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ancien pays européen ayant existé de 1581 à 1795 correspondant aux Pays-bas aujourd'hui De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Provinces-Unies[2], officiellement la république des sept Provinces-Unies des Pays-Bas (en néerlandais : Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden, littéralement : « république des sept Pays-Bas unis »), étaient un État prédécesseur de l'actuel royaume des Pays-Bas et le premier État-nation néerlandais entièrement souverain. L'État naquit en 1579, au cours de la révolte des Pays-Bas contre Philippe II et disparut en 1795, lors de la révolution batave.
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(215 ans, 11 mois et 27 jours)
Drapeau de 1596 à 1795. |
Armoiries de 1665 à 1795. |
Devise |
en néerlandais : Eendracht maakt macht (« L'union fait la force ») |
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Statut | République fédérale parlementaire |
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Texte fondamental | Union d'Utrecht |
Capitale | La Haye (de facto) |
Langue(s) |
Néerlandais Bas saxon des Pays-Bas Frison occidental |
Religion |
Christianisme protestant et catholique (Église réformée néerlandaise comme religion d'État) Minorité juive |
Monnaie |
Florin néerlandais Rixdale |
Fuseau horaire | HNEC UTC+01:00 |
Population | |
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• 1795[1] | 1 880 500 hab. |
Gentilé | Néerlandais(e) |
Union d'Utrecht | |
Acte de La Haye | |
Traité de Münster | |
Révolution batave |
1581–1584 | (1er) Guillaume Ier d'Orange-Nassau |
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1751–1795 | (Der) Guillaume V d'Orange-Nassau |
1581–1585 | (1er) Paulus Buys (nl) |
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1787–1795 | (Der) Laurens Pieter van de Spiegel (nl) |
Chambre unique | Conseil d'État |
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Entités précédentes :
Entités suivantes :
Il trouve ses origines lorsque la majorité des Dix-Sept Provinces des Pays-Bas espagnols se sont révoltées contre Philippe II (par ailleurs roi d'Espagne). Elles formèrent une alliance mutuelle contre leur monarque en 1579 avec l'union d'Utrecht et la république fut établie par l'acte de La Haye, en 1581. Elle constitua une décision des États généraux de l'union de déposer Philippe II de ses droits sur les Pays-Bas, qu'il détenait en tant qu'héritier des ducs de Bourgogne, notamment de Charles le Téméraire[3].
L'armée de Philippe II, commandée par Alexandre Farnèse et soutenue par les provinces dissidentes de l'union d'Arras, parvient ensuite à reprendre Anvers en 1585 et celle de son successeur Philippe III à reprendre Ostende en 1604. Mais les sept provinces du Nord des Pays-Bas (Groningue, la Frise, l'Overijssel, la Gueldre, Utrecht, la Hollande et la Zélande), maintiennent l'indépendance de l'union, reconnue internationalement par le traité de Münster le .
Bien que de faible superficie, avec une population de seulement 1,5 million d'habitants, elles contrôlaient un réseau mondial de routes commerciales maritimes. Par l'intermédiaire de leurs sociétés commerciales, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) et la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (GWC), elles ont établi l'Empire colonial néerlandais. Les revenus de ce commerce ont permis aux Provinces-Unies de rivaliser militairement avec des pays beaucoup plus grands. Elles ont amassé une grande flotte de 2 000 navires, initialement plus grande que les flottes d'Angleterre et de France réunies.
Les conflits majeurs ont eu lieu avec la guerre de Quatre-Vingts Ans contre l'Espagne (de la fondation des Provinces-Unies en 1579 jusqu'en 1648), la guerre néerlando-portugaise (1602–1663), les quatre guerres anglo-néerlandaises (la première contre le Commonwealth d'Angleterre, deux contre le royaume d'Angleterre et une quatrième contre le royaume de Grande-Bretagne : 1652–1654, 1665–1667, 1672–1674 et 1780–1784), la guerre de Hollande (1672–1678) et la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688–1697) contre le royaume de France.
