Saint-Pol-de-Léon
commune française du département du Finistère De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Saint-Pol-de-Léon [sɛ̃ pɔl də leɔ̃] est une commune française du département du Finistère, en région Bretagne.
Petite cité de caractère et station balnéaire en bordure de la Manche, Saint-Pol-de-Léon est une ancienne cité épiscopale, capitale historique de l'évêché de Léon. Entre l'Armor et l'Argoat, son riche patrimoine se marie avec la mer sur la côte nord du Finistère et les champs de légumes. Capitale de la Ceinture dorée, c’est la première zone légumière de Bretagne.
Saint-Pol-de-Léon est située sur le littoral nord de la Bretagne, en bordure de la Manche, à l'entrée de la baie de Morlaix face à l'île Callot, un peu au sud de Roscoff. Elle s'étend sur 2 343 hectares et possède 13 km de côtes. Elle se situe à 20 kilomètres au nord-ouest de Morlaix. Elle fait partie du pays de Léon et elle est l'ancienne capitale de l'évêché de Léon. L'ancienne paroisse comprenait originellement les territoires de la commune actuelle ainsi que ceux de Santec et de Roscoff, réunis sous le Minihy du Léon. On y parle le breton léonard et le français.
Les communes limitrophes sont Plouénan, Plougoulm, Roscoff et Santec.
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Saint-Pol est limitrophe, au nord des communes de Roscoff et Santec, au sud de Plouénan, au sud-ouest de Mespaul et à l'ouest Plougoulm et Sibiril. La baie de Morlaix borde tout le littoral est. En 1927, le Pont de la Corde sur la Penzé (en béton armé avec une arche centrale de 114 mètres de portée) relie la localité à Carantec.
La commune fait partie traditionnellement du pays chikolodenn, initialement le nom de la coiffe portée par les femmes de la région de Saint-Pol-de-Léon[1]. La coiffe chikolodenn se compose d'un petit bonnet qui enveloppe le chignon et d'une large bande qui descend bien en dessous du menton comme un collier, mais qui peut aussi être épinglée en son milieu sur le bonnet pour former deux boucles de part et d'autre de la tête, comme un huit horizontal.
Elle est bornée à l'ouest par la rivière de l'Horn et à l'est par la ria de la Penzé[2].
Les gneiss de Lesneven couvrent une grande partie de la commune. Les autres roches sont les foncées, les granites, les schistes (micacés et grenatifères) et les amphibolites. Le limon, d'origine périglaciaire, a donné aux paysages des contours adoucis. La commune appartient à la Ceinture Dorée, ce dépôt lœssique de trente à soixante centimètres de profondeur, formé après la Devensien par les déjections friables et les moraines du bord de la calotte glaciaire, dont la fertilité, quoiqu'il soit plus de mille fois plus mince, ne se compare qu'à celui de la plaine du fleuve Jaune. Sainte-Anne est un tombolo et une île formée de deux rochers granitiques réunis par une plate-forme de head qui se rétrécit jusqu'à disparaître complètement au nord-est de l’île où la roche plonge à pic dans la mer. La Groue, isthme sédimentaire, reste un lieu ténu mais solide entre l’îlot Sainte-Anne et le continent.
L'altitude moyenne sur la commune est de 29 mètres avec une altitude minimale de 0 mètre et maximale de 57 mètres.
Suivant notamment l'étude Éléments pour une politique départementale du littoral finistérien contre la mer (), Saint-Pol a été identifié comme commune exposée au risque de submersion marine, et simultanément donnant lieu à une érosion littorale. Depuis , elle a élaboré un plan de prévention du risque inondation par « submersion marine » (PPR-SM)[3]. Deux zones bleues (aléa réduit) ont été identifiées au quai de Pempoul et à la grève de Kervigou[4]. La ville disposait d'une école d'hydrographie pour les élèves de la Marine au sein de la maison Prébendale, de 1791 à 1799.
Le climat, de type océanique, est influencé par la proximité immédiate de la mer qui induit, par rapport à l’intérieur des terres, une moyenne de température annuelle plus douce et des précipitations moins abondantes. Les vents dominants sont de secteur ouest-nord-ouest, sauf en période estivale où les vents de nord-est sont fréquents[5]. L'ensoleillement est en moyenne de 1 586 heures par an (moyenne nationale de 1 819 heures par an) et la quantité de pluie de 1 252 mm par an (moyenne nationale de 895 mm par an)[6].
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[7]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[8].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 1]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
Paramètres climatiques communaux sur la période 1971-2000[7]
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la direction générale de l'Énergie et du Climat[11] complétée par des études régionales[12] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Sibiril S A », sur la commune de Sibiril, mise en service en 1988[13] et qui se trouve à 6 km à vol d'oiseau[14],[Note 4], où la température moyenne annuelle est de 11,7 °C et la hauteur de précipitations de 923,6 mm pour la période 1981-2010[15]. Sur la station météorologique historique la plus proche, « Landivisiau », sur la commune de Saint-Servais, mise en service en 1966 et à 23 km[16], la température moyenne annuelle évolue de 11 °C pour la période 1971-2000[17], à 11,2 °C pour 1981-2010[18], puis à 11,5 °C pour 1991-2020[19].
Après la route nationale 12 Morlaix-Brest, la route départementale D58 (voie express) relie Morlaix au pont de la Corde (Henvic). Saint-Pol se trouve ensuite à environ 5 km, toujours par cette route qui la contourne avant d'aller rejoindre Roscoff. Saint-Pol-de-Léon est à 550 km de Paris, 200 km de Rennes et 60 km de Brest.
La route départementale D788 relie Saint-Pol-de-Léon à Brest et Quimper.
Le bâtiment de la gare abrite désormais en 2021 la brasserie artisanale « Voie B ».
Au , Saint-Pol-de-Léon est catégorisée petite ville, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[22]. Elle appartient à l'unité urbaine de Saint-Pol-de-Léon, une agglomération intra-départementale dont elle est ville-centre[23],[24]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Roscoff - Saint-Pol-de-Léon, dont elle est la commune-centre[Note 5],[24]. Cette aire, qui regroupe 9 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[25],[26].
La commune, bordée par la Manche, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[27]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[28].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (77,1 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (81,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (58,5 %), zones agricoles hétérogènes (16,2 %), zones urbanisées (10,9 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (4,8 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (4,3 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (2,7 %), prairies (2,5 %), zones humides côtières (0,3 %)[29]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
La commune dispose d'un Plan d'occupation des sols (POS) approuvé le 06 . Il est renouvelé en 2012 au profit d'un Plan local d'urbanisme (PLU)[30].
La ville de Saint-Pol est centrée autour de la cathédrale. Elle comporte près de 140 km de voiries :
Le centre-ville dispose de 400 places de stationnement. Au début des années 2000, la mise en place progressive d'un schéma de déplacement urbain s'est effectuée après établissement d’un diagnostic.
Au milieu du XXe siècle, les 3 667 habitants qui vivaient à la campagne étaient répartis en 130 hameaux[31]. Les fermes du Minihy du Léon ont toujours été mieux conçues et plus propres que celles d’autres régions bretonnes. Les fermes dites « de Guébriant » s'inscrivaient dans un vaste programme de reconstruction de fermes préexistantes au XIXe siècle et dans une politique de rénovation visant à améliorer les conditions de travail et d'hygiène des agriculteurs[32].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Dossier statistique complet de l'INSEE
L’esprit coopératif entre travailleurs modestes a donné lieu aux cités Castor dans la bruyère d'une falaise près de la côte. Dans le début des années 1950, Kéralivin est la première à dresser ses façades blanches, puis Ty Dour et Kervarqueu. En 1955, les travaux débutèrent pour édifier la dernière cité castor, Les Bruyères, sur les hauteurs désertes de Goarem Véguem… En 2005, de nouveaux terrains communaux à bâtir sont proposés au hameau de Pors-Pella. Les logements sociaux, gérés par l'Office habitat 29, comprennent les résidences Créach-Mikéal, Créach-ar-Léo, Kélou-Mad, Kéralivin, Létiez. Ils représentaient 11,21 % des logements en 2007. La maison de retraite de Kersaudy possède 181 lits[33].
