Rue du Languedoc
rue de Toulouse, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
rue de Toulouse, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La rue du Languedoc (en occitan : carrièra del Lengadòc) est une voie de Toulouse, chef-lieu de la région Occitanie, dans le Midi de la France. Percée au début du XXe siècle, elle vient compléter l'axe nord-sud de type haussmannien, commencé en 1870 avec la rue d'Alsace-Lorraine. Elle part de la place du Salin, au sud, croise la place des Carmes pour rejoindre la place Rouaix, au nord, à partir de laquelle elle est prolongée par la rue d'Alsace-Lorraine.
La rue du Languedoc entre la place Rouaix et la place des Carmes. | |
Situation | |
---|---|
Coordonnées | 43° 35′ 50″ nord, 1° 26′ 44″ est |
Pays | France |
Région | Occitanie |
Département | Haute-Garonne |
Métropole | Toulouse Métropole |
Ville | Toulouse |
Secteur(s) | 1 - Centre |
Quartier(s) | côté ouest : Carmes côté est : Saint-Étienne |
Début | no 15 place du Salin |
Fin | no 1 rue d'Alsace-Lorraine |
Morphologie | |
Longueur | 523 m |
Largeur | 14 m |
Transports | |
Modèle vide Métro | : Esquirol (à proximité) : Carmes |
Bus | L4 Ville |
Odonymie | |
Anciens noms | 1re partie : Rue Saint-Barthélémy (XIIIe – XVe siècle) 2e partie : Rue Guilhem-Bernard-Parador (XIVe – XVIIe siècle), rue du Vieux-Raisin (XVIIe siècle-1908), rue Droiture (1794) 3e partie : Rue de l'Arc-des-Carmes (XVe – XVIIIe siècle), rue de l'Émile (1794) 4e partie : Rue des Chapeliers (XIIIe siècle-1908), rue des Ugnères ou des Ugnères-Vieux (XIVe – XVIIIe siècle), rue de l'Ami-du-Peuple (1794) |
Nom actuel | 19 février 1906 |
Nom occitan | Carrièra del Lengadòc |
Histoire et patrimoine | |
Création | 1899-1904 |
Protection | Site patrimonial remarquable (1986) |
Notice | |
Archives | 315553856008 |
Chalande | 122 |
modifier |
La rue du Languedoc est une voie publique. Elle forme la limite entre le quartier Saint-Étienne à l'est et le quartier des Carmes à l'ouest, tous deux dans le secteur 1 - Centre.
Elle mesure plus de 523 mètres de long. Sa largeur est variable mais elle est d'au moins 14 mètres, comme la rue d'Alsace-Lorraine, qu'elle prolonge vers le sud. Elle naît de la place du Salin avec une orientation nord-est et, dans cette perspective, elle donne naissance sur sa droite à la Grande-rue Nazareth, avant de s'orienter plein nord. Elle donne naissance à sa droite à la rue Philippe-Féral et reçoit la rue des Régans. Elle est bordée sur 80 mètres d'une contre-allée sur son côté droit qui donne naissance à la rue du Colonel-Pointurier. Elle délimite le côté est de la place des Carmes et donne naissance sur sa droite à la rue José-Félix, à la rue Théodore-Ozenne et à la rue du Canard. Elle est à ce moment bordée du côté gauche, sur 100 mètres, d'une nouvelle contre-allée jusqu'à la place Rouaix. Elle reçoit par cette contre-allée la rue Maletache. Elle délimite le côté est de la place Rouaix et donne naissance du côté droit à la rue Bouquières et à la rue Croix-Baragnon dont le croisement marque le début de la rue d'Alsace-Lorraine.
La chaussée compte, de la place Rouaix vers la place du Salin, une voie de circulation automobile réservée aux transports en commun et aux cyclistes et, de la place du Salin vers la place Rouaix, une voie de circulation, dont une est également réservée aux transports en commun et aux cyclistes. Elle appartient, sur toute sa longueur, à une zone 30 et la vitesse y est limitée à 30 km/h.
La rue du Languedoc rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants (« g » indique que la rue se situe à gauche, « d » à droite) :
La rue du Languedoc est parcourue et desservie, sur toute sa longueur, par ligne de bus 44. Au carrefour de la place des Carmes se trouvent la station du même nom, sur la ligne de métro , et les arrêts de la navette Ville. Plus au nord, sur la place Étienne-Esquirol se trouvent la station de métro Esquirol, sur la ligne , ainsi que les arrêts de la ligne de bus 44.
