Paul Charlemagne

peintre et dessinateur français (1892-1972) De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Paul Charlemagne, né au 145 rue de Villiers dans le 17e arrondissement de Paris le et mort dans le 14e arrondissement de Paris le [1], est un peintre et dessinateur français. Il fut également décorateur de théâtre, illustrateur, affichiste lithographe et céramiste.

Faits en bref Naissance, Décès ...
Paul Charlemagne
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Paul Auguste Charlemagne
Nationalité
Activités
Père
Hippolyte Charlemagne (1856-1906)
Parentèle
Auguste Charlemagne (1822-1885)
Autres informations
Mouvement
néo-réaliste, École de Paris
Maître
Jacques Jobbé-Duval, Adolphe Barnoin, Charles Guérin
Distinction
Fermer

Biographie

Résumé
Contexte

Contexte familial

Thumb
Hippolyte Charlemagne, Siège de Tuyên Quang, toile, 1885

Peintre de genre et de fleurs, également aquarelliste, Paul Charlemagne est l'aîné des trois enfants nés du mariage d'Hippolyte Charlemagne (1856-1906) - peintre de batailles et de portraits natif de Toulouse et élève d'Alexandre Cabanel[2] - et de Marthe Isabelle Sandélis, d'origine bourguignonne. Son grand-père paternel est le peintre verrier Auguste Charlemagne (1822-1885), installé au 38, boulevard d'Arcole à Toulouse[3] et dont sont conservés, entre autres, les vitraux des églises Saint-Pierre de Fougerolles (Indre)[4], Saint-Sulpice de Lingé (Indre)[5], Saint-Chartier de Saint-Chartier (Indre)[6],[7], Saint-Loup de Rillé (Indre-et-Loire)[8], de la collégiale Saint-Martin de Lorgues (Var)[9] : Patrick Descamps souligne que Paul Charlemagne semblera se souvenir de cette ascendance dans son habileté de coloriste[10].

Peu après sa naissance, la famille quitte le 17e arrondissement pour s'installer au 29bis, boulevard Saint-Jacques, s'y partageant bientôt avec une résidence secondaire à Marcq (Yvelines) à laquelle l'artiste demeurera attaché toute sa vie[10].

Enseignements et apprentissage, puis la guerre…

Thumb
École Lavoisier, Paris
Thumb
Marcel Jambon
Thumb
Charles Guérin

Parallèlement à sa scolarité à l'école primaire du boulevard Arago, puis à l'école Lavoisier[11], il doit naturellement sa toute jeune formation artistique à son père avant qu'il ne devienne par nécessité, après le décès brutal de celui-ci qui plonge la famille dans la précarité financière, l'apprenti de Marcel Jambon (1848-1908), peintre décorateur pour l'Opéra-comique, la Comédie-Française et plusieurs théâtres[12].

Au terme de cet apprentissage de trois années qu'il complète par les enseignements de Jacques Jobbé-Duval (1854-1942) et d'Adolphe Barnoin (1853-?) aux cours du soir de l'École supérieure de dessin de Montparnasse, puis ceux de Charles Guérin (1874-1937) à l'Académie de la Grande Chaumière, il exerce le métier d'ouvrier en décor - en particulier chez Eugène Ronsin (1874-1937) - pendant dix années[11] que viennent interrompre sa mobilisation pendant toute la Première Guerre mondiale[13] : ce sont successivement le 82e régiment d'infanterie, le 79e régiment d'infanterie et le 1er régiment de chasseurs qui le mènent de Montargis à la Flandre (notamment à Bergues où l'on se souviendra de lui avec une rétrospective au musée du Mont-de-Piété en 2022), de la Marne à la Somme[10].