En 2008, 102 nouveaux logements étaient programmés, place de l’Évêché avec Le Drac et route de Mespaul avec Novapo (nouvelle ville de Saint-Pol)[34]. Ceux-ci furent mis de côté avec la crise. En , la commune a salué l'inauguration d'une résidence de tourisme, Les Roches, de 110 logements (600 lits) au Gourveau, près de la baie de Pempoul. Début 2012 débute la construction d'un lotissement d'environ 110 logements sur le terrain communal de Kervarqueu pour permettre à de nouvelles familles de s'installer[35]. Des terrains sont disponibles à Kerglaz près du lotissement de Créach ar Léo. Un programme de logements semi-collectifs devrait voir le jour en 2013 sur le terrain municipal de La Garenne, près du château d'eau.
Le Plan local d'urbanisme (PLU) définit les orientations générales d’aménagement et d’urbanisme. Des travaux de réaménagement du bord de mer sont prévus en plusieurs phases d’ici 2014. En la ville est labellisée Pavillon Bleu pour sa qualité environnementale. Des pistes cyclables vont être mises en place.
Ti Kastelliz, un espace socioculturel construit en , comportant salles insonorisées, salles polyvalentes, salles de réunions[40]. La Communauté de communes du Pays Léonard porte actuellement un projet de foyer de jeunes travailleurs d'une cinquantaine de logements rue de la Psalette, au centre-ville. La ville a en cours de projets la réhabilitation des entrées de ville et du quartier de la gare.
La commune répond au Projet d'aménagement et de développement durable (PADD) inscrit dans la durée. En 2009 elle a mené des actions comme le réaménagement des quartiers (Castor…), la végétation dans les rues, la qualité de l’eau… En 2010 elle signe la charte de désherbage.
Le nom de la localité est attesté sous la forme Oppidum Pauli ou Sancti Paulinanni Leonini Fanum (vers 869-870), Sanctus Paulus (en 1193, 1207 et 1252), Saint Pal en Léon (en 1296), Saint Poul en Leon (en 1405), Saint Paoul de Léon (en 1451)[46].
Le nom de la commune en breton est Kastell Paol[47].
La commune tire son nom actuel de l'un des saints fondateurs légendaires de la Bretagne au VIe siècle : saint Pol Aurélien. Elle est citée en 884 dans la vie de saint Paul Aurélien et confirme la présence d'un site fortifié (in oppido sancti Paulinnani). C'est sur ce site que Paul Aurélien établit son monastère qui devient plus tard le siège du diocèse de Léon. La ville aurait d'abord, selon un texte du Xe siècle, porté le nom de Occismor à l'époque des Osismes, puis Legio à l'époque gallo-romaine parce qu'une légion romaine y était basée[48].
Léon vient soit de legio, soit du dieu gaulois Lug. Le nom latin a été donné à toute la région qui est maintenant le Léon (le León espagnol et Caerleon (pays de Galles) sont également dérivés du legionensis latin). Dom Lobineau est le premier écrivain à écrire le nom de la ville Saint Pol. Il conservait sans doute l'écriture Paul pour distinguer le saint de la ville[48].
Le site de Saint-Pol était habité dans les temps préhistoriques comme en témoigne encore l'allée couverte de Boutouiller, aussi appelée dolmen de Keranguez ou de Kerivin, au lieu-dit Tréguintin. Ce dolmen, le dernier des mégalithes néolithiques de Saint-Pol, a perdu une partie de sa structure préhistorique formant un tumulus (recouvert d'un amas de terre et de pierres comme au Cairn de Barnenez) et sa forme en T est devenue difficile à distinguer (entrée avec couloir latéral). Une chambre de 5 mètres faisait office de chambre sépulcrale. Il est classé monument historique depuis 1909[49],[50],[51].
Un autre dolmen situé en limite de Roscoff a été détruit vers 1940[50]. Il mesurait 20 mètres de longueur sur une largeur de 5 mètres[52].
Un vase gravé de l'époque gauloise, plus précisément du IVe siècle av. J.-C., fut découvert en 1882 dans un tumulus. Il est aujourd'hui conservé au Musée des Beaux-Arts de Morlaix[53]. Plusieurs monnaies datant de la même époque ont été recueillies dans les environs[53].
Quelques monnaies pourraient attester d’une présence militaire romaine (médailles de 254 à 310, de Valérien à Maximin[réf. souhaitée] au IIIe siècle; solidus de Maxime frappé à Trèves (383-388)[53]; bronzes de Gallien à Maximilien et pièce en or de Justinien[52],[53]), mais c'est surtout le nom de Pagus Légionensi qui incline à y penser. Le château aurait donc été occupé par les Osismes[réf. nécessaire] puis par les Legionenses.
Dans la Vie de Saint Paul Aurélien, écrite au Haut Moyen Âge en 884, par Wrmonoc[54], moine de l'Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec, la description de la future Saint Pol de Léon est succincte:
« Il arrive à la Ville Forte qui est maintenant appelée de son nom. Il entre par la porte ouest de cette place forte, qui, a été récemment bâtie en un style plus remarquable. (...) A cette époque-là, la Ville Forte était entourée sur tout son pourtour de murailles de pierre construites en un temps ancien, et d'une hauteur étonnante. Maintenant on la voit fortifiée en grande partie de murailles de pierre élevées à une plus grande hauteur. Ce lieu est entouré, de tous côtés sauf du côté du sud, comme une île, par la mer d'Armorique selon un tracé courbe et sinueux, à la manière d'un arc, quand celui-ci est tendu au maximum[55]. »
Par la suite, Paul Aurélien ne rencontre dans la ville que laie, abeilles, ours et boeuf sauvage...
La présence de remparts oppose hagiographes et toponymistes[55], qui y croient, et archéologues qui pointent qu'aucun vestige archéologique n'a confirmé les écrits les plus anciens[53].
Paul Aurélien finit par s'installer à Batz, y fonde un monastère et évangélise la région acquise au pélagianisme depuis plus d'un siècle[réf. nécessaire] comme en avaient attesté les missions de saint Germain et son diacre Palladius[Notes 1].
Vers 860/870, le bourg monastique est attesté en tant que cité épiscopale[56] nommée Castel Paol. Il franchit le cadre exigu de l’ancienne enceinte gallo-romaine[Notes 2].
De petites agglomérations dépendantes de l’évêque de Saint-Pol se constituèrent principalement au bord du littoral. Autour de la cathédrale devait naître une circonscription paroissiale appelée Minihi-Paol.
Le Minihy-Paul (territoire monastique de Paul) faisait partie de l'évêché de Léon et en était son chef-lieu. Le minihy se composait de sept paroisses ou vicariats (trois affectés à la ville et quatre à la campagne) :
Ces 7 paroisses du Minihy sont desservies à la cathédrale, chacune à un autel différent, par des vicaires d'abord perpétuels devenus en 1531 amovibles au point plaisir du chapitre ; chaque vicaire est chargé à tour de rôle pendant une semaine de célébrer les offices et messes chantées au chœur de la cathédrale[57].
Ces sept paroisses sont réunies en une seule par un décret de l'évêque du . Toutefois, il n'est réellement appliqué qu'à partir de 1720. Le minihy du Léon forme une unité administrative et religieuse entre les trois communes actuelles (Saint-Pol, Roscoff, Santec). Aux côtés de l’évêque de Léon qui exerçait la juridiction spirituelle, le comte du Léon détenait la juridiction temporelle. La commune de Roscoff est créée en 1789 mais Santec n'obtient son indépendance qu'en 1920.
Vers 900, le mythique comte Even fonde la ville de Lesneven. À partir de cette époque, les comtes de Léon agissent sous les ordres des ducs de Bretagne. En 1096, Hervé, fils de Guyomarch II, part à la première croisade, sous le duc Alain Fergent. Son père est tué pendant son absence à Saint-Pol dans une sédition populaire.
La ville eut à subir les assauts des Normands en 875, mais ce serait Henri II d'Angleterre qui aurait en 1175 fait raser la place par son armée (le château Castel-Paol) après être tombée en leur pouvoir en 1166. La vicomté de Léon est démembrée, et Saint-Pol fait dès lors partie de la châtellenie de Lesneven. L'histoire démarre en 1163. Le duc Conan IV, révolté contre son beau-père et compte Eudon, se réfugie en Angleterre où il marie sa fille au fils du roi (Geoffroy). Eudon, pour se renforcer, épouse la fille du vicomte de Léon. Mais vers 1170 Henri II d'Angleterre, informé des activités d'Eudon, envahit les terres avec son armée et détruit le château et les fortifications de la ville[Notes 3]. En plus de raser les châteaux (de Trebez, près de Morlaix et de Lesneven), il force le vicomte à se soumettre et à lui donner des otages. Dans le XIIe siècle, les comtes de Léon ne portent plus que le titre de vicomte et leur seigneurie est entièrement absorbée dans la famille des ducs de Bretagne. En 1172, la mer, sortant de ses limites ordinaires, inonde une partie de l'évêché. En se retirant, les eaux laissent sur les terres une grande quantité d'immondices et d'insectes qui causent une épidémie[58].
