page de liste de Wikipédia De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les toponymes juifs sont nombreux en France et témoignent de plus de 2 000 ans d'histoire des Juifs en France. Beaucoup notamment rappellent la présence des Juifs avant leur expulsion du royaume au XIVesiècle. D'autres rappellent les communautés qui ont perduré en Alsace ou en Avignon et en Comtat Venaissin jusqu'au début du XXesiècle.
En 1946, l'historien Robert Anchel, cité par Gérard Nahon, recensait 191 toponymes juifs en France[1]. Aujourd'hui, grâce à Internet et les sites de cartes géographiques, on peut en recenser plus de 400 auxquels se sont ajoutés ceux qui commémorent la Shoah.
Rues des Juifs en France
Alençon
Alet-les-Bains
Apt
Avignon
Bagnols-sur-Cèze
Beaupréau
Bernis (Gard)
Béziers
Bué
Cangey
Carpentras
La Celle-Guenand
Chalabre (impasse)
Châlons-en-Champagne
Chambéry
Changé
Châteauneuf-de-Gadagne
Châteauneuf-du-Rhône
Châtillon-sur-Seine
Courgains
Crémieu
Dieulefit
Digne-les-Bains
Donzère
Draguignan
Épernay
Étampes
Fanjeaux
La Flèche
Fontenay (Eure)
Fréjus
Grazay
Guérande
La Haie-Fouassière
L'Isle-sur-la-Sorgue
Istres
Le Croisic
Lignières-la-Carelle
Lignol-Le-Château
Lorgues
Lourmarin
Lyon
Malaucène
Le Mans
Marigny-le-Châtel
Marvejols
Le Mesnil-Aubert
Merlieux-et-Fouquerolles
Montaigu (Vendée)
Montélimar
Montmirail (Marne)
Mortagne-sur-Sèvre
Nantes
Nice: Carriera de la Judaria
Niort
Nyons
Parthenay
Pélissanne
Pernes-les-Fontaines
La Perrière (Orne)
Peyruis
Pézenas
Pignans
Le Pin-en-Mauges
Pontlevoy
Le Puy-en-Velay
Richebourg
Riez
Robion
Saint-Fulgent-des-Ormes
Saint-Georges-du-Bois (Maine-et-Loire)
Saint-Gilles (Gard)
Saint-Herblain
Saint-Paul-Trois-Châteaux
Sancerre
Sens
Sézanne
Valence
Valensole
Vallon-sur-Gée
Vienne (Isère)
Viens
Villeneuve-en-Perseigne
Vitry-en-Perthois
Bazouges-sur-le-Loir
Bonnefontaine
Chaudenay
Faugères
Les Rosiers-sur-Loire
Saumur
Bar-le-Duc (rue du cimetière israélite)
Bordeaux (rue judaïque)
La Canourgue (Montjézieu)
Cavaillon (rue hébraïque)
Clermont-Ferrand (rue Fontgiève)
Courtemaux (la Mort aux Juifs)
Conteville (Eure) (la Judée)
Équeurdreville-Hainneville (la Judée)
Fermanville (la Judée)
Le Guislain (la Judée)
Lavaur (rue Joux-Aygues)
Metz (En Jurue)
Périgueux (rue judaïque)
Planquery (la Judée)
Remiremont (chemin des Israélites)
Rions (rue judaïque)
Toulouse (rue Joutx-Aigues)
indique l'utilisation du terme juif indique l'utilisation des termes rue juive indique l'utilisation du terme juiverie indique l'utilisation d'un autre terme désignant les Juifs
Rues et lieux-dits
Résumé
Contexte
Rue de la Juiverie et rue des Juifs
Pour ce qui est des rues, les toponymes juifs les plus courants sont les «rues de la Juiverie», les «rues des Juifs» ou encore les «rues aux Juifs». Selon le professeur Norman Golb, l'expression «rue aux Juifs» était une traduction du terme vicus judaeorum que les Romains appliquaient, à l'origine, au quartier ou au faubourg et éventuellement à la rue principale du quartier juif. La rue aux Juifs se trouve d'habitude dans le quartier le plus ancien de la ville ou du village. Dans les autres cas, c'est une très longue rue située en pleine campagne.
Ces rues actuelles ne représentent pas toutes les rues des Juifs qui ont existé en France ni tous les lieux où étaient présents les Juifs comme le montre la carte de Normandie publiée par Norman Golb ou encore les études de Frédéric Viey sur les Juifs de Picardie, de l’Yonne et de Côte d’Or (toutes indiquées en liens externes)[2]. Pour la plupart, ces noms de rues remontent au Moyen Âge sauf en Provence, d'où les Juifs ne furent expulsés qu'au début du XVIesiècle, et en Alsace, où l'implantation juive fut parfois plus récente. Ces villes ou villages sont représentés sur la carte de France des rues des Juifs.
