Loading AI tools
écrivain français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Alain-Fournier, pseudonyme d'Henri-Alban Fournier, né le à La Chapelle-d'Angillon (Cher)[1], et mort au combat le à Saint-Remy-la-Calonne, est un écrivain français dont l'œuvre la plus marquante, restée célèbre, est Le Grand Meaulnes.
Nom de naissance | Henri-Alban Fournier |
---|---|
Alias |
Alain-Fournier |
Naissance |
La Chapelle-d'Angillon (France) |
Décès |
Bois de Saint-Remy, commune de Saint-Remy-la-Calonne (Meuse) |
Activité principale | |
Distinctions |
Prix Jules-Davaine de l’Académie française en 1915 |
Langue d’écriture | Français |
---|---|
Genres |
Œuvres principales
Compléments
Henri-Alban Fournier naît à La Chapelle-d'Angillon, chef-lieu de canton du département du Cher, à 32 km au nord de Bourges.
Son père, Augustin Fournier (1861-1933), habituellement appelé Auguste, jeune instituteur, vient d'être nommé à Marçais, où le petit Henri vit ses cinq premières années. Sa mère, Marie-Albanie Barthe (1864-1928), est également institutrice.
Il vit l'essentiel de son enfance à Épineuil-le-Fleuriel, tout au sud du département. Il y sera, sept ans durant, l'élève de son père et aura pour compagne de jeux et de lectures sa sœur Isabelle (1889-1971).
Dans une lettre à ses parents du , évoquant « la classe où entraient […] tout le soleil doux et tiède de cinq heures, toute la bonne odeur de la terre bêchée », il ajoute : « Tout cela, voyez-vous, pour moi c’est le monde entier ». Les trois quarts des chapitres de son futur roman auront pour cadre « Sainte-Agathe » et ses environs qui ressemblent à s’y méprendre au petit village de son enfance heureuse.
À douze ans, Henri part pour Paris, où il commence ses études secondaires au lycée Voltaire, récoltant presque tous les prix. Rêvant d’« être marin pour faire des voyages », il convainc ses parents, en , qu'il lui faut aller à Brest préparer le concours d’entrée à l’École navale : l’expérience sera trop rude et il y renoncera quinze mois plus tard. C’est au lycée de Bourges qu’il prépare le baccalauréat ; il l’obtient, sans mention, en . Comme beaucoup de jeunes provinciaux, comme Péguy et Giraudoux avant lui, il va poursuivre des études supérieures de lettres au lycée Lakanal à Sceaux – « l’internat des champs » – de 1903 à 1906[2], puis au lycée Louis-le-Grand de Paris, où il prépare le concours d'entrée à l'École normale supérieure. C'est au lycée Lakanal qu'il rencontre Jacques Rivière, avec lequel il se lie d'une amitié profonde. Celui-ci étant reparti à Bordeaux en 1905, il entretient avec lui une correspondance presque quotidienne qui sera publiée en 1928. Jacques Rivière épousera sa jeune sœur Isabelle en 1909.
Le , jour de l'Ascension[3], à dix-huit ans, il croise à la sortie d'une exposition de peinture au Grand Palais une grande et belle jeune fille, qui lui dira son nom dix jours plus tard : Yvonne de Quiévrecourt. Mais cet amour est impossible : Yvonne est fiancée et épousera effectivement l'année suivante un médecin de marine, Amédée Brochet, dont elle aura deux enfants. Bouleversé par cette brève rencontre, Fournier ne cessera, huit années durant, de penser à la jeune femme et de l’évoquer dans sa correspondance. Il s'en inspirera pour le personnage d’Yvonne de Galais dans Le Grand Meaulnes.
Après son échec à l'oral de Normale Sup en [4], il effectue son service militaire d' à , d'abord à Vincennes et dans diverses casernes de Paris, de Vanves et de Laval, puis comme sous-lieutenant de réserve au 88e régiment d'infanterie à Mirande.
