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Les saints d'Alsace sont des personnalités dont la vie et l'histoire sont liées à l'Alsace et qui sont vénérées par l'Église catholique pour le caractère exemplaire de leur vie d'un point de vue chrétien. La région alsacienne a une riche histoire chrétienne, avec une christianisation de la région qui prend de l'ampleur dès le VIIe siècle.
Dans les listes, les saints sont classés habituellement par leurs dates de décès.
Il s'agit d'une région culturelle et historique, correspondant actuellement aux départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. L'Alsace a été longtemps caractérisée par le confédéralisme, et n'a jamais connu de période d'indépendance ou d'autonomie de forme centralisatrice. Les frontières de cette région ont changé à travers l'histoire. Même si la région est déjà habitée au paléolithique et au néolithique, l'Alsace forge sa culture par le développement de la civilisation des Celtes à partir du IIe millénaire av. J.-C. (Séquanes dans le Sud, et Médiomatriques dans le Nord), puis leur mélange progressif aux peuples germaniques venus en nombre au Ier siècle av. J.-C., et enfin par la rencontre de la culture latine lors de sa conquête par les Romains en (victoire de Jules César à la bataille d'Ochsenfeld dans le sud de l'Alsace).
Les frontières politiques de la région ont souvent changé à travers les siècles. Germanique à partir de , elle devient province romaine de Germanie supérieure, puis franque en 535, et enfin à nouveau germanique en 843, pour intégrer huit siècles durant le Saint-Empire romain germanique (870-1648). Elle est ensuite progressivement conquise par le roi de France (incursions de 1365 à 1648, cessation de la Haute-Alsace par l'Autriche au traité de Westphalie en 1648, conquête de Strasbourg en 1681, traité de Ryswick en 1697, réunion de Mulhouse à la France en 1798). Notons aussi que, dans l'histoire moderne, Belfort fut détachée de l'Alsace à partir de 1871, Montbéliard en fit brièvement partie de 1800 à 1816, et Mulhouse demeura longtemps une république autonome (1347-1798) ; de plus, dans l'histoire contemporaine, l'Alsace fut tantôt française, tantôt allemande (prusse de 1871 à 1918-1919, et allemande de 1939-1940 à 1944-1945). La collectivité territoriale de la Région Alsace est créée en 1982 à partir des deux départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, et dissoute en 2016 à la faveur de la création de la plus large région Grand Est. Le , la fusion des collectivités départementales du Bas-Rhin et du Haut-Rhin (qui continuent cependant toutes deux à exister en tant que circonscriptions administratives de l'État) donne naissance à la collectivité européenne d'Alsace (CeA).
Le christianisme atteint l'Alsace dès les premiers siècles à travers l'occupation romaine de la région. Sa christianisation, qui progresse par l'inféodation de la région au royaume franc de Clovis devenu chrétien à partir de 496, va surtout prendre de l'ampleur au VIIe siècle, avec notamment l'établissement de plusieurs monastères, et se développer tout au long de la période du Saint-Empire romain germanique. Plus tard, la région sera un berceau de la Réforme protestante qui y trouvera un accueil favorable, avec une scission de la communauté chrétienne qui perdure jusqu'à aujourd'hui, entre l'Église catholique et les églises issues de la Réforme. Le religion catholique qui reste majoritaire dans la région atteindra en Alsace son apogée en termes de pratique, d'identité, de ferveur et de richesse au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Au cours de son histoire, l'Église en Alsace sera riche de belles et grandes figures de saints, et va vivre, malgré des relations avec le pouvoir temporel tantôt bienveillantes tantôt malheureuses, une riche histoire humaine et spirituelle.
Si aujourd'hui les limites de l'Alsace et du diocèse de Strasbourg coïncident, cela n'a de loin pas toujours été le cas à travers son histoire. Voici les différents diocèses qui ont eu "juridiction" spirituelle et/ou temporelle sur tout ou partie de l'Alsace au cours de son histoire, les deux principaux étant ceux de Strasbourg et de Bâle :
Les saints d'Alsace désignent des personnalités dont la vie et l'histoire sont liées à l'Alsace et qui sont vénérées par l'Église catholique pour le caractère exemplaire, d'un point de vue chrétien, de leur vie.
Ils sont liés à l'Alsace de manières diverses : les uns sont des fondateurs ou bienfaiteurs de l'Église de la région, d'autres sont des saints locaux dont la vertu a eu un rayonnement effectif et dont la vie exemplaire a porté du fruit de leur vivant puis dans les générations suivantes, certains sont simplement nés dans la région et considérés comme "des enfants du pays", d'autres y sont morts comme martyrs de la foi, d'autres encore n'ont pas vécu dans la région mais ont influencé l'Église en Alsace par leur culte qui s'y est développé d'une manière significative, etc.
Parmi ces personnalités, il y a celles qui ont été officiellement reconnues saintes (ou bienheureuses ou vénérables) par la procédure de canonisation de l'Église catholique (mise en place parfois plusieurs siècles après la mort de certaines), mais aussi celles qui sont des figures plus locales, moins universelles ou moins officielles, dont parfois la vie reste peu connue, mais dont il reste des traces hagiographiques, toponymiques ou historiques. Certaines aussi sont saintes par la piété populaire qui le leur a reconnu un culte local.
