Cependant, depuis la Seconde Guerre mondiale, le sens du terme «camp de concentration» a évolué, il désigne aujourd'hui les camps de concentration nazis.
Pendant le conflit, seuls deux camps de concentration nazi, c'est-à-dire sous l'autorité directe de l'Allemagne nazie, existent sur le territoire français. Le plus connu est celui de Natzweiler-Struthof[3],[4],[5],[6] en Alsace annexée. Ce camp étant équipé d'une chambre à gaz. Le second est le camp de Thil, seul camp de concentration installé par les nazis en territoire français non annexé[7]. Cette dépendance du camp du Struthof étant également équipée d'une chambre à gaz.
On réserve, en général, les termes «camp d'internement» aux camps placés sous l'autorité de l'État français. Les camps de Compiègne, Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande sont aussi désignés par l'expression «camp de transit». Bien que les conditions de vie aient été très dures dans les camps français, et la mortalité élevée[1],[8], ils n'entrent pas - à l'exception notable des camps de transit - dans un projet d'extermination et ne doivent durer, en principe que le temps d'un conflit[1] (Première et Seconde Guerres mondiales, guerre d'Espagne).
Dès la déclaration de la guerre, en septembre 1939, les ressortissants des «pays ennemis» réfugiés en France font, en raison de leurs nationalités, l'objet de mesures d'internement: le statut de réfugié politique ne prévaut alors nullement sur le critère d'appartenance à un pays ennemi. Parmi ces internés se trouvent de nombreux intellectuels antinazis et des Juifs qui ont fui les persécutions. Cet afflux important de la population des camps (Les Milles, Gurs, Rivesaltes et beaucoup d'autres) est très mal géré; la nation en guerre a d'autres soucis[9]. Environ 40 000 étrangers, dont de nombreux réfugiés espagnols, sont soumis, à partir de septembre 1940 au travail obligatoire dans ce qu'on appelle les groupements de travailleurs étrangers. En métropole, il peut s'agir, en zone libre, de travaux agricoles dans des fermes pour remplacer les prisonniers de guerre, en zone occupée de travaux de fortification du mur de l'Atlantique dans le cadre de l'Organisation Todt.
Après le débarquement de Provence, des camps d'internement sont créés, ou passent sous l'autorité des puissances alliées, dont celle de la France. Tel est le cas du camp d'internement de la police militaire américaine de Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône), ou de celui du centre de séjour surveillé (CSS) de Saint-Mître à Aix-en-Provence[10].
En Afrique du Nord, dans des «camps de représailles» comme Hadjerat M'Guill, ou dans des chantiers comme celui du transsaharien, «de nombreux travailleurs succombent à la faim, aux maladies et à la torture»[11],[12]. Le procès des bourreaux d'Hadjerat M'Guill, ouvert le 29 janvier 1944 à Alger se conclut par quatre condamnations à mort et six condamnations à des peines de travaux forcés de dix ans, de vingt ans et à la perpétuité[13].
La peur de l'ennemi, espions et suspects
Le déclenchement de la guerre provoque la signature de plusieurs décrets présidentiels dès août 1914 organisant le contrôle des étrangers ennemis sur le sol français. Le décret du 4 août 1914 prévoit que les autorités françaises doivent demander aux ressortissants allemands et austro-hongrois s'ils désirent rentrer dans leur pays ou subir des contrôles importants et réguliers de la part des services de police. La seconde solution est préférée parce que le gouvernement ne désirait nullement laisser partir des hommes valides capables de combattre leurs propres soldats ou des femmes suspectées d'être des espionnes ou des agents de renseignement au service de l'ennemi[14]. C'est pourquoi la décision d'ouvrir des camps pour étrangers civils a été prise par les autorités françaises qui utilisent un vocabulaire pénitentiaire puisqu'ils sont officiellement dénommés «dépôts de faveur».
