Montmartre
butte et lieu-dit du nord de Paris, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Montmartre est un quartier du 18e arrondissement de Paris (France) dominé par la basilique du Sacré-Cœur. Depuis le XIXe siècle, il a accueilli de nombreux artistes tels que Picasso ou Modigliani et est devenu le symbole d'une vie rurale et autonome au sein même de la mégapole.
Montmartre | ||
La butte Montmartre dominée par le Sacré‑Cœur. | ||
Administration | ||
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Pays | France | |
Région | Île-de-France | |
Ville | Paris | |
Arrondissement municipal | 18e arrondissement | |
Statut | Ancienne commune (1790-1860) | |
Géographie | ||
Coordonnées | 48° 53′ 10″ nord, 2° 20′ 35″ est | |
Altitude | 130,53 m |
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Localisation | ||
Géolocalisation sur la carte : Paris
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Jusqu'en 1860, Montmartre est une commune du département de la Seine. Cette année-là, en vertu de la loi d'extension de la capitale, la commune est annexée par Paris à l’exception d’une petite partie qui est attribuée à la commune de Saint-Ouen.
La majorité du territoire de l'ancien Montmartre est donc intégré dans ce qui devient le 18e arrondissement de Paris, baptisé « des Buttes-Montmartre » et constitué des quartiers administratifs des Grandes-Carrières, de Clignancourt, de la Goutte-d'Or et de la Chapelle. De même que le quartier du Marais, Montmartre n'a aujourd'hui aucune limite géographique précise : c'est un quartier parisien « historique » et non un « quartier administratif », délimité traditionnellement au nord par la rue Custine, à l'ouest par la rue Caulaincourt, au sud par les boulevards de Clichy et de Rochechouart, et à l'est par la rue de Clignancourt.
Connu pour ses rues étroites et escarpées flanquées de longs escaliers, ce secteur très touristique du nord de Paris abrite le point culminant de la capitale sur la butte Montmartre, une des buttes-témoins gypseuses formées de part et d'autre de la Seine et dénommées les « collines de Paris ». À 130,53 mètres, altitude du sol naturel à l’intérieur du cimetière du Calvaire, il jouxte l’église Saint-Pierre de Montmartre, plus ancienne église du Paris actuel.
Elle est reconnaissable à sa couleur blanche caractéristique qu'elle doit à ses pierres de Château-Landon qui ont la particularité de blanchir au contact de l'eau.
Le funiculaire de Montmartre — un ascenseur incliné — permet l'accès au Sacré-Cœur depuis la place Saint-Pierre, évitant ainsi de gravir l'escalier de la rue Foyatier qui le longe et compte 222 marches avec paliers.
Quatre lignes du métro de Paris sillonnent le quartier :
Les lignes de bus RATP 30, 31, 54, 67, 74, 80, 85, 95 traversent également le secteur[1], ainsi que la ligne 40 (autrefois Montmartrobus), la seule à circuler sur la butte Montmartre.
Enfin, le Petit-train de Montmartre propose également une visite guidée de cette dernière en 14 étapes[2].
Une étymologie de Montmartre veut que ce toponyme (le nom désignant ce lieu) se rattache à un mons Martis — « mont de Mars » — car, à l'époque gallo-romaine, un temple dédié à Mars (dieu de la guerre) jouxtait un temple dédié à Mercure (dieu du commerce) à l'emplacement de l'actuelle église Saint-Pierre[3].
Une autre étymologie serait mons Martyrum, le « mont des Martyrs », une des rues historiques menant à Montmartre s'appelant d'ailleurs « rue des Martyrs » : victime des persécutions antichrétiennes, saint Denis y fut décapité avec deux autres coreligionnaires, Rustique et Éleuthère[5],[6],[7].
Le « mont de Mars » a donc pu être réinterprété vers le IXe siècle en « mont des Martyrs », ou mons Martyrum — martyr venant du latin martus, « témoin[8] » — et ensuite, par dérivation populaire, en mont de « martre », martre signifiant martyr en ancien français[9].