Les Provinces-Unies étaient un État confessionnel avec l'Église réformée néerlandaise comme religion d'État. Cependant, elles étaient plus tolérantes envers les autres courants du christianisme, le judaïsme et les idées que ne l'étaient ses États contemporains, en permettant une certaine liberté de pensée à ses habitants. Les artistes ont prospéré sous ce régime, notamment des peintres tels que Rembrandt, Johannes Vermeer, Frans Hals et bien d'autres. Il en va de même pour les scientifiques, avec des personnalités comme Hugo Grotius, Christiaan Huygens et Antonie van Leeuwenhoek. Le commerce, la science, l'armée et l'art néerlandais ont été parmi les plus admirés au monde pendant une grande partie du XVIIe siècle, ce qui a valu à cette période de l'histoire du pays le nom de siècle d'or néerlandais.
L'État était une fédération de provinces ayant chacune un haut degré d'autonomie vis-à-vis de l'assemblée fédérale, connue sous le nom d'États généraux. Avec les traités de Westphalie (1648), les Provinces-Unies gagnèrent environ 20 % de territoire supplémentaire, situé en dehors des provinces membres et était gouverné directement par les États généraux comme pays de la Généralité. Chaque province était dirigée par un officier connu sous le nom de stathouder (néerlandais pour « lieu-tenant »). Le poste était théoriquement ouvert à tous, mais la plupart des provinces nommaient un membre de la maison d'Orange-Nassau.
La position de stathouder devint peu à peu héréditaire, avec le prince d'Orange détenant simultanément la plupart ou la totalité des stathouders, ce qui en faisait de facto le chef d'État. Cela eut pour effet de créer des tensions entre les factions politiques : les orangistes favorables à un stathouder puissant et les républicains favorables à des États généraux forts. Les républicains ont imposé deux périodes sans stathouder (1650–1672 et 1702–1747) et la seconde provoqua une instabilité nationale ainsi que la fin du statut de grande puissance.
Le déclin économique conduisit à une période d'instabilité politique connue sous le nom de Patriottentijd (1780–1787). Ces troubles ont été temporairement réprimés par une invasion prussienne à l'appui du stathouder. La Révolution française et la guerre de la première coalition qui a suivi ont ravivé ces tensions. À la suite d'une défaite militaire contre la France, le stathouder Guillaume V d'Orange-Nassau fut expulsé lors de la révolution batave en 1795. Cela mit fin à la république des Provinces-Unies, qui a été remplacée par la République batave.
D'autres dénominations ont été utilisées : république des Provinces-Unies des Pays-Bas[4] (Republiek der Verenigde Nederlanden[5], en latin : Belgica Foederata ou Belgium Foederatum), ou Pays-Bas septentrionaux, Pays-Bas du Nord, par opposition aux Pays-Bas méridionaux, les provinces restées sous la domination espagnole au cours et à l’issue de la guerre de Quatre-Vingts Ans.
En France, dans l'usage populaire, les Provinces-Unies étaient désignées par le nom de la province la plus connue, la Hollande : ainsi dans la chanson Le Prisonnier de Hollande, qui date du XVIIe siècle, ou dans La Complainte de Mandrin au XVIIIe ou XIXe siècle. Cette confusion vient également du royaume de Hollande, État satellite du Premier Empire créé par Napoléon Bonaparte après l'invasion de la République batave avec, à sa tête, son frère : Louis Bonaparte. Ce royaume perdura de 1806 à 1810.
Jusqu'en 1581, les Pays-Bas espagnols sont constitués de principautés féodales, duchés, comtés et autres seigneuries du Saint-Empire Romain germanique, qui, par mariage, conquête ou achat, se sont trouvés aux mains de la maison de Habsbourg, notamment de l'empereur Charles Quint puis de son fils, Philippe II. Leur territoire était à peu près constitué par les Dix-Sept Provinces régies par la Pragmatique Sanction de Charles Quint en 1549.
