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romancière belge De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Amélie NothombÉcouter (/ameli nɔtɔ̃/[alpha 1]), nom de plume de Fabienne Claire Nothomb, est une romancière belge de langue française née le à Etterbeek[alpha 2].
Naissance | |
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Nom de naissance |
Fabienne Claire Nothomb |
Pseudonyme |
Amélie Nothomb |
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belge |
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André Nothomb (d) Juliette Nothomb |
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Charles-Ferdinand Nothomb (grand-oncle) Jean-Baptiste Nothomb (Parent de septième de degré) Paul Nothomb (grand-oncle) |
Membre de | |
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Adjectifs dérivés |
nothombien |
Site web | |
Distinctions | Liste détaillée Prix littéraire de la vocation () Prix Jacques-Chardonne (en) () Prix Alain-Fournier () Prix René-Fallet () Prix du Jury Jean-Giono (d) () Prix Roland-de-Jouvenel () Grand prix du roman de l'Académie française () Cena arcibiskupa Juana de Sanclemente za zahraniční román (d) () Prix de Flore () Commandeure de l'ordre de la Couronne () Grand prix Jean-Giono () Prix Renaudot () |
Baronne | |
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Autrice prolifique, elle publie un ouvrage par an depuis 1992, année de publication de son premier roman, Hygiène de l'assassin. Ses romans font partie des meilleures ventes littéraires et certains sont traduits en plusieurs langues. Stupeur et Tremblements remporte en 1999 le grand prix du roman de l'Académie française.
Ce succès lui vaut un arrêté royal qui lui accorde le titre honorifique de commandeur de l'ordre de la Couronne et, sur la proposition du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, le roi Philippe lui a proposé la concession du titre personnel de baronne.
En 2015, elle est élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Fabienne Claire Nothomb naît au sein d'une famille de la noblesse belge[1] le à Etterbeek en Belgique[2]. Plusieurs de ses ancêtres se sont illustrés dans la vie politique et culturelle du pays[3]. La famille est à l'origine libérale, avec le ministre Jean-Baptiste Nothomb (1805–1881), membre de la franc-maçonnerie[4], ou son demi-frère le ministre libéral Alphonse Nothomb (1817-1898). Les membres de cette famille sont restés centrés sur la recherche du pouvoir politique. Deux membres de cette famille, le communiste Paul Nothomb (1913-2006) et le catholique de droite, le baron Pierre Nothomb, ont produit, à côté du politique, une œuvre littéraire[5],[6]. Son arrière-grand-père est le baron Pierre Nothomb, écrivain et homme politique. Elle accompagne dans ses déplacements son père Patrick Nothomb, diplomate, qui, peu après la naissance de sa fille, sert comme consul général à Osaka au Japon avant d'être en poste à Pékin, à New York et en Asie du Sud-Est (Laos, Bangladesh, Birmanie) et ambassadeur de Belgique au Japon.
De retour en Belgique vers l’âge de dix-sept ans[7], une période de découverte et d’adaptation à la réalité occidentale lui est nécessaire[8]. Elle termine ses humanités à l’Institut des Fidèles compagnes de Jésus (Montjoie) à Uccle[9] pour ensuite entamer une première année universitaire en droit. Après une lecture du philologue, philosophe et poète Friedrich Nietzsche et une étude de l’intransitivité chez Georges Bernanos[10],[7], Amélie Nothomb obtient une licence en philologie romane à l'Université libre de Bruxelles, et envisage un moment la carrière d'enseignante, passant et obtenant l'agrégation[11],[12].
Ses études terminées, un premier retour au Japon (où son père est nommé ambassadeur de Belgique à Tokyo), à l'occasion duquel elle effectue un stage d’interprète dans une entreprise japonaise, lui fournit la matière de deux romans, Stupeur et Tremblements et Ni d’Ève ni d’Adam.
