Loading AI tools
période insurrectionnelle de l'histoire de Paris, 1871 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Commune de Paris est la plus importante des communes insurrectionnelles de France en 1870-1871, qui dura 72 jours, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21 au . Cette insurrection, faisant suite aux communes de Lyon et de Marseille, refusa de reconnaître le gouvernement issu de l'Assemblée nationale constituante, qui venait d'être élue au suffrage universel masculin dans les portions non occupées du territoire, et choisit d'ébaucher pour la ville une organisation de type libertaire, fondée sur la démocratie directe, qui donnera naissance au communalisme. Ce projet d'organisation politique de la République française visant à unir les différentes communes insurrectionnelles ne sera jamais mis en œuvre du fait de leur écrasement lors de la campagne de 1871 à l'intérieur dont la Semaine sanglante constitue l'épisode parisien et la répression la plus célèbre.
–
2 mois et 10 jours
Drapeau rouge. |
Statut | Commune autonome administrée selon les principes de la démocratie directe |
---|---|
Capitale | Paris |
Langue(s) | Français |
Monnaie | Franc français |
Population (1866) | 1 799 980 hab. |
---|
Les Parisiens, essentiellement ouvriers, artisans et professions libérales, se soulèvent contre le gouvernement d'Adolphe Thiers qui veut désarmer la Garde nationale, et empêchent l'enlèvement des canons de la Garde nationale ; le gouvernement quitte Paris pour Versailles. | |
Élections des membres du Conseil de la Commune. | |
Proclamation du Conseil de la Commune, surnommé « Commune de Paris », à qui le Comité central de la Garde nationale remet ses pouvoirs. | |
Pour gouverner, la Commune se dote d'une Commission exécutive, à la tête de 9 commissions. | |
La Commune présente son programme dans sa Déclaration au peuple français. | |
La Commission exécutive est remplacée par un organisme plus autoritaire : le Comité de salut public. | |
Démolition de la colonne Vendôme, considérée comme symbole du despotisme impérial. | |
21-28 mai 1871 | La semaine sanglante met fin à la Commune de Paris. Procès, exécutions et déportations des prisonniers communards. |
Jourde, Varlin, Grousset… | |
Cluseret, Frankel, Vaillant… | |
Rossel, Delescluze… |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
La Commune est à la fois le rejet d'une capitulation de la France face aux menées de Bismarck lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et du siège de Paris, et une manifestation de l'opposition entre un Paris républicain, favorable à la démocratie directe, et une Assemblée nationale à majorité acquise au régime représentatif. Cette insurrection et la violente répression qu'elle subit eurent un retentissement international important, notamment au sein du mouvement ouvrier et des différents mouvements révolutionnaires naissants. La Commune est de ce fait encore aujourd'hui une référence historique importante pour les mouvements d'inspiration libertaire, la mouvance révolutionnaire issue du mouvement ouvrier et plus largement pour les sympathisants de gauche, y compris réformistes, ou encore d'autres mouvements favorables à la démocratie directe. L'implication de nombreuses femmes est également un trait remarquable de cet épisode.
De 1804 à 1870, la France a vécu principalement sous des régimes politiques plus ou moins autoritaires : Premier Empire, Restauration, monarchie de Juillet, Deuxième République, Second Empire. Le régime républicain et la démocratie représentative n'ont été que des expériences passagères.
La Commune de Paris trouve sa source dans un élan républicain se référant à la Première République et au Gouvernement révolutionnaire de la Commune de 1792, ainsi qu'aux premiers mois de la Deuxième République, allant de la révolution de février aux insurrections des journées de Juin, réprimées de façon sanglante par le gouvernement issu de l'Assemblée constituante élue le .
|
Les conditions de vie des ouvriers sont particulièrement dures. Sous le Second Empire, les salaires sont inférieurs au coût de la vie. L'un des hauts fonctionnaires favoris de Napoléon III, le baron Haussmann, note que plus de la moitié des Parisiens vivent dans une « pauvreté voisine de l'indigence », même s'ils travaillent onze heures par jour[1].
En , le Second Empire entreprend contre la Prusse une guerre mal préparée, qui le conduit rapidement à la défaite. Le , à la suite d'une journée d'émeutes parisiennes, l'Empire est renversé. Un gouvernement de défense nationale s'installe à l'hôtel de ville de Paris officiellement pour poursuivre la guerre contre les États allemands, dont les troupes occupent le nord du pays.
Paris est assiégé et connaît une grave famine au cours de l'hiver 1870-1871. Les Français, humiliés, apprennent que l'Empire allemand a été proclamé dans la Galerie des Glaces du château de Versailles le . Le , Jules Favre signe avec le chancelier allemand Otto von Bismarck un armistice qui prévoit, outre l'arrêt des hostilités pour une période de quinze jours renouvelables, la convocation d'une assemblée nationale chargée notamment de décider de la poursuite de la guerre ou de la conclusion de la paix.
Les événements font monter la tension à Paris au sein du peuple où se retrouve « ce qui a produit la sans-culotterie en 1792-1794 : ébénistes, tanneurs, cordonniers, tailleurs, maçons, charpentiers, etc. »[2]. Le nouveau gouvernement avait réussi à contenir, le 31 octobre, une tentative de renversement venue de la gauche. Il parvint de justesse à en empêcher une seconde, le 22 janvier, en utilisant des troupes régulières pour tirer sur la foule dans le secteur ouvrier de Belleville[1].
Les élections législatives du , organisées dans la précipitation pour ratifier au plus vite l'armistice, envoient une forte proportion de monarchistes (400 députés), candidats des listes « pour la paix », à l'Assemblée nationale. La gauche parisienne n'eut pas le temps de faire campagne dans les circonscriptions rurales, où la majorité de l'électorat était encore concentrée, et l’Église et les propriétaires terriens purent exercer une influence décisive sur le scrutin (chaque commune votait généralement en masse pour le candidat soutenu par les notables locaux). La plus grande partie des élus représentant Paris sont eux des républicains des listes « pour la guerre ». En effet, le peuple parisien pense s'être correctement défendu et ne se considère pas comme vaincu. Il existe un fossé grandissant, confinant parfois à l'exaspération, entre les provinces et la capitale[1].
La guerre de 1870 a profondément marqué la ville, qui a subi un siège très dur et dont la population a souffert de la faim. Les ouvriers, les artisans et leurs familles furent ceux qui souffrirent le plus de l'envolée des prix. S’enrôlant en grand nombre dans la Garde nationale, ils portèrent ses effectifs à 350 000 hommes et, en élisant leurs officiers, ils mirent fin à la prégnance de la bourgeoisie parmi eux. L'armistice de paraît insupportable aux Parisiens, qui ont résisté à l'ennemi pendant près de quatre mois. « Les insurgés vibraient d'un patriotisme de gauche que la honte de la défaite exaspérait »[3].
L'attitude du gouvernement n'est pas conciliante, notamment lorsqu'il nomme trois bonapartistes aux postes de préfet de police (Louis Ernest Valentin), de chef de la Garde nationale (le général Louis d'Aurelle de Paladines) et de gouverneur (le général Joseph Vinoy), nominations vécues comme une provocation par les Parisiens. Le , le préfet de police interdit les principaux journaux de la gauche radicale, dont Le Cri du peuple de Jules Vallès.
L'attitude de l'Assemblée, royaliste et pacifiste, qualifiée d'« assemblée de ruraux » par les Parisiens, contribue à l'exacerbation des tensions. Le , elle transfère son siège de Paris à Versailles parce qu'elle voit dans Paris « le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l'idée révolutionnaire »[4]. Par une loi du même jour, elle met fin au moratoire sur les effets de commerce, acculant à la faillite des milliers d'artisans et de commerçants, et supprime la solde d'un franc cinquante par jour payée aux gardes nationaux.
À Paris, la mixité sociale dans les quartiers, de règle depuis le Moyen Âge, a presque disparu avec les transformations urbanistiques du Second Empire. Les quartiers de l'ouest (7e, 8e, 16e et 17e arrondissements) concentrent les plus riches des Parisiens avec leur domesticité. Les quartiers centraux conservent encore des personnes aisées. Mais les classes populaires se sont installées à l'est (10e, 11e, 12e, 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements). Les ouvriers sont très nombreux : 442 000 sur 1,8 million d'habitants, selon le recensement de 1866, ainsi que les artisans (près de 70 000, la plupart travaillant seuls ou avec un unique ouvrier) et les très petits commerçants dont la situation sociale est assez proche de celle des ouvriers. Ces classes populaires ont commencé à s'organiser.
Deux éléments ont pu favoriser l'insurrection du peuple. Tout d'abord, le droit de grève, accordé en 1864, a été très utilisé dans les dernières années du Second Empire. À l'occasion des élections législatives de février 1864, des ouvriers publient le manifeste des Soixante, qui réclame la liberté du travail, l'accès au crédit et la solidarité. Depuis septembre 1864, il existe une Internationale ouvrière qui a des représentants à Paris (en 1868, le gouvernement impérial dissout sa section française dont les membres ont participé à des manifestations républicaines). Ensuite, la loi sur la liberté de la presse de 1868 permet l'émergence publique de revendications économiques anti-capitalistes : le programme de Benoît Malon et Eugène Varlin pour les élections législatives de 1869 prône la « nationalisation » des banques, des assurances, des mines, des chemins de fer… Les blanquistes, inspirés par les idées d'Auguste Blanqui et partisans de l'insurrection, se manifestent de plus en plus, ce qui inquiète l'opinion et les élus républicains.
Les classes populaires parisiennes (ou tout du moins une partie d'entre elles) craignent de se voir une nouvelle fois frustrées des bénéfices de « leur » révolution de septembre 1870 (renversement du Second Empire). Déjà, après les journées révolutionnaires parisiennes de juillet 1830 comme après celles de février 1848, suivies des élections d'avril 1848, les classes aisées avaient confisqué le pouvoir politique à leur profit[réf. nécessaire] en installant la monarchie de Juillet et la Deuxième République, qui débouchera sur le Second Empire. En 1871, les Parisiens sont méfiants envers l'assemblée élue en février, où les deux tiers des députés sont des monarchistes de diverses tendances ou des bonapartistes. Comme l'écrit Jean-Jacques Chevallier, « la Commune était l'expression, chez ses meneurs, d'un républicanisme ultra rouge, antireligieux, jacobin, prolétarien, fouetté par la haine pour cette assemblée monarchiste »[3].
D'autres facteurs ont contribué à son déclenchement. L'historien Jacques Rougerie, par exemple, voit dans l'insurrection des Parisiens une conséquence de la révolution haussmannienne, et interprète la Commune comme « une tentative de réappropriation populaire de l'espace urbain »[5].
Jules Ferry, quant à lui, déclara devant la commission d’enquête sur les causes de l’insurrection, qu’il en voyait trois : premièrement, ce qu’il appelle « la folie du siège », née de l’inactivité, du bouleversement des habitudes civiles, d’une tension des esprits tournés vers la guerre, et enfin de « l’immense déception » d’une « population tout entière qui tombe du sommet des illusions ». La deuxième se trouve dans la désorganisation de la garde nationale, source de graves désordres. Pour terminer, la ferme volonté des Prussiens d’entrer dans Paris finit par convaincre une grande partie de la population qu’elle était trahie[6].
Les archives de la répression qui frappa l'insurrection permettent de brosser le portrait social des communards. L'insurgé-type de 1871 est un travailleur parisien, un homme d'une trentaine d'années. Parmi ces insurgés, on rencontre principalement les ouvriers du bâtiment, les journaliers, et les travailleurs du métal, ouvriers d'ateliers ou de petites fabriques. Ils forment respectivement 17 %, 16 % et 10 % du total. Viennent ensuite les employés (8 %), les cordonniers-savetiers (5 %), les marchands de vin (4 %) et les ouvriers du livre (3 %), fortement politisés[7].