En 1568, plusieurs provinces du nord se révoltent sous la direction de Guillaume le Taciturne contre le gouverneur lieutenant du roi d'Espagne résidant à Bruxelles, Ferdinand Alvare de Tolède, duc d'Albe, en raison de ses efforts de modernisation et de centralisation des structures, de sa politique absolutiste, des exécutions capitales d'opposants et des impôts jugés excessifs, ainsi que de la persécution des protestants. Les habitants des sept provinces sécessionnistes ont en effet majoritairement opté, dès le début de la révolte, pour le principe de la liberté de culte à l'encontre de la politique ultra-catholique du roi Philippe II d'Espagne.
De plus, le calvinisme et l'arminianisme avaient un rôle prépondérant dans les villes en tant que religions de la classe dominante des régents. Cette guerre est un affrontement politique à fort enjeu économique pour les riches villes des actuels Pays-Bas.
C'est le début de la guerre de Quatre-Vingts Ans.
Principales étapes de la révolte :
En 1579, les sept provinces septentrionales signent l'union d'Utrecht, par laquelle elles s'engagent à se soutenir mutuellement contre l'armée espagnole. L'union d'Utrecht est suivie, en 1581, par l'acte de La Haye, proclamant l'indépendance des Provinces-Unies.
C'est la période la plus tourmentée de la guerre de Quatre-Vingts Ans.
Une médiation du roi de France Henri IV permet la conclusion de la trêve de douze ans () entre le roi Philippe III d'Espagne et les Provinces-Unies.
L'indépendance des Provinces-Unies est reconnue formellement par la monarchie espagnole en 1648, lors du traité de Westphalie, dont le but principal est de mettre fin à la Guerre de Trente Ans.
Le XVIIe siècle est considéré comme le siècle d'or des Provinces-Unies : le pays est alors à la tête d'un puissant empire colonial et commercial, entre autres grâce à ses deux « sociétés par actions » : la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (GWC) et la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC). C'est également l'une des grandes puissances européennes, notamment maritime. Les villes attirent les entrepreneurs et les ouvriers de toute l'Europe. La réputation de tolérance et de liberté fait des Provinces-Unies un foyer intellectuel et culturel de premier ordre.
En 1601 commence la Guerre néerlando-portugaise qui dure jusqu'en 1661 (traité de La Haye).
La guerre de Quatre-Vingts Ans, prolongement de l'insurrection des Pays-Bas contre Philippe II (1568), s'achève en 1648 avec la reconnaissance par le roi d'Espagne de la république des Provinces-Unies (traité de Münster, janvier 1648).
Simultanément s'achève la guerre de Trente Ans (1618-1648) à laquelle ont participé les Provinces-Unies, avec les traités de Westphalie. Le traité de Münster est d'ailleurs un de ces traités.
La première guerre anglo-néerlandaise commence en 1652. Trois autres ont lieu jusqu'en 1784 : ce sont des conflits majeurs pour le pays, qui se déroulent surtout sur mer. La dernière d'entre elles se solde globalement par la victoire des Anglais.
En 1672 commence la guerre de Hollande contre le royaume de France (Louis XIV) et ses alliés (le roi d'Angleterre, le prince-évêque de Münster et le prince-électeur de Cologne). Les Provinces-Unies font partie de la Quadruple-Alliance de 1673. Cette guerre s'achève par la victoire de la France et la signature des traités de Nimègue qui imposent plusieurs changements territoriaux aux vaincus[réf. nécessaire].
De 1701 à 1713, les Provinces-Unies participent à la guerre de Succession d'Espagne aux côtés de l'Angleterre et des Habsbourg d'Autriche contre la France de Louis XIV, qui a imposé son petit-fils Philippe sur le trône d'Espagne.