En 1992, avec la publication de son roman Hygiène de l’assassin, elle commence sa carrière officielle de romancière. Elle publie dès lors de façon régulière un livre chaque année aux éditions Albin Michel et partage son temps entre Paris et Bruxelles. Sa production couvre des textes à contenu autobiographique et des récits de fiction ainsi qu’une pièce de théâtre[5]. Métaphoriquement, elle se dit « enceinte de ses romans », indiquant écrire depuis l'âge de 17 ans[13] et se qualifie elle-même de « graphomane »[14], consacrant chaque jour au moins quatre heures à l'écriture.
Amélie Nothomb publie un ouvrage par an depuis son premier roman Hygiène de l'assassin publié en 1992[15]. Dans un entretien de 2004 publié dans La Libre Belgique, elle mentionne écrire près de quatre romans par an pour n’en publier qu’un seul[16], et ne pas souhaiter que soient publiés les autres manuscrits[17] : « L'immense majorité [de ces manuscrits] restera dans des caisses et n'en sortira pas. Je veillerai à me protéger suffisamment pour cela »[17], dit-elle.
Certains de ses écrits primés sont traduits dans plus de quarante langues à travers le monde[18].
Présente dans les programmes de l'enseignement secondaire en Belgique[19], au Québec[20] ou en France[21], ainsi que dans les médias francophones ou étrangers, les journaux, radios, télévisions, séances de dédicace, le plus souvent vêtue de sombre et portant de grands chapeaux, elle s’adresse et répond au public et à un lectorat hétérogène, dont elle est adulée ou critiquée[22], voire jalousée, mais poursuit sa carrière : « Je suis ce que je peux être. Je ne maîtrise pas ce que je suis et encore moins les regards que les autres posent sur moi[23]. »
À la suite du séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku, elle publie, le de cette même année, Les Myrtilles, une nouvelle en supplément à la réédition de Stupeur et Tremblements. Les bénéfices de cette édition exceptionnelle sont reversés à Médecins du monde au Japon[24].
En 2012, à l'occasion d'un reportage signé par Laureline Amanieux pour la série Empreintes diffusée sur France 5, elle retourne au Japon. Le tournage de ce documentaire sera le cadre de son roman La Nostalgie heureuse[25].
Toujours en 2012, elle préside la 34e édition du Livre sur la place à Nancy, premier salon littéraire de la rentrée[26].
En , elle est invitée d’honneur de la fête du livre à Radio France[27].
Le , Amélie Nothomb devient présidente d'honneur du CRAC Europe, le « Comité radicalement anticorrida »[29].
Elle est sympathisante, mais non militante, du mouvement Les Chiennes de garde contre le sexisme[30].
À la fin de 2017 ou au début de 2018, elle aurait, selon le site valeursactuelles.com, fait pression sur son éditeur, Albin Michel, pour qu'il ne publie pas les mémoires de Jean-Marie Le Pen[31],[32].
Sa sœur aînée, Juliette Nothomb, dont elle est très proche, est auteure de romans pour enfants, ainsi que chroniqueuse littéraire et culinaire[33].
Dans l'ouvrage de Michel Zumkir, Amélie Nothomb de A à Z. Portrait d’un monstre littéraire, l'auteur s'intéresse à la question de la réception de ses romans, et fait remarquer que l’accueil réservé à l’écrivain par les critiques et les intellectuels dans les pays et les langues dans lesquels ses œuvres ont été traduites est totalement différent de celui de la France ou de la Belgique. « Elle est considérée comme un auteur à part entière, certes excentrique mais un auteur dont on considère les livres avant la personnalité. […] On la compare davantage à Marguerite Yourcenar pour sa culture et son écriture classique qu’au premier faiseur de best-sellers venu[34]. »
Marc Quaghebeur, dans son Anthologie de la littérature française de Belgique, entre réel et surréel, note que « Chez cet écrivain, une forme de cruauté et d'humour se mêle à un romantisme qui plonge dans l'univers actuel »[5], du reste, dans un portrait chinois, à la question « si vous étiez un personnage », elle répond : Salvador Dali[35]. Les romans d’Amélie Nothomb empruntent à des registres variés, comme « la mythologie, la philosophie ou encore les lettres classiques. Les dialogues donnent à ses livres la vivacité de pièces de théâtre. Quant aux personnages et aux situations fantastiques de ses romans, ils relèvent d’un réalisme magique caractéristique d’une certaine tradition littéraire belge[36]. »
Quand Amélie Nothomb envoie son premier roman (« à double fond »[37]), Hygiène de l'assassin, aux éditions Gallimard, Philippe Sollers ne le comprend pas[38]. L'ouvrage est presque uniquement composé de dialogues d'affrontements socratiques[39] entre un prix Nobel incompris et des journalistes. La discussion a pour sujet la littérature, la lecture, la mort de l'Éden ou de l’enfance. Yolande Helm souligne la discordance entre la transparence et la limpidité de l’intrigue et la complexité d’un développement plus abstrait ainsi qu’une omniprésence du sacré, dissimulé à un niveau sous-jacent[40].
