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homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Louis Antoine Léon de Saint-Just, parfois surnommé l'Archange de la Terreur, né le à Decize (Nivernais, aujourd'hui Nièvre) et mort guillotiné le 10 thermidor an II () à Paris, place de la Révolution (actuelle place de la Concorde), est un homme politique français de la Révolution française. Plus jeune élu à la Convention nationale, Saint-Just est membre du groupe des Montagnards. Soutien indéfectible de Robespierre, il est emporté dans sa chute, le 9 thermidor.
Louis-Antoine de Saint-Just | ||
Portrait de Louis de Saint-Just, huile sur toile de Pierre-Paul Prud'hon, musée des beaux-arts de Lyon, 1793. | ||
Fonctions | ||
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Membre du Comité de salut public | ||
– (1 an et 18 jours) |
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Groupe politique | Montagne | |
Député de l'Aisne | ||
– (1 an, 10 mois et 23 jours) |
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Législature | Convention nationale | |
Groupe politique | Montagne | |
Président de la Convention nationale | ||
– (15 jours) |
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Groupe politique | Montagne | |
Prédécesseur | Joseph-Nicolas Barbeau du Barran |
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Successeur | Philippe Rühl | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Louis Antoine Léon de Saint-Just |
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Surnom | L'Archange de la Terreur | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Decize (France) | |
Date de décès | (à 26 ans) | |
Lieu de décès | Place de la Révolution, Paris (France) |
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Nature du décès | Guillotiné | |
Sépulture | Cimetière des Errancis Catacombes de Paris |
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Nationalité | Français | |
Profession | Avocat | |
Religion | Déiste | |
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D'une éloquence remarquée, il se distingue par l'intransigeance et l'inflexibilité de ses principes prônant l'égalité et la vertu, ainsi que par l'efficacité de ses missions au cours desquelles il redresse la situation de l'armée du Rhin et participe à la victoire des armées républicaines à Fleurus. Combattant politiquement les Girondins, les Hébertistes puis les Indulgents, il fait voter la confiscation des biens des ennemis de la République au profit des patriotes pauvres. Il est l'orateur désigné des robespierristes dans leurs conflits avec les autres partis politiques à la Convention nationale, c'est lui qui lance les accusations et les réquisitoires à la Convention contre Danton ou Hébert. Pour éviter les massacres dont sont responsables les sans-culottes dans les départements, notamment en Vendée, ou pour centraliser la répression, ce point fait débat, il fait supprimer les Tribunaux révolutionnaires départementaux et rassemble toutes les procédures au Tribunal révolutionnaire de Paris.
C'est aussi un théoricien politique, ainsi, il est notamment l'inspirateur de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793, de la Constitution de l'an I[1] ou l'auteur d'un ouvrage parlant des principes de la Révolution française.
Lors du 9 thermidor, il défend Robespierre contre les accusations de Barère et Tallien. Mis en état d'arrestation avec lui, il garde le silence jusqu'à sa mort, le lendemain, où il est guillotiné sur la place de la Révolution avec les 104 robespierristes exécutés, à l'âge de 26 ans. Son corps et sa tête sont ensuite jetés dans une fosse commune.
La légende noire touchant à ce personnage, et aux robespierristes de manière générale, s'est maintenue dans la recherche historique jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, avant d'être progressivement réévaluée à partir de cette période par les historiens plus récents. Il est jusqu'à l'époque perçu comme cruel, sanguinaire et ayant une sexualité débridée et violente[2].
Louis Antoine de Saint-Just[3] est le fils aîné de Louis Jean de Saint-Just de Richebourg ( – ), un capitaine de cavalerie décoré de l'ordre de Saint-Louis, et de Marie-Anne Robinot (née à Decize le , morte en 1815), elle-même fille de Léonard Robinot, conseiller, notaire royal et grenetier au grenier à sel de Decize, et de Jeanne Houdry, mariés le .
Louis Antoine est né le à Decize, dans le Nivernais, et il est baptisé le même jour dans l'église de la ville : son parrain est Jean Antoine Robinot, curé de Verneuil, et sa marraine est Françoise Ravard[4]. Il est aussitôt mis en nourrice à Verneuil jusqu'à l'âge de huit ans. Après un court séjour à Morsain lors duquel naissent les deux sœurs d'Antoine, Louise-Marie-Anne et Marie-Françoise-Victoire, le et le [5], la famille retourne à Decize, où les oncles de Louis Antoine exercent des responsabilités municipales[6].
