Théophile Alexandre Steinlen

dessinateur, peintre, graveur, lithographe et sculpteur français (1859-1923) De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Théophile Alexandre Steinlen

Théophile Alexandre Steinlen, né à Lausanne le et mort à Paris (18e arrondissement) le [1], est un artiste anarchiste[2],[3], peintre, graveur, illustrateur, affichiste et sculpteur suisse, naturalisé français en 1901.

Faits en bref Naissance, Décès ...
Théophile Alexandre Steinlen
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Steinlen dans son atelier (1913), photographie de l'agence de presse Meurisse, Paris, Bibliothèque nationale de France.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalités
française (à partir de )
suisse
Formation
Activités
Période d'activité
Autres informations
Mouvement
Maître
Genres artistiques
Œuvres principales
Chat sur un fauteuil, Colette sur un fond de jardin (d), Femme assise dans un canapé (d)
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Signature
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Vue de la sépulture.
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Biographie

Résumé
Contexte

Jeunesse

Théophile Alexandre Steinlen est le fils de Samuel Steinlen, un employé des Postes de Lausanne, lui-même fils de Christian Gottlieb (Théophile) Steinlen (1779-1847), peintre et dessinateur. Originaire d'Allemagne, la famille Steinlen avait été admise à la bourgeoisie de Vevey en 1832. Théophile Alexandre Steinlen étudie la théologie à l'Université de Lausanne pendant deux ans, puis, en 1879, se tourne vers l'art, suivant une formation au dessin d'ornement industriel à Mulhouse, chez Schoenhaupt, avant de s'installer à Paris avec sa femme Émilie en 1881.

Un artiste montmartrois

Logeant depuis 1883 sur la butte Montmartre, Steinlen fait rapidement connaissance avec les personnalités artistiques qui y gravitent. Il entre en relation avec Adolphe Willette, et Antonio de La Gandara avec lesquels il fréquente à partir de 1884 le Chat noir, le cabaret tenu par Rodolphe Salis, devenant notamment l'ami d'Henri de Toulouse-Lautrec. Il y connaît naturellement Aristide Bruant. Il fréquente également le café-restaurant Au Tambourin au 62, boulevard de Clichy[4].

Il expose initialement au Salon des indépendants, en 1893, puis, régulièrement, au Salon des humoristes.

Adversaire de l’injustice, compatissant envers les déshérités, qui alors ne manquaient pas à Montmartre, il dépeint des scènes de la rue, des usines, de la mine, mettant en scène les malheureux de toute espèce, mendiants, ouvriers dans la misère, gamins dépenaillés et prostituées. Ces personnages semblent plus souvent écrasés par leur triste condition que révoltés. Il considère l'espace public comme un lieu de conflits sociaux et est le premier à lui insuffler un esprit cinématographique, comme dans le populaire théâtre d'ombres du Chat noir, où les ombres illustrent la surveillance et le maintien de l'ordre public[5]. Il est par ailleurs le spécialiste des chats, qu’il dessine sans se lasser, dans toute leur fantaisie, joueurs, endormis ou en colère. Il dessine aussi des nus féminins.

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Steinlen pratique de préférence le dessin et le pastel pour dépeindre la vie quotidienne de la rue et ses petits métiers. Le réalisme de ses dessins a inspiré certaines œuvres de Jean Peské, ou les débuts de Pablo Picasso. Il développe également un œuvre gravé, reprenant les mêmes thèmes que ses dessins, ou en y mêlant la politique, comme dans les lithographies par lesquelles il illustre les malheurs de la Belgique et de la Serbie en 1914-1918. Mais ce sont surtout ses affiches qui, comme celle de la Tournée du Chat noir, sont à l’origine de sa popularité. Il pratique aussi la sculpture sur le thème des chats (Chat angora assis[6]). Il illustre également des ouvrages littéraires, comme la refonte en 1903 des Soliloques du Pauvre de Jehan Rictus, et collabore à divers journaux humoristiques tels que Gil Blas illustré, L'Assiette au Beurre (dès le no 1), Le Rire et Les Hommes d'aujourd'hui, puis Les Humoristes, qu’il fonde en 1911 avec Jean-Louis Forain et Charles Léandre.

Steinlen est inhumé au cimetière Saint-Vincent à Paris.

Engagements libertaires

En 1883, il réalise un dessin, intitulé Allons, chante, barbare, pour illustrer la pièce, Le Rêve d'un Viveur, de Jean-Louis Dubut de Laforest, il est publié dans le recueil de la pièce[7]. En 1897, il devient le principal illustrateur de La Feuille de Zo d’Axa et s'engage durant l’affaire Dreyfus en dénonçant les machinations militaires et les mensonges de l’état-major, renvoyant dos à dos la justice et l'armée[8].

La même année, il se lie d’amitié avec Jean Grave, et quand ce dernier lance Les Temps nouveaux en 1902, il est parmi ses illustrateurs, comme Maximilien Luce, Jules Grandjouan, Félix Vallotton, Paul Signac et Camille Pissarro. Il fournit également en soutien des estampes pour des tombolas ou pour des ventes au profit des Temps nouveaux auxquels il participe jusqu’à la Première Guerre mondiale et à la reprise jusqu’en 1920. Il fait des portraits de Jean Grave (gouache et estampe), illustre de nombreux livres et brochures liés au mouvement anarchiste ainsi que Guerre et militarisme de Jean Grave (1909), L’État, son rôle historique de Pierre Kropotkine, La Question sociale de Sébastien Faure ou encore Évolution et Révolution d’Élisée Reclus. Entre 1901 et 1912, il dessine dans l’Assiette au beurre où il dénonce les iniquités sociales et affirme ses aspirations et sa démarche libertaires[8].

