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chimiste, essayiste, historien des sciences et homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marcellin Berthelot (parfois orthographié Marcelin[2]), né le à Paris où il mourut le , est un chimiste, physico-chimiste, biologiste, épistémologue et homme politique français. À la suite de sa participation à l'effort de guerre de 1870 contre l'Allemagne, il est élu sénateur, puis nommé ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Instruction publique. En politique, il est connu pour avoir soutenu l'effort pour l'investissement dans les nouvelles technologies et l'aide aux populations paysannes et ouvrières. Il s'est également intéressé à la philosophie et à l'histoire des sciences en Orient.
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Pierre Eugène Marcellin Berthelot |
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Distinctions | Liste détaillée Membre étranger de la Royal Society () Médaille Davy () Médaille Copley () Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d) Concours général Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences Grand-croix de la Légion d'honneur |
Archives conservées par |
Pierre Eugène Marcellin Berthelot naît à Paris dans une maison située au coin de la rue du Mouton (absorbée dans l'actuelle place de l'Hôtel-de-Ville) et de l'ancienne place de Grève[3]. Son père, Jacques-Martin Berthelot, est médecin et un républicain convaincu, qui se dévoue sans compter lors de l'épidémie de choléra de 1832 et pour aider les blessés sur les barricades[4]. Berthelot fait de brillantes études en pension au lycée Henri-IV et intègre la 6e à dix ans seulement. Il excelle entre autres en histoire et en philosophie (prix d'honneur de philosophie au concours général)[3]. Il étudiera longtemps la philologie et la philosophie orientale au Collège de France en compagnie de Renan notamment[5].
Berthelot fait la connaissance de Renan au lycée Henri-IV ; celui-ci avait quitté le séminaire et travaillait dans cet établissement comme maître d'études ; ils nouèrent une amitié qui devait durer jusqu'à la mort[6]. Leurs correspondances publiées après la mort de Berthelot évoquent les nombreuses oppositions de religieux, mais également des ligues d'extrême-droite auxquels ils durent faire face[7]. Marcellin Berthelot et Renan s'étaient engagés l'un vis-à-vis de l'autre de ne pas faire de grande école à l'inverse des intellectuels de l'époque, ils effectuent donc des études l'un à la Sorbonne (Renan), l'autre à la Faculté des sciences de Paris et à la Faculté de pharmacie (Berthelot). Ce choix correspond pour Berthelot à la nécessité de ne pas être contraint par des manières formatées de pensée, problème de ses contemporains qu'il développe longuement dans son ouvrage Science et morale. Dans la même logique, au moment où il fut reçu à l'Académie, il refusa de porter l'habit d'académicien. Sa volonté de donner tous ses brevets non seulement à l'État mais à l'humanité répond à cette logique[8]. On peut remarquer qu'aucun de ses fils ne décida de présenter le concours d'une grande école[9].
Il se marie avec Sophie Niaudet, nièce de Louis Breguet, qui avait été éduquée par sa mère de manière extrêmement stricte en suivant des principes issus du calvinisme. La famille Breguet, suisse d'origine, était en effet calviniste depuis le XVIe siècle. Sophie inculqua les valeurs de la pensée calviniste à ses enfants et ses idées eurent une influence importante sur son mari.
Il étudie ensuite à la faculté des sciences de Paris. Très jeune, il devient l'ami de Joseph Bertrand, de Victor Hugo et de la famille Clemenceau[10].
Marcellin Berthelot commence vraiment ses recherches dans le laboratoire privé de Théophile-Jules Pelouze, où il peut expérimenter à sa guise. Il entre au Collège de France en 1851, comme préparateur d'Antoine-Jérôme Balard. Comme plusieurs autres chimistes de son temps, il étudie les composés organiques de nature complexe. Il obtient son doctorat en 1854, à l'âge de 27 ans, avec une thèse sur la structure et la synthèse des graisses et sur les combinaisons du glycérol avec les acides.
