Arrivé à Paris en 1919, Gustave Singier suit de 1923 à 1926 les cours de l'École Boulle, travaille de 1927 à 1939 comme dessinateur dans une société d'agencement de magasins, et se tourne vers la peinture. En 1936, Singier rencontre Charles Walch qui le met en contact avec le monde artistique et il commence d'exposer dans des Salons. En 1939, il fait la connaissance de son voisin, Alfred Manessier, de ses amis Elvire Jan et Jean Le Moal. Mobilisé l'année suivante dans l'armée belge, il est envoyé à Bagnols-sur-Cèze après l'invasion de la Belgique. De 1941 à 1944, il travaille dans l'atelier d'ébénisterie de son père.
En 1945, il expose au Salon de Mai dont il est avec ses amis l'un des fondateurs. Il est naturalisé Français en 1947 et se lie d'amitié avec le poète Jean Lescure. La galerie Billiet-Caputo réalise en 1949 sa première exposition personnelle à Paris, la galerie de France de Myriam Prévot et Gildo Caputo présente ensuite régulièrement son travail.
Singier a réalisé de nombreux cartons de tapisseries et des vitraux, des mosaïques, des costumes et décors (notamment pour le TNP de Jean Vilar et l'Opéra de Paris). Il a illustré de ses gravures ou lithographies plusieurs livres.
Singier fait partie des peintres réunis pour l'exposition L'envolée lyrique, Paris 1945-1956 présentée au musée du Luxembourg (Sénat), d'avril à (Sans titre, 1952)[4].
Livre illustré
Camille Bourniquel, Quatrains, texte et illustrations gravés au burin, 1947.
André Frédérique, Le Traité des Appareils, avec six lithographies, Paris, Édition Galerie de France, 1955.
Robert Marteau, Sibylles, 21 dessins, Paris, Édition Galanis, 1970.
Julien Gracq, Un balcon en forêt, présentation de Jean Lescure, 21 lithographies de Singier, Société de bibliophiles Beaux livres grands amis de Nancy et Bibliophiles de Provence, 1973.
1960: décors et costumes pour Turcaret de Lesage, TNP; décors et costumes pour Antigone de Sophocle, TNP; décors et costumes pour L'heureux stratagème de Marivaux, TNP.
1962: décors et costumes pour Pelléas et Mélisande de Debussy et Maeterlinck, Musée des Beaux-Arts, Bruxelles.
1967: décors et costumes pour Hyppolyte et Hyacinthe de Mozart, Festival du Marais, Paris; décors et costumes pour Pimpinone de Telemann, opéra-bouffe, Festival du Marais, Paris.
1968: peinture murale pour Aquathème, ballet, Ballet Théâtre contemporain d'Amiens.
1971: costumes pour le Combat de Tancrède et Clorinde de Monteverdi, chorégraphie de Norbert Schmouki, Festival de Provins; costumes pour Trois Gymnopédies d'Éric Satie et pour Symphonie en trois mouvements de Stravinsky.
1969: peinture murale (polyuréthane sur béton) pour l'École des arts décoratifs d'Aubusson (60 m2); peinture murale (polyuréthane sur béton gravé) pour le lycée Carriat de Bourg-en-Bresse (250 m2).
«Depuis 1952, sa palette s'est éclaircie. Ses fonds étaient alors dans les tons bleu sombre. Beaucoup de toiles de 1955 ont, au contraire, des fonds clairs, blanc bleuté ou teintés de vert, sur lesquels se détachent des lignes noires et des taches de couleurs assez violentes. Très musicien, Singier a peint parfois des tableaux - comme La harpe éolienne - où il a cherché à traduire des émotions musicales. Il pense que, pour aimer ses œuvres, il faut se mettre dans le même état de disponibilité d'esprit qui convient à l'audition d'une musique.» - Revue Connaissance des arts[6]
«La peinture de Gustave Singier est étroitement, complètement, la peinture de notre temps. Elle élargit le champ de vision jusqu'à la vision elle-même. Il n'y reste pas une excroissance humaine ou résultant de l'industrie humaine. On n'était pas encore allé aussi loin dans l'animation de l'absence humaine: on n'avait pas encore affirmé aussi fortement l'homme de ce temps, sa condition nouvelle, sa nouvelle mort-néant, son nouvel espace, son univers aux dimensions inconnues, son univers en expansion ou en respiration.» - Georges Charbonnier[12]
«En renonçant à reproduire les objets identifiables, mais dont l'aspect est changeant – comme la montagne de Provence dont le contour lui échappait, quoi qu'il fît – ou qui sont si vastes qu'on ne saurait les représenter entièrement, Singier n'offense plus la vérité. D'autre part, comme le tableau qui ne représente rien de précis peut tout représenter, comme il devient alors une image du monde qui, semblable à la montagne provençale, propose un spectacle toujours renouvelé mais toujours fuyant, Singier découvre que la seule chose qui soit constante, dans le monde comme dans le tableau, c'est l'attention que l'homme lui porte. Il s'agit donc, pour le peintre, de rendre le spectateur conscient de son attention. Pour y parvenir, il établit, dans le tableau, une combinaison de formes qui mêlent, comme en musique, les impressions de dissonance et de consonance. Les premières surprennent et les secondes attachent. C'est comme dans un texte, une affirmation qui, au premier abord, choque par son apparence paradoxale, mais qui est suivie d'un raisonnement dont la logique convainc et apaise en même temps.» - Yvon Taillandier[13]
«J'ai aimé les toiles de Singier, non figuratives, mais dont les couleurs magnifiques, les transparences et les opacités évoquaient des eaux bleues, des coraux, des profondeurs aquatiques.» - Simone de Beauvoir[14]
«Des rythmes légers et tendus, palpitants et ambigus, transposés sur les tableaux de chevalet de ce peintre connu pour ses compositions murales, ses cartons de tapisserie, ses projets de vitraux, ses décors de ballets. Un bleu profond qui lui est particulier domine souvent dans ses peintures raffinées.» - Gérald Schurr[15]
Tous éléments biographiques sont extraits de: Jean Lescure, Gustave Singier, Canicule à Patmos, Paris, Éditions Guitardes et Galerie Arnoux, 1988, et Philippe Leburgue, Gustave Singier, Neuchâtel, Ides et calendes, 2002.
Lydia Harambourg, Gustave Singier, dans L'École de Paris 1945-1965, Dictionnaire des peintres, Neuchâtel, Ides et Calendes, 1993 (ISBN2825800481); nouvelle édition, 2010, p.443-445(ISBN978-2-8258-0241-0).
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Filmographie
Gustave Singier, série «Peintres d'aujourd'hui», texte de Robert Marteau, production Jacques Simonnet, 1963.
Gustave Singier, série «Peintres d'aujourd'hui», production Lilian Thorn, télévision luxembourgeoise, 1980.