avait fait entrer au Panthéon ou qu'on en avait successivement fait sortir, suivant l’esprit du jour et l’influence du parti régnant.
- Qui va-t-on mettre aujourd’hui, demanda quelqu'un ?
- Parbleu, répondit son voisin, une pomme de terre.
et tout le monde d’applaudir cette saillie, qui avait plus de portée que l'intention de son auteur n'avait probablement voulu lui donner. »
— Jean-de-Dieu Soult, Mémoires du maréchal-général Soult, 1854
Au début de la Restauration, le Panthéon reste un lieu d'inhumation pour les grands hommes. L'ordonnance royale du rend l'église Sainte-Geneviève au culte catholique, prévoyant la « suppression de tous les ornements et emblèmes étrangers au culte catholique ». En 1819, les lettres de bronze formant l'inscription du fronton sont enlevées, mais le texte reste lisible. C'est seulement en 1823 (pour le fronton) et en 1826 que les traces de l'ancienne fonction du Panthéon disparaissent finalement. En , les tombes de Voltaire et de Rousseau avaient été déplacées pour ne plus être visibles du grand public tout en restant dans l'édifice : alors que ses courtisans demandaient à Louis XVIII s'il était bien convenable de laisser la dépouille de l'anticlérical Voltaire dans un lieu rendu à sa fonction d'église, le roi répondit : « Laissez-le donc, il est bien assez puni d'avoir à entendre la messe tous les jours »[35].
À son tour, la monarchie de Juillet retire l'église Sainte-Geneviève au culte catholique et lui rend sa destination de panthéon qui est appelé alors « le temple de la Gloire ». David d'Angers refait le fronton et la célèbre devise « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » réapparaît. Pourtant, durant cette période, personne ne sera panthéonisé. De 1848 à 1851, sous la Deuxième République, il est « temple de l'Humanité », sans succès non plus pour d'éventuels nouveaux locataires.
Sous le Second Empire (1851-1870), l’édifice redevient une église et l’inscription disparaît à nouveau[36]. Le décret du n'abroge pas l'ordonnance de Louis-Philippe maintenant le caractère de sépulture nationale voulue par la Révolution. La cérémonie de reprise du culte a lieu le .
Un second décret, du , fixe les conditions d'exercice du culte. Ne s'agissant pas d'une paroisse ni de l'église d'une congrégation, l'État prévoit les modalités d'exercice suivantes : « Une communauté de prêtres est établie pour desservir l'église Sainte-Geneviève de Paris. Cette communauté est composée de six membres qui prennent le titre de chapelains de Sainte-Geneviève, et d'un doyen. Les chapelains de Sainte-Geneviève sont institués aux fins de se former à la prédication et de prier Dieu pour la France et pour les morts qui auront été inhumés dans les caveaux de l'église »[37].
« Il [Napoléon III] a enfoncé un clou sacré dans le mur du Panthéon et il a accroché à ce clou son coup d'État. »
— Victor Hugo, Napoléon le Petit'’ – Livre 2, chapitre VIII, 1852
Dès l'affermissement de la Troisième République, un débat s'engage sur la possibilité de rendre à l'église sainte-Geneviève son statut de panthéon. le , le rapporteur Benjamin Raspail présente un projet de loi intitulé : Proposition de loi relative au chapitre métropolitain des chapelains de sainte-Geneviève et au Panthéon. Après discussion, trois articles sont adoptés :
En 1885, à l'occasion du décès de Victor Hugo et de son inhumation au Panthéon, cette loi est mise en application. Désormais, le bâtiment est bien le lieu de repos des grands hommes honorés par la République. Un ensemble de statues de huit saints prévues à l'origine pour l'église Sainte-Geneviève sont en conséquence in fine envoyées par l'État dans la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d'Arras (Pas-de-Calais)[39].
Décret impérial du rendant le Panthéon au culte sous le nom de Sainte-Geneviève sans lui ôter son caractère de vocation à perpétuer le souvenir des grands hommes.
L’église Sainte-Geneviève sera terminée et rendue au culte, conformément à l'intention de ses fondateurs, sous l'invocation de sainte Geneviève, patronne de Paris. Elle conservera la destination qui lui avait été donnée par la Constituante, et sera consacrée à la sépulture des grands dignitaires, des grands officiers de l'Empire et de la Couronne, des sénateurs, des grands officiers de la Légion d'honneur, et, en vertu de nos décrets spéciaux, des citoyens qui, dans la carrière des armes ou dans celle de l'administration et des lettres, auront rendu d'éminents services à la patrie.
Leurs corps embaumés seront inhumés dans l'église. Le chapitre métropolitain de Notre-Dame, augmenté de six membres, sera chargé de desservir l'église Sainte-Geneviève. La garde de cette église sera spécialement confiée à un archiprêtre, choisi parmi les chanoines.
Ordonnance du
Notre conseil entendu, considérant qu'il est de la justice nationale et de l'honneur de la France que les grands hommes qui ont bien mérité de la patrie en contribuant à son bonheur et à sa gloire reçoivent, après leur mort, un témoignage éclatant de l'estime et de la reconnaissance publique, Considérant que pour atteindre ce but, les lois qui avaient affecté le Panthéon à une semblable destination doivent être remises en vigueur, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Art. 1er : Le Panthéon sera rendu à sa destination primitive et légale ; l'inscription « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » sera rétablie sur le fronton. Les restes des grands hommes qui auront bien mérité de la patrie y seront déposés.
Extraits du projet de loi de rétablissement du Panthéon du , signé du ministre de l'Intérieur (jamais exécuté)
En exécution de la loi du 4-, le Panthéon sera de nouveau destiné à recevoir les restes des citoyens illustres qui ont bien mérité de la patrie. L'inscription Aux grands hommes, la patrie reconnaissante sera rétablie sur le fronton. Les honneurs décernés seront ou un mausolée, ou une inscription gravée sur une table de marbre. Les honneurs ne seront accordés qu'en vertu d'une loi, et dix ans au moins après le décès du citoyen qui en sera l'objet. Néanmoins, au , premier anniversaire de la Révolution de 1830, les restes de Foy, Larochefoucault-Lisancourt, Manuel et Benjamin Constant seront portés au Panthéon.
Seront gravées sur les murs du Panthéon les inscriptions suivantes :
Aux guerriers morts pour la patrie
Aux héros des journées de juillet ; les noms seront gravés au bas de cette inscription.
La présente loi sera gravée sur les murs du Panthéon.
Extraits du décret du rendant l'église Sainte-Geneviève au culte catholique
Le Président de la République, sur proposition du ministre des Cultes, vu la loi des 4 et , vu le décret du , vu l'ordonnance du et celle du , décrète :
L'ancienne église Sainte-Geneviève est rendue au culte, conformément à l'intention de son fondateur, sous l'invocation de sainte Geneviève, patronne de Paris. Il sera pris ultérieurement des mesures pour régler le culte catholique dans cette église. L'ordonnance du est rapportée. Le ministre des Cultes et le ministre des Travaux publics sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret qui sera inséré au Bulletin des Lois.La croix chrétienne qui surmonte actuellement le Panthéon, monument dédié aux grands hommes dans une république laïque, a une longue histoire. En 1790, lors de l'achèvement du dôme par Jean-Baptiste Rondelet, architecte chargé de finir le monument après la disparition de Jacques-Germain Soufflot, une croix provisoire est placée au sommet du dôme en attendant la statue de Geneviève qui doit surmonter l'édifice.