Libéré à l'automne de 1909, il ne reprend pas ses études, mais est engagé comme chroniqueur littéraire à Paris-Journal en 1910[5]. Il commence à publier quelques poèmes, essais ou contes qui connaissent quelque succès. Il rencontre alors plusieurs grands peintres et écrivains de son temps : Maurice Denis, André Gide, Paul Claudel, André Suarès et Jacques Copeau, et se lie d'une grande amitié avec Charles Péguy et Marguerite Audoux.
Mais surtout il élabore lentement l'œuvre qui le rendra célèbre : Le Grand Meaulnes, qui paraîtra en volume en .
Le , présenté par Charles Péguy, il devient secrétaire de Claude Casimir-Perier, fils de l'ancien président de la République, et l'aide à mettre au point un gros ouvrage, Brest, port transatlantique, qui sera publié en chez Hachette. Il fréquente dès lors l'épouse de celui-ci, Pauline Benda, célèbre au théâtre sous le nom de Madame Simone, et lui rend de multiples services. Simone révélera en 1957 la liaison passionnée, souvent orageuse, qu'elle a eue à partir de avec le jeune écrivain de neuf ans son cadet, dans son livre Sous de nouveaux soleils (Gallimard). Alain-Fournier est fréquemment reçu dans leur propriété de Trie-la-Ville, où sont également accueillis Charles Péguy ou Jean Cocteau. Le Grand Meaulnes paraît dans La Nouvelle Revue française entre juillet et octobre 1913, et chez Émile-Paul en novembre 1913. Bien que Madame Simone tente de jouer de son influence, le roman manquera de peu le prix Goncourt, mais sera salué presque unanimement par la critique de l'époque. C'est sous les arbres du parc du château de Trie qu'Alain-Fournier écrira, en 1914, plusieurs chapitres de son second roman qu’il appelle alors « Colombe Blanchet », qu'il ne pourra achever avant la déclaration de guerre. La correspondance des deux amants a été publiée en 1992, présentée et annotée par Claude Sicard. Il a également une liaison avec une jeune femme de chambre, Jeanne Bruneau (1885-1971), qui apparaît dans Le Grand Meaulnes sous les traits de Valentine Blondeau, la fiancée de Frantz de Galais.
Durant cette même année 1913, qui voit en le début de sa liaison avec Pauline Benda-Perier (Madame Simone), Fournier rencontre pour la seconde fois Yvonne de Quiévrecourt. Les chastes retrouvailles ont lieu au cours de l’été, sans doute du 1er au , à Rochefort-sur-Mer, où la jeune femme, mère de deux enfants, est de passage chez ses parents. Le jeune homme est bouleversé — des notes sur un petit carnet noir en témoignent — mais sa vie sentimentale a pris désormais irrévocablement une nouvelle direction. Il échangera encore quelques lettres avec Yvonne de Quiévrecourt, mais ne la reverra pas.
Lieutenant de réserve, mobilisé le , Fournier part de Cambo dans le Pays basque, où il était en vacances avec Simone[6], pour rejoindre à Mirande son régiment, le 288e régiment d'infanterie ; il est affecté à la 23e compagnie. Partis d'Auch en train jusqu'au camp de Suippes, ses hommes et lui rejoignent le front après une semaine de marche jusqu'aux environs d'Étain. Avec sa compagnie, il prend part à plusieurs combats meurtriers autour de Verdun.
