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chanteuse française de variétés et artiste dramatique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Juliette Gréco[Note 1], née le à Montpellier (Hérault) et morte le à Ramatuelle (Var)[1], est une chanteuse et actrice française, surnommée « La muse de Saint-Germain-des-Prés ».
Naissance | |
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Surnoms |
La muse de Saint-Germain-des-Prés, Gréco, La Gréco |
Nationalité | |
Activités | |
Période d'activité |
- |
Fratrie |
Charlotte Gréco (d) |
Conjoints |
Philippe Lemaire (de à ) Michel Piccoli (de à ) Gérard Jouannest (de à ) |
Enfant |
Laurence-Marie Lemaire |
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Discographie |
Figure emblématique de la chanson française « à texte », avec une carrière s’étalant sur près de sept décennies, elle est notamment célèbre pour avoir été l'interprète d'auteurs tels que Raymond Queneau, Jean-Paul Sartre, Jacques Prévert, Léo Ferré, Boris Vian, Guy Béart et Serge Gainsbourg.
Juliette Gréco est née à Montpellier d'un père d'origine corse, le commissaire de la police des jeux sur la Côte d'Azur[2] Gérard Gréco, et d'une mère issue d'une famille bordelaise, Juliette Lafeychine (1899-1978)[3]. Ses parents étant séparés, elle est élevée avec sa sœur aînée, Charlotte (1924-2021), à Bordeaux, par leurs grands-parents maternels, qui meurent tous deux en 1933. Leur mère les rejoint alors et les emmène toutes les deux à Paris. Passionnée de danse, Juliette, en 1939, est petit rat à l'Opéra Garnier.
La guerre ayant éclaté, la famille retourne dans le sud-ouest de la France, en Dordogne. Les filles sont scolarisées à Montauban chez les « Dames noires », l'Institut Royal d'éducation Sainte Jeanne d'Arc[4]. C'est là que leur mère, opposée au maréchal Pétain, se rallie au général De Gaulle et participe à une filière d'évasion vers l'Espagne et Gibraltar via Bordeaux[5]. Elle est arrêtée en 1943. Les deux sœurs s'enfuient par le premier train pour Paris mais sont suivies par un des agents de la Gestapo de Périgueux[5].
Elles sont brutalement capturées cinq jours plus tard devant le café Pampam, place de la Madeleine, et emmenées au siège de la Gestapo, 80, avenue Foch, où Charlotte est torturée, Juliette violemment battue, mais auparavant elle avait réussi, en se rendant aux toilettes, à jeter les documents compromettants[5] que sa sœur, agent de liaison, transportait pour la Résistance[6]. Elles sont emprisonnées à la maison d'arrêt de Fresnes. La mère et la sœur aînée sont déportées à Ravensbrück, où elles se retrouvent dans le même bloc que Denise Jacob, rejointes en février 1944 par Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Elles en reviendront, après la libération du camp par l'Armée rouge, le .
En raison de son jeune âge, Juliette est libérée. Après avoir récupéré ses affaires au siège de la Gestapo française dans le 16e arrondissement de Paris, elle se retrouve seule et sans ressources « sur l'avenue la plus belle du monde, l'avenue Foch », avec un ticket de métro en poche[7]. Elle se rend alors chez la seule personne de sa connaissance résidant dans la capitale, Hélène Duc, qui a été, avant la guerre, son professeur de français. Elle sait que cette amie de sa mère habite près de l'église Saint-Sulpice, 20, rue Servandoni[Note 2]. L'adolescente y est logée et prise en charge. Elle s'habille des vêtements des garçons de la maison, les seuls disponibles, et d'une paire de chaussures donnée par une amie d'Hélène Duc, l’actrice Alice Sapritch[5]. Elle invente là le « style Saint-Germain »[5].
Le quartier Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, Juliette découvre le bouillonnement intellectuel de la rive gauche et la vie politique à travers les Jeunesses communistes. Hélène Duc l'envoie suivre les cours d'art dramatique dispensés par Solange Sicard[7]. Juliette décroche quelques rôles au théâtre (Victor ou les Enfants au pouvoir[8] en ) et travaille dans une émission de radio consacrée à la poésie.