En 1177, le duc Geoffroy (fils du roi d'Angleterre) entre dans le pays Léon avec une armée considérable, humilie le vicomte qui restitue toutes ses places[Notes 4]. En 1189, le roi Richard Ier d'Angleterre fait enfermer dans le château de Brest le jeune duc de Bretagne Arthur qu'il ne pouvait avoir en sa puissance et envoie les « Cotereaux », une armée de brigands, avec ordre de ravager la seigneurie de Léon et de saisir André de Vitré. Le Léon est ravagé mais le baron n'est pas capturé. Des compagnies de voleurs commettent ensuite des troubles[Notes 5] dans le Léon mais furent punis aux supplices par le duc. En 1205, le roi de France Philippe-Auguste délivre Conan de Léon du château de Chinon. En 1250, le duc Jean Ier voulu ôter au seigneur de Léon son droit de bris et de donner des brevets à ses vassaux[Notes 6]. Le duc pilla et brûla quelques places mais n'exigea pas davantage. Jaloux des droits de la souveraine puissance, il achète en 1275 une partie du Léon et l'autre est dépouillée au vicomte par saisies réelles pour mauvaise gestion. Depuis cette révolution, la vicomté a été possédée par les princes de la maison de Bretagne. Lorsqu'elle tombe dans la famille de Rohan, elle est érigée en principauté[Source ?]. En 1444, un acte est passé entre le vicomte de Rohan, seigneur de Léon, et le chapitre de sa cathédrale pour régler leurs obligations respectives.
Au XIIIe siècle, riche, florissante et prospère, la ville est le centre de la vie de toute la contrée[59]. Un lai de cette époque, tiré de la collection du duc d'Aumale, représente la fête annuelle de l'évêque Saint-Pol comme le rendez-vous non seulement de tout le haut clergé mais encore de la plus grande noblesse, attirée par ces pompes religieuses. Plusieurs siècles après, le grand pardon de Saint-Pol et plus encore la Fête-Dieu, sont des rendez-vous importants pour la ville et les Saints-Politains. Pendant la guerre de Cent Ans, la bataille de Saint-Pol-de-Léon est en 1346 un épisode de la guerre de Succession de Bretagne et la ville est en partie brûlée.
Elle est pillée en 1592 durant les Guerres de la Ligue par La Fontenelle. Disputée par les Anglais et les Français dans les guerres de Bretagne, Saint-Pol-de-Léon joua un rôle plus passif qu'actif dans tous ces événements. Ses pacifiques évêques ne résistaient pas aux ducs, sauf un d'eux en 1462 qui mena un long procès à François II au sujet de la propriété d'une baleine trouvée sur la côte. Fort respectés, ils faisaient leur entrée dans la cathédrale portés sur les épaules des quatre principaux seigneurs du diocèse. La fête annuelle de saint Pol Aurélien était le rendez-vous de tout le clergé et de toute la noblesse.
Au XVe siècle, la ville est le centre spirituel et culturel de la région. Elle compte alors 2 000 habitants. L’activité maritime du port de Pempoul atteint son apogée (grand commerce maritime). Comme la plupart des villes bretonnes ou du Nord de la France, Saint-Pol est au XVIe siècle une ville de bois, la pierre s'étant imposée dans le dernier quart du siècle[60].
Le manoir de Kersaliou est construit vers 1515 par Bizien de Kersaintgilly ; c'est un manoir de style gothique très compact, enserrant une cour minuscule bordée sur trois côtés par le logis et ses dépendances, un mur d'enceinte fermant le quatrième côté dans un souci de défense.
Hervé de Kersaintgilly[Notes 7] y naquit en 1612 ; il se distingua lors d'un siège d'Alger contre les pirates barbaresques et commanda les quatre vaisseaux de l'expédition de 1665 à Madagascar ; même si elle échoua, elle fut à l'origine de la conquête par la France de l'Île Bourbon.
Son frère Jacques de Kersaintgilly, prieur des Dominicains de Morlaix, capturé en mer, mourut en esclavage, prisonnier des Turcs, vers 1665[61].
« À cette époque vivait, entre Saint-Pol et Roscoff, au charmant petit manoir de Kersaliou, si curieux type d'habitation rurale du XVIe siècle, avec son portail fortifié, son échauguette et sa cour hermétiquement close, une vieille dame appelée Julienne de La Roche, laquelle était veuve de Pierre de Kersaintgilly, écuyer, seigneur de Kersaliou, La Boixière et autres lieux. (...) Douze enfants, huit garçons et quatre filles, formaient encore une glorieuse couronne à ses cheveux blancs. (...) En 1662, ses quatre fils ecclésiastiques, savoir le capucin, le jacobin et les deux prêtres dirent leur messe en même temps à quatre autels de la paroisse, ses quatre fils séculiers leur servant la messe[63]. »
Les fils de ce couple furent[63] :
Par la suite, de nombreux propriétaires se succédèrent :
Jusqu'en 1648, le vote universel est seulement tenu par le corps municipal[64]. Il est obligé de convier tous les habitants sous peine d'amende par l'autorité royale de la province bretonne.
Dans une ville paisiblement attachée à ses traditions, les changements qu'introduit Louis XIV en 1692 sont très impopulaires (il établit un maire, des échevins, des greffiers) et conduisent à la Révolte du papier timbré. Lors d'un séjour du duc de Chaulnes à Saint-Pol pour éviter une révolte contre l'impôt du timbre, il impose aux habitants une garnison de 900 hommes, dont la plupart étaient cavaliers. De plus, ils doivent élargir les portes de la ville (des Carmes et du Trésor) pour faire passer son carrosse. Peu après, en 1695, la capitation vint ajouter des charges publiques aux villes qui ne pouvaient suffire déjà à leurs charges privées.
En 1699, un ouragan nord-est soulève le sable de la grève et l'étend sur plus de 250 hectares, transformant une terre labourée en un désert. Des mesures seront prises pour éviter qu'un pareil danger se renouvelle : plantation en genêts d'une digue en demi-cercle (à force de la refaire elle atteint plus de 10 m en 1790), plantation sur la côte (pins maritimes…). En 1705, un incendie détruit l'hôpital. Vers 1709, la porte dite de Guénan est démolie pour employer ses matériaux à la construction de nouvel hôpital. L'hospice est fondé en 1711 par M. Hervé, chanoine, et l'abbé du Bourg-Blanc. Cette même année 1711, 35 prêtres étaient en activité dans les diverses paroisses de la ville[65]. La porte des Carmes est démolie en 1745 et donnée au couvent de ce nom pour son cimetière. Les portes Saint-Guillaume et rue Batz sont également démolies et leurs matériaux servirent à la construction des halles.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Tregonderf (Trégondern) de fournir 15 hommes et de payer 98 livres, à celle de Saint-Pierre de fournir 15 hommes et de payer 98 livres, à celle de Toussaint de fournir 19 hommes et de payer 124 livres et à celle de Crucifix-des-Champs de fournir 16 hommes et de payer 105 livres, pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne »[66].
Au XVIIIe siècle, les évêques du Léon marquent profondément l’image architecturale de la cité (palais épiscopal, grand séminaire, collège de Léon…). Pendant la Restauration, le vicaire du dernier évêque reçoit un diocèse du Finistère. Le clergé léonard rétablit son influence géographique et temporelle. Saint-Pol-de-Léon ne cesse de participer aux luttes religieuses jusqu'au XVIIIe siècle. Des portes fortifiées la protégeront jusqu’au XVIIIe siècle, siècle de déclin culturel et économique pour la ville.
Au cours de la Révolution française, la commune porte provisoirement les noms de Mont-Frimaire et de Port-Pol[67]. La Révolution amène la Chouannerie dans la région, une guerre civile qui oppose républicains et royalistes. Leur évêque, Jean-François de La Marche, ancien officier de cavalerie, leur donne l'exemple et renvoie, sans décacheter, le décret de l'Assemblée nationale qui supprimait son évêché. Mais il est obligé d'émigrer à Londres avec l'arrivée d'un agent (M. Floch) destiné à contrôler l'agitation. Auparavant, une révolte paysanne a lieu contre la levée en masse d'hommes pour l'armée révolutionnaire française, appelée combat de Saint-Pol-de-Léon, suivie de la bataille de Kerguidu. La petite ville est un des grands centres de l'insurrection de 1793 (19 et ) mais est tenue en échec par les républicains et paye une lourde répression (commune désarmée, cloches des églises descendues, amendes, paysans et notables guillotinés, par exemple Yves Michel Hervé du Penhoat, dit Chef-du-Bois, guillotiné à Brest le [68]).
