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rivière française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Penzé (/pɛ̃ze/), autrefois Penzez, désigne trois choses, un village, un aber et le cours d'eau qui l'alimente.
La Penzé | |
Le port de Penzé. | |
Cours de la Penzé. | |
Caractéristiques | |
---|---|
Longueur | 39,7 km [′ 1] |
Bassin | 210 km2 [′ 1] |
Bassin collecteur | la Penzé |
Cours | |
Source | au pied du Roc'h Trédudon, dans les monts d'Arrée |
· Localisation | Plounéour-Ménez |
· Altitude | 283 m |
· Coordonnées | 48° 25′ 28″ N, 3° 52′ 12″ O |
Embouchure | La Manche |
· Localisation | Plouénan |
· Altitude | 0 m |
· Coordonnées | 48° 39′ 35″ N, 3° 56′ 43″ O |
Géographie | |
Principaux affluents | |
· Rive gauche | le Bothuan, le Goaz ar C'haor, la rivière d'Eon |
· Rive droite | le Coat Toulzac'h |
Pays traversés | France |
Département | Finistère |
Régions traversées | Bretagne |
Principales localités | Penzé, Saint-Thégonnec, Plounéour-Ménez. |
Sources : SANDRE:« J27-0300 », Géoportail | |
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La Penzé est un petit fleuve côtier du Léon, dans le Finistère, qui tire son nom d'un lieu-dit, un écart situé au fond de son aber, le bourg de Penzé. Siège d'une seigneurie instituée au XIIIe siècle sur un vaste territoire situé à l'ouest de la baie de Morlaix, le village devient entre le XVe siècle et le XXe siècle le plus peuplé entre Morlaix et Saint-Pol. S'il est comme par défaut érigé en paroisse en 1947, il est toujours partagé administrativement entre les communes de Plouénan et de Taulé.
Penzes, où en note un e nasal, signifie en breton naufrage[1]. C'est aussi le nom de la ville cornouaillaise d'en face, sur l'autre rive de la Manche, Penzance, et d'un lieu-dit homonyme surplombant en Plouvien le diverticule de l'aber Benoît que longe la départementale 13.
Le mot vient du bas-latin peceia[1], qui ne semble pas avoir de racine latine et a également donné en ancien français peçoi, qui signifie l'action de briser et par métonymie le droit de bris[2]. Le terme de bris dans l'expression droit de bris est une création moderne[3], qui traduit fractura navium, latin de cuisine pour fractio navium[1], c'est-à-dire destruction de navires.
Le droit de bris était la principale ressource financière des fastueux comtes de Léon, qui, enrichis par leur participation à la conquête de l'Angleterre et à l'Anarchie, entretenaient dans leur forteresse de Mont Relaxe une cour princière où ont été élaborées les premières œuvres de la littérature courtoise, les légendes de Tristan et de Guigemar. Le droit de bris[4] devait être une question financière de premier ordre à en croire l'importance des procès à son sujet, ce dès le XIIe siècle[5]. Dès cette époque les léonards et les cornouaillais de l'autre côté de la Manche sont dénoncés par Guillaume de Canterbury (en)[6]. Biographe de Thomas Beckett, que le pouvoir civil, opposé à l'emprise du clergé, avait fait assassiner le , Guillaume de Canterbury (en) avait quelques raisons de dénigrer le comte de Léon Guyomarch, auteur le du fratricide de l'évêque de Léon Hamon, et donc d'exagérer l'avidité des naufrageurs. Traités d'assassins, ils ne faisaient que ramasser, certes avec empressement, les épaves.