L’écrivain Maxime du Camp, témoin hostile de la Commune, fait, en 1881, une description sévère des insurgés : « Malgré certaines apparences et malgré leur uniforme, les bataillons fédérés n’étaient point une armée ; c’était une multitude indisciplinée, raisonneuse, que l’alcoolisme ravageait. Dans toutes les luttes qu’ils engagèrent, même à forces triples, contre l’armée de Versailles, ils furent battus. Lors du combat suprême commencé le 21 mai et terminé le 28, malgré les positions formidables qu’ils occupaient, malgré les abris qui les protégeaient, malgré les refuges que leur offraient les rues, les ruelles, les maisons à double issue, malgré leur énorme artillerie, malgré leur nombre, ils furent vaincus par nos soldats marchant à découvert. Plus d’une cause leur a infligé une infériorité qui devait nécessairement amener leur défaite : au point de vue technique, ils ne savaient pas obéir, et l’on ne savait pas les commander ; au point de vue moral, la plupart ne savaient pas pourquoi ils se battaient ; presque tous trouvaient le métier fort dur et ne le faisaient qu’en rechignant »[8].
Adolphe Thiers avait commandé la construction des fortifications qui entouraient Paris alors qu'il était ministre de Louis-Philippe. Il avait conçu cette enceinte pour défendre la ville contre des ennemis. Mais elles devaient aussi servir à isoler la ville du reste du pays, en cas de révolte populaire, permettant au gouvernement, aux autorités et aux troupes de se replier à Versailles, et de laisser le contrôle de la ville aux insurgés. Il suffisait ensuite d’assiéger puis de reconquérir la ville, avec des troupes fidèles venues du reste du pays. Durant la révolution de 1848, Thiers avait vainement proposé ce plan au roi Louis-Philippe pour briser la révolution parisienne.
Le 17 mars 1871, Adolphe Thiers et son gouvernement, évaluant mal l'état d'esprit des Parisiens, envoient au cours de la nuit la troupe sous le commandement du général Lecomte s'emparer des canons de la Garde nationale sur la butte Montmartre. Alors que la population et les gardes nationaux se rassemblent, Lecomte ordonne de faire feu, mais ses soldats refusent d’obtempérer. Le général est capturé par les insurgés et tué le lendemain, comme le général Clément-Thomas, malgré la demande de protection du maire du 18e arrondissement, Georges Clemenceau. Ce même jour, Thiers organise l'arrestation d'Auguste Blanqui[9] qui se reposait chez un ami médecin à Bretenoux (Lot). De là, il le fait transférer en Bretagne, sous surveillance militaire, avec ordre de tirer en cas d'évasion.
Quand le gouvernement décide de désarmer les Parisiens, ceux-ci se sentent directement menacés. Il s'agit de leur soustraire les 227 canons entreposés à Belleville et à Montmartre. Les Parisiens considèrent comme leur propriété ces canons qu'ils ont eux-mêmes payés par souscription lors de la guerre contre la Prusse. Ils se voient sans défense vis-à-vis d'éventuelles attaques des troupes gouvernementales (comme en juin 1848). Cependant ils disposent de près de 500 000 fusils. De son côté, le gouvernement craint la présence de cette artillerie en cas d'émeute ouvrière, et justifie le retrait des canons par l'application des conventions prises avec le vainqueur dont le désarmement de la capitale fait partie. Les Prussiens sont en effet toujours présents autour de la ville.
À Montmartre, Belleville, Ménilmontant, l'armée réussit sans difficulté à saisir les canons. Cependant, il faut les transporter et les chevaux manquent. Une note du 16 mars 1871 du 3e bureau au ministre de la Guerre a pressé la réaffectation des 1 800 chevaux disponibles. Ce 18 mars, donc, l'armée attend les chevaux. On tente même de descendre les canons à bras d’homme. À Montmartre, au matin, le peuple parisien s'éveille et s'oppose à la troupe venue chercher les canons. Puis, rapidement, celle-ci fraternise avec lui. Un peu partout dans Paris, la population s'en prend aux représentants supposés du gouvernement, élève des barricades et fraternise avec la troupe. Deux généraux, Lecomte, déjà cité, et Clément-Thomas, qui avait participé à la répression du soulèvement de juin 1848, sont massacrés par la foule rue des Rosiers[10] malgré les ordres contraires du Comité de vigilance de Montmartre[11] et l'intervention du maire du 18e arrondissement, Clemenceau. C'est le début de l'insurrection. Apprenant les événements, Victor Hugo écrit dans son journal : « Thiers, en voulant reprendre les canons de Belleville, a été fin là où il fallait être profond. Il a jeté l’étincelle sur la poudrière. Thiers, c’est l’étourderie préméditée »[12].
Adolphe Thiers gagne Versailles. Des Parisiens (100 000 selon Thiers[réf. nécessaire]), habitant surtout des quartiers aisés de l'Ouest parisien ou fonctionnaires, l'y suivent. La Commune ne représentait à peu près que la moitié de la population parisienne[13].
Le 25 mars, un jour avant les élections, le Comité central de la Garde nationale lance auprès des Parisiens un appel à la vigilance et à la réflexion avant d’élire leurs représentants. Les élections sont organisées le 26 mars pour désigner les 92 membres du Conseil de la Commune. Compte tenu des départs de Parisiens, avant et après le siège de Paris par les Prussiens, et de ceux qui suivent Thiers à Versailles, le taux d'abstention est de 52 %. L'élection d'une vingtaine de candidats « modérés », représentant les classes aisées[réf. souhaitée], montre que le scrutin ne fut au moins pas totalement biaisé.
Les arrondissements de l'Est et du Nord (18e, 19e, 20e, 10e, 11e), le 12e et le 13e dans le Sud ont voté massivement pour les candidats fédérés. Les 1er, 2e, 3e, 9e et 16e ont quant à eux voté massivement pour les candidats présentés par les maires du parti de l'Ordre (environ 40 000 voix) et les abstentions y ont été très importantes. En réalité, 70 élus seulement siègeront, du fait de la démission rapide de modérés, de l'impossibilité d'être à Paris pour certains (par exemple Blanqui) et des doubles élections.
Le Conseil est représentatif des classes populaires et issues de la petite bourgeoisie parisienne : 33 artisans et petits commerçants (cordonniers, relieurs, typographes, chapeliers, teinturiers, menuisiers, bronziers), 24 professions libérales ou intellectuelles (12 journalistes, 3 avocats, 3 médecins, 2 peintres, 1 pharmacien, 1 architecte, 1 ingénieur, 1 vétérinaire), et 6 ouvriers (métallurgistes).
Toutes les tendances politiques républicaines et socialistes sont représentées, jusqu'aux anarchistes. Parmi la vingtaine de « jacobins », admirateurs de la Révolution de 1789 et plutôt centralisateurs, on trouve Charles Delescluze, Félix Pyat, Charles Ferdinand Gambon ou Paschal Grousset. À peine plus nombreux sont les « radicaux », partisans de l'autonomie municipale et d'une république démocratique et sociale, tels Arthur Arnould, Charles Amouroux, Victor Clément et Jules Bergeret. On compte une dizaine de « blanquistes », adeptes de l'insurrection et avant-gardistes, comme l'avocat Eugène Protot, le journaliste Édouard Moreau de Beauvière, Jean-Baptiste Chardon, Émile Eudes, Théophile Ferré, Raoul Rigault ou Gabriel Ranvier. Des collectivistes, membres de l'Association internationale des travailleurs, sont élus, dont Léo Fränkel, Benoît Malon et Eugène Varlin. Quelques « proudhoniens », partisans de réformes sociales, siègent, comme Pierre Denis. Enfin, des « indépendants » ont été élus, tels Jules Vallès et Gustave Courbet. Vingt des soixante élus du Conseil de la Commune sont des francs-maçons[15],[14].
Rapidement, le Conseil de la Commune se divise en « majorité » et « minorité » :
Ces tendances se cristallisent le 28 avril à propos de la création d'un Comité de Salut public, organisme que les minoritaires refusent comme contraire à l'aspiration démocratique et autonomiste de la Commune. Les majoritaires en imposent la création le 1er mai par 45 voix contre 23[16]. La minorité au conseil de la Commune publie un Manifeste le 15 mai. Toutefois, ces luttes d'influence restent incomprises d'une grande partie des Parisiens et les deux tendances feront combat commun dès l'entrée des troupes versaillaises dans Paris.
Au début de la Commune, la volonté est de convaincre les « Versaillais » (les membres du gouvernement d'Adolphe Thiers partis à Versailles) d'accepter l'autonomie communale qui vient de se constituer à Paris, cette proposition rencontrant un certain écho parmi les Versaillais modérés. Les communards souhaitent la paix et veulent éviter la guerre civile, proposant à l'assemblée de Versailles de négocier. Paris invite le reste de la France à rejoindre l'autonomie communale mais l'instauration de la République sociale à Paris renvoie au souvenir de 1793 et de la Terreur chez les Versaillais. Du côté de la Commune, l'assemblée de Versailles est vue comme une assemblée des ruraux, gouvernée par la province qui est accusée de soutenir Thiers et la monarchie. Toutefois, Versailles refuse de reconnaitre la validité des élections à Paris, refuse de négocier et prend l'initiative de l'affrontement le 2 avril 1871[17].
À côté des personnalités élues, les classes populaires de Paris manifestent une extraordinaire effervescence politique. Les élections à répétition, le 26 mars pour le Conseil de la Commune et le 16 avril pour des élections complémentaires, maintiennent la tension politique. Les cérémonies officielles permettent aussi les rassemblements : l'installation du Conseil de la Commune à l'hôtel de ville le 28 mars, les obsèques du socialiste Pierre Leroux à la mi-avril, la destruction de l'hôtel particulier de Thiers, la démolition de la colonne Vendôme le 16 mai. Le photographe Bruno Braquehais rend compte de la chute de la colonne Vendôme dans une série de clichés.
Surtout, la population peut se retrouver dans de nombreux lieux pour y discuter de la situation, proposer des solutions, voire faire pression sur les élus ou aider l'administration communale. Réunis dans les lieux les plus divers, ils permettent à des orateurs réguliers ou occasionnels de faire entendre les aspirations de la population et de débattre de la mise sur pied d'un nouvel ordre social favorable aux classes populaires (comme au Club de la Révolution, animé par Louise Michel). Si ces clubs sont nombreux dans les quartiers centraux (1er, 2e, 3e, 4e, 5e et 6e arrondissements), les quartiers aisés de l'ouest parisien (7e, 8e et 16e) n'en comptent aucun. Les clubs se fédèrent le 7 mai afin d'avoir des contacts plus efficaces avec le Conseil de la Commune.
S'ajoutant aux titres déjà existants, plus de soixante-dix journaux sont créés pendant les soixante-douze jours de la Commune. Mais la liberté de la presse est restreinte dès le 18 avril et, le 18 mai, le Comité de Salut public interdit les publications favorables au gouvernement Thiers. Parmi les journaux les plus influents figurent Le Cri du peuple de Jules Vallès, Le Mot d'ordre d'Henri Rochefort, L'Affranchi de Paschal Grousset, Le Père Duchêne d'Eugène Vermersch, La Sociale avec la féministe André Léo et Le Vengeur de Félix Pyat.
Le , la Commune se dote pour gouverner d'une Commission exécutive, à la tête de 9 commissions. Au , leur composition est la suivante[18].