En 1791, l'Assemblée constituante décide de transformer l'église Sainte-Geneviève en mausolée pour accueillir les cendres de Mirabeau. L’architecte Quatremère de Quincy fait donc remplacer la croix par La Renommée, une statue de Claude Dejoux, de neuf mètres de hauteur, représentant une femme embouchant une trompette[27]. Le , Napoléon rend l'édifice à sa destination première, mais laisse la statue au sommet du dôme.
Le , l'église est finalement inaugurée. On place au sommet une croix en bronze doré. Le , Louis-Philippe Ier retransforme le bâtiment en panthéon. On enlève la croix et on la remplace par un drapeau. Le , par un décret du prince président Louis-Napoléon Bonaparte, le Panthéon est rendu au culte catholique et on replace une croix dorée sur le dôme.
Le , à la demande de Jean Allemane, les Communards scient les petites branches de la croix et placent au sommet un drapeau rouge.
« Les canons de la place du Panthéon saluaient le drapeau qui venait remplacer la croix par laquelle le catholicisme impérial avait marqué sa prise de possession de l’édifice.
La Commune reprenait au clergé ce que le clergé avait usurpé. Le drapeau était rouge. Nous ne sommes pas de ceux que le rouge effarouche.
Ce n’est pas une couleur nouvelle pour nous. Pendant tout l’exil, le drapeau rouge a été le drapeau de la République proscrite ; et nous trouvons tout simple que la République rentre en France avec son drapeau. […]
Le drapeau tricolore, qui a été celui de la première République, a eu, certes, ses jours glorieux ; mais l’empire l’a traîné dans la boue de Sedan, et ce n’est pas nous qui l’y ramasserons ! »
— Auguste Vacquerie, Le Rappel, .
En , pendant les années du gouvernement d'« ordre moral » une croix en pierre est remise, haute de quatre mètres et pesant 1 500 kg avec son socle et sa boule. Pour le transfert des cendres de Victor Hugo en 1885, la Troisième République redonne à l'édifice le statut de « Panthéon », mais il n'est pas jugé nécessaire d'enlever la croix, qu'on surmonta par la suite d'un paratonnerre.
Passées ces étapes de construction, le bâtiment ne subit plus de modification de structure.
Au gré de l'histoire des XIXe et XXe siècles, du Premier Empire au début de la Quatrième République, chaque pouvoir en place utilise la destination de cet édifice comme l'affirmation de sa conception de l'État, et en particulier de son rapport avec le pouvoir religieux.
L'étude et l'observation des différents éléments des décors intérieurs et extérieurs — tour à tour chrétiens, patriotiques, républicains, francs-maçons, philosophiques — rendent compte des âpres débats politiques de chaque période.
Ceux qui ont été retenus puis retirés, ceux qui ont été modifiés, ceux qui ont survécu, tout comme les projets refusés, l'ensemble de ces choix constitue une illustration de l'art officiel du moment.
Les symboles religieux sont enlevés et le fronton est modifié pour accueillir un motif révolutionnaire. Des fragments du fronton primitif sont encore visibles dans le bras-sud de la crypte, en particulier un profil de Louis XVI.
On détruisit les sculptures du fronton représentant une gloire rayonnante entourée d'anges et les bas-reliefs du péristyle illustrant quelques épisodes de la vie de sainte Geneviève.
Le nouveau motif, du sculpteur Jean Guillaume Moitte qui en achève l'exécution en 1793, représente la Patrie couronnant la Vertu, tandis que la Liberté saisit par leur crinière deux lions attachés à un char qui écrase le Despotisme, et qu'un génie terrasse la Superstition.
L'inscription « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante » y est apposée.
Sous le péristyle, Boichet sculpte dans le bas-relief du centre « une déclaration des Droits de l'homme » avec les déesses de la Liberté, de l’Égalité et de la Nature se donnant la main.
Lesueur, Roland, Claudet et Fortet font les autres bas-reliefs au-dessus des portes représentant L'Institution du jury, L'Instruction publique, L'Empire de la Loi et Le Guerrier mourant pour la Patrie sur le champ de bataille.
Les quatre nefs furent également modifiées : elles furent consacrées successivement à la Philosophie, les Vertus patriotiques, les Sciences et les Arts.
Lors de la bataille du 13 prairial an II, le vaisseau Le Vengeur, faisant partie de l'escadre de Brest, sombre en livrant bataille contre une escadre britannique qui voulait empêcher le passage de 160 navires en provenance d'Amérique, chargés de blé, pour assurer le ravitaillement des Français. La légende raconte que pendant le naufrage du bateau les marins criaient « Vive la Nation ! Vive la République ». La Convention décrète alors qu’une maquette du bateau serait suspendue à la voûte du Panthéon et que les noms des membres de l’équipage seraient gravés sur les colonnes du monument. Le 9 thermidor empêcha cette réalisation.
Plus tard, une statue commémorant l'événement est placée le long d'un des piliers (date inconnue).
Saint-Just propose que les noms des victoires soient inscrits sur ses murs et que des livres y soient déposés, portant le nom de tous ceux qui ont concouru à la Révolution ou qui en seront morts ou en auront souffert[40].
Le Panthéon, inachevé pendant la révolution, était resté avec sa grande grue en place et se délabrait chaque hiver ; Mercier, après une visite fin 1795 le décrit avec ses échafaudages en place, la poussière de plâtre et les gravats de la construction inachevée ; le , le fils Soufflot reprend la direction des travaux, suivi de Rondelet à partir du .
Napoléon rend à l'édifice sa fonction d'église, mais il installe dans la crypte des dignitaires de l'Empire.
En 1801, Antoine Somer, facteur d'orgues parisien, y transfère l'orgue des Bénédictins britanniques.
Dès 1806, l'architecte Rondelet est chargé de consolider les piliers du dôme.
En 1811, Napoléon commande à Antoine-Jean Gros une peinture représentant l'apothéose de sainte Geneviève. Dans cette peinture, l'Empereur occupait naturellement une place importante, tenant à la main le Code civil français. Les changements politiques de 1815 nécessitèrent des transformations dans les personnages représentés :
« Napoléon le chargea [Gros] d'exécuter sur la surface intérieure du dôme du Panthéon, dans des proportions de quatre mètres, Clovis, Charlemagne, saint Louis, et lui-même, le fondateur de la nouvelle dynastie. Gros devait terminer le tout en deux ans, pour la somme de 36 000 francs, lorsque survint la funeste retraite de Russie, puis la campagne de France, enfin le retour des Bourbons : la coupole subit les conséquences de ces événements. Le , le ministre de la maison du roi fit écrire à Gros de placer Louis XVIII à la place de Napoléon, et on porta à 50 000 francs, la somme de 36 000 francs primitivement allouée. Le , nouvelle lettre ministérielle enjoignant à l'artiste de représenter Napoléon comme il l'avait commencé ; le prix de 50 000 francs était maintenu. Enfin le de la même année, après les Cent Jours, un troisième contre-ordre l'obligeait de placer de nouveau Louis XVIII à la place de Napoléon empereur. »
— Nouvelle Biographie générale, des temps les plus reculés jusqu’à nos jours, 1858
Sur les pendentifs, Carvallo peint, d'après des dessins de Gérard, des allégories relatives au Premier Empire : la Gloire, la Mort, la Patrie, la Justice.
Un escalier monumental est construit pour descendre dans la crypte.
Louis XVIII décide de rendre le bâtiment à sa destination première par sa consécration : le , jour de la fête de la patronne de Paris, l'église est inaugurée par l'archevêque de Paris, Mgr de Quéle, en présence de la famille royale.
Le fronton est modifié en conséquence. Il représente maintenant une croix de pierre au milieu de rayons fulgurants ; la formule « Aux grands hommes la patrie reconnaissante » est remplacée par l'inscription « D.O.M. sub invocat. S. Genovefae. Lud. XV dicavit. Lud. XVIII restituit ».