À la Révolution, la ville reste partagée en trois zones :
Jusqu'à la première moitié du XVIIIe siècle, des couvents s’installent à la périphérie de la ville, confirmant la très ancienne dualité de la capitale du Léon, son caractère à la fois spirituel et rural. Les grandes implantations monastiques, aujourd'hui disparues, Carmes (fondé en 1348 par le duc Jean IV et la duchesse), Ursulines (fondé en 1630), Minimes… ont laissé des traces.
De l’évêché supprimé à la Révolution, elle a conservé une architecture unique : une église cathédrale du XIIIe siècle avec des éléments plus anciens encore, le sanctuaire Notre-Dame du Kreisker qui avec ses presque 80 m de hauteur surpasse tous les autres clochers de la région. Et ici et là, des dizaines de chapelles, de maisons anciennes, de manoirs et de châteaux… Mais tirant jusque-là sa subsistance des établissements ecclésiastiques, c'est le début d'une décadence. En 1790, ses magistrats municipaux adressent à l'Assemblée une requête où ils peignaient leurs édifices prêts à tomber en ruine, leur population prête à émigrer ou à mourir de faim… La ville décline, se fige et s'autoconserve dans son cadre hérité du Moyen Âge[69].
Saint-Pol-de-Léon a beaucoup perdu à la suite de la Révolution française. Une pétition datée du adressée par les officiers municipaux aux administrateurs du département indique que la ville « avait un Bureau de commission, un Tribunal (...), un Évêché, un Chapitre, un Collège, un Séminaire, deux communautés de religieux Carmes et Minimes, une de religieuses Ursulines, une maison des Sœurs de la Charité et une grande maison de retraite pour les femmes. Une population nombreuse vivait à l'appui de cet établissement. Les artisans trouvaient par leurs moyens celui de vivre de leurs travaux, les marchands du débit de leurs marchandises, les cultivateurs de leurs blés et toutes espèces de denrées (...). Tout cela est retiré, Messieurs, il est difficile aujourd'hui de représenter l'état déplorable où se trouve réduit l'infortunée ville de Saint-Pol-de-Léon. Pour comble d'infortune, les ci-devant nobles et les habitants riches, par leur immigration [en fait émigration], abandonnent comme de concert cette cité : presque tous semblent avoir conspiré sa ruine entière »[70].
La ferme-modèle de Gourveau est construite au début du XIXe siècle par le comte de Guébriant face à la porte d'entrée de sa propriété, le château de Kernévez. Seule la première cour, soignée, est visible de l'entrée de sa propriété, les bâtiments d'élevage étant relégués dans une cour arrière[71].
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Saint-Pol-de-Léon en 1845 :
« Saint-Pol-de-Léon, chef-lieu de canton et de commune, formé de l'ancienne ville de ce nom, jadis évêché, aujourd'hui cure de première classe, diminuée de l'ancienne trève de Roscoff ; résidence d'une brigade de gendarmerie ; bureau de poste ; bureau d'enregistrement ; chef-lieu de perception ; bureau de douanes (à Penpoul). (...) Principaux villages : Lagalac'h, Lambelvez, Kerouartz, Saint-Veal, Beuzit, Penamprat, Keranvel, Kerantraoun, Kerouviou, La Madeleine. Superficie totale : 2 769 hectares, dont (...) terres labourables 1823 ha, prés et pâtures 224 ha, bois 24 ha, vergers et jardins 42 ha, landes et incultes 199 ha (...). Moulins : 10 (à eau : de Keramtraoun, de l'Étang, de Kerouartz, de Keramprat, Grand Moulin, de Kerangall, etc. (...). Jadis, Roscoff étant partie intégrante de Saint-Pol-de-Léon, le comerce de cette localité pouvait être dit important. Aujourd'hui, il se renferme dans le mouvement du petit port de Penpoul, bourg de la ville. (...). Ce mouvement, qui ne s'élève pas en moyenne à 4 tonneaux par jour, est, on le voit, d'une bien minime importance. Cependant (..) une partie des légumes de Roscoff sont produits par le territoire de Saint-Pol-de-Léon. Il y a foire à Saint-Pol chaque dernier mardi des mois de février, avril, juin, août, octobre et décembre ; si l'un de ces jours est férié, la foire est remise au lendemain. Marché tous les mardis. (...). Géologie : constitution granitique ; à Kerfissiec, granite analogue à celui de Kersanton. On parle le breton et le français[72]. »
En 1854, le curé archiprêtre de Saint-Pol-de-Léon remercie Dieu : « Cette année, le Seigneur nous a visités. Le choléra (...) a fait en peu de temps 74 victimes. Il faut voir avec quelle ferveur on s'adressait au ciel »[73].
Le pourcentage de conscrits illettrés à Saint-Pol-de-Léon entre 1858 et 1867 est de 48 %[74].
La tradition de l'éguigane[Notes 8] est attestée à Saint-Pol-de-Léon au XIXe siècle : « Tous les ans, la veille de la fête des Rois, on promène dans les rues un cheval dont la tête et les crins sont ornés de gui, de lauriers et de rubans. Il porte deux paniers, dits "mannequins" (de tels mannequins servaient aussi à transporter deux personnes installées de part et d'autre du cheval qui les portaient), recouverts d'un drap blanc. Conduit par un pauvre de l'hospice et précédé d'un tambour, il est escorté par quatre des plus notables habitants. Une foule d'enfants et d'oisifs suit en poussant de grands cris ce bizarre cortège, qui s'arrête devant chaque seuil pour recevoir les dons de la charité publique (…). La foule répète la clameur traditionnelle "inguigané", "inguigané". Selon M. du Penhoat, cette tradition a été supprimée vers 1886 par Pierre Drouillard, alors maire républicain de Saint-Pol-de-Léon »[75].
L'évêché de Léon s'était doté d'un collège dès 1580. Fermé lors de la Révolution française, il rouvre en 1806, accueillant 330 élèves (des garçons seulement) en 1810. En 1830 les enseignants, tous prêtres, refusèrent de prêter le serment de fidélité à l'« usurpateur » (Louis-Philippe), qui les fit remplacer par des laïcs : l'effondrement des effectifs scolarisés qui s'ensuivit provoqua la création du collège Saint-François à Lesneven ; des prêtres y enseignèrent à nouveau à partir de 1835. Le collège du Kreisker était en bonne partie fréquenté par des fils de notables même s'il accueillait aussi des enfants de milieux défavorisés. Les collèges du Kreisker et de Lesneven fournirent paradoxalement dans la première moitié du XXe siècle plus de prêtres à l'évêché de Quimper et de Léon que le petit séminaire de Pont-Croix, excentré dans le Cap Sizun. Xavier Grall, qui y fut scolarisé, affirma y avoir vécu « cent saisons en enfer »[65].
Saint-Pol-de-Léon a fourni 185 prêtres (un record) entre 1803 et 1968[65].
En 1887, un article de "La Dépêche de Brest" indique que des réparations importantes furent faites à l'ossuaire : « Les jours de grand vent, quand avait lieu une cérémonie funéraire, il n'était pas rare que les boîtes [à crâne] placées un peu partout [dans la cathédrale] sur les chapiteaux et sur les enfeux tombassent sur la tête des assistants. De plus la rumeur publique accusait certains pillaouers de faire volontiers main basse sur les débris humains de l'ossuaire. Le curé de Saint-Pol, avisé de ces manœuvres sacrilèges, prescrit l'enlèvement de tous les crânes, tibias, péronés, etc. qui furent solennellement inhumés dans une grande fosse creusée au pied du beau calvaire offert par M. Le comte de Guébriand »[75].