Dans son programme daté du 19 avril 1871, la Commune résume[22] :
« La Révolution communale, commencée par l'initiative populaire du 18 mars, inaugure une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique. C'est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l'exploitation, de l'agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la Patrie ses malheurs et ses désastres. »
Le 21 avril le Conseil décide de nommer un membre de la commission exécutive « délégué » auprès de chacune des neuf autres commissions pour en diriger les travaux. Gustave Cluseret devient délégué à la Guerre (remplacé le 1er mai par Louis Rossel, lui-même remplacé le 10 mai par Charles Delescluze) ; Eugène Protot est délégué à la Justice ; Auguste Viard est délégué aux Subsistances ; Édouard Vaillant à l'Enseignement ; Raoul Rigault à la Sûreté générale (où il sera remplacé le 24 avril par Frédéric Cournet, puis le 13 mai par Théophile Ferré) ; Léo Frankel est nommé au Travail, à l'Industrie et aux Échanges ; Jules Andrieu aux Travaux publics. Le Comité de Salut public, créé le 1er mai, dont les attributions n'ont pas été précisées, vient empiéter sur celles des commissions et crée une certaine confusion (qui aboutit le 10 mai à la démission de Louis Rossel).
La Commune administre Paris jusqu'au 20 mai. De nombreuses mesures sont prises et appliquées pendant les 72 journées d'une intense activité législative. La Commune n’ayant aucune légitimité au regard du gouvernement légal du pays, ces mesures disparaissent avec elle sans qu’il soit nécessaire de les abolir explicitement ensuite. Certaines seront reprises par la République plusieurs décennies plus tard.
Le Conseil de la Commune commence par régler les questions qui sont à l'origine du soulèvement du 18 mars : le 29 mars, un décret remet les loyers non payés d'octobre 1870 à avril 1871 (il ne s'agit pas d'un moratoire, les locataires ne sont tout simplement plus redevables de ces loyers)[23], la vente des objets déposés au Mont-de-Piété est suspendue ; le 12 avril, les poursuites concernant les échéances non payées sont suspendues ; le 16 avril, un délai de trois ans est accordé pour le règlement des dettes et des échéances ; le 6 mai, le dégagement gratuit des dépôts de moins de 20 francs au Mont-de-Piété est permis (décret du 6 mai 1871, J.O. du 7 mai).
La solidarité est également organisée : une pension est versée aux blessés ainsi qu'aux veuves (600 francs) et aux orphelins (365 francs) des gardes nationaux tués au combat (8 et 10 avril) ; le 25 avril, un décret réquisitionne les logements vacants au profit des sinistrés des bombardements allemands et versaillais ; des orphelinats sont créés avec l'aide en fourniture des familles parisiennes.
La question du ravitaillement est devenue moins cruciale que pendant le siège hivernal de Paris par les Prussiens. À l'exception du pain qui est taxé, les aliments se trouvent en suffisance grâce aux stocks accumulés après le siège et aux arrivages des terres agricoles et des jardins situés entre les fortifications et les lignes allemandes. Mais par circulaire du 21 avril, le gouvernement Thiers impose le blocus ferroviaire de la capitale. Le 22 avril, des ventes publiques de pommes de terre et des boucheries municipales sont créées pour soulager le budget des familles (dont les dépenses alimentaires constituent à l'époque l'essentiel). Cantines municipales et distributions de repas (à l'exemple des « marmites de Varlin ») fonctionnent, des bons de pain sont distribués.
— Placard de la Commune de Paris |
La Commune prend aussi quelques mesures symboliques : le drapeau rouge est adopté le 28 mars et le calendrier républicain (an 79 de la République) remis en vigueur. La destruction de la colonne Vendôme, considérée comme le symbole du despotisme impérial, est décrétée le 12 avril et réalisée le 16 mai. Sont aussi décidées la confiscation des biens de Thiers et la destruction de son hôtel particulier à Paris (Thiers se fera rembourser plus d'un million de francs).
L'appel du 22 mars[25] du Comité central de la Garde nationale énonce que « les membres de l'assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l'opinion, sont révocables, comptables et responsables » et que leur mandat est impératif. Il s'agit d'une démocratie directe reposant sur une citoyenneté active, renouant avec l'esprit de la constitution de 1793 qui fait du droit à l'insurrection « le plus sacré des droits et le plus imprescriptible des devoirs » (article XXXV de la Déclaration des droits de l'Homme de 1793).
La Commune de Paris ouvre la citoyenneté aux étrangers : « Considérant que le drapeau de la commune est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent… »[26].
Le Conseil de la Commune, issu d'un mouvement populaire, se préoccupe d'améliorer la condition des prolétaires. La Commune entend réaliser l'aspiration du mouvement ouvrier français du XIXe siècle : « l'émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes » (mot d'ordre de l'Association internationale des travailleurs dès 1864).
Le 16 avril, un décret réquisitionne les ateliers abandonnés par leurs propriétaires (assimilés à des déserteurs) ; il prévoit de les remettre à des coopératives ouvrières après indemnisation du propriétaire. Deux ateliers fonctionnent ainsi pour la fabrication d'armes ; la journée de travail y est de 10 heures et l'encadrement est élu par les salariés. Le 20 avril, les bureaux de placement de la main d'œuvre, entreprises privées très florissantes sous l'Empire, monopoles agissant bien souvent comme des « négriers », sont supprimés et remplacés par des bureaux municipaux. Le même jour, le travail de nuit dans les boulangeries est interdit, mais il faut lutter contre le travail clandestin par des saisies de marchandises et l'affichage de la sanction dans les boutiques. Pour contrer une pratique très répandue, la Commune interdit les amendes patronales et retenues sur salaires, dans les administrations publiques comme dans les entreprises privées (28 avril). Pour lutter contre le sous-salariat dans les appels d'offres concernant les marchés publics, un cahier des charges avec indication du salaire minimum est créé.
La Commune annonce les prémices de l'autogestion[27]. Dans les entreprises, un conseil de direction est élu tous les 15 jours par l'atelier et un ouvrier est chargé de transmettre les réclamations.
Pendant la Commune, sous l'impulsion d'Élisabeth Dmitrieff, jeune militante russe de l'Internationale, et de Nathalie Lemel, ouvrière relieuse, se crée l'un des premiers mouvements féminins de masse, l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés. L'Union réclame le droit au travail et l'égalité des salaires (un commencement d'application est mis en place pour les institutrices), elle participe au recensement des ateliers abandonnés par leurs patrons (les francs fileurs) réfugiés à Versailles et organise des ateliers autogérés. La Commune reconnaît l'union libre (elle verse une pension aux veuves de fédérés mariées ou non, ainsi qu'à leurs enfants légitimes ou naturels)[29],[30], interdit la prostitution, met en place un début d'égalité salariale et décrète la séparation des Églises et de l'État dans les écoles et les hôpitaux. Des femmes se battent — comme Louise Michel et d'autres — sous l'habit des « fédérés » et défendent Paris contre les « Versaillais » sur les barricades (elles sont une centaine, place Blanche, avec Nathalie Lemel), rejoignent le front en tant qu'ambulancières ou vivandières — les témoignages de Victorine Brocher ou d'Alix Payen nous sont parvenus — ou poursuivent les gardes nationaux réfractaires dans Paris — une légion des Fédérées armée est levée pour cette tâche. Sur le chemin de l'émancipation des femmes, la Commune a marqué une étape importante[29],[30].
La liberté de la presse est réaffirmée le 19 mars par le Comité central de la Garde nationale et les journaux anti-communards continuent donc de paraître à Paris. Ils se livrent à des attaques violentes contre le soulèvement et relaient les mots d'ordre politiques de Thiers. Aussi, dès le 5 avril, le Journal des Débats et La Liberté, jugés pro-versaillais, sont interdits. Le 12, Le Moniteur universel connaît le même sort. La presse pro-versaillaise continuant ses attaques, le 9 avril, la Commission de Sûreté générale rappelle que la « déclaration préalable » reste en vigueur. Dès le 18 avril, la Commune menace d'interdiction les journaux « favorables aux intérêts de l'armée ennemie » qui continuent tout de même de paraître. C'est surtout en mai que la lutte contre la presse pro-versaillaise prend de la vigueur : le 5 mai, 7 journaux sont supprimés, le 11 ce sont 5 autres journaux dont Le Vengeur et le 18 mai, 9 autres. Néanmoins, les publications interdites peuvent reparaître quelques jours plus tard du fait de la totale liberté laissée pour la fondation d'un journal. De son côté, la presse parisienne procommunarde ne peut être diffusée en province du fait de la vigilance du gouvernement Thiers[réf. nécessaire].
La Commune doit faire face à l'absentéisme des fonctionnaires, qui pour une grande part sont partis à Versailles avec Adolphe Thiers ou restent chez eux comme ce dernier le leur ordonne. Il s'agit aussi de changer l'état d'esprit de ces agents publics recrutés sous le Second Empire. La Commune décide l'élection au suffrage universel des fonctionnaires (y compris dans la justice et dans l'enseignement), l'instauration d'un traitement maximum (2 avril) de 6 000 francs annuels (l'équivalent du salaire d'un ouvrier[réf. nécessaire]) et l'interdiction du cumul (4 mai). Les fonctionnaires ne doivent plus le serment politique et professionnel.
La plupart des professionnels de la justice ou du droit ayant disparu (il n'y a plus que deux notaires en activité dans Paris), il faut pourvoir à tous les postes. Il y a beaucoup de projets, mais faute de temps, peu sont mis en application. Les enfants légitimés sont considérés comme reconnus de droit ; le mariage libre par consentement mutuel est instauré (avec un âge minimum de 16 ans pour les femmes, 18 ans pour les hommes) ; la gratuité des actes notariaux (donation, testament, contrat de mariage) est décidée. Pour tempérer l'activité répressive de Rigault à la Sûreté générale, une sorte d’habeas corpus est mise en place par Eugène Protot : les cas des suspects arrêtés par le Comité central de la Garde nationale ou la Sûreté doivent recevoir une instruction immédiate (8 avril) ; les perquisitions et réquisitions sans mandat sont interdites (14 avril) ; il est obligatoire d'inscrire le motif de l'arrestation sur les registres d'écrou (18 avril) ; une inspection des prisons est créée (23 avril).
Dans l'enseignement, le personnel de l'administration centrale s'est réfugié à Versailles, les professeurs du secondaire et du supérieur, assez peu favorables à la Commune, ont déserté lycées et facultés et les écoles privées congréganistes, nombreuses, car favorisées par la loi Falloux de 1850, ont été vidées de leurs élèves[31] depuis le décret du 2 avril « séparant l'Église de l’État ». Édouard Vaillant, chargé de ce secteur, prévoit une réforme qui vise à l'uniformisation de la formation primaire et professionnelle. Deux écoles professionnelles, une de garçons et une de filles, sont ouvertes. L’enseignement est laïcisé : l'enseignement de la religion est interdit, les signes religieux chrétiens sont enlevés des salles de classe. Une commission exclusivement composée de femmes est formée le 21 mai pour réfléchir sur l'instruction des filles. Quelques municipalités d'arrondissement, celle du 20e en particulier, qui ont alors la responsabilité financière de l'enseignement primaire, rendent l'école gratuite et laïque. Le personnel enseignant, qui est à la charge des municipalités, reçoit une rémunération de 1 500 francs annuels pour les aides-instituteurs et 2 000 pour les directeurs, avec égalité de traitement entre hommes et femmes.
— Journal Officiel du 2 avril 1871. Voir Les Classiques des Sciences Sociales, Le Journal Officiel de la Commune de Paris |
Dans le domaine des cultes, la Commune rompt avec le concordat de 1801 qui faisait du catholicisme « la religion de la majorité des Français » et des membres du clergé des fonctionnaires. À la fin de l'Empire, les classes populaires parisiennes sont assez hostiles au catholicisme, trop lié au régime impérial et aux conservateurs (liens notamment incarnés en la personne de l'impératrice Eugénie). L'anticléricalisme a été revigoré par la propagande blanquiste, d'un athéisme militant, et par l'attitude du pape Pie IX face à l'unification de l'Italie. Le 2 avril, la Commune décrète la séparation de l'Église (catholique) et de l'État, la suppression du budget des cultes et la sécularisation des biens des congrégations religieuses.