Il continue ses fructueuses recherches sur les synthèses organiques. À la suite d'une série d'articles sur le glucose, parus en 1859 et remarqués par Jean-Baptiste Dumas, il est nommé la même année professeur à l'École supérieure de pharmacie[3],[11]. Six ans plus tard, en 1865, sur recommandation de Balard, il devient professeur de chimie organique au Collège de France, avec une chaire spécialement créée à son intention[3]. Il enseigne également à l'École pratique des hautes études, établissement dont il avait soutenu la création avec Renan (son fils André Berthelot en sera plus tard le directeur adjoint, dans un tout autre registre puisqu'il sera professeur d'histoire et philosophie anciennes). Outre la chimie, le domaine de ses intérêts était extrêmement large, englobant les médicaments, les explosifs (travaux qui l'ont conduit à devenir président de la Société des explosifs[3]) et la physiologie végétale.
Berthelot était aussi vivement intéressé par l'histoire et la philosophie orientale et particulièrement par la philosophie et l'histoire des sciences en Asie et au Moyen-Orient : comme le rappelle André-Jean Festugière, « Berthelot n'a pas été seulement le grand chimiste que l'on sait, il fut encore un historien de la chimie et c'est par lui que les philologues ont été ramenés à l'étude des textes alchimiques grecs, syriaques et arabes[12] ». Berthelot épouse une descendante des Breguet et des Venture de Paradis, Sophie Niaudet, ce qui le rapproche des Venture de Paradis, une fameuse lignée de diplomates et d'interprètes, spécialistes de l'Orient (notamment au service de Louis XIV, puis de Bonaparte).
Ces travaux visent notamment à appréhender la manière dont d'autres civilisations ont développé des analyses des « lois naturelles » chères au projet de recherche de Berthelot[5].
À partir de 1869, année durant laquelle l'inauguration du canal de Suez lui fait visiter l’Égypte, il se passionne pour les textes anciens sur l'alchimie dans l'Antiquité et sur les alchimistes du Moyen Âge, étudiant les sources hermétiques chaldéennes, juives, gnostiques et islamiques[3].
Il apprend le sanskrit et étudie les Védas auprès de l'orientaliste Eugène Burnouf, qui enseigne alors au Collège de France[13]. Ces diverses recherches débouchent sur Les Origines de l'alchimie (1885) puis sur Introduction à l'étude de la chimie des anciens et du Moyen Âge (1889), ouvrages qui se fondent sur la lecture et la traduction de nombreux textes anciens grecs, syriaques et arabes[12].
Il effectue la première traduction des ouvrages d'Abu Musa Jâbir ibn Hayyân Al-Azdi (أبو موسى جابر بن حيان الأزدي) : le Livre du Royaume, le Livre de l'Équilibre et le Livre de Mercure oriental[14].
Avec d'autres académiciens, il lance par souscription l'édition d'une encyclopédie[15].
Le , lors du déclenchement de la guerre franco-allemande, profondément patriote, Berthelot demande à participer à l'effort de guerre et est nommé au Comité scientifique de défense. Il est alors membre puis président du comité consultatif du Service des poudres et salpêtres de France, puis président de la Commission des substances explosives. Il encadre la fabrication des canons et expérimente de nouvelles formules de poudre. Il est également chargé d'établir les correspondances entre Paris investi et la province[3],[11].
En 1871, les listes de candidats aux élections législatives sont établies par les journaux ou par des comités restreints ; aussi bien les journaux que les comités agissent de leur propre initiative, sans mandats. Les personnes portées sur ces listes sans leur accord ont la possibilité de se retirer par voie de presse. Berthelot figure sur les listes proposées par quatre journaux alors que, comme le rappelle Alain Corbin, il ne s'est pas présenté[16],[17]. Il arrive en 109e position, avec 30 913 voix[18],[19] et n'est donc pas élu. Il accepte de maintenir sa candidature afin de continuer son travail avec les comités auprès desquels il s'était engagé. Il est nommé inspecteur général de l'instruction publique en 1876. En , il devient sénateur inamovible.
En 1883, il fait connaître[réf. nécessaire] au grand public le rapport sur une mission confiée à Joseph-Charles d'Almeida par le Gouvernement de la Défense dont l'objet était d'établir des communications entre la province et Paris[20].