Dans l’ouvrage Le Roman Hygiène de l'assassin : Foyer manifestaire de l'œuvre d'Amélie Nothomb d’Aleksandra Desmurs (2009), Nothomb indique que ce roman est son « manifeste », c'est-à-dire qu'il comporte tout ce qu'elle pense de l'art d'écrire, ainsi que sa vision du monde[41].
Dans ses romans autobiographiques relevant du genre désigné par Serge Doubrovsky comme autofiction[42], Amélie Nothomb donne une biographie romancée, dans laquelle le personnage est né le à Kobé, au Japon[43],[44], où son père était diplomate.
Cette déclaration trouve son explication dans le roman Métaphysique des tubes qui raconte sous forme de réécriture parodique de la Genèse, le passage de l'état de néant de la petite « enfançonne » à celui de la conscience du moi, puis à celui de sujet doté de mémoire[45],[46]. Elle met en scène un personnage homonyme (le double « je ») dans les romans Le Sabotage amoureux, (l'enfance) et Biographie de la faim, ainsi que dans Stupeur et Tremblements et Ni d'Ève, ni d'Adam (amour de jeunesse) ; ces romans relatent d'une part ses premières expériences dans les pays où son père est affecté ainsi que ses attachements ou ses rejets et d'autre part son retour au Japon en tant que jeune adulte.
En 1972, quand la famille Nothomb quitte le Japon pour Pékin, la bande des Quatre est au pouvoir. Amélie a alors six ans. Dans Le Sabotage amoureux, elle décrit son départ comme un exil, quittant le Japon, « pays de la beauté », pour la Chine, « pays de la laideur ». L'accueil du roman en Chine fut aussi prudent que celui du Japon pour Stupeur et Tremblements[47]. Les déplacements familiaux suivants constitueront pour Amélie autant de déracinements successifs. L'écrivain indique avoir vécu comme un choc la séparation d'avec sa gouvernante japonaise Nishio-san qu'elle considère comme sa seconde mère. Dans un article de 2004, Marianne Payot, journaliste à L'Express évoque « un nomadisme culturel qui décuple sa curiosité et renforce sa précocité »[48]. Cet aspect est approfondi et développé dans l'essai intitulé Le récit siamois, personnage et identité dans l'œuvre d'Amélie Nothomb, thèse de doctorat de Laureline Amanieux, dans lequel il est postulé que la constitution, et même une reconstruction positive de l'identité après des souffrances sources de déchirures et de dédoublements, se fait par le récit. Il est alors plus question de transposition romanesque que d'autofiction.
Dans Biographie de la faim, elle revient sur ses expériences de l'enfance et de l'adolescence dans des pays aussi contrastés que le Japon, les États-Unis ou le Bangladesh, elle y parle de l'élément eau, de la potomanie, du viol[49], de l'anorexie[50], de la lecture. En 2014, Amaleena Damlé, dans Making A Body without Organs : Amélie Nothomb's An-Organic Flux of Immanence analyse le texte de Biographie de la faim à la lumière du concept deleuzien du Corps-sans-organes[51].