Une localisation précise et stratégique
J.C. Farcy dresse l'état des lieux de ces camps et estime qu'il y en a une cinquantaine sur le territoire national, plutôt localisés dans l'ouest et le sud, loin des zones de conflit ou d'occupation du nord-est. Les îles sont particulièrement privilégiées car elles permettent aux autorités d'écarter ces populations à risque des Français souffrant des conditions de la guerre. D'importants camps sont ainsi recensés comme celui de l'île d'Yeu où plusieurs centaines d'austro-allemands sont surveillés ou encore celui de Garaison, à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées[15]. Dans le sud-ouest, certains camps sont aussi importants comme celui de Libourne[16] (Gironde), Bergerac (Dordogne), Marmande (Lot-et-Garonne), Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), Saintes (Charente-Maritime). Il faut aussi souligner l'existence d'un dépôt important à Pontmain en Mayenne.
Les camps d'internement en France pour la période 1938-1946 ont été étudiés par l'historien Denis Peschanski dans sa thèse de doctorat d’État soutenue en 2000, Les camps français d’internement (1938-1946)[Note 1].
L'internement des «étrangers indésirables»
Des camps sont ouverts par le gouvernement Daladier pour regrouper les réfugiés de la Guerre civile espagnole (décret-loi du de Daladier qui prévoit l’internement des «étrangers indésirables», élargi par la loi du 18 novembre 1939 qui permet l’internement «de tout individu, Français ou étranger, considéré comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique»[17],[18],[19],[20]). Les premiers camps - notamment à Saint-Cyprien, Argelès-sur-Mer, Agde, Le Vernet ou Gurs - furent des espaces ceints en urgence de barbelés, gardés notamment par les troupes sénégalaises; les réfugiés couchaient à même le sol; les barbelés furent considérés comme plus urgents que les baraquements qui ne furent érigés, dans la plus grande précarité, que progressivement.
Liste des camps de réfugiés de la Guerre civile espagnole
Au nombre de 500 000, les réfugiés espagnols sont regroupés dans des camps d'internement situés surtout dans le sud de la France, notamment en Roussillon, mais aussi jusqu'en Bretagne. Les principaux lieux d'internement sont:
Angoulême (Charente): camp d'internement des Alliers, où sont raflés 927 réfugiés républicains, formant le premier convoi de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Le , à destination de Mauthausen;
Le décret du prévoit, en cas de conflit armé, l'internement de «tous les étrangers ressortissants de territoires appartenant à l'ennemi», âgés de dix-sept à soixante-cinq ans. Le ministre de l'Intérieur Albert Sarraut justifie le fait par la présence de traîtres en action et potentiels. En novembre, un nouveau décret-loi permet l'internement de tous les «individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique»[24].
Durant la drôle de guerre, on a:
les camps qui internent 20 000 Allemands et Autrichiens antinazis, souvent Juifs, qui ont fui le nazisme depuis 1933 (par exemple Erich Cohn-Bendit), mais qui sont considérés comme ressortissants ennemis;
les camps de nomades qui internent «individus sans domicile fixe, nomades et forains, ayant le type romani» (Manouches, Gitans, Roms, Sintés, et plus généralement Tsiganes);
les camps de prisonniers de guerre allemands, tels que le camp des Milles; parfois un secteur particulier des camps précédents; compte tenu du déroulement des opérations, les soldats allemands prisonniers sont peu nombreux;
Dès 1939, les camps existants se remplissent d'Allemands et d'Autrichiens, c'est-à-dire indifféremment d'opposants au régime nazi (communistes, socialistes, opposants divers, Juifs allemands ou autrichiens) ou de personnes favorables au régime hitlérien, ou de combattants allemands. Ensuite, après la défaite de 1940 et la chute du régime républicain, viendront les Juifs, qui seront peu à peu livrés aux nazis.
Après juin 1940
Le régime des multiples camps qui existent en France pendant la guerre est extrêmement variable, selon qu'ils se trouvent en zone libre, en zone occupée ou en zone annexée, selon l'époque on distingue: avant et après la dénonciation du traité d'armistice de 1942 et l'invasion de la zone libre par les Allemands, et aussi selon leurs statuts qui va d'un régime quasi carcéral, à celui de centres de villégiature pour réfugiés dont la direction est déléguée à des associations confessionnelles, en général protestantes d'origine alsacienne.