Dès son élection au Sénat, il prononce plusieurs discours contre les coupes dans le domaine de la santé publique. Il prône une politique interventionniste afin d'aider les paysans et les ouvriers vivant dans des situations difficiles[21]. Il combat pour la laïcisation des enseignements et la réforme de l'enseignement (il sera notamment favorable à l'École pratique des hautes études aux côtés de Renan et de Pasteur). Il occupera deux fonctions ministérielles importantes :
Il entre dans le comité de direction de La Grande Encyclopédie, où il prend la relève de Ferdinand-Camille Dreyfus pour les treize derniers volumes.
Il a souvent été considéré comme l'un des grands « scientistes » et des « anti-atomistes », alors qu'il a expliqué dans de nombreux articles l'intérêt de l'atome et ses limites[22] et il a défendu — malgré de très vives critiques à l'époque — l'importance d’investissements scientifiques dans les domaines de la santé publique, ce qui fut au centre de son engagement politique axé notamment sur l'aide aux populations les plus démunies (son grand-père était maréchal-ferrant et son père, médecin, soignait gratuitement sur les barricades lors des événements de 1848). Dès 1913, la communauté scientifique, prenant en compte les apports de John Dalton et les critiques de Berthelot et de William Hyde Wollaston, effectua une synthèse notamment avec le célèbre ouvrage de Jean Perrin, Les Atomes.
Étant, à la suite de Jean-Baptiste Dumas, un des membres les plus influents de l'École équivalentiste, selon laquelle « la chimie devait être une science strictement positive, c’est-à-dire une pratique expérimentale, libre de toute hypothèse superflue sur la structure exacte de la matière[23] », il combat le vitalisme ainsi que l'atomisme scientifique tel que proposé par John Dalton, mais défend la spectroscopie. Comme le montre l'historienne des sciences Mary Jo Nye[24], il est l'un des premiers à montrer les limites des travaux de Gay-Lussac et d'Avogadro. Rare chercheur en sciences à être entré dans un gouvernement, il use de son prestige de ministre pour imposer jusque vers 1900 son école de pensée, c'est-à-dire le maintien de la science comme expérimentation et sans l'influence directe d'idéologie ou de postulats religieux[25]. En tant qu'adversaire des calculs de la masse atomique effectués dans la lignée de Dalton, il refusait les travaux portant sur ce sujet qui lui étaient adressés mais défendait la théorie atomiste pour la spectroscopie.
Marcellin Berthelot était un espérantophone et espérantiste distingué, dont le souvenir fut salué par Zamenhof lors du 3e congrès mondial d’espéranto de Cambridge le . Il était membre du comité de patronage de l'ISAE, Association scientifique internationale espérantiste.
Après avoir étudié les explosifs et les moyens de les améliorer, Marcellin Berthelot est nommé président de la Société des explosifs. Dans ce domaine, il a notamment travaillé sur « le rôle des détonants par rapport à la force des explosions, et put ainsi déterminer de façon précise quel sera l'effet produit par une quantité donnée d'un explosif, comment et pourquoi cet effet se produira »[3]. Il a contribué à la mise au point et à la production d'explosifs sans fumée[3], qui seront très utilisés durant la Première Guerre mondiale et par la suite.