On aménage la chapelle, située sous l'ancien clocher nord, avec un décor de pilastres orange et une coupole en pierre, coupole à caissons ornés de roses finement sculptées.
La peinture d'Antoine Gros, remaniée, est visitée par le roi Charles X en 1824. Elle sera achevée à cette date ou en 1827 selon les auteurs. On y voit Louis XVIII remettant la Charte constitutionnelle et, dans le ciel, Louis XVI, Marie-Antoinette et le dauphin Louis XVII couronnés et sanctifiés. Ce temple des grands hommes de la République qu'est le Panthéon est ainsi placé par une ironie de l'Histoire sous les auspices des rois de France.
Louis-Philippe transforma à nouveau l'édifice en panthéon par l'ordonnance du . Le , le ministre de l'Intérieur fit paraître un projet de loi de rétablissement du Panthéon qui ne vit jamais le jour mais témoigne de l'intérêt porté par le nouveau régime au Panthéon.
Le en présence de Louis-Philippe, de ses fils, de l'empereur Don Pedro, des ministres et maréchaux de France, quatre tableaux avaient été commandés à François Gérard par Charles X : la Mort, la Patrie, la Justice et la Gloire. Mort en 1837, ces tableaux furent achevés par ses élèves.
Entre 1831 et 1837, David d'Angers réalise une sculpture pour le fronton La Patrie couronnant les hommes célèbres[41]. Le plâtre de ce bas-relief est visible à la galerie David d'Angers à Angers. Il est secondé dans ce travail par Hippolyte Maindron. Le motif représente au centre La Patrie distribuant des couronnes aux grands hommes, entre la Liberté à droite qui donne les couronnes et l'Histoire à gauche qui inscrit sur ses tables les noms. Dans les cadres ménagés sous le péristyle, le statuaire Nanteuil représenta un magistrat bravant le poignard d'un assassin, un guerrier refusant les palmes de la Victoire, les Sciences et les Arts travaillant à la gloire de la nation, l'Instruction Publique accueillant des enfants amenés par leurs mères. Dans le médaillon central, il disposa d'un groupe représentant la Patrie qui console, en lui offrant une palme, un citoyen mourant dont la Renommée proclame les hauts faits.
Alors que le gouvernement tente de faire supprimer l’effigie de La Fayette, ce que David d'Angers refuse avec obstination, appuyé en cela par la presse libérale, le fronton est dévoilé sans cérémonie officielle.
En 1837, on commande à Nanteuil trois bas-reliefs au centre du péristyle, pour remplacer ceux de l'époque révolutionnaire. Ainsi se trouve désormais au-dessus de la porte centrale L'Apothéose du héros mort pour la patrie, encadrée par Les Sciences et les Arts et La Magistrature.
D'autres travaux et aménagements sont également réalisés sous la direction des architectes Rondelet fils, Baltard et Destouches : le dallage et les escaliers du perron, le nivellement du pourtour et l'installation de portes en chêne. Enfin on décide d'entourer le monument d'une grille à palmettes. Son dessin ainsi que celui des deux candélabres en bronze sont dus à Louis-Pierre Baltard architecte et graveur. La réalisation en est confiée à l'architecte Destouches. Baltard rétablit également le lanterneau du dôme, supprimé à la Révolution.
Pendant les journées de juin 1848 l'édifice, servant de refuge à un certain nombre d'insurgés qui furent délogés à coups de canon, endommageant gravement sa façade. La garde nationale lança ensuite le un assaut contre les derniers défenseurs[42].
En 1848, Ledru-Rollin et le gouvernement provisoire passent commande au peintre Paul Chenavard de la décoration intérieure. Il mène pendant trois ans des recherches passionnées. Il imagine de réaliser une histoire de l'humanité et de son évolution morale, interprétée comme une suite de transformations devant aboutir à une fin générale et providentielle. La partie gauche représenterait l'ère païenne ; le chœur, avec une Prédication de l'Évangile, figurerait la fin des temps antiques et le début des temps nouveaux. À droite, des fresques illustreraient les temps modernes. Enfin, sur le pavage serait placée, au centre, une gigantesque synthèse de la « Philosophie de l'histoire », nouvelle École d'Athènes du XIXe siècle, entourée par l'« Enfer », le « Purgatoire », la « Résurrection » et le « Paradis »[43]. Ce projet est arrêté par le décret de 1851.
En 1849, l'astronome, Jean Bernard Léon Foucault entreprend de démontrer la rotation de la terre en vingt-quatre heures à l'aide d'un pendule suspendu à la voute du dôme. L'expérience débute le et est interrompue en décembre à cause du coup d'État. Une boule de plomb recouverte de cuivre de 28 kg était suspendue à l'extrémité d'un filin d'acier de 67 mètres. D'une amplitude de six mètres, et d'une période de seize secondes, le pendule présentait une déviation de 2,5 mm à chaque battement. Au centre de la coupole, on attache un pendule de 67 mètres de long qui, en se balançant sous le dôme, entame dans ses oscillations deux monticules de sable. Ce pendule, si la terre était immobile, aurait tracé perpétuellement le même sillon dans le sable. Mais il y laisse des traces parallèles, attestant le déplacement du plan d’oscillation par suite de la rotation de la Terre.
Dans la dernière année de la Seconde République, le bâtiment redevient une église. Par décret, le , le président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte rend l'ancienne église Sainte-Geneviève au culte, « conformément à l'intention de son fondateur », sous l'invocation de Sainte-Geneviève, patronne de Paris. Ce décret n'abroge pas l'ordonnance de Louis-Philippe, maintenant le caractère de sépulture nationale voulue par la révolution. L'inauguration a lieu le .
Un second décret du , fixa les conditions d'exercice du culte. Ne s'agissant pas d'une paroisse ni de l'église d'une congrégation, l'État en avait ainsi fixé les modalités d'exercice. Une communauté de prêtres est établie pour desservir l'église Sainte-Geneviève de Paris. Cette communauté est composée de six membres qui prennent le titre de chapelains de Sainte-Geneviève, et d'un doyen. Les chapelains de Sainte-Geneviève sont institués aux fins de se former à la prédication et de prier Dieu pour la France et pour les morts inhumés dans l'église.
L'église fait l'objet de nombreux aménagements sous l'Empire. Le mobilier religieux est remis en place et on enlève l'inscription « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ». L'église devenant le siège d'un chapitre de chanoines les « Chapelains de Sainte-Geneviève », en plus de l'autel de l'abside en marbre blanc, on installe deux autels, l'un dédié à sainte Geneviève, l'autre dédié à saint Louis. L'autel du fond est séparé par une balustrade de communion de fer forgé doré et ciselé et entouré de stalles en bois. On entoure également de planches les tombeaux de Rousseau et de Voltaire pour qu'ils ne soient plus visibles[44].
La nécessité de grandes orgues se fait alors sentir. En novembre 1852, le génial facteur d'orgues Aristide Cavaillé-Coll propose le projet d'un nouvel orgue en l’église Sainte-Geneviève. Le suivant, le ministre de l'Intérieur signe le marché, d'un montant de 20 000 francs. En 1853, Cavaillé-Coll réalise et installe le nouvel instrument, un huit pieds de deux claviers-pédalier et de vingt-et-un jeux, qui participe ainsi au service de la liturgie. Clément Loret en est le titulaire.
