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période de régence en France de 1715 à 1723 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Régence[n 1], dans l’histoire du royaume de France, est la période de régence instaurée à la mort de Louis XIV () à cause du trop jeune âge de son héritier désigné, Louis XV, qui n’a que 5 ans et 7 mois. Cette période est remarquable par son progressisme, mais la crédibilité de l’État est affaiblie. La Régence se termine officiellement à la majorité de Louis XV (13 ans et 1 jour) le , mais une « régence politique » se poursuit.
Cette période est marquée par la prise du pouvoir par Philippe, duc d’Orléans, prince du sang, au détriment de Louis-Auguste, duc du Maine, fils légitimé du feu roi, ce qui entraîne une certaine agitation de Cour ; par l’entente et le partage du pouvoir absolu entre régent, haute noblesse et parlementaires ; par le système innovant, mais finalement décevant de la polysynodie ; et enfin par le « système de Law », sa réussite à assainir les finances de l’État, mais son effondrement final. On peut aussi noter l’audace maritime mais trop peu soutenue, l’action du cardinal Dubois, ainsi que les débuts du futur cardinal de Fleury.
Dès septembre 1715, le Régent organise le déménagement du roi et de la Cour d'abord à Vincennes puis, rapidement, à Paris, qui redevient donc la capitale politique de la France[5]. Le roi enfant Louis XV et sa Cour sont installés au palais des Tuileries[6].
Le , la polysynodie est mise en place, Philippe d’Orléans est régent, les parlementaires ont un pouvoir accru et les ministres du roi sont remplacés par des Conseils (« synodie ») dans lesquels la haute noblesse participe à la vie politique.
Désormais nommé « monseigneur le régent », le duc d’Orléans procède à bon nombre de changements politiques — lois et choix politiques —, ces actions principales étant :
Le Parlement de Paris a profité de son pouvoir à casser le testament pour se mettre en valeur. En se montrant docile à la volonté de Philippe d'Orléans, il a acquis des droits sur lui[7].
Le roi étant un enfant, il faut l'éduquer. Cette tâche incombe à trois personnes :
Le roi étudie le matin et le soir. L'après-midi est réservée aux sorties et aux divertissements.
Fleury fait appelle à des savants tels que le géographe Delisle ou le mathématicien Chevallier. L'éducation s'occupe majoritairement des sciences exactes et naturelles[8].
Sept conseils ont pour tâche de simplifier le travail du Conseil de Régence, présidé par le Régent lui-même :
Philippe d'Orléans supprime la polysynodie le 24 septembre 1718. Elle était l'objet de critiques et, au cours de l'année 1718, l'activité des différents conseils décline, les conflits entre les conseillers se multiplient et ceux issus de la noblesse d'épée y manifestent leur opposition à la politique menée par le Régent. Ce dernier revient donc au système des secrétaires d'État[9].
À la mort de Louis XIV, le Trésor est vide et les revenus des deux années suivantes sont déjà dépensés. La dette publique s'élève à 2,8 milliards de livres, un record, pour 69 millions de recettes contre 132 millions de dépenses annuelles. Sans toutefois convoquer l'assemblée des états généraux alors que la suggestion lui en est faite, le régent encourage la recherche de trésorerie, au moment où, sur les marchés boursiers d'Amsterdam, Londres et Genève, le crédit de la France est boudé. Cette « fièvre » pousse le pouvoir à prendre des décisions pour le moins arbitraires[10].