Saint-Pol fabrique des toiles (textile) et en fait un grand commerce, ainsi que du chanvre, lin, cire, miel. La pêche du poisson frais occupe une partie de ses habitants. Elle a plusieurs foires importantes[76]. Le raccordement au réseau ferroviaire en 1883 contribue à développer considérablement la culture maraîchère. Le chemin de fer entraîne une urbanisation progressive autour de la gare et le long de l'axe gare/place de la cathédrale/halles. Construites en cette fin de siècle, les halles abritèrent de nombreux commerçants[77]. « Le marché de Saint-Pol était le plus coté du Léon. Ce marché aux légumes se tenait tous les jours sur la Place de l'Évêché, Place du Parvis (de la Cathédrale) et en cas de grande affluence sur la Place du Kreisker où devaient avoir lieu les transactions. Le marché n’était ouvert qu’aux artichauts et aux choux-fleurs. Pendant la saison, chaque jour, pas moins de 2 000 charrettes traînées par un ou deux chevaux et les camions se pressaient en rangs serrés. »[78]
En 1890, Saint-Pol-de-Léon devient le plus important exportateur de légumes de France[79]. La culture intensive en pays de Léon est favorisée par un sol inépuisable et un climat tiédi par la pointe extrême d'une des branches du Gulf Stream. En 1899, Saint-Pol fait partie des dix-huit seules communes du département du Finistère à déjà posséder une société d'assurance mutuelle, forte de 52 adhérents, contre la mortalité des animaux de ferme, qui assure les chevaux et les bêtes à cornes[80].
En 1893, le "fourneau économique" de Saint-Pol-de-Léon distribue cent soupes et cent rations de viande et de riz par jour, de la Toussaint à Pâques[65].
Répondant en 1904 à une enquête de l'inspection académique, un instituteur de Saint-Pol-de-Léon écrit : « le breton étant la langue courante de Saint-Pol, je ne crois pas que la population verrait d'un bon œil la suppression radicale du breton ; bien des personnes n'entendent pas le français »[81].
Le journal Le Petit Parisien décrit la journée du à Saint-Pol-de-Léon :
« L'inventaire de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, à l'occasion duquel une importante manifestation avait été organisée, a pu être effectué ce matin, après une très vive résistance il est vrai, mais sans que les fâcheux incidents que l'on redoutait se soient produits. Pour mener à bien cette opération un bataillon d'infanterie coloniale était arrivé hier matin, tandis que le tocsin sonnait à toute volée pour avertir les habitants des communes voisines. (...) Un escadron du 7e régiment de chasseurs arriva de Rouen dans l'après-midi. Ce matin, à quatre heures et demie, le tocsin sonna de nouveau, tandis que de nombreux fidèles, enfermés dans l'église, chantaient des cantiques. À cinq heures arrivent sur la place les chasseurs à cheval, accompagnés de nombreux gendarmes, et les soldats d'infanterie coloniale qui tout aussitôt prennent position dans les rues aboutissant à la cathédrale, où de solides barrages sont établis. (...) À six heures les premières sommations sont faites, sans résultat. Aussitôt après les soldats s'attaquent à un des vitraux du côté nord de l'église, mais une véritable montagne de bancs et de chaises est entassée à l'intérieur par les manifestants (...). Ils essaient alors d'enfoncer une petite porte donnant dans la partie sud de l'église. Mais après une heure d'efforts (...) ils abandonnent cette seconde tentative pour tenter de pénétrer dans la cathédrale par une issue souterraine située sur le côté nord de l'édifice, derrière laquelle a été édifiée une barricade de madriers, de bancs et de chaises. Les soldats, formant la chaîne, extraient une à une les pièces formant cette barricade (...) ; quelques soldats parviennent alors à s'introduire dans l'église où se tient le curé, M. Treussier, entouré de nombreux fidèles chantant des cantiques. Les soldats, dont le nombre grossit sans arrêt, refoulent cependant les manifestants qui, après une bousculade un peu vive, s'enfuient par la porte de la sacristie. L'église est vide et le receveur de l'enregistrement peut alors procéder à l'inventaire[82]. »
Hervé Budes de Guébriant crée en 1906 les jardins ouvriers de Saint-Pol-de-Léon. Il devint président de l'"Office central agricole de Landerneau]" (à l'origine de Triskalia, Groupama et du Crédit mutuel de Bretagne) en 1921 et fut le premier président de la Chambre d'agriculture du Finistère et le resta pendant 32 ans.
En , les hommes appelés à la guerre se présentent à la gare pour prendre la direction des frontières du Nord et de l'Est, en chantant des chants patriotiques, accompagnés de la fanfare La Saint-Politaine et des clairons[83]. Le docteur Henri Péjouan déclara que le dernier soldat léonard mort sur le champ de bataille avant l'armistice avait été Jean-François Alain Le Déroff, 35 ans, tué à 10 h du matin à Flize dans les Ardennes. Mais l'ultime victime sera Jean-Marie Le Saoût, disparu le [84].
Saint-Pol se dote le d'une base militaire marine, près du bac de la Corde. Le centre compte alors huit officiers, 119 officiers-mariniers et matelots, plus une quantité indéterminée d'auxiliaires dont des Algériens. La base comptait une vingtaine d'hydravions de la Penzé dont il ne reste qu'un château d’eau et une piste inclinée en béton, descendant sur le côté ouest du lit de la Penzé[85].
L'architecte Charles Chaussepied et le sculpteur René Quillivic construisent en 1919 le premier Monument aux morts du Finistère[86] ; c'est une version moderne des gisants médiévaux, le soldat est porté par quatre pleureuses : la grand-mère, la mère, la sœur et l'épouse[87]. Le monument commémore les 269 soldats saint-politains morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale[88]. Dans un enfeu de la chapelle du Kreisker, une plaque commémorative gravée en 1922 garde mémoire de 101 noms, anciens élèves et professeurs du collège du Léon[89]. Au pied du monument aux morts du cimetière Saint-Pierre, une urne en granit conserve entre deux piliers un peu de la terre de Verdun où périrent plusieurs Saint-Politains et 11 tombes identiques, sauf pour une victime de confession musulmane, sont situées derrière la chapelle[84]. Ces tombes sont celles de militaires affectés alors au Centre d'aviron marine de la Penzé.
En 1927, le pont de la Corde est construit, permettant de relier par la route la ville à Carantec[90].
Dans la décennie 1930, le chanoine Treussier, curé archiprêtre de Saint-Pol-de-Léon, refusa de marier des jeunes gens qui envisageaient de faire leur repas de noces dans une salle de danse connue[74].
Pierre Coquil, alors collégien au pensionnat du Kreisker, témoigne : « En 1944, je suis régulièrement réquisitionné avec d'autres collégiens durant notre jour de congé, le jeudi. Dans les champs, sous la surveillance de gardes, nous devons retirer la terre au croisement des talus afin de créer des encuvements et remettre soigneusement les touffes d'herbe au sol. Une fois les filets de camouflage tendus, les positions de combat sont complètement invisibles »[91].
Parmi les massacres et exactions commis par l'armée allemande en France pendant la Seconde guerre mondiale ainsi que par des supplétifs russes, ceux commis à Saint-Pol-de-Léon fin et les 4 et firent en tout 44 morts[92].
En , à la suite d'une dénonciation, 18 résistants (Eugène Bernard, Joseph Combot, Jean Grall[93], André Hamon, Alain Kerguinou, Jean L'Hostis[94], Paul Le Bigot[95], Claude Le Guen, Yves Morvan, Germain Léaustic[96], Georges Leclair[97], Jean Long, Jean Mériadec, Jean Pleyber, François Stephan[98], Joseph Tanguy, Charles Thébaud et Joseph Trividic)[99] membres du réseau Centurie-OCM sont arrêtés par la Gestapo, emprisonnés à Morlaix, puis à la prison de Pontaniou à Brest. Ils disparurent sans que, pendant longtemps, l'on sache ce qu'ils étaient devenus, la thèse la plus couramment admise étant leur décès en déportation. Des travaux effectués à Brest sur le plateau du Bouguen en 1962 permirent de retrouver leurs restes, identifiés grâce à divers objets trouvés. Ils avaient été fusillés le [100]. Trois membres du réseau de résistance Défense de la France, arrêtés en , avaient été antérieurement fusillés.
