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ingénieur des mines (1786-1838) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Cyprien-Prosper Brard est un ingénieur civil des mines et minéralogiste français né à L'Aigle le , et mort au Lardin le [1].
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Histoire des coquilles terrestres et fluviatiles qui vivent aux environs de Paris (d) |
Il est le fils de Cyprien Jean Jacques Brard (1762-1786) et de Marguerite Perrine Françoise Adam (1761-1834). Après la mort de son père, sa mère est allée s'établir à Paris. Il a étudié à l'École centrale des Quatre-Nations ou École centrale supérieure pendant la Révolution. Il y a suivi les cours de minéralogie qui y ont été donnés, en particulier ceux d'Alexandre Brongniart qui est professeur de géologie à l'École centrale supérieure en 1796 puis à l'École des mines en 1797. Ce professeur lui a donné la passion de la minéralogie[2]. À la fin de ces études classiques, en 1805, il a décidé d'approfondir ses connaissances en géologie en parcourant à pied les Alpes. À la fin du premier voyage, il publie la première édition du Nouveaux élémens de minéralogie, ou Manuel du minéralogiste voyageur. Il entreprend ensuite un deuxième voyage à partir de 1807 sur les rives du Rhin, la Savoie, le Dauphiné, les Alpes suisses et autrichiennes, la Saxe et le Palatinat[3].
Au retour de ce voyage, il est nommé, en 1808, aide naturaliste du professeur de géologie au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, alors Barthélemy Faujas de Saint-Fond. Il publie alors un Traité des pierres précieuses.
Il arrive à Servoz en 1811. Il est nommé directeur des mines de cuivre de Servoz, près de Chamonix, en 1813. La société des Mines de Servoz, Saint Gervais et autres réunies a pour actionnaire majoritaire depuis 1807 de Huerne de Pommeuse. Il a inventé une méthode d'exploitation originale du minerai complexe de Servoz, mélange de chalcopyrite, tétraédrite, galène et blende, par fusion par l'anthracite. Il a décrit ce procédé dans son livre Minéralogie appliquée aux Arts. Il représente toujours Huerne de Pommeuse après 1816 lors des visites des mines de Servoz par Édouard de Rosenberg (1769-1824) qui avait été chargé en 1815 par Victor-Emmanuel Ier, roi de Sardaigne, de réorganiser l'École des mines de Moûtiers et de la direction des établissements royaux de la Tarentaise. En 1823, la société des mines de Servoz est déficitaire. Elle décide de vendre l'établissement. Brard est présent pendant son estimation par Édouard de Rosenberg et Charles-Marie-Joseph Despine. La méthode d'exploitation de Brard a intéressé Rosenberg.
Il est resté à Servoz jusqu'en 1815-1816. Il s'y marie en 1815 avec Marie Julie Bersat dont il a une fille en 1817, Julie Caroline Brard, mariée en 1839 à Jules Gindre, ingénieur des mines qui a développé les carrières de Kaolin et invite des scientifiques européens à Itxassou.
Il devient en 1816 un des concessionnaires des houillères de Dordogne, dans la commune de Saint-Lazare, près de Terrasson, qui avaient été abandonnées. Il s'y installe. Il a fait installer le centre d'exploitation au Lardin sur la rive droite de la Vézère. La couche superficielle de houille étant de qualité moyenne, il a proposé d'en faire un usage local et a fait construire des fours à chaux économiques, une clouterie, une briqueterie et une grande verrerie. Les ateliers du Lardin font travailler 200 ouvriers et mineurs en 1822. Il a fondé pour eux une caisse de secours et une école mutuelle gratuite. Il s'est aussi intéressé au monde agricole en le formant à l'usage de la chaux fusée, des cendres et des urates pour augmenter le produit des terres. Ces houillères ont fait faillite en 1827.
En 1821, il a publié Mémoire sur un nouveau procédé tendant à faire reconnaître immédiatement la pierre gélive ou gélivée. Pour ce mémoire il a obtenu la médaille d'or de 1re classe de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale en 1824. Il a été guidé dans ses recherches par la théorie de la congélation et de la cristallisation. Il a montré que l'application d'un agent salin produit les mêmes effets sur la pierre que les effets de la congélation de l'eau.
Il trouve et envoie à Adolphe Brongniart des pierres contenant des fossiles de plantes, dont Odontopteris brardii trouvée à Terrasson, décrite en 1822[4]. Dans le livre Description historique d'une collection de minéralogie appliquée aux arts de 1829, Brard écrit que le préfet de la Dordogne, Huchet de Cintré, fondateur de la Société d'agriculture du département, a été l'initiateur d'une de ses premières collections minéralogiques car il avait décidé de montrer dans la salle du Conseil général la richesse minérale du département qu'il administrait.
Il quitte Le Lardin le pour diriger les houillères de Fréjus, ce qui lui permet d'identifier en août 1828 la météorite de Caille, tombée près de 200 ans plus tôt sur la montagne de l'Audibergue et servait de banc devant l'église du village[5]. Cette « pierre de fer » de 625 kg est la plus lourde jamais trouvée sur le territoire français. Elle a été déposée au Muséum national d'histoire naturelle[6]. Sa santé ne lui permet plus de supporter les fatigues dues à de longs déplacements.