La substitution toponymique de la dénomination païenne par la dénomination chrétienne reste cependant hypothétique et la double étymologie (mont de Mars et mont des Martyrs) est encore actuellement proposée. Il faudrait, « pour pouvoir trancher la question, savoir comment le peuple, dans son langage parlé, appelait cette colline avant le IXe siècle, puisque c'est à cette époque que les documents écrits enregistrèrent le changement de nom »[10].
L'église Saint-Pierre de Montmartre est fondée au VIe siècle, mais elle n'est mentionnée pour la première fois qu'en 850 dans le Liber miraculorum S. Dionysii (Recueil des miracles de saint Denis). Lors du siège de Paris en 885, les Normands pillent le village.
En 1133-1134, le roi Louis VI fonde l'abbaye royale des Dames de Montmartre située en haut de la butte près de l'église Saint-Pierre, « l'abbaye d'en haut »[11].
En 1686, l'abbaye d'en haut est abandonnée au profit de nouveaux bâtiments édifiés à mi pente autour de l'emplacement de l'actuelle rue Yvonne Le Tac, « l'abbaye d'en bas ». Le cloître de l'abbaye d'en haut qui jouxtait l'église Saint-Pierre est détruit et les autres bâtiments utilisés comme granges ou écuries.
Le territoire de la seigneurie de l'abbaye s'étend sur la partie ouest de l'actuel 18e arrondissement, la partie nord du 9e arrondissement et une partie des Batignolles. La limite de la paroisse de Montmartre avec la paroisse de Saint-Eustache était fixée au chemin du Roule à Saint-Lazare, c'est-à-dire à la rue des Porcherons actuelle rue Saint-Lazare, les rues Coquenard et Notre-Dame-de-Lorette, actuelle rue Lamartine et rue d'Enfer, actuelle rue Bleue.
Deux chapelles annexes avaient été fondées, Notre-Dame-de-Lorette avant 1646 pour desservir le quartier des Porcherons et Sainte-Anne en 1656 pour le quartier de la Nouvelle-France. Cette chapelle est à l'origine de l'église Saint-Vincent-de-Paul.
Lors du siège de Paris en 1590, Henri IV fit installer deux batteries d’artillerie : « […] l’une sur Montmartre l’autre sur le haut de Montfaucon vers le Mesnil qui commencèrent à tirer et battre en ruine, vers les rues Saint-Honoré, Saint-Denis et Saint-Martin et les environs »[12].
Au milieu du XVIIIe siècle est fondée la manufacture de porcelaine de Clignancourt, hameau dépendant de Montmartre, à laquelle est notamment destiné l’albâtre issu des carrières de Montmartre[13],[3].
Lors de la formation des communes et des départements français (décret du de l'Assemblée nationale), Montmartre devint une commune du département de la Seine en . Celle-ci se constitua avec difficulté, le mur de l'octroi, ou mur des Fermiers généraux, ayant peu de temps avant coupé l'ancienne paroisse en deux.
Le Haut-Montmartre procéda à l'élection de son propre conseil, qui se déclara favorable à la séparation entérinée le , Paris annexant le Bas-Montmartre (dans l'actuel 9e arrondissement). Son premier maire fut Félix Desportes, un bourgeois originaire de Rouen, qui s'installa place du Tertre en 1788. Il transforma son domicile en mairie et établit solidement cette municipalité jusqu'en . Patriote zélé, il donne les prénoms de Flore Pierrette Montmartre à sa fille née en .
Au cours de la Révolution française, la commune porte provisoirement le nom de « Mont-Marat »[14].