Plusieurs stations de vélos en libre-service VélôToulouse se trouvent dans la rue du Languedoc et les rues voisines : les stations no 45 (10 rue Théodore-Ozenne), no 47 (12 rue du Languedoc), no 48 (18 place du Salin) et no 68 (1 bis allées Jules-Guesde).
La rue du Languedoc tient son nom de la province du Languedoc, dont Toulouse fut la capitale, entre le XIVe siècle et le XVIIIe siècle. Lors des travaux de percement de la rue, à partir de 1899, la rue était tout simplement appelée rue d'Alsace-Lorraine prolongée : elle prit son nom actuel à la suite d'une décision du conseil municipal du [1].
Le percement de la rue, entre 1899 et 1904, a fait disparaître des rues plus anciennes. Au Moyen Âge, la partie de la rue qui allait de la place du Salin à la rue des Régans portait le nom de rue Saint-Barthélémy, à cause de l'église du même nom qui se trouvait là. La rue Guilhem-Bernard-Parador, connue sous ce nom depuis le XIVe siècle, allait de la rue des Régans à la rue des Jouglars (côté nord de l'actuelle place des Carmes). Elle tenait son nom d'un certain Guilhem Bernard, pareur de draps, c'est-à-dire ouvrier qui préparait et façonnait les tissus. À la fin du XVIIe siècle apparut une nouvelle désignation, celle de rue du Vieux-Raisin, d'une hôtellerie du Vieux-Raisin qui s'y trouvait[2]. Le côté de la rue qui longeait le couvent des Carmes, entre la rue des Prêtres (côté sud de l'actuelle place des Carmes) et la rue des Jouglars porta également le nom de l'Arc-des-Carmes, à cause d'une arche que les carmes avaient jeté au-dessus de la rue pour lier leur couvent, du côté ouest de la rue, et des maisons qui leur appartenaient, du côté est[3]. La rue était ensuite prolongée, entre la rue des Jouglars et la place Rouaix, par la rue des Chapeliers, qui portait ce nom depuis le XIVe siècle au moins, à cause du grand nombre d'artisans chapeliers qui y habitaient. Mais, à partir du XVe siècle, cette désignation tendit à disparaître au profit du nom de rue des Ugnères ou des Ugnères-Vieux, qui faisait référence aux marchands d'huile, de graisse et de suif qui y tenaient leur boutique. D'autres noms concurrencèrent ces différentes appellations, comme celle de rue Sesquières ou Sesquières-Nove, qui était aussi celui de la rue Maletache, et qui venait de la plante d'eau sesco dont les artisans sesquiers faisaient le rempaillage des chaises[4].
En 1794, pendant la Révolution française, les deux rues Saint-Barthélémy et du Vieux-Raisin furent renommées ensemble rue la Droiture, la rue des Arcs-des-Carmes rue l'Émile, du nom de l'ouvrage du philosophe Rousseau, et la rue des Chapeliers rue des Amis-du-Peuple, comme se désignaient les Jacobins. Ces noms ne subsistèrent pas et toutes ces rues reprirent leurs noms précédents, jusqu'aux travaux de la nouvelle rue du Languedoc[2],[5],[3].
Au Moyen Âge, les rues Saint-Barthélémy, Guilhem-Bernard-Parayre et des Chapeliers appartiennent au capitoulat de Saint-Barthélémy. La population des rues Saint-Barthélémy et Guilhem-Bernard est composée, presque exclusivement, de conseillers, d'avocats et d'hommes de loi, alors que les artisans sont peu nombreux à y vivre[6]. Les marchands sont plus nombreux dans la rue des Arcs-des-Carmes, dans laquelle on trouve aussi l'auberge du Chapeau noir (emplacement de l'actuel no 28)[7]. Dans la rue des Chapeliers on trouve, à côté des notaires et des hommes de loi, des artisans en grand nombre en particulier des chapeliers et des tailleurs d'habits[8].
Dans le nord de la rue Guilhem-Bernard-Parayre se trouve le couvent des Grands-Carmes, construit entre 1264 et 1270, dont une petite porte annexe s'ouvre sur la rue[9].