La fin du XVIIIe siècle, siècle des Lumières est entre autres marqué par deux révolutions majeures : la révolution américaine (1775 - 1783) et la révolution française (1789). Dans les Provinces-Unies, les élites urbaines, appelées les « patriotes », et les régents s'opposent au stathouder, Guillaume V d'Orange-Nassau, qu'ils soupçonnent de vouloir transformer la république en monarchie. Ainsi se déclenche alors révolution batave. Une première révolte survient d'abord de 1780 à 1787 mais est matée par le pouvoir en place. M Cependant, après la Révolution française, les armées révolutionnaires envahissent le pays, en provoquant la fuite du stathouder au Royaume-Uni de Grande-Bretagne le . Le lendemain, les patriotes fondent alors la République batave, mettant fin aux Provinces-Unies.
Le pays de Drenthe (Landschap Drenthe) était administré par une assemblée d'État mais n'était pas représenté aux États généraux.
Les pays de la Généralité n'avaient pas d'assemblée d'État et étaient administrés par les États généraux.
Ils étaient divisés en quatre districts :
Dès le début du XVIIe siècle, alors que la guerre contre le roi d'Espagne se poursuit, le gouvernement des Provinces-Unies confie la création et l'exploitation de comptoirs et de colonies à deux sociétés par actions créées dans ce but, privées, mais disposant de pouvoirs régaliens, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC[6]), créée en 1602 pour opérer en Asie, puis la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (GWC[7]), créée en 1621 pour opérer en Amérique.
Dans l'océan Indien et en Asie, la VOC est aux prises avec les Portugais, installés là depuis la fin du XVe siècle (Vasco de Gama, 1498). Les Néerlandais parviennent à s'emparer de nombre de postes portugais, mais pas du comptoir de Macao en Chine.
Très vite, la VOC subit à son tour la concurrence des marines anglaise et française, qui veulent aussi prendre place dans le commerce des épices.
La puissance de la république des Provinces-Unies durera pendant deux siècles. Au XVIIe siècle, les Provinces-Unies font plusieurs guerres à l'Angleterre, qui leur dispute la supériorité navale et commerciale dans la mer du Nord.
Les Provinces-Unies participent à toutes les guerres contre Louis XIV ; celui-ci les menace en effet par ses ambitions sur les Pays-Bas espagnols. C'est notamment le cas à Noordpeene, lors de la bataille de la Peene, le : le roi de France envoie son frère, Philippe d'Orléans, assiéger Saint-Omer, seule ville d'Artois encore dans les Pays-Bas espagnols ; la coalition anti-française dirigée par les Provinces-Unies (avec Guillaume III d'Orange lui-même à la tête des troupes) est défaite ; Saint-Omer est prise par les Français. Le traité de Nimègue conclut cette défaite hollandaise.
Les institutions des Provinces-Unies sont héritées de la période des troubles ; la fiction politique en est la réunion de sept provinces qui se sont séparées de leur souverain et ont décidé de laisser vacante sa place. On trouve donc un système de république fédérale. Contrairement aux républiques italiennes comme Venise ou Gênes, les Provinces-Unies ne connaissent en effet pas de pouvoir central fort avec un chef formel de l'État ou un territoire unifié.
C'est au niveau central que cette fiction est le plus nettement sensible : toute tentative de centralisation est perçue comme une ingérence dans les prérogatives des Provinces, un outrage contre leurs privilèges et un rappel de la monarchie.
De fait, la seule institution centrale conçue comme telle est l'assemblée des États généraux des Provinces-Unies (Staten generaal). Il ne s'agit même pas à proprement parler d'une institution autonome dans la mesure où elle se compose uniquement de délégués des assemblées des États provinciaux. Ils ont néanmoins un rôle de délibération important dans les affaires qui concernent l'ensemble des Provinces (commerce, religion, etc.) et administrent les pays de la Généralité et les territoires non constitués en Provinces. Pour l’essentiel, la fiscalité repose sur les impôts indirects.