L'idée principale repose sur un constat simple : il faut raréfier coûte que coûte les papiers d’État. Le régent va donc être assisté pour cette entreprise par un conseil des finances. Le , un arrêt du conseil oblige « les traitants, sous-traitants et autres gens d'affaires, de rendre compte de leurs géries »[11]. Cet édit vise les traitants et partisans chargés en province depuis 1687 de récolter diverses taxes et qui étaient censés en verser le produit, ou du moins l'avance, au roi. En décembre, le louis d'or de 1709 est coté officiellement à 20 livres[12]. En , un édit autorise l'opération du visa, à savoir l'inventaire de tous les détenteurs de papiers d’État et réduit les revenus issus des rentes, le taux d'intérêt divisé par deux. Dans la foulée, l'intendant des finances Charles-Henri Malon de Bercy (1678-1742) est démis de ses fonctions, ainsi que deux contrôleurs, Pontchartrain et Desmarets. Le , le Régent et d'Argenson présentent les modalités concernant les taxes. Entretemps, la Chambre de justice, créée le , qui encourage la dénonciation, s'organise pour qu'en avril, à Paris et en province, plusieurs centaines de fortunes soient inventoriées et taxées. Plusieurs commis sont fortement condamnés, leurs biens confisqués, pour malversations, concussion avec l'ennemi et enrichissement personnel, tels que Paparel (qui fit grand bruit), Dumoulin, Penot, Chartier, etc. Le Peletier des Forts est arrêté en novembre, suivi de dix-neuf autres interpellations, du jamais vu. Le Régent réussit à éviter aux banquiers Antoine Crozat, Samuel Bernard et les frères Pâris, ainsi qu'au duc de Bourbon une telle infamie, et ceux-ci payèrent. L’État espérait, dans un premier temps, récupérer près de 150 millions, afin d'honorer le service de la dette, puis de réduire de moitié le montant des créances. Il y eut en tout 4 535 personnes taxées, la plus grosse part revenant à Crozat qui versa 6,6 millions. Le Conseil des finances voulut réorganiser la taille sur une base proportionnelle mais les discussions s'enlisèrent. La banqueroute se profilait. La Chambre de justice fut dissoute en .
On libéralisa aussi les jeux d’argent, en même temps que la finance spéculative et les cabarets, qui prolifèrent en se diversifiant. L’État royal, qui en est le maître, les multiplie pour son propre compte tout en autorisant de nombreuses loteries privées, charitables ou de commerce, car il voit le profit qu’il peut en tirer[13].
Au cours de l'année 1716, le Régent prête également l’oreille aux propositions séduisantes de l’Écossais John Law. Law avait conçu un système hardi. Un pays, disait-il en substance, est d’autant plus riche qu’il fait plus de commerce. Or le commerce dépend de l’abondance de la monnaie et de la rapidité de sa circulation. La monnaie n’étant qu’un instrument d’échange des marchandises, sa nature importe peu. Il n’est pas nécessaire de recourir à l’or et à l’argent, métaux rares dont beaucoup de pays sont dépourvus. La monnaie la plus commode est la monnaie de papier qui se fabrique et se transporte facilement.
L’État doit se faire banquier et émettre sous le nom de billets de banque du papier-monnaie que l’on pourra d’ailleurs échanger contre de l’or ou de l’argent. L’État doit aussi se faire commerçant ; les bénéfices qu’il réalisera lui permettront de rembourser la dette publique. Le régent ne permit d’abord à Law que de fonder une banque privée, la Banque générale. La Banque générale reçut des dépôts d’argent, elle consentit des prêts aux commerçants et elle émit des billets remboursables en espèces métalliques. Elle fit de si bonnes affaires qu’elle fut reconnue Banque d’État sous le nom de « Banque royale » ().
Law prend en 1717 le contrôle des compagnies commerciales par actions du nom de Compagnie du Mississippi et de Compagnie de la Louisiane qu'il réunit sous la Compagnie d’Occident renommée en Compagnie perpétuelle des Indes (1719). Elle reçut le monopole de tout le commerce colonial français et se substitua aux traitants pour la levée des impôts indirects. Au début de 1720, Law réunit la Banque générale à la Compagnie des Indes. Tout le monde voulut alors avoir des actions ; on en vint à payer 20 000 livres des actions de 500 livres. Mais les dividendes (c’est-à-dire la part des bénéfices distribués par chaque action) ayant été infimes, la confiance du public disparut.
On se mit donc à vendre les actions, et leur valeur baissa. Pris de peur, le public perdit aussi confiance dans les billets et exigea leur remboursement en or et en argent. Comme la valeur des billets émis dépassait de beaucoup l’encaisse de la banque, celle-ci fit faillite, et Law s’enfuit. Le système avait donc échoué.
Le commerce maritime en avait reçu cependant une vive impulsion, en particulier dans les villes portuaires de Lorient, Nantes, Bordeaux et Marseille. Mais la confiance du public dans les banques fut pour longtemps détruite en France.