La Penzé est ainsi décrite par Adolphe Joanne et Élisée Reclus vers 1900 :
« La Penzé, Penzez ou Pensé, qui naît au voisinage de Plounéour-Ménez, coule près de Guimiliau sous un viaduc de 32 mètres de haut (chemin de fer de Paris à Brest), laissant à droite le bourg de Saint-Thégonnec, boit son alter ego le Coatoulzac'h, long de plus de 20 kilomètres, qui, lui aussi, a passé sous la ligne de Paris à Brest, laquelle franchit son vallon par un remblai de plus de cent pieds de hauteur. C'est un ruisseau sinueux de 5 mètres à peine de largeur quand elle arrive (...) au hameau de Penzé ; là, elle se heurte au flot de la mer, devient aussitôt navigable aux vaisseaux, jusqu'à la Manche, distante de 6 km, et en même temps s'amplifie dans un fjord que la ligne de Morlaix à Roscoff franchit par un viaduc de 30 mètres de hauteur sur 256 mètres de long ; elle se termine dans la baie de Saint-Pol-de-Léon, sous-baie de la baie de Morlaix, après un cours d'environ 35 kilomètres en un bassin de 18500 hectares[7]. »
Fleuve côtier, la Penzé prend sa source dans un petit cône de déjection du versant nord des monts d'Arrée, en contrebas d'un de leurs sommets, Roc'h Trédudon. Son cours est sinueux, souvent encaissé, et s'étire sur 39,7 kilomètres[′ 1]. Son bassin hydrographique est d'environ 18 500 hectares.
Depuis le territoire de la commune de Plounéour-Ménez, il coule d'abord vers l'ouest jusqu'à Loc Eguiner, puis vers le nord, et passe par Guimiliau, Saint-Thégonnec, Guiclan. À partir du bourg de Penzé, village qui donne son nom à la rivière et qui se partage entre les communes de Taulé et de Plouénan, le ruisseau, d'à peine cinq mètres de large, s'élargit subitement en un aber.
La Penzé se jette en Manche dans la baie de la Penzé, qu'étirent à l'ouest la baie de Saint-Pol-de-Léon et à l'est les rives de l'île Callot, qui sont autant de sous-ensembles de la vaste baie de Morlaix au même titre que l'étroite rivière de Morlaix.
Le Coatoulzac'h (ou Coat Toulzac'h), littéralement bois du cul-de-sac, est son principal affluent. Long d'une vingtaine de kilomètres, il conflue sur la rive droite en aval de Saint-Thégonnec. Il reçoit en rive droite, à deux mil neuf cent mètres du centre de Saint-Thégonnec par la route, lieu dit Val du Pont, un ruisseau boisé et pittoresque, le Dour Ruz, c'est-à-dire Eau rouge, qui bordait une motte castrale construite au XIe siècle à la sortie ouest de Pleyber-Christ, en amont du cromlech de Coatilézec[8], et détruite durant les guerres de la Ligue[9].
En son amont, la Penzé reçoit en rive gauche le Bothuan, dont le confluent marque la frontière entre Commana, Plounéour-Ménez et sa trève Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec.
Rive gauche, le Goaz ar C'haor, ou ruisseau de la fourche, débouche dans le bourg de Penzé et la rivière d'Eon, issue de la confluence du Cosquériou et du Guern, plus en aval dans l'aber.
L'aber s'étire sur un peu plus de onze kilomètres. Son gradient de salinité diminue à mesure qu'il s'enfonce dans la terre. Il reçoit les eaux de pluie de six vallons qui se terminent en anses et forment à marée haute autant de diverticules. Du nord au sud, de la mer vers l'intérieur des terres, ce sont, rive gauche, l'anse Saint Yves, le Milinou, le confluent de l'Eon. Rive droite, ce sont l'anse Sainte Marguerite, le Trogriffon et le Quistillic. Les vallons des deux derniers conduisent respectivement au bourg de Henvic et à l'ancienne trève de celui-ci, Taulé. Les cours d'eau y sont réduits à un fossé ou une rigole. Quelques autres vallons, encore plus petits, animent le relief du rivage, tel le ru du moulin à marée de Kerlaudy en Plouénan.
L'entrée de l'aber est marquée, rive gauche, par la pointe Saint Jean, qui est sur le territoire de Saint-Paul-de-Léon, quartier de Trégondern, et rive droite par la presqu'ïle Inizan, sur le territoire de Carantec à la limite de Henvic. Entre ces deux amers, à gauche du lit de la Penzé, se dresse l'îlot Toull ar Houarn, c'est-à-dire « Trou du Fer ». Un peu plus en aval, se dressent les rochers de l'île Blanche, à distance de la rive gauche, et d'Ar Pigued, « Le Piquet », à distance de la rive droite.
