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traque d'animaux dans le but de les capturer ou de les abattre De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La chasse est la traque d'animaux dans le but de les capturer ou de les abattre pour les manger ou limiter leur population[1]. Quand la chasse est soumise à une règlementation, la pratique de la chasse en dehors de son cadre légal est appelée braconnage. La « cynégétique » est l'art de la chasse.
Le « chasseur » est défini par le codex Alimentarius comme une personne qui participe à l'abattage du gibier et/ou à la saignée, à l'éviscération partielle et à l'habillage partiel sur le terrain des animaux abattus[2].
La pratique de la chasse par les premiers représentants du genre Homo fait encore débat au sein de la communauté scientifique[3],[4]. Selon certains archéologues et paléontologues, l'analyse des traces d'outils et des ossements fossiles montre que nos ancêtres ont également consommé des cadavres d'animaux morts naturellement[5],[6],[7] ou des animaux blessés ou malades qu'ils achevaient plus facilement. Avec des armes de chasse médiocres (massue, épieu en bois) et a fortiori avant leur usage, il est possible qu'ils aient pratiqué la chasse à l'épuisement aux gros mammifères (antilopes, zèbre, gnou), courant à une vitesse moyenne de 2,5 – 6 m/s pendant des heures et sur 10 à 20 km. L'homme est en effet un coureur de fond doté d'une grande endurance grâce à deux caractéristiques fondamentales : capacité à courir sur de longues distances à des vitesses exigeant des quadrupèdes qu'ils passent du trot au galop ; capacité, pendant la course, d'abaisser sa température en transpirant, alors que les quadrupèdes le font en haletant, ce qui leur est impossible quand ils galopent[8].
La chasse est clairement attestée dans les gisements archéologiques liés à l'homme de Néandertal[9],[10],[11]. À Coudoulous et à La Borde, les Néandertaliens ont utilisé des avens comme pièges naturels pour abattre de nombreux grands bovidés (bisons et aurochs). Elle est également probable pour des périodes antérieures[12].
Le piégeage de petits animaux est une pratique très ancienne. Des populations préhistoriques ont pratiqué une chasse quasiment monospécifique (mammouth, renne) à tel point que certains auteurs ont évoqué une chasse spécialisée. Il semble que les chasseurs-cueilleurs suivaient leur gibier, remontant vers le nord l'été et revenant au sud bénéficier d'un climat plus doux l'hiver. Cette pratique a encouragé un nomadisme que les Inuits et certaines tribus amérindiennes pratiquaient encore il y a peu, mais qui n’existe pratiquement plus, les grands animaux (sauf les oiseaux migrateurs) étant par ailleurs totalement limités dans leurs déplacements par une fragmentation écopaysagère croissante, principalement due au morcellement du paysage par les infrastructures de transports (autoroutes, TGV clôturés, canaux aux berges infranchissables, etc.).
Au Paléolithique, durant cette période, de nombreuses avancées sont apparues comme le javelot de bois, l'épieu en if ou encore le propulseur permettant de catapulter des sagaies avec plus de force. Les armes assez variées ont permis de chasser toutes sortes de gibiers[13].
Au Mésolithique de nouvelles méthodes de chasse font leur apparition, comme la chasse et la pêche au filet, mais aussi de nouvelles armes, comme l'arc, une arme très importante pour l'époque.
Avec l'apparition du mode de vie sédentaire et de l'élevage, l'importance de la chasse en tant que moyen de subsistance diminua pour une grande partie des populations. Déjà dans certaines cultures antiques, la chasse n'était plus considérée que comme un passe-temps. De plus en plus, elle ne fut souvent pratiquée que par une petite partie de la population[14].
De nombreux écrits sont depuis l’Antiquité consacrés aux techniques cynégétiques et de piégeage. La notion de droit de chasse est évoquée pour la première fois dans le recueil de coutumes des Francs Saliens (riverains de la Sala ou Yssel) écrit sous Clovis (époque mérovingienne) et dénommé ultérieurement « loi salique ». L'évolution de ce concept s'est articulée alternativement à travers des périodes de permissivité et de restriction, voire de prohibition.