La commune était délimitée par :
La commune était constituée de deux pôles principaux :
En 1840-1845, la construction de l'enceinte de Thiers laisse à l'extérieur de celle-ci une petite partie du territoire de la commune qui sera rattaché à Saint-Ouen en 1860.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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1790 | 1801 | Nicolas Félix Desportes de Blinval | ||
1801 | 1809 | M. Gandin | ||
1810 | 1816 | Pierre Finot | ||
1817 | 1828 | M. Faveret | ||
1829 | 1831 | M. Bazin | ||
1831 | 1842 | Jean-Louis Véron | Maire adjoint de 1809 à 1830 | |
1843 | 1847 | Alexandre Biron | ||
1848 | 1850 | M. Vasse | ||
1851 | 1854 | M. Piémontési | ||
1855 | 1860 | Jean-Baptiste Michel de Trétaigne | Baron, ancien médecin principal des armées de l'Empire, dernier maire de Montmartre, père de Léon Michel de Trétaigne |
Lors de l'extension de Paris du mur des Fermiers généraux à l'enceinte de Thiers, la commune de Montmartre est supprimée par la loi du et son territoire est réparti comme suit[18] :
C'est à Montmartre que se déclenche la Commune de Paris en 1871[20], après la volonté d'Adolphe Thiers et de son gouvernement de récupérer les canons de la Garde nationale qui étaient alors stationnés dans le quartier. Après l'arrestation et l'exécution de deux généraux dont l'un commandant une brigade chargée de les récupérer, plusieurs quartiers, dont celui de Montmartre se révoltent : c'est le début de la Commune qui durera du jusqu'à la Semaine sanglante à la fin du mois de .
Aujourd'hui, en 2024, Montmartre n'a aucune limite géographique précise : de même que le quartier du Marais, c'est un quartier parisien « historique » et non un « quartier administratif ». Il est délimité traditionnellement au nord par la rue Custine, à l'ouest par la rue Caulaincourt, au sud par les boulevards de Clichy et de Rochechouart, et à l'est par la rue de Clignancourt[21].
Image externe | |
Plan du Montmartre actuel[22]. | |
Entre le XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, le Haut-Montmartre de la butte n'est pas un endroit bien famé, contrairement au Bas-Montmartre[23]. Le Haut-Montmartre est appelé le « maquis de Montmartre » sis dans la zone comprise entre les actuelles rues Lepic et Caulaincourt, dont on peut voir un vestige de nos jours aux allures de petit parc tranquille autour du boulodrome ou encore à l'endroit du dit passage de la Sorcière[24]. Ce terrain vague était construit de petits cabanons de bois hétéroclites et insalubres, dans lesquels s’agglomérait une population sans le sou composée d'ouvriers, de paysans déracinés ou d'artistes bohémiens : les rebuts de la société parisienne d'alors[25],[26].
Si par ailleurs, la population de Montmartre est majoritairement composée de vignerons, de laboureurs et de meuniers tenant d'ailleurs cabarets ou guinguettes les dimanches et jours fériés[13], y habitent également les carriers, et les carrières de Montmartre ouvertes où ils travaillent offrent longtemps un refuge aux voleurs et aux vagabonds de la grande ville, jusqu'à ce qu'elles ferment[13].
Au milieu du XIXe siècle, cette population se transforme majoritairement en cabaretiers, propriétaires de guinguettes et de tables d'hôtes, avec une minorité se composant généralement d'employés, d'ouvriers, de petits rentiers chassés par les démolitions haussmanniennes de Paris et attirés par des loyers et certains produits de consommation (sans droits d'octroi à payer) moins chers qu'à Paris[13]. Cette gentrification lui fait gagner en sécurité[13].
Aux XIXe et XXe siècles, Montmartre devient un lieu phare de la peinture, où notamment le Bateau-Lavoir ou la place du Tertre accueillent des artistes comme Camille Pissarro, Henri de Toulouse-Lautrec, Théophile Alexandre Steinlen, Vincent van Gogh, Maurice Utrillo, Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, Carles Casagemas, La Goulue… Plus tard, les artistes peintres abandonnent peu à peu l'endroit, préférant se réunir désormais dans le quartier du Montparnasse situé sur la Rive gauche.
En 1930 cependant, est conçue la cité Montmartre-aux-artistes[27].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune entre 1793 et 1856.