En , la famille déménage pour la Picardie, et s'installe dans une vaste demeure à Blérancourt, où le père meurt un an plus tard, laissant la famille dans une gêne relative puisque sa veuve conserve le privilège d'exemption de l'impôt ordinaire[6]. Après avoir fréquenté l'école du village, Saint-Just est mis en pension de 1779 à 1785 au collège Saint-Nicolas des Oratoriens de Soissons (actuel collège Saint-Just), établissement coté où son oncle et son père avaient déjà étudié et où il côtoie les enfants de la classe aisée et dirigeante de la province[7]. À la fin de 1785, au cours de ses vacances, il s'éprend de Louise-Thérèse Sigrade Gellé, fille de Louis-Antoine Gellé, notaire royal au bailliage de Coucy-le-Château, mais son père le dédaigne et marie, assez précipitamment, sa fille à un clerc de son étude[8]. Celle-ci le fuira pour rejoindre Saint-Just à Paris en [9].
Après avoir fui le domicile maternel pour se rendre à Paris à la suite d'une dispute, il y est interné dans une maison de correction, rue de Picpus, de à , à la suite d'une lettre de cachet obtenue à son encontre par sa mère[10]. L'épisode de la maison de correction a probablement eu une influence sur son poème Organt, critique de la monarchie absolue et de l'Église, au caractère parfois pornographique et dans la tradition cynique, publié au printemps 1789.
Devenu ensuite clerc auprès de maître Dubois procureur de Soissons, il s'inscrit en à la faculté de droit de Reims, qu'avaient déjà fréquentée Brissot et Danton, avant de rentrer l'année suivante à Blérancourt, où il séjourne jusqu'en .
Il assiste aux débuts de la Révolution à Paris, puis part rejoindre sa famille à Blérancourt. C'est au contact de cette population rurale qu'il fait son apprentissage d'homme politique en s'impliquant fortement dans la vie locale[11]. Dans cette proximité avec les plus démunis de ses concitoyens de Blérancourt, opposés à la clientèle d'un domaine administré par un régisseur qui entretient des formes désuètes de féodalité, il se forge la conviction « que les nobles ne sauraient être soumis sans contrainte aux conséquences de la Révolution[6] ».
Révolutionnaire exalté, il participe à la Fête de la Fédération en 1790, fait partie du cortège qui escorte Louis XVI au retour de sa tentative de fuite. Il fait la connaissance de Robespierre, à qui il écrit une première lettre en , et dont il devient un des proches. Comme ce dernier, il est fasciné par la culture gréco-romaine (d'où sont issues la démocratie et la République) et se compare volontiers à Brutus.
Se morfondant à Blérancourt et souhaitant à tout prix rejoindre Paris, Saint-Just fait campagne dans la circonscription de Chauny pour les élections de 1791 à l'Assemblée législative. Il rédige alors et fait publier à Paris l'Esprit de la Révolution et de la Constitution de France, qui constitue "autant un texte politique qu’un objet à même d’appuyer les prétentions électorales", lui permettant de gagner en popularité[12]. Malgré le succès de son ouvrage et son investissement politique public, sa candidature est révoquée en raison de son âge[13]. Il est finalement élu, pour le département de l'Aisne, le , le 5e sur 12 avec 349 voix sur 600 votants. Il entre alors à la Convention, dont il est le benjamin, et, convaincu de la nécessité d'une révolution sociale[14], rejoint les Montagnards. Dès son premier discours du , il y est un des principaux orateurs, aussi bien lors du procès de Louis XVI, lors duquel il prononce ces phrases, selon une rhétorique implacable inspirée de Rousseau : « On ne peut régner innocemment », « tout roi est un rebelle ou un usurpateur », « Puisque Louis XVI, dit-il, fut l'ennemi du peuple, de sa liberté et de son bonheur, je conclus à la mort »[15], que lors de la rédaction de la Constitution. Sa dureté et son incontestable talent rhétorique, qui feront de lui une des voix de la Montagne puis du Comité de salut public, se déchaînent contre ses adversaires girondins.
