Né dans le duché de Lorraine, il s'exprime au quotidien en Platt que ses contemporains français prennent pour un «mauvais allemand». Il entre dans les dragons de la légion de Condé le , brigadier le ; il passe le , avec son grade et un escadron, après la suppression de la légion, dans les dragons de Boufflers, et repasse, avec le même escadron, au 4e de Chasseurs à Cheval, devenu 10erégiment de chasseurs à cheval. Ordener obtient tout son avancement dans ce corps; maréchal-des-logis le , adjudant le , sous-lieutenant le , lieutenant le suivant, capitaine le , chef d’escadron le 9 thermidor an II, et chef de brigade le 30 fructidor an IV; il fait les campagnes des années 1792 et 1793 à l’armée du Rhin et de la Moselle, et donne des preuves multipliées d’une brillante valeur dans les guerres de l’an II à l’an VIII aux armées du Rhin, des Alpes, d’Italie, d’Angleterre et du Danube.
Colonel des grenadiers à cheval
Nommé chef de brigade des grenadiers à cheval de la Garde des consuls le 29 messidor an VIII, il est souvent cité avec éloges par les divers généraux commandant les divisions dont son régiment fait partie. Dans cette campagne, l’intrépide Ordener fait environ 6 000 prisonniers, prend 26 bouches à feu, la majeure partie de leurs caissons, 7 drapeaux ou étendards, environ 200 chariots chargés d’équipages, au moins 2 400 chevaux; il a 7 chevaux tués sous lui, reçoit huit coups de sabre, dont cinq sur la tête, à l’affaire de Valevau, le 27 thermidor an VII, et trois coups de feu qui, quoique assez graves, ne le mettent pas hors d’état de pouvoir continuer ses services: le seul inconvénient qui résulte de ses blessures est une surdité périodique provenant d’un coup de boulet qui lui enlève la face droite (les "faces" sont des tresses pendant de chaque côté du visage devant les oreilles des soldats républicains et de l'Empire).
Arrestation du duc d'Enghien
Promu général de brigade le 11 fructidor an XI (), membre de la Légion d'honneur le 19 frimaire an XII, il reçoit du ministre de la guerre, le 20 ventôse, l’ordre de se porter sur la ville d’Ettenheim pour y opérer l’arrestation du duc d'Enghien. Le général Ordener y arrive le 25, et fait cerner, de concert avec le général François Nicolas Fririon, la maison du prince, par un détachement de gendarmerie et une partie du 22e de dragons. À cinq heures et demie, les portes sont enfoncées et le duc emmené au moulin près la Tuilerie; on enlève ses papiers, on les cachette, et l’on conduit le prince dans une charrette, entre deux haies de fusiliers, jusqu’au Rhin[2]. Cet ordre que le ministre de la Guerre envoyait au général Ordener était la copie presque littérale de celui qu’il avait lui-même reçu du premier Consul, sous la date du 19 ventôse. Après avoir opéré l’arrestation du duc d’Enghien, Ordener ne prit aucune part ni directe ou indirecte au jugement et à l’exécution de ce prince[3].
Campagne de 1805 et dignitaire de l'Empire
Nommé commandeur de la Légion d’honneur le 25 prairial an XII, Ordener fait avec la cavalerie de la garde la campagne de l’an XIII sur les côtes de l’Océan, et passe en vendémiaire à la Grande Armée. Dans la guerre d’Autriche, ce général soutient sa réputation, et fait des prodiges de valeur à la bataille d'Austerlitz. Promu général de division le 4 nivôse an XIV (), il continue à commander les grenadiers à cheval de la Garde. Appelé au Sénat conservateur le , et nommé commandant de l’ordre de la Couronne de fer, il obtient sa retraite le suivant, et devient Premier écuyer de l'Impératrice Joséphine. Napoléon crée le général Ordener comte de l'Empire le , et le nomme gouverneur du palais impérial de Compiègne le . Il y meurt dans l’exercice de ses fonctions le .
La rue Ordener, les écoles maternelle et primaire Michel-Ordener à Ris-Orangis portent son nom. Il existe par ailleurs une rue Ordener à Longwy jouxtant la Caserne Ordener qui est aujourd'hui un Lycée professionnel.
Le Fort de Vézelois, situé dans la commune de Vézelois dans le Territoire de Belfort et faisant partie des fortifications de l'Est de type Seré de Rivières, a été rebaptisé "Fort Ordener" après le décret du pris par le général Boulanger.
Quartier ORDONER à SENLIS F-60300 accueille le 7 ième Régiment de Spahis Algériens dans les années 1960.
Voici l’ordre que reçoit à ce sujet le général Ordener du ministre de la guerre:
Paris, le 20 ventôse an XII.