En 1856, la commune comptait 36 450 habitants. La commune en tant qu'entité indépendante disparaît en 1860 lorsqu'elle est annexée par Paris. Pour l'essentiel, l'ancienne commune correspond à la moitié ouest du nouveau 18e arrondissement, mais ils ne se retrouvent pas trait pour trait et une poursuite de l'étude démographique à périmètre constant est difficile à établir[28].
1856 | - | - | - | - | - | - | - | - |
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36 450 | - | - | - | - | - | - | - | - |
La butte Montmartre est une des collines de Paris, des buttes-témoins formées de part et d'autre de la Seine. Ces buttes oligocènes, constituées d'horizons gypseux et de marnes intercalaires du Ludien[30], sont des vestiges de l'ancienne extension de différentes plates-formes résistantes du calcaire grossier du lutétien et de la craie du crétacé, entamées par l'érosion régressive[31].
La colline de Montmartre est célèbre pour abriter :
et trois communautés religieuses :
Dans Le Château de verre, René Clément a tourné plusieurs scènes dans les escaliers et les rues de la butte et parmi les ruines encore présentes en 1950 à la suite des bombardements aériens des forces alliées des 20 et [35],[36].
Dans la dernière séquence de Si Paris nous était conté (1956), Sacha Guitry conduit le spectateur place du Tertre à la rencontre de ses peintres et poètes.
François Truffaut, ayant passé toute son enfance dans les 9e et 18e arrondissements de Paris, a filmé le quartier dans ses célèbres longs métrages Les Quatre Cents Coups (1959), Baisers volés (1968), ainsi que dans Le Dernier Métro (1980). Une grande partie de l'action de ses films se situe à Montmartre.
Le film Minuit à Paris de Woody Allen (2011) s'ouvre sur une succession de plans fixes montrant un Paris où l'on aperçoit plusieurs images de Montmartre : du parvis du Sacré-Cœur au musée de Montmartre, sans oublier le Moulin-Rouge et les rues étroites du quartier.
Le film Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (2001) réalisé par Jean-Pierre Jeunet avec Audrey Tautou dans le rôle-titre, est une représentation originale d'un Montmartre idéalisé et pittoresque. Succès mondial avec plus de trente-deux millions d'entrées (dont neuf millions en France), treize Césars, cinq Oscars, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain attire notamment rue Lepic au Café des 2 Moulins des touristes du monde entier[37].
Dans Paris, je t'aime, un film à sketches français mettant en scène une suite de rencontres amoureuses ayant lieu chacune dans un quartier de Paris différent, le court-métrage de Bruno Podalydès se déroule à Montmartre.
Dans le film Moulin Rouge de Baz Luhrmann (2001), Christian, un jeune poète plein d'espoir (Ewan McGregor) s'installe à Montmartre et y rencontre par hasard Henri de Toulouse-Lautrec (John Leguizamo) qui va le convaincre d'écrire une pièce pour le Moulin-Rouge. En cours de route, il tombera amoureux de Satine, une courtisane jouée par Nicole Kidman.
Le court-métrage Le Rêve des Apaches de Hélie Chomiac (2021) se déroule à Montmartre au début XXe siècle et retrace l'histoire de deux voyous parisiens. On y retrouve entre autres Damien Jouillerot et Cyril Descours dans les rôles titres.
Le quartier et l'histoire de la Commune de Paris sont représentés dans une reconstitution minutieuse des années 1870 et 1880 dans la bande dessinée en deux volets de François Bourgeon Le Sang des cerises[38].
Jacques Tardi a également « montré son goût certain et son talent extrême pour restituer Paris[39] » ainsi que l'attachement qui le lie à la ville dans la presque totalité de ses albums. Il a également mis un soin particulier à réaliser de nombreuses lithographies, sérigraphies, estampes pigmentaires[40], affiches et cartes postales évoquant la capitale[41], dont celle-ci, située a Montmartre, qui met en scène Nestor Burma, le célèbre détective créé par Léo Malet et dont les aventures ont été adaptées en bandes dessinées par Tardi :
Image externe | |
Nestor Burma dans le 18e arrondissement de Paris, estampe pigmentaire en édition limitée[41] | |
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