Le même jour, l'archevêque de Paris, Georges Darboy, est arrêté comme otage. Les religieux des couvents de Picpus, des Dames-Blanches et d'Arcueil sont inquiétés ou arrêtés sous divers motifs. Les églises Saint-Laurent et Notre-Dame-des-Victoires sont perquisitionnées. Les propositions d'échange de l'archevêque contre Auguste Blanqui, détenu par le gouvernement d'Adolphe Thiers, sont repoussées par celui-ci le 12 avril, puis le 14 mai. Le prélat est fusillé par les communards, avec quatre autres ecclésiastiques, en réplique à l'avance des troupes versaillaises. D'autres exécutions de religieux vont avoir lieu et portent le nombre total à plus d'une vingtaine[32].
Gustave Courbet publie le un appel aux artistes afin de les encourager à participer aux réunions politiques. La première réunion se tient à l'amphithéâtre de l'école de médecine le 14 avril devant plus de 400 personnes, et Eugène Pottier lit devant une assemblée d'artistes et d'artisans parisiens le manifeste de la Fédération des artistes de Paris, qui se conclut par la phrase : « Le comité concourra à notre régénération, à l'inauguration du luxe communal et aux splendeurs de l'avenir, et à la République universelle »[33],[34] (p. 64). L'apport de Courbet consista principalement à l'établissement d'une fédération laissant libre les artistes de gérer leurs propres affaires en dehors de toute tutelle administrative ou étatique[34](p. 65). La fédération des artistes réprouve l'idée d'octroi de subventions, les considérant comme une forme de tutelle et privilégiant une organisation corporatiste prenant la forme d'un syndicat des artistes. Il s'agit aussi d'une critique par rapport à l'administration muséale et l'emprise des musées sur le travail des artistes, et pour ce qui concerne la production littéraire une critique de l’administration par la censure pratiquée sous le Second Empire[34] (p. 66).
Les artistes durant cette première assemblée élurent 47 représentants révocables pour les domaines suivants : peinture, sculpture, architecture, lithographie, dessin industriel. Le manifeste se préoccupe de la propriété artistiques et du droit pour les artistes de signer leur œuvre et de garder le contrôle de la distribution :
« [la Fédération] n'admet que des œuvres signés de leurs auteurs, créations originales ou traductions d'un art par un autre, telles que la gravure traduisant la peinture, etc.. Il repousse d'une manière absolue toute exhibition mercantile tendant à substituer le nom de l'éditeur ou du fabricant à celui du véritable créateur[34] (p. 68). »
Gustave Courbet devient le président de cette nouvelle fédération des artistes. D'autres sont élus, comme Corot, Manet, Daumier (ils sont pourtant absents de Paris) mais Courbet est le seul peintre connu à s'y impliquer de façon résolue (Cézanne, Pissarro et Degas quittent la ville durant le siège prussien avant la période de la Commune). Courbet sera rendu responsable financièrement de la chute de la colonne Vendôme, et sévèrement critiqué par les artistes et écrivains bourgeois comme Émile Zola et Alexandre Dumas pour être sorti de son rôle d'artiste et s'être engagé politiquement[34] (p. 53). Zola tentera tout de même de sauver « ce grand artiste »[35].
D'après l'universitaire américaine Kristin Ross, « par « luxe communal », les artistes et les artisans de la Commune semblaient penser à une sorte de « beauté publique » : l'amélioration des espaces partagés dans toutes les villes et tous les villages, le droit pour chacun de vivre et de travailler dans un environnement agréable. En créant un art public, un art vécu, au niveau de municipalités autonomes, le luxe communal œuvrait contre la conception même de l'espace monumental et sa logique centralisatrice (nationaliste) »[33].
Il s'agit également de gommer la séparation entre arts décoratifs et beaux arts réservés à une élite consommant des produits de luxe. Élisée Reclus dans son livre L'art et le peuple décrira une volonté utopiale de transformer ce qu'il appelle le « palais coutumier » (lieu où sont enfermés les beaux arts pour une petite élite) en un feu de joie créatif d'art vécu, indispensable et non superflu :
« Ah ! Si les peintres et les sculpteurs étaient libres, ils n'auraient pas besoin de s'enfermer en de salons. Ils n'auraient qu'à reconstruire nos cités ; tout d'abord démolir ces affreux cubes de pierre où sont entassés les êtres humains dans une affreuse promiscuité […]. Ils brûleraient tout le barraquement des temps de misère en un immense feu de joie et j'imagine que, dans le musée des œuvres à conserver, ils ne laisseraient pas grand chose des prétendues œuvres artistiques de nos jours[34] (p. 74). »
Le cordonnier Napoléon Gaillard par exemple se réclame d'une pratique quotidienne des arts intégrée dans le travail des artisans. Il revendique une forme d'art dans sa pratique de cordonnier, Il se fait de façon emblématique photographier signant la barricade qu'il a créée place de la Concorde, ce qui lui vaut le surnom de Château Gaillard par la suite[34](p. 70). Gaillard indique aussi être fier de « faire une chaussure bien chaussante » et revendique en tant que cordonnier un statut « d'artiste chaussurier ». Outre le fait qu'il est l'inventeur des chaussures en caoutchouc (gupta percha), il rédige des textes sur le pied et la chaussure[36].
Toutes ces réflexions sur l'art menées par la fédération des artistes influencèrent un artiste tapissier tel que William Morris, qui devient dans les années 1880 un défenseur de la mémoire artistique de la Commune[34] (p. 76).
Frank Jellinek qualifiera la commune de « révolution de cordonniers » dans son livre The Paris commune of 1871[37]. Selon Kristin Ross, les artisans d'art ont joué un rôle important dans la commune de Paris et on compta 10 000 détenus plus tard parmi eux[34] (p. 77-78).
Selon l'historien Quentin Deluermoz, « dès mars 1871, la révolte parisienne est sans doute l'un des événements les plus médiatisés de l'époque »[38]. La Commune est suivie par les journaux européens aussi bien que dans l'aire d'influence britannique (Canada, Inde, Australie) et dans l'espace atlantique (Brésil, Mexique, États-Unis)[38]. D'après l'examen des télégrammes Reuters circulant sur le réseau du câble télégraphique transatlantique, l'écrasante majorité des informations concerne l'insurrection parisienne « alors que de nombreux « faits » signifiants se déroulent bien entendu à l'échelle de la planète »[38]. Selon l'historien Samuel Bernstein (en), « aucun thème économique ou politique […], à l'exception de la corruption gouvernementale, n'a reçu plus de gros titres dans la presse américaine des années 1870 que la Commune de Paris »[39]. En France, l'insurrection parisienne a été très largement combattue par la presse, tant monarchiste que républicaine modérée[40].
Une grande partie de l'action de la Commune fut absorbée dans la lutte contre l'offensive menée par les troupes régulières obéissant au gouvernement du pays dirigé par Thiers et dénommées les « Versaillais » par les insurgés.
Comme le montre sa correspondance télégraphique avec Jules Favre, qui négocie la paix avec les Allemands, Thiers bénéficie de l'appui du chancelier allemand Bismarck[41]. Il s'agit en effet de mettre fin au plus tôt aux hostilités entre la France et l'Allemagne, une des conditions étant le désarmement de Paris. Alors que la convention d'armistice n'autorise que 40 000 soldats français en région parisienne, Bismarck libère rapidement près de 60 000 prisonniers de guerre qui peuvent s'adjoindre aux 12 000 soldats dont dispose Thiers. Le 1er avril, celui-ci déclare à l'Assemblée nationale qu'il met sur pied « une des plus belles armées que la France ait possédée ». Les Versaillais seront 130 000 au début de la Semaine sanglante. Ces soldats de métier (la durée du service est de 7 ans) sont surtout issus de milieux paysans. Les conseils de révision écartent la plupart des jeunes ouvriers pour « déficience physique », en raison des conditions de travail que l'industrie de l'époque impose malgré la loi de 1841 limitant le travail des enfants. Les troupes sont commandées par le vaincu de Sedan, le maréchal de Mac Mahon. Par les banlieues nord et est qu'ils contrôlent, les Allemands laissent passer les troupes versaillaises qui veulent contourner Paris. De plus, par convention avec le gouvernement Thiers, ils occupent le Chemin de fer du Nord, établissent un barrage de troupes de la Marne à Montreuil et massent 80 canons et 5 000 soldats près de la porte et du fort de Vincennes tenus par la Commune, bloquant ainsi la sortie de la capitale par l'Est.
Face à une armée nombreuse, expérimentée et bien armée, la Commune dispose des hommes de la Garde nationale. Depuis la Restauration, tous les hommes de 25 à 50 ans pourvus de leurs droits politiques en font partie. Sous le Second Empire, tous les hommes mariés de 25 à 50 ans sont enrôlés[réf. nécessaire]. Les armes sont fournies par l'État, mais l'habillement reste à la charge du garde. À Paris, le recrutement se fait par arrondissement. Dans les limites communales, le service est gratuit, mais le garde reçoit une solde s'il sert au-delà. Le 12 août 1870, le gouvernement réorganise 60 bataillons. Les quartiers bourgeois de Paris (l'ouest et le centre de la capitale) en fournissent plus des trois quarts. Début septembre le gouvernement de la Défense nationale en crée 60 autres, fin septembre il y a 254 bataillons. Les nouvelles créations sont aux trois quarts issues des quartiers populaires de l'Est parisien (10e, 11e, 18e, 19e et 20e arrondissements). On peut y voir l'effet du siège de Paris par les Allemands, qui ranime la fibre patriotique des Parisiens, mais aussi de l'attrait accru de la solde dans le contexte de chômage consécutif au blocus qui accompagne le siège. Au cours de celui-ci, le manque d'entraînement de ces bataillons a pour résultat des performances militaires assez médiocres et leur attitude volontiers frondeuse — ils refusent catégoriquement de se porter sur Sedan — ne les rapproche pas des autres unités françaises[réf. nécessaire].
Le 5 avril, la Commune décrète la mobilisation comme volontaires des jeunes gens de 17 à 19 ans et en service obligatoire des célibataires et hommes mariés de 19 à 40 ans. Ces soldats n'ont pratiquement pas d'expérience militaire et s'ils sont animés d'ardeur républicaine, sont aussi assez réticents à la discipline. La troupe souffre, malgré quelques exceptions remarquables (Dombrowski, Louis Rossel), d'une insuffisance du commandement, car les officiers sont élus plus sur leurs convictions que sur leurs capacités à diriger des soldats.
Paolo Tibaldi, Génois, carbonaro, franc-maçon, ancien militaire italien, ouvrier opticien, est inculpé de complot et d'attentat contre Napoléon III en juin 1857 avec Ledru-Rollin, condamnation fruit d'une manipulation de la police. Il revient de déportation à Cayenne en 1870, et ami de Gustave Flourens, il monte durant le siège, une légion italienne, dite parfois « tirailleurs de Tibaldi ». Ce commando Tibaldi et les bataillons de Flourens envahirent l’hôtel de ville le 31 octobre 1870[42],[43],[44].
