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peintre, sculpteur et designer français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Bernard Quentin est un peintre, sculpteur et designer français né le à Doingt-Flamicourt (Somme) et mort le [1] à Chevilly-Larue (Val-de-Marne).
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Rattaché à l'École de Paris, son œuvre, en grande partie un travail sur l’écriture et la graphie, est qualifié d'« art sémiotique » ou l'« art scriptural ». Il est le mari de la réalisatrice Florence Quentin (née en 1946).
Bernard Quentin arrive à Paris vers 1940 afin d'étudier la peinture, la sculpture et l'architecture à l'École nationale supérieure des arts décoratifs et à l'École nationale supérieure des beaux-arts. Actif dans la Résistance au sein du réseau « Manipule »[2] entre 1942 et 1944, Bernard Quentin fréquente en 1945 la Maison de la pensée française où il se lie avec Pablo Picasso (le thème des Horreurs de la guerre qui constitue son envoi au Salon des moins de trente ans de 1945 se revendique, quoique d'un registre expressionniste abstrait, comme inspiré de Guernica) avant de reprendre, à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, les cours interrompus par la guerre et de simultanément s'ancrer en 1946 au quartier Saint-Germain-des-Prés. Il y connaît les milieux existentialistes et surréalistes, fréquente les peintres Wols et Camille Bryen, ainsi que le théoricien du lettrisme Isidore Isou[2], et fait partie de « la bande à Boris Vian » avec Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty, Anne-Marie Cazalis et Juliette Gréco[3]. Bernard Quentin, vivant alors avec Juliette Gréco dans une chambre sous les toits du 7, rue Servandoni, se souvient : « Nous sortions tous les soirs. Nous nous couchions si tard que je n'étais jamais levé à l'heure pour aller à la cantine des beaux-arts »[4]. De fait, « pour Gréco, Quentin et leurs amis, les nuits du quartier commencent au bistrot et finissent dans d'interminables promenades dans les rues un peu provinciales du sixième arrondissement »[4].
Sa première exposition, en 1945 à la Maison de l'université à Paris, fait itinérance en Suisse en 1946. C'est à Berne que Bernard Quentin découvre avec fascination les œuvres de Paul Klee qui, conservées dans la maison du fils de ce dernier, font valoir une approche très profonde des écritures orientales et africaines. « Ce primitivisme poétique le séduit et l'éloigne de l'expressionnisme abstrait[2] » pour l'amener, par la création d'idéogrammes où déjà il énonce son intérêt pour le cunéiforme, l'écriture hiéroglyphique égyptienne, le rune scandinave — à l'étude duquel il va passer tout l'hiver 1948 en Laponie —, les inscriptions rupestres de la vallée des Merveilles[5], à rapprocher durablement sa démarche de la lettre et du signe. C'est dans ce champ d'investigation que, dans les années 1947-1950, il expose chez Aimé Maeght avec le groupe Les mains éblouies qui réunit notamment Joan Miró, Alberto Giacometti, Jean Signovert, Alexander Calder et Antoni Tàpies, et où il se lie surtout d'amitié avec Pierre Dmitrienko, François Arnal et Serge Rezvani.
En 1954, Bernard Quentin voyage en Amérique du Sud (Brésil et Pérou), en Afrique de l'Ouest (réalisant des fresques murales à Niamey et Bamako), puis, peu après, dans plusieurs capitales d'Europe de l'Est (Varsovie, Moscou, Prague)[5].
Dans les années 1960, Bernard Quentin élargit ses investigations de la peinture à la sculpture en exécutant des statues totémiques et surtout ses premières sculptures gonflables (les Cybules, la Vénus de Chicago) qui, appelés à des interventions monumentales dans les paysages, seront vues comme annonciatrices du Land Art[réf. nécessaire]. Il est dans le même temps le premier designer à concevoir des sièges gonflables[6] qui sont présentés en 1963 par la galerie Iris Clert à Paris lors d'une exposition à ambition futuriste (Le salon de l'an 2104), à la Foire internationale de New York en 1964 ensuite, puis produits en série, pour être vendus aux États-Unis et au Japon, par le groupe Adamoli à Milan en 1966[7]. Poursuivant cependant simultanément son travail sur le signe, Bernard Quentin s'est installé en 1962 et pour une durée de deux années à Milan dans le cadre d'un accord avec le Centre de recherche Olivetti, y déplaçant alors son champ de travail de la peinture vers l'informatique, offrant à Salvador Dalí de voir en lui « le pionnier de l'art cybernétique et de l'écriture électronique[réf. nécessaire] ».
En 1977, Bernard Quentin crée, avec entre autres Jesús-Rafael Soto, Jean Messagier, Jean-Pierre Raynaud, Pierre Restany et Serge Rezvani, le collectif L'Art+ qui se donne pour finalité de prolonger l'art dans des intégrations monumentales à l'environnement[8].
Sur la création de son alphabet, en même temps que sur le choix de l'appeler « Babel », Bernard Quentin s'explique : « Il fallait trouver un langage universel et, pour ça, inventer des symboles compréhensibles par tous. Mais le sens des symboles peut différer d'un continent à l'autre. C'est pourquoi j'ai imposé des symboles qui peuvent être repris par tout le monde. C'est le côté universel. Je me suis basé sur les calligraphies coufiques et zen, où chaque artiste ajoute quelque chose, en plus du sens. C'est le côté identitaire, la couleur »[9]. Chez Bernard Quentin, la couleur des signes les situe donc grammaticalement : bleu pour les noms, vert pour les adjectifs, rouge pour les verbes, orange pour les articles et les pronoms. Système d'écriture donc « pour unir les hommes », fort de « trois mille signes qui peuvent tout dire, tout raconter. Graffitis, sténo-graffitis, hiéroglyphes, pictogrammes, fibres optiques, lettres électroniques, forment “l'art sémiotique” de Bernard Quentin qui n'a jamais cessé d'explorer le champ des possibles inscrits dans chaque mot, chaque signe, chaque graphie »[10], pour être de la sorte perçu par Pierre Restany comme un « phare vers l'universalité postmoderne de demain »[11].
Il meurt à Chevilly-Larue le 28 juin 2020[12].
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