De façon informelle, néanmoins, les magistrats de la province de Hollande ont des fonctions que l'on pourrait qualifier de centrales. Le poids économique et politique de cette province est tel que rien ne peut se décider sans son accord. C'est en outre sur son territoire que se réunissent les institutions centrales.
Le pouvoir effectif, dans la république des Provinces-Unies, réside en fait au niveau des provinces. Chaque province dispose d'un appareil d'État relativement simple à trois pôles :
Le grand débat institutionnel au sein des Provinces-Unies a été l'équilibre entre les fonctions civiles, représentées par les États et les pensionnaires, et le pouvoir militaire des Stathouders. Leurs fonctions rappelaient en effet à bien des égards celles d'un monarque, avant tout chef de guerre.
Plusieurs partis se forment, les partis orangistes, calvinistes et libéraux cohabitent tant bien que mal. On hésite entre une monarchie de type britannique (alternative soutenue par les orangistes et calvinistes) et une république (alternative soutenue par les libéraux). Un statu quo perdure jusqu'en 1650, année de l'élection de Johan de Witt. Soutenu par Cromwell, il prononce le bannissement des Orange-Nassau, suspectés par l'Angleterre républicaine de soutenir les Stuarts en exil et par la Hollande de vouloir rétablir la monarchie dans les Pays-Bas. Le stathoudérat est donc suspendu en Hollande et en Zélande ; certaines provinces, en revanche, maintiennent le leur. On profite pendant 20 ans d'une liberté quasiment complète, appréciée notamment par le philosophe Spinoza.
Les catastrophes militaires de la guerre de Hollande, en 1672 précipitent de Witt dans la disgrâce : il est rendu responsable des victoires françaises. Le sentiment d'une punition divine des années de licence est puissant. De Witt est finalement désavoué puis lynché, tandis que les Orange-Nassau sont rappelés au pouvoir. Après une seconde oligarchie, le stathoudérat est finalement réformé en 1747. Il devient une fonction unique et héréditaire, commune à l'ensemble des provinces. Ce second stathoudérat perdura jusqu'à l'invasion française de 1795 et l'instauration d'une république batave.
Les municipalités elles-mêmes se sont invitées dans le débat, concurrençant les institutions provinciales en se fondant sur la puissance de leurs élites marchandes et nobiliaires, ainsi que leurs nombreux privilèges hérités du Moyen Âge.
Le succès économique des Provinces-Unies ne s'explique pas par ses atouts naturels : elles constituent un petit territoire, assez peu peuplé par rapport à la France. Le territoire s'est constitué progressivement par conquête de terres nouvelles sur la mer du Nord. Une grande partie du pays est constituée de polders de très faible altitude. Les Provinces-Unies doivent être protégées des tempêtes par des digues qui n'empêchent pas toujours les inondations. Cependant, le pays est bien situé entre la mer du Nord et la Manche. Il profite de la voie fluviale et commerciale du Rhin.
La population des Provinces-Unies s'élève à environ deux millions et demi d'habitants au milieu du XVIIe siècle. Elles reçoivent une forte immigration venue d'Allemagne et de Scandinavie. Les Juifs ibériques et les huguenots y trouvent refuge au XVIIe siècle.
L'agriculture est très productive pour l’époque : les cultures maraîchères se déploient autour des villes et utilisent une grande quantité d’engrais. Les cultures industrielles et spéculatives sont développées (chanvre, colza, houblon, teinture, tabac, lin, etc). Les villes font venir du blé des rives de la Baltique. La pêche au hareng, à la morue et à la baleine est également un secteur dynamique. Mais surtout, les Provinces-Unies s'enrichissent à l'époque moderne grâce au commerce maritime. Elles dominent le commerce en mer Baltique et s'insèrent dans les réseaux méditerranéens. La prospérité économique et financière du pays repose aussi sur le grand commerce maritime.
Pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans, les Provinces-Unies ont construit une marine de guerre qui pouvait menacer l'Espagne dans ses propres ports et jusqu'en Amérique. La flotte marchande de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) et de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (GWC) reprend le commerce international des Espagnols. Les Provinces-Unies se constituent un empire colonial en Asie (Insulinde, Ceylan, Malaisie) et en Amérique (Nouvelle-Néerlande, Suriname). La flotte hollandaise fréquente les ports japonais et menace les possessions ibériques d'Amérique du Sud.
Le commerce des Provinces-Unies décline au cours du XVIIIe siècle. On constate une chute des importations de bois balte (deux tiers en 1720, un cinquième en 1740), de vin du Rhin (96 % en 1710, 40 % en 1750), de hareng de la Baltique (60 % en 1700, 15 % en 1740). La Compagnie néerlandaise des Indes occidentales perd ses positions en Inde et en Chine. La production de papier diminue , elle passe de 150 000 rames en 1730 à 80 000 en 1750. Le nombre de manufactures de tabac d’Amsterdam passe de trente en 1720 à huit en 1751. Les constructions navales s’effondrent durant le siècle. Leyde produit 139 000 pièces de tissu en 1671, 54 000 en 1750, 29 000 en 1795. La population stagne à deux millions d’habitants et se paupérise. Les coûts salariaux trop élevés, l’essor commercial et industriel des puissances européennes comme la Grande-Bretagne et la France sont à l’origine de ce déclin[8].
Ce déclin a toutefois été remis en cause par l'historiographie récente. L'historien Thierry Allain, dans son étude sur la ville néerlandaise de Enkhuizen, relativise ce présupposé déclin et parle plutôt d'un déclassement[9]. Autrement dit, l'économie néerlandaise aurait stagné contrairement à la France ou l'Angleterre qui ont vu croître leur économie de façon rapide. Soumis à une rude concurrence, les Néerlandais n'en restent pas moins actifs, notamment dans le commerce avec l'Atlantique. Ce commerce avec l'Atlantique fut sous-estimé et oublié par les historiens à cause de son caractère souterrain. Wim Klooster a démontré l'importance du commerce dit « illicite » des Néerlandais, celui-ci pouvant représenter jusqu'à la moitié des importations de la très riche Compagnie des Indes néerlandaises[10]. Dans sa thèse[a], Wim Klooster montre que les îles des Caraïbes comme Saint-Eustache servent de plateforme pour les Néerlandais afin d'embarquer des produits espagnols, français et anglais qui, normalement, ne devraient être pris que par les navires de leurs propres nations. Les récentes études sur la neutralité démontrent également la vitalité persistante du commerce néerlandais lors des guerres franco-britanniques. La France, écrasée par le poids de la marine britannique en période de guerre, ne réussit plus à commercer. Les navires néerlandais prennent alors le relais, profitant de leur statut neutre pour effectuer à leur place le commerce des Français. Le déclin néerlandais est donc très relatif : il fut surtout la conséquence d'un retournement d'alliance défavorable et des défaites militaires lors de la Guerre de Hollande et de la Quatrième guerre anglo-néerlandaise à la fin du XVIIe siècle[11].
Dans les Provinces-Unies, des thalers ont été frappés de 1659 à 1802 à l'imitation du patagon des Pays-Bas espagnols. Le nom officiel était ducat d'argent. Le ducat d'argent avait à l'avers les armoiries au lion néerlandaises, et au revers un homme debout en armure.
Les Provinces-Unies ont été un foyer culturel de premier ordre aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cette république tolérante accueillait alors toutes les religions et favorisait les libertés individuelles. Elle donne à la philosophie l'un de ses plus grands philosophes : Baruch Spinoza (1632-1677). Les philosophes français René Descartes et Pierre Bayle y ont travaillé et publié longtemps. Montesquieu admirait ce modèle politique et fit publier ses Lettres persanes à Amsterdam en 1721.