À partir de 1718, le gouvernement royal entre ouvertement en conflit avec le Parlement de Paris. Le 21 juillet 1720, le Parlement est translaté à Pontoise, une mesure classique de mise au pas[14].
La Régence poursuit la politique centralisatrice sous Louis XIV. En mars et mai 1716, des arrêts du Conseils renouvellent les prescriptions de Louis XIV[15].
Dès son accession au pouvoir, le Régent renverse les alliances de la France : il se rapproche de l’Angleterre au détriment de l’Espagne de Philippe V, de la famille des Bourbons[16].
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce changement de politique : d'après Jean-Baptiste Massilon, le Régent voulait s'assurer ces droits. Il est possible que le Régent ait voulu s'assurer du soutient de l'Angleterre face à Philippe V, si jamais Louis XV venait à mourir sans descendance. L'alliance est aussi un moyen de confirmer la paix en Europe[17].
Le , l'alliance entre la Grande-Bretagne et la France est conclue. Le , la Triple-Alliance est à son tour conclue, à La Haye, entre la Grande-Bretagne, les Provinces-Unies et le royaume de France. Le , une Quadruple-Alliance est à son tour mise en place entre la Grande-Bretagne, le royaume de France, l’Autriche et le duché de Savoie.
En 1718, durant la conspiration de Cellamare, l’Espagne (son premier ministre, le cardinal Jules Alberoni) et le duc du Maine, aiguillonné par son épouse, projettent de renverser le régent. Le duc et la duchesse du Maine sont arrêtés et incarcérés, lui à Doullens, elle à Dijon. Ils seront graciés en 1721.
S'ensuit la guerre de la Quadruple-Alliance, entre 1718 et 1720, gagnée par le parti français, contraignant Philippe V d'Espagne, ou plutôt son épouse Élisabeth de Parme, « à plus d’humilité »…
Le , Philippe V d'Espagne adhère à la Quadruple-Alliance. Le , le traité de Madrid de 1721, créé une alliance entre l'Espagne, la France et l'Angleterre.
Le , le traité de Paris avec l’Espagne est signé. Il fixe le mariage de Louis d’Espagne, prince des Asturies et Louise-Élisabeth d'Orléans, fiançailles de Louis XV et Marie-Anne-Victoire d'Espagne et de Charles d’Espagne et Philippine Élisabeth d'Orléans.
En , à 13 ans et un jour, la minorité de Louis XV prend fin : le roi est majeur, la Régence cesse. Le , Louis XV est sacré à Reims mais Philippe d’Orléans continue d’assurer la réalité du pouvoir, d’abord au travers du cardinal Dubois, principal ministre (1722-1723) puis directement, à la mort de Dubois () où il devient principal ministre.
Le , Philippe d’Orléans meurt. c’est l’impopulaire duc de Bourbon, son neveu, chef d’une autre branche cadette de la famille royale et petit-fils de Louis XIV par sa mère, une autre fille légitimée que le feu roi avait eu de madame de Montespan, qui lui succède (1724-1726), puis le cardinal de Fleury (1726-1743), tous deux continuant globalement la même politique internationale.
Le , Philippe V d’Espagne abdique en faveur de son fils qui devient Louis Ier d'Espagne. La fille du régent est reine. Le , Louis Ier d’Espagne meurt. Philippe V, gouverné par son épouse Élisabeth de Parme, reprend le pouvoir.
Fin , le duc de Bourbon, prince du sang, oncle du roi et premier ministre français, rompt les fiançailles de Louis XV. L’« infante-reine » Marie-Anne-Victoire d'Espagne est renvoyée dans son pays d’origine. En réaction Philippe V rompt les fiançailles de l’infant Charles avec Philippine-Élisabeth d’Orléans qui est renvoyée en France avec sa sœur la reine-douairière Louise-Élisabeth. Le , Louis XV est marié avec Marie Lesczynska.
Le , le duc de Bourbon est mis en disgrâce. Louis XV fait de son ancien précepteur André Hercule de Fleury, évêque de Fréjus, son « principal ministre ». Peu après, monsieur de Fréjus est promu au cardinalat.
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