La puissance des rois francs, chef des principaux clans aristocratiques, se mesure aux richesses qu'ils obtiennent de la guerre et de la chasse. L'abondance de leur table, particulièrement en termes de venaison, suppose l'existence de réserves étendues de gibier noble. Dans l'affrontement avec les clans rivaux, les roi francs s'approprie, pour leur usage exclusif, les saltus qui jusqu'alors étaient parcourus par l'ensemble de l'aristocratie. Le patrimoine forestier royal, en Ardenne ou dans l'ancienne forêt des Silvanectes, est réparti en « forestes », espaces réservés aux chasses que le roi exclut de l’usage commun, et associés à une résidence royale, occupée quelques semaines par an, à l'occasion des périples de la Cour itinérante[15]. L'institution des forest se désagrège en France en même temps que la puissance carolingienne ; « forestis » ne désigne plus alors le district de chasse, « mais il prend un sens purement géographique ». Il n'en est de même pour l'Allemagne (Wildbannforst) et pour l'Angleterre (Forest)[16]. Le concept des « forestes » est introduit par les Normands en Angleterre au XIe siècle, lors de la Conquête normande de l'Angleterre, en 1066, et à l'apogée de cette pratique à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, un bon tiers de la superficie du sud de l'Angleterre a été désignée comme forêt royale ; à un moment donné au XIIe siècle, tout l'Essex était afforesté (afforested) et, à son avènement, Henri II déclara que tout le Huntingdonshire était une forest[17]. En Allemagne les forestes, régulées par le Wildbann, sont appelée par la suite Forst, expression qui survit aujourd'hui sans la connotation ancienne.
Au Moyen Âge, la chasse reste le privilège de la noblesse et des dignitaires de l'État ou du clergé : la chasse au grand gibier est réservée aux nobles et le petit gibier (lièvres, volatiles) laissé au reste de la population. Certaines zones sont réservées à la chasse royale.
Le mot chasse pouvait aussi désigner des terrains de chasse, l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) possède par exemple une « Carte des Chasses du Roi », levée de 1764 à 1773 et de 1801 à 1807 sur ordre de Louis XV[18] et à partir d'une carte antérieure du duché de Rambouillet.
En France au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, la chasse est un plaisir de gentilhomme et un privilège seigneurial. Les rois sont grands chasseurs et entretiennent des équipages importants. Être admis aux chasses du roi est un des plus grands honneurs de la Cour. Louis XIII, qui a appris la lecture dans les ouvrages de vénerie, pratiquait quotidiennement toutes les chasses[19] et chassa beaucoup en Sologne.
Le seigneur haut-justicier a ce droit dans l'étendue de sa haute-justice, le seigneur local dans sa seigneurie. Les roturiers n'ont pas ce droit sauf s'ils ont acheté un fief, une seigneurie ou une haute-justice (ordonnance sur les eaux et forêts de 1669). Les seigneurs ecclésiastiques, les dames hautes-justicières (pratiquant la chasse au vol), les nobles âgés sont tenus de faire chasser afin de réduire le surplus de gibier nuisible aux cultures (ordonnance de ).
Des espaces sont spécialement aménagés pour l'exercice de la chasse. Les garennes sont des parcs fermés, initialement dévolus à toutes sortes d'animaux, avant que le terme désigne spécialement un espace dévolu à l'élevage et à la chasse au lapin (XIIIe – XIVe siècle). Au XVIe siècle, les rois puis les aristocrates commencent à gérer leurs forêts avec des objectifs cynégétiques, notamment pour la vénerie[20].
Les braconniers sont craints surtout à cause de l'éventualité du port d'armes. Les contrevenants sont sévèrement punis. L'édit de 1601 prévoit l'amende et le fouet pour la première infraction, le fouet et le bannissement pour la première récidive, les galères et la confiscation des biens à la seconde récidive, la mort en cas de troisième récidive. L'ordonnance de 1669 écarte la peine de mort. Les garde-chasse n'ont pas le droit au fusil. Les registres des cahiers de doléances montrent cependant que la verbalisation est beaucoup plus importante pour les délits forestiers que pour les délits de braconnage[19].
Pour permettre l'existence du gibier, il est interdit de moissonner avant la Saint-Jean, d'enlever les chardons, d'enclore par des murs les terres. Il faut planter des haies d'« épines » auprès des forêts royales. Il est interdit de tuer les lapins sauf sous la direction des agents des eaux et forêts (les capitaineries).