Le pays dispose de centres d'édition et d'imprimerie (à Amsterdam et à Rotterdam), d'universités brillantes (surtout l'université de Leyde, fondée en 1575). Le XVIIe siècle voit s'épanouir une peinture hollandaise renommée et représentée par Jan Vermeer (1632-1675), Rembrandt (1606-1669) et Frans Hals (1580-1666). La bourgeoisie d'affaires, les armateurs et les échevins passent des commandes auprès de ces artistes et se font construire des hôtels particuliers dans les villes.
Les arts picturaux dans le royaume des Provinces-Unies ne se développent qu’à partir du XVe siècle. Les fragments de peintures, de sculptures et autres documents dénombrant d’autres arts semblent montrer une infériorité des artistes sur les Écoles allemandes, notamment de Cologne et françaises. Cependant, les miniaturistes hollandais de cette époque semblent jouir d’un certain prestige puisque nombre de leurs œuvres se retrouvent dans des manuscrits commandés par des princes et nobles français. Jean Van Eych, fondateur de l’école de Bruges et inventeur de la peinture à l’huile réside plusieurs années à la Haye et formera sans doute de nombreux élèves[12],[13].
Au XVe siècle, on peut citer les artistes hollandais Thierry Bouts né à Haarlem, Jacques Kornelissen Van Oostzanen et Jean Mestaert, coloristes reconnus et précurseurs du naturalisme pictural dans les œuvres hollandaises datant d’avant la Renaissance. Peu de leurs œuvres survécurent jusqu’à nous. Le plus célèbre élève de cette école fut Lucas de Leyde, élève de Cornelis Engelbrechtsen, de qui de nombreuses gravures et dessins subsistèrent, démontrant l’attrait pour les scènes de vie domestique.
Dès le renouveau de la peinture dans les Provinces-Unies, on peut noter cette spécificité à peindre les scènes de vie courante.
Cependant, Jean Schoreel ramène de son périple d’Italie l’influence de la Renaissance italienne. On conserve de lui au musée communal d'Utrecht un beau portrait d'Adrien IV, et, au musée archiépiscopal de la même ville, la Vierge et l'Enfant Jésus, imitation de celle de Raphaël. Schoreel fut le chef de file pour les Provinces-Unies de cette inspiration italienne, formant après lui beaucoup d’élèves dont les plus distingués sont Maerten Van Haemsherk et Antoine Moor, qui préfigura la tradition forte des portraitistes en Hollande. Otto Venius devient l’un des maîtres de Rubens, élève lui-même de Frederico Zucchero. On peut citer encore Abraham Bloemaert, Cornelis de Haarlem et Pierre Lastmann, ce dernier futur maître de Rembrandt.
L’oppression espagnole durant le XVIe siècle mit à mal l’activité artistique en Hollande, amenant une fuite des peintres hollandais vers l’Italie. La sécession des provinces du Nord sous la direction de Guillaume le Taciturne, puis la guerre d’indépendance débutée en 1581 et terminée en 1648 après la dernière guerre de Trente-Ans, apporte aux nouvelles Provinces-Unies une légitimité et une reconnaissance au niveau européen, amenant un âge d’or. L’art hollandais prit alors après la guerre un essor formidable, appelée l’âge d’or de la peinture hollandaise. Malgré la fuite des artistes, la peinture de guerre, représentant les scènes de batailles historiques ou au contraire les actions quotidiennes sous cette sécession, prolifère.
Au XVIIe siècle, les provinces du Nord cohabitent avec celles du Sud, toujours espagnoles. L’opposition Nord/Sud sera caractéristique de ce siècle dit de l’âge d’or hollandais, qui sera également celui de Rubens. Le sud continue l’art d’inspiration italienne, notamment grâce à Rubens qui glorifie l’ancienne puissance déchue et l’ancienne foi du royaume. L’art présent au Nord est plutôt celui des écoles de Harleem, de La Haye, de Leyde, de Delft, d’Amsterdam. Les tableaux historiques sont remplacés par de nombreux portraits, et les sujets religieux sont dépouillés de l’idéalisme et du mystique, conformément à la religion protestante.
