Le Soir est un quotidien généraliste belge de langue française fondé en 1887 par Émile Rossel. Il fait partie du Groupe Rossel. Se présentant comme progressiste et indépendant, ce journal est de tradition libérale et historiquement au centre de l'échiquier politique belge.
Réaffirmée à l'occasion de la sortie de la nouvelle formule, le , la ligne éditoriale du Soir le pose en tant que «quotidien progressiste indépendant». Le Soir se veut «un quotidien de référence par excellence», «indispensable pour trier, hiérarchiser et aider à comprendre le monde encore mieux», un outil qui permet de «devenir acteur de qualité»[5]. De tradition libérale, le journal est historiquement au centre de l'échiquier politique belge[6].
«Aujourd'hui, Le Soir veut miser sur la qualité, l’investigation et la citoyenneté» […] «La rédaction du Soir est aussi et surtout résolument tournée vers l’avenir. Car elle est totalement persuadée d’avoir, aujourd'hui et demain, un vrai rôle à jouer et une place à tenir» […] «Nous vivons une crise du modèle économique, mais pas une crise du besoin d’une information de qualité, une information exigeante, une information au service des citoyens»[7].
Le quotidien Le Soir est édité par la SA Rossel & Cie, majoritairement détenue par les trois enfants de feu Robert Hurbain (1929-2001), héritier de la famille Rossel. Ils possèdent chacun 83 des 300 actions de la société éditrice, par l'intermédiaire de trois sociétés liées par des participations croisées:
la SA Auxiliaire Rossel, dont Patrick Hurbain est l'administrateur délégué;
la SA Rossel-Hurbain, dont Christine Marchant-Hurbain est l'administrateur délégué;
la SA Société de Participations Rossel-Hurbain, dont Nathalie Hurbain est l'administrateur délégué.
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: première édition de ce quotidien gratuit du soir fondé par Émile Rossel, Nicolas Corbelin et Edgar Roels. Cette gratuité est relative, étant limitée aux habitants des rez-de-chaussée de Bruxelles[9]. Toute personne qui habite à un étage doit payer 0,60 franc par mois. La gratuité pour les habitants des rez-de-chaussée ne dure que jusqu'en 1898. À partir de ce moment, il leur en coûte 0,30 franc par mois. Le financement du journal est assuré par la publicité, une idée neuve pour l'époque. L'agence Rossel est créée pour gérer les annonces. Le Soir se veut un journal neutre, affirmant ne pas vouloir «prendre position dans les luttes qui irritent et divisent».
Peu après la création du journal, un conflit à propos d'une annonce oppose Émile Rossel d'une part à Corbelin et Roels de l'autre. Pendant deux mois, ces derniers publient un Soir concurrent, jusqu'à ce que la justice tranche en faveur de Rossel. Lucien Solvay est brièvement le premier rédacteur en chef. Un exilé français, Auguste Cauvin, dont le nom de plume est D'Arsac, lui succède et occupe cette fonction jusqu'à sa mort en 1937. Le tirage du journal passe de 60 000 en 1887 à 180 000 en 1914[10]. En 1901, Le Soir quitte la rue Isabelle et s'installe place de Louvain.
Bien qu'il se proclame «neutre», Le Soir est mêlé au début des années 1890 à une polémique qui secoue la Belgique sous le règne de Léopold II: le «référendum royal». Le souverain, qui est fort attaché à l'idée d'une consultation populaire sur initiative royale, souhaite la voir figurer dans une révision de la constitution. Ce projet est fort impopulaire et Léopold II tente de le faire progresser grâce à la presse, notamment dans les colonnes du Soir, comme en témoigne une lettre écrite au comte de Borchgrave en 1892: «Le grand maréchal a déjà payé Le Soir pour des articles sur le référendum (indemnité d'insertion étant la formule adoptée)»[11]. Léopold II aurait même écrit quelques articles «de sa royale main»[10].
Interlude de la Première Guerre mondiale: l'entrée des troupes allemandes à Bruxelles le marque la fin de la publication du Soir. Émile Rossel meurt en 1915, et au moment de la libération, c'est son fils, Victor Rossel, qui reprend la direction du journal. Les occupants allemands ont démantelé les installations, mais la publication reprend dès le avec des moyens de fortune sur du papier vert.