Voici, ci-après, une prière aux saints d'Alsace rédigée par l'abbé Théodore-François-Xavier Hunckler[2] dans son ouvrage de 1837 sur les saints d'Alsace[3] :
« Je vous salue, ô nobles habitants du ciel, généreux triomphateurs du monde et de ses vanités ! Du haut de vos demeures bienheureuses, où vous goûtez depuis si longtemps des délices ineffables dans le sein de Dieu, jetez vos regards sur un faible mortel qui cherche partout les traces de vos vertus et de vos triomphes ! Soyez-lui favorables et dirigez ses pas chancelants : qu'il puisse, guidé par vous, découvrir les précieux monuments des temps anciens, distinguer la vérité du mensonge, faire jaillir la lumière des ténèbres, et porter la conviction dans les cœurs chrétiens ! Vous avez autrefois édifié l'Alsace par l'héroïsme de votre conduite en combattant en vrais disciples de l’Évangile pour la belle cause de Jésus-Christ ; vous avez légué à cette province le souvenir de vos vertus. Protégez-la toujours, et obtenez par votre intercession à tous (...) ses habitants (...), la grâce d'imiter les beaux exemples que vous leur avez laissés, et d'apprendre combien il est doux et glorieux de marcher sur vos pas pour avoir un jour part à votre gloire. Soutenez surtout par vos prières celui qui ose [se confier à vous] et qui implore avec une humble confiance votre puissante protection[3]. »
Ce sont, parmi les saints d'Alsace, ceux qui sont officiellement reconnus par l'Église catholique et à qui l'Église diocésaine de Strasbourg (dont la géographie correspond actuellement à l'Alsace) voue un culte particulier de manière officielle dans toutes les paroisses du diocèse. La promulgation du nouveau « Propre » diocésain, comprenant un lectionnaire (avec les lectures de la messe lues le jour de la fête de chaque saint) et un Missel (avec les prières de la messe dites le jour de la fête de chaque saint), a été faite par l'évêque Luc Ravel le 12 septembre 2017 au Dompeter près de Molsheim. Il est utilisé depuis le premier dimanche de l'Avent 2017 dans tout le diocèse de Strasbourg[4].
Les saints et bienheureux "officiels" du Propre diocésain de Strasbourg sont (dans l'ordre alphabétique) :
Pour chacun des saints figurant dans le calendrier du propre diocésain, le diocèse prévoit une fêté propre un jour précis dans l'année, il existe quatre degrés différents (solennité, fête, mémoire, mémoire facultative) dans l'importance des fêtes liturgiques (précisé dans l'énumération des saints ci-après à la fin de chaque présentation des saints concernés par le propre diocésain), dont les trois derniers concernent le propre diocésain de Strasbourg :
Plusieurs communes d'Alsace portent le nom d'un saint. On trouve ainsi dans le Haut-Rhin les communes de Hunawihr (qui doit son nom à Sainte Hunne), Saint-Amarin (du nom de l'ermite martyr qui vécut en cette localité), Saint-Bernard, Saint-Cosme, Sainte-Marie-aux-Mines, Saint-Hippolyte, Saint-Louis et Saint-Ulrich ; et dans le Bas-Rhin les communes de Saint-Blaise-la-Roche, Saint-Jean-Saverne, Saint-Martin, Saint-Maurice, Saint-Nabor, Saint-Pierre et Saint-Pierre-Bois.
Il existe plusieurs communes en Alsace dont le nom est lié par la tradition (ou certaines légendes parfois) à la vie d'un saint. On note par exemple, la ville de Thann, dont le nom alémanique signifie "sapin", et qu'on relie à la légende de la relique volée de saint Thiébault dont un signe fut la vision de trois sapins en feu. Par ailleurs, on retrouve d'autres villes dont la foi chrétienne du lieu est signifiée dans le nom du village comme Sainte-Croix-en-Plaine, lieu où existait un monastère et où le pape alsacien saint Léon IX fit déposer une relique de la Sainte-Croix, ou encore Sainte-Croix-aux-Mines, dont la dénomination est attribuée à tort ou à raison à l’existence d’une petite croix en pierre qui aurait été érigée au XIe siècle par les premiers habitants du village, croix qui aurait pu servir de reposoir aux moines d'Échéry qui allaient travailler dans les mines d'argent dans les alentours. On trouve aussi les communes de Heiligenberg, qui signifie "Montagne sainte", dont le nom est vraisemblablement lié à la présence en ce lieu d'une chapelle avec un autel dédié à la Sainte-Croix, avant même l'existence d'un village, ainsi qu'à l'existence d'un ermitage à proximité, ou encore Neuve-Église (Neukirch) qui se rapporte à une fondation d'un lieu de culte chrétien au XIVe siècle ou avant. Les communes d'Altkirch, Feldkirch, Helfrantzkirch, Kirchberg, Thannenkirch, Illkirch, Kirchheim, Mollkirch (qui incluent le substantif alémanique kirch signifiant église en français) correspondent dans l'ensemble à la fondation des premières églises rurales (à partir des Ve et VIe siècles)[8]. On peut noter aussi le village aujourd'hui disparu de Betbur[9] (de beten et bauer, signifiant en français prier et paysan)[8] dans le secteur de Marmoutier dans le Bas-Rhin, dont on signale que, jusqu'à la Révolution française, Maennolsheim fut le siège du Chapitre Rural de l'archipresbytère de Betbur qui administra 35 villages de l'évêché[10]. Par ailleurs, les Trois-Épis, qui est un lieu-dit situé sur le banc des trois communes avoisinantes, a un nom qui provient d'une vision qu'aurait eue en 1491 un forgeron d'Orbey de la Vierge Marie tenant en main trois épis de blé signifiant l'abondance.
