Rue Joutx-Aigues
rue de Toulouse, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La rue Joutx-Aigues (en occitan : carrièra Josaica) est une voie de Toulouse, chef-lieu de la région Occitanie, dans le Midi de la France. Cette rue étroite, qui relie la rue des Paradoux à la rue des Filatiers, était au Moyen Âge au cœur du quartier juif de la ville, d'où elle tient probablement son nom. Elle fait aujourd'hui partie du site patrimonial remarquable.
Vue de la rue Joutx-Aigues depuis son origine. | |
Situation | |
---|---|
Coordonnées | 43° 35′ 54″ nord, 1° 26′ 36″ est |
Pays | France |
Région | Occitanie |
Département | Haute-Garonne |
Métropole | Toulouse Métropole |
Ville | Toulouse |
Secteur(s) | 1 - Centre |
Quartier(s) | Carmes |
Début | no 4 rue des Polinaires |
Fin | no 15 rue des Filatiers |
Morphologie | |
Longueur | 106 m |
Largeur | 5 m |
Transports | |
Métro | : Esquirol (à proximité) : Carmes (à proximité) |
Odonymie | |
Anciens noms | Rue Decius (1794) |
Nom actuel | début du XIIIe siècle |
Nom occitan | Carrièra Josaica |
Histoire et patrimoine | |
Création | avant le XIIIe siècle |
Protection | Site patrimonial remarquable (1986) |
Notice | |
Archives | 315553676854 |
Chalande | 52 |
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La rue Joutx-Aigues est une voie publique. Elle appartient au quartier des Carmes, dans le secteur 1 - Centre.
Elle est relativement étroite, puisque sa largeur ne dépasse pas 5 mètres. Longue de 106 mètres, elle naît perpendiculairement à la rue des Paradoux et se termine au croisement de la rue des Filatiers. Elle est prolongée à l'est par la rue Maletache, qui aboutit à la rue du Languedoc, au sud de la place Rouaix.
La chaussée compte une seule voie de circulation automobile à sens unique de la rue des Paradoux vers la rue des Filatiers. Elle appartient à une zone de rencontre et la vitesse y est limitée à 20 km/h. Il n'existe pas de piste, ni de bande cyclable, quoiqu'elle soit à double-sens cyclable.
La rue Joutx-Aigues rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants :
La rue Joutx-Aigues n'est pas directement desservie par les transports en commun Tisséo. Elle se trouve cependant à proximité immédiate de la rue de la Dalbade et de la rue du Languedoc, parcourues par la navette Ville. On trouve de plus, sur la place Étienne-Esquirol, la station Esquirol de la ligne du métro, où marque également l'arrêt la ligne de bus 44. Sur la place des Carmes se trouve la station du même nom, de la ligne du métro.
La station de vélos en libre-service VélôToulouse la plus proche se trouve au bout de la rue des Paradoux : la station no 26 (9 rue Henri-de-Gorsse).
Le nom de la rue Joutx-Aigues est particulièrement ancien, puisqu'il est déjà attesté au début du XIIIe siècle. Il est en particulier cité dans la Chronique de la guerre des Albigeois qui fait le récit des événements de la croisade des Albigeois et parle d'un incendie déclenché dans un quartier dit Juzaigas. Ce nom connut des variations nombreuses : Jousaigues, Jotz Aigues ou encore Joutes Aigues[1]. L'hypothèse la plus probable fait dériver Juzaigas d'un terme occitan, josaica, qui désignerait le quartier des Juifs (josieu en occitan). Ce nom serait à rapprocher, d'après Antoine Thomas, de celui de la rue Jouxaygues, à Lavaur. La déformation du mot expliquerait que le nom de la rue ait été transformé en « eau » (aigas en occitan) ou « ruisseau des Juifs »[2]. Ces « eaux des Juifs » pourraient encore désigner un mikvé, un bain rituel juif, quoique cette hypothèse soit rejetée par Pierre Salies, qui penche pour un ruisseau, qui s'écoulait entre la place Rouaix et la Garonne, et traversait le quartier des Juifs[3]. Après l'expulsion des Juifs au XIVe siècle, la mémoire de la présence des Juifs dans cette rue se perd. Ainsi, Jean Doujat, au XVIIe siècle, propose une étymologie différente et pense qu'il s'agit de la rue « sous » (jos en occitan) ou « près » (josta en occitan) « du ruisseau »[4]. D'après Jules Chalande, le nom de la rue ne viendrait pas non plus des Juifs, car il identifie une autre rue, disparue aujourd'hui, qui aurait porté ce nom. Celle-ci aurait eu son parcours entre la rue Joutx-Aigues (no 3) et la rue des Paradoux (no 28)[5].
