Avenue des Champs-Élysées
avenue de Paris (France) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L’avenue des Champs-Élysées (souvent abrégé les Champs-Élysées, parfois les Champs) est une voie de Paris.
8e arrt Avenue des
Champs-Élysées | |||
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Situation | |||
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Arrondissement | 8e | ||
Quartier | Champs-Élysées Faubourg-du-Roule |
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Début | Place de la Concorde | ||
Fin | Place Charles-de-Gaulle | ||
Morphologie | |||
Longueur | 1 910 m | ||
Largeur | 70 m | ||
Historique | |||
Création | 1670 | ||
Dénomination | 2 mars 1864 | ||
Ancien nom | Grand-Cours allée du Roule avenue de Neuilly |
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Géocodification | |||
Ville de Paris | 1736 | ||
DGI | 1733 | ||
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 8e arrondissement de Paris
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Images sur Wikimedia Commons | |||
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Longue de près de deux kilomètres et suivant l'axe historique de la ville, elle est une voie de circulation centrale reliant la place de la Concorde à la place Charles-de-Gaulle dans le 8e arrondissement.
Site touristique majeur, elle a souvent été présentée comme la plus belle avenue de la capitale[1], voire comme la « plus belle avenue du monde »[2]. Aujourd'hui boudée par les Parisiens, qui la jugent bruyante, trop touristique et peu praticable, sa réinvention fait l'objet de débats[3],[4],[5].
Elle tire son nom des champs Élysées, le lieu des Enfers où séjournaient les âmes vertueuses dans la mythologie grecque.
L'avenue des Champs-Élysées est située dans le 8e arrondissement de Paris, dans le nord-ouest de la ville. Elle s'étend sur 1 910 mètres, d'est en ouest, reliant la place de la Concorde, où se dresse l'obélisque de Louxor, et la place Charles-de-Gaulle (ancienne « place de l'Étoile »), située au nord de la colline de Chaillot à l'un de ses points culminants. Ce sommet fut abaissé de cinq mètres de 1768 à 1774 et les déblais furent utilisés pour adoucir la pente de l'avenue de Neuilly (un de ses anciens noms) ce qui explique la montée régulière du Rond-point à la place au centre de laquelle se trouve l’arc de triomphe de l'Étoile[6]. L'avenue d'une largeur de 70 mètres comprend une chaussée de 30 mètres de quatre voies de circulation dans chaque sens et de deux trottoirs de 20 mètres chacun.
Son tracé rectiligne offre une longue perspective née du palais du Louvre, dans laquelle s'alignent la statue équestre de Louis XIV dans la cour Napoléon du Louvre, l'arc de triomphe du Carrousel, le jardin des Tuileries, l'Obélisque, l'Arc de Triomphe, et plus loin à l'ouest, en dehors de Paris, l'arche de la Défense. Il s'agit de l'axe historique de l'ouest parisien.
Dans sa partie inférieure, à l'est du rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault, l'avenue est bordée par des contre-allées (baptisées « promenade des Champs-Élysées ») longeant les jardins des Champs-Élysées que l'avenue traverse ainsi sur toutes leurs longueurs (soit 700 mètres).
Ces jardins, larges de 300 à 400 mètres, sont divisés en espaces rectangulaires appelés « carrés » :
À l'exception du dernier, chacun de ces carrés comporte, depuis les aménagements effectués sous la direction de l'architecte Jacques Hittorff en 1840-1847, une fontaine.
Dans la partie supérieure de l'avenue, à l'ouest du rond-point, on trouve de nombreuses boutiques de luxe, des lieux de spectacle, des cinémas, notamment les UGC Normandie et George-V ; le Lido ; de célèbres cafés et restaurants (Fouquet's)…
L'avenue a inspiré la création de la Benjamin Franklin Parkway à Philadelphie (Pennsylvanie) en 1917.
À l'origine, les Champs-Élysées ne sont que des terrains marécageux et inhabités. Marie de Médicis décide d'y faire aménager au-delà du palais des Tuileries, le long de la Seine, une longue allée bordée d'ormes et de tilleuls. Le cours la Reine, s'inspirant de la promenade florentine des Cascine, est ouvert en 1616[7].
Les conquêtes du début du règne de Louis XIV ayant repoussé les frontières du royaume, le roi, se souvenant de la résistance de la Ville lors de la Fronde et voulant embellir et étendre la capitale, adopte la proposition de Colbert de raser ses fortifications et de percer de grandes avenues. Par un décret du [8], le roi décide l'ouverture d'un chemin pour faciliter le passage des voitures de ses courtisans se rendant au domaine royal de Saint-Germain-en-Laye et au château de Versailles en construction.