En 1901, Samuel-Sigismond Schwarz fait appel à ses talents pour illustrer la première couverture de L'Assiette au beurre. Schwarz n'avait publié jusqu'alors que des magazines plutôt légers ; Steinlen était très au fait de ce qui se passait dans le monde de la presse engagée en Europe, il était un ami d'Albert Langen, le fondateur de la revue satirique allemande Simplicissimus, un éditeur militant qui fut rapidement condamné par le pouvoir impérial, et qui s'était inspiré en 1896 du Gil Blas illustré.

En 1902, Steinlen milite pour la constitution d’un syndicat des artistes peintres et dessinateurs dont il prononce le discours d’adhésion à la Confédération générale du travail en . En 1904, il adhère à la Société des dessinateurs et humoristes dont, en 1911, il est un des présidents d’honneur. En 1905, il adhère ainsi que Charles Andler, Séverine ou encore Octave Mirbeau, à la « Société des amis du peuple russe et des peuples annexés » dont le président est Anatole France. En 1907, il figure parmi un comité constitué pour ériger une statue à Louise Michel. Il est également signataire de diverses pétitions, contre la condamnation à mort du cordonnier Jean-Jacques Liabeuf en 1910[8].

Théophile Alexandre Steinlen a cinquante-cinq ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Trop âgé pour être mobilisé, il se rend toutefois deux fois au front en mai puis juillet 1915 sur des initiatives personnelles. Sous son crayon est dépeint le quotidien des soldats.

En 1917, il est officiellement missionné par la Mission Artistique aux Armées qui chargea les artistes de rapporter des œuvres graphiques du front[9]. Il se concentre tout particulièrement, dans ses dessins, sur la misère dans laquelle étaient plongés les soldats (faim et froid dans les tranchées) et sur l’exode des civils français (représentés sur les routes ou devant leur maison en ruines)[10].

Hommage

Un monument en pierre et en bronze, dit Fontaine Steinlen, dû au sculpteur Paul Vannier[11],[12], a été érigé en sa mémoire dans le square Joël-Le Tac (18e arrondissement de Paris), qui fut aménagé en cette occasion en 1935. Dans le même arrondissement, une rue porte son nom.

Le monument comporte au sommet un couple populaire s'embrassant, qui surmonte deux bas-reliefs de bronze représentant d'un côté une scène de rue avec des gens humbles et une marchande des " quatre saisons " et de l'autre des ouvriers au travail.

Pendant l'occupation de Paris par les allemands, les bronzes des bas-reliefs avaient été fondus. C'est seulement en 1962 que le crédit nécessaire est réuni pour confier à l'architecte André Vincent Becquerel le projet d'exécuter de nouvelles fontes des bas-reliefs et de les réinstaller, tels qu'ils sont aujourd'hui.

Sa fille Colette épouse Roger Désormières (1898-1963), chef d'orchestre.

Œuvres

Peinture

  • Chat sur un coussin.
  • La rentrée des ouvrières, Paris, musée d'Orsay
  • Femme au corsage blanc, 1900, Musée Toulouse-Lautrec
  • Les Éléments. Formes et couleurs, 1900.
  • L'Application à la décoration des brodeuses au métier et à l'aiguille, 1900.
  • Fête de nuit, 1900.
  • Poilu, 1917, Paris, musée d'Orsay
  • Café à Léon, 1921, collection privée.
  • Belmont-sur-Lausanne, 1923.
  • Couple d’amoureux.
  • La Détente.
  • La belle Rousse.
  • L'Assiette au beurre.

Dessin

  • L’Omnibus..
  • Le Flâneur[13]
  • Le chemineau à la besace
  • Retraité allumant sa pipe
  • Anatole France.
  • Jeune femme au buste découvert.
  • Les Bouquetières.
  • Chemin creux à Courdimanche.
  • Le Violoniste.
  • Personnages au turban bleu.
  • Études de femmes debout.
  • Couple d'amoureux près des anciennes fortifications de Paris communément appelées “les fortifs”, fusain, 45 × 62 cm, Gray, musée Baron-Martin.
  • Intérieur du cabaret Le Mirliton; Crayon sur Papier

Lithographie et gravure

  • Les deux Chats.
  • Tournée du Chat noir, 1896, lithographie en couleurs.
  • Clinique Chéron, 1905, lithographie en couleurs et affiche.
  • L'enfant serbe, Arlon, Musée Gaspar-Collection de l'Institut Archéologique du Luxembourg.
  • La classe 17, , Arlon, Musée Gaspar-Collection de l'Institut Archéologique du Luxembourg.
  • Bal de barrière, 1898, lithographie sur papier, Gray, musée Baron-Martin.

Affiches

Illustrations

Sculptures

  • Le Chat assis, bronze à patine verte monté sur socle en marbre noir, 12 × 5 × 7 cm, dépôt du musée des Arts Décoratifs, Gray, musée Baron-Martin.

Œuvres dans les collections publiques

France

Belgique

  • Arlon, Musée Gaspar-Collection de l'Institut Archéologiques du Luxembourg, lithographies[16].

Suisse

Norvège

  • Stiftelsen Lillehammer museum :
    • Nedre Langseth à Follebu ;
    • Jeune fille sur un banc de jardin entouré des fleurs ;
    • Palette

Expositions

Notes et références

Annexes

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