Le , dans la matinée, le départ de la garnison allemande de la Wehrmacht est fêté par la population et des drapeaux français et américains sont hissés sur les tours de la cathédrale ; une vingtaine de soldats allemands sont faits prisonniers dans leur cantonnement situé au manoir de Gourveau, et leurs armes saisies. Vers 16 heures, des soldats allemands tuent deux civils à la Madeleine : Paul L'Hourre, 20 ans et Jacques Decenes, 19 ans. Vers 16 h 30, une colonne cycliste russe traverse la ville par la rue du Pont-Neuf et blesse deux personnes ; elle poursuit son chemin vers Roscoff en pillant et incendiant les fermes se trouvant sur son passage. Vers 17 h, une camionnette et une autochenille tractant un mortier de 77, arrivent à leur tour sur la Grand Place ; les Allemands tirent avec le canon, blessant deux habitants ; un civil est tué par un soldat allemand : Henri Olier, 31 ans ; les prisonniers allemands sont libérés et 23 civils sont pris en otage : 5 sont tués immédiatement : Alexandre Mérer, 17 ans ; Alain de Guébriant ; Alexandre L'Hebrellec, maire ; Pierre Bechu ; Jean Ollivier. Un autre civil, Benjamin Danielou, 46 ans, est tué dans un champ des environs par des soldats allemands ; les 15 autres otages (2 ont été libérés) sont emmenés et leurs corps furent découverts, affreusement mutilés, dans une fosse commune, le dans un champ près du manoir de Kerdrel en Lannilis : Jean-François Tréguier, 16 ans ; Alain Tréguier ; Louis Jamet, 60 ans ; Joseph Castel, 35 ans ; Jean Lacut, 23 ans ; Marcel Saillour ; Eugène Guillou, 35 ans ; Sébastien et Germain Combot, 38 et 35 ans ; René Cueff, 20 ans ; Pierre Langlois, 15 ans ; Paul Nicolas, 39 ans ; Pierre Le Goff ; François Fichot, 28 ans ; Pierre Guilcher, 20 ans. Deux autres civils sont tués par ailleurs : Marcel Perrot et Jean Marie Ménez. La même colonne allemande, comprenant les ex-prisonniers allemands de la veille, revient le , exigeant la restitution des armes prises la veille avant le lendemain 15 heures et menaçant de détruire la ville en cas de refus. Une partie des armes fut restituée aux Allemands le lendemain[101].
Le monument situé derrière la cathédrale porte les noms de 55 Saint-Politains morts pour la France pendant la Deuxième Guerre mondiale[102].
Le , une importante "Fête du cheval" est organisée par la JAC à Saint-Pol-de-Léon, à laquelle participent plus de 15 000 personnes ; après une messe solennelle dans la cathédrale et un défilé en ville, la fête se déroule dans la propriété du comte Hervé Budes de Guébriant[103].
Un paysan décrit ainsi le fonctionnement de ce marché dans les années d'après-guerre :
« Les négociants étaient les rois du marché aux légumes, ils faisaient ce qu'ils voulaient. Les légumes étaient d'ailleurs généralement achetés non par le patron lui-même mais par le premier ouvrier, et il valait mieux se faire bien voir par un bon pourboire aux ouvriers emballeurs si on voulait voir sa marchandise achetée la fois suivante. Les emballeurs exigeaient en effet un pourboire et un litre de vin de chaque paysan. On avait intérêt à ne pas l'oublier car, sinon, le triage des choux-fleurs et des artichauts était mauvais et les emballeurs nous classaient pas mal de marchandises dans une catégorie inférieure ou même, tout simplement, nous les déclassaient en « rebuts » qui n'étaient pas commercialisables. »
« La quasi-totalité des expéditions jusqu'aux années soixante se faisaient par trains entiers (...). La ligne de Roscoff avait alors une importance fondamentale. À partir des années soixante-dix, le transport par camions s'est considérablement développé, au point que la ligne de trafic des marchandises a été complètement supprimée. La véritable révolution a été la création de la SICA de Saint-Pol-de-Léon en 1961. Cela a complètement changé les choses car nous n'avions plus à passer des journées entières sur la place du marché en attendant qu'un marchand veuille bien s'intéresser à nos artichauts et à nos choux-fleurs. Les ventes devenaient publiques grâce à la création d'un marché au cadran s'inspirant des expériences hollandaises. La fixation du prix était ainsi plus claire et les petits paysans que nous étions échappaient ainsi aux pressions des négociants. De plus, la pesée des marchandises devenait aussi publique, ce qui évitait de se voir appliquer un poids différent, évidemment inférieur, par le négociant[104] »
Limitée jusqu'en 1914 au littoral Saint-Pol-Roscoff, la Ceinture dorée s'étend sur une bande de 70 km de long et 20 de large dans le Léon et l'ouest du Trégor. La zone maraîchère s'étend sur 58 communes et compte 7 000 exploitations. Depuis les années 1950, le développement spatial de Saint-Pol s'oriente vers des zones périphériques. Au début des années 1960, la région connaît une crise du marché légumier. Saint-Pol installe un marché aux enchères dégressives avec vente au cadran et voit se constituer deux groupements : la Société d'intérêt collectif agricole (SICA) et les indépendants. En 1962, la bataille de l'artichaut les oppose lors d'affrontements violents durant trois jours. Les producteurs Sica voulaient faire obstacle à l’expédition des légumes livrés par les indépendants SoCo, qui pour eux nuisaient aux réformes du marché.
En 1968 les perceptions de Saint-Pol-de-Léon, Plouescat et Plouzévédé furent en partie détruites lors d'attentats commis par des paysans « égarés »[105].
À la fin du XXe siècle, Saint-Pol demeure toujours la capitale de la Ceinture dorée. Saint-Pol-de-Léon est une ville fortement tournée vers l’avenir. Première région maraîchère de France et l’une des plus importantes d’Europe, elle exporte chaque année des dizaines de milliers de tonnes de légumes dans toute l’Europe grâce à sa SICA et à son marché au cadran. Ses centres de recherche et ses laboratoires attirent des chercheurs de très haut niveau.
En 1959, à l'initiative de Philippe Abjean, attaché culturel de la ville, le salon Saveurs de Bretagne voit le jour, donnant très vite naissance à la confrérie de l'artichaut. Une fête de l'artichaut, organisée par l'association Gouël Kastell Paol, a déroulé ses premières éditions en centre-ville avant que décision soit prise de fusionner les deux manifestations. Aujourd'hui le festival Kastell Paol réunit ces deux composantes : folklore et animations autour du légume emblématique de la cité[106]. Le pèlerinage du Tro-Breizh a été relancé en 1994 par Philippe Abjean, qui forme l'association « Les Chemins du Tro Breiz » pour la renaissance du pèlerinage médiéval des sept saints fondateurs de Bretagne. Il a également l'idée d'organiser une fête des bébés dans la capitale du chou-fleur dès 1997 et de réaliser une Vallée des Saints, dont les premières statues voient le jour en juillet 2009 près de la cathédrale.
Le Stade Léonard et l'Étoile sportive du Kreisker, les deux clubs jusque-là rivaux, le premier laïque, le second catholique, fusionnent le , le nouveau club prenant le nom de "Stade léonard Kreisker"
En 2004, lors du réaménagement du centre-ville, les fouilles archéologiques mettent au jour entre autres un cimetière des Xe-XIe siècles à l'ouest, une autre nécropole des XIIIe-XIVe siècle à l'est, un visage de femme en calcaire probablement du XIIIe siècle, des récipients du Bas Moyen Âge, de nombreux tronçons de murs[107]…
En octobre 2021 la SICA de Saint-Pol-de-Léon, premier groupement légumières et horticole de France avec ses 800 producteurs, a inauguré officiellement sa nouvelle plateforme logistique de Vilar Gren, en fonctionnement depuis décembre 2020, après une décennie de bataille judiciaire en raison de l'opposition de riverains et de défenseurs de l'environnement[108].
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
Maires avant 1944
| ||||
1944 | 1965 | Henri Le Sann | MRP | Agriculteur |
1965 | 1971 | François Branellec | RI | commerçant |
1971 | 1977 | Louis Guilcher | DVG | chef de district SICA |
1977 | 2008 | Adrien Kervella | RPR puis UMP | président du CHM de Perharidy (fondation Ildys), conseiller général du canton pendant 19 ans et vice-président du conseil général, conseiller régional pendant 16 ans, suppléant du député Arnaud Cazin d'Honincthun (1993-1997) |
2008 | 2020 | Nicolas Floch | DVD[114] puis UDI | Médecin, président de la Communauté de Communes |
2020 | en cours | Stéphane Cloarec | DVD | Gestionnaire du lycée du Kreisker |
Le maire de Saint-Pol, Nicolas Floch, était également président de Haut-Léon Communauté, communauté de communes créée en 2017. Son périmètre correspond à celui du canton après le redécoupage de 2014. Elle regroupe quatorze communes et environ 31 500 habitants[115].