Un peu plus en amont sur la rive droite, la pointe de Lingoz, anciennement Lenn goz, le « Vieil étang », porte un amer pyramidal en pierre, dont le mur nord est peint en blanc et barré d'un trait vertical noir. Il marque l'entrée de la zone abritée où au moins cent cinquante bateaux ont l'habitude de mouiller.
La configuration et les caractéristiques hydrogéomorphologiques de la Penzé, encaissée mais à faible pente, font qu'elle a produit des vasières exceptionnelles.
Les vases qui se déposent dans le fond du lit et sur les berges, prennent leur aspect gris-bleuâtre de la décomposition en argile des schistes précambriens que traverse la rivière[′ 2]. Elles se couvrent à marée basse d'un biofilm algal et bactérien qui est la base d'un réseau trophique particulier. En période de crue, les berges sont autocurées. Un bouchon vaseux se déplace avec la marée.
Ces vasières offrent un habitat apprécié de certaines espèces d'oiseaux de mer. Les Tadornes de Belon y trouvent les nombreux invertébrés dont ils ont besoin pour se nourrir.
Ces vases peuvent toutefois localement être surabondantes, à cause d'une augmentation de l'érosion des sols. Celle-ci est induite par la destruction ou le recul du bocage et une augmentation de l'intensivité de l'agriculture. Les engrais, azotés et phosphatés, peuvent également, augmenter la turbidité de l'eau et le dépôt de vase.
Certains polluants, métaux lourds, métalloïdes non biodégradables, dioxines, PCB, etc. peuvent localement s'y concentrer, et affecter les espèces qui vivent dans la vase ou sur la vase, l'anguille par exemple.
Dans le cadre du schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux, la gestion de l'écosystème aquatique est confiée à une structure administrative de coordination, dite « Léon Trégor », qui met en œuvre un plan intitulé Trame bleue.
La qualité des eaux de la Penzé est régulièrement contrôlée par le Syndicat Mixte pour l’Aménagement et la Gestion des Bassins du Haut-Léon, dont le siège est Saint-Thégonnec. Le seuil de nitrates, 50 mg/l, est, à de rares exceptions près, respecté. Les traces de pesticide, dont le glyphosate et l'acide aminométhylphosphonique, sont régulièrement trouvées sur l'ensemble des stations de suivi.
Le , le réservoir de lisier de SOFALIM[11], un des plus gros élevages porcins du département[12],[13],[14]situé au lieu dit Kerjean, en Taulé, sur la rive droite en amont du bourg de Penzé, déborde et se déverse le long des sept cent cinquante mètres de l'affluent Moulin du Roy avant d'atteindre l'embouchure mil trois cent mètres plus en aval[15]. Plusieurs dizaines de milliers voire de centaines de milliers de litres de matière fécale, compremettant notamment la conchyliculture, se répandent dans l'estuaire sur plus de trois kilomètres et l'AAPPMA de Morlaix porte plainte[16]. Pêche à pied et baignade sont interdites à Carantec, Saint Pol de Léon, Roscoff[17]. L'association Eau et rivières de Bretagne dénonce les défauts techniques des infrastructures financées à grand frais depuis 1994 par le Plan de maîtrise des pollutions d'origine agricole et le manque de formation des manipulateurs[18].
L'estuaire tidal de la Penzé et le benthos de ses vasières[′ 3] donnent un abri à une vingtaine d'espèces d'oiseaux protégées pour l'hivernage ou pour le passage migratoire[′ 4]. C'est une zone protégée essentielle à la biodiversité (ZNIEFF) incluse dans le programme Natura 2000 de la baie de Morlaix qui appartient au domaine public maritime et où la chasse et la cueillette sont strictement réglementées[′ 5].
La baie est riche en Isopodes (Anceus, Sphaeroma), Cœlentérés (Obelaria gelatinosa, Clava squammata) et Annélides, dont l'Arenicola, le Nephtys hombergii, le Nereis cultrifera et des formes naines endémiques[′ 6]. Elle abrite des Thysanoures de l'espèce Anurida maritima et un Myriapode, le Scoliophanes maritima[′ 6]. Les myes communes abondent[′ 2] au confluent de la rivière d'Éon[′ 7].