À la fin de 1828, la direction de la société des houillères d'Alais apprenant que pour des raisons de santé il quittait Fréjus, lui a proposé de travailler pour les mines d'Alès. Il a proposé la création d'une ligne de chemin de fer qui n'a été réalisée qu'après son départ en 1832.
En 1829 il fait paraître Élémens pratiques d'exploitation. Il explique, dans l'introduction du livre, qu'il est le fruit de trente années d'études et d'expériences et il exprime les motifs qui l'ont amené à la rédiger : « Tant d'hommes distingués se sont occupés de l’art des mines, qu’il devenait difficile de composer un nouvel ouvrage sur ce même sujet, sans rentrer à chaque instant dans un champ déjà cultivé ; mais, bien déterminé à faire honneur à chacun de son propre ouvrage, et à ne me réserver que le faible mérite d’avoir disposé et coordonné ces différens documens avec ordre et méthode, en y ajoutant ce qu’une longue pratique m’a personnellement appris, j’ai encore entrevu le moyen d’être utile à mes concitoyens, et je n’ai pas balancé à mettre la main à l’œuvre ». Il a écrit un chapitre sur la protection des ouvriers et la bonne administration des mines. Son épouse est morte à Alès le 24 janvier 1832. Sa mère, Marguerite-Françoise Adam, veuve Brard (elle est morte au Lardin le 28 août 1834), qui avait acheté une petite propriété au Lardin lui a demandé de le rejoindre. Brard a quitté Alès en août 1832 pour Le Lardin.
Auguste Romieu, préfet de la Dordogne en 1833 à 1843, s'intéresse au développement économique du département. Il reprend une initiative d'Adolphe Thiers qui avait créé un Bureau de statistique générale au ministère du commerce et des travaux publics en 1833 qui centralise toutes les informations statistiques permettant d'établir la richesse de la France, placé sous la direction de Alexandre Moreau de Jonnès[7]. L'enquête commandée à ce bureau avait montré « la prodigieuse ignorance de l'immense majorité de la population » et allait conduire à une politique de développement de l'agriculture. Le préfet a obtenu du conseil général un crédit de 1 000 francs en juillet 1834 pour la réalisation d'une enquête statistique. Il nomme, en décembre 1834, Cyprien-Prosper Brard responsable de cette enquête statistique. Elle commence après la circulaire du préfet du 10 février 1835. Elle porte sur la topographie, l'état civil et moral, l'histoire, l'administration, l'instruction publique, l'agriculture, l'industrie et le commerce du département de la Dordogne. Pour cette enquête, il a expédié aux maires des 583 communes du département un questionnaire de 122 questions divisé en 5 parties[8] :
Le questionnaire sur l'agriculture est le plus développé. Il est subdivisé en plusieurs sujets concernant l'élevage, le type de culture, les habitudes de culture, le mode d'exploitation des terres, la culture de la vigne et l'exploitation de la forêt.
Le questionnaire sur l'industrie concerne plus l'artisanat plutôt qu'une véritable activité industrielle : fait-on des briques et de la chaux, de la poterie commune, de la toile du droguet ou autre étoffe de ménage, des sabots, des paniers, des abeilles ? Élève-t-on des verres à soie ? Trouve-t-on des truffes noirs dans la commune ? Y a-t-l des moulins à eau, à vent et à huile ? Où vend-t-on l'huile produite ? A-t-on commencé à cultiver le colza ?
La partie du questionnaire portant sur l'hygiène et la santé s'intéresse aux habitudes alimentaires, aux maladies, aux croyances superstitieuses pour les combattre, et au service médical disponible. À la fin de l'année 1835, environ 60% des communes ont répondu complètement aux questionnaires et 15% n'ont fait aucun retour, malgré les relances de Brard et du préfet[9]. Brard réalise un dépouillement en tableaux par question et par commune, mais la synthèse des réponses va se révéler difficile. En effet, la science statistique n'en est qu'à ses débuts, peu de questions demandent une réponse chiffrée, et beaucoup sont très ouvertes, donnant lieu à des réponses à la rédaction disparate[8]. Brard complète ses informations par des enquêtes directes, parcourant le département dans les moindres communes. Mais il tombe malade en 1837, et meurt au Lardin, le 28 novembre 1838, avant d'avoir pu terminer de rédiger tous les chapitres de l'ouvrage prévu. La documentation qu'il a recueillie pour son enquête agricole, versée aux archives départementales de Dordogne, est remarquable par son volume et sa richesse d'informations[10].
Il a été à l'initiative, en 1835, de la création du laboratoire de chimie à Périgueux avec le préfet Romieu et le maire de Périgueux, M. de Marcillac, confié à un ingénieur des mines, Jean Charles Louis Marrot (1800-1876).
Cyprien-Prosper Brard a été membre de :
Certains des ouvrages de Cyprien-Prosper Brard ont été traduits en allemand et en espagnol.
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