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peintre français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pierre François Claude Jean Aujame, dit Jean Aujame, né le à Aubusson (Creuse)[1] et mort dans un accident de la route le à Chemilly (Allier), est un peintre et lithographe français.
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Paris (- |
Distinction |
Prix Hallmark, Prix de la Fondation Singer-Polignac, Chevalier de la Légion d'honneur |
Jean Aujame est né le à Aubusson[2] du mariage du magistrat François Pierre Paul Aujame (1864-?) et de Clémence Pouilly (1871-?)[3]. il est d'ascendance paternelle bourbonnaise : son grand-père, l'industriel Pierre-François Aujame fut maire de Commentry et député de l'Allier.
Il fait une partie de ses études au lycée Michelet à Vanves. Puis, de 1922 à 1923, il fréquente l'école des beaux-arts de Rouen[4], ville où son père est président du tribunal. En 1923, il crée la Société des artistes normands. Il effectue son service militaire à Alger, au 9e régiment de zouaves, entre 1927 et 1929, puis il s'installe en 1930 à Paris où il rencontre Yvonne Guichard qui deviendra son épouse. Ses voyages aux Pays-Bas en 1932, en Espagne et au Portugal en 1933-1934, lui offrent d'approcher et d'admirer les œuvres de Rembrandt, Diego Vélasquez, Francisco de Goya et Francisco de Zurbarán[5].
Il est l'ami d'Élie Faure, qui l'influence[6] et de René Huyghe, qui fut son condisciple au lycée Michelet.
L'année 1931, à Paris, est celle de sa première participation au Salon des indépendants, avec d'autres « nouveaux » qui sont Edmond Daynes, Ferdinand Desnos, Roger Limouse, Bernard Lorjou, Árpád Szenes et Maria Elena Vieira da Silva[7], celle aussi où la galerie Drouant accueille sa première exposition personnelle - « Enfin voici un jeune, un vrai, et qui est déjà plus qu'une promesse. Son œuvre réussie affirme l'enthousiasme d'une incandescente jeunesse qui promet d'être suivie d'une maturité radieuse » s'y enchante le visiteur Germain Bazin[8] - avant qu'il n'expose à la galerie Zborowski où, en 1932, c'est encore Germain Bazin qui pressent en lui l'un des meilleurs dessinateurs du moment[9].
Jean Aujame ressent déjà à cette époque, comprend pour sa part Jean-Pierre Delarge, « le goût du symbolisme, dans ces Hommes volants de 1931, par exemple, dont les branches d'arbres anthropomorphes sont balayées par le vent. Le réalisme académique du milieu des années 1920, inspiré par l'Italie du cinquecento, l'influence »[10]. Michel Florisoone, en 1938, observe dans la fresque murale Jeux et rêves peinte par l'artiste pour le Lycée de jeunes filles (aujourd'hui Lycée Watteau) de Valenciennes qu'« un peintre qui a choisi, comme Roger Chapelain-Midy a choisi la monumentalité classique, c'est Aujame, mais il a opté pour le baroque. On pourrait dire que si Chapelain-Midy monumentalise la vie, Aujame vivifie le monumental ; il en profite, bien entendu et c'est légitime, pour se créer une réalité personnelle, donc une poésie particulière et des éléments décoratifs qui ne valent que pour lui. La loi décorative qu'il adopte n'est pas celle des plans ou celle de la géométrie, c'est celle qui est dictée par l'arabesque, sa continuité, ses oppositions, ses bondissements ou ses reprises ; ce n'est pas celle qui meuble le mur, le décore ou le lie à l'architecture, c'est celle qui l'anime à l'intérieur d'une architecture, qui le transforme en écran pour l'apparition de la poésie »[11].