Le saumon remonte la Penzé, où l'on pêche également la truite. Les affluents sont aussi des rivières à truite. Le mulet gite dans le haut de l'aber. Le bas de la baie de la Penzé, en face de Saint-Pol-de-Léon, est un lieu de pêche à pied, réglementée, des crevettes, palourdes et bigorneaux.
Depuis la fin des années 1990, la loutre, appelée « chien d'eau » ((br) ki dour, autrefois dourgi, pl. dourgon), a recolonisé le bassin de la Penzé depuis celui du Blavet[′ 8]. Les foyers se trouvent le long des cours d'eau du bassin supérieur, dans la zone du Parc naturel régional d'Armorique qui s'étend sur les territoires de Commana et Plounéour-Ménez, mais les indices de présence sont régulièrement relevés jusque sur la côte[′ 9]. Les autres mammifères endémiques et sauvages les plus remarquables sont le putois, la fouine, la martre.
La vallée est fréquentée par cinq espèces de chauve souris, dont le grand rhinolophe. Des abris leur sont aménagés, dans le clocher de Penzé et, à mi-parcours du fleuve, dans la grotte de Roc'h-Toul.
En 1839, les vapeurs à aubes de la compagnie Corbière, relayés en 1865, durant la phase libérale du Second Empire, par le chemin de fer, ouvrent le Léon au marché parisien et le convertissent en zone d'exportation, en particulier de fruits de mer. Dans la baie de la Penzé, les huitres sont alors pêchées sur le banc de Saint Yves.
Aujourd'hui, les ostréiculteurs déposent leurs poches sur les rives les plus en aval de l'aber, en bordure de la baie de Saint Pol et le long des rives occidentales de l'Île Callot.
Le val de Penzé, en particulier le site protégé de Roc'h Toul, abrite la fougère Hymenophyllum tunbrigense,
Au début du XVe siècle, dans une économie de guerre développée par une guerre de Cent Ans finissante, le Léonais devient une terre à chevaux et à blé. La Penzé se couvrira jusqu'au XIXe siècle d'un nombre surprenant de moulins à eau, quinze pour la seule paroisse de Saint-Thégonnec, à peine moins à Commana, où la plupart ont disparu. Ils faisaient fonctionner des meules mais aussi des scies et des ateliers de fabrication de papier. Le bois était exporté comme bois de chauffage et le papier était acheté par la Manufacture des tabacs de Morlaix.
En 1832[° 1], est construit à Penzé sur un bief, quelques mètres en amont du pont de Pen ar Pont et du fond de l'aber, une minoterie industrielle « modèle américain » de quatre étages, les Moulins Borgnis-Desbordes. Avec ses deux roues et ses huit meules, elle restera pendant plus d'un siècle la plus importante usine à farine du Finistère, fournissant les boulangeries de Saint-Pol-de-Léon à Morlaix[° 1]. Cette minoterie a cessé de fonctionner en 1996 et a été transformée en Centre d'art contemporain.
Des passerelles et petits ponts en pierre subsistent du XVIIIe siècle et du XIXe siècle.
Le fleuve est accessible depuis la mer par un aber qui remonte jusqu'au lieu-dit Pen ar Pont, c'est-à-dire « bout du pont ». Au-delà, l'arche basse d'un petit pont interdit toute navigation sur un cours tout juste utile à l'alimentation des moulins.
Au XVIIIe siècle, Penzé et Pont Eon sont des ports d'exportation du bois[20] coupé dans les forêts de Lannuzouarn et de Penhoat et, plus en amont, dans les Monts d'Arrée. Le trafic, interrompu par la Terreur puis le blocus continental, reprend à la Restauration[20].
Au XIXe siècle, les cotres et les gabarres, poussés par la marée et leurs voiles rouges délavées[° 2], déchargeaient à même la plage leurs cargaisons de traez, sable coquiller ramassé sur les côtes de Callot et Batz[° 2] et le maërl dragué sur les hauts fonds de la baie de Morlaix. Ces matériaux étaient destinés à l'amendement de la terre limoneuse de la Ceinture dorée. Les bateaux des îliens repartaient à vide, parfois avec une cargaison d'ajoncs, combustible bon marché[° 3].