Sous le régime de Vichy, sont créés des camps qui s'appellent diversement:
camps d'accueil;
camps d'internement;
camps de séjour;
centres de séjour surveillés;
camps de prisonniers.
Une autre catégorie apparaît sous le régime pétainiste:
les camps de transit, signifiant généralement que les détenus doivent être déportés en Allemagne, tels ceux de Vénissieux et Nexon.
Les nazis étendent également leur parc de camps dans la zone occupée, dénommés[25]:
camps d'internement pour Juifs et Tsiganes;
camps de transit destinés à regrouper les prisonniers avant leur déportation vers l'Allemagne, tels ceux de Drancy et Pithiviers.
En 1941, un camp de concentration est établi en Alsace annexée, celui de Natzweiller-Struthof. Il est destiné à accueillir principalement les résistants des territoires occupés. Une chambre à gaz de fortune y est utilisée pour assassiner, notamment 86 Juifs achetés à Auschwitz-Birkenau dans le but de constituer une collection de squelettes pour August Hirt, directeur de l'institut d'anatomie à l'Université de Strasbourg. Le camp est équipé d'une géole où est pratiquée la torture, d'une chambre de vivisection destinée aux recherches des médecins de l'université de Strasbourg et il dispose d'un four crématoire. Bien que n'étant pas classé comme camp d'extermination, il reste le camp de concentration nazi le plus meurtrier, avec un taux de mortalité de 42%;
un camp de redressement est ouvert en 1940 à Schirmeck, destiné aux Alsaciens-Mosellans réfractaires au régime nazi. Certains sont libérés une fois leur peine effectuée, d'autres sont intégrés à la Wehrmacht, dont nombre sont envoyés sur le front russe.
À partir de 1942, plusieurs camps d'internement deviennent les antichambres des centres d'extermination nazis en Europe de l'Est, ce sont des camps de transit. En zone occupée, le camp de Drancy est, jusqu'en 1942, sous administration française. Passé sous celle des SS, la gendarmerie et la police française assistent ces derniers lors des déportations. Celui de Royallieu est, depuis 1941, sous l'autorité exclusive du SD, fait unique en France.
salle philarmonique: pour des familles juives, octobre 1942;
Brie-la-Rochefoucauld, camp militaire de La Braconne: centre de rassemblement des étrangers (CRE), pour des Allemands, Autrichiens, Yougoslaves, des apatrides, des évacués mosellans, décembre 1939 à décembre 1940;
Saint-Martin-de-Ré, centre pénitentiaire: centre de séjour surveillé (CSS) pour des politiques, lieu de détention pour des résistants, mars 1940 à décembre 1944;
Masseret: groupement 1 du 543e GTE, pour des Espagnols, octobre à décembre 1940;
Meilhards: 43e CTE puis groupement 1 du 543e GTE, pour des Espagnols, décembre 1940 à janvier 1941;
Meyssac: groupement 6 du 405e groupement de travailleurs étrangers (GTE), pour des Espagnols, mai 1941 à novembre 1942;
Neuvic: groupement 6 du 881e GTE (ancien 543e GTE), pour des Espagnols, des Autrichiens, Allemands, Polonais, Sarrois et des Juifs, août 1942 à septembre 1943;
Soudeilles: groupement 6 du 665e GTE, pour des Allemands, Autrichiens, Belges, Grecs, Hongrois, Luxembourgeois, Roumains, Russes, Turcs, Estoniens et Lituaniens, juin 1941 à décembre 1942;
Castelnaud-la-Chapelle, lieu-dit Pont de Cause: groupement 1 ou 6 du 650e GTE, détachement à Vézac, 1940-1941;
Chancelade: groupement 1 du 647e groupement de travailleurs étrangers (GTE), pour des Espagnols, Allemands, Autrichiens, Polonais, Sarrois et des Juifs, détachement à Bourdeilles, juin 1941 à 1943;