Elle mutualise les moyens des communes pour mettre à la disposition des habitants différents services : maison des services, marchés publics, centre aquatique[116], maison de l'enfance…
L'eau est acheminée grâce à un château d'eau. Saint-Pol dispose d'une station d'épuration à Vilin Vraz. La gestion de l'assainissement est déléguée par affermage avec un contrat signé en 2011 pour une durée de 9 ans. La collectivité réalise les travaux de renforcement et de renouvellement du réseau d’alimentation en eau potable.
Le traitement des déchets est assuré par la communauté de communes. Le tri sélectif se fait en bac individuel à sortir aux heures passage en zone urbaine, en bac collectif en zone rurale. Une déchèterie est à disposition, à Plougoulm. En 2011, 50 poubelles, une quarantaine de points avec des sacs pour déjections canines et des cendriers ont été mis en place.
La commune regroupe une dizaine de médecins généralistes, six pharmacies, six dentistes, sept centres de rééducation physique. La ville dépend du Centre hospitalier et de la clinique de Morlaix. La commune a signé la charte nationale Nutrition-Santé (PNNS) en 2009 et a installé neuf défibrillateurs. Elle organise des opérations comme « 1 vie = 3 gestes », la « Fraîch'attitude », « Un fruit pour la récré », « Bien manger et bouger plus », semaine « Saint-Pol Santé » en 2010, « Parcours du cœur »… La commune compte plusieurs associations sanitaires et sociales animées par des bénévoles.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[121]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[122].
En 2021, la commune comptait 6 741 habitants[Note 6], en évolution de +2,38 % par rapport à 2015 (Finistère : +1,52 %, France hors Mayotte : +1,84 %). Le maximum de la population a été atteint en 1946 avec 8 903 habitants.
2018 | 2021 | - | - | - | - | - | - | - |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
6 603 | 6 741 | - | - | - | - | - | - | - |
La population de la commune est relativement âgée. En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 27,4 %, soit en dessous de la moyenne départementale (32,5 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 37,3 % la même année, alors qu'il est de 29,8 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 3 078 hommes pour 3 525 femmes, soit un taux de 53,38 % de femmes, légèrement supérieur au taux départemental (51,41 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Hommes | Classe d’âge | Femmes |
---|---|---|
1,0 | 3,5 | |
9,8 | 13,8 | |
23,2 | 23,1 | |
21,7 | 21,1 | |
14,7 | 13,2 | |
15,2 | 12,3 | |
14,5 | 13,0 |
selon la population municipale des années : | 1968[127] | 1975[127] | 1982[127] | 1990[127] | 1999[127] | 2006[128] | 2009[129] | 2013[130] |
Rang de la commune dans le département | 8 | 11 | 15 | 16 | 17 | 21 | 22 | 25 |
Nombre de communes du département | 286 | 283 | 283 | 283 | 283 | 283 | 283 | 283 |
En 2017, Saint-Pol-de-Léon était la 26e commune du département en population avec ses 6 596 habitants (territoire en vigueur au ), derrière Plouguerneau (25e avec 6 607 habitants) et devant Ploudalmézeau (27e avec 6 297 habitants).
Elle est également la 1 596e commune de France, ex æquo avec La Tronche (Isère) et Kervignac (Morbihan).
La ville possède un complexe sportif[137] comportant un stade de football de 2 600 places, une piste d'athlétisme en élasthanne de 400 m et ses infrastructures, trois salles omnisports contiguës, des courts de tennis couverts et extérieurs (terre battue, goudron), un skatepark, un boulodrome, la salle Jean-Riou pour le ping-pong, le judo, l’haltérophilie et la musculation… En dehors de la zone des Carmes, il existe des terrains de football, un centre nautique[138], le centre aquatique[116], des piscines extérieures, des terrains de pétanque… Une école municipale des sports est créée en 2011. L’événement annuel important est le semi-marathon Saint-Pol - Morlaix, le plus ancien de Bretagne (depuis 1973). Le Tour du Léon est une course cycliste de 120 km. De nombreuses associations sportives sont présentes sur la commune :
Loisirs :
La ville possède un Centre communal d'action sociale. Elle a reçu en 2011 le label « Bien vieillir - Vivre ensemble »[140]. Le label Famille Plus, obtenu en [141], récompense les efforts de la ville et des acteurs du tourisme en matière d'accueil familial, autour de 7 grands thèmes. Elle présente de nombreuses associations sociales comme l'ADMR, les Compagnons Bâtisseurs, Vie Libre, Les Restos du Cœur, Secours catholique…
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Dossier statistique complet de l'INSEE
Selon l'INSEE (2008), parmi les actifs, l'agriculture représente 237 emplois (178 en 1999), l'industrie 441, la construction 165, l'administration publique/social 1 022 emplois et le commerce/transports 1 590. Le phytopôle léonard (biotechnologies végétales) génère plus de 1 700 emplois. La ZAC de Kervent de 30 ha compte 44 entreprises et près de 400 emplois. La ZAC de Kerranou comptait en 2005 une vingtaine d'entreprises et près de 300 emplois. Le commerce représente 727 emplois (178 exploitants et 549 employés).
La Maison des services héberge le Pôle emploi, la mission locale qui s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire et le groupement d’employeurs Occasionnel Service pour des emplois saisonniers. En 2010 a été créé un foyer de jeunes travailleurs.
Le centre-ville concentre 180 commerces et des services de proximité, alors que la périphérie, en bordure de l'axe départemental Lorient-Roscoff, concentre les grandes enseignes de la distribution. Depuis 1990, les commerçants se réunissent dans l'association Saint-Pol Avenir pour des animations commerciales en centre-ville. En dehors du centre-ville, les pôles d’activités sont :
À Kérisnel, est également présent avec la Sica, le siège de la marque de légumes frais Prince de Bretagne. Il fut le lieu du premier marché au cadran. En 2011, la Sica et ses 1 100 exploitations agricoles a vendu 295 000 tonnes de légumes (40 % à l'export) et réalisé un chiffre d'affaires de 212 millions d'euros, dont 20 % en horticulture ornementale[146]. Les producteurs participent au Phytopôle de Bretagne et la formation est effectuée par l'ISFFEL. L'entreprise Agrival a pour ambition de recycler 100 % des déchets de légumes.
Les zones d’activités économiques vont s’étendre et se diversifier ; des projets d’installation sont en cours sur les zones de Kervent et de Kerrannou[147]. Une pépinière d’entreprises est apparue à Kerannou en 2004. Une zone d’activité nautique, en lien avec le nouveau port de plaisance de Roscoff, va être créée dans le secteur de Kerjean. Le centre-ville, qui a été totalement réaménagé entre 2005 et 2009, se revitalise par les travaux et dispositifs destinés à renforcer l’attractivité : zone de publicité restreinte, signalisation discrète, circulation fluidifiée, maîtrise du stationnement par optimisation de l’espace, aide à l'amélioration des façades, éclairage… La charte des devantures commerciales du pays de Morlaix a été élaboré dans le cadre de l'ODESCA[Notes 10] pour mettre en place des devantures attractives.
Saint-Pol-de-Léon est reconnue « Ville historique » par l'Association des villes d'art et d'histoire[148] et le pays de Morlaix est labellisé Villes et pays d'art et d'histoire. Présentant l'architecture qui s'est développée fin XVIe-début XVIIe siècle en Bretagne, elle a également conservé l'art gothique du XIIIe siècle plus rare dans la région, comme la nef de la cathédrale et la flèche du Kreisker du XVe siècle, « tout à fait unique en Bretagne, et même dans la France entière » selon Lucien Lécureux, archiviste-paléographe[149]. Dotée de nombreuses chapelles et croix, la ville présente aussi d'importantes constructions privées, entre les châteaux, manoirs et maisons particulières comme celles de la Grand Rue (maison du XVIIe avec tourelle et encorbellement, maison à pans de bois du XVe recouverte d'ardoises, etc.).