Le roi charge André Le Nôtre, le paysagiste du château de Versailles et, à Paris, du jardin des Tuileries, d'aménager à travers les bois et les marais qui longent la Seine cette « avenue des Tuileries » (qui sera appelée successivement, Grand Cours, avenue de Neuilly ou route de Saint-Germain) en axe royal. Cet axe depuis le palais des Tuileries, résidence du roi, doit offrir une perspective aussi grandiose que celle qui s'étend devant le château de Versailles, ce dernier symbolisant l'éloignement du gouvernement et la cour de Paris[9].
André Le Nôtre trace dans l'axe du pavillon central du palais des Tuileries, depuis l'actuelle place de la Concorde jusqu'à l'actuel rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault, en direction de la montagne du Roule — qui se situait à l'emplacement de l'actuelle place de l'Étoile — une belle avenue bordée de terrains où sont aménagés des allées d'ormes et des tapis de gazon. On l'appelle le « Grand-Cours » pour le distinguer du cours la Reine, ou encore la « grande allée du Roule », l’« avenue de la Grille Royale » (1678), l’« avenue du Palais des Tuileries » (1680) et les « Champs-Élysées », nom qui apparaît en 1694 mais qui n'est définitivement fixé qu'en 1709 comme l'attestent les comptes royaux[10]. Ce nom est choisi en référence à la mythologie grecque, peut-être en opposition à la partie basse, marécageuse et malsaine, lieu de prostitution.
La nouvelle avenue se développe au-delà de l'enceinte de Louis XIII et franchit (au niveau de l'actuelle rue Marbeuf) le Grand Égout, qui suivait le tracé d'un petit ruisseau descendant de Ménilmontant pour se jeter dans la Seine au niveau de l'actuel pont de l'Alma. Ce n'est qu'en 1710 que le duc d'Antin, surintendant des Bâtiments du Roi, fait jeter un pont de pierre au-dessus de cet égout. Ce pont permet de prolonger l'avenue jusqu'à ce que l'on appelait alors l'« étoile de Chaillot » — correspondant à l'ensemble du tracé actuel. Cette entreprise est achevée en 1724[11].
En 1722, le roi avait annexé le village du Roule aux faubourgs de Paris. En 1765, il permet la construction de bâtiments de part et d'autre de l'avenue des Champs-Élysées. En 1770, le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi, Arts, Jardins et Manufactures, fait entreprendre le nivellement de la montagne du Roule, renouvelle les plantations et fait tracer les actuelles avenues de Marigny et Matignon ainsi que l'allée des Veuves (actuelle avenue Montaigne). En 1774, il fait élargir l'avenue et la fait prolonger à l'ouest jusqu'à la Seine, au niveau du pont de Neuilly, par les actuelles avenues de la Grande-Armée à Paris et Charles-de-Gaulle à Neuilly-sur-Seine. On parle alors d’« avenue de la Grille royale » jusqu'à la barrière de Chaillot et d’« avenue de Neuilly » au-delà de celle-ci.
Malgré ces travaux, les Champs-Élysées ont longtemps mauvaise réputation. C'est un lieu de médiocres guinguettes qui attirent de mauvais garçons, des prostituées et même des brigands. Quelques baraques de foire y sont installées[12]. Un luxueux parc de loisirs ou vauxhall, le Colisée, est inauguré en 1771 au niveau du rond-point des Champs-Élysées, mais il ne tarde pas à péricliter car le public hésite à se rendre le soir dans ce qui est encore une partie de Paris excentrée et surtout mal famée, et l'établissement fait faillite dès 1780. Les promeneurs préfèrent diriger leurs pas le long du cours la Reine, qui suit le tracé de la Seine et où l'on peut jouer aux quilles, à la paume ou aux barres. Au bout du cours la Reine se trouve d'ailleurs un établissement populaire, quoique de mauvaise réputation, le Petit Moulin-Rouge, bâti sur des terrains appartenant à madame du Barry[13]. Pour améliorer la sécurité des Champs-Élysées, un poste de Gardes Suisses contigu à la barrière de Chaillot[14] est établi en 1777.