Rues et lieux-dits de la juiverie
Rue juiverie à LyonRue juiverie, en fait une impasse, à Dieulefit.
Le mot «juiverie» se retrouve dans de nombreux noms de places, rues ou impasses en France. On trouve également d'autres graphies de «juiverie» comme la «Juerie» à Grazay et des ruines appelées «la Juifferie» au Mesnil-Aubert[3].
Guérande: rue de la Juiverie (une plaque, sous le nom de la rue, inaugurée le rend hommage à une communauté «qui a contribué à l'essor et au rayonnement de Guérande»[22]
Draguignan: rue Juiverie (voir la juiverie de Draguignan; on trouve rue de la Juiverie la façade d'une maison du XIIIesiècle identifiée par la tradition comme une synagogue ce qui serait la plus vieille synagogue de France[32],[33])
À Clermont-Ferrand existe une rue Fontgiève, au centre d'un quartier éponyme, qui signifie la «Fontaine juive» ou la «Source juive», soit le quartier habité par ces derniers[51],[52],[53]. Auparavant, il a été nommé Fontem Judaicam (1201), Fontem Judeum (1274), Fontio Judayci (1318), Fonte Judea puis en occitanFont Jieva[54],[55]. Non loin de là, le nom du parc de Montjuzet rappelle aussi la présence juive, depuis le haut Moyen Âge[56].
À Toulouse, la rue Joutx-Aigues, dans le quartier de la Dalbade, dans le quartier juif du Moyen Âge, peut donner lieu à deux étymologies comme l'indiquent les plaques de cette rue[58]: joutx-aigues viendrait de josaica («judaïque» en occitan) ou de judeis aquis, qui désigneraient les eaux juives donc le mikvé (bain rituel juif). Pierre Salies[59] écarte l'hypothèse des eaux, la forme latine judeis aquis étant une manifestation précoce de la déformation de josaica. Il existait aussi une rue des Juifs, ou carreiròt (ruelle) qui débouchait sur la rue Joutx-Aigues: elle est aujourd'hui disparue[60]. Dans le même quartier se trouvait également une rue du Juif-Provençal (côté sud de l'actuelle place des Carmes)[61]. Enfin, l'actuelle rue Bernard-Mulé, alors hors des murs, s'est appelée chemin des Juifs, puis rue des Juifs, à la suite de l'installation probable de Juifs, chassés de leur quartier par le grand incendie de 1463, avec synagogue et cimetière, au-delà de la porte Montoulieu[62].
À Lavaur, le nom de la rue Jouxaygues peut être rapproché de la rue Joutx-Aigues à Toulouse.
Dans le Vieux-Nice, la rue Benoît-Bunico est aussi identifiée par des plaques en niçard indiquant Carriera de la judaria (rue de la juiverie). Benoît Bunico est le député niçois au parlement de Turin (1848-1850) qui fit abolir en 1848 l’obligation (déjà non respectée depuis l'occupation de Nice par les Français sous la Révolution et l'Empire) de résidence pour les Juifs dans le ghetto[63].
À Metz, la rue de la Juiverie s'appelle En Jurue[64].
Rue des Juifs et rue juive
Selon l"historien Norman Golb, les rues des Juifs en ville rappellent les quartiers juifs alors que celles en pleine campagne rappelleraient l'existence de fermes cultivées par les Juifs.
À Bourg-Saint-Andéol (Ardèche), une plaque atteste que la place François Lauzun était autrefois connue comme la juiverie documentée dans l'ouvrage Le vieux Bourg-Saint-Andéol de Robert Labrély[140].
En Alsace, à Colmar, et en Lorraine, à Farschviller, existent une voie ou un lieu-dit appelés Judenloch (fosse aux Juifs). Celui de Colmar, Judenloch Weg, commémore le massacre des Juifs à Colmar en 1348[141].
À Clermont-Ferrand, existe, parmi les vestiges d'époque romaine, la «Fontaine d'Abraham» aussi nommée «Fontaine des juifs» qui date du Vesiècle et qui sera reprise au Moyen Âge au cœur de l'église Saint-Cirgues construite dans le quartier de Fongièvre[52],[53]. (Voir supra)
À La Canourgue (Lozère), existent des lieux-dits Booz et Salmon, dont l'origine remonterait à une présence juive médiévale[146].