Le , il est envoyé par décret dans les Ardennes et l'Aisne avec Jean-Louis Deville, qui était déjà son ami avant la Révolution[16], pour la levée de 300 000 hommes. De retour dès le à Paris, où il intervient aux Jacobins[17], sa mission prend officiellement fin par décret du [18].
Adjoint au Comité de salut public le , puis élu le , lors de l'extension du comité, il est envoyé dans l'Aisne, l'Oise et la Somme par arrêté du comité du , mais ne remplit pas cette mission. Nommé ensuite par arrêté du comité du et décret du représentant aux armées avec son ami et conventionnel Philippe Le Bas, il rejoint l'armée du Rhin jusqu'au , hormis un séjour à Paris du 14 au 20 frimaire an II (4 – )[18]. Les deux représentants transforment le 5 brumaire an II () le tribunal militaire en « commission spéciale et révolutionnaire » afin d'accélérer les procédures et de renforcer la sévérité contre les prévaricateurs et les « partisans de l'ennemi »[19]. Saint-Just fait prendre Bitche et délivrer Landau.
Envoyé ensuite à l'armée du Nord avec Le Bas par arrêté du Comité de salut public du 3 pluviôse an II (), il est de retour à Paris le 25 pluviôse (13 février)[18].
Il est alors partie prenante en mars et avril 1794 de la chute des Hébertistes, puis des Dantonistes.
À la suite d'un arrêté du Comité de salut public du 10 floréal (29 avril), il repart en mission dans l'armée du Nord avec Le Bas[18]. Partisan de l'offensive à outrance, il dirige de facto les opérations, au début de mai, et, en dépit des vives réserves de plusieurs généraux comme Kléber ou Marceau, ordonne de lancer une offensive sur Charleroi qui échoue[20]. Son action est en revanche couronnée par les victoires de Courtrai le 23 prairial (11 juin) et de Fleurus le 8 messidor (26 juin). Se posant en spécialiste des questions militaires, du fait de ses diverses missions auprès des armées, il s'oppose à cette époque à Carnot[21].
Le Comité l'ayant rappelé par une lettre datée du 6 prairial (25 mai), il rentre à Paris le 12 prairial (31 mai). Puis un arrêté du Comité en date du 18 prairial (6 juin) le charge d'une mission aux armées du Nord et de l'Est, « de la mer jusqu'au Rhin ». Il est de retour dans la capitale le 11 messidor (29 juin)[18].
Lors de la crise de thermidor, il tente avec Barère de rétablir la concorde au sein des comités publics, organisant notamment la réunion du 5 thermidor (23 juillet). À cette occasion, il est chargé de lire un rapport devant la Convention sur les heurts qui ont secoué le gouvernement révolutionnaire.
Mais le discours de Robespierre devant l'assemblée, le 8 thermidor (26 juillet) accélère le dénouement de la crise. Pris à partie dans la nuit par Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, il réoriente son discours dans un sens plus critique à l'égard de ces deux hommes, indiquant au cinquième paragraphe : « quelqu'un cette nuit a flétri mon cœur ». Toutefois, bien loin de chercher à abattre ses ennemis, il espère, à travers cette intervention, rétablir l'entente parmi les membres du Comité de salut public. En conclusion, il propose à la Convention un décret affirmant que les institutions républicaines, alors en préparation, « présenteront les moyens que le gouvernement, sans rien perdre de son ressort révolutionnaire, ne puisse tendre à l'arbitraire, favoriser l'ambition, et opprimer ou usurper la représentation nationale ».
Le lendemain, alors qu'il commence son discours, il est interrompu par Tallien et, plutôt que de se battre, se mure dans un énigmatique silence hautain ; il est décrété d'accusation. Libéré par l'insurrection de la Commune de Paris, il se laisse arrêter par les troupes fidèles à la Convention, le matin du 10 thermidor, et est guillotiné, à l'âge de vingt-six ans, avec les principaux partisans de Robespierre dans l'après-midi.
Une phrase non référencée ni sourcée et qu'il n'a peut-être à ce titre jamais prononcée ni écrite, lui est attribuée :
En 1886, le sculpteur Jean Baffier réalise une statue en plâtre de Saint-Just d'environ un mètre de haut. Elle est conservée au musée de la Révolution française.
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