Afin de protéger le travail des paysans et les récoltes, les chasseurs ne doivent pas passer dans les terres ensemencées et lorsque les céréales sont en « tuyaux ». Les vignes sont interdites de chasse du 1er mai jusqu'aux vendanges. Mais ces interdictions sont peu observées. Le droit de chasse, privilège et activité de détente, est un des plus haïs par les paysans car ils voulaient se défendre contre les « animaux féroces » (ours, loups) et les « animaux nuisibles » (sangliers, oiseaux granivores s'en prenant à leurs récoltes) en chassant eux-mêmes, sachant qu'il y avait peu d'indemnités pour les dégâts agricoles.
Il existait cependant quelques chasses populaires accordées aux populations dans les provinces récemment annexées ou aux bourgeois qui avaient payé pour cela un droit particulier. Seuls certains animaux dangereux (sanglier, cerf)[21] étaient l'exclusivité des nobles[19].
À la Préhistoire, il fallait une bonne dose de bravoure pour affronter les animaux quasi à mains nues dans les contrées hostiles des forêts primaires. Avec la pierre, ensuite le bronze et le fer, la lance, l'arc et le couteau, ensuite le fusil et le fusil à lunette, les chances pour les animaux d'échapper au chasseur se sont au cours des temps progressivement amoindries. De plus les espaces sauvages se sont réduits comme peau de chagrin, morcelés par l'agriculture et les friches industrielles.
Les usages liés à la chasse, la peur de l'inconnu, la confrontation à la mort, le sang versé, ont eu toutefois le temps d'imprégner durablement les usages, les croyances et les rites. Les mythes fondateurs évoquent souvent la chasse que des Dieux ou des animaux auraient enseignée à l’humain. Les religions recèlent de traditions liées à la chasse : Arduinna, Abnoba et Vosegus dans la tradition celtique, Odin ou Wotan dans les mythologies nordique et germanique se met en scène dans d'invisibles « chasses fantastiques, » Artémis dans la mythologie grecque, Diane dans la mythologie romaine, déesse et non pas dieu pour une discipline de tout temps masculine, saint Hubert de la même manière que saint Eustache et le cerf crucifère dans la tradition chrétienne. L’opposition biblique de Caïn et Abel pourrait être vue comme le reflet de la supplantation du chasseur-cueilleur par l’agriculteur éleveur[réf. nécessaire]. La Grande Muraille de Chine elle-même a été interprétée comme une marque de séparation entre peuples cultivateurs sédentarisés et les nomades chasseurs. La chasse a souvent une importance rituelle ou initiatique pour les jeunes adultes, comme c'est encore le cas chez certains groupes humains. Pour être reconnu comme adulte, le jeune Inuit devait affronter et tuer un ours blanc adulte avec un couteau ou un poinçon[réf. nécessaire].
Le chasseur chassé par son gibier est un thème récurrent de l'imaginaire[22]. Ainsi Actéon, chasseur célèbre de la Grèce antique, est métamorphosé en cerf fuyant ses propres chiens qui ne le reconnaissent pas. De chasseur, Actéon devient gibier. Ovide, dans Les Métamorphoses, écrit à son sujet : « Ses chiens l'ont aperçu (…). Cette meute avide de la curée (…) poursuit le jeune homme (…). Il fuit dans ces mêmes lieux où il a si souvent poursuivi le gibier ; hélas oui il fuit ceux qui étaient à son service »[23].
Les métamorphoses du chasseur en gibier ne sont pas inconnues du Moyen Âge. Dans les marges à drôleries des manuscrits gothiques, les enluminures substituent au chasseur, le chien de chasse, le lapin et surtout le singe. Ou bien on substitue au gibier, le chasseur ou ses chiens. Le singe fauconnier est souvent représenté juchant un âne tenant non pas un faucon mais une chouette. La chouette est un des oiseaux les plus méprisés du Moyen Âge et partage avec le singe une réputation de laideur physique et morale. Quant à l'âne il partage avec le singe une réputation de lubricité qui ne s'est jamais démentie. Dans un manuscrit anglais, cette image est commentée par un proverbe qui implique que ces animaux ne valent rien : « Neyther no less than an ape and an owl an ass »[24]. Dans les décrétales de Smithfield, datant de 1330, la punition du chasseur fait l'objet d'un véritable cycle. Un chasseur est terrassé par un lièvre ou un lapin, puis attaché et conduit devant le juge. Condamné à mort, il est mené au gibet puis décapité[24].