: D'Arsac crée dans Le Soir la «Tribune libre», qui reste longtemps une des images de marque du quotidien bruxellois. Elle permet à des représentants des partis politiques de s'exprimer dans ses colonnes. Yvon Toussaint la remplace dans les années 1980 par des «Cartes blanches», ouvertes à toute la société civile[12].
À la mort de Victor Rossel en , sa fille Marie-Thérèse Rossel(en) hérite de ses parts et devient l'actionnaire principale. Lucien Fuss dirige la rédaction[13].
Le milieu des années 1930 est marqué par la montée du mouvement rexiste de Léon Degrelle. Ce dernier, qui ne doute de rien, sollicite une «tribune libre» dans Le Soir. D'Arsac l'éconduit poliment, arguant que les «tribunes libres» sont réservées aux porte-parole des grands partis. Selon d'Arsac, cet incident aurait été à la source de l'animosité de Degrelle à son égard. En 1937, Degrelle provoque une élection partielle à Bruxelles. Le Soir rompt avec sa politique traditionnelle de neutralité en période électorale et prend clairement position pour son adversaire Paul Van Zeeland. L'affaire tourne en partie de bras de fer entre le journal et Degrelle, qui lui intente un procès pour avoir affirmé que Rex était subsidié par l'Allemagne nazie. Le dirigeant rexiste obtient gain de cause. Le Soir publiait chaque jour un article de tête pour expliquer les raisons de ne pas voter pour Degrelle. Le Pays réel, organe de presse de Rex, réplique en s'en prenant au «métèque D'Arsac», s'attirant à son tour une plainte, qui fut retirée après la défaite électorale de Léon Degrelle.
Après le décès de D'Arsac en 1937, Charles Breisdorff devient le nouveau rédacteur en chef du Soir.
En 1946, à la mort de Lucien Fuss, Marie-Thérèse Rossel reprend la direction du journal. Elle s'investit dans le journal où elle se rend tous les jours. Elle est soucieuse de son indépendance et se méfie des extrêmes. Mais en 1959, pour des raisons de santé, elle doit rester à son domicile mais continue à superviser le journal[13].
: Marie-Thérèse Rossel se retire de la direction du Soir mais garde un mandat d'administratrice déléguée de la société[13]. Jean Corvilain lui succède.
: la rédaction se constitue en association de fait, l'Assemblée générale des journalistes professionnels du Soir (AGJPS).
En , Yvon Toussaint accède au poste de rédacteur en chef, à la suite du décès de Charles Rebuffat.
En , le renouvellement des mandats d'administrateurs au sein de la s.a. Rossel & Cie, la société éditrice du Soir, provoque une crise majeure au sein du journal. Rossel & cie était une entreprise familiale, dont les actionnaires étaient des descendants d'Emile Rossel. On y distinguait deux groupes: les «majoritaires», descendants de Victor Rossel, dont la figure de proue était sa fille Marie-Thérèse, et les «minoritaires», descendants d'Emerence, une sœur de Victor, représentés par Jacques et André Declercq. Les deux groupes ont des visions diamétralement différentes de la manière de gérer le journal. En 1983, les choses s'enveniment lorsque les «minoritaires» proposent Robert Hersant comme candidat au poste d'administrateur. Ce grand patron de droite de la presse française, connu pour son interventionnisme dans les journaux de son groupe, suscite les plus vives inquiétudes au sein de la rédaction du Soir, qui craint pour son indépendance[17]. Les «majoritaires» se résignent finalement à l'entrée de Hersant dans le conseil d'administration, tout en essayant de rassurer les journalistes. Jean Corvilain écrit dans Le Soir du : «Rappelons d'abord que M. Hersant ne devient pas actionnaire de la Société Rossel. (…) Le groupe majoritaire est bien décidé à ne conférer à M. Hersant aucune délégation ni fonction dans l'entreprise, à quelque titre que ce soit. Il est déterminé, au contraire, à faire en sorte que M. Hersant n'exerce aucune influence dans la gestion de la société et n'ait aucune prise sur la ligne du journal.»[18]. L'affaire ne fait pourtant que commencer.
: la rédaction se dote d'une société des rédacteurs, l'association sans but lucratif Société des Journalistes professionnels du Soir (SJPS), qui a pour objet «la sauvegarde et la promotion des intérêts professionnels, moraux, intellectuels et matériels de ses membres en tant que journalistes». Colette Braeckman en est la première présidente; René Haquin le premier vice-président.
