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journaliste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Maurice Rajsfus, pseudonyme de Maurice Plocki, né le dans le 10e arrondissement de Paris et mort le à Antony (Hauts-de-Seine), est un écrivain, journaliste et militant français.
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Il est auteur de nombreux livres dans lesquels il a abordé les thèmes du génocide des juifs en France, de la police et des atteintes aux libertés. En 1994, il a cofondé l'Observatoire des libertés publiques[1],[2], qu'il préside.
Né en 1928 dans le 10e arrondissement de Paris[3], Maurice Plocki — qui prendra comme pseudonyme le nom de sa mère[4] — est le fils de Nushim[5]Plocki (né le 22 janvier 1892 à Radom en Pologne[5]) et Riwka Rajsfus (Rajcfus[5]) (née le 16 novembre 1900 à Dembow, en Pologne[5]), Juifs polonais arrivés en France au début des années 1920. Ils ont été mariés par le maire d'Aubervilliers, Pierre Laval, « alors encore avocat pacifiste »[6]. Ses parents gagnent alors leur vie comme marchands forains, vendant des bas et des chaussettes dans les villes de la banlieue Nord de Paris[4].
En , alors qu'il a 14 ans, il est arrêté avec ses parents et sa sœur aînée, Eugénie/Jenny, 16 ans, lors de la rafle du Vélodrome d'Hiver par un policier « un temps voisin de palier […]. Lorsque, en 1988, Rajsfus tentera de l'approcher (« pour comprendre »), le retraité l'éconduira d'un brutal : « Ça ne m'intéresse pas ! » Il n'a cessé depuis d'incarner cette « police de Vichy au passé trop présent, sans remords et sans mémoire »[6]. Maurice Rajsfus est relâché avec sa sœur à la suite d'un ordre aléatoire excluant les enfants juifs français de 14 à 16 ans de la rafle[6] ; ses parents ne reviendront pas[7]. Ils sont déportés par le Convoi No. 11, en date du 27 juillet 1942, de Drancy vers Auschwitz[5].
Au lendemain de la guerre, il est « "Jeune communiste" à 16 ans, et participant aux Brigades de travail en Yougoslavie, puis exclu à 18 ans pour "hitléro-trotskisme", militant de la IVe Internationale avant 1950, puis du groupe Socialisme ou barbarie avec Lefort et Castoriadis, mobilisant le mouvement des Auberges de jeunesse contre la guerre d'Algérie dès 1955 et président de Ras l'front de 1991 à 1999 »[6].
Un an après que, le , Makomé M’Bowolé a été tué[8],[9],[10] d'« une balle dans la tête à bout touchant »[11] alors qu'il était interrogé, menotté, au commissariat des Grandes Carrières (18e arrondissement de Paris)[6], Maurice Rajsfus fonde l'Observatoire des libertés publiques, qui publie un bulletin mensuel, Que fait la police ?. Il y démontre par l’exhaustivité des faits que ces meurtres ne sont ni des dérapages fortuits ni des accidents, mais l’aboutissement d’une violence systémique et quotidienne, toujours exercée au nom du maintien de l’ordre public.
Pour lui, le lien entre passé et présent est constant, notamment dans la surveillance de la police : « Ils ont volé des années de vie à mes parents. Tous ont participé aux rafles quand ils étaient requis. Pratiquement pas un seul n’a démissionné. Si la police française ne s’était pas mise aux ordres, jamais il n’y aurait eu autant de dégâts. Il y a eu 250 000 déportés de France, dont 76 000 Juifs, les autres étant, pour l’essentiel, des communistes et des gaullistes… Et que dire de ce policier qui, rendant compte à la préfecture de sa mission, ose écrire, le 22 juillet : "Le Vél’ d’Hiv’ est évacué. Il restait 50 Juifs malades et des objets perdus, le tout a été transféré à Drancy" »[12].
Après 20 ans de recherches et près de 6 000 « faits divers » policiers relatés[13], Maurice Rajsfus met fin au bulletin Que fait la police ? en .
Définissant le sionisme comme un « projet présenté comme "généreux" par ses initiateurs », il considère qu'il « a rapidement dérivé en une entreprise également raciste »[14]. En parallèle, il dénonce l'utilisation de l'accusation d'antisémitisme qui est, selon lui, devenue « une arme brandie contre tous ceux qui s’opposent au sionisme, idéologie active qui ne saurait souffrir la moindre critique »[15].
Il publie, en 1990, Palestine : chronique des événements courants, 1988-1989 et L'Ennemi intérieur : Israël-Palestine, livres dans lesquels il décrit Israël comme « une démocratie sous haute surveillance » et dénonce les exactions de l'armée israélienne[16].
N'ayant longtemps eu que le certificat d’études, puisqu'il quitta le collège à 14 ans, Maurice Rajsfus a cependant passé un doctorat en sociologie en 1992[17].
Il a été à plusieurs reprises membre du jury des Big Brother Awards France, et a préfacé le livre Big Brother Awards. Les surveillants surveillés (2008)[18]. Toutefois, il n'a pas une formation académique dans le domaine de l'Histoire. Pierre Vidal-Naquet note dans sa préface du livre de Maurice Rajsfus consacré à l'Union générale des israélites de France (UGIF) que « Entre Maurice Rajsfus et moi, il y a, dois-je ajouter, une autre différence. Je suis, il n'est pas un "historien de profession" », et il estime qu'« Il y a parfois à discuter sur la façon dont Maurice Rajsfus aborde le matériel historique, mais "Messieurs les Historiens" − et je ne m'excepte pas du lot − auraient dû commencer »[19].
Maurice Rajsfus meurt le à Antony[20]. Les Éditions Libertalia, qui l'avaient édité, annoncent : « Maurice Rajsfus vient de nous quitter après un combat inégal de six semaines contre la maladie. Nous poursuivrons ses combats pour la justice et l'émancipation. Ami, ta rage n'est pas perdue ! »[21]. Il est inhumé le 18 juin 2020 dans le cimetière communal de Cachan[22], en présence notamment, outre ses enfants Michelle et Marc et ses petites-filles, de l'adjoint au Logement de Paris, Ian Brossat, de l'ancien candidat du parti NPA (alors LCR) à l'élection présidentielle Olivier Besancenot, du journaliste David Dufresne ou encore de la maire de Cachan, Hélène de Comarmond.
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