Juliette noue des relations amicales avec de jeunes artistes (elle vit un temps avec le peintre Bernard Quentin au 7, rue Servandoni) et intellectuels du quartier de Saint-Germain-des-Prés, dont Anne-Marie Cazalis et Boris Vian. Jean-Paul Sartre lui permet de s'installer à l'hôtel La Louisiane[9] où il réside : elle occupe la chambre 10, la seule qui ait une baignoire avec de l'eau chaude. Elle y vivra une histoire d'amour avec un autre locataire, celui de la chambre 76, le jazzman américain Miles Davis. Dans l'un des établissements de la rue Dauphine, Le Tabou, elle découvre par hasard, grâce à son manteau qu'elle avait posé sur la rampe et qui était tombé en bas d'un escalier, que l'hôtel dispose d'une grande cave voûtée inutilisée que le patron appelle « le tunnel ». Juliette et ses amis trouvent l'endroit idéal pour y faire de la musique et danser tout en discutant de philosophie. Il suffit d'une semaine pour aménager l'endroit et que les curieux viennent en nombre pour observer cette nouvelle et bizarre faune baptisée les existentialistes. Juliette, devenue la muse de Saint-Germain-des-Prés sans avoir rien accompli de probant, décide alors de justifier sa célébrité en optant pour la chanson. Jean-Paul Sartre lui confie une sorte de mélopée qu'il a écrite pour sa pièce de théâtre Huis clos et lui conseille d'aller voir le compositeur Joseph Kosma pour que celui-ci en réécrive la musique[Note 3] qu'il ne trouvait pas réussie. C'est ainsi que Juliette interprète la chanson Rue des Blancs-Manteaux, œuvre née de la plume du chantre de l'existentialisme et d'un compositeur rompu à l'art de mise en musique de la poésie (notamment celle de Jacques Prévert)[7].
Au début des années 1960, elle a une relation avec le producteur américain Darryl F. Zanuck[10], juste après avoir rompu avec Sacha Distel[11].
En 1949, disposant d'un riche répertoire (de Jean-Paul Sartre à Boris Vian...), Juliette Gréco participe à la réouverture du cabaret Le Bœuf sur le toit. Elle rencontre cette année-là le trompettiste américain Miles Davis, dont elle tombe amoureuse[12]. Il hésite à l'épouser, ce qui est impensable aux États-Unis (à l'époque, les unions entre Noirs et Blancs sont illégales dans de nombreux États américains). Lui ne voulant pas lui imposer une vie aux États-Unis en tant qu'épouse d'un Noir américain, et elle ne voulant pas abandonner sa carrière en France, ils renoncent et Miles retourne à New York à la fin mai[13].
En 1951, elle reçoit le prix de la SACEM pour Je hais les dimanches. En 1952, elle part en tournée au Brésil et aux États-Unis dans la revue April in Paris. En 1954, elle chante à l'Olympia. En mai 1958, son ami Boris Vian devient son directeur artistique (label Fontana, filiale de Philips) et demande à André Popp de composer pour une nouvelle chanteuse, Juliette Gréco, Musique mécanique (auteur : Boris Vian), La Complainte du téléphone (auteur : François Billetdoux) et De Pantin à Pékin (auteur : Pierre Delanoë).
Elle rencontre le comédien Philippe Lemaire sur le tournage du film Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville, et l'épouse le . Ils divorcent en 1956 après la naissance de leur fille Laurence-Marie (née le et morte en 2016)[3].
Elle repart pour New York et ses interprétations des plus grands auteurs français enthousiasment les Américains[réf. nécessaire].