L'État commande à Hippolyte Maindron deux groupes de statues à placer sous le péristyle d'entrée : Attila et sainte Geneviève (1857) et La Conversion de Clovis par saint Remi (1865). Ces deux grands ensembles ont été renvoyés aux réserves des musées lors de la dernière restauration du monument, et ne se trouvent donc plus sur place aujourd'hui[45]. Les ébauches de ces œuvres restent néanmoins visibles au Musée des Beaux-Arts d'Angers.
Les deux portes latérales sont posées : en bronze, dessinées par Constant-Dufeux et fondues par messieurs Simonnet père et fils, elles rappellent à la fois le chiffre de sainte Geneviève et l'inscription de la façade : « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ». Elles portent le millésime MDCCCL (1850).
La commande passée au peintre Paul Chenavard est arrêtée mais son projet, présenté en 1855, suscita à nouveau la polémique. L'Empereur, qui avait rendu l'édifice au culte catholique, ne pouvait pas trouver, dans ce syncrétisme encyclopédique, une affirmation suffisamment forte du rôle de l'Église dans la constitution de l'État français. Les cartons préparatoires de Chenavard sont actuellement au Musée des Beaux-Arts de Lyon.
Durant le siège de Paris de 1870, la crypte du Panthéon est transformée en poudrière abritant des projectiles de toutes sortes. Les galeries souterraines servent également de refuge aux habitants du quartier victimes des bombardements prussiens. En effet, les Prussiens, instruits de l'existence de ce magasin, firent alors de la coupole un des principaux objectifs de leurs batteries de Châtillon, faisant tomber une pluie d'obus sur l'édifice, endommageant assez gravement le dôme[42].
Pendant la Commune de Paris en 1871, François Jourde, communard, annonce à la foule que le Panthéon sera retiré au culte religieux pour être affecté au culte des grands hommes. Le , on hisse un drapeau rouge au sommet de l'édifice. Le , les petites branches de la croix qui surmonte l'édifice sont sciées et le caporal Jean Allemane y plante un drapeau rouge[46].
La Commune continue de s'en servir comme dépôt d'armes et de munition. Les insurgés l'utilisent comme quartier général durant les combats de mai. Les Versaillais mirent deux jours pour emporter les barricades qui l'entouraient de tous côtés. Jean-Baptiste Millière, arrêté dans une maison voisine, est fusillé, à genoux sur les marches du monument, le [42].
En , l'architecte Louis-Victor Louvet procède à des restaurations et replace la croix au sommet du dôme. En 1874, une commande est passée par le marquis de Chennevières, directeur des beaux-arts, qui charge l’abbé Bonnefoy, doyen de Sainte-Geneviève, d’élaborer le programme iconographique d'un grand cycle de peintures sur l'histoire de France. Ces huiles sur toile marouflée sont accrochées devant les fenêtres déjà obturées par Quatremère de Quincy, rendant ainsi quasi-définitivement impossible le retour au projet initial de Soufflot.
La propagande de l’Ordre moral souhaite affirmer les fondements catholiques et monarchiques de la France. Les sujets peints représentent trois figures ayant incarné cette nation : Clovis pour les mérovingiens, Charlemagne pour les carolingiens et saint Louis pour les capétiens. Trois figures chrétiennes liées à la monarchie sont également présentes : saint Denis, sainte Geneviève et Jeanne d'Arc.
La suite décorative consacrée à sainte Geneviève, est réalisée par Pierre Puvis de Chavannes - La Prédication de saint Denis, par Pierre-Victor Galland - Le Martyre de saint Denis, par Léon Bonnat - Sainte Geneviève rend le calme aux Parisiens à l'approche d'Attila, par Jules-Élie Delaunay - La Vie de saint Louis, par Alexandre Cabanel - L'Histoire de Jeanne d'Arc, par Jules Lenepveu - La Mort de sainte Geneviève, par Jean-Paul Laurens - Le Vœu de Clovis à la bataille de Tolbiac, Le Baptême de Clovis, par Paul-Joseph Blanc - L'Idée de la Patrie, l'Abondance, la Chaumière, la Peste, par Ferdinand Humbert - Charlemagne couronné empereur protégeant les Arts, par Henri-Léopold Lévy.
Le peintre Ernest Hébert conçoit le dessin de la mosaïque du cul-de-four de l'abside, représentant Le Christ enseignant à l'ange gardien de la France les destinées de la patrie (ANGELVM GALLIÆ CVSTODEM CHRISTVS PATRIÆ FATA DOCET)[note 7]. À sa droite, l'ange, debout, portant une épée puis, à genoux, la Ville de Paris portant le Scilicet ; à sa gauche, sainte Geneviève debout et, à genoux, Jeanne d'Arc tenant un drapeau. Cette représentation de 42 m2 illustre les débats qui pouvaient agiter les débuts de la Troisième république entre laïcs et catholiques : sur les cinq personnages représentés, quatre ont une auréole, dont celui représentant la Ville de Paris ; Jeanne d'Arc en revanche, n'en porte pas. Elle ne sera canonisée par l'Église catholique qu'en 1920. La mosaïque est réalisée de 1875 à 1884, par l'atelier de mosaïstes Guilbert-Martin[47].
Entre la fin des années 1870 et le début des années 1880, l'échec politique de l'Ordre moral et l'arrivée des Républicains au pouvoir ne sont pas sans conséquences sur l'iconographie des cycles décoratifs. Ainsi, Joseph Blanc n'hésite pas à représenter plusieurs saints et personnages historiques sous les traits d'hommes politiques républicains souvent anticléricaux. Son Triomphe de Clovis figure ainsi Léon Gambetta en Aurelianus (légat de Clovis), Antonin Proust en Avit de Vienne et le radical Georges Clemenceau en Saint Galactoire. La même œuvre représente l'acteur Coquelin aîné en Volusien[48].
En 1885, l'enterrement de Victor Hugo met en pratique la loi du rendant à l'édifice sa fonction de panthéon. On enlève le mobilier religieux et on remet l'inscription « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ». L'orgue se fait entendre une dernière fois dans ce lieu, car en 1891, par entente entre les départements de la guerre et des travaux publics, l’orgue est affecté à l’église de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce où il est transféré la même année par le facteur Joseph Merklin. On commande à Auguste Rodin un monument à la gloire de Victor Hugo. Dans le même temps, Une statue de Mirabeau est commandée à Jean-Antoine Injalbert. Le projet avait été conçu par Édouard Lockroy, en hommage aux grands hommes de l'histoire de France. Il devait comporter cent sculptures qui auraient été placées dans le transept nord. L'idée était de reconstituer la fierté nationale mise à mal par la défaite récente de 1870 face aux Prussiens. Or le comité chargé de juger les œuvres conclut que les propositions de Rodin ne s’harmonisent pas avec la statue de Mirabeau. Le modèle en plâtre de la statue de Lazare Hoche modelée en 1900 pour le monument érigé à Quiberon par Jules Dalou lui fait pendant.
De 1902 à 1905, Édouard Detaille peint le triptyque Vers la gloire, qualifié d'hymne pictural à la République. En 1906, une copie du Penseur d'Auguste Rodin est placée devant le Panthéon. Elle a été retirée par la suite.
En 1913, on place un autel républicain dans l'espace initialement prévu par Soufflot pour l'autel religieux dans la destination première de l'édifice. C'est François Sicard qui réalise cet ensemble, à la gloire de la Convention nationale en 1920.
Dans le transept, on installe le monument de Paul Landowski au nord dédié à la mémoire des artistes dont le nom s'est perdu.