En , Robert Hersant devient malgré tout actionnaire de Rossel & Cie, en rachetant les parts du groupe «minoritaire», qui représentent 42% du capital. Les actionnaires «majoritaires» portent l'affaire devant la justice qui donne raison à Hersant le . Les «majoritaires», estimant que ce long litige est susceptible de porter préjudice au journal, concluent avec Hersant une convention transactionnelle. Cet accord prévoit qu'Hersant n'intervienne ni «sur la matière rédactionnelle proprement dite ni sur ce qui, directement ou indirectement, contribue à faire l'image de chacun des journaux du groupe Rossel»[19]. Yvon Toussaint, qui a toujours été opposé à la présence de Hersant, présente alors sa démission du poste de rédacteur en chef.
En Le Soir arrive sur internet, à l'époque la fréquence de mise à jour est de une à deux fois par cycle de 24H.
En Le Soir en ligne séduit de plus en plus de lecteurs, notamment avec l'arrivée des connexions ADSL.
En , Bernard Marchant annonce la nomination de Daniel Van Wylick à la direction générale et Béatrice Delvaux à la rédaction en chef du Soir.
Fin , Le Soir confie dans l'édition du week-end du 23 mars l'ensemble des illustrations à Philippe Geluck pour fêter les 20 ans de son personnage vedette "Le Chat". La Une, consacrée au début de la Guerre d'Irak avec le titre «Un déluge de bombes à Bagdad», est illustrée du Chat présentant un gâteau d'anniversaire et avec la mention «Le Chat a 20 ans». En écho en arrière-plan, des soldats morts étendus sur une plaine désertique répondent «Nous aussi!». Le dessin renseigne que l'idée vient de Pierre Kroll.
: Le Soir, publié jusqu'alors au format belge, passe au format berlinois. Il est imprimé, désormais, chez Rossel Printing Company (RPC), à Nivelles, où le groupe a investi 60 millions d'euros.
: Bernard Marchant annonce la nomination de Didier Hamann au poste de directeur-rédacteur en chef du Soir, à la suite de la démission de Béatrice Delvaux (devenue éditorialiste en chef).
En : Bernard Marchant annonce la nomination de Christophe Berti à la rédaction en chef du Soir.
En Le Soir en ligne lance Le Soir +, une nouvelle plate-forme d'information qui s'invite également sur les smartphones et tablettes, en complément de la version papier.
En : Olivier De Raeymaeker, ex-Chief Marketing Officer de Base, accède au poste de directeur général adjoint du Soir.
En : Bernard Marchant annonce la nomination d'Olivier De Raeymaeker à la direction générale du Soir.
En : Coralie Vrancken succède à Olivier De Raeymaeker à la direction générale du Soir.
René Haquin, reporter et spécialiste des grandes affaires criminelles en Belgique, mort en 2006
Luc Honorez, ex-critique cinéma
Albert Bouckaert, journaliste et reporter du Soir entre 1931 et 1951. Il a été passager sur le premier vol aller-retour sur la ligne aérienne Belgique-Congo en 1935.
Pol Mathil, spécialiste Europe de l'Est, mort en 2012 (de son vrai nom Léopold Unger)
Jean-Claire Lacroix, dessinatrice du supplément "Le 7ème Soir" de 1992 à 2002.
Diffusion payante: 66 267 exemplaires (papier et numérique), en 2015 (source: Cim);
Lectorat: 566 700 lecteurs quotidiens en 2008-2009, selon TNS Media, ce qui en fait le quotidien francophone le plus lu, en Belgique, derrière Sudpresse[23];
Effectifs: 108 journalistes salariés (au ), dont 9 affectés au «Soir.be»;
Aide à la presse par la communauté française en 2009: 1 306 418,38€ sur les 2 910 744,85€ pour le groupe Rossel (source: site de la ministre Fadila Laanan);
Dividendes versées aux actionnaires en 2009: 3 000 000,00€ (Source: Banque nationale).
Serge Jaumain, professeur à l'Université Libre de Bruxelles, La société et les institutions de la Belgique de 1830 à nos jours, Presses universitaires de Bruxelles, .
Suzanne van Rockeghem, Jeanne Verchival-Vevoort, Jacqueline Aubenas, Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830, Bruxelles, Luc Pire, , 302p. (ISBN2874155233, lire en ligne), p.142-143.