Le , un détachement de deux compagnies, la 22e, commandée par le lieutenant Paul Marien et la 23e, commandée par le lieutenant Fournier, reçoit l'ordre d'effectuer une reconnaissance offensive sur les Hauts de Meuse, en direction de Dommartin-la-Montagne, à vingt-cinq kilomètres au sud-est de Verdun. Si l'on doit en croire les témoignages postérieurs, assez divergents, du sergent Zacharie Baqué[7] et du soldat Laurent Angla, Fournier et ses hommes parviennent jusqu'à la Tranchée de Calonne où ils sont rejoints par le capitaine de Savinien Boubée de Gramont, qui prend la direction des opérations et décide d'attaquer l'ennemi. Entendant des coups de feu, ils veulent rejoindre la 22e compagnie de Marien qui s'est trouvée face à un poste de secours allemand et a ouvert le feu. Après avoir fait quelques prisonniers, ils sont pris à revers par une compagnie prussienne à la lisière du bois de Saint-Remy et décimés par la mitraille. Trois officiers — dont Fournier — et dix-huit de leurs hommes sont tués ou grièvement blessés, tandis que Marien et le reste du détachement parviennent à se replier. Sur le Journal de marche et d'opérations du 288e R.I., trois officiers, un sergent et dix-huit soldats des 22e et 23e compagnies sont portés « disparus » au « combat de Saint-Remy, du 21 au 30 septembre ».
S'il faut croire certaines sources, la patrouille dont Fournier faisait partie avait reçu l'ordre de « tirer sur des soldats allemands rencontrés inopinément et qui étaient des brancardiers », et avait obéi, ce que les Allemands auraient considéré comme un crime de guerre[8]. Selon Gerd Krumeich, professeur à l’université de Düsseldorf, il est exact que la patrouille de Fournier attaqua une ambulance allemande, mais il est difficile d'établir les faits précis[9].
Un documentaire vidéo[10] cite trois mémoires rédigés plus tard par deux Français et un Allemand, qui éclairent la situation : les troupes françaises avancent, voient des soldats allemands chargés d'armes, et tirent immédiatement sur eux. Ces Allemands étaient des brancardiers qui avaient pour mission de regrouper des blessés autour d'une ambulance, et de ramener dans le même temps les armes de ces mêmes blessés, d'où une méprise des soldats français, accentuée par le stress et la fatigue.
La fiche militaire de décès, publiée sur le site Mémoire des Hommes[11], mentionne que Fournier a été tué par l'ennemi le à Vaux-lès-Palameix (Meuse), commune proche de la Tranchée de Calonne. Le bois de Saint-Remy se trouve entre la limite de cette commune et la Tranchée de Calonne (qui n'est pas une tranchée mais une route). Un monument lui est dédié, à l'intersection entre cette route et le chemin menant de Vaux-lès-Palameix à Saint-Remy-la-Calonne[12].
Fournier est mort sans avoir eu d'enfant.
La disparition du lieutenant Fournier, rapportée par la presse, impressionne fortement ses contemporains, bien qu'il n'ait été officiellement déclaré « mort pour la France » qu’en . Il est ensuite décoré de la croix de guerre avec palme et nommé chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.
Le lieu exact de sa sépulture demeure inconnu pendant plus de trois quarts de siècle. Dès 1977, Michel Algrain enquête sur la localisation probable des derniers moments d'Alain-Fournier et parvient à coordonner des recherches[13]. Son corps et ceux de ses vingt compagnons d'arme, pour la plupart originaires de la région de Mirande, sont retrouvés par Jean Louis, le [14], dans les bois près de Saint-Remy-la-Calonne. Ils avaient été enterrés dans une fosse commune creusée par l'armée allemande sur le lieu du combat[15]. Après des fouilles archéologiques méthodiques et un examen approfondi des squelettes en laboratoire, ils sont ré-inhumés solennellement dans la nécropole nationale de Saint-Remy-la-Calonne.
La légende d'un écrivain mort pour la France en pleine jeunesse après avoir écrit un seul roman a sans doute contribué à assurer la fortune littéraire d'Alain-Fournier. Son nom figure sur les murs du Panthéon, à Paris, dans la liste des écrivains morts au champ d'honneur pendant la Première Guerre mondiale.