La popularité des Champs-Élysées, qui prennent alors leur dénomination définitive d’« avenue des Champs-Élysées » (1789), ne décolle véritablement que sous la Révolution française. C'est par les Champs-Élysées que passe le cortège de mégères qui, le , sous la conduite de Théroigne de Méricourt et de Reine Audu, se dirige vers Versailles pour ramener la famille royale à Paris[15]. C'est aussi par les Champs-Élysées que la famille royale est ramenée dans Paris le après la fuite à Varennes, entre deux haies de Gardes nationaux qui rendent les honneurs la crosse en l'air. Sous la Terreur, la place de la Concorde est le théâtre des exécutions capitales. Au bas de l'avenue, Huzard fait placer, sur des socles dessinés par le peintre David, les groupes de chevaux en marbre exécutés par Guillaume Coustou pour l'abreuvoir du château de Marly. Sur le plan administratif, la section des Champs-Élysées est créée en 1790, circonscription qui devient en 1795 le quartier des Champs-Élysées. Le territoire du quartier administratif des Champs-Élysées s'étend alors au nord et au sud de l'avenue du même nom. Après le redécoupage de 1860, le quartier de ce nom sera d'une surface plus restreinte et essentiellement au sud de l'avenue.
Le Directoire fait élargir l'avenue centrale, fermer quelques bouges et combler les caves et souterrains où se réfugiaient les malfaiteurs pour échapper à la police. Des cafés élégants ouvrent leurs portes comme le Café des Ambassadeurs[16], dont les plans auraient été dessinés par Jean-Jacques Rousseau, ainsi que des restaurants comme celui du traiteur Dupe, ouvert en 1800 et qui attire toutes les célébrités de l'heure, à commencer par Barras, dans une jolie maison blanche à volets verts là où s'élève aujourd'hui le Ledoyen[17]. Les Champs-Élysées deviennent un lieu de promenade élégante, point de passage pour aller prendre l'air à la campagne, vers Longchamp. Le pèlerinage à l'abbaye de Longchamp durant la Semaine sainte redevient une sorte de chevauchée mondaine qui suscite les protestations de l'archevêque de Paris.
Le quartier des Champs-Élysées reste cependant peu sûr. Le , c'est par l'avenue, parée pour l'occasion d'un arc de triomphe factice, que la nouvelle impératrice des Français, Marie-Louise d'Autriche, fait son entrée dans la capitale. C'est par le même chemin qu'elle la quitte le . Le surlendemain, le tsar de Russie, Alexandre Ier, le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III et le prince de Schwarzenberg prennent place dans une tribune dressée à proximité du palais de l'Élysée pour assister au défilé des troupes alliées. Celles-ci[18] bivouaquent dans les jardins, qu'elles laissent dans un état déplorable.
Le , à la fin des Cent-Jours, après la défaite de Waterloo, l'empereur Napoléon Ier quitte définitivement Paris, où il a abdiqué, au palais de l'Élysée, pour rejoindre le château de Malmaison. Il traverse les Champs-Élysées, au sommet desquels l'Arc de triomphe est encore en construction[19]
Louis XVIII le fait remettre en état[20] et ouvrir l'avenue Gabriel. Pour poursuivre l'aménagement de l'avenue, le préfet de la Seine, le comte Chabrol de Volvic, suivant la loi des 20-, fait affecter l'ensemble des jardins à la Ville de Paris : « Sont concédés à la ville de Paris, à titre de propriété, la place Louis XVI et la promenade dite des Champs-Élysées, telles qu'elles sont désignées au plan annexé à la présente loi, y compris les constructions dont la propriété appartient à l'État et à l'exception des deux fossés de la place Louis XVI qui bordent le jardin des Tuileries. Ladite concession est faite à la charge de la ville de Paris :
La Ville construit les premiers trottoirs. À partir de 1834, l'architecte Jacques Hittorff est chargé de réaménager les jardins des Champs-Élysées, parallèlement à son intervention sur la place de la Concorde.
Avec l'accord du nouveau préfet de la Seine, le comte de Rambuteau, Hittorf entreprend de créer des massifs à l'anglaise et de faire de nouvelles plantations. Il élève quatre fontaines[22] de style homogène :
Hittorf dessine également les réverbères en fonte toujours en place, mais alors alimentés au gaz, et qui achèvent de donner aux Champs-Élysées, selon la Revue de l'Art « l'effet le plus agréable qu'il soit donné de voir »[17].
L’ordonnance du 5 avril 1846 fixe l’alignement des immeubles du rond-point des Champs-Élysées-Marcel-Dassault aux rues Washington et de Bassano. Elle n’a un effet que modéré car la voie reste bordée par des jardins sur une partie de son cours[24].
Le , un grand banquet se tient aux Champs-Élysées, ce sera le point de départ de la Révolution de 1848[25].
Sculptures et réverbères profiteront à partir de 1856 du système de cuivrage industriel, mis au point par Léopold Oudry, qui assurera leur protection[26].