Le , un incendie se déclare dans une boulangerie, à l'angle des rues des Chapeliers et Maletache. Il provoque des destructions extrêmement importantes dans toute la ville, et particulièrement dans le quartier de Saint-Barthélémy[10]. L'ampleur des destructions, à la suite des incendies, permet cependant aux élites locales de réunir de vastes emprises foncières pour faire bâtir leurs hôtels particuliers[11] : dès 1483, le notaire Guillaume Carreri ordonne la construction d'un hôtel avec sa tour (actuel no 30)[12].
Autour de la place Saint-Barthélémy, les riches familles toulousaines se font construire de belles demeures. En 1526, le docteur en droit et capitoul Pierre de Ruppe se fait bâtir un hôtel avec sa tour, l'une des plus élevées de la ville (actuel no 1 bis)[13]. Entre 1592 et 1610, Paule de Viguier, surnommée « la Belle Paule », vécut ses dernières années dans la maison de La Roche (côté droit de l'actuel no 16), surnommée par la suite « Maison de la Belle Paule », qui donnait alors à l'entrée de la rue de Nazareth[14]. En 1635, le capitoul Raymond d'Aymeric a son hôtel de l'autre côté de la place (actuel no 10)[15]. Vers 1695, l'hôtel de Paucy est construit dans le style Louis XIII par le conseiller au parlement Nicolas de Paucy, après avoir réuni deux immeubles contigus – la maison Vaysse et la maison de la Belle Paule (côtés gauche et droit de l'actuel no 16)[14].
On trouve également de beaux hôtels particuliers dans les rues Saint-Barthélémy et Guilhem-Bernard. Dans la seconde moitié du XVe siècle se voyaient les dépendances (actuels no 34 et 36) de l'hôtel du capitoul Pierre Dahus (actuel no 2 rue d'Aussargues), construit entre 1474 et 1482, qui s'étendait jusqu'à la rue de la Pleau[16]. L'hôtel de Pierre Dahus est cependant divisé et la partie achetée par le professeur de droit et capitoul Bérenguier Maynier est remaniée entre 1515 et 1528. En 1547, Jean Burnet, greffier au parlement, qui a acheté l'hôtel de Berenguier Maynier à son fils, fait construire un avant-corps[17]. Les constructions se poursuivent au siècle suivant : au début du XVIIe siècle, le conseiller au parlement Jean de Foretz-Carlincar reconstruit complètement la maison dont sa femme a hérité pour en faire un bel hôtel (actuel no 34)[18].
Même dans la rue des Chapeliers, où les artisans restent nombreux, même si les chapeliers sont progressivement remplacés par les orfèvres, de belles demeures s'élèvent. Le plus bel hôtel particulier est celui de Jean de Pins, évêque de Rieux et conseiller au parlement, construit en 1528, et encore agrandi entre 1542 et 1545 par Nicolas Bachelier sur ordre du marchand et capitoul Jean de Nolet[19]. Après cet hôtel se trouve une maison (emplacement de l'immeuble à gauche de l'actuel no 46), berceau de la famille de Purpan depuis le milieu du XVIe siècle[20].
La Révolution française amène des changements nombreux. En vertu de la loi du , le couvent des Carmes est fermé, les derniers religieux sont dispersés et les bâtiments deviennent bien national. L'église conventuelle devient paroissiale sous l'invocation de Saint-Exupère. Les bâtiments du couvent sont affectés à une salle de bal en 1795, mais elle est fermée deux ans plus tard à cause des bagarres qui s'y produisent. Finalement, l'église et le couvent, laissés à l'abandon et menaçant de tomber en ruine, sont acquis par la municipalité en 1807 et démolis peu de temps après[21].