Dans Stupeur et Tremblements, elle met en scène le personnage d'Amélie retournant au Japon pour y travailler comme interprète dans une entreprise de Tokyo. Le roman décrit l'atmosphère et la stricte hiérarchie qui régit le monde du travail au Japon. Elle conte une lente descente professionnelle et l'humiliation de passer de la fonction d'office lady à celle de dame pipi. Le roman a pour thème le choc des cultures, l'exil et la marginalisation[52]. Amélie Nothomb, l'Occidentale, s'était prise de passion pour le Japon, or le stage de travail à Tokyo l'a déstabilisée… « La description au vitriol est à la hauteur d'une déception quasi amoureuse » écrit Philippe Pelletier[53]. Le roman a été primé par l'Académie française, balayant les hésitations de son éditeur japonais. Dans cet ouvrage, le séjour au Japon est présenté comme se déroulant juste avant l'envoi du manuscrit d'Hygiène de l'assassin aux éditeurs ; l'écrivaine a compris « la surprenante jouissance et liberté de l'univers de la marge et de la différence et que sa seule vraie nationalité est l'exil[52] ».
Ni d'Ève, ni d'Adam, roman de 2007 qui raconte sa relation avec un Japonais de son âge alors qu'elle travaillait à Tokyo, est bien accueilli par le magazine L'Express : « Amélie Nothomb n'a pas son pareil pour mettre en scène le choc des cultures. Qui plus est, avec un sens de l'autodérision dont elle (re)donne ici sa pleine mesure »[54]. Il reçoit la même année le Prix de Flore.
Le , après le tsunami et l'accident nucléaire de Fukushima, paraît son vingt-deuxième roman, sur son second retour au Japon à l'âge de la maturité : La Nostalgie heureuse, « Le Japon m'a plusieurs fois sauvée et j'ai à nouveau besoin d'être sauvée par le Japon, qui a ce pouvoir guérisseur », roman dans lequel elle se confronte à ses souvenirs, fouille sa mémoire et les lieux présents du passé en quête d'identité[55]. La première phrase du roman affirme que : « Tout ce que l'on aime devient fiction ». Ce roman est inspiré par le tournage du documentaire[56] Amélie Nothomb, Une vie entre deux eaux[57] diffusé par France 5 : un film-portrait de Laureline Amanieux et Luca Chiari[58] qui emmène la romancière sur les traces de ses romans autobiographiques au Japon, un an après la catastrophe de Fukushima.
Depuis le début des années 2000, plusieurs spécialistes en littérature se sont penchés sur l'œuvre d'Amélie Nothomb, avec des lectures variées.
En 2003, Susan Bainbrigge et Jeanette Den Toonder, dans Amélie Nothomb, Authorship, Identity and Narrative Practice, Peter Lang, analysent son écriture du point de vue de l'autofiction, du genre, des représentations du corps et des pratiques narratives, rendant hommage à son style de prose qui « démontre une connaissance sophistiquée de la structure, de la forme et de l'histoire littéraire »[59]. Elles s'intéressent à ce qu'elles nomment le récit autodiégètique, tel que défini par Gérard Genette, théoricien de la littérature.
En 2010, Mark D. Lee, membre de l'Association américaine des professeurs de français, dans l'ouvrage Les Identités d'Amélie Nothomb : De l'invention médiatique aux fantasmes originaires revient sur les propos de Françoise Xenakis et indique que : « Soupçonnée d'imposture dès sa première rentrée littéraire, accusée d'être un homme âgé publiant sous un pseudonyme invraisemblable, Amélie Nothomb est un auteur qui — plus que d'autres — a dû s'inventer. » Dans Les Identités d'Amélie Nothomb, Mark D. Lee revient sur « les circonstances qui ont marqué les débuts d'une carrière extraordinaire »[60],[61],[62] et à propos de l'identité — belge — de l'auteur, dans l'ouvrage Francographies : identité et altérité dans les espaces francophones européens, il dédie un chapitre à la place et la fonction de l'étranger dans l'imaginaire nothombien[63].