En 1924, on installe en face le monument Aux héros inconnus, aux martyrs ignorés morts pour la France. Monument en pierre de 6,50 m sur 2,20 m, commandé en 1913 au sculpteur Henri Bouchard, il est modifié après la Première Guerre mondiale et finalement installé en 1924. Figurent au registre supérieur les allégories du Souvenir (avec la palme des martyrs) et de la Victoire (avec la couronne de lauriers). Au registre médian, les corps de combattants s’entassent. En dessous, le gisant d’un poilu est surmonté par le nom des champs de bataille et des lignes de front de 1914-1918. Sur les bas-côtés, des bas-reliefs symbolisent le sacrifice des parents (à droite) et la reconnaissance des enfants (à gauche). Cette sculpture est la seule du Panthéon, avec celle de Paul Landowski, à ne pas rendre hommage à de grands hommes identifiés mais à des héros inconnus.
En 1927, est apposée une plaque portant le nom des écrivains morts pour la France au cours de la période 1914-1918. Deux monuments sont installés dans le transept. Voir l'article Liste des personnes citées au Panthéon de Paris
Le Panthéon de Paris est classé monument historique en 1920.
Après la Seconde Guerre mondiale est apposée une plaque portant le nom des écrivains morts pour la France pendant la période 1939-1945.
De part et d'autre du Panthéon, sont érigées en 1952 deux nouvelles statues en pierre, en remplacement de deux statues envoyées à la fonte par le régime de Vichy dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux pour l'industrie de l'armement en 1942 : celle de Pierre Corneille et celle de Jean-Jacques Rousseau[49], pour cette dernière réalisée par le sculpteur André Bizette-Lindet.
La première statue de Rousseau avait été inaugurée en , en ouverture des célébrations du premier centenaire de la Révolution française.
Cette période semble marquer une certaine stabilité ; aucun élément architectural n'a plus été modifié, retiré ou ajouté depuis 1958.
Pourtant, un élément de décoration symbolique est venu occuper le centre de la nef, jusqu’à ce jour restée vide et sans affectation : la reconstitution, en 1995, de l'expérience du pendule de Foucault. Depuis cette date, la boule de laiton partage l'univers en deux alors que tourne autour d'elle la déesse égyptienne Bastet, statue installée en 1996 pour la cérémonie du transfert des cendres d'André Malraux.
De 2005 à 2006, les membres d'une organisation, nommée Untergunther, qui occupent clandestinement le Panthéon depuis plusieurs années, restaurent secrètement et à leur frais (4 000 euros), l'horloge Wagner, qui date de 1850, et qui ne fonctionne plus depuis 1965. Cette action leur vaut d'être traduit en justice par le Centre des monuments nationaux pour violation d'un espace privé ; ils sont finalement relaxés[50],[51]. Bien que parfaitement restaurée par les Untergunther, l'horloge n'est pas maintenue en fonctionnement.
Ce n'est qu'en 2018 que le Centre des monuments nationaux (CMN) décide de la remettre en service. L'appel d'offres est remporté par Jean-Baptiste Viot, horloger membre des Untergunther qui l'avait réparée en 2006[52].
L'époque contemporaine manifeste un souci évident de préservation et de conservation du monument, d'autant plus nécessaire que l'obturation des ouvertures imaginées par Soufflot modifie la ventilation du bâtiment et augmente le taux d'humidité, provoquant ainsi l'effritement des pierres et la corrosion de la structure métallique[53].
Déjà en 1984, l'architecte en chef des monuments historiques, Hervé Baptiste, est chargé de la restauration du bâtiment. En 1991, le Panthéon a 200 ans. Une nouvelle campagne de restauration est prévue[54].
Le projet de loi de finances pour 2006, prévoit la poursuite de la rénovation de l'édifice.
Un autre événement rend urgente la restauration : lors de la tempête du dimanche , la toiture du dôme subit des dégâts importants. La couverture est fortement endommagée ; des plaques de plomb se sont envolées, provoquant des dégâts aux alentours. Le ministère de la Culture, à l'époque, évalue les travaux à cinq millions de francs (MF) pour l'urgence, et à quarante MF pour la restauration définitive du dôme.
En 2007, plusieurs projets mineurs de rénovation et d'aménagement de visite sont en cours de réalisation :
En , le bâtiment continue de se dégrader, en particulier la couverture du dôme qui n'est plus étanche et des agrafes métalliques qui ceinturent l'édifice. Le Centre des monuments nationaux[55] du Ministère de la Culture[56] en partenariat avec le site de financement participatif My Major Company lancent une campagne de mécénat « grand public » sur les chantiers de restauration de quatre monuments nationaux. Une de ses actions est : « Devenez tous mécènes du Panthéon et participez à sa restauration ! »[57]. Ce financement a permis de récolter 68 565 € de la part de 1 183 mécènes[57]. D'abord le dôme comprenant le tambour avec sa colonnade, la coupole et le lanternon. Puis la couverture et enfin la restauration de l’ensemble de la façade (péristyle). La campagne est lancée le avec un budget total de cent millions d'euros. Les travaux sont prévus pour durer jusqu'en 2022[58].
La campagne de restauration concerne successivement les parties hautes, le péristyle, les intérieurs de l'édifice, les parements extérieurs et enfin les sols extérieurs, pour rendre au Panthéon l'exceptionnel rayonnement qui fut le sien dans le paysage monumental parisien. Ce chantier est l’un des plus grands chantiers de restauration d’Europe. Il permet de résoudre de façon pérenne les problèmes structurels de l'édifice. La première étape de la campagne de restauration porte sur la coupole, le lanternon et le tambour avec sa colonnade. Cette restauration a été achevée en , ainsi que la deuxième étape portant sur le péristyle.
Sous réserve de crédits, les étapes suivantes seront :
Seront également prévus des travaux d'amélioration des conditions de travail des agents et de mise en accessibilité du monument pour les publics handicapés notamment avec l'installation d’un ascenseur.
L'installation des échafaudages, une prouesse technique : la phase de préparation de chantier est exceptionnelle, car elle implique des installations particulièrement lourdes[59],[60]. Jusqu’en , sont montées les installations nécessaires à la première phase de restauration. Des micros-pieux de 17 mètres de profondeur servent de fondations au tabouret de l’échafaudage pesant 315 tonnes et s’élevant à 37 mètres de hauteur. Un des pieds du tabouret supporte une grue culminant à 96 mètres et pouvant lever quatre tonnes. La structure de l’échafaudage est elle-même autoportante, de manière à ne pas peser sur le monument historique et à le respecter totalement[61]. Pour réaliser cette rénovation, une nouvelle invention a été mise en place. Les ingénieurs ont fabriqué des amortisseurs spéciaux, des sortes de gros ressorts de 37 cm pour empêcher que l'échafaudage ne s'affaisse sur le Panthéon et ne le détruise.
Pendant les travaux, l'échafaudage est recouvert d'une bâche. Contrairement à d'autres chantiers où les échafaudages extérieurs servent de supports publicitaires, celui-ci fait l'objet d'une installation, Au Panthéon !, confiée à l'artiste JR. Inspirée du projet Inside Out[62], le tambour porte les photos de milliers de portraits d'anonymes, en référence aux valeurs universelles et humanistes incarnées par le Panthéon. Du au , des portraits sont collectés, soit en déposant sa photo sur le site internet, soit dans le camion itinérant proche de huit monuments nationaux. Pour justifier ce choix, et non de se servir de cette bâche pour en faire un affichage publicitaire comme l'autorise le Code du patrimoine[63], Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux déclare le : « Lieu sacré de la République, le Panthéon est une nécropole. Les tombes ne peuvent servir de support à un message publicitaire. Le besoin de ressources propres ne justifie pas que l’on fasse n’importe quoi. On ne peut pas dire que le Panthéon est emblématique des valeurs de la République et y mettre le logo d'une marque ».