La peinture hollandaise produit les tableaux dits de régents et de société de tir. L’innovation majeure est de réalisé des portraits de groupe, par exemple en réunissant les régents de sociétés d’utilités publiques, des compagnies de gardes civiques. Le Banquet de gardes civiques (1533, Corneille Teunissen). Les grands portraitistes de cette époques sont Michel Van Mierevelt de Delft, Pierre Van Miervelt, Paul Moeelse, Jan Van Ravesteyn, Vroom, Adrien Van Der Venne de Delft. Gérard Van Houthorst atteint une certaine célébrité en réalisant des reproductions d’objets simples, vulgaires ou repoussants. Il peint également des scènes nocturnes et inaugure des contrastes de lumières. Frans Hals le Vieux fonde une école renommée à Haarlem.
Rembrandt Harmensz Van Ryn marquera ce siècle, en devenant un artiste reconnu très rapidement. Il est l’un des principaux peintres ayant glorifié le clair-obscur. À sa succession, une multitude d’élèves sont formés au réalisme et au maniement du clair-obscur. On retrouve Gerbrand Van Den Eeckout, Govaert Flinck, Ferdinand Bol. En dehors de l’influence de Rembrandt, Barthélémy van der Helst est le favori portraitiste de la classe bourgeoise de l’époque, habitant Amsterdam. Le Banquet de la garde civique (1648).
Jean Steen peindra les intérieurs et sera reconnu pour cela et pour sa retranscription des cabarets, des manèges, des noces. Il fut nommé « Molière de la peinture ».
Entre tous, les peintres flamands virent portée la peinture de paysage dans ce qu’on peut considérer pour l’époque, à son apogée. Jean Wynats et son élève Adrien van de Velde peignent des sites vallonnés, sablonneux, marécageux entrecoupés et entremêlés d’arbres, de vies sauvages et de cours d’eau. Le miroitement du soleil sur les miroirs d’eau, les villages entourés d’arbres, les ciels d’orage, les champs, les moulins ou encore les vastes plaines deviennent les portraits favoris de ces peintres du XVIIe siècle. La peinture d’animaux, avec Paul Potter, connaît là aussi, une reconnaissance des contemporains.
La seconde moitié du XVIIe siècle voit une augmentions dans les productions picturales de natures mortes, mais avec une particularité hollandaise : une couleur claire et puissante. Le peintre Guillaume Kalff réussit cette association entre l’inerte et les couleurs vives, vivantes.
Beaucoup de paysagistes se tournèrent dans le dernier quart du siècle, vers la marine. On peut citer par exemple, Guillaume Van de Velde le Vieux apprenant son art en naviguant tel un matelot, apprenant au passage les gréements, les navires, les manœuvres, lui permettant plus tard d’apparaître pour ses dessins maritimes à la cour de Londres, félicité et remercié largement par Charles II et Jacques II. Son fils, Guillaume le Jeune consacrera aussi une bonne partie de sa vie à reproduire les grandes marines de son pays, avant de partir lui aussi pour l’Angleterre en 1677.
Le XVIIIe siècle marque un certain déclin pour l’art hollandais dans la peinture. Le classicisme réapparaît en force dans toute l’Europe. Gérard de Lairesse né Liégeois s’établit rapidement en Hollande, pour conquérir les faveurs des petits bourgeois, remettant au goût du jour la mythologie dans les arts. Les derniers peintres à s’inspirer des anciennes écoles typiquement hollandaises, sont Jean-Maurice Quinckhard et Cornelis Troost, sans atteindre la renommée de leur prédécesseur.
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