En 1794, pendant la Révolution française, la rue fut rebaptisée rue Decius[6], en hommage aux trois Publius Decius Mus, consuls de Rome en 340, 312 et 279 avant J.-C., qui par leur dévouement sauvèrent trois fois la République romaine. La rue retrouva ensuite son nom ancien. La traduction du nom de la rue en occitan, au début du XXIe siècle, a conservé l'hypothèse de l'origine juive du nom de cette rue.
Au Moyen Âge, la rue Joutx-Aigues appartient au capitoulat de la Dalbade. Son nom lui vient probablement des Juifs, qui y avaient là leur quartier. « Joutx-Aigues » est une déformation du nom occitan, mais les hypothèses divergent : ce serait josaica, qui signifierait « judaïque », ou aiga dels josieus, qui signifierait « eaux » ou « ruisseau des Juifs », faisant peut-être référence à un mikvé[1],[2],[3]. On trouve d'ailleurs une maison des Juifs, probablement un tribunal juif, une synagogue ou une école rabbinique, près d'une ruelle des Juifs (aujourd'hui disparue, actuel no 3). Le quartier subit les destructions de la croisade des Albigeois, au début du XIIIe siècle. En 1216, durant l'occupation de la ville par les troupes de Simon de Montfort, un incendie est allumé par les soldats croisés près du quartier juif, nommé Juzaigas dans la Chanson de la croisade albigeoise. Le feu, parti de la rue Joutx-Aigues, gagne les rues voisines et provoque des destructions jusque dans la rue de la Dalbade[7].
En 1264, à la suite de l'intégration du Carmel au statut d’ordre mendiant et avec l'approbation du comte de Toulouse, Raimond VII, les religieux carmes, qui étaient établis hors de la ville près de leur chapelle Sainte-Marie du Carmel, au Férétra, quittent ce lieu pour établir leur communauté dans une maison de la rue Joutx-Aigues. Rapidement, dès 1266, avec l'appui du pape Clément IV, ils établissent cependant leur nouveau monastère quelques rues plus loin, au croisement de la rue des Filatiers et de la rue du Canard (emplacement de l'actuelle place des Carmes).
Après l'expulsion des Juifs de Toulouse au XIVe siècle, la mémoire des Juifs s'estompe. Le quartier est habité, au XVe siècle, principalement par des parlementaires et des hommes de loi, et les artisans y sont encore peu nombreux[6].
Le , un incendie se déclare dans une boulangerie, à l'angle des rues des Chapeliers (actuelle rue du Languedoc) et Maletache, qui provoque des destructions importantes dans toute la ville, et particulièrement dans le quartier de la Dalbade. L'ampleur des destructions permet aux élites locales de réunir de vastes emprises foncières pour faire bâtir leurs hôtels particuliers[8]. Vers 1521, le conseiller au parlement Bertrand de Rességuier rachète six maisons sur la rue des Paradoux et la rue Joutx-Aigues pour y faire bâtir un hôtel avec sa tour (actuel no 2)[6]. Sur le côté nord de la rue, l'avocat Jean Maurel, capitoul en 1544-1545, 1562-1563 et 1572-1573, fait construire au XVIe siècle un hôtel (actuel no 5) et un four public (actuel no 1), connu comme le four de Joutx-Aigues[9].
Au XVIIIe siècle, la rue connaît des transformations et la plupart immeubles sont reconstruits ou reçoivent de nouvelles façades (actuels no 1 bis, 5 et 9 ; no 2, 8 et 10). Comme les artisans se font plus nombreux, les immeubles sont occupés par des boutiques[6]. L'hôtel Rességuier est ainsi profondément remanié et sa façade compte quatre grandes arcades avec boutique au rez-de-chaussée et entresol sur la rue Joutx-Aigues et cinq sur la rue des Paradoux. Cela n'empêche pas la construction de nouveaux hôtels particuliers : en 1761, le conseiller au parlement Jean-Étienne de Sapte, seigneur du Puget et de Villelisses, près d'Alzonne, fait construire un bel hôtel (actuel no 3)[10].
La Révolution française amène des changements. Pendant la Terreur, entre 1793 et 1794, plusieurs parlementaires toulousains sont inquiétés. Habitant l'hôtel de son père, le conseiller au parlement Henri-Bernard de Sapte est arrêté et enfermé dans la prison de la Visitation (emplacement de l'actuel no 41 rue Charles-de-Rémusat) le . Condamné, il est guillotiné à Paris, le [10].
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