À Montbéliard, le nom du quartier de la Combe aux Biches est dérivé de Combe aux Juifs (c'est à cet endroit que se trouvait le cimetière juif médiéval)[147].
Le hameau de Montjézieu situé sur la commune de La Canourgue (Lozère) tire son nom de Mons Judaeorum (Mont des Juifs). Selon JJM Ignon, historien local du XIXesiècle, ce nom rappelle une présence juive médiévale[146]. Jézieu signifie en effet «juif» en patoisgévaudanois.
Lieu-dit La Mort aux Juifs, à Courtemaux (Loiret). Bien que l'origine du toponyme soit incertaine[148], ce lieu-dit est l'objet d'une controverse apparue à la fin des années 1970[149], poursuivie au début des années 1990[150],[151] et qui rebondit en 2014[152].
Plaque de rue des Rabbins à MulhousePlaque de rue voulant honorer Jacob Meyer, grand rabbin de Strasbourg[156]
Les synagogues en France datent très rarement d'avant le XIXesiècle. Les rues de la synagogue reflètent donc, à quelques exceptions près, une présence juive généralement plus récente que les rues des Juifs ou les rues de la juiverie.
Plusieurs rabbins sont honorés par des rues ou places. Le plus illustre rabbin français, Rachi, possède deux rues à son nom, à Troyes et à Ramerupt. Des rabbins modernes sont aussi honorés, tels le rabbin Joseph Bloch[177] à Haguenau, le grand-rabbin Joseph Cohen à Bordeaux et le grand rabbin de France Jacob Kaplan à Paris, les grands rabbins René Hirschler, Jacob Meyer[156], Abraham Deutsch et Max Warschawski à Strasbourg. D'autres rabbins, morts en déportation, sont cités dans le paragraphe de cet article consacré à la Shoah. À Avignon, une rue porte le nom d'Abraham Farissol, un savant juif du XVesiècle né dans cette ville[178]. Une place Henri Schilli est nommée à Montpellier en l'honneur de ce rabbin qui a exercé à Montpellier, à ses risques et périls pendant la Seconde Guerre mondiale, la fonction d’aumônier juif des camps du sud de la France[179].
Rues de Jérusalem
Place de Jérusalem à Paris
Les rues ou places de Jérusalem peuvent aussi évoquer la communauté juive comme à Aix-en-Provence ou Avignon[176] où dans les deux cas se situe la synagogue.
Il existait autrefois une rue de Jérusalem à Paris, assez connue puisque s'y trouvait l'ancienne préfecture de police. Elle disparut lors de l'extension du palais de justice, en 1883[180],[181]. Son nom serait cependant plutôt une allusion à une maison accueillant des pèlerins se rendant en Terre sainte, qu'à une communauté juive[182]. En , le vote par le conseil municipal de Paris de créer une place de Jérusalem à Paris dans le 17e arrondissement, à proximité du Centre européen du judaïsme entraîne une polémique[180]. La place est inaugurée le par Anne Hidalgo[181].
Rues portant le nom de villes jumelées israéliennes
Il arrive que des municipalités donnent à certaines rues le nom des villes avec lesquelles elles sont jumelées. Dans le cas de villes israéliennes, ces rues peuvent être proches des synagogues existantes.
À Antony, la rue de Sdérot longeant la synagogue porte le nom de la ville israélienne jumelée.
De même à Créteil, pour la "Rue de Kiryat-Yam", du nom de la ville israélienne jumelée, qui se trouve dans le quartier juif, à proximité de la synagogue.
Marseille possède une avenue d'Haïfa, ville jumelée avec Marseille.
Panneau d'entrée dans la commune Juif, route de Branges (Saône-et-Loire)
Un des premiers noms qui vient en tête est celui de la ville de Villejuif, toutefois son étymologie n'est pas encore clairement établie, comme il est expliqué dans l'article Villejuif. De même, Lévis-Saint-Nom connu jusqu'à la Seconde Guerre mondiale comme Lévy-Saint-Nom ne semble avoir aucune origine juive[184]. Le cap Lévi ou Lévy, dans le département de la Manche n'a pas non plus d’étymologie juive.
Le mot «Juif» apparaît dans Baigneux-les-Juifs et rappelle la présence de Juifs au Moyen Âge dans ce village[185] - et en Bourgogne -, où l'on trouve aussi une rue de la Porte aux Juifs. Plusieurs fois dépouillée et expulsée, cette communauté disparaît au XVesiècle mais son nom demeure[186],[187],[188],[6].