Dans le projet qu'il soumet au conseil municipal de Paris en 1835, Hittorff propose également de créer un panorama, un cirque, des restaurants et cafés de grand luxe[27] et un théâtre.
Le panorama des Champs-Élysées, construit pour remplacer celui édifié en 1831 dans la rue des Marais, se situait dans un espace circulaire situé entre le cours la Reine et le grand carré des Jeux, à l'emplacement où se dressent aujourd'hui le Grand et le Petit Palais. C'était une vaste rotonde de 40 mètres de diamètre et 15 mètres de hauteur. Hittorff en avait lui-même donné les plans et en avait confié la direction artistique au peintre Jean-Charles Langlois (1789-1870). La nouvelle attraction, édifiée en quelques mois, ouvrit ses portes en avec L'Incendie de Moscou, réalisé par Langlois, qui remporta un grand succès public.
En 1855, le panorama fut intégré aux bâtiments de la première exposition universelle comme salle d'exposition où étaient présentés les productions des manufactures de Sèvres et des Gobelins ainsi que les joyaux de la couronne de France. Il fut démoli l'année suivante afin de créer une allée reliant le palais de l'Industrie au cours la Reine. Un nouveau panorama fut alors édifié en 1860 par l'architecte Gabriel Davioud, toujours avec le concours de Langlois, à l'angle de l'avenue d'Antin (Voir théâtre du Rond-Point).
Le Cirque d'Été au carré Marigny, d'abord simple cirque de planches et de toile de 1835 à 1841, est remplacé en 1841 par un vaste édifice en meulière pouvant accueillir 6 000 spectateurs, construit sur les plans de Hittorff et magnifiquement décoré par Bosio, Duret et Pradier. Pendant du Cirque d'Hiver, construit par Hittorff boulevard du Temple, il fonctionnait du 1er mai au 1er septembre. L'acoustique y était si bonne que Berlioz y donna des concerts. Cirque national en 1841, il connut son apogée sous le Second Empire sous le nom de « cirque de l'Impératrice » (après 1853). Sa grande attraction fut longtemps le clown Jean-Baptiste Auriol (1808-1881). Caroline Otero et Émilienne d'Alençon y firent leurs débuts. Son succès se prolongea jusque dans les années 1880. Le Tout Paris s'y précipitait le samedi, jour réputé chic. Petit à petit délaissé par le public après l'Exposition universelle de 1889, il fut démoli vers 1900 en donnant son nom à la rue du Cirque.
En 1855, Hittorff fit construire par l'architecte Gar[Qui ?] dans le carré Marigny, à l'angle de l'avenue Gabriel et de l'avenue Marigny, à l'emplacement du spectacle de « physique amusante, fantasmagorie et curiosité » proposé depuis 1835 à cet endroit par un prestidigitateur, le théâtre Marigny, doté de 600 places, et confié pour cinq ans à Jacques Offenbach. Il est remplacé en 1880 par l'édifice actuel, plus vaste, construit par l'architecte Charles Garnier et transformé par Édouard-Jean Niermans. Un peu plus bas, dans le carré de l'Élysée (8, avenue Gabriel), Hittorff fit construire en 1841 l’Alcazar d'été célèbre café-concert où s'illustrèrent la chanteuse Thérésa et le chansonnier Paulus. C'est aujourd'hui le Pavillon Gabriel.
Plus bas encore, dans le carré des Ambassadeurs, le Café des Ambassadeurs fut également construit par Hittorff à l'emplacement d'un restaurant dont la création avait été originellement autorisée en 1772 par l'abbé Terray et qui était tenu en 1816 par la veuve Rouget. Reconstruit en 1841, cet établissement se développa et accueillit, à partir de 1897, des spectacles de revues avant d'être démoli en 1929 pour être remplacé par le théâtre des Ambassadeurs et le restaurant du même nom. C'est aujourd'hui l'Espace Cardin.
De l'autre côté de l'avenue se trouvait un autre café-concert, le concert de l'Horloge, situé d'abord vers l'extrémité ouest du cours la Reine, à l'emplacement où s'installa ensuite, en 1896, le jardin de Paris (voir « Place du Canada »). Il dut être démoli en 1852 pour permettre la construction du palais de l'Industrie et fut transféré par sa propriétaire, Mme Picolo plus à l'est, là où commence aujourd'hui l'avenue Edward-Tuck. Il présentait l'agrément d'un toit mobile formé de deux parties coulissantes qui permettait de mettre le public à l'abri des intempéries. Les restaurants Laurent et Ledoyen s'installèrent respectivement dans les carrés Marigny et Ledoyen dans des pavillons à frontons et colonnes polychromes dessinés par Hittorff lui-même.