Le site reste ouvert aux visiteurs pendant les travaux[33].
Dans son rapport intitulé « Pour faire entrer le peuple au Panthéon » remis à François Hollande en , Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, préconisait de rendre son attractivité au monument et d’en faire davantage usage dans la vie républicaine.
Cette préconisation se traduit dans les faits par des cérémonies de naturalisation :
Commençant avec la Révolution française dans un bâtiment neuf et encore non consacré comme église, la « panthéonisation » est une tradition reprise des Égyptiens et qu'ont suivie ensuite les Grecs puis les Romains. Le choix de donner à un personnage l'hommage ultime de « grand homme » de la nation française, ainsi que la mise en scène de la cérémonie, varient suivant les périodes de l'histoire de France, mais reprennent toutes, depuis la fin du XVIIIe siècle, l'idée de promouvoir l'idéal d'une morale laïque sur le modèle de l'exemplarité religieuse et de la canonisation, la sacralisation progressive de la France dans la religion républicaine renvoyant à la morale religieuse et au processus de recharge sacrale[65].
En 1791, au moment de la création du concept de Panthéon français, c'est l'Assemblée constituante qui décide. La Convention en 1794 prend le relais pour le choix de l'inhumation de Jean-Jacques Rousseau, mais aussi pour retirer Mirabeau en 1794 et plus tard Marat.
Pendant le Premier Empire, c'est Napoléon Ier qui s'attribue ce privilège.
Sous les Troisième et Quatrième Républiques, ce sont les députés qui proposent et décident sous la forme d'une loi. Certains transferts, comme celui d’Émile Zola en 1908, déclenchent de violentes polémiques.
Ce choix revient au président de la République, mais il s'agit plus d'un état de fait que d'un véritable droit, aucun texte officiel ne régissant ni les critères nécessaires ni la forme de la cérémonie. Plusieurs présidents de la Cinquième République (Charles de Gaulle, François Mitterrand, Jacques Chirac, Emmanuel Macron) ont voulu ponctuer leur époque par des panthéonisations, symboliques de leur propre vision de l'histoire de la France.
La famille peut s'opposer à cette décision comme ce fut le cas pour Charles Péguy[Quand ?] ou Albert Camus en 2009.
En 1984, l'historienne Mona Ozouf estimait que cet hommage de la Nation est devenu un échec car le monument, dans sa froideur, peine à incarner le lieu du rassemblement national. Selon elle, il est de plus perçu comme un instrument de propagande à laquelle le peuple a cessé de croire, et il ne répond plus au culte des grands hommes tombé en désuétude[66].
En 2024, on recense 81 personnalités dont le gouvernement au pouvoir a décidé la « panthéonisation », mais seules 74 personnalités ont une tombe, un cénotaphe ou une urne funéraire dans la partie inférieure du monument.
Parmi ces 81 personnalités, seulement six femmes sont inhumées pour leur mérite propre, Marie Curie[67], Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Simone Veil et Joséphine Baker[68], cette dernière étant la première femme noire à y être honorée.
Cependant, certaines personnalités, après y avoir été admises, en ont ensuite été retirées. Il s'agit de :
Pour Descartes, Bara et Viala, si la décision a été prise, le transfert n'a pas été exécuté. De plus, le corps du général Beaurepaire n'ayant pas été retrouvé, la cérémonie n'a pas eu lieu.
Quatre personnalités sont italiennes (le dernier doge de la République ligurienne, Girolamo Luigi Durazzo, ainsi que les cardinaux Giovanni Battista Caprara, Ippolito-Antonio Vincenti-Mareri et Charles Erskine de Kellie), une néerlandaise (l'amiral Jean-Guillaume de Winter) et une helvétique (le banquier Jean-Frédéric Perregaux), les six s'étant ralliées à Napoléon Ier.
Il faut ajouter quatre tombes placées ici pour des raisons particulières :
Le tableau ci-dessous détaille les dates d'inhumation.
Période historique | Nombre | Détails |
---|---|---|
Révolution française | 6 (- 4) |
1791
1793
1794
|
Premier Empire | 43 |
1806
1807
1808
1809
1810
1811
1812
1813
1814
1815
|
Première et Seconde Restauration | 1 |
1829
|
Monarchie de Juillet, Deuxième République, Second Empire | Néant | |
Troisième République | 11 (+ 1) |
1885
1889
1894
1907
1908
1920
1924
1933
|
État français | Néant | |
Quatrième République | 5 (+ 1) |
1948
1949
1952
|
Cinquième République | 20 |
1964
« Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique et les combats d’Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège… » (André Malraux) → [En savoir plus…] 1987
1988
1989
1995
Marie Curie a obtenu un deuxième prix Nobel en continuant ses travaux après la mort de son mari. → [En savoir plus…] 1996
2002
2015
2018
2020
2021
2024
|
La patrie honore aussi ses fils en inscrivant leurs noms sur les murs du temple républicain. Plus de mille noms y sont inscrits (liste des personnes citées au Panthéon de Paris).
De part et d'autre du monument à la Convention nationale, on trouve les noms des écrivains morts pour la France pendant la guerre de 1914-1918 (ils sont 546 dont Alain-Fournier, Apollinaire, Charles Péguy, Victor Segalen), et ceux des écrivains morts pour la France pendant la guerre de 1939-1945 (ils sont 199 dont Saint-Exupéry, Pierre Brossolette, Robert Desnos, Max Jacob).
Sur le mur de la nef se trouvent quelques inscriptions concernant des personnages ayant marqué l'histoire de France par leur combat et leurs idées :
Dans l'escalier monumental qui mène à la crypte, se trouve une plaque gravée en mémoire des soldats de la guerre de 1870 : « À la mémoire des généraux d'Aurelle de Paladines, Chanzy et Faidherbe, des colonels Denfert-Rochereau et Teyssier ainsi que des officiers et des soldats des armées de terre et de mer qui en 1870-1871 ont sauvé l'honneur de la France ». La plaque est entourée de deux écussons rappelant les batailles livrées : Patay, Orléans, Belfort, Bapaume, Coulmiers, Bitche.
Dans la crypte, sont accrochées des plaques de bronze sur lesquelles on peut lire les noms des victimes de la révolution de 1830. Ces plaques ont été posées par Louis-Philippe lors d'une cérémonie le . Les noms des martyrs de la révolution de 1848 ont été ajoutés par la suite. « À la mémoire des martyrs de la Révolution tombés en 1830 et 1848 pour que vive la Liberté ».
On trouve également deux inscriptions proches du caveau XXVI où sont les cercueils de Jean Jaurès, Félix Éboué, ainsi que ceux de Victor Schœlcher et de son père Marc :
Un hommage aux « Justes de France ». Sur la plaque dévoilée le , on peut lire le texte suivant : « Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France dans les années d'occupation, des lumières, par milliers, refusèrent de s'éteindre. Nommés « Justes parmi les nations » ou restés anonymes, des femmes et des hommes, de toutes origines et de toutes conditions, ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d'extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l'honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d'humanité »[70].
Une plaque en hommage à Aimé Césaire. Par un décret du Journal officiel[71], le mercredi , à 17 h, cette plaque dédiée à sa mémoire et à son œuvre a été dévoilée en présence du président de la République Nicolas Sarkozy. Lors de cette cérémonie[72], près d'un millier de personnes étaient invitées dont sa famille et ses proches. Parmi elles, une centaine d'élèves de collèges et lycées de Martinique et de métropole, notamment du lycée parisien Louis-le-Grand et de l’École normale supérieure, dont Aimé Césaire fut l’élève. L’hommage a comporté également la lecture d'un de ses poèmes par une lycéenne martiniquaise et la diffusion d'un film de huit minutes sur sa vie, réalisé par la cinéaste Euzhan Palcy. Une fresque monumentale, constituée de portraits évoquant les grandes périodes de la vie du poète, a été installée au cœur de la nef. La cérémonie était retransmise en direct sur les chaînes de télévision françaises France 2 et France Ô et sur des écrans géants installés à l'extérieur du bâtiment[73]. Conformément à la volonté d'Aimé Césaire, son corps restera en Martinique.