Mel Ferrer, qu'elle a connu sur le tournage d’Elena et les Hommes de Jean Renoir (1956) et qui est devenu un de ses « grands copains »[14], lui téléphone depuis Mexico où va se tourner son prochain film, car il pense qu'elle conviendrait « à son producteur qui cherche une Française pour un petit mais très intéressant rôle dans Le soleil se lève aussi dirigé par Henry King »[14]. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Darryl F. Zanuck, avec qui elle entame une relation amoureuse[Note 4]. Elle tourne dans quelques-unes de ses productions, notamment Les Racines du ciel (John Huston, 1958) et Drame dans un miroir (Richard Fleischer, 1960), films dans lesquels elle partage l'affiche avec Orson Welles. Mais sa relation avec Zanuck est houleuse car celui-ci, dixit Juliette Gréco, « possessif et passionné. […] a vécu avec moi une aventure exotique, mais finalement douloureuse, malheureusement »[15]. En même temps que s'achève sa relation avec Darryl Zanuck, c'est avec le film d'aventure Le Grand Risque (Richard Fleischer, 1961) que s'achève sa carrière « hollywoodienne », sans qu'elle n’ait jamais mis les pieds dans les studios américains de la 20th Century Fox[Note 5].
Au début des années 1960, elle revient à la chanson et ne la quitte plus. Elle chante notamment Jacques Brel, Léo Ferré, Guy Béart et aussi Serge Gainsbourg, qui est alors un quasi-inconnu.
Certaines de ses chansons sont censurées pour cause d’antimilitarisme ou d’immoralité[16].
En 1962, elle fait partie des premiers actionnaires de Minute. À cette époque le journal, fondé par Jean-François Devay, médaillé de la Résistance, « est alors plutôt tourné vers l’actualité « people ». [...] Et s’inscrit également dans la lignée des journaux satiriques » du moment. Il compte parmi ses premiers actionnaires des personnalités comme Françoise Sagan, Eddie Barclay, Fernand Raynaud, Alain Griotteray ou encore Marcel Dassault[17].
En 1965, elle se produit gratuitement dans les maisons des jeunes et de la culture de la banlieue parisienne, devant un public constitué d'étudiants et d'ouvriers. Toujours en 1965, elle tient un rôle de premier plan dans le feuilleton télévisé Belphégor ou le Fantôme du Louvre. La même année, lors d'un « dîner de têtes d'affiches » organisé par le magazine Télé 7 jours, elle est assise aux côtés de Michel Piccoli, dont elle tombe amoureuse. Ils se marient en 1966 et se séparent en 1977[3].
Du 16 septembre au 23 octobre 1966, le TNP accueille pour la première fois dans sa grande salle (2 800 places) du palais de Chaillot deux chanteurs : Juliette Gréco et Georges Brassens[18].
En 1968, elle inaugure la formule des concerts de 18 h 30 au théâtre de la Ville à Paris. Elle y interprète l'une de ses plus célèbres chansons, Déshabillez-moi.
En 1967 parait le disque Octobre, distribué uniquement en Union soviétique. Cette chanson interprétée par Juliette Gréco, écrite par Jean Dréjac et composée par Philippe Gérard, tous deux sympathisants communistes, raconte la révolution russe d’octobre 1917[19].
Attentive au mouvement de Mai 68, elle héberge chez elle quelques jours Alain Krivine, menacé d’arrestation. Elle adhère au Mouvement de la paix[16].
Elle enregistre en avril 1969 un titre de Didier Rimaud à la demande de son ami François Rauber, Faudrait aller plus loin, chanson intégrée à l'album Difficile amour de Bernard Geoffroy[Note 6].
Au début des années 1970, Juliette Gréco effectue de nombreuses tournées à l'étranger (notamment en Italie, en Allemagne, au Canada et au Japon), alors qu'en France, son succès semble marquer le pas. En effet, en 1972, elle quitte les productions Philips, chez qui elle enregistrait depuis plus de vingt ans, pour les productions Barclay et, sous ce label, sort deux albums : Juliette Gréco chante Maurice Fanon (1972) et Je vous attends (1974), opus essentiellement écrit par Henri Gougaud, exception faite de Ta Jalousie de Jean-Loup Dabadie et de la reprise de L'Enfance, chanson de Jacques Brel (extraite de son film de 1973, Le Far West). Parallèlement, Gérard Jouannest, son pianiste et accompagnateur depuis 1968, qu'elle épouse vingt ans plus tard, devient son compositeur attitré.
Le , elle est présente, tout comme son époux Michel Piccoli, au grand meeting de l’Union de la gauche au parc des Expositions, conséquence de la signature du programme commun[16]. Elle soutient François Mitterrand pour l'élection présidentielle de 1974[20] et lui renouvelle son soutien en 1981 et en 1988 tout en soutenant le Parti communiste français (PCF) pour les élections législatives. Engagée en faveur de plusieurs causes (paix, homosexualité, sans-papiers), elle chante à la fête de l'Humanité en 1999 et à la fête de Lutte ouvrière en 2001[16].