Bassens: camp d'internement pour des ressortissants du Reich (allemands, autrichiens, slovaques) et des prisonniers de guerre allemands, mai et juin 1940;
camp d'internement pour des nomades, novembre à décembre 1940;
centre de séjour surveillé (CSS), 1941 à août 1944:
section I: pour des politiques, militants communistes, des prisonniers de droit commun;
section II: pour des Juifs, des réfractaires au STO , des Espagnols, Allemands, Autrichiens, Polonais, Russes et d'autres nationalités, des condamnés pour marché noir;
groupement 2 du 308egroupement de travailleurs étrangers (GTE) détaché de Allez-et-Cazeneuve, pour des Allemands, Espagnols, Alsaciens, 1940 à mars 1941;
caserne Lacuée: camp d'internement pour des résistants, 1943-1944;
Allez-et-Cazeneuve, château de Tombebouc: groupement 2 du 308e GTE, pour des Juifs allemands, autrichiens et polonais, novembre 1941 à décembre 1942;
Bias, camp militaire d'Astor au lieu-dit Paloumet: pour des résistants et des travailleurs forcés vietnamiens, 1940;
Buzet-sur-Baïse: centre de séjour surveillé (CSS) pour des communistes, des indésirables, juillet 1940 à février 1941;
groupement 7 du 536e GTE, pour des Espagnols, Allemands, Polonais et des Juifs, octobre 1941 à septembre 1944;
Fumel: groupement 7 du 505e GTE, pour des Espagnols, Allemands, Polonais, Autrichiens, Sarrois, Slovaques, Belges, Hongrois, Néerlandais, novembre 1941 à juillet 1944;
Nicole: détachement du 308e GTE de Allez-et-Cazeneuve, pour des Allemands et des Autrichiens, juin 1942;
groupement 2 du 518e GTE détaché du 526e GTE d'Izeste, pour des Espagnols, juillet 1941 à juin 1943;
Eaux-Bonnes: camp-hôpital dépendant du camp de Gurs, formé de divers hôtels, pour des républicains espagnols et pour des Juifs étrangers ou apatrides, 1941 à août 1942;
Escot: groupement 2 du 540e GTE, pour des Espagnols, février à juillet 1942;
Bourg-Lastic: camp militaire, centre de rassemblement des étrangers, ou furent détenus des Juifs sous Vichy (témoignage d'André Glucksmann qui y entra à quatre ans); ce camp «accueillit» des harkis dans les années 1960 et des Kurdes réfugiés d'Irak dans les années 1980.
Le Mont-Dore: centre de rassemblement des étrangers mixte.
Aussois: camp d'internement de l'Esseillon, anciens forts utilisés pour l'internement des réfractaires niçois.
Fourneaux: camp du Replat, ancienne caserne utilisée par l'occupant italien pour l'internement des réfractaires niçois.
Hauteville: centre de rassemblement des étrangers.
Haute-Savoie
Olliet-Savigny: 514eGTE. 200 anciens combattants républicains espagnols travaillant en régime de «semi-liberté» puis jusqu'à 300 réfugiés juifs allemands, autrichiens et polonais.
Rennes: camp militaire dit «de Verdun»: mixte[34]; camp des nomades: rue Le Guen de Kerangal, pour les nomades et les internés administratifs[35], de 1940 à 1945.
Voves: camp ouvert début 1942 pour les politiques.
Indre
Douadic: camp de l'Etang du Blanc. D'abord camp de prisonniers allemands (1939-1940) puis en novembre 1940, Centre de séjour surveillé pour étrangers (réfugiés espagnols, polonais et allemands...). En août 1942, Douadic devient Centre de ramassage ou de triage des Juifs arrêtés dans l’Indre.
Indre-et-Loire
Avrillé-les-Ponceaux: camp de la Morellerie pour les Tziganes et internés politiques (communistes).