Alain-Fournier est généralement considéré comme l’auteur d’un seul livre : son roman Le Grand Meaulnes, publié en 1913 alors qu’il avait vingt-sept ans, n’est pourtant pas son seul écrit. C’est d’abord par des poèmes en vers libres qu’Henri Alain-Fournier manifeste à partir de l’été 1904 – il a dix-sept ans – son désir de devenir écrivain. Quelques-uns de ces premiers poèmes et nouvelles ont été publiés de son vivant dans diverses revues, connaissant un certain succès ; avec la plupart des autres, ils furent rassemblés en 1924 par son beau-frère Jacques Rivière chez Gallimard, sous le titre Miracles. Dès le , au cours de son séjour à Londres, Henri Alain-Fournier déclarait, dans une lettre à son ami Jacques, former un autre projet, celui d’être romancier, à la manière de Dickens. Et sans doute peut-on dater de cette époque les toutes premières ébauches du Grand Meaulnes.
Recueillis et classés méthodiquement par sa sœur Isabelle Rivière, les brouillons du roman ont été, avec tous les autres manuscrits de l’auteur, donnés en 2000 par Alain Rivière à la Ville de Bourges, et ils sont aujourd’hui conservés par le Réseau des bibliothèques de cette ville (bibliothèque des Quatre Piliers), qui a réalisé leur mise en ligne[16]. Ils avaient été publiés intégralement en 1986 dans la collection des « Classiques Garnier », formant la dernière partie du volume, sous le titre « Dossier du Grand Meaulnes ». Cet ouvrage est épuisé depuis plusieurs années, mais les brouillons du roman ont été reproduits en 2010 dans le Bulletin des amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier. Avant que le roman n’atteigne à la forme définitive au début de 1913, Alain-Fournier est passé par maints tâtonnements au cours des huit années précédentes. Ses manuscrits en témoignent, composés de notes rapides, de plans, de fragments de journal ou de lettres, d’ébauches, de reprises. Ni le manuscrit définitif du roman, ni le dactylogramme ne sont parvenus jusqu’à nous ; il parut d’abord dans La Nouvelle Revue Française sur les cinq numéros publiés de juillet à , avant d’être publié par Émile-Paul à la fin d’, quelques jours avant la parution du premier volume d'À la Recherche du temps perdu de Marcel Proust, Du côté de chez Swann.
Avant même l’achèvement du Grand Meaulnes, Fournier avait entrepris l’écriture d’un second roman, qu’il voulait appeler « Colombe Blanchet », inspiré par les compagnonnages et l’atmosphère de sa période de garnison à Mirande : il espérait le terminer à la fin de 1914, mais la guerre l’en empêcha. Il nous en reste aujourd’hui sept chapitres inachevés et quelques esquisses et notes, qui ont été publiés en 1990. Au mois de , Simone l’avait pressé d’écrire une pièce de théâtre, et il avait, en une nuit, jeté sur le papier une ébauche de scénario en trois actes qu’il avait intitulée « La Maison dans la forêt », où passe le souvenir du conte Boucles d'or et les Trois Ours ; mais il abandonna bientôt ce projet pour reprendre celui de « Colombe Blanchet ».
De son arrivée à Paris en 1898 à sa mort Alain-Fournier a entretenu une abondante correspondance, d’abord avec ses parents et sa sœur, puis avec ses condisciples du lycée Lakanal, Jacques Rivière surtout, qui deviendra son beau-frère – près de 370 lettres échangées en dix ans – et René Bichet – « le Petit B. » – le peintre André Lhote, Charles Péguy, son aîné de treize ans, et enfin Madame Simone, les trois dernières années. Elles ont été presque entièrement publiées par sa sœur et son neveu et couvrent huit volumes. La correspondance avec Jacques Rivière, en particulier, a nourri des générations de lecteurs et d’écrivains, de Simone de Beauvoir à Guy Debord, car elle donne un aperçu saisissant de la vie littéraire de la Belle Époque. Alain-Fournier fut également, trois ans durant, un chroniqueur littéraire très apprécié, dans Paris-Journal et dans d’autres revues de l’époque. Un choix de ses plus intéressants articles a été publié en 1990 par André Guyon sous le titre Chroniques et critiques.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.