Lors d'une conférence autour des thèmes de la littérature française, du Japon, du soi et de l'identité, de l'autobiographie, du féminisme français, de la littérature du XXe siècle et de la littérature contemporaine, Hiramatsu Ireland, (平松アイルランド), fait valoir dans un article que le roman Stupeur et Tremblements rompt le pacte autobiographique lejeunien avançant que des éléments biographiques sont fictionnels, notamment que la romancière n'est pas née au Japon, avant de proposer une lecture explicative sur le plan de la psychanalyse à partir des notions élaborées par Julia Kristeva et énoncées dans son ouvrage Pouvoirs de l'horreur, pour le choix d'Amélie Nothomb de se présenter comme née au Japon et enfin d'analyser le roman Stupeur et Tremblements, — une vision du Japon sombre, parfois mordante et drôle[64] — comme une intertextualité entre des éléments de la littérature occidentale et des techniques de la littérature japonaise classique et médiévale[65],[66].
En 2008, Beïda Chikhi indiquait cependant dans L'Écrivain masqué[67] que « on ne peut pas à proprement parler d'autobiographie, l'écrivain conservera toujours l'indication roman en quatrième de couverture, aussi roman autobiographique ou autobiographie romancée conviendraient mieux aux textes d'Amélie Nothomb[68] ». Et, comme le souligne Benali Souâd, il ne faut pas « oublier la relation constante établie entre le passé du personnage et le présent de la narratrice, mis en scène par l'écriture[69] ».
Nothomb produit une « littérature épaisse et profonde dans laquelle elle tend à mélanger le tragique et le ludique situationnel »[69] » ; deux universitaires débattent ainsi des notions de tragique et réel dans Le Sabotage amoureux, évoquant au passage l'héritage de Cervantès[70],[71].
Le linguiste québécois Michel David mentionne qu’outre sa maestria verbale, « La vivacité, la singularité, la précision, son humour, son talent de dialoguiste déployé dans la plupart de ses romans font qu’elle est un écrivain accessible à la jeunesse d’âge ou d’esprit de ses lecteurs, deux petites heures suffisent pour la lecture d’un de ses livres et on ne s’y ennuie pas »[72]. Les adjectifs : drôle, loufoque, original, pétillant reviennent régulièrement pour caractériser les romans d’Amélie Nothomb qui empruntent à des registres variés ; en effet si Péplum est une fiction anticipative[73], Acide sulfurique, est une dystopie ou fable futuriste qui explore la cruauté dans une sorte d’expérience de Stanford télévisée ; elle choque et déclenche des polémiques (pour et contre) qui ne sont pas sans rappeler l’accueil de certains romans de Houellebecq[74].
D’autres romans comme Barbe-Bleue ou Riquet à la houppe, — une célébration joyeuse de la différence —, renvoient à la tradition des contes dont la vision manichéenne, est toutefois nuancée chez Amélie Nothomb. Selon Andrea Oberhuber, l’auteur belge construit son œuvre comme un palimpseste, « sur un ensemble de références littéraires, révélant une stratégie résolument post-moderne », c’est-à-dire repenser les mythes fondateurs de la littérature canonique pour réécrire ces récits, dans ce cas au féminin, avec liberté et le plus souvent sur un ton ironique[75],[76]. Ainsi, selon Laurence Marois, revisite-t-elle dans Mercure un des mythes fondateurs de la féminité, Orphée et Eurydice[77].
La dualité thématique entre laideur et beauté est soulignée dans Mercure ou Attentat[78]. Le roman Attentat, est examiné en 2006 par Tara Collington dans une étude intitulée Hugo à la rencontre de Rabelais : l’esprit carnavalesque dans Attentat d’Amélie Nothomb[79].