Écrouves: Caserne Marceau (actuellement centre de détention d'Écrouves) pour les internés politiques et les juifs, français ou étrangers entre autres la plupart des déportés juifs des Vosges[39]
Natzwiller: Camp de concentration de Natzweiler-Struthof, au lieu-dit Struthof, seul camp de concentration créé par les Allemands en territoire français annexé où furent détenus des résistants français. Il accueille également 86 Juifs pour des expériences. Antichambre de l'Université de Strasbourg (anatomie, anthropologie, médecine). Étude des gaz et vivisections humaines.
Schirmeck: Camp de Schirmeck, camp de redressement nazi à l'attention des Alsaciens et Mosellans réfractaires au nazisme. Ce n'était donc pas un camp d'internement français mais un camp de concentration allemand où furent détenus des résistants, des Juifs, des prisonniers de droit commun, des homosexuels.
Vittel: Camp d'internement (ilag) de Vittel, camp qui «accueillait» des possesseurs de passeports américains ou britanniques, également de pays d'Amérique latine (Paraguay...).
Hauts-de-France
Oise
Compiègne: Camp de Royallieu (Frontstalag 122)[40]. De juin 1941 à août 1944. Seul camp de transit qui fut totalement et durant toute la période de l'Occupation sous l'autorité des Allemands. Robert Desnos (1900-1945) et Jean Moulin (1899-1943) ont transité par ce camp.
Grandvilliers: centre de rassemblement des étrangers.
Plainval: camp de Plainval, à trois kilomètres de Saint-Just-en-Chaussée, centre de rassemblement des étrangers. Son existence est avérée entre novembre 1939 et mai 1940. Peu avant l'invasion allemande, les internés de ces camps furent déplacés dans le sud de la France[41].
Pas-de-Calais
Ambleteuse: centre de rassemblement des étrangers.
Drancy: Camp de Drancy, créé par le gouvernement français pour y détenir des communistes, suspects en raison du Pacte germano-soviétique[réf.nécessaire], et qui devient à partir du 20 août 1941 un camp d'internement pour Juifs; la gestion directe du camp était réglée par les Nazis, les gendarmes français faisant office de gardes; il comprenait trois annexes parisiennes:
le camp Bassano, rue Bassano, 75008.Les Lilas: Fort de Romainville. En 1940, le fort est investi par l’armée allemande et transformé en prison. De là, des résistants et des otages sont dirigés vers les camps. 3 900 femmes et 3 100 hommes sont internés avant d’être déportés vers Auschwitz, Ravensbrück, Buchenwald et Dachau. 152 personnes sont emmenés au mont Valérien et fusillées. Certains s’en évadent comme Pierre Georges, dit «colonel Fabien». De sa cellule, Danielle Casanova encourage ses compagnes à tenir tête à leurs tortionnaires. A la Libération, le , 2 femmes et 9 hommes y sont massacrés[43].
Saint-Denis: la caserne des Suisses devient un centre de rassemblement des étrangers, principalement août de l’empire britannique.
Baillet-en-France: camp de vacances de l’union syndicale des ouvriers métallurgistes utilisé de 1939 à 1940 pour l'internement de 282 (à la fermeture) syndicalistes et communistes[42].
Argenteuil: centre de rassemblement des étrangers.
Yvelines
Ferme des Rothschild, à Saint-Benoît (janvier à avril 1940), internement de communistes[42].
Le Vernet: camp du Vernet ouvert début 1939 pour regrouper 12 000 combattants et réfugiés espagnols, puis Centre de rassemblement des étrangers, «hébergera» des harkis.
Aude
Bram: camp créé début 1939 pour les réfugiés espagnols, puis internement de Juifs.
Noé: Camp de Noé, camp créé en 1941, par le ministère de la Guerre, pour accueillir les républicains espagnols et les Juifs victimes de la politique antisémite du Régime de Vichy.
Le Barcarès: camp créé début 1939 pour les réfugiés espagnols, puis Centre de rassemblement des étrangers.