L'ingénieur Adolphe Alphand, sous Napoléon III, est à son tour chargé de l'aménagement des jardins[29]. Grâce à ses efforts, conjugués avec ceux de Hittorff, lors de l'Exposition universelle de 1855, les Champs-Élysées sont devenus le lieu à la mode. Alors que l'avenue ne comptait que six maisons en 1800[30], elle est bientôt bordée d'immeubles, d'hôtels particuliers et de maisons bourgeoises tandis que deux nouveaux lotissements se construisent au nord et au sud, à l'emplacement des anciens jardins Beaujon[31] et Marbeuf[32].
Le Second Empire est une période faste pour les Champs-Élysées. L'avenue, bordée de luxueuses demeures, devient le haut-lieu de la vie élégante parisienne. L'avenue est desservie par la ligne C de l'Omnibus Louvre Pont-de-Neuilly, ainsi décrit en trois vers.
« C, trottant tout le long des Champs-Élyséens,
Glanant bonnes d'enfants, promeneurs, lycéens,
Du beau Pont-de-Neuilly jusqu'au Louvre les roule[33]. »
À partir de 1853, le grand carré des Jeux est occupé par le palais de l'Industrie, gigantesque construction de 200 mètres de long, édifiée par l'architecte Victor Viel et inaugurée le par Napoléon III. Le bâtiment sert aux expositions universelles de 1855, 1878 et 1889, et est utilisé pour divers salons, expositions agricoles et horticoles, concours hippiques, fêtes et cérémonies publiques. Pour préparer l'Exposition universelle de 1900, l'édifice est détruit à partir de 1896 pour laisser place au Petit et au Grand Palais. Sa disparition permet de relier l'hôtel des Invalides au palais de l'Élysée par le pont Alexandre-III.
À la suite de la Guerre franco-prussienne, les armées allemandes occupent symboliquement les Champs-Élysées du 1er au 3 mars.
En 1898, toujours dans le cadre de la préparation de l'exposition de 1900, le restaurant du Petit-Paillard ouvre ses portes dans le carré de l'Élysée dans un pavillon en pierre de style éclectique construit par l'architecte Albert Ballu (aujourd'hui Pavillon de l'Élysée) à la place de l'ancien restaurant Langer, d'abord modeste café concédé en 1866 à Thollier, devenu propriété de la famille Moène. Pour le décor de la salle à manger, consistant en un élégant plafond peint inscrit dans un écrin de staff, Ballu fit appel à l’un de ses collaborateurs privilégiés, Jean-Baptiste Hugues (1849-1930), grand prix de Rome de sculpture en 1875[34].
En , à l'occasion de leur visite en France, le tsar de Russie Nicolas II et son épouse Alexandra arrivent gare de Passy-la-Muette. Le cortège rejoint ensuite la porte Dauphine, puis emprunte l'avenue du Bois et les Champs-Élysées, le trajet devant les conduire à l'ambassade de Russie. Le long de l'avenue, une foule nombreuse est massée, parfois suspendue aux arbres[35].
Le , en effectuant une promenade sur les Champs-Élysées, un garçon de café, qui fut camelot du Roi, nommé Jean Mattis, se jette sur le président de la République Armand Fallières pour lui tirer la barbe. Mais ce dernier réagit en voyant l'énergumène, et est griffé au cou et à l'oreille droite. Jean Mattis écope de quatre ans de prison[36].
Le , des cérémonies se déroulent sur l'avenue des Champs-Élysées et à l'hôtel des Invalides pour célébrer le centenaire de la mort de Napoléon Ier[37].
Le 14 juin 1940, les troupes nazies défilent pour la première fois sous l'Arc de Triomphe. Le 11 novembre de la même année, une manifestation de lycéens et d'étudiants sur les Champs-Élysées et devant l'Arc de triomphe, l'un des tout premiers actes publics de résistance à l'occupant en France, est durement réprimée par les nazis.
Le , après la Libération de Paris, le général Charles de Gaulle descend les Champs-Élysées, précédé par quatre chars de la 2e D.B.
Le , en réaction à la crise étudiante et syndicale, une grande manifestation de soutien au président Charles de Gaulle remonte les Champs-Élysées, réunissant entre 300 000 et 500 000 personnes[38].