Nouveau changement de maison de disque en 1975. Elle quitte Barclay pour faire graver ses deux albums suivants chez RCA Victor : Vivre en 1975, et Gréco chante Jacques Brel, Henri Gougaud, Pierre Seghers en 1977. Pour ces deux albums, elle reprend sa plume de parolière (exercice auquel elle s'est déjà essayée en 1969) pour écrire successivement : Fleur d'orange, Le Mal du temps et L'Enfant (1975), Pays de déraison et L'amour trompe la mort (1977). Sa carrière de parolière s'achève avec ces cinq titres[Note 7].
Entre 1982 et 1983, elle semble faire un bilan de sa carrière, car consécutivement à la parution de ses mémoires (Jujube, Stock, ), Juliette Gréco établit sous la direction artistique de Gérard Meys son anthologie discographique telle qu'elle la conçoit à ce moment-là. François Rauber réalise les arrangements et dirige l'orchestre tandis que Gérard Jouannest est au piano. Cette anthologie est commercialisée en trois volumes séparés chez les disques Meys (voir discographie).
Toujours chez les disques Meys, Gréco enregistre un nouvel album, Gréco 83 où, encore une fois, de nouveaux auteurs venus d'horizons divers lui écrivent du sur-mesure, dont Les Années d'autrefois, du journaliste Richard Cannavo, qui devient un titre incontournable de ses tours de chant. Parmi les autres auteurs figurent le dessinateur humoristique Gébé (Bleu sans cocaïne), l'auteur-compositeur-interprète Allain Leprest (Le Pull-over, musique de Jean Ferrat) et le parolier Claude Lemesle (Y a que les hommes pour s'épouser).
Elle est faite chevalier de la Légion d'honneur par le Premier ministre Laurent Fabius, le .
Elle retrouve son public de l'Olympia en 1991 et l'album du concert est édité par Philips.
Elle enregistre en 1993 un album écrit par Étienne Roda-Gil sur des musiques, entre autres, de João Bosco, Julien Clerc, Gérard Jouannest et Caetano Veloso[Note 8].
En octobre de la même année, un nouvel Olympia précède une tournée.
Après une absence discographique de quatre ans, elle enregistre, en 1998, pour les disques Meys un album écrit par Jean-Claude Carrière. Son récital au théâtre de l'Odéon à Paris en est enregistré.
En 2003, Juliette Gréco enregistre chez Polydor un nouvel album sur des textes de Christophe Miossec, Marie Nimier et Jean Rouault, Benjamin Biolay et Gérard Manset. L'ensemble est mis en musique par Gérard Jouannest et François Rauber.
Elle retrouve l'Olympia en 2004.
En 2006, elle part pour New York enregistrer un album avec des musiciens de jazz qui paraît en France sous le titre Le Temps d'une chanson. Elle le chante sur la scène du théâtre du Châtelet à Paris seulement accompagnée d'un piano et d'un accordéon.
Le , les Victoires de la musique la couronnent d'une « Victoire d'honneur » pour toute sa carrière. Pour la première fois, le , elle donne un concert à la salle Pleyel accompagnée d'une formation réduite.
En , elle enregistre en duo la chanson Roméo et Juliette avec Abd Al Malik (album Dante). Fin 2008, début 2009, elle prépare un nouvel album réalisé à partir de textes d'Olivia Ruiz et d'Abd Al Malik. Je me souviens de tout marque également sa rencontre — enfin — avec Brigitte Fontaine.
Proche de la gauche, elle a cosigné, avec Pierre Arditi, Maxime Le Forestier et Michel Piccoli une lettre ouverte[21], le , à l'intention de Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, appelant les députés socialistes à adopter la loi Création et Internet.
En , un nouveau documentaire, Je suis comme je suis de Brigitte Huault-Delannoy, est projeté en son honneur et en sa présence à Montréal (place des Arts).