L'après-guerre : la peinture, les arts décoratifs

Thumb
Paul Poiret

Blessé trois fois - Son frère cadet Raoul est tué dans la bataille de la Somme en 1916 et sa mère meurt en 1917 -, il est démobilisé en août 1919 et retrouve Eugène Ronsin chez qui il demeurera en tant qu'associé jusqu'en 1924, participant aux décorations des Folies Bergère, du Casino de Paris, du Théâtre Marigny et du théâtre de l'Oasis, théâtre de verdure aménagé au 26, avenue Victor-Emmanuel III dans le jardin de l'hôtel particulier du couturier Paul Poiret, se liant d'amitié avec ce dernier et rencontrant auprès de lui Agnès Jallet qui deviendra son épouse et lui donnera deux enfants, Françoise en 1927 et Alain en 1932[10].

Thumb
Manufacture nationale de Sèvres
Thumb
École nationale supérieure des arts décoratifs, Paris

Peignant ses premières toiles - « des natures mortes et des paysages marqués par l'art d'André Dunoyer de Segonzac »[10] - en sa résidence de Marcq, Paul Charlemagne, qui confie « une admiration sans bornes pour Eugène Delacroix »[11], va devenir un habitué du Salon d'Automne et du Salon des Indépendants dont les catalogues le diront successivement domicilié au 14, rue Pascal[14] et au 1, square Grangé à Paris[15], Il est perçu par François Fosca, dès son premier envoi au Salon d'Automne en 1923, comme « un élève avoué de Segonzac, mais un élève qui fait honneur au maître »[16], puis par Louis Vauxcelles, dès son exposition personnelle de 1928 à la Galerie J. Allard, comme « l'un des jeunes peintres les plus justement en vue de sa génération »[17], avec des œuvres que caractérise, diront pour leur part René Huyghe et Jean Rudel, « un puissant réalisme où paraît parfois poindre une abstraction »[18].

Paul Charlemagne crée pour les scènes parisiennes des décors et des costumes avec, observe Georges Turpin, « un grand sens de la décoration théâtrale » [19] et lui est également confiée en 1936, en même temps qu'à Raoul Dufy, Othon Friesz et Henry de Waroquier, la décoration murale du bar du Théâtre national de Chaillot[20] . Il travaille pour la Manufacture nationale de Sèvres en dessinant, entre 1934 et 1960, près de deux cents modèles de décorations[21], l'établissement citant parmi ses plus prestigieuses conceptions le service et son décor dits « Service Uni » créés en 1954 pour l'ambassade de France à Pékin[22]. Il collabore également avec la maison Jansen de 1935 à 1951, avec la maison de soierie lyonnaise Bianchini-Férier de 1939 à 1954, puis avec l'architecte Henry Jacques Le Même, de 1949 à 1954, réalisant notamment auprès de ce dernier des peintures intérieures pour le chalet Le Cairn à Megève, édifice labellisé « Architecture contemporaine »[23],[24]. Il est professeur à l'École nationale supérieure des arts décoratifs de 1943 à 1962[10].

Œuvres (sélection)

Décors de scène

Illustrations

Expositions

Expositions personnelles

Thumb
Musée du Mont-de-Piété de Bergues
  • Galerie J. Allard, 20, rue des Capucines, Paris, juin 1927[28], novembre 1928 (portraits, vues de l'Orne et des fleurs diverses)[17],[29], 1931, mai-juin 1932[30], novembre-décembre 1933[31],[32], novembre-décembre 1934[33], mars 1935[34], 1936, janvier 1937[19], novembre 1938 (Paul Charlemagne - Peintures, projets exécutés pour Sèvres, costumes et décors de théâtre, illustrations et décoration)[35].
  • Paul Charlemagne - Gouaches, Galerie Girard, 119, boulevard Raspail, Paris, mars 1934[36],[10].
  • Galerie Decré, Nantes, mai-juin 1942, octobre-novembre 1954[37], février 1970[10].
  • Galerie Drouant-David, Paris, février-mars 1944[38].
  • Galerie Barde, Paris, novembre-décembre 1945[10].
  • Galerie Couleur du temps, Paris, novembre 51, novembre 1955 (Peintures et projets exécutés sur porcelaine pour la Manufacture nationale de Sèvres)[10].
  • Galerie Drouant, Paris, janvier-février 1966[39].
  • Pierre Charlemagne - Le spectacle, Galerie de la Tournelle, Paris, juin 1967[10].
  • Paul Charlemagne (1892-1972) - L'œuvre au noir, rétrospective, Musée du Mont-de-Piété de Bergues, mai-octobre 2022[13].