Le , à l'issue de la victoire 3-0 de l'équipe de France de football en finale de la Coupe du monde, plus d'un million de personnes célèbrent la victoire sur les Champs-Élysées. Le lendemain, les Bleus paradent sur l'avenue à bord d'un bus. Des scènes similaires se reproduiront en 2000 après la victoire en finale de l'Euro.
L'avenue des Champs-Élysées rénovée est inaugurée le par Jacques Chirac, maire de Paris à l'époque. Ce dernier avait fait de la rénovation de l'avenue une de ses priorités lors de sa réélection en 1989 devant son état dégradé (multiplication de trous dans les chaussées, arbres malades, envahissement des trottoirs par les voitures[39]…).
La direction de la Voirie fixe les grandes lignes du projet en et le chantier, lancé en pour un coût total de 240 millions de francs, s'achève en avance. Conduit par Bernard Huet (urbaniste), Jean-Michel Wilmotte et Norman Foster (designers de mobilier urbain), le réaménagement s'est traduit par :
Le , lors du défilé militaire, Maxime Brunerie tente d'assassiner le président de la République Jacques Chirac.
Le , un attentat terroriste islamiste, perpétré en pleine campagne électorale, à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, fait un mort, le policier Xavier Jugelé, et trois blessés.
Le de la même année, une tentative d'attentat ne fait aucune victime, hormis le terroriste.
Le , deux millions[réf. nécessaire] de supporters de l'équipe de France manifestent leur joie après la victoire 4-2 en finale de la Coupe du Monde football. Le lendemain, les Bleus défilent à leur tour sur les Champs.
Lors de l'acte XIX du mouvement des Gilets jaunes le , l'avenue est le théâtre d'affrontements avec la police et de dégradations jamais vus auparavant sur l'avenue[41],[42],[43]. De nombreux casseurs et un black bloc de plus de 1 500 personnes[44] tentent de prendre d'assaut l'Arc de triomphe de l'Étoile et dégradent au total 216 commerces[45] (80 % assez lourdement touchés[46]), dont 27 sont pillés[47], notamment la célèbre brasserie le Fouquet's[48]. Les autorités déplorent 79 feux, dont 5 de bâtiments, et la quasi-totalité des kiosques à journaux de l'avenue totalement détruits[49]. Trente gendarmes, policiers et pompiers ont également été blessés[47].
Les Champs-Élysées sont le théâtre des grands événements historiques français : défilé de la Libération en 1944 ou rassemblement des Parisiens pour célébrer la victoire lors de la coupe du monde de football en 1998 et en 2018.
Les Champs-Élysées ont été le théâtre de deux attentats meurtriers en 1986. Le , une bombe explose dans la galerie Point Show des Champs-Élysées à Paris faisant 1 mort et 51 blessés. Le , un colis suspect est découvert au restaurant Pub Renault sous une table par un maître d'hôtel, Jean-Claude Blanger. Il prévient deux policiers en faction et décident tous les trois de descendre le paquet dans les sous-sols, où le colis finit par exploser. Les deux policiers sont tués, et le maitre d’hôtel grièvement blessé[62].
Les Champs-Élysées sont le théâtre d'une fusillade revendiquée par l'État islamique le peu avant 21 heures. Un policier est tué, un autre grièvement blessé. Le terroriste est abattu.
La notoriété nationale et internationale de l'avenue, son accessibilité (métro et RER) et sa dimension en font un lieu pour certaines grandes manifestations au caractère exceptionnel :
Chaque année, à l'occasion de la fête nationale française le , le principal défilé militaire de France, terrestre et aérien, a lieu sur les Champs-Élysées. Les troupes des quatre armées, armée de terre, marine nationale, armée de l'air et gendarmerie, de la police et des pompiers civils et militaires, descendent l'avenue et passent devant le président de la République, le gouvernement et les ambassadeurs étrangers rassemblés sur une tribune officielle montée place de la Concorde, face à l'avenue.
Chaque année depuis 1975, la dernière étape du Tour de France se termine sur les Champs-Élysées par une véritable parade après plus de trois semaines de course. Les coureurs parcourent entre six et dix tours d'un circuit montant et descendant l'avenue avant de se disputer une arrivée prestigieuse, diffusée en direct dans plus de 150 pays.
Chaque année, de fin novembre à début janvier, le comité Champs-Élysées offre les illuminations de l'avenue, tradition mise en place sous la présidence de Roland Pozzo di Borgo.
Le coup d'envoi des illuminations de Noël, est donné chaque année, en présence d'une célébrité différente.
L'avenue est également fermée à l’occasion des cérémonies du 8 mai 1945 et du jour du Souvenir (), qui se déroulent à la statue du général de Gaulle à la place Clemenceau et à la tombe du Soldat inconnu, sous l’Arc de triomphe.