La Garde nationale estime disposer de 170 000 hommes en armes, dont 80 000 dans les compagnies de combat, 10 500 en garnison dans les forts au sud et plusieurs milliers de réservistes dans les casernes[45]. Cependant pour l'historien Robert Tombs : « la totalité des forces ne furent jamais disponibles simultanément »[45]. Si la garde nationale compte dans ses rangs des soldats compétents, expérimentés et déterminés, d'autres font preuve de tiédeur, n'étant « pas profondément convaincus par une idéologie révolutionnaire »[45]. Elle souffre également d'indiscipline, avec notamment quelques cas spectaculaires d'ivrognerie[45]. L'état-major se rend aussi compte que de nombreux bataillons exagèrent leurs effectifs, parfois pour percevoir des soldes, des équipements ou des rations supplémentaires, dont les surplus sont revendus[45]. D'après le communard Gaston Da Costa, la Commune ne pouvait compter que sur 20 000 combattants actifs, ce qui semble assez crédible pour Robert Tombs : « mais il faut rappeler que le niveau d'implication variait beaucoup : certains se contentèrent de poser quelques pavés sur les barricades tandis que d'autres combattaient jour après jour »[46].
Les Versaillais passent à l'attaque les premiers[47],[48]. Le 21 mars, ils occupent le fort du Mont-Valérien où les fédérés de la Commune ont négligé de s'installer : cette position qui domine toute la proche banlieue ouest de Paris leur donne un avantage considérable. Le 30 mars, le général de Gallifet occupe le rond-point de Courbevoie[49] et le 2 avril, les Versaillais s'emparent de Courbevoie et de Puteaux, les fédérés se repliant vers Neuilly. Le 3 avril, la Commune lance, sous les ordres de Flourens, Eudes et Duval, une contre-offensive en direction de Versailles : elle se solde par un échec à Rueil, à Meudon et à Châtillon.
Gustave Flourens est tué par un officier de gendarmerie à Rueil et Duval fusillé avec son état-major le 4, sans procès, sur ordre du général Vinoy. Le même jour, Gustave Cluseret est nommé délégué à la Guerre de la Commune. En réponse aux actes des Versaillais, celle-ci vote, le 5 avril, le décret des otages (trois otages fusillés pour un communard exécuté), qui ne sera mis en application que pendant la Semaine sanglante, fin mai. Pendant trois semaines environ, les combats sont sporadiques, mais les bombardements intensifs, en particulier sur Neuilly qui, le 25, bénéficie d'une suspension d'armes pour permettre l'évacuation de la population. Cette période permet à l'armée versaillaise de se renforcer.
Au soir du 26 avril, le village des Moulineaux est occupé par les Versaillais qui, le 29, menacent le fort d'Issy où des ordres contradictoires ont entraîné un début d'évacuation. Le 1er mai, Louis Rossel est nommé délégué à la Guerre en remplacement de Cluseret qui a été révoqué. Le 4 mai, les Versaillais, aidés par une trahison (qui sera le motif de l’arrestation des dominicains d'Arcueil), enlèvent la redoute du Moulin-Saquet où ils se livrent à des atrocités[réf. nécessaire]. Le 5, ils s'emparent du village de Clamart. Le 8, l'enceinte fortifiée de Paris est violemment bombardée de Grenelle à Passy, tandis que le 9, le fort d'Issy est pris par les Versaillais.
Le 8 mai, Thiers adresse une proclamation aux Parisiens par la voie d’une affiche qui se retrouve assez mystérieusement placardée sur tous les murs de la ville. Il demande leur aide pour mettre fin à l’insurrection et les informe que l’armée régulière va devoir passer à l’action dans la ville elle-même :
« Nous avons écouté toutes les délégations qui nous ont été envoyées, et pas une ne nous a offert une condition qui ne fût l'abaissement de la souveraineté nationale devant la révolte. (…) Le gouvernement qui vous parle aurait désiré que vous puissiez vous affranchir vous-mêmes… Puisque vous ne le pouvez pas, il faut bien qu'il s'en charge, et c'est pour cela qu'il a réuni une armée sous vos murs… (…) si vous n'agissez pas, le gouvernement sera obligé de prendre, pour vous délivrer, les moyens les plus prompts et les plus sûrs. Il le doit à vous, mais il le doit surtout à la France. »
Le 10, Charles Delescluze remplace Louis Rossel démissionnaire comme délégué à la Guerre. Le 13, les Versaillais occupent le fort de Vanves, mais sont arrêtés par l'artillerie de remparts de la Commune. Le 17, la cartoucherie de l'avenue Rapp explose dans des circonstances peu claires : on parlera de sabotage, mais il s'agissait d'une poudrerie dans laquelle on faisait des travaux de soudure[réf. nécessaire].
Les communards répondent à l’exécution de prisonniers par l’armée en adoptant le 5 avril le « décret sur les otages », qui ne sera mis en application qu'au moment de l'écrasement de l'insurrection (Semaine sanglante). Au total, 47 otages seront fusillés, dont une majorité de gendarmes versaillais, mais aussi un certain nombre de religieux. Le plus célèbre d'entre eux, l'archevêque de Paris Georges Darboy, est arrêté le 4 avril 1871 avec quatre autres clercs. Enfermé à la prison Mazas, il sera exécuté à la prison de la Roquette le 24 mai, sur l'ordre de Théophile Ferré. Il en est de même pour l’abbé Deguerry, trois jésuites et le président de la Cour de cassation, Louis-Bernard Bonjean, qui s'était illustré lors de la répression anti-populaire de [50]. À cette exécution, s'ajouteront celle des dominicains d'Arcueil le 25 mai, soupçonnés de travailler pour « Versailles » et d'avoir mis le feu au siège de l'état-major du 101e bataillon proche de leur école, et celle des gendarmes versaillais et des jésuites de la rue Haxo le lendemain.
L'historien britannique Robert Tombs avance que les représailles « ne furent pas autorisées par les derniers membres de la Commune. Les quatre principaux incidents (il y eut aussi des exécutions sporadiques de personnes soupçonnées d'être des espions ou des traîtres) eurent lieu soit à l'initiative d'un petit nombre d'individus, en particulier des blanquistes, soit furent la conséquence d'une rage spontanée de fédérés du rang et de passants dans une situation confuse et traumatique »[51].
Après 72 jours, la Commune est finalement vaincue durant la Semaine sanglante qui débute avec l'entrée des troupes versaillaises dans Paris le 21 mai pour s'achever par les derniers combats au cimetière du Père-Lachaise le 28 mai[47],[48]. Au cours de cette semaine, l'insurrection est écrasée et ses membres exécutés en masse.
Le 21 mai, grâce à Jules Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées, qui est monté sur le bastion no 64 pour avertir les Versaillais que la place n'est plus gardée, l'armée régulière pénètre dans Paris par la porte de Saint-Cloud. Ducatel, arrêté par les fédérés, devait être fusillé devant l'École militaire quand il est sauvé par l'arrivée de l'armée régulière[52]. Le même jour, les Versaillais fouillent systématiquement les maisons[53], procèdent sur dénonciation[54] à des arrestations et commencent à fusiller les Gardes nationaux du secteur[55] conduits au cimetière de Longchamp, à la lisière du bois de Boulogne dominant l'hippodrome. Femmes, enfants, malades, vieillards sont assassinés dans les hôpitaux[56].
Le lendemain matin, les Versaillais occupent les 15e et 16e arrondissements, les portes d'Auteuil, de Passy, de Sèvres et de Versailles. Les combattants de la Commune se replient alors dans leur quartier pour le défendre. Des barricades sont édifiées au square Saint-Jacques, dans les rues Auber, de Châteaudun, du Faubourg Montmartre, de Notre-Dame de Lorette, à la Trinité, à La Chapelle, à la Bastille, aux Buttes Chaumont, au boulevard Saint-Michel, au Panthéon. Des combats ont lieu place de Clichy et aux Batignolles. Les Allemands autorisent les Versaillais à traverser la zone neutre au nord de Paris, ce qui leur permet de prendre les Batignolles à revers. En fin de journée, l'armée occupe l'Élysée, la gare Saint-Lazare et l'École militaire, où sont stationnés les canons de la Commune.
Le 23 mai, les Versaillais occupent l'Opéra, le faubourg Montmartre et la Concorde, ils atteignent l'Observatoire et procèdent à des exécutions massives à Montmartre, au parc Monceau et à la Madeleine. C’est le début des grands incendies qui vont ravager de nombreux monuments parisiens.
Le 24 mai, afin de freiner la progression des Versaillais, les dirigeants communards évacuent et font incendier volontairement l'hôtel de ville, la préfecture de police et le palais de justice. Les Versaillais occupent la Banque de France, le Palais-Royal, le Louvre, la rue d'Assas et Notre-Dame des Champs. Le Quartier latin est attaqué ; il est occupé le soir et ses défenseurs (près de 700) sont exécutés rue Saint-Jacques. La poudrière du Luxembourg saute. À 12 h 30, le docteur Faneau, à la tête de l'ambulance établie au séminaire Saint-Sulpice, est passé par les armes avec 80 fédérés blessés.
Le 27 mai, les communards ne tiennent plus que les quartiers les plus populaires. Au cimetière du Père-Lachaise, on combat à l'arme blanche entre les tombes. 147 communards sont fusillés au mur des Fédérés.
Les derniers combats se poursuivent le 28 mai à Belleville, puis, le 29 mai, le fort de Vincennes au mains des Fédérés, encerclé par l'armée allemande, se rend. Les neuf officiers de la garnison sont fusillés par les Versaillais.
Pendant toute la semaine du 21 au 28 mai, celle de l'offensive contre la Commune, la Bourse de Paris reste fermée alors qu'elle était jusque-là restée ouverte[57].
Les nombreuses destructions dans Paris sont imputables à la fois à l'âpreté des combats et, principalement les 23 et 24 mai, aux incendies déclenchés par des commandos communards, visant des bâtiments symboliques de l'État, avec aussi pour but de ralentir la progression de l'Armée des Versaillais[58]. La colonne de la place Vendôme, surmontée par la statue de l'empereur Napoléon Ier, est quant à elle abattue et démolie dès le 16 mai.
Les destructions et incendies d'immeubles civils (rues Royale, de Lille, de Rivoli, boulevard Voltaire, place de la Bastille, etc.), sont liés aux combats de rue, aux tirs d'artillerie, autant fédérés que versaillais. Certains incendies d'immeubles auraient aussi été provoqués pour des raisons tactiques, pour contrer l'avancée versaillaise[59].
De grands édifices sont détruits par des incendies :
Le ministère des Finances[63] est également détruit par un incendie le 22 mai, selon un ordre donné à un certain Lucas par un document ministériel signé de Théophile Ferré[60], dont il contestera être l'auteur. Des sources de l'époque proches des communards avancent que l'incendie fut déclenché par des obus de l'artillerie de l'armée régulière, qui aurait visé la barricade fédérée à l'angle de la rue Saint-Florentin[64] : « Bon nombre d'obus, en éclatant, avait mis le feu de divers côtés : c'est ainsi, quoiqu'on en ait dit que le ministère des Finances, incendié de cette façon, brûlait lentement derrière nous, depuis le lundi de grand matin »[65].
L'hôtel de ville est incendié le 24 mai 1871 par deux inconnus munis d'un arrosoir de pétrole, quelques heures après son abandon par les communards qui n'avaient pourtant pas donné un tel ordre[Note 1]. L'un d'eux est habillé en zouave, selon le témoignage de Monsieur Bonvalet, ancien maire du 3e arrondissement, qui fut l'un des derniers à quitter les lieux[60]. La bibliothèque de l'hôtel de ville et la totalité des archives de Paris furent ainsi anéanties, ainsi que tout l'état civil parisien à partir de 1515 (un exemplaire existait à l'hôtel de ville, l'autre au palais de justice depuis 1668 ; ils furent tous deux la proie des flammes). Seul un tiers des huit millions d'actes détruits a pu être reconstitué.
Les archives judiciaires du département de la Seine détruites furent essentiellement celles du conseil de préfecture, ancêtre du tribunal administratif, conservées à l'hôtel de ville, et du tribunal correctionnel, conservées au palais de justice, pour la période 1800-1871[66]. Une grande partie des archives de la police fut également détruite dans l'incendie du palais de justice. Certains bureaux de la Préfecture de police étaient alors intégrés aux bâtiments du palais ; la Conciergerie est également touchée[61]. Les archives comptables disparaissent également dans l'incendie du palais d'Orsay[62].