Expositions collectives (sélection)

Thumb
Casino de Trouville-sur-Mer, 1930
Thumb
Petit Palais, Paris, 1936
Thumb
Exposition Universelle de 1937, le palais de Chaillot
Thumb
Salon d'Automne, affiche, 1937
Thumb
French Cancan de Tabarin hier et aujourd'hui, affiche, 1939
Thumb
Musée Galliera, Paris, 1948, 1962
Thumb
Musée San Telmo, Saint-Sébastien (Espagne), 1965

Réception critique

  • « Paul Charlemagne, un coloriste, qui s'exprime en pleine pâte et même avec quelque brutalité dans ses nus mais dont les fleurs ardentes et les sombres marines promettent vigoureusement un beau peintre. » - Raymond Bouyer[28]
Thumb
Louis Vauxcelles
  • « Paul Charlemagne s'est constitué une palette où dominent les tons puissants, générateurs d'harmonies sombres et chaleureuses ; ses noirs sont d'une profondeur veloutée, ses blancs éclatants, et la gamme de ses pourpres vineux, de ses indigos, de ses verts céruléens, de ses orangés, évoque plutôt le souvenir et la tradition d'Eugène Delacroix, Alfred Dehodencq, Franck Brangwyn que celle des pleinairistes de Giverny et d'Éragny… Il est robuste sans pesanteur ; l'énergie en ses figures n'exclut jamais la subtilité ou la délicatesse. Et le sentiment de ce coloris, grave et sonore, convient excellemment à la nature de son esprit ; il y a chez Charlemagne une âpreté, un besoin de grandeur, une amertume romantique, disons baudelairienne, que ces tonalités pathétiques expriment à merveille. » - Louis Vauxcelles[17]
  • « Hors de pair, il convient de mettre la grande page aux sonorités raffinées et sauvages, aux sombres raucités, où Paul Charlemagne a fixé la double effigie, nue, des Deux amies : œuvre d'inspiration baudelairienne, dont la facture hardie, cet accord tragique de bleus vifs et de bruns, la présentation singulière, le sûr et savant dessin expriment avec force l'originalité. Il y a là un peintre. Paul Charlemagne en fournit un nouvel et non moins vigoureux témoignage en composant, avec des brochures vues en plan, une grande nature morte où les tons s'orchestrent avec autant d'audace que de bonheur. » - Guillaume Janneau[49]
  • « Peut-être est-il peu d'artistes qui frémissent autant que lui au spectacle de la couleur vive et particulièrement du rouge ardent ; il se complaîr aux bariolages des images d'Épinal éparses sur un plancher, à la violence d'une fleur de géranium incendiant un bric-à-brac d'objets dans un hangar et peu de peintres, aussi violemment que lui, ont fait pénétrer une lumière crue dans une chambre jusqu'alors close… Ses tableaux ne représentent le monde extérieur que dans la mesure où le monde extérieur, comme disait Fichte, n'est que notre moi projeté au dehors et rendu plus dense. » - Charles Chassé[11]
  • « Cet artiste est un des plus authentiques peintres de sa génération. La personnalité est débordante. Le dynamisme et la puissance de son art éclatent aux yeux les moins avertis. La truculence de sa palette lui permet souvent de transposer sur le mode lyrique de véritables tranches de vie. On lui doit des portraits de filles de la plus haute sonorité picturale et d'un réalisme qui approche de la cruauté. La Figurante[50] est un frappant exemple de ce vérisme au vitriol que font pardonner les plus grands dons de coloriste… Il semble brasser la pâte avec un enthousiasme et une fougue qu'aucune difficulté ne peut arrêter… Un artiste dont le tempérament s'exprime avec un lyrisme qui brise sans repentir les vieilles formules. » - Georges Turpin[31]
Thumb
André Warnod
Thumb
Gaston Derys
  • « Les gouaches de Charlemagne ont une âme et dans cette âme se cache une lumière. » - Charles Fegdal[51]