Chaque année, au soir du , les Champs-Élysées sont réservés aux piétons pour célébrer la nouvelle année ; ce fut notamment le cas lors du passage à l'an 2000.
La signalisation habituellement au milieu de l’avenue est prévue pour être facilement démontée à l’occasion de ces événements.
Au XIXe siècle, les Champs-Élysées sont un lieu de promenades et de loisirs. Les activités y sont liées : bals, écuries, manèges, carrossiers, selliers, tailleurs pour cavaliers et cavalières, loueurs de voitures, etc. Les nombreuses festivités, soit privées dans les hotels particuliers ou dans des établissements, favorisent la venue de boutiques de mode et d'alimentation[69].
Au tournant du XXe siècle, les constructeurs automobiles remplacent peu à peu les établissements liés au cheval (Panhard & Levassor au no 24, Peugeot au no 30 et Mercedes au no 70). Dans l’entre-deux-guerres, d’autres constructeurs s’installent (Renault, Citroën, Delage, De Dion-Bouton, Hispano-Suiza, Mathis, Talbot). Cette période voit apparaître de nombreux cinémas ou salles de spectacles, ainsi que des boutiques de luxe et des parfumeries. La presse française et étrangère y loge ses rédactions. La spéculation amène la venue de banques et de compagnies d’assurance[69].
Jusque dans les années 1950, l'avenue comprenait essentiellement des boutiques de luxe. Puis progressivement, ces dernières ont laissé place à des sièges sociaux de groupes en quête de prestige. L'arrivée du RER A modifie la donne : de nombreux parisiens et franciliens de toutes conditions pouvant accéder facilement aux Champs-Élysées, les boutiques d'enseignes plus populaires vont alors se multiplier, notamment en 1988 avec l'ouverture de Virgin Megastore[70]. La rénovation lancée en 1994 par le maire de Paris de l'époque, Jacques Chirac, en relation avec Roland Pozzo di Borgo (Comité des Champs-Élysées), va donner à l'avenue une nouvelle image de marque. Mais elle reste le reflet de la mixité de la population qui la fréquente avec une distinction entre les deux trottoirs. Le trottoir nord — côté pair — est le côté ensoleillé mais aussi celui qui connaît la plus forte fréquentation en partie du fait qu'il se situe dans le prolongement de la sortie RER. Les boutiques et galeries commerçantes y sont plus nombreuses. Le côté pair « soleil » des Champs-Élysées a une fréquentation 30 % plus élevée et voit ses loyers des surfaces de commerces en rez-de-chaussée s'établir entre 8 000 et 10 000 euros le mètre carré par an (hors taxes et charges)[70]. L'ouverture de la plupart des magasins jusqu'à minuit et le dimanche participe aussi au succès commercial de l'avenue. En 2012, en moyenne, 300 000 piétons, dont un quart d'étrangers, s'y pressent chaque jour[71] — jusqu'à 600 000 à l'approche des fêtes de fin d'année — et les 120 boutiques de l'avenue génèrent un chiffre d'affaires annuel d'un milliard d'euros, avec un revenu moyen par touriste étranger de 1 160 euros, tous pays confondus, alors qu'il n'était que de 950 euros en 2007. Le secteur des Champs-Élysées représente 12 % du chiffre d'affaires des ventes détaxées de Paris[72].
L'avenue a longtemps été l'adresse incontournable des marques de luxe, la portion située entre l'avenue George-V et le rond-point des Champs-Élysées est toujours la limite nord du « triangle d'or ». Si certaines avaient eu tendance à déserter l'avenue dans les années 1970, la plupart sont revenues. Les compagnies aériennes, elles, ont presque toutes disparu, mais la plupart des marques automobiles y disposent d'un espace d'exposition souvent couplé à un bar ou à un restaurant. Les restaurants et les cinémas contribuent d'ailleurs fortement à la fréquentation de l'avenue. Les cinémas, 29 salles, dont l'essentiel de la programmation est en version originale, y organisent des premières. Pour beaucoup d'enseignes, une installation sur les Champs, même si elle est très coûteuse, présente un double intérêt : la publicité par l'emplacement, mais aussi de fortes ventes de par la fréquentation touristique.