D'autres richesses culturelles connurent le même sort, à l'exemple, rue de Lille, de la maison de Prosper Mérimée, qui brûla avec tous ses livres, souvenirs, correspondances et manuscrits et de celle du sculpteur Jacques-Édouard Gatteaux avec la plus grande partie de ses collections, ou celle de Jules Michelet, rue d'Assas. Le musée de la manufacture des Gobelins est touché par l'incendie avec environ 80 tapisseries, dont la moitié antérieure au XIXe siècle et surtout l'exemplaire de François Ier de la série des Actes des Apôtres de Raphaël[67], tout comme l'église Saint-Eustache, l’église Notre Dame de Bercy, la caserne de Reuilly, les Magasins-Réunis place de la République, le Grenier d'abondance sur le bassin de l'Arsenal incendié par un certain Ulric[60]Interprétation abusive ?, le théâtre du Châtelet, celui de la Porte-Saint-Martin, incendié par un certain Brunel[60]Interprétation abusive ?, le théâtre du Bataclan et celui des Délassements-Comiques ; tandis que le Théâtre lyrique est fortement touché.
La chronologie de ces destructions suit très précisément la reconquête de Paris par les troupes versaillaises : le 22 mai, le ministère des Finances ; dans la nuit du 23 au 24, les Tuileries, le palais d'Orsay et l'hôtel de Salm (actuel Palais de la Légion d'honneur) ; le 24, le Palais-Royal, le Louvre, l'hôtel de ville et le palais de justice ; le 25, les greniers d'abondance ; le 26, les docks de la Villette et la colonne de la Bastille ; le 27, Belleville et le Père-Lachaise[61].
L'incendie de l'Hôtel-Dieu et de Notre-Dame, envisagé, semble avoir été évité. Le gouvernement publie a posteriori une liste de plus de deux cents édifices touchés par les flammes[61]. Les Archives nationales furent sauvées par l'initiative du communard Louis-Guillaume Debock, lieutenant de la Garde nationale parisienne et directeur de l'Imprimerie nationale sous la Commune, qui s'opposa in extremis à l'incendie ordonné par d'autres communards.
Le palais du Louvre et ses collections échappèrent le 24 mai à la destruction grâce à l'action de Martian de Bernardy de Sigoyer, commandant le 26e bataillon de chasseurs à pied (appartenant aux forces versaillaises), qui fit intervenir ses soldats pour empêcher que le feu ne se propage du palais des Tuileries au musée, comme en témoigne une plaque apposée dans le pavillon Denon. Il trouve la mort en poursuivant les combats à la tête de son bataillon. Son corps est retrouvé percé de balles le 26 mai au matin, entre le boulevard Beaumarchais et la rue Jean-Beausire[réf. à confirmer][68].
Tous les témoins mentionnent les nombreuses exécutions sommaires commises par les troupes versaillaises, frappant — par exemple — ceux dont les mains portent ou semblent porter des traces de poudre révélant l'emploi récent d'armes à feu[69]. La répression contre les communards est impitoyable et féroce[70]. Dans les premiers jours de juin, la justice « régulière » remplace les massacres de communards par les Versaillais et les exécutions sommaires massives avec la mise en place de conseils de guerre, qui siègent pendant quatre années consécutives[71]. Les trois principaux charniers à l'intérieur de Paris étaient au Luxembourg (3 charniers), à la caserne Lobau et au cimetière du Père-Lachaise.
Le bilan humain de la Commune de Paris fait l'objet de débats et de controverses[72]. En 1876, le journaliste et polémiste socialiste Prosper-Olivier Lissagaray, ancien communard, estime de 17 000 à 20 000 le nombre des fusillés[73],[72]. En 1880, le journaliste et homme politique Camille Pelletan, membre du Parti radical-socialiste situe le nombre des victimes à 30 000[74],[72]. Ce nombre ensuite abondamment repris par les différents auteurs du XIXe et du XXe siècle[72]. En 2021, l'historien Éric Fournier indique cependant que ce bilan a un double niveau de lecture, car Camille Pelletan cherche ainsi à présenter la Semaine sanglante comme plus meurtrière encore que la Terreur de 1792-1794 et ainsi réhabiliter les débuts de la Première République[72].
En 2009, l'historien Jacques Rougerie estime que probablement 3 000 à 4 000 fédérés sont morts au combat[75]. Le nombre total des victimes de la Semaine sanglante ne peut être connu avec précision, mais il est d'« au minimum 10 000, probablement 20 000, davantage peut-être »[76].
En 2014, l'historien britannique Robert Tombs revoit le bilan à la baisse et évalue entre 5 700 et 7 400 le nombre des morts, dont environ 1 400 fusillés[77],[78],[79].
Selon l'historien Quentin Deluermoz, qui cite en exemple la Terreur, la guerre de Vendée, la bataille de Montréjeau, la révolution de Juillet et les Journées de Juin, « la révision à la baisse » des victimes de la Semaine sanglante « s'inscrit en fait dans une tendance historiographique concernant les grands massacres du XIXe siècle »[72].
En 2021, l'écrivaine et mathématicienne Michèle Audin conteste le bilan de Robert Tombs et estime que le nombre des communards tués se situe probablement entre 15 000 et 20 000[80].
En 2021, l'historien Jacques Rougerie révise son bilan. Il considère que Robert Tombs néglige les inhumations sauvages, mais que le bilan de près de 30 000 morts donné par Camille Pelletan est « incontestablement une estimation excessive »[81]. Jacques Rougerie conclut qu'un bilan de 10 000 victimes semble le plus plausible et « reste énorme pour l'époque »[81].
En face, l'armée versaillaise dénombre officiellement 877 tués, 6 454 blessés et 183 disparus pour l'ensemble des combats livrés contre les communards[75],[82]. Selon Robert Tombs, pour la période spécifique de la Semaine sanglante, le bilan est d'environ 400 soldats et officiers tués et 3 000 blessés, dont 1 000 sérieusement, soit environ 500 morts ou blessés par jour[83].
Neuf cents barricades ont été emportées mais seules une centaine étaient sérieusement défendues[83]. Environ 50 à 100 otages[84],[85] ont également été fusillés par les communards, principalement le 26 mai[84].
La plaque ci-contre, signalée par L'Aurore du 5 septembre 1903, rend hommage à celles et ceux qui sont morts au combat dans le quartier des Carrières d'Amérique ou qui ensuite y ont été exécutés sommairement, et à celles et ceux dont les corps ont été jetés ici, plus tard.
La loi du porte à 15 le nombre de conseils de guerre chargés de juger les prisonniers de la Commune pour la division militaire de Paris[86], alors qu'ils sont limités à un ou deux pour les autres divisions militaires. Outre ces conseils de guerre, une commission des grâces est instituée par la loi du afin de statuer sur le sort des condamnés pour faits relatifs à l'insurrection du 18 mars 1871[87]. Composée de quinze membres, pour la plupart royalistes, et présidée par Louis Martel, député du Pas-de-Calais, elle se réunit pour la première fois le 16 octobre à Versailles[88],[89]. Les lois d'amnistie interviennent en 1880. Longtemps encore après les événements, la gauche reste hostile au général Gaston de Galliffet, surnommé pour son zèle répressif « le boucher de la Commune ». Bien qu'il fût légitimiste, Albert de Mun s'élève contre la violence de la répression.
Le , la loi Dufaure interdit l'affiliation à l'Association internationale des travailleurs[90]. Le 22 mars est votée une loi sur le transport en Nouvelle-Calédonie des communards condamnés aux travaux forcés ou à la déportation, complétée par les décrets du , du et du [91]. Cette loi fixe plus précisément le lieu de déportation : la presqu'île Ducos est destinée à la déportation en enceinte fortifiée, l'île des Pins à la déportation simple et le bagne de l'île de Nou aux condamnés aux travaux forcés[92], lieux tous situés en Nouvelle-Calédonie.
Le premier convoi, parti à bord de la frégate La Danaé de Brest le , arrive à Nouméa le 29 septembre[91]. Vingt convois se succèdent de 1872 à 1878, transportant un peu plus de 3 800 personnes, dans des conditions très pénibles. Les prisonniers sont enfermés dans de grandes cages dont ils ne sortent qu'une trentaine de minutes pour prendre l'air sur le pont avec des rations alimentaires faibles et de mauvaise qualité et des punitions fréquentes. En tenant compte des décès, évasions, disparitions, grâces, commutations et rapatriements, sans compter les forçats de l'île de Nou, il y aurait 3 350 à 3 630 déportés en Nouvelle-Calédonie le , après les premiers décrets de grâce d'octobre 1876[92].
Le , dans son rapport à l'Assemblée nationale[93], le général Appert dénombre 46 835 individus jugés, sur lesquels il y a 23 727 non-lieux, 10 137 condamnations prononcées contradictoirement, 3 313 condamnations prononcées par contumace, 2 445 acquittements et 7 213 refus d'informer[92],[94]. Ce rapport ne tient toutefois pas compte des condamnations prononcées en province[92].
Sur les 10 137 condamnations prononcées contradictoirement, on compte 95 condamnations à mort, 251 aux travaux forcés à vie ou à temps, 4 586 à la déportation (dont 1 169 en enceinte fortifiée et 3 417 en Nouvelle-Calédonie[92], dont Louise Michel[95]), 1 247 à la réclusion perpétuelle et 3 359 à des peines de prison variables. 55 enfants de moins de 16 ans sont envoyés en maison de correction. Il n'y a que 25 exécutés, dont Théophile Ferré et Louis Rossel, fusillés au camp de Satory le [92]. Pour les contumaces, il y a 175 condamnés à mort, 159 aux travaux forcés, 2 910 à la déportation et 46 à la prison[96]. La majorité des dirigeants de la Commune échappent à la mort au combat, aux exécutions sommaires et à la répression judiciaire. Sur neuf membres du Comité de Salut public, un, Delescluze, est tué sur une barricade, un autre, Billioray, est fait prisonnier, les autres parviennent à fuir Paris et à s’exiler à l’étranger.
Les arrêtés se répartissent ainsi : 75 % d'« ouvriers » (ouvriers salariés et petits patrons artisans), 8 % d'employés, 7 % de domestiques, 10 % de petits commerçants, de professions libérales, voire des petits propriétaires-rentiers. Cette répression a l'appui des grands élus républicains de l'Assemblée nationale, qui pour préserver la République, encore fragile, donnent leur accord à Thiers, craignant la surenchère des communards. Tel est notamment le cas de Léon Gambetta, Jules Ferry, Jules Grévy qui évoque « un gouvernement factieux », Jules Favre « une poignée de scélérats ». Les députés parisiens condamnent en majorité les communards.
On estime par ailleurs, sans qu'il soit possible d'avoir un chiffre exact, qu'environ 5 000 à 6 000 communards se sont exilés, principalement en Grande-Bretagne, en Suisse, en Belgique ou aux États-Unis[97].
L'historien François Furet note que le socialisme français pâtit « de l'exil du mouvement ouvrier », et écrit que « ces morts, ont une nouvelle fois et plus profondément encore qu'en juin 1848, creusé le fossé qui sépare la gauche ouvrière et le républicanisme bourgeois ». Pour Le Figaro, « Jamais, pareille occasion ne s'est offerte pour guérir Paris de la gangrène morale qui le ronge depuis vingt ans »[1]. L'historien Alistair Horne note que la répression eut un impact terrible sur la classe ouvrière parisienne : « L'aspect de Paris changea de façon curieuse pendant quelques années. La moitié des peintres en bâtiment, la moitié des plombiers, des couvreurs, des cordonniers et des zingueurs avaient disparu »[1].