  • « La peinture de Charlemagne n'est pas réaliste lorsqu'il décrit les bas quartiers. Le seul titre d'une de ses compositions en dit bien le caractère : Fleurs vénéneuses surgies de l'ombre, ce sont en effet des filles-fleurs de cauchemars, fleurs maladives et malsaines, chairs vertes ou blafardes ou livides, carcasses dégingandées ou monstres obèses, chairs nues dans l'écart des dentelles ou des lingeries vulgaires, affreux et émouvant cortège. Une autre gouache : Le Promeneur solitaire, promenade tragique et hallucinée dans une rue chaude, coup de lumière, trous d'ombre, formes suggérées, entrevues ou brutalement étalées, cruellement crucifiées ; la silhouette massive de l'homme s'en va dans cet enfer. D'autres gouaches traitent d'autres thèmes : acrobates, sportifs, personnages rococo de 1900. Une noce d'un burlesque touchant. Mais ce qu'il faut noter, c'est que toutes ces gouaches sont d'un peintre qui sait orchestrer magnifiquement la gamme des couleurs et cette sûreté de moyens donne plus de force à ce qu'il y a de littéraire dans ses peintures de filles. » - André Warnod[36]
  • « J'apprécie la vigueur et l'âpreté de Paul Charlemagne, cette solide peinture où des tons pathétiques s'opposent et chantent comme les noirs et blancs d'une eau-forte. » - Gaston Derys[52]
  • « Paul Charlemagne, peintre authentique, ardent, inquiet, à la pâte magnifique, à la truculence sombre et au réalisme fort. » - Michel Florisoone[45]
  • « La roue tourne : où sont les enchères élevées des années 1940 ? Nous les reverrons peut-être : sa facture expressionniste, sa pâte chargée, ne répondent pas au goût des amateurs actuels, mais il n'est pas impossible que la génération montante les apprécie dans quelques années. Décorateur de théâtre, illustrateur, affichiste, céramiste, ce peintre dont les premiers travaux furent couronnés par le prix Blumenthal connut une grande vogue entre 1935 et 1955. » - Gérald Schurr[53]
  • « On disait de sa facture qu'elle était d'un accent moderne. En effet, la touche est énergique et grasse, à l'inverse de la facture minutieuse et lisée de l'académisme. » - Dictionnaire Bénézit[54]
  • « Une modernité tempérée nous dit le catalogue de sa première rétrospective au Musée du Mont-de-Piété de Bergues. Et, de fait, sa carrière traverse un XXe siècle empreint de renouveau formel, dont on retrouve un certain nombre d'influences dans son corpus. Cette peinture sage par endroits, ailleurs plus audacieuse, porte en elle l'enseignement classique et néo-réaliste des cours du soir suivis à l'école supérieure de dessin à Montparnasse, mais aussi quelques accents cubistes, voire constructivistes et une certaine influence impressionniste dans certains paysages. De celui qui fut peintre, décorateur, qui travailla aussi le textile et créa des modèles pour Sèvres, on retient particulièrement ses figures parisiennes aux accents affriolants. Ces scènes à la plume et à l'encre noire se déroulent à la tombée de la nuit, et les réverbères, femmes dénudées et autres accoutrements aguicheurs ont quelque chose d'un Paris bohème, l'inscrivant dans une génération allant de Lautrec à Kees Van Dongen. » - Emma Noyant[55]

Collections publiques

Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud

Drapeau de l'Algérie Algérie

France

Drapeau de la Hongrie Hongrie

  • Ambassade de France à Budapest, Paysage, gouache 68x50cm, vers 1934 (dépôt du Centre national des arts plastiques)[71].

Drapeau des Pays-Bas Pays Bas

Collections privées

Prix et distinctions

Notes et références

Annexes

Wikiwand - on

Seamless Wikipedia browsing. On steroids.