Collioure: Château Royal de Collioure, il fut transformé en prison durant l'année 1939. C'est en effet en mars 1939 que le premier camp disciplinaire destiné aux réfugiés d'Espagne est créé au château royal de Collioure. Durant l'été 1939 ils seront un millier à se trouver confinés derrière les épais murs de la forteresse.
Saint-Cyprien: camp créé début 1939 pour les réfugiés espagnols, puis Centre de rassemblement des étrangers, qui hébergeait 90 000 réfugiés en mars 1939, fermé officiellement pour «raisons sanitaires» le 19 décembre 1940 et ses occupants transférés à Gurs[47].
Aix-en-Provence: Camp des Milles qui fut le plus grand camp d'internement du Sud-Est de la France situé aux Milles. De ce camp de transit furent déportés 2 500 juifs en août 1942[51].
Note: 600 militants, communistes ou responsables syndicaux pour la plupart, anarchistes aussi, avaient été déportés sans jugement particulier [réf.nécessaire]. Parmi eux, figuraient les 27 députés communistes dont Florimond Bonte a retracé «le Chemin de l’honneur», qui avaient été condamnés à cinq ans de prison en avril 1940 par un tribunal militaire. Les députés avaient été enfermés au bagne de Maison Carrée, les autres dans des camps du Sud algérois, notamment à Djelfa, ou du Sud oranais[54].
Pendant la période de la libération (juin 1944 - mai 1946) de nombreux camps servent à l'internement administratif des suspects de collaboration dans le cadre de l'épuration.
Environ 750 000 prisonniers de guerre allemands sont internés en France en 1945, encore 301 000 au début de 1948 et les derniers sont libérés fin 1948[55].
Camps français de soviétiques enrôlés dans l'armée allemande
Parce qu'ils sont réclamés par Staline, la France interne dans plusieurs camps, dont le camp de Beauregard situé à La Celle-Saint-Cloud, les citoyens soviétiques faits prisonniers ou enrôlés de force par l'armée allemande qui se trouvent sur le territoire français[56].
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Durant la guerre d'Algérie, le ministère de l'Intérieur français obtint en 1957 la possibilité de recourir à nouveau à l'internement administratif collectif. Plusieurs centres d'assignation à résidence surveillée furent créés en métropole sur des sites militaires: Larzac (Aveyron), Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), Saint-Maurice-l'Ardoise (Gard), camp de Thol (Ain), Vadenay (Marne). Près de 14 000 Algériens suspectés d'être membres du Front de libération nationale (FLN) y furent internés.
Le plus important était le camp du Larzac, à la fois par sa taille — plus de 30 km2, près de 4 000 assignés et plusieurs centaines de membres du personnel — et par sa place dans l'organisation centrale de l'internement.
L'Action civique non-violente (ACNV) fait signer un Appel au Président de la République. «Priver des hommes de leur liberté et de leur travail et exposer ainsi leur famille à la misère matérielle et morale, c’est porter atteinte à la justice et à la dignité humaines[57].» Trente volontaires de l'Action civique non-violente dont Joseph Pyronnet, Jean-Pierre Lanvin et André Dupont, dit Aguigui Mouna, se déclarant suspects, demandent à partager le sort des Algériens internés sans jugement[57],[58]. Le , à l'appel lancé par l'ACNV, le Comité Maurice Audin et le Comité de vigilance universitaire et signé par 21 personnalités dont Germaine Tillion, Gabriel Marcel, Théodore Monod, Laurent Schwartz et Pierre Vidal-Naquet, entre 700 et 1 000 manifestants marchent silencieusement vers le centre de tri de Vincennes[59]. Comme ils opposent une résistance passive à l'ordre de dispersion, la police en enferme dans les sous-sols de la mairie du 11e arrondissement et conduit certaines personnalités devant la tombe d’un gardien de la paix récemment tué par le FLN[60]. Le , des manifestations ont lieu dans une douzaine de villes[61]. La principale réunit 1 500 non-violents, par principe ou par tactique, qui marchent vers le ministère de l'Intérieur[62]. Selon les autorités judiciaires, 629 personnes sont appréhendés. Elles sont emprisonnées jusqu’au lendemain[57],[63].