Parsemées sur un littoral de 13 kilomètres, les plages de sable fin, les criques et les grèves de Saint-Pol-de-Léon ont, pour certaines, des noms poétiques : « Tahiti », le « Petit Nice », « Sainte-Anne »… Le promeneur les découvre depuis le belvédère du parc municipal du Champ de la Rive et la croix de mission érigée en 1901. Le panorama est grandiose (l’un des plus exceptionnels du Nord-Finistère)[Notes 11]. Concernant la botanique, des centaines de plantes et d'arbustes de diverses espèces parsèment le lieu de magnolias, rhododendrons, roseum elegans, ceanothus thysiflorus, sophora japonica[43]… L'îlot Sainte-Anne est accessible par une digue et offre en haut du rocher du Guet une vue qui embrasse toute la baie de Morlaix. Un sentier de randonnée de 10 km permet de longer la côte et de découvrir le spectacle changeant de la Manche capricieuse ou d'apercevoir l'une des plus importantes réserves d'oiseaux d'Europe[Notes 12]. La longue ligne de grèves et de criques sablonneuses est un paradis pour la pêche à pied et abrite une réserve d’oiseaux marins d’une exceptionnelle richesse. En 2021 le littoral a de nouveau reçu l'écolabel Pavillon Bleu (environnement, qualité des eaux de baignade).
La baie offre aussi le charme d’une station portuaire très fréquentée l’été par une armada de plaisanciers et de véliplanchistes. Le port de Pempoul (du breton Pen-Paol, l'extrémité de Saint-Pol) laissait partir jusqu'aux côtes à peine découvertes du Brésil, les flottes aventureuses des armateurs pendant tout le Moyen Âge et jusqu'à la fin du XVIe siècle (en 1527, trois d'entre eux sont pris et coulés par les Portugais dans la Baie de Tous-les-Saints). Il connaissait une activité importante : exportation de blé, importation des vins de Bordeaux et de Loire, mais aussi départ des pêcheurs vers Terre-Neuve ou des corsaires de Coatanlem vers Bristol. Au XVIe siècle, l'ensablement du port causa son déclin et ses marchands allèrent s'établir à Roscoff ou à Morlaix. Dès 1629, Saint-Pol était considéré comme un grand chantier naval ; en 1631, 10 vaisseaux et 6 frégates furent mis en construction[170]. Aujourd'hui il n'abrite que quelques barques de pêche et des bateaux de plaisance. Les anciennes maisons d'armateurs sur les quais ont cédé la place, à la fin du XIXe, à d'imposantes villas bourgeoises.
L'îlot est relié au continent par un cordon naturel de galets et de sable aménagé en route dans les années 1970 (avant 1968, étaient disposées des cabines de plage le long du sillon, occupées par la bonne société saint-politaine). Sainte-Anne est dominée par un rocher, nommé Couëtte de Plume (du nom vulgaire de la mouette) ou officiellement le rocher du Guet, du nom breton Roc'h ar Ged (en référence à une guérite). Au bout du chemin, la Groue servait - avant l'implantation du Centre Nautique - de "pré-salé" pour les vaches, recouvert aux plus hautes marées. Devant l'îlot, au bout du sillon, était construite jusqu'à la Seconde Guerre mondiale une imposante propriété, dont une petite maison cernée de murs d'enceinte. La mer a fini par détruire ce mur de la côte Nord-Ouest[171].
L'îlot fut un haut-lieu de spiritualité : en 1640, le père Maillard, carme de Saint Paul, bâtit au centre un petit ermitage et une chapelle dédiée à sainte Anne[172],[Notes 13]. Depuis 1353, les Carmes - ordre mendiant né en Palestine - avaient une tradition d'ermites et une dévotion à sainte Anne. Une statue antique de Jacques de Tournemine (saint Bidouzin) dressée à l'ouest, désormais gisant à la maison Prébendale, avait des pouvoirs de guérison selon la légende.
Autrefois maillon de la chaîne défensive du « guet de la mer », l'îlot joua de tous temps un rôle essentiel dans la protection de la baie et du port du Pempoul. Vis-à-vis du château du Taureau, l’îlot a retenu l’attention des ingénieurs militaires où est installée une batterie de canons sous casemates, dès 1540[Notes 14], puis modifiée aux XVIIe et XIXe siècles. Vauban notamment visita les défenses de Saint-Pol en 1694. Une petite maison servait de poudrière au début du XVIIIe siècle et pour les Allemands pendant la guerre[171]. Un corps de garde était situé sur les hauteurs du Champ de la Rive.
Après la guerre de la Ligue d'Augsbourg, cet ensemble est transformé en corps de garde au XVIIe siècle, sous la maîtrise d'œuvre de Poictevin de La Renaudière, pour défendre la partie Ouest de la baie et croiser le feu avec la batterie de l'île Callot[Notes 15]. Des canons, d'une portée de 400 à 500 mètres, sont placés dans la batterie en barbette et un système de ventilation est mis en place, permettant aux artilleurs dans la casemate de n'être pas asphyxiés. En 1808, la batterie passe de la première à la deuxième classe, et le site est désarmé en 1817. En 1888, la défense est déclassée et le fort est transformé en four à chaux. La ruine mal conservée était flanquée d'une tour. Le rocher sera néanmoins un point d’appui de l’Atlantikwall en 1943 avec la fortification du « Fer à Cheval », un blockhaus construit à l'emplacement de la batterie initiale[Notes 16]. Jusqu'à la guerre, trois familles demeuraient encore sur l'îlot livré un temps à la culture. Après-guerre, les bâtiments non détruits servent d'infirmerie pour les oiseaux mazoutés par l’Amoco Cadiz. L’îlot, devenu site classé, est aujourd’hui désert, comme au temps des moines ermites, mais toujours peuplé de lapins.
L’adhésion à la charte Ya d'ar brezhoneg a été votée par le Conseil municipal le .
La commune possède depuis 1978 une école Diwan. À la rentrée 2017, 122 élèves étaient scolarisés à l’école Diwan et dans la filière bilingue catholique (soit 19 % des enfants de la commune inscrits dans le primaire)[173].
À lire : Le Breton parlé à Saint-Pol-de-Léon : phonétique et morphologie, Alf Sommerfelt, 1920, 246 pages
Blason | Parti, au premier d'or au lion morné de sable tenant une crosse épiscopale de gueules, au second d'hermine au sanglier rampant de sable allumé et défendu d'argent accolé d'une couronné d'or soutenant au canton dextre une tour de gueules donjonnée de trois tourelles.
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Détails | Présenté sur le site officiel de la commune[176] |
Les armes d'hermines, au sanglier furieux, dressé sur ses pattes, rampant de sable (debout en position d'attaque), allumé et défendu d'argent accolé d'une couronne d'or et soutenant au canton dextre (zone à droite) une tour de gueules (tour rouge) donjonnée de trois tourelles. Le sanglier rappelle à la fois un épisode de la vie de Paul Aurélien (qui trouva une laie et ses marcassins dans un château ruiné) et l'insigne que les Ossimes, peuple gaulois d'Armorique, portaient sur leur monnaie[177].
Non offendo, sed defendo (Je n'attaque pas, je me défends seulement). La devise est allusive au sanglier du blason. Elle est souscrite à l'écu, qui réunit le plus souvent sur un cartouche les armes surmontées d'une couronne murale supportant la devise.
« Une devise, dit-il, celle de Saint-Pol-de-Léon, résume l'histoire de la Bretagne catholique. Non offendo sed defendo, nous défendons notre Christ, vrai Fils de Dieu, ainsi qu'il l'a prouvé par ses paroles et ses miracles. ». La Croix, , numéro 6478
Le drapeau de Saint-Pol-de-Léon est aujourd'hui utilisé par la municipalité et les commerçants. C'est une bannière armoriée, blasonnée de deux parties. Sur la première, le lion est celui du Léon portant la crosse de l'évêque (crosse épiscopale de gueules). Le lion se rapporte au nom de Léon, Leo, et la crosse rappelle que la ville était, avant la Révolution, le siège de l'évêché du Léon (actuellement rattaché à l'évêque de Quimper). C'est un lion morné (sans griffes, ni langue, ni dents). La deuxième comporte l'écu du sanglier défendu (défenses blanches) avec une couronne en or autour du cou, tenant une tour rouge qui a trois tourelles, sur fond d'hermines bretonnes.
Créé en 2003, il retranscrit les éléments forts de Saint-Pol : le patrimoine (les clochers), la mer (la couleur bleue et la forme des vagues), l’aspect rural et agricole (la fleur d’artichaut). Kastell Paol s'inscrit naturellement dessus, la langue bretonne faisant partie du patrimoine régional.
Ce logo s'accompagne du slogan Cité capitale. « Cité » renvoie au label des Cités d’art et « capitale » renforce l’identité d’une ville qui a été et est une capitale économique (cœur du bassin légumier), religieuse (cité épiscopale), scolaire et intellectuelle (l’un des premiers collèges en Bretagne)… Le slogan exprime aussi l’idée qu’en Bretagne Saint-Pol est une étape… capitale.
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