Interrogé par la Revue illustrée, qui lui consacre un article de plusieurs pages en , il dit s'être adonné au « culte de la vérité pure » :
« […] ne me mêlant jamais à la lutte des intérêts pratiques qui divisent les hommes, j'ai vécu dans mon laboratoire, solitaire, entouré de quelques élèves, mes amis : mais pendant pareille crise (guerre de 1870 et tensions avec l'Allemagne), il n'était plus permis de rester indifférent. Voilà pourquoi j'ai fabriqué de la poudre, des canons, des explosifs ; j'ai tâché de faire mon devoir sans partager les haines étroites de quelques-uns contre l'Allemagne dont je respecte la science en maudissant l'ambition impitoyable de ses chefs […][26] »
En fin de carrière, il s'est aussi beaucoup intéressé à la physiologie végétale. À partir de 1882, il est alors âgé de 55 ans, il s'installe à Meudon et y cultive des champs expérimentaux dans les potagers de l'ancien château pour étudier les liens entre croissance végétale et électricité[3]. C'est dans une tour de 28 mètres, installée dans les potagers de l'ancien château et qui existe toujours, qu'il étudie l'effet de l'altitude sur le potentiel électrique des plantes soumises à différentes hauteurs et d'éventuels effets sur certaines fonctions végétales[3]. En exposant des plantes à de l'électricité à basse tension, il cherche à comprendre comment les végétaux synthétisent les « principes organiques », comment ils fixent l'azote libre de l'air dans la terre à l'aide de l'action microbienne, qui permet de conserver la « fertilité indéfinie » des sols naturels[3]. Ces expériences l'amènent à prouver la fixation de l'azote par les microbes[3]. Il produit l'électricité nécessaire à son laboratoire au moyen d'un moteur et d'une batterie d'accumulateurs.
Berthelot développe dans l'ouvrage Science et Morale une conception de l'humanisme visant à développer chez les individus des connaissances utiles à la société dans les domaines des sciences, des humanités, des sciences sociales, politiques et juridiques ainsi que dans le domaine de l'art (il est très proche de Victor Hugo), il défend la nécessité d'une interdisciplinarité fondée sur une connaissance approfondie de chacun de ces domaines.
Comme le développe l'article « Berthelot » dans le Nouveau dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire de Ferdinand Buisson (philosophe et prix Nobel de la paix)[27]: « Pour Berthelot […], en dehors de la science, il n'y a pas de vraie philosophie. Ce point est d'une importance capitale et il y faut insister. On trouvera, dans la célèbre lettre à Renan, écrite en 1863, l'exposé de cette doctrine centrale sur laquelle Berthelot n'a jamais varié et dont les idées maîtresses reparaîtront, aussi fermes, aussi rigoureuses, dans des écrits publiés quelque trente ans plus tard. Elle est dominée toute par la distinction entre la science positive et la science idéale. La première se propose pour but d'établir les faits ainsi que les relations immédiates qui les unissent, et cela en s'aidant de l'observation et de l'expérimentation seules (les mathématiques elles-mêmes, ces merveilleux ouvrages de la pensée pure, ne donnent des conclusions pratiquement valables que si valables ont été les données initiales de leurs raisonnements). Ces relations deviennent à leur tour des termes que peuvent unir, toujours sous le contrôle de l'expérience, des relations plus générales, comme autant de chaînes que d'autres chaînes relient. Et ainsi la science positive a beau étendre, multiplier les relations ou lois qu'elle embrasse, elle ne perd jamais pied avec le réel, mais bien au contraire demeure en immuable conformité avec lui. »
Comme le rappelle le Professeur Boutaric (Faculté des Sciences de Dijon)[28] : Berthelot développe une philosophie « moins dogmatique que celle d'Auguste Comte ». Il défend une philosophie « qui n'assigne aucune borne au champ de l'investigation scientifique ». Il rappelle que « Nos théorie présentes (...) paraitront probablement aussi chimériques aux hommes de l'avenir que l'est aux yeux des savants d'aujourd'hui la théorie du mercure des vieux philosophes[29]. »
Comme le rappelle Nicole Hulin dans Physique et Humanités Scientifiques[30] : Dans les nombreux écrits de Berthelot le but visé est de mettre à jour les lois naturelles et logiques. Le but n'est pas d'aboutir à une loi universelle mais c'est pour Berthelot à la fois un travail d'épistémologie et un combat politique :
« L'éducation scientifique nous élève en quelque sorte au-dessus de notre propre personnalité par les conceptions et la puissance qui résultent de la connaissance des lois naturelles, elle nous apprend que cette connaissance ne saurait être acquise et perpétuellement mise en œuvre que par la réunion et le concours indéfiniment prolongé des efforts individuels de tous les hommes civilisés dans le temps et dans l'espace[31]. »
Berthelot avait maintes fois répété à ses enfants : « Je sens que je ne pourrai survivre à votre mère » (son épouse Sophie Berthelot, née Niaudet, qui était malade). Il meurt quelques minutes après la disparition de celle-ci, le . Les causes de sa mort n'ont pas été élucidées. Certains l'ont attribuée à l'angine de poitrine dont il souffrait depuis longtemps, mais pour Jean Jacques, les circonstances font penser au suicide[32]. Georges Lyon, son gendre (mari de sa fille, Marie-Hélène Berthelot) écrit à Louis Breguet (oncle de Sophie Niaudet, épouse Berthelot) qu'il était très faible depuis longtemps et que la douleur l'emporta[33].