Plusieurs tentatives n'ont pas été exécutées ou ont échoué (refus de la veuve ou de la famille, dispositions testamentaires contraires, oppositions diverses, pression ou manque d'intérêt des milieux politiques) :
.
Cette affectation provisoire aux Invalides est effectuée le .
Page 320 - 14 juillet : Donc, c'est aux Invalides, et non pas au Panthéon, qu'ont été transportées les cendres de Rouget de l'Isle. Le ciel était bas et couvert. Il ventait assez frais et les avions français sillonnaient l'air, au-dessous des nuages, pour éloigner les « tauben ». Je me rends en automobile, avec Viviani, à l'Arc de triomphe. Foule nombreuse. Peu d'hommes, naturellement. Quelques blessés. Des infirmières, des vieillards, des enfants.
Le le député Georges Sarre dépose une proposition de loi visant au transfert des cendres de Rouget de Lisle au Panthéon[78]. Le , le sénateur Henri d'Attilio pose une question écrite au ministre de la Culture et de la Communication, demandant si ce transfert ne pourrait pas avoir lieu le . Dans sa réponse, la ministre répond qu'en l'absence de décision du Président de la République ce transfert n'a pas été évoqué[79].
La Révolution de 1830 aboutit rapidement à replacer le Panthéon sous le régime de la loi du 4-10 avril 1791. Toutefois, le choix initial de la monarchie de Juillet de rendre le monument au culte des grands hommes n’apparaît plus comme une évidence lorsque « la Résistance » s’impose face au « Mouvement » dès 1831. Les longs débats sur la laïcisation du Panthéon révèlent ainsi l’impossibilité d’établir un consensus pour ancrer le monument comme un véritable lieu de mémoire du nouveau régime.
Traditionnellement la décision de « panthéonisation » – la « panthéonade » selon le néologisme que Régis Debray a forgé par dérision – est prise par décret du président de la République, sur proposition du Premier ministre et sur rapport du ministre de la Culture et de la Communication.
Deux conditions doivent d'abord être réunies : que l'impétrant soit de nationalité française et qu'une partie de ses restes soient « disponibles ». Pourtant, plusieurs exceptions dérogent à ces règles :
Ensuite, les critères sont plus délicats à définir : bien sûr, il s'agit d'abord de rendre hommage à une personnalité exceptionnelle dont l'œuvre et la vie ont marqué l'Histoire et peuvent servir d'exemple. La panthéonisation est aussi une occasion, pour le pouvoir en place, de mettre en valeur une période de l'Histoire et d'y graver son empreinte.
Enfin, afin de donner le temps de la réflexion, de laisser reposer les émotions et d'éviter que certaines décisions soient prises à la hâte, est instauré par décret le [87] un délai de dix ans suivant la mort d'une personne avant qu'elle puisse entrer au panthéon.
PLUVIOSE an 3 (). -- Décret portant que les honneurs du panthéon ne pourront être décernés à un citoyen que dix ans après sa mort. (B., t. LI, p. 125; Mon, du 22 pluviose an 3.)
La Convention nationale décrète que les honneurs du Panthéon ne pourront être décernés à un citoyen, ni son buste placé dans le sein de la Convention nationale et dans les lieux publics, que dix ans après sa mort.
Tout décret dont les dispositions seraient contraires est rapporté.
L'opinion publique peut être également sollicitée. Ainsi, en , Le Petit Journal publie une série d’articles dans le cadre d’un concours qu'il a organisé pour proposer des candidats éventuels au transfert au Panthéon, et il invite ses lecteurs à voter en utilisant un bulletin à détacher pour chaque candidat imprimé dans le journal. La question à laquelle les lecteurs du journal sont invités le est celle-ci : « Quels sont les Français du XIXe siècle auxquels devraient être décernés les honneurs du Panthéon ? ». En 2013, une consultation est lancée par le président du Centre des monuments nationaux (CMN), qui vise à éclairer le président de la République quant aux personnalités qui mériteraient à l'avenir d'être honorées au Panthéon.
Des noms circulent dans l'opinion, en voici ci-dessous quelques-uns :
Seules sept femmes y reposent : la première admise, par ordre chronologique, a été Sophie Berthelot, non à titre personnel, mais pour ne pas la séparer de son mari, le chimiste Marcellin Berthelot ; la seconde, Marie Curie, a reçu deux fois le prix Nobel[68].
Lors de son discours en hommage à la Résistance, le au Mont Valérien, François Hollande a annoncé le transfert de deux nouvelles femmes, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, aux côtés de Pierre Brossolette et Jean Zay[95]. Ces deux figures de la Résistance sont entrées au Panthéon le , lors de la journée nationale de la Résistance. Leurs corps reposent toujours dans leur lieu d'inhumation, leurs familles ayant refusé le transfert[96].
Le , le président de la République Emmanuel Macron annonce, en accord avec la famille, l’inhumation de Simone Veil au Panthéon, avec son époux, Antoine[97]. La cérémonie a lieu le .
Joséphine Baker fait son entrée au Panthéon le bien que son corps demeure à Monaco ; la cérémonie fut présidée par Emmanuel Macron.
Le , le président Emmanuel Macron annonce le transfert de la résistante Mélinée Manouchian, au Panthéon aux côtés de son mari Missak Manouchian. Le couple est panthéonisé le [98].
Sur les murs, les noms de treize écrivaines sont gravés : Berty Albrecht, Marguerite Aron, Manon Cormier, Suzanne Gaffré, Nanine Gruner, Olga Goutwein, Hélène Humbert-Laroche, Odette Lenoël, Marietta Martin, Annie de Monfort, Irène Némirovsky, Émilie Tillion, Marie-Hélène Wuilleumier.
Olympe de Gouges (1748-1793). Féministe avant que le mot n’existe[99], elle a été guillotinée le . Elle avait rédigé en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, avec cette phrase justement célèbre :
« La femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. »
Plusieurs organisations féministes demandent qu'elle soit inhumée au Panthéon. Après une première campagne en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, l’historienne Catherine Marand-Fouquet a lancé une nouvelle action en ce sens, en 1993, puis René Viénet, éditeur d'une biographie sur Olympes de Gouges, parue en 2003, en a fait à nouveau la suggestion en 2011[100].
George Sand (1804-1876). « Son œuvre mérite largement de continuer à vivre, et le Panthéon est la garantie d'une vie éternelle » estime Christiane Smeet-Sand, sa descendante. Loin des clichés d'écrivain régionaliste, voire « champêtre », « Sand est le premier personnage féminin de son temps et de sa condition à avoir revendiqué sa liberté de femme par son travail », juge M. Georges Buisson, administrateur de la Maison-musée de Nohant (Indre), rappelant que l'auteur de La Mare au Diable et La Petite Fadette est aussi la créatrice de deux journaux républicains. Parmi les personnalités favorables à cette idée, aux côtés de sa présidente d'honneur, Claudia Cardinale ; on y trouve aussi Juliette Binoche, qui a incarné George Sand au cinéma, Élisabeth Badinter, Benoîte Groult, Régine Deforges, Lambert Wilson ou Jean-Claude Brialy. Un projet a été déposé en 1998, par Élisabeth Badinter et Simone Veil. Le , Christiane Smeet-Sand a rencontré un conseiller de Jacques Chirac sur ce sujet et lui a remis une pétition. En fait, le projet a échoué surtout en raison de la forte opposition des habitants du Berry très hostiles dans leur grande majorité[réf. souhaitée] au départ de la « bonne dame de Nohant » de chez eux.