Le , elle donne le récital de clôture du festival de Valence sur la scène du parc Jouvet, accompagnée par son pianiste Gérard Jouannest et un accordéoniste. Des centaines de spectateurs l'applaudissent et lui offrent une longue ovation debout.
Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix.
En , elle sort un nouvel album Ça se traverse et c'est beau, un hommage à Paris et ses ponts. Marie Nimier, Thierry Illouz, Amélie Nothomb, François Morel, Antoine Sahler, Philippe Sollers, Gérard Duguet-Grasser ou encore Jean-Claude Carrière figurent entre autres parmi les auteurs des chansons de cet album. Melody Gardot, Marc Lavoine et Féfé l'accompagnent chacun en duo et Guillaume Gallienne y interprète un texte.
En février 2012, elle est pour trois soirs sur la scène du théâtre du Châtelet de Paris. Le , à l'occasion de son 85e anniversaire, elle est la vedette de la soirée sur Arte qui diffuse Juliette Gréco, l'insoumise, le film documentaire d'Yves Riou et Philippe Pouchain (projeté au « Rendez-vous with French Cinéma » à New-York) suivi de son concert de 2004 à l'Olympia ; pour les téléspectateurs allemands, les chansons de son concert ont été sous-titrées par des textes allemands dus à la plume de Didier Caesar (Dieter Kaiser, Stuttgart). Le , Juliette Gréco reçoit des mains du maire Bertrand Delanoë la Grande médaille de vermeil de la Ville de Paris. Bertrand Delanoë déclare : « Il était temps que sa ville lui dise merci. Juliette Gréco, c'est la Parisienne. La Parisienne d’aujourd’hui et la Parisienne qui incarne le temps de Paris qui ne passe jamais ». La chanteuse, qui a souvent représenté la France et Paris à l'étranger, répond : « Je ne suis pas née à Paris, j'ai vu le jour à Montpellier. Mais j'ai été mise au monde ici[22],[23]. ». En Allemagne, le , elle monte de nouveau sur la scène du Theaterhaus Stuttgart (de) pour un concert donné à guichets fermés, accompagnée par son pianiste et mari Gérard Jouannest, devant un public ravi qui, pour la remercier, se lève pour l'applaudir. Dans sa loge elle accueille le traducteur et interprète de chansons françaises Dieter Kaiser, chanteur lui-même de chansons et auteur-compositeur allemand sous le nom de scène Didier Caesar. Le , elle est faite « citoyenne d’honneur de la Ville de Montpellier » et inaugure la plaque apposée sur la façade de la maison située au 2, rue Doria (quartier des Arceaux) où elle est née le au matin. Elle y a vécu jusqu’à l’âge de trois ans avant d’aller habiter chez sa grand-mère maternelle domiciliée dans le Bordelais[24].
Le , Juliette Gréco, victime d'un malaise après quarante-cinq minutes, n'a pas pu finir son concert sur la scène de l'espace Montgolfier à Davézieux, près d'Annonay (source Le Dauphiné/Ardèche). Le sort, chez Deutsche Grammophon/Universal Music, l'album Juliette Gréco chante Brel, réunissant douze chansons de Jacques Brel arrangées par le pianiste Bruno Fontaine et par le mari de la chanteuse, Gérard Jouannest[25]. Deux récitals de la chanteuse sont annoncés pour les 16 et à l'Olympia[25].
En 2014, le trompettiste Ibrahim Maalouf l'invite dans le concert qu'il donne à l'Olympia et l'accompagne dans la reprise de La Javanaise[Note 9].
Début 2015, elle annonce une ultime tournée qui débutera fin : « J'ai 88 ans, et je n'ai pas envie de monter sur scène en boitant. C'est une question de courtoisie, de dignité. [...] Je veux partir debout. Je ne voudrais pas faire pitié. J'ai horreur de ça », déclare-t-elle durant une interview avec Le Parisien. Le , elle commence sa tournée d’adieu intitulée « Merci » qui dure un an[26]. À la première date de sa tournée, le au Printemps de Bourges, elle est obligée d’écourter son récital, victime d’un coup de chaleur. Elle est de nouveau victime d'un coup de chaleur à la première date de sa tournée au Canada à Tadoussac le et ne peut terminer son tour de chant. En , sort L'Essentielle, une anthologie de ses chansons en 13 CD ainsi qu'une compilation intitulée Merci ! incluant la chanson inédite Merci, écrite par Christophe Miossec et composée par Gérard Jouannest.