Particulièrement influencés par une éducation calviniste issue des Breguet (la famille de Sophie Berthelot, dont l’ancêtre est Jean Breguet, prêtre à Neuchâtel), ses enfants durent aussi se plier à un strict respect des impératifs calvinistes[34],[35]. Le devoir de servir la Nation, principe central pour les Berthelot, est transmis à ces descendants qui occupent souvent des emplois de la haute fonction publique et/ou dans les industries nationales.
Berthelot marie sa fille au protestant Charles-Victor Langlois. L'orientation de ce dernier est plus éthique que religieuse, mais a été à l’origine d’oppositions nettes et parfois brutales de la part de groupes extrêmement conservateurs comme l’Action française et les ligues d’extrême-droite ; le cas est particulièrement net dans le cas de Philippe et André Berthelot caricaturé dans des journaux comme Je suis partout comme un juif et ou comme un non-croyant[36],[37].
Parmi ses fils :
Sa fille Camille Berthelot épouse l'historien spécialiste des rapports Occident/Orient et directeur des Archives nationales, Charles-Victor Langlois. A la mort de Charles-Victor Langlois, l'intégralité des descendants portent le nom de famille Langlois-Berthelot. Comme l'indique Daniel Langlois-Berthelot certains descendants décideront de n'utiliser que "Langlois" pour leur vie publique et leurs publications (comme Marc Langlois-Berthelot ou Gilles-Antoine Langlois) ou d'utilisant des pseudonyme (comme Jean-Marc Montguerre) dans une souci de "se construire individuellement sans tirer parti de ce nom de famille"[38]
Leurs enfants incluent :
Ces quatre frères participent aux différentes étapes du développement de la Société de Recherche et d'Application Technique renouvelant, dans une large mesure, la recherche et développement au service de l'État Français telle que voulue par leur grand-père (innovations en partenariats avec les divisions militaire et civile du Commissariat à l'Énergie Atomique).
La famille des descendants de Marcellin Berthelot, les Langlois-Berthelot, ont, par mariage, des liens de cousinage avec plusieurs grandes familles huguenotes et juives : les Breguet, Halévy et Mallet[réf. nécessaire].
Entre 1850 et 1907, Marcellin Berthelot a déposé 1 200 brevets. Dès le début, de nombreux industriels lui proposent de les racheter (ses découvertes notamment dans le champ de la pharmacologie ont généré des sommes d'argent extrêmement importantes), mais il refuse toutes ces offres car il travaille pour la science et fait don de ses brevets, un par un, non pas seulement à l'État français, mais au monde afin que ses découvertes servent le plus grand nombre[8].
Son jubilé scientifique est célébré solennellement en présence de scientifiques du monde entier. Alors qu'il a été enterré dans le caveau familial, le gouvernement, désireux d'honorer le grand homme, demande le transfert de ses cendres au Panthéon[33]. La famille accepte si Sophie Niaudet est enterrée avec lui. Il a été estimé logique de ne pas le séparer de sa femme, qui l'avait assisté dans ses recherches et avait été inhumée avec lui : elle est ainsi la première femme entrée au Panthéon.
Après sa carrière d'enseignant, Marcellin Berthelot a résidé à Meudon, où l'on trouve encore la tour d'expérimentation déjà appelée « tour Berthelot » de son vivant.