À la charnière de 1871 et de 1872, deux propositions d'amnistie sont présentées au Parlement, par Henri Brisson et 47 parlementaires, d'une part, par Edmond de Pressensé, de l'autre. En 1873, l'élection du radical lyonnais Désiré Barodet face à Charles de Rémusat fait de l'amnistie un thème électoral. À l'automne 1874, Édouard Lockroy, soutenu par dix-neuf députés, émet un vœu amnistaire relayé par la presse. Le , le député du Vaucluse, Alfred Naquet, dépose au nom de la gauche radicale une proposition d'amnistie qui est repoussée à main levée par l'Assemblée nationale.
Lors de la campagne électorale de 1876, de nombreux candidats républicains font de l'amnistie, formulée comme une politique de l'oubli, l'un des points forts de leur programme[98]. En mai 1876, les députés Raspail, Clemenceau, Naquet, Floquet et Lockroy récidivent en vain (377 contre, 99 pour)[99].
Détournée temporairement par la crise du 16 mai 1877, l'attention sur la question de l'amnistie se pose de nouveau en 1879. Le , le ministre de la Justice Le Royer fait voter un projet substituant une « grâce » partielle à l'amnistie par 345 pour et 104 contre[100].
Ce n'est que le qu'avec l'appui tardif de Gambetta, alors président de la Chambre, qui prononce un discours le 21 juin, l'amnistie pleine et entière est votée sur un projet du gouvernement déposé le 19 juin par 312 voix contre 136. Les exilés et les déportés peuvent alors revenir en France[101].
Le 29 novembre 2016, l'Assemblée nationale adopte une résolution qui « proclame la réhabilitation des victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871 »[102],[103].
Anne Simonin, chercheuse au CNRS, soutient toutefois que « la Commune n'a jamais été amnistiée, pas plus en 1880 qu'à aucune autre époque de la République », soulignant que les lois dites d'amnistie ont recouru à la « grâce amnistiante », un « monstre juridique » qui « entraîne de très nombreuses exceptions », s'agissant notamment des communards tués lors de la Semaine sanglante ou des condamnés à mort : « Par leur éviction de fait, le législateur ne reconnaît pas la Commune en tant que guerre civile mais uniquement comme insurrection ayant fait l'objet d'une répression légale »[104]. Les communards hors amnistie sont au nombre de 10 000 selon les estimations les plus basses, à savoir celles de l'historien Robert Tombs[104].
La première Commune est celle de Lyon, où la nouvelle République est proclamée en avance sur Paris, le au matin. Elle dure jusqu'en janvier de l'année suivante[105], avant de reprendre de mars à avril[106]. Elle est suivie par celle de Marseille, mise en place le et présidée par Adolphe Joseph Carcassonne[107], avant que le pouvoir ne soit repris par le préfet Alphonse Gent[108].
Après la proclamation de la Commune de Paris le , les Communes de provinces se développent plus rapidement, mais sont de courte durée : à Marseille, une seconde a lieu du au sous le commandement de Gaston Crémieux[105],[107], à Saint-Étienne, l'insurrection ne dure que quelques jours du 24 au [105], à Narbonne[109] du 24 au 31, proclamée par Émile Digeon, à Toulouse du 24 au 27, à Perpignan le 25, au Creusot le 26 par Jean-Baptiste Dumay[105], puis à Grenoble le , à Bordeaux les 16 et 17 et à Nîmes le 18[110]. D'autres soulèvements ont lieu à Limoges[111], Périgueux, Cuers, Foix, Rouen ou au Havre[110], et une tentative est organisée à Besançon.
Ces mouvements furent précurseurs des idées révolutionnaires qui amenèrent le monde du travail à s'organiser pour défendre ses intérêts et à créer la CGT en 1895.[réf. souhaitée]
C’est d’abord en réparation de la défaite de 1870 qu’est souhaitée la construction de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Dans une lettre adressée aux curés de son diocèse le 4 septembre 1870, jour de la proclamation de la troisième république, l'évêque de Nantes, Félix Fournier, attribue la défaite de la France à une punition divine après un siècle de déchéance morale depuis la Révolution de 1789[112].
Cette lettre a pu inspirer un vœu prononcé en décembre de la même année par le philanthrope Alexandre Legentil devant son confesseur le père Gustave Argand, dans la chapelle du collège Saint-Joseph de Poitiers dont ce dernier était le recteur[113], et rédigé en janvier 1871. A posteriori, la loi du 24 juillet 1873 invente une autre justification : « expier les crimes des fédérés »[114],[115],[116]. Sa construction débuta en 1875.
Le choix d'ériger la basilique sur la colline de Montmartre était hautement symbolique pour la droite victorieuse : c'est là que débuta l'insurrection le 18 mars lorsque les troupes d'Adolphe Thiers tentèrent d'enlever à Paris les canons qui y étaient entreposés et que les Parisiens considéraient comme leur propriété puisqu'ils les avaient eux-mêmes payés par souscription. Après la cérémonie de pose de la première pierre, Hubert Rohault de Fleury fit explicitement le lien : « Oui, c'est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément Thomas et Lecomte, que s'élèvera l'église du Sacré-Cœur ! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l'Église semblait surtout animer ». Un précédent lieu de culte, l'église Saint-Marcel de la Maison-Blanche, fut d'ailleurs construit dans des circonstances semblables : surnommée la « chapelle Bréa », du nom du général Jean Baptiste Fidèle Bréa, abattu lors des Journées de Juin. On ne trouve pas de mention de cette motivation dans le texte de loi voté par l'Assemblée nationale, mais déjà à l'époque elle était dénoncée par l'opposition de gauche.
Par ailleurs de nombreuses villes françaises ont donné le nom d'Adolphe Thiers à une voie publique, voyant en lui le fondateur de la Troisième République plutôt que le responsable de la répression de la Commune.
La Commune a souvent depuis été revendiquée comme modèle — mais avec des points de vue différents — par la gauche marxiste, l'extrême gauche et les anarchistes ; elle a inspiré de nombreux mouvements, qui y ont cherché des leçons leur permettant d'entreprendre d'autres révolutions : la révolution russe et les conseils (soviets), la révolution espagnole et les collectivités, etc.
Depuis 1882, une association, fondée au départ comme une société d'entraide des communards de retour d'exil, puis devenue Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871, défend ce qu’elle considère comme les valeurs et l'œuvre de la Commune[117].
Karl Marx évolue dans son appréciation de l'expérience de la Commune, qu'il a suivie avec attention, étant notamment informé depuis Paris même par Auguste Serraillier et Élisabeth Dmitrieff. Le 9 septembre 1870, il met en garde contre la « folie désespérée » que représenterait « toute tentative de renverser le nouveau gouvernement quand l'ennemi frappe presqu'aux portes de Paris », et appelle les ouvriers français à « [profiter] de la liberté républicaine pour procéder méthodiquement à leur propre organisation de classe ». Il se montre cependant admiratif à l'égard de la résistance des Parisiens pendant le siège, qu'il perçoit comme un combat non seulement pour l'« indépendance nationale », « mais aussi pour la liberté de l'Allemagne et de l'Europe ». Après l'insurrection du 18 mars, qu'il n'a pas anticipée, il tente de faire passer aux Parisiens le conseil de marcher sur Versailles sans tarder et bascule dans le pessimisme devant l'immobilisme communard à ce sujet. Il devient brièvement optimiste par la suite et salue la suppression de l'armée et de la police, la démocratisation et la séparation des Églises et de l'État. Le 30 mai, il achève la rédaction de La Guerre civile en France dans laquelle il analyse ainsi l'expérience : « C'était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte de la classe des producteurs contre la classe des appropriateurs, la forme politique enfin retrouvée, qui permettait de réaliser l'émancipation économique du Travail ». En 1881, il écrit : « Outre qu'elle fut simplement la rébellion d'une ville dans des circonstances exceptionnelles, la majorité de la Commune n'était nullement socialiste et ne pouvait pas l'être. Avec un tout petit peu de bon sens, elle eût pu cependant obtenir de Versailles un compromis favorable à toute la masse du peuple, ce qui était la seule chose possible alors. À elle seule, la réquisition de la Banque de France eût mis un terme décisif aux fanfaronnades versaillaises »[118]. Karl Marx se veut également critique sur la compétence des dirigeants de la Commune[119].
Karl Marx juge néanmoins que la Commune fut l'une des expériences les plus démocratiques depuis l'aube de la société de classes : « Au lieu de décider une fois tous les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante devait "représenter" et fouler aux pieds le peuple au Parlement, le suffrage universel devait servir au peuple constitué en communes […] Son véritable secret, le voici : c'était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte des producteurs contre la classe des appropriateurs, la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l’émancipation économique du travail »[1], Karl Marx est par ailleurs surpris voire admiratif du pacifisme qu'ont exercé les communards : « Du 18 mars à l'entrée des troupes de Versailles à Paris, la révolution prolétarienne resta si exempte des actes de violence qui abondent dans les révolutions, [...] que ses adversaires ne trouvent pas matière à exhaler leur indignation, si ce n'est l'exécution des généraux Lecomte et Clément Thomas, et l'affaire de la place Vendôme. [Mais] Le Comité central et les travailleurs de Paris [ne furent pas] responsables de l'exécution de Clément Thomas et de Lecomte [et] le prétendu massacre de citoyens sans armes place Vendôme est un mythe dont [les politiciens] n'ont absolument pas voulu dire un mot à l'Assemblée, s'en remettant exclusivement pour le diffuser [aux journaux européens]. [La panique des bourgeois] fut leur seul punition. Même les sergents de ville, au lieu d'être désarmés et mis sous les verrous comme on aurait dû le faire, trouvèrent les portes de Paris grandes ouvertes pour aller se mettre en sûreté à Versailles [...], même [les espions de Versailles] pris dans Paris, [...] même les sergents de ville pris avec des bombes incendiaires sur eux, étaient épargnés »[120].
L'écho de la Commune dans la Russie tsariste, avec une population largement analphabète, met du temps à se déployer. Néanmoins, dès 1872, la littérature anti-communarde commence à être traduite en russe, avec la traduction de l'ouvrage Le Livre noir de la Commune de Paris : L'Internationale dévoilée. La référence à l'insurrection parisienne se développe avec la révolution de 1905, le groupe anarchiste Les Communards (Kommounary) appelant à transformer Białystok selon cette perspective et le journal Kommouna, organe d'une aile radicale des socialistes-révolutionnaires, appelant à la commune dans toutes les villes. Les analyses des révolutionnaires occidentaux sont alors traduites et imprègnent la culture politique des militants russes[121].
Dans L’État et la Révolution, Lénine consacre la Commune de Paris pour son caractère prophétique et sa valeur exemplaire[122]. Il transmet le mythe communard aux premiers communistes chinois dans les années 1920[122]. L'arrivée au pouvoir des bolcheviks entérine le terme de kommouna dans l'imaginaire, à la fois compris comme gouvernement ouvrier et communauté d'égaux. Parmi les 32 exploitations collectives en activité dans un district rural au sud de Kharkov dans les années 1919-1920, deux d'entre elles sont dénommées « Commune de Paris ». Le discours sur cet évènement devient plus homogène au fil du temps, les maisons d'édition officielles et les traductions d'auteurs occidentaux éclipsant les points de vue libertaires. Léon Trotski y consacre un chapitre de Terrorisme et communisme en 1920 et expose Les Leçons de la Commune en 1921 dans lesquelles il explique que l'indécision des masses parisiennes dans la conduite du mouvement s'explique par l'absence d'un parti. La Commune devient peu à peu un motif de la culture soviétique. Elle est alors représentée au théâtre, au cinéma (par exemple dans Les Aubes de Paris de Grigori Rochal) et dans les arts plastiques, mais son évocation se vide peu à peu de sa signification et de sa portée émancipatrice[121].