Au-dessous des Médiomatriques et des Triboques qui occupent la plaine d'Alsace (dont la capitale fut l'actuelle ville de Brumath), c'est du Sud de la région que vient en premier l’Évangile, dans une région où se côtoient trois peuples celtes gaulois, les Séquanes (martyres de saints Férréol et Ferjeux, et celui de saint Germain), les Rauriques et les Helvètes (martyre de Saint Maurice).
Pour le diocèse de Strasbourg, saints Materne, Valère et Euchaire sont officiellement les trois premiers apôtres fondateurs de l’Église en Alsace, au milieu du IVe siècle.
Rappelons ici que la cathédrale de Strasbourg, sur laquelle sont affichées les thèses de Luther en 1518, est soumise au culte protestant pendant 160 ans de 1521 à 1681.
L'archiduc d'Autriche Léopold-Guillaume (1614-1662) fut nommé prince-évêque de Strasbourg à l'âge de 12 ans, ne sera jamais ordonné prêtre, et réussira l'exploit de ne jamais mettre les pieds dans son diocèse durant les 48 ans que durera son épiscopat ![90] Par la suite, la surprenante série des cinq princes-évêques-cardinaux alsaciens de 1682 à 1801, non directement originaires de la région, en parenté les uns avec les autres, ont dirigé l'Église en Alsace pendant 120 années. S'ils ont pu contribué à la vie de l'Église par leur charge et leur pouvoir, posant des choix déterminants pour la défense de l'Église et permettre de réaliser sa vocation (appel des Jésuites après la Réforme, fondation des sœurs de la Charité, etc.), leur appartenance à la riche aristocratie et leurs visées carriéristes n'en font pas des "figures de sainteté" de la région ; au contraire, menant une vie de prince et d'opulence, ils ont fortement été occupés à défendre leurs intérêts politiques et familiaux, et ceux du roi, menant, comme nobles richissimes, une vie d'affaires et de luxe, très loin de la réalité du peuple, se détournant en partie de l'enseignement du peuple, de l'attention aux pauvres et de la vie spirituelle. Ils vont subir de plein fouet le dur contre-coup de la Révolution française. Cette dernière, malgré l'injustice causée par sa violence, sera une providentielle occasion de conversion des mœurs de l'institution épiscopale catholique en Alsace. Ci-après, ces cinq personnages dans les grandes lignes.
Rappelons que le diocèse de Strasbourg est alors privé de sa cathédrale par les Révolutionnaires de 1792 à 1801.
Durant la Révolution française et à la suite de la création de l'Église constitutionnelle schismatique, « l'Alsace repoussa le schisme avec une vigueur qui provoqua contre les catholiques les plus dures représailles »[92]. Le département du Bas-Rhin ordonne le 9 novembre 1793 la fermeture de tous les cultes quelconques pendant la guerre. Notamment, la cathédrale de Strasbourg est transformée en Temple de la Raison et accueille le 20 novembre 1793 un culte singulier autour d'un monument élevé à la nature, tandis qu'on commence à enlever et briser ses statues. Le nouveau culte de la Raison est installé à Colmar à partir du 6 décembre 1793. Il s'ensuit aussi les abdications (sincères ou forcées) de 229 prêtres au total sur les deux départements, soit environ 20 % du clergé.
On peut noter l'« affaire d'Hirsingue », où le lundi de Pentecôte du 9 juin 1794, en marge de la célébration de la fête patronale par le curé constitutionnel, quelques individus arrachent l'arbre de la liberté pour en jeter la cime devant la maison de l'agent national. Cela provoquera l'arrestation de 285 ministres du culte, sans aucune distinctions. Parmi les prêtres, religieux et laïcs martyrs de la Révolution française, on compte plusieurs « martyrs de la foi » à la suite de ces arrestations arbitraires[93],[94].
Nombre de prêtres, religieux, laïcs sont arrêtés par les nazis durant la seconde guerre mondiale, leur foi les ayant souvent conduit à s'opposer au régime totalitaire, dans des sermons ou en actes, à dénoncer les injustices et à prendre la défense des plus faibles. Parmi les 2720 religieux déportés à Dachau, 1034 sont morts (40%). Le premier prêtre français à y mourir est un alsacien :
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