En 1849 une cale d'accostage en pierre, garnie de granit rose, est construite pour faciliter le débarquement du traez et son transport par charrette directement vers les exploitations agricoles. À la fin du XIXe siècle, elle est complétée d'un quai de soixante quatorze mètres[° 2]. Il s'étend sur la rive droite au-dessus du dernier banc d'échouage. En face, à Pen ar Pont, c'est-à-dire sur le territoire de la commune de Plouénan, l'auberge lésée par la municipalité de Taulé fait construire un quai, plus court, pour attirer les clients. Administrativement, la rive droite dépend du port de Morlaix, la rive gauche de celui de Roscoff[21].
La bas de l'aber sert de zone de mouillage pour de petits bateaux. Deux cales, la cale de Saint Nep et, un peu plus en amont, la cale de Saint Yves, facilitent le débarquement sur le territoire de Saint-Pol-de-Léon, sur la rive gauche. Elles ont été construites à la fin de la guerre de 1914-1918 dans le cadre du débarquement en à Brest de 780 000 soldats américains et de la sécurisation de convois logistiques vers Cherbourg[22]. Le passage du la Corde à Penzé avait été choisi pour servir à la marine française de poste de combat aérien. Transformé le en Centre d'aviation maritime (CAM), le poste a mené trois missions de combat.
Sur la rive droite dans le prolongement de la cale de Saint Yves, la cale de Coatigariou, en Henvic, est le dernier vestige de l'ancien bac de la Corde. Quatre cent cinquante mètres en amont, une seconde cale, au débouché de l'anse Sainte Marguerite, fait du quartier de Kerantreiz un mouillage pratique. Entre les deux, à hauteur du pont de la Corde, un petit quai se prolonge d'une troisième cale.
L'estuaire de la Penzé, une ria, a toujours constitué un obstacle aux communications terrestres, dressant une frontière naturelle entre le Minihy de Léon, à l'ouest, et le pays Pouched, lequel comprend les communes de Carantec, Henvic, Taulé et Locquénolé.
Au Bas Moyen Âge, le franchissement de l'estuaire de la Penzé se faisait à un gué dénommé passage des Bœufs. Au début du XVe siècle, Henvic obtient le privilège de tenir une foire. Un bac, guidé vraisemblablement par une corde tendue entre les deux rives, assure la liaison avec la capitale du Léon, le Minihy de Léon. Le passage des Bœufs devient le passage de la Corde. Ce bac appartient aux seigneurs de Lézireur jusqu'à la Révolution française. Des adjudicataires le font fonctionner tout au long du XIXe siècle.
En 1885 est abandonné le passage de Kerantreiz pour un franchissement situé quelques dizaines de mètres plus en aval, à hauteur de Treiz Nevez. Entre 1889 et 1918, le passeur est Adrien Herrec (1863-1934). Un viaduc ferroviaire ayant été mis en service en 1883, le projet d'un bac à vapeur est abandonné en 1912.
La ligne de Paris-Montparnasse à Brest franchit le cours amont de la Penzé à la frontière orientale du territoire de Guimiliau par un viaduc de trente deux mètres de haut inauguré en 1865 après trois ans de travaux.
Le viaduc de la Penzé est un viaduc ferroviaire qui franchit l'estuaire de la Penzé. Long de deux cent dix neuf mètres et haut d'une quarantaine, il permet le passage de la ligne Morlaix - Roscoff, ouverte le .
Il y a eu, reliant les territoires d'Henvic et de Plouénan par-dessus l'aber, deux ponts dénommés pont de la Corde. Le premier pont de la Corde est ouvert le [23]. La Route départementale 58 est réaménagée à la fin des années soixante. Un nouveau pont routier est inauguré le . L'ancien pont est dynamité en 1971[24].
Penzé est un village à cheval sur les communes de Plouénan et Taulé, proche des limites des communes de Guiclan et Saint-Thégonnec. Il est situé à la naissance de la ria du fleuve côtier Penzé.