Les premiers communistes chinois célèbrent comme une fête traditionnelle l’anniversaire de l’insurrection parisienne[122]. Mao Zedong mobilise la référence à la Commune de Paris à partir du Grand Bond en avant, et en particulier au lancement de la révolution culturelle : il présente le premier dazibao de l'événement — dans lequel Nie Yuanzi, professeure de philosophie à l'université de Pékin, attaque le recteur dont elle dépend — comme « la proclamation de la Commune de Pékin des années soixante du 20e siècle, en Chine » dont la « portée dépasse celle de la Commune de Paris »[122],[123]. La sinologue Marie-Claire Bergère relève qu'à l'occasion de la révolution culturelle, Mao utilise « l’appel des communards parisiens à la destruction de l’État pour déclencher son offensive contre les organes du gouvernement et du Parti communiste chinois »[122]. La Résolution en 16 articles du 8 août 1966, qui fixe le cadre de la révolution culturelle en Chine, déclare qu'« il est nécessaire d’appliquer un système d’élection générale semblable à celui de la Commune de Paris », ce qui restera sans effet[122].
Dans leur proclamation du 5 février 1967, les ouvriers « rebelles révolutionnaires » qui proclament la Commune populaire de Shanghai, emmenés par Zhang Chunqiao, évoquent « la nouvelle Commune de Paris des années 1960 » et reprennent les principes de la Commune de Paris en précisant qu’ils peuvent être destitués à tout instant[122],[124]. Très rapidement, Mao rejette, dans sa pratique, l'idéal d'autonomie locale associé à la Commune de Paris[122]. Il fait rebaptiser la Commune populaire de Shanghai, qui aura duré vingt jours, en « Comité révolutionnaire de la ville de Shanghai »[122],[124]. L'historien Alain Roux, spécialiste du mouvement ouvrier à Shanghai au XXe siècle, indique : « Il n’y a pas en Chine d'étude concrète de ce que fut la Commune de Paris. Rien sur sa dimension de pouvoir nouveau avec le rôle d’une assemblée générale élisant des délégués révocables, de la démocratie directe, au moins au départ. Tout cela, en Chine, on n’y pense pas. L’influence de la Commune est plus sémantique. C’est un thème : le drapeau rouge. Un mot d’ordre : le pouvoir prolétarien, la destruction par la force du pouvoir bourgeois capitaliste »[122].
Au XXIe siècle, sous Xi Jinping qui cherche à faire de la Chine un modèle pour elle-même et abandonne les références historiques à l'Occident, les revues du Parti communiste chinois citent la Commune de Paris comme un exemple raté de mouvement révolutionnaire ouvrier[122].
Pour l’historien François Furet, « aucun événement de notre histoire moderne, et peut-être de notre histoire tout court, n’a été l’objet d’un pareil surinvestissement d’intérêt, par rapport à sa brièveté. Il dure quelques mois, de mars à mai 1871, et ne pèse pas lourd sur les événements qui vont suivre, puisqu’il se solde par la défaite et la répression. […] Le souvenir de la Commune a eu la chance de se trouver transfiguré par un grand événement postérieur : la révolution russe de 1917 l’a intégré à sa généalogie, par l’intermédiaire du livre que Marx avait consacré à l’événement dès 1871[125]. Pourtant, la Commune doit beaucoup plus aux circonstances de l’hiver 1871 et au terreau politique français qu’au socialisme marxiste, auquel elle ne tient par rien »[126].
Pour les historiens François Broche et Sylvain Pivot, « la Commune, dépourvue d'idées neuves, de valeurs fondatrices et de dirigeants d'envergure, ne fut jamais en mesure de précipiter l'enfantement d'un monde nouveau »[127].
L’historien Alain Gouttman écrit dans La Grande Défaite (2015) : « Devant l'histoire, les communards se sont montrés le plus souvent médiocres, à quelque poste qu'ils se soient trouvés entre le 18 mars et le 26 mai 1871. Ils n'en incarnent pas moins, dans la mémoire collective, une grande cause, la plus grande de toutes peut-être : celle d'une société jaillie du plus profond d'eux-mêmes, où la justice, l'égalité, la liberté n'auraient plus été des mots vides de sens. Une utopie ? En tout cas, une grande espérance qui les dépassait de beaucoup, et dont ils furent à la fois acteurs et martyrs ».
La plus récente synthèse, de l'historien Jean-Louis Robert, propose de dépasser l'opposition entre les principales interprétations de la Commune : prémices de la révolution ouvrière et de la dictature du prolétariat, remise en cause libertaire de l’État et des dominations, insurrection d’abord républicaine et patriote, mouvement de circonstance loin de tout mouvement long, rebond des insurrections populaires qui accompagnent l’histoire de France...
Une plaque commémorative des derniers combats se trouve rue de la Fontaine-au-Roi, dans le 11e arrondissement de Paris.
Un bas-relief et une autre plaque commémorative des derniers combats de la Commune, se trouvent également à la jonction des rues de la Ferme-de-Savy et Jouye-Rouve, dans une entrée du parc de Belleville.
Des peintres, présents au moment des faits, vont être directement témoins, voir acteurs, de l'insurrection parisienne. Certains vont choisir de la représenter a posteriori. Ainsi Édouard Manet, retiré à Bordeaux et qui rentre début juin[128] dans la capitale ; traumatisé, il produit deux lithographies. Sur place, très actif, Gustave Courbet lance un appel à la création de la Fédération des artistes de Paris qui regroupe 290 personnes le 15 avril 1871[129] ; s'il en préside le comité[130], ce n'est qu'une fois arrêté et emprisonné, depuis sa cellule, qu'il remplit un carnet de croquis représentant les familles d'insurgés parquées, et dont il est le témoin direct[131].
Plusieurs photographes documentent la Commune de Paris, dont Bruno Braquehais dans sa série de La Chute de la colonne Vendôme. Le camp versaillais est soutenu par les photomontages engagés de Jules Raudnitz — Le Sabbat rouge — et d'Eugène Appert, les Crimes de la Commune.
Des milliers de caricatures (pour la plupart des lithographies) dépeignant les personnalités politiques de l'époque et le comportement des Parisiens assiégés sont produites à Paris pendant la guerre franco-prussienne puis sous la Commune, souvent par le biais des journaux et magazines satiriques illustrés. D'importantes collections sont conservées au musée d'art et d'histoire Paul Éluard (Saint-Denis), au musée Carnavalet à Paris (fonds Maurice Quentin-Bauchart), à la British Library[132] et au Victoria & Albert Museum (Londres), ou encore aux bibliothèques universitaires de Cambridge[133] et d'Heidelberg.
À l'automne 1871, Alfred Cadart publie l'album Paris et ses avant-postes pendant le siège (1870-1871), douze eaux-fortes signées Léopold Desbrosses[134].
En 2022, les Cahiers Tristan Corbière n° 4 (éditions Classiques Garnier) publient 24 caricatures de communards et du « parti de l'ordre » réalisées par le poète breton Tristan Corbière[135]. Ces dessins, que l'on croyait perdus, ont été retrouvés à la bibliothèque de Bologne. Benoît Houzé retrace dans ces cahiers leur histoire et analyse leur contenu.
Un monument aux victimes de la Commune a été érigé au cimetière du Père-Lachaise, dans la 72e division.
L'historienne Laure Godineau indique qu'« un mur s'est dressé entre les communards et le milieu littéraire » et que « la liste des détracteurs est longue », citant George Sand, Gustave Flaubert, Maxime Du Camp (Les Convulsions de Paris, 1878), Théophile Gautier (Tableaux de siège, 1871), Leconte de Lisle, Ernest Renan, Edmond de Goncourt, Champfleury, Edmond About, Alphonse Daudet (Souvenirs d'un homme de lettres, 1886), Louis Veuillot, Francisque Sarcey, Alexandre Dumas fils, Paul de Saint-Victor, Jules Barbey d'Aurevilly, Hippolyte Taine, Émile Littré, Paul Bourge ou encore Eugène-Melchior de Vogüé[97]. A contrario et hormis Jules Vallès, grand défenseur de la Commune à laquelle il a lui-même participé, notamment à travers son roman L'Insurgé,et aussi l' Histoire de la Commune de 1871 par P-O Lissagaray, Arthur Rimbaud a « pleinement sympathisé avec les insurgés ; il consacra à la Commune et à la répression au moins deux poèmes : L'Orgie parisienne ou Paris se repeuple et Les Mains de Jeanne-Marie, en hommage aux femmes combattantes »[97].
Émile Zola fait office de « cas particulier » : « correspondant du journal La Cloche, il donne des articles pendant les événements de 1870-1871 qui ne ménagent pas l'Assemblée de Versailles, tout en condamnant la Commune. Cependant, dans son roman La Débâcle, qu'il publie en 1892, Zola donnera le beau rôle au paysan Jean Macquart, le soldat versaillais plein de sagesse (« l'âme même de la France équilibrée et grave »), contre son ami Maurice Levasseur, l'intellectuel communard qu'il a tué : « Tout le symbole est là ; c'est la mauvaise partie de la France, la raisonnable, la pondérée, la paysanne, qui supprime la partie folle. » »[97].
Paul Lidsky publie en 1970 aux éditions François Maspéro son mémoire de DESS intitulé Les Écrivains contre la commune. Réédité aux éditions de La Découverte en 2010, cet ouvrage est considéré comme une référence dans son domaine[137],[138]. L'auteur y montre combien, à l'exception de quelques auteurs comme Hugo, Rimbaud ou Villiers-de-L'Isle-Adam, la quasi-totalité des auteurs célèbres à l'époque (Flaubert, Dumas Fils, Du Camp, les frères Goncourt, Gautier, Sand…) témoigne d'une haine et d'un mépris absolus pour un phénomène dont ils ne cherchent pas à comprendre les causes. En 2020, l'auteur ajoute un chapitre à la dernière réédition, intitulé Les artistes pour la Commune.
La ville d’Évry-Courcouronnes possède un quartier dont le nom des rues est dédié à la Commune de Paris. On trouve par exemple le mail du Temps des cerises, la place de la Commune, la place des Fédérés, le square Charles-Amouroux, le boulevard Louise-Michel, l'allée de l'Affranchi, la rue Léo-André, etc. Une sculpture représentant une main qui tient une paire de cerises se trouve devant le groupe scolaire du Temps des cerises.
La ville de Vitry-sur-Seine possède un quartier nommé la Commune-de-Paris.
La ville du Kremlin-Bicêtre a, dès sa fondation, attribué des noms de communards à des rues dispersées sur le territoire communal : Jean Baptiste Clément, Charles Delescluze, Paul Lafargue, Élisée Reclus, Louis Rossel…). Elles se croisent avec nombre d'artères portant, quant à elles, le nom de protagonistes de la Révolution française.
Paris possède une place dans le 13e arrondissement en référence à la commune de Paris, la place de la Commune-de-Paris et un grand nombre de communes de la banlieue parisienne possèdent une rue de la Commune-de-Paris dont Aubervilliers, Romainville, l'Île-Saint-Denis et Le Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis, Villejuif, Villeneuve-le-Roi, et Bonneuil-sur-Marne dans le Val-de-Marne, Vigneux-sur-Seine, Morsang-sur-Orge et Saint-Germain-lès-Corbeil en Essonne et Mitry-Mory en Seine-et-Marne.
En 1923, une localité de l'oblast de Nijni Novgorod en Russie soviétique fut renommée Pamiat’ Parijskoï Kommouny, soit littéralement « Mémoire de la Commune de Paris ».
Hô Chi Minh Ville (Vietnam) possède une place de la Commune de Paris (Công trường Công xã Paris en vietnamien).
À Tirana (Albanie) un quartier de la ville s'appelle Commune de Paris (Komuna e Parisit en albanais)
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.