De nombreuses rues, places, avenues, écoles, de nombreux collèges, lycées ont été nommés en son honneur. Par exemple à Paris, devant le Collège de France, la place Marcelin-Berthelot.
Berthelot est reconnu pour des travaux encore utiles de nos jours :
D'autres aspects de son œuvre ou de ses positions scientifiques sont des sujets de controverses. Dans ses travaux de recherche, soutenues par l'Université Lille I et la Society for the History of Alchemy and Chemistry, le Professeur Antzoulatos rappelle le contexte historique du développement des principales critiques de Berthelot: derrière des querelles scientifiques c'est une opposition politique qui est en jeu[40]. Les adversaires de Berthelot sont très marquée politiquement et idéologiquement. Pierre Duhem et Vilfredo Pareto sont ouvertement antisémites et anti-dreyfusards quand Berthelot sera un soutien de Dreyfus dès le début de sa carrière[41].
Il a subi également des critiques d'ordre politique : Il lui est en effet reproché d'avoir défendu une approche scientifique libre des biais dogmatiques religieux; d'avoir refusé les raccourcis d'une partie de l'école atomiste et d'avoir donné son soutien à la génération des atomistes qui marquèrent le début du XXe siècle ; d'avoir eu une politique économique en faveur des plus défavorisés (son grand père est maréchal-ferrant, son père médecin travaillait gratuitement pour aider la population parisienne lors des épidémies de choléra) alors qu'une large frange de la classe politique s'était opposée aux revendications ouvrières des années 1870 ; d'avoir défendu Zola au moment de l'affaire Dreyfus; d'avoir affirmé lors de nombreux discours que le progrès scientifique permettrait le développement économique (on sait aujourd'hui que cette politique interventionniste dans les secteurs des techniques de pointe et de la santé permirent un développement économique sans précédent jusqu'en 1914. En 1987 un ouvrage de Jean Jacques, chimiste élève d'un adversaire universitaire de Berthelot, publie un ouvrage Berthelot : Autopsie d'un mythe, dans lequel il reprend à son compte ces critiques[réf. souhaitée].
Dans un bref discours plein d'humour[51] intitulé « En l'an 2000 », recueilli dans Science et Morale (1897), il raconte à son auditoire un rêve digne des romans d'anticipation de l'époque. Ce discours a été salué par Jacques Testart dans Labo-planète[51] et a invité certains auteurs à y voir les prémisses des réflexions du philosophe Marcel Gauchet[52] :
« Dans ce temps-là, il n'y aura plus dans le monde ni agriculture, ni pâtres, ni laboureurs : le problème de l'existence de la culture du sol aura été supprimé par la chimie. […] Chacun emportera pour se nourrir sa petite tablette azotée, sa petite motte de matière grasse, son petit morceau de fécule ou de sucre, son petit flacon d'épices aromatiques, accommodés à son goût personnel ; tout cela fabriqué économiquement et en quantités inépuisables par nos usines ; tout cela indépendant des saisons irrégulières, de la pluie, ou de la sécheresse, de la chaleur qui dessèche les plantes, ou de la gelée qui détruit l'espoir de la fructification ; tout cela enfin exempt de ces microbes pathogènes, origine des épidémies et ennemis de la vie humaine. Ce jour-là, la chimie aura accompli dans le monde une révolution radicale, dont personne ne peut calculer la portée ; il n'y aura plus ni champs couverts de moissons, ni vignobles, ni prairies remplies de bestiaux. L'homme gagnera en douceur et en moralité […]. Dans cet empire universel de la force chimique […] la terre deviendra un vaste jardin, arrosé par l'effusion des eaux souterraines, où la race humaine vivra dans l'abondance et dans la joie du légendaire âge d'or[53]. »
Le texte finit en rappelant que l'évocation de ces « rêves » est avant tout destinée à appeler les scientifiques à participer au développement économique : « Messieurs, que ces rêves ou d'autres s'accomplissent, il sera toujours vrai de dire que le bonheur s'acquiert par l'action »[53].
Traité élémentaire de chimie organique en collaboration avec E. Jungfleish 2 tomes en 1881 édition Dunod Paris .
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