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Le nom rend hommage à la Juiverie, c’est-à-dire la population juive qui résidait dans la rue au Moyen Âge. La toponymie a la mémoire longue puisqu’ils ont été expulsés en 1379. Les dates sont difficiles à saisir en ces périodes sombres puisqu’ils auraient été chassés par Philippe le Bel en 1311[1].
La rue Juiverie est attestée en 1550, puisqu'elle est présente dans le Plan scénographique de Lyon[2]. Elle a aussi été appelée rue Jurie en 1680. Auparavant, elle a porté le nom de rue de la Porcherie (1371)[2].
Le site est occupé depuis l’époque romaine. Après la chute de l’Empire romain, puis à l’époque burgonde, la population de Lyon se rassembla dans le quartier qui resta au centre de Lyon jusqu’à la fin de la Renaissance.
C'est le roi Louis le Débonnaire qui aurait donné l'autorisation officielle aux juifs de s'installer et de construire une synagogue. Une médaille l'attestait, retrouvée un peu plus haut dans la maison dite de la Bréda, puis perdue. En 1387, le roi émit un arrêt pour préciser la position des juifs vis-à-vis de la justice de Lyon, ils ne devaient pas prendre part à la garde mais verser leurs impôts.
En 1466, la filiale des Médicis est transférée de Genève à Lyon où ils louent une maison dans la rue[3].
Charles VIII a fait son entrée dans Lyon le de retour d’Italie. À cette occasion il a participé à trois tournois, place de la Grenette, place des Cordeliers et place de la Juiverie.
La transformation de la rue date des années 1490, il y avait alors un marché aux bestiaux qui gênait les riches négociants qui commençaient à faire bâtir leurs maisons. Ce marché est déplacé en 1490 rue de la Croix de Colle[4]. La rue est alors devenue l'une des plus belles de Lyon.
Elle est entièrement pavée et légèrement tortueuse. L’ensemble des façades actuelles datent de la Renaissance sur des bases beaucoup plus anciennes.
En 1536, Antoine Bullioud, propriétaire de deux maisons au 8, rue Juiverie fit appel à l’architecte Philibert Delorme pour construire une galerie lui permettant de passer de l’une à l’autre. Ce dernier y a réalisé son chef d’œuvre et l’une des plus belles pièces d’architecture de Lyon.
Sous François Ier, Claude Paterin se fit construire une belle maison au n°4. Il n’a pas cherché à offenser son roi, puisque le buste de Henri IV dans la cour date du XIXesiècle. Cette maison, la première de la rue Juiverie a subi deux destructions partielles visant à favoriser les transports, l’élargissement de la montée Saint-Barthélemy et la ficelle de Loyasse dont il reste le bâtiment de la gare de départ. Du coup, on peut désormais admirer la statue du roi et l’escalier Renaissance depuis les premiers escaliers de la montée des Carmes Déchaussés ou en entrant dans la cour.
La plupart des façades sont belles et méritent d’être détaillées avec des fenêtres à meneaux ouvragés, des portes avec des sculptures cariatides soutenant l’imposte, des lions. Il convient de signaler plus particulièrement[5]:
Au n°7 les petites statues de l’encadrement de porte et les fenêtres à meneaux.
Au n°22 Jacques Barochat fit construire cette demeure en 1493, qui comprend des fenêtres à meneaux, des statues, et dans la cour une belle tourelle en encorbellement avec un puits.
Au n°20 la maison d'Étienne Grolier bâtie en 1493 avec dans l'allée, des sculptures d'animaux fantastiques et des feuillages.
Au n° 23 la maison Dugas, connue sous le nom de Maisons des têtes de lions avec son bel escalier dans la cour. Bâtie en 1617 par Jérôme Lentillon, sa façade avec bossages de style florentin décorés par 12 têtes de lions. Les Médicis y ont vécu. L’alchimiste parisien Nicolas Flamel indiquait que plusieurs trésors des juifs étaient cachés dans Lyon. Un des Gadagne, qui avait reçu Louis XIII, lui aurait avoué avoir trouvé un trésor dans cette maison.
Tout au long de la rue, on a ajouté les blasons de plusieurs échevins de la ville depuis Guy de la Mure en 1294 jusqu’à Jacques Imbert Colomès chassé par la Révolution. Après la Révolution, le rôle des échevins a été repris par les maires.
Il est bon de pousser les portes pour aller voir les escaliers, les galeries, les tours, les puits, les allées soutenues par des croisées d’ogives aux petites sculptures. Certains habitants ont accroché des gargouilles modernes à leurs fenêtres.
Agnès Pallini-Martin, «L’installation d’une famille de marchands-banquiers florentins à Lyon au début du xvie siècle, les Salviati», dans Jean-Louis Gaulin, Susanne Rau (éd.), Lyon vu/e d’ailleurs (1245-1800): Échanges, compétitions et perceptions, Lyon, Presse universitaire de Lyon, (DOI10.4000/books.pul.13146, lire en ligne), §2.1
Gilbert Gardes, Lyon, l'art et la ville, t.1: Urbanisme Architecture, Paris, Centre national de la recherche scientifique, , 251p. (ISBN2-222-03797-2), p.35.