Après les accords d'Évian, en 1962, plusieurs de ces camps sont dévolus de façon durable à l'«accueil» des harkis, dans des conditions de fonctionnement restant proches de celles des camps d'internement.
En Algérie même, l'armée crée des camps de regroupement. Elle chasse la population de ses habitations et la concentre dans ces camps afin de créer des «zones interdites» et de priver le FLN de l'appui de la population. On estime à deux millions le nombre d'Algériens ayant vécu dans ces camps durant la guerre d'Algérie[64]. Michel Rocard, alors administrateur sortant de l'ENA qui effectuait son service militaire en Algérie dans les bureaux de l’Armée française, est l’auteur, sous un pseudonyme, du Rapport sur les camps de regroupement en Algérie. Il les qualifie de «camps de concentration».
Christian Bachelier, La SNCF sous l'occupation allemande, 1940-1944 rapport documentaire, Institut d'histoire du temps présent, CNRS, , 5 volumes (OCLC491760953).
Anne Boitel, Le camp de Rivesaltes, 1941-1942: du centre d'heb́ergement au "Drancy de la zone libre, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan Mare nostrum, coll.«Études», , 319p. (ISBN978-2-914518-03-1, OCLC466935828).
Yves Courrière, La Guerre d'Algérie, 4 tomes (Les Gils de la Toussaint, Le Temps des léopards, Le Temps des colonels et Les Feux du désespoir), Fayard, 1969.
Jean-Claude Farcy, Les camps de concentration français, Economica, Paris, 1995
Thomas Fontaine, Les oubliés de Romainville: un camp allemand en France (1940-1944, Paris, Tallandier, , 144p. (ISBN978-2-84734-217-8, OCLC60370840).
Anne Grynberg, Les camps de la honte: les internés juifs des camps français, 1939-1944, Paris, La Découverte, coll.«Textes à l'appui», (réimpr.1999 (978-2-707-13046-4)), 399p. (ISBN978-2-7071-2030-4, OCLC878985416).
Peter Gaida, Camps de travail sous Vichy. Les "Groupes de travailleurs étrangers" (GTE) en France et en Afrique du Nord 1940-1944, Paris, Les Indes Savantes 2023, 400 p.
Peter Gaida, Les camps de Vichy en Afrique française du Nord, Bordeaux, Lulu Press 2014.
Peter Gaida, Les camps de travail en Aquitaine 1940-1944, Bordeaux, Lulu Press 2014.
Peter Gaida, L'Organisation Todt en France, Bordeaux, Lulu Press 2014.
Jean-Pierre Koscielniak, Les barbelés oubliés. Le camp de Buzet-sur-Baïse, 1940-1941, Le Passage, MRLG, 2015.
Claude Laharie, Le Camp de Gurs. 1939-1945. Un aspect méconnu de l'histoire du Béarn, Pau, Infocompo, 1985, 397p.
Thierry Marchand, Camps d'internement en France, 1939-1940: La drôle de guerre des "indésirables" français, Éditions Charles Corlet, , 258p. (ISBN978-2-84706-733-0, présentation en ligne).
Maëlle Maugendre, Femmes en exil. Les réfugiées espagnoles en France 1939-1942, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, collection Migrations, 2019
André Moine, Déportation et résistance en Afrique du Nord (1939-1944), Paris, Éditions sociales, 1972.
Denis Peschanski, Les camps français d'internement (1938-1946), thèse de Doctorat d'État sous la direction de François Bédarida, Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2000, [lire en ligne] et annexe, [lire en ligne].
Denis Peschanski, La France des camps - L'internement (1938-1946), Gallimard, 2002. Compte rendu sur le site des Clionautes.