Pendant la Terreur, entre 1793 et 1794, plusieurs parlementaires toulousains sont inquiétés. Habitant l'hôtel de Paucy (actuel no 16), Emmanuel-Marie de David d'Escalone, petit-fils du capitoul David de Beaudrigue, impliqué dans la condamnation de Jean Calas en 1762, est guillotiné sur la place de la Révolution, à Paris, en 1793[22]. Résidents de l'hôtel de Vésa (emplacement de l'actuel no 25), Jean-François de Montégut et son fils, Raymond-André-Philibert, conseillers au parlement, sont arrêtés en 1794 et emprisonnés dans la prison de la Visitation. Jean-François meurt en prison tandis que son fils, condamné, est guillotiné à Paris, le [23]. Un autre conseiller au parlement, Jean-Pierre Labat de Mourlens, qui avait racheté l'hôtel de Foretz-Carlincar et l'avait remanié en 1770, est lui aussi exécuté à Paris, le [24]. Son voisin, le conseiller aux Requêtes Hector d'Aussaguel de Lasbordes, propriétaire de l'hôtel Bérenguier Maynier, est exécuté le même jour et enterré au cimetière de Picpus[25]. Les condamnations touchent aussi les émigrés : les fils d'Hector d'Aussaguel de Lasbordes ayant émigré, l'hôtel Bérenguier Maynier est saisi comme bien national pour être vendu en 1796[25]. Le même sort arrive à l'hôtel de Pins dont le propriétaire, Louis-Emmanuel de Cassaignau de Saint-Félix, a fui la Révolution : l'hôtel, saisi, devient la Poste aux lettres de la ville en 1795[26].
Après les destructions anti-religieuses de la Révolution française, la période de la Restauration est marquée par un retour du religieux. En 1830, l'immeuble de la famille Caulet (actuel no 13) est détruit pour faire place à une nouvelle chapelle, placée sous l'invocation du Saint-Nom de Jésus[27].
En 1843, l'hôtel de Pins, qui n'accueille plus la Poste aux lettres, partie dans la rue Sainte-Ursule en 1804, est affecté à la Recette générale, qui y reste jusqu'en 1843[28].
En , des travaux sont engagés afin d'achever la réalisation des deux grandes rues Longitudinale et Transversale de Toulouse (actuelles rues d'Alsace-Lorraine et de Metz) : il s'agit de poursuivre vers le sud la rue d'Alsace-Lorraine, qui relie déjà le boulevard de Strasbourg à la place Rouaix. La nouvelle rue, qui doit aller de cette place à la Cour d'Assises, reçoit provisoirement, pendant les travaux, le nom de « rue d'Alsace-Lorraine prolongée ». Finalement, le projet est modifié, et la direction de la rue est légèrement obliquée vers l'ouest afin de rejoindre la place du Salin[1]. Le percement de la rue fait disparaître les rues des Chapeliers et du Vieux-Raisin. Au sud, plusieurs maisons de la place du Salin et de la place Saint-Barthélémy, ainsi que de la grande-rue Nazareth, sont absorbées par la rue du Languedoc. Ainsi, l'hôtel de Vésa, à l'angle de la place des Carmes, est entièrement démoli (emplacement de l'actuel no 25)[N 1]. Au nord, les côtés est et sud de la place Rouaix sont ouverts sur la nouvelle rue. Cependant, ces travaux se distinguent de ceux réalisés précédemment : dans certaines parties, les façades ne sont pas réalignées sur le tracé de la nouvelle rue, laissant subsister partiellement le tracé ancien des rues disparues. Dans l'ancienne rue du Vieux-Raisin, plusieurs maisons et hôtels anciens sont conservés (actuels no 1 bis à 9 et no 24 à 36). En 1904, les travaux de percement sont terminés ; deux ans plus tard, la rue est nommée rue du Languedoc par décision du conseil municipal[29].
À la suite du percement de la nouvelle rue, des immeubles de style haussmannien sont élevés. Entre 1905 et 1910, le nouvel hôtel de la Caisse d'épargne, succursale toulousaine de la Caisse d'épargne et de prévoyance créée à Paris en 1818, est construit[30]. La loi de Séparation, en 1905, amène quelques transformations : la chapelle du Saint-Nom de Jésus est désaffectée, avant d'être détruite en 1912[27].
C'est dans l'hôtel de Pins que Silvio Trentin, un Italien opposant au fascisme mussolinien, installé à Toulouse avec l'aide de Camille Soula, fonde en 1935 une librairie, ouverte aux antifascistes italiens ou français et aux républicains espagnols. Il est alors, avec Carlo Rosselli et Pietro Nenni, l'un des exilés antifascistes italiens les plus éminents. Sa librairie devient un brillant salon littéraire et politique[31].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.