Lucie Aubrac (1912-2007). Ses funérailles ont donné lieu à un hommage de la Nation, accompagné des honneurs militaires. Dans son message funèbre, le président de la République, Jacques Chirac a rappelé à son propos :
« que certains êtres d'exception portent au plus haut les valeurs de l'humanité. »
Incarnation du courage, figure emblématique de la résistance à toute forme d'oppression. Elle fut de tous les combats contre l'occupant allemand et l'idéologie nazie ; pour la vérité, la justice sociale, la reconnaissance des droits de la femme, sa lutte aux côtés des plus démunis et des opprimés.
Lili Boulanger (1893-1918). Compositrice, elle est parfois citée[Par qui ?] aussi pour représenter le monde des Arts.
Du 7 au , une exposition sur la façade du Panthéon est l’occasion de rappeler combien certaines femmes éminentes ont, par leur vie au service de la science, des arts, de la philosophie, de la politique ou par leur engagement, mérité de faire partie de ce Panthéon laïque et républicain.
Du au , l'exposition D comme découvreuses se tient au Panthéon, à l'occasion de la journée internationale des droits de la femme[101]. L'exposition, en cinq parties, a abordé les thèmes suivants :
Le , Marie-Jo Zimmermann, députée de la Moselle, attire l’attention de la ministre déléguée à la Parité et à l’Égalité professionnelle sur le fait que le gouvernement s’est engagé à promouvoir une politique active en matière d’égalité des droits entre les hommes et les femmes. À propos de la présence de femmes au Panthéon, elle dira :
« Ce déséquilibre flagrant [la proportion hommes-femmes au Panthéon] est d’autant moins acceptable que certaines femmes ont marqué l’histoire du pays par leur forte personnalité. Plusieurs d’entre elles ont notamment des titres éminents qui mériteraient au moins d’être examinés dans une logique d’entrée au Panthéon. Il s’agit en priorité d’Olympe de Gouges qui fut l’une des premières féministes. Participant à la Révolution et proposant l’émancipation des femmes par une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), elle fut guillotinée en 1793. Dans la même logique, on peut citer la mathématicienne Sophie Germain, Louise Michel, figure légendaire du mouvement ouvrier et de la Commune de Paris et Simone Weil, grande philosophe de la première moitié du XXe siècle[102]. »
L'écusson informatif sur le Panthéon planté sur le trottoir entourant le bâtiment n'a pas été modifié après la panthéonisation de Marie Curie malgré l'intervention du sénateur Yann Gaillard lors de la séance au Sénat du [103]. Il indique toujours que « depuis 1907, y repose également une femme, il s'agit de l'épouse de Marcellin Berthelot… ».
Du 5 au , la Ville de Paris, en lien avec les Monuments nationaux, affiche neuf grandes figures historiques sur la façade du Panthéon : Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir, Charlotte Delbo, Solitude, Colette, Maria Deraismes, Louise Michel, Marie Curie, George Sand.
Dès le décès de Simone Veil, le , une pétition est lancée en direction d'Emmanuel Macron, pour sa panthéonisation, idée aussi évoquée par diverses personnalités du monde politique et intellectuel. Les arguments invoqués sont notamment son parcours charismatique pour une femme du XXe siècle : survivante de la Shoah dont elle s'engagera plus tard pour la mémoire, ministre de la Santé ayant mené le combat pour la loi sur l'IVG qui porte son nom (1974), première présidente du Parlement européen élu au suffrage universel (1979) et première femme à ce poste par la même occasion, membre du Conseil constitutionnel (1998-2007), membre de l'Académie française (élue en 2008). Elle est par ailleurs encore en 2016 considérée comme la 2e personnalité préférée des Français[104], restant un symbole de l'émancipation de la femme, par ses combats menés avec succès dans un milieu politique alors très machiste. Le , lors de l'hommage national aux Invalides, le président de la République Emmanuel Macron annonce sa décision, en accord avec sa famille, de transférer les dépouilles de Simone Veil et son mari Antoine au Panthéon.
Depuis plus de 200 ans, le Panthéon a été témoin de nombreuses scènes de l'histoire de France.
Par sa situation dans le Quartier Latin, il est aux premières loges dès que quelques manifestants décident de transformer un mécontentement en révolution. On fait aussi appel à son « esprit » pour commémorer un événement, ou quand on estime l'intégrité de la France en danger.
Le pendule de Foucault est associé à l'histoire du Panthéon de Paris. Quand, en 1851, le physicien Léon Foucault cherche un bâtiment de grande hauteur pour démontrer la rotation de la Terre, le Panthéon, lieu civil, semble tout indiqué. 1902 marquera une autre étape, à la fois scientifique et politique d'une affirmation de l'esprit scientifique dégagé de toute influence religieuse. Depuis 1995, le pendule bat de nouveau dans la nef. Momentanément retiré pendant les travaux de restauration du bâtiment en 2014, il a été réinstallé le .
Par sa situation en hauteur dans Paris, le Panthéon servira de récepteur aux expériences sur la TSF d'Eugène Ducretet.
Une légende[réf. souhaitée] veut que le Panthéon, menacé par l'humidité du sol, aurait été sauvé par l'ingéniosité d'un architecte qui aurait eu l'idée de soulever le bâtiment pour injecter dessous du plomb fondu. Il aurait pratiqué à intervalles réguliers des trous du diamètre d'une barre à mine tout autour de la base de l'édifice, bourré ces trous de sciure de bois et arrosé copieusement le tout. Le bois mouillé aurait alors, en gonflant, soulevé le bâtiment de quelques millimètres, suffisamment pour y couler du plomb en fusion. En séchant, la sciure aurait alors redéposé le Panthéon en douceur sur sa base.
La croix du Panthéon a également servi de point fondamental pour la Nouvelle triangulation de la France (NTF).
Sa position dominante en haut de la colline Sainte-Geneviève comme sa forme originale ont su, dès sa construction, attirer l'œil d'artistes confirmés comme Van Gogh, Marc Chagall ou celui des amateurs. Symbole républicain, il sera mis en poème par Victor Hugo, il est aussi le sujet de plusieurs livres.
Il est maintenant aussi lieu d'exposition où des artistes contemporains comme Gérard Garouste ou Ernesto Neto profitent du vaste espace de la nef pour y accrocher leurs œuvres.
En revanche, le Panthéon ne compte que six écrivains, parmi lesquels Victor Hugo, Alexandre Dumas, Émile Zola, un seul peintre (Joseph-Marie Vien, artiste officiel du premier Empire) et aucun musicien[105].
À partir de 2018, à l'occasion de l'entrée au Panthéon () de la dépouille de l'écrivain Maurice Genevoix, également ancien combattant de la Première Guerre mondiale, le plasticien Anselm Kiefer exécute une commande du président de la République Emmanuel Macron en vue d'y installer des œuvres accompagnant l'événement[106]. Elles ne sont pas destinées à y perdurer indéfiniment, tout en restant néanmoins pérennes[107].
Ce site est desservi par les stations de métro Cardinal Lemoine et Place Monge, par la station Luxembourg de la ligne B du RER et par les lignes de bus RATP : 21, 24, 27, 38, 75, 84 et 89.
L'accès au Panthéon est payant[108].
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