Sa tournée d'adieux « Merci », comprenant plusieurs dizaines de dates, a lieu en avant-première le à Athènes (Grèce), mais commence officiellement le au Printemps de Bourges. Juliette Gréco chante ensuite à Tel Aviv au début , puis au Canada à Tadoussac, Montréal, Sherbrooke et Toronto en , en Italie à Milan et Spolète puis en Belgique à Anvers en , à la Fête de l'Humanité, au festival de la voix au Pays de Dieulefit ainsi qu'à Amsterdam en , en Allemagne (Berlin, Francfort, Hambourg, Stuttgart) puis une partie de la France (Tours, Limoges, Lons-le-Saunier et Caen) en octobre et . En , elle fait quelques grandes salles parisiennes (Châtelet, théâtre des Champs-Élysées et La Cigale). Le , elle donne un concert exceptionnel dans le musée du Louvre devant la sculpture de la Victoire de Samothrace puis un autre le , jour de ses 89 ans, au théâtre de la Ville de Paris qu'elle avait inauguré en 1968. De la fin février à la mi-, elle continue sa tournée en province française, elle chante à Abbeville, Châtel-Guyon, Nîmes, Sérignan, Saint-Estève. Le , elle est victime d'un AVC dans un hôtel du centre-ville de Lyon où elle faisait étape en vue d'un concert à Sausheim prévu le lendemain. Quelque temps après cet AVC, son entourage indique qu'elle a « bien récupéré » et « retrouvé toutes ses facultés physiques et intellectuelles ». Pourtant, début avril, son producteur annonce qu'elle entame une convalescence et qu'elle devra reporter à l'automne 2016 la plupart des concerts prévus au printemps : Sausheim, Maisons-Alfort, Chenôve, Langres, au Casino de Paris ainsi qu'à Cardiff, au Barbican Centre de Londres et au Bunkamura Hall de Tokyo. Au fil des mois, elle annule graduellement l'intégralité des dates restantes de sa tournée. Son dernier concert restera donc celui du au Théâtre de l'Étang à Saint-Estève, dans les Pyrénées-Orientales.
Dans le magazine Télérama du , elle se confie sur sa vie depuis son accident cérébral et son retrait de la scène, révélant notamment au public la mort de sa fille Laurence à l'âge de 62 ans en 2016[27].
Elle meurt le dans sa demeure à Ramatuelle (Var), à l'âge de 93 ans ; après une cérémonie à l'église de Saint-Germain-des-Prés, elle est inhumée dans la plus stricte intimité le [28] au cimetière du Montparnasse (division 7), auprès de son dernier époux, Gérard Jouannest, mort en 2018[29].
Tout au long de ses près de soixante-dix ans de carrière, depuis sa première tournée au Brésil en 1950 jusqu'à la fin de sa carrière en 2016, Juliette Gréco s'est produite sur les scènes des plus grands opéras ou théâtre d'Europe (Espagne, Portugal, Italie, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Grande-Bretagne...). Après la Seconde Guerre mondiale, elle est d’ailleurs la première chanteuse française à se produire en Allemagne (notamment à la Philharmonie de Berlin où elle retourne régulièrement, de la seconde moitié des années 1960 jusqu’aux années 2000). Dès les années 1950, Juliette Gréco s’installe définitivement parmi les rares artistes français capables de remplir des salles dans le monde entier, tout en s'entourant généralement de musiciens français et en leur donnant des opportunités de carrières internationales (ex. : Joss Baselli[30], Léo Petit, Richard Galliano, Gérard Gesina Jean-Marc Lajudie[31]). À titre d'exemple, on compte plus d'une trentaine de tournées au Japon depuis 1961, de multiples concerts aux États-Unis, en Amérique du Sud, au Canada, en Israël… Au Chili, l’un de ses récitals fait date : conviée à chanter devant un parterre de militaires, la chanteuse interprète ce soir-là un programme constitué en majeure partie de chansons antimilitaristes : « Je suis sortie de scène dans un silence de mort ; le plus beau bide de ma carrière »[réf. nécessaire].