Dans Pétronille (), roman d’amitié, le personnage principal décrit par l’auteur belge est un portrait reconnaissable de la romancière française Stéphanie Hochet[80]. Amélie Nothomb y évoque sa passion pour le champagne[81] et « l'art de l'ivresse » qui, selon elle, « relève de l'art, qui exige don et souci. Boire au hasard ne mène nulle part »[82],[83]. Le champagne est également présent dans d’autres romans comme Barbe bleue ou Le Fait du prince.
Le a été publié son vingtième roman, Tuer le père au titre freudien, mais dont l’univers est celui des magiciens et des illusionnistes qui font « douter du réel » renvoyant au questionnement récurrent chez Nothomb de l’identité et de l’imposture[84].
Le roman Robert des noms propres, hors invocation par son titre du choix symbolique des prénoms de personnages, classiques, rares, ou néologiques, dans l’œuvre de Nothomb, allant de Plectrude à Trémière, passant par Zoïle, Astrolabe, Hirondelle, Pretextat, Palamède ou simplement Marie[85], est en 2012, dans un article intitulé The Child as Artist in Amélie Nothomb's, Robert des noms propres, abordé par Anna Kemp du point de vue de la condition de l’enfant comme artiste[86]. En 2015, à la lumière des idées développées par Roland Barthes autour de « La Mort de l'auteur », une analyse des dernières pages des romans Robert des noms propres et Hygiène de l’assassin est proposée par Lucy O’Meara[87].
Dans son roman de 2009, Le Voyage d'hiver dont le titre est emprunté au Winterreise de Franz Schubert, Amélie Nothomb renoue avec ses thèmes favoris : l’amour, la différence, l’écriture, la lecture, le langage, la vie[88]. D’autres romans comme Journal d'Hirondelle empruntent dans leur intrigue certaines formes au roman policier[89], l’intrigue peut y être prétexte et « importer moins que la verve à conter »[90]. Un dénouement alternatif peut être proposé.
Une forme de vie, est un roman épistolaire, avec mise en abyme à trois niveaux, constitué d'une correspondance fictive avec un soldat américain en poste en Irak[91]. Le roman dans sa traduction en anglais par Alison Anderson est sélectionné pour le Prix littéraire international de Dublin (2015)[92].
Quant à Cosmétique de l'ennemi, ce dernier est appréhendé à travers son dialogisme, le concept développé par Mikhaïl Bakhtine[93]. En 2009, Marie-Christine Lambert-Perreault parle de « L’écriture d’Amélie Nothomb : (comme) d’un corps à corps avec l’ennemi intérieur » et rappelant l’ouvrage de Michael Zumkir - Amélie Nothomb de A à Z, indique que « c’est de [cet] affrontement que naîtrait la matière de l’écriture »[94].
Comme le facétieux réalisateur Alfred Hitchcock, qu’elle admire[95], qui faisait souvent quelques brèves apparitions en caméo dans les films qu’il signait, Amélie Nothomb apparait également dans plusieurs des romans cités, hors genre strictement autobiographique.
La pièce de théâtre Les Combustibles, montée au théâtre Daniel-Sorano à Vincennes en 2008[96], puis au théâtre de Nesle à Paris en 2010, « dans un équilibre entre gravité et cruauté, tempérées par la drôlerie, adresse la place de la littérature et de la culture dans nos sociétés modernes »[97].
Amélie Nothomb a remporté les prix littéraires suivants :
Un arrêté d'Albert II du accorde à Amélie Nothomb la distinction honorifique de commandeur de l'ordre de la Couronne[105],[106].
Par arrêté royal du , Fabienne Claire, dite Amélie Nothomb, se voit concéder le titre personnel de baronne[107],[108],[109],[110], mais, comme elle n'a pas levé ses lettres patentes, cette concession est restée sans effet. Elle est cependant qualifiée de baronne dans l'avis nécrologique annonçant le décès de sa mère[111].
En 2015, Amélie Nothomb est élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Elle a été choisie « à une grande majorité » pour « l'importance de l'œuvre, son originalité et sa cohérence, son rayonnement international », a expliqué Jacques De Decker, le secrétaire perpétuel de l'académie. Elle prend le fauteuil de l'écrivain et sinologue belge Simon Leys dont elle fera l'éloge[112],[113], se sentant « extrêmement honorée de succéder à Simon Leys avec lequel elle a eu des contacts étant très jeune »[114].