Le dolmen de Prat Louc Houarn en Plouénan gouverne sur la rive gauche, en face de la chapelle Sainte-Marguerite, non loin du pont de la Corde[25], l'entrée de la gorge de la Penzé, qui, à l'époque de la construction, n'était pas en aber, le niveau de la mer étant alors beaucoup plus bas dans le lit de l'ancien fleuve qui est devenu, à la fin de la dernière époque glaciaire, La Manche.
Le dolmen et le menhir de Lingoz, sur la rive d'en face, en Henvic, ont été détruits, comme beaucoup de mégalithes du Haut Léon.
De ces deux points de part et d'autre de l'estuaire de la Penzé, on pouvait, par ce qui est aujourd'hui envahi par la mer, rejoindre à pied au nord le site de Saint-Barbe, à Roscoff, et à l'est le site de Barnenez, jumeau du précédent et seul préservé.
Erigée au XVe siècle près du gué aux bœufs, devenu gué de la Corde, sur la rive droite de l'aber, en Henvic, la petite chapelle Sainte-Marguerite, un simple bâtiment rectangulaire dont le clocheton forme une toiture en bâtière, a été remaniée au XVIe siècle et restaurée en 1878. La statue de sainte Marguerite est du XVe siècle. Les lambris du fond du chœur dessinent une vingtaine de motifs géométriques. Les fenêtres gothiques sont ornées de trilobes et de quatre-feuilles.
Le bourg de Penzé s'est développé grâce à une source, point d'alimentation indispensable à tout port. Celle-ci est située une centaine de mètres au-dessus du gué, rive droite, côté Taulé. Aménagée en fontaine, la source est sacrée et fait l'objet d'une dévotion qui s'est concrétisée par l'érection d'une chapelle, qui en 1185 relève de l'abbaye Saint-Melaine, dont le siège est à Rennes. Elle était une étape sur le trajet du Tro Breiz[31]. La source alimentait un grand lavoir[° 4].
Un service dominical[° 3] était assuré par un vicaire de Henvic. Les enterrements étaient célébrés sur place. Penzé avait, et a toujours, son propre cimetière. Le , le sieur de Kerampovost cède ses droits de tombe et de prééminence sur la chapelle de Penzé au sieur de Kerguz[32].
En 1789[33], alors que l'évêque de Léon, Jean-François de La Marche, qui fuira quatre ans plus tard la Terreur dans des conditions rocambolesques, s'active à pallier la misère de son diocèse et que les notables léonards, espérant dans la Révolution qui annonce une prospérité nouvelle, remplissent avec enthousiasme les cahiers de doléances, la chapelle est reconstruite pour lui donner une nef de cinq travées[33]. Le nouveau bâtiment affiche au-dessus du portail une statue en granit de la Vierge et est surmonté d'un très humble clocheton à deux loges ajourées[34] qui reçoit en 1794, une seconde cloche[33]. Derrière l'autel, un grand retable à tourelles du XVIIe siècle, de style jésuitique, abrite un tableau de l'Assomption et, dans les niches de ses ailes, les statues de saint Joseph, à droite de l'orant, et de la Vierge à l'Enfant, à gauche.
La chapelle est agrandie après la Seconde Guerre mondiale sur les plans de l'architecte Heuzé d'un collatéral, dont l'architrave est portée sans chapiteaux par des piliers cylindriques[33]. La façade est conservée et son granit clair de Callot contraste désormais avec les nouveaux parements en granit plus gris de Brennilis. L'escalier extérieur est fait d'un granit de Huelgoat plus clair. L'intérieur est dallé de schiste de Locquirec, célèbre pour sa rareté et ses reflets verdoyants.
La chapelle, qui date du XVIe siècle, se trouve rive gauche à deux mil cinq mètres en amont du bourg de Penzé, après le confluent avec le Coat Toulzac'h sur le territoire de Guiclan, au sud du carrefour de la route départementale 19 avec la route de Kerfaven Menguen. Remaniée plusieurs fois, la chapelle était celle du manoir de Notéric. Elle abrite les statues de saint Visias ou Vizien, représenté en moine, et des évêques saint Thivisiau et saint Mériadec.