Les commerçants de l'avenue sont regroupés en une association, le Comité Champs-Élysées, créé en 1860 sous le nom de Syndicat d'initiative et de défense des Champs-Élysées, qui a pris son nom actuel en 1980. Cette association a pour objectif de maintenir une image prestigieuse de l'avenue. Pour y parvenir, le comité intervient auprès des autorités locales pour obtenir des mesures favorisant l'embellissement des lieux (éclairage, décorations, etc.) et l'activité commerciale (horaires d'ouverture des magasins, qui par dérogation sont beaucoup plus étendus qu'ailleurs à Paris et en France). De plus, ce comité a un rôle purement consultatif sur les demandes d'installation de sociétés ou de commerces sur l'avenue. Le président qui a redynamisé le comité et l'avenue a été Roland Pozzo di Borgo, qui a collaboré à la modernisation de l'avenue voulue par Jacques Chirac.
Prestigieuse et populaire, mais aussi luxueuse, l'avenue des Champs-Élysées est donc de plus en plus chère. Les prix de l'immobilier y sont tels, et la spéculation immobilière si forte, que seule une poignée de personnes y résident encore, les étages supérieurs des immeubles de l'avenue étant généralement occupés par des bureaux[73]. Cependant, les prix ne sont pas uniformes. Par exemple, le côté nord (trottoir droit en montant) est plus cher car mieux exposé au soleil et plus fréquenté que le côté sud, où les vitrines sont dans l'ombre des bâtiments. Mais depuis les années 2000 les prix ont tendance à se rapprocher, le côté sud ayant été choisi par des marques telles que Lancel, Lacoste, Hugo Boss, Louis Vuitton, Nike, Omega, Eden Shoes et le palace parisien le Fouquet's Barrière et le côté nord par Cartier, Guerlain, Montblanc, McDonald's, Adidas, et le célèbre et seul hôtel ayant son entrée sur l'avenue : le Marriott.
L'avenue des Champs-Élysées est un des emplacements les plus chers du monde. En 2018, l'avenue se classe en quatrième position en termes de valeur locative (16 350 $/m2/an) après Causeway Bay, un quartier de Hong Kong (28 751 $/m2/an), la Cinquième Avenue à New York (24 220 $/m2/an) et New Bond Street à Londres (18 772 $/m2/an)[74]. Le montant élevé des loyers pourrait nuire à la diversité commerciale. Les magasins de textile et ceux dits de luxe (notamment du groupe LVMH[75]) font partie des rares commerces à pouvoir les absorber. Selon une étude de 2006 commandée par la mairie de Paris, 20 % des magasins de l'avenue sont dévolus au textile. Si on y inclut les commerces des galeries commerciales, ce chiffre est proche de 39 %. « C'est un maximum, selon une adjointe au maire. Au-delà, il n'y a plus de diversité commerciale »[76].
Le comportement des propriétaires fonciers de la célèbre avenue pourrait ainsi nuire à l'attrait de l'avenue sur les visiteurs, et ironie du sort, affaiblir leurs investissements à moyen terme. Mais à ce jour, seules des mesures politiques incitées par le militantisme associatif semblent pouvoir, à court terme, sauver la diversité unique des Champs-Élysées qui est l'un de ses attraits majeurs. Bien que les augmentations de loyer sont réglementées, les sociétés propriétaires de locaux ont trouvé une parade en refusant de renouveler leur bail. Dans ce cas, elles versent au locataire une indemnité d'éviction, généralement de 10 à 12 fois le loyer annuel et font payer un droit d'entrée équivalent au nouveau locataire[77].
De même, il ne reste plus que quatre cinémas sur l'avenue fin 2016 contre une vingtaine à son apogée[78]. Après la fermeture de l'UGC George V en 2020 puis du Gaumont Champs-Élysées Marignan en 2023, il n'en reste plus que deux sur l'avenue (l'UGC Normandie et le Publicis Elysées) et deux autres sur les rues adjacentes, le Balzac et l'Elysée Lincoln[79].
De nombreux films, au moins pour quelques scènes, ont eu les Champs-Élysées comme décor. Parmi les scènes mythiques tournées dans l'avenue :
Parmi les tournages réalisés sur l'avenue, citons notamment :
Tourné en studio, le film de Sacha Guitry, Remontons les Champs-Élysées, retrace avec fantaisie l'histoire de l'avenue de la place de la Concorde en 1617 à la place de l'Étoile en 1938.
Tous les mois de juin depuis 2012 se déroule sur l'avenue le premier festival de cinéma de la capitale, Champs-Élysées Film Festival. Ce festival est chargé de défendre et de promouvoir le cinéma indépendant américain et français. Le festival est connu pour dédier l'ensemble de ses événements au grand public : vote pour les films de la compétition, avant-premières en présence des équipes de films, Master-class, soirées spéciales, conférences, etc[143].
Les prix décernés lors du festival sont :
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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