En 2005, la romancière entre au Musée Grévin[115].
En 2009, la poste belge édite un timbre à son effigie[116].
En 2011, un géant du Nord est conçu à son effigie, rejoignant ainsi les rares Géants à représenter une personnalité vivante[117].
En 2014, les rosiéristes de la société Georges Delbard créent, en hommage à l'écrivaine, un « rosier Amélie Nothomb », révélé au public[118],[119] lors d'un salon floral organisé en au Jardin des Tuileries à Paris.
Désirant rendre hommage à l'écrivain, l'Union astronomique internationale a nommé (227641) Nothomb un astéroïde découvert le [120],[121].
Le dictionnaire le Petit Robert de la langue française, édition 2016, l'honore par une photo d'elle en couverture (entourée de celles de J. M. G. Le Clézio, Arthur Rimbaud et Marie NDiaye)[122].
En 2024, le poème Améliade écrit par Samuel Uson-Mazaudier dans son premier recueil intitulé Chimères lui est dédié[123].
Dans l'album Ça se traverse et c'est beau de Juliette Gréco, sorti en 2012, rendant hommage aux ponts parisiens, Amélie Nothomb est l'auteur de la chanson Le Pont Juliette pour Juliette Gréco : Le Pont Juliette (texte lu par Guillaume Gallienne (2011)[138],[139].
Entre 2000 et 2002, elle écrit sept textes pour la chanteuse française RoBERT : L'Appel de la succube (2000), À la guerre comme à la guerre, Le Chant des sirènes, Celle qui tue, Nitroglycérine, Requiem pour une sœur perdue, Sorcière (2002)[140]. Elle romance d'ailleurs la vie de la chanteuse dans Robert des noms propres, paru en 2002.
Elle rédige également des préfaces ; notamment pour Mylène Farmer la Part d'ombre, l’Encyclopédie du couvre-chef, la réédition par les éditions des Saints Pères du manuscrit original du livre Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll[141],[142], Les contes de Perrault[143], La Châtelaine du Liban de Pierre Benoit, ainsi que pour les Confessions des lieux disparus de Bessa Myftiu et pour l'ouvrage Marguerite Yourcenar - Portrait intime de Achmy Halley (Flammarion, 2018, (ISBN 978-2-08142-362-6))[144], Friedrich Dürrenmatt (Œuvres complètes T.1), en février 2021 chez Albin Michel (ISBN 978-2226458360).
En 2021, elle co-écrit La Divine Comédie d'Amélie Nothomb : un voyage mythologique des Enfers au Paradis, un documentaire audio co-écrit et réalisé par Laureline Amanieux, dont Amélie Nothomb est le personnage principal, revisitant de grandes mythologies et spiritualités européennes à travers des œuvres d'art ou littéraires emblématiques. Ce podcast de quatre heures est proposé en exclusivité sur la plateforme de Livres Audios Audible[145]. En 2022, elle préface le récit d'Aurora Cornu (éditions Unicité, collection « Éléphant blanc », 2022, (ISBN 978-2-37355-788-6)) ainsi que le livre Secrets de Champagne de Sylvie Schindler (éditions Bulles d'Émotion, 2022, (ISBN 979-8837663208))[146]. Une préface d'Amélie Nothomb introduit le livre Le Fichier mondial des espionnes signé Bruno Fuligni paraissant en novembre 2023 aux éditions Albin Michel. En 2024, elle écrit la préface du premier recueil du poète Samuel Uson-Mazaudier, intitulé Chimères[147],[148].
Elle est également l'autrice de quelques articles pour des revues littéraires[149],[150],[151] et est parfois sollicitée par la presse généraliste[152].
Huit romans d'Amélie Nothomb ont été adaptés sous forme de livres audio, les quatre premiers ont été publiés par les éditions VDB, les suivants par Audiolib :
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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