En 1939, Jean Aujame est fait prisonnier comme aspirant, d'abord à Nuremberg, ensuite au Stalag I-A, près de Stablack en province de Prusse-Orientale où il a pour compagnons de captivité Jean Rudel et Christian Frain de la Gaulayrie dont il restera les amis. Il écrira en 1950 une courte introduction à l'ouvrage de ce dernier Technique de la peinture (citons : « l'art dépend d'une vision... Mais l'obstacle de la matière force cette vision vague à se formuler, donc à se condenser en un signe reconnaissable, du moins fascinant. »)[12], puis peindra une fresque murale en 1953 dans sa résidence de Saint-Germain-en-Laye[13]. Avant cela, il devient membre du comité directeur du Front national des arts avec André Fougeron, Édouard Goerg, Jean Lurçat et Édouard Pignon[5] et son envoi au Salon d'automne de 1944 est salué par René Huyghe et Jean Rudel « parmi les œuvres marquantes d'artistes promis à la gloire, avec celles de Jean Bazaine, Antoni Clavé, Jacques Despierre, Léon Gischia, Jean Le Moal, Alfred Manessier, André Marchand, Mario Prassinos et Gustave Singier »[14].
L'exposition de 1951 à la galerie de Berri, intitulée Les eaux noires et qui lui vaut de recevoir le Prix de la Fondation Singer-Polignac, marque la rupture entre sa première manière fauve et cette seconde où « il semble avoir découvert, à la surface des eaux sombres de l'Auvergne, ce mystère qui va devenir l'un des fondements de son œuvre. Peintre des fantasmes de la forêt; il retrouve d'instinct les légendes oubliées et s'en imprègne au point de ne plus voir le monde qu'à travers ce prisme »[15]. L'historien d'art Jean Fouace confirme : « c'est au contact de l'Auvergne, terre de ses ancêtres, qu'Aujame élabore petit à petit sa propre inspiration. Marqué par Gaston Bachelard et la pensée de Pierre Teilhard de Chardin, il réussit à transposer l'homme dans un univers irréel à partir d'éléments naturels. Par cette figuration raccourcie de la chaîne évolutive de l'humanité, Jean Aujame traduit de manière intellectuelle et figurative un monde abstrait »[16]. L'artiste se dit alors « animiste », restitue encore Jean-Pierre Delarge, « soit, si cela veut dire que l'on affectionne la mythologie, l'allégorie, le symbolisme »[10]. René Huyghe et Jean Rudel analysent pour leur part qu'« Aujame, terriblement solitaire, trouvant prétexte dans les paysages d'Auvergne à une nouvelle mythologie où s'évoque un vieux fonds celtique, est peut-être le plus proche de ce que fut la démarche d'un Paul Gauguin, tout en n'étant pas insensible à l'incantation d'un Max Ernst »[14].
En partage avec un appartement de la cité Montmartre-aux-artistes du 189, rue Ordener dans le 18e arrondissement de Paris[17], Jean Aujame réside de 1949 à 1965 à Sauvagnat-Sainte-Marthe en Auvergne, village qu'il avait déjà fait connaître à de nombreux amis peintres dont certains s'y étaient réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale[18] et qui firent que l'on put parler un temps de petite « école de Sauvagnat »[6]. Yves Brayer y séjourne avec son épouse Hermione, et cette dernière se souviendra : « au cours de l'été 1949, nous répondons avec joie à l'invitation de Jean Aujame et allons le retrouver en Auvergne où il a trouvé sa source d'inspiration. Demeure bourgeoise du début du siècle, assez délabrée, elle possède une large terrasse et, de l'autre côté, semble accolée à la montagne. Comme dans les tableaux de Chagall, on voit les vaches brouter au-dessus du toit »[19].
Jean Aujame dirige un atelier à l'Académie de la Grande Chaumière à Paris de 1954 à 1965, ayant pour massier l’artiste peintre sarrois Alex Kuhn[20] et pour massière l'artiste peintre Aude Sylve. En 1959, il est nommé professeur à l'École nationale supérieure des beaux-arts[4].
Son inclination pour la très grande vitesse au volant emporte accidentellement sur la RN 9 Jean Aujame à l'âge de 60 ans[21]. Rattaché historiquement à l'École de Paris[5], il demeure en réalité « relié non pas à une école définie, mais à une obsession de notre temps, celle de la Nature devenue Cosmos »[14]. On retient cependant en lui non seulement le peintre, mais aussi le militant qui, tout au long de sa vie, n'aura eu de cesse de « lutter pour la diffusion de l'art et pour une juste amélioration de la situation de l'artiste, militant, après avoir été l'un des pionniers des Maisons de la culture, au sein de l'Association de défense des arts graphiques et plastiques »[15].
Jean Aujame repose au cimetière de Sauvagnat-Sainte-Marthe.
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