La fontaine se trouve à cinq cents mètres à l'est de la chapelle, au fond des bois qui dominent la Penzé, au bout d'un chemin de terre et au-delà du ruisseau qu'elle alimente. La croyance est que saint Visias incite les enfants à faire leurs premiers pas et guérit les membres débiles. L'eau dans laquelle la tête de l'enfant est plongée est réputée faire disparaître « la veine de saint Visias » ((br) gwazenn Sant Vizia), qui gonfle au front des nourrissons, après qu'au retour à la chapelle, il ait fait, porté dans les bras, trois fois le tour de l'autel sans un mot. En guise d'ex voto, les mères revêtaient la statue de la fontaine d'habits d’enfants neufs.
La fontaine et la chapelle, consacrées à David de Ménevie, une importante figure de la réforme du pélagianisme issue comme Paul Aurélien du collège Théodose (en), se situent au nord-ouest de Plounéour-Ménez au fond du vallon où débouche la source d'un petit affluent du Coat Toulzac'h. On y accède par le chemin creux parallèle à la route départementale 111 qui conduit au Reungoat.
La fontaine se trouve entre route et ruisseau à quelques dizaines de mètres de la chapelle. C’est un appareillage très simple de granit construit vraisemblablement au XVIIIe siècle[′ 11] au pied de la roche, à laquelle s'accrochent les fougères. L’eau s’écoule d'une petite niche, dont la maçonnerie est altérée et d'où la statuette a disparu[′ 11], sur une dalle creusée d'une rigole, laquelle débouche sur un petit bassin rectangulaire. Elle s'échappe de celui-ci par le bord opposé, lui-même ouvert par une autre petite rigole.
Une dévotion lui est rendue par les futurs couples. Une épingle, placée sur un morceau de papier puis continuant de flotter une fois le papier habilement retiré, présage du mariage dans l’année.
La fontaine de Saint-Eguiner est doublée d'une fontaine Saint-Jean. Les constructions actuelles, en grand appareil de granit, datent respectivement de 1566[35] et 1690[36]. Elles jouxtent l'église de Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec.
Le confluent de la Penzé et du Coat Toulzac'h, à Saint-Thégonnec, était le siège d'une des plus puissantes seigneuries de Bretagne, la seigneurie de Penhoat. Érigée en 1179, elle a été illustrée par un héros du Léonais, l'amiral Jean de Penhoët, vainqueur en juin 1403 d'une armada envoyée par le roi d'Angleterre Henri IV envahir le continent.
Passée en 1476 dans la maison de Rohan, seigneurs de Léon, cette seigneurie exerçait la haute justice de Carantec, sur la baie de Morlaix, à Commana, dans les monts d'Arrée. Les dernières traces d'une motte primitive ont été récemment effacées. Un second château de Penhoat, construit au XIIIe siècle, a été détruit durant les guerres de la Ligue[′ 12].
Un troisième château de Penhoat, un simple manoir, a été reconstruit en Plounéour-Ménez sur la terre d'un vassal, Coëtlosquet, pour servir aux chasses.
À moins d'une demi-heure à cheval des ports de Morlaix et de Roscoff, des maisons nobles ont servi, à l'instar des malouinières du Pou Alet, de retraites aux riches armateurs du Léonais.
La vallée amont de la Penzé a été dominée par les cisterciens de l'abbaye du Relecq[′ 13] et les hospitaliers de la commanderie de La Feuillée, qui valorisaient les territoires pauvres de Commana et de Plounéour-Ménez par le régime de la quévaise. Les demeurent seigneuriales y sont donc rares[′ 13].
Le beau manoir de Coatlosquet étend son parc à l'est du territoire de Plounéour aux sources du Bulz, affluent du Queffleuth, et n'appartient pas au bassin de la Penzé.
La motte castrale a été construite à une date non connue, probablement au Xe siècle, pour contrôler le franchissement de la Penzé à son mi parcours par la route qui reliait déjà dans l'Antiquité Vorgium à Tolente[45]. Vraisemblablement réaménagée jusqu'au XIIIe siècle, il n'en reste plus qu'une butte boisée, lieu de légendes que les archéologues n'ont pas étudié.
« Elles secouaient leurs cheveux épars, en levant leurs battoirs blancs et, à tous les douez de la vallée, le long de toutes les haies, au haut de toutes les landes, des voix répétaient : Mille malheurs ! Mille malheurs ! »[48]
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