Collectif, «Vadenay, Saint-Maurice l’Ardoise, Thol, le Larzac: L'internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne», Matériaux pour l’histoire de notre temps, La Contemporaine, no92, (lire en ligne), sur le portail Cairn.info
Présentation: "Entre le décret du 12 novembre 1938, qui permit d'interner les «indésirables étrangers» dans des centres spécialisés, et la libération du dernier interné en 1946, six cent mille hommes, femmes et enfants ont été enfermés dans les camps français. Denis Peschanski fait ici l'histoire d'un phénomène à la fois durable et massif, que de rares ouvrages pionniers n'avaient abordé que partiellement. [...] La France des camps, à partir d'une cartographie précise, dessine la géographie inattendue d'un archipel. Deux cents camps, avec leurs bâtiments, leurs aménagements, une administration, des ministères de tutelle aux gardiens, des rapports socio-économiques avec leur région, une société internée, des solidarités, une entraide officielle et non officielle, dont la description concrète est permise par des archives abondantes, auxquelles s'ajoutent les témoignages poignants des internés eux-mêmes"
donne par exemple le chiffre de 3 000 morts juifs au total dans les camps français, pour un nombre d'internés juifs de l'ordre d'une centaine de milliers
Marc Bernardot, «Au cœur de Saint-Mître, sociologie d'un centre de séjour surveillé (1944-1945)», Déviance et Société, vol.29, no1, , p.13–31 (ISSN0378-7931, DOI10.3917/ds.291.0013, lire en ligne, consulté le )
Voir J.-C. Farcy «Les camps de concentration de la Première Guerre (1914-1918)» in Les Cahiers de la Sécurité Intérieure (CSI) no17, La Documentation française, Paris, juillet 1994.
Voir J.C. Vimont Garaison un camp de familles internées dans les Hautes-Pyrénées 1914-1919 sur le site criminocorpus: http://criminocorpus.revues.org/1876
Voir T.Truel L’ennemi à la maison: les camps d’internement de Libourne et de Bazas pendant la Première Guerre mondiale in Revue historique de Bordeaux, numéro spécial centenaire, à paraitre automne 2014.
Anne Grynberg, «1939-1940: l'internement en temps de guerre les politiques de la France et de la Grande-Bretagne», Vingtième Siècle. Revue d'histoire, , pp.24-33 (lire en ligne)
Jacky Tronel, «Séjour surveillé pour «indésirables français»: Le château du Sablou en 1940», Criminocorpus. Revue d'Histoire de la justice, des crimes et des peines, (ISSN2108-6907, DOI10.4000/criminocorpus.1781, lire en ligne, consulté le )
Jean-Yves Boursier, Un camp d'internement vichyste, le sanatorium surveillé de La Guiche,
Jean-Yves Boursier, Paris, L'Harmatan, 2004, (ISBN2-7475-7215-3)
Le camp de Jargeau, juin 1940 - décembre 1945. Histoire d'un camp d'internement dans le loiret. Pascal Vion. Centre de recherche et de documentation sur les camps d'internement et la déportation juive dans le Loiret (ISBN2-9507561-0-7)
. Il faut rappeler que les communistes ont été internés dès 1940, en période de guerre, à cause du Pacte germano-soviétique qui en faisait des «alliés» de l'ennemi. Les communistes furent à nouveau internés, cette fois-ci par le gouvernement du maréchal Pétain ou par les autorités occupantes après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie
Comité international de coordination et d'information pour l'aide à l'Espagne républicaine. Éditeur scientifique, Deux missions internationales visitent les camps de réfugiés espagnols: mai 1939: éd. par le Comité international de coordination et d'information pour l'aide à l'Espagne républicaine, Comité international de coordination et d'information pour l'aide à l'Espagne républicaine (Paris), 1939-1940 (BNF33344263, lire en ligne)
Georges Coudry, Les camps soviétiques en France: les "Russes" livrés a Staline en 1945, Paris, A. Michel, , 340p. (ISBN978-2-226-08936-6, OCLC36895516)
Tramor Quémeneur, «L'ACNV (Action civique non-violente) et la lutte contre les camps», Matériaux pour l’histoire de notre temps, no92 «L'internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne», , p.57 à 63 (lire en ligne)