À 19 ans, elle rencontre le champion automobile Jean-Pierre Wimille[32], qui devient son premier amour, bien qu'il ait le double de son âge et soit marié. Leur relation prend fin tragiquement avec la mort accidentelle du champion pendant une course en .
Au printemps 1949, à 22 ans, elle rencontre le trompettiste de jazz américain Miles Davis alors qu'elle se produit sur la scène du cabaret Le Bœuf sur le toit. Miles Davis, alors âgé de 23 ans, est de passage à Paris. Michèle Vian, l'épouse de Boris Vian, les présente l'un à l'autre. Leur coup de foudre est réciproque. La ségrégation raciale sévissant outre-Atlantique à cette époque les empêche d'envisager un avenir commun sur le sol américain. Miles Davis rentre seul aux États-Unis[33]. Juliette Gréco confiera plus tard entendre la liberté dans sa musique, si précieuse dans le contexte de l'après-guerre. Ils se reverront par la suite aux États-Unis et en France, peu de temps avant la mort du musicien[34].
En 1953, elle se marie avec le comédien Philippe Lemaire[3] (1927-2004). Ils ont une fille, Laurence-Marie Lemaire, scripte de cinéma, morte d'un cancer du vivant de sa mère (1954-2016)[35],[36]. Ils se séparent en 1956. Juliette consacre deux chansons à sa fille en 1970, l'année de ses 16 ans[37].
En 1957, elle rencontre le producteur américain Darryl F. Zanuck qui la courtise activement[Note 10]. Il a finalement une idylle avec elle et voudrait en faire une vedette hollywoodienne. Elle tourne sur ses conseils dans plusieurs films, mais l’histoire d’amour entre « la muse de l’existentialisme » et le prestigieux producteur américain prend fin l'année suivante « Tout s’est déglingué, je suis un animal totalement sauvage. Il ne faut pas chercher à m’enfermer même dans une cage dorée[38]. »
De 1966 à 1977, elle est mariée à l'acteur Michel Piccoli (1925-2020)[39],[40] et, en 1988, elle épouse Gérard Jouannest (1933-2018)[41].
Juliette Gréco s'applique à interpréter et révéler de nouveaux auteurs et compositeurs, démarche artistique qui semble l'enthousiasmer davantage que d'écrire elle-même ses chansons, déclarant « Je suis là pour servir, je suis interprète. »
« Dans tout ce que je chante et dans ma vie, je suis là quelque part. […] Les mots, c'est très grave, pour moi. […] Je ne peux pas mettre dans ma bouche des mots qui ne me plaisent pas. […] Je suis là pour servir. Il y a une belle phrase dans la Bible, qui dit : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. » Et moi, mes Seigneurs, ce sont les écrivains et les musiciens. Je suis là pour servir, je suis interprète[42]. […] La chanson est un art particulier, extrêmement difficile (quand c'est bien), contrairement à ce qu'on peut croire. Il faut écrire une pièce de théâtre ou un roman en 2 minutes ½ / 3 minutes et c'est un exercice extraordinaire. C'est grave, une chanson. Ça va dans les oreilles de tout le monde, ça se promène dans la rue, ça traverse la mer, c'est important une chanson, ça accompagne votre vie… […] Les poètes, les musiciens, ils ont besoin d'interprètes. Ils ne sont pas toujours les meilleurs interprètes de leurs œuvres, ce n'est pas vrai[Note 11]. Quelquefois, nous, interprètes, nous trouvons des choses qu'ils n'ont pas entendues, d'eux-mêmes… »
Lors de cette émission[45] qui lui est entièrement consacrée, Gréco est entourée de Charles Trenet, Joseph Kosma, Françoise Sagan, Serge Gainsbourg et Pierre Louki. Deux d'entre eux témoignent ainsi :
Auprès de Pierre Louki, Gréco se désole que le talent de celui-ci ne soit pas reconnu à sa juste valeur :
Le roman graphique Miles et Juliette publié en 2019, met en scène la brève histoire d'amour entre la chanteuse et Miles Davis[53].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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