«En conséquence des dispositions du gouvernement qui met le général Ordener à celles du ministre de la guerre, il lui est ordonné de partir en poste de Paris, aussitôt après la réception du présent ordre, pour se rendre le plus rapidement possible, et sans s’arrêter un instant, à Strasbourg. Il voyagera sous un autre nom que le sien. Arrivé à Strasbourg, il verra le général de la division. Le but de la mission est de se porter sur Ettenheim, de cerner la ville, d’enlever le duc d’Enghien, Dumouriez, un colonel britannique et tout autre individu qui serait à leur suite. Le général commandant la 5e division, le maréchal-des-logis qui a été reconnaître Ettenheim, ainsi que le commissaire de police, lui donneront tous les renseignements nécessaires.
«Le général Ordener donnera ordre de faire partir de Schelestadt 300 hommes du 26e de Dragons qui se rendront à Rheinau, où ils arriveront à huit heures du soir. Le commandant de la 5e division enverra 11 pontonniers à Rheinau, qui y arriveront également à huit heures du soir, et qui, à cet effet, partiront en poste sur les chevaux d’artillerie légère. Indépendamment du bac, il se sera assuré qu’il y avait là quatre ou cinq grands bateaux, de manière à pouvoir passer d’un seul voyage 300 chevaux. Les troupes prendront du pain pour quatre jours, et se muniront d’une quantité de cartouches suffisante. Le général de la division y joindra un capitaine, un lieutenant de gendarmerie et une trentaine de gendarmes. Dès que le général Ordener aura passé le Rhin, il se dirigera droit à Ettenheim, marchera droit à la maison du duc d’Enghien et à celle de Dumouriez. Après cette expédition terminée, il fera son retour sur Strasbourg.
«En passant à Lunéville, le général Ordener donnera ordre que l’officier de carabiniers, qui aura commandé le dépôt à Ettenheim, se rende à Strasbourg, en poste, pour y attendre ses ordres. Le général Ordener, arrivé à Strasbourg, fera partir, bien secrètement, deux agents soit civils, soit militaires, et s’entendra avec eux pour qu’ils viennent à sa rencontre. Le général Ordener est prévenu que le général Caulaincourt doit partir avec lui pour agir de son côté. Le général Ordener aura soin que la plus grande discipline règne, que les troupes n’exigent rien des habitants. S’il arrivait que le général Ordener ne pût pas remplir sa mission, et qu’il eût l’espoir, en séjournant trois ou quatre jours et en faisant des patrouilles, de réussir, il est autorisé à le faire. Il fera connaître au bailli de la ville, que, s’il continue à donner asile aux ennemis de la France, il s’attirera de grands malheurs. Il donnera l’ordre au commandant de Neuf-Brisac de faire passer 100 hommes sur la rive droite du Rhin, avec deux pièces de canon. Les postes de Kehl, ainsi que ceux de la rive droite, seront évacués aussitôt que les deux détachements auront fait leur retour.
«Le général Ordener, le général Caulaincourt, le général commandant de la 5e division, tiendront conseil et feront les changements qu’ils croiront convenables aux présentes dispositions. S’il arrivait qu’il n’y eût plus à Ettenheim, ni Dumouriez, ni le duc d’Enghien, le général Ordener me rendra compte, par un courrier extraordinaire de l’état-des choses, et il attendra de nouveaux ordres. Le général Ordener requerra le commandant de la 5e division de faire arrêter le maître de poste de Kehl, et les autres individus qui pourraient donner des renseignements.
«Je remets au général Ordener une somme de 12 000 francs, pour lui et le général Caulaincourt. Vous demanderez au général commandant la 5e division militaire que, dans le temps où vous et le général Caulaincourt ferez votre expédition, il fasse passer 300 hommes de cavalerie à Kehl avec quatre pièces d’artillerie légère. Il enverra aussi un poste de cavalerie légère à Wilstadt, point intermédiaire entre les deux routes.
On lit dans le tome II des Mémoires de Sainte-Hélène cette note écrite de la main de Napoléon Ier: «Caulaincourt, mon aide-de-camp, a dû obéir aux instructions que Berthier et Talleyrand, ministre des relations extérieures, étaient chargés de lui donner pour la mission qui lui était confiée:
de confondre les trames ourdies par les ministres britanniques sur la rive droite du Rhin;
s’assurer de la personne et des papiers de la baronne de Reich et de ses complices, qui tramaient à Offenbourg le renversement du gouvernement consulaire et la mort du premier Consul;
inspecter et activer l’armement de la flottille;
faire remettre à la cour de Bade des explications sur la violation de son territoire, aussitôt qu’Ordener se serait saisi du duc d’Enghien. Ordener a dû obéir à l’ordre de passer le Rhin avec 300 dragons et d’enlever le prince.»