Ces substitutions ont pour but d'être drôles ou didactiques. Elles renversent les valeurs attribuées à la chasse ou à la fauconnerie. Elles ont souvent un contenu sexuel. Dans le Cligès de Chrétien de Troyes, les enluminures transforment un gibier particulier en chasseur, spécialement affecté à la symbolisation du sexe féminin[24].
La chasse est une source de nourriture carnée mais aussi de ressources diverses telles que la peau, la fourrure, la corne, les bois, l'os, les tendons, les dents, etc. Dans les régions arctiques, pour les Inuits, c'était jusqu'à il y a quelques décennies la seule source de nourriture hormis la pêche.
La chasse a pu aussi avoir comme fonction de repousser ou d'éliminer des prédateurs dangereux pour l'humain, tels que le lion des cavernes ou l'ours des cavernes, qui ont pu être en compétition avec lui pour occuper certaines cavités où hiverner.
Avec la révolution néolithique et l'avènement de l'élevage, hormis dans les forêts tropicales et dans les régions polaires, la chasse pour la subsistance perd en importance pour certaines populations. Les prédateurs menaçant le cheptel domestique (loup, lion, tigre…) ont longtemps été pourchassés, souvent jusqu'à leur extinction dans les grandes régions d'élevage.
Dans les sociétés occidentales, la chasse retrouve parfois sa fonction originelle dans les périodes de disette, toutefois avec le monde moderne, l'élevage et l'économie de marché, la chasse n'est souvent plus une nécessité. Les chasseurs la pratiquent ainsi principalement par choix pour des raisons tels que:
Au Moyen Âge en Europe, la chasse se transforme peu à peu en simple activité de loisir, souvent réservée aux classes dominantes, la noblesse, puis les notables, avant de se démocratiser, après la Révolution en France. Toutefois, la chasse reste très prisée dans les classes dominantes, y compris la noblesse, où on la considère souvent comme un signe distinctif.
L'ethnologue replace la cynégétique dans l'imaginaire occidental et sa représentation du Sauvage. Le chasseur « qui a ça dans le sang » affronte dans des espaces réputés dangereux, des animaux demeurés sauvages, c'est-à-dire exclus de l'élevage. Le chasseur s'oppose de cette manière au viandard qui va pratiquer la chasse dans des espaces clos sur des animaux domestiqués. Le sang du chasseur est assimilé à un flux sauvage semblable au sang noir des gros gibiers. « Le « sang noir » est le principe de la formidable vigueur sexuelle qui caractérise cerfs et sangliers. En période de rut, cette substance s'échauffe, « bouillonne », et rend la traque encore plus dangereuse »[25]. En tuant l'animal, le chasseur s'approprie les vertus de sa victime, il récupère le massacre pour s'en faire un trophée. Dans sa fonction rituelle la chasse est une épreuve de virilité, dans certaines traditions, scandinave, grecque et romaine notamment, elle s'accompagne d'une ivrognerie rituelle. Dans diverses sociétés, il arrive que le tueur héroïque châtre sa victime ou boive son sang[25].
Au XVIIIe siècle les philosophes naturalistes, Jean-Jacques Rousseau en tête, revendiquent la prééminence de la nature sur l'humain et s'opposent à toute destruction d'éléments naturels. L'écologisme procède de cette philosophie. L'autre courant, traditionaliste, admet que l'Homme éprouve la nature dans des actes périlleux avec les êtres sauvages. Ces deux courants s'affrontent régulièrement sur les thèmes de la chasse et de la corrida. Le sang versé lors de la chasse, rejoignant en cela la corrida, semble de plus en plus gratuit pour tous ses opposants, bien que ce soit le même sang qui est déversé dans les abattoirs industriels. C'est pour ceux qui le soutiennent une manière de sauver sa vertu au-delà des artifices du monde moderne[25].
La taille des ramures du cerf est à la mesure de sa puissance. En portant son choix sur un tel animal, le chasseur s'éloigne de la fonction régulatrice de la chasse, puisqu'un cerf à la ramure épanouie est aussi un cerf arrivé à sa maturité sexuelle.
Certaines administrations font appel à la chasse pour lutter contre des espèces dites « nuisibles » ou « susceptible d’occasionner des dégâts » (ESOD)[26]. Par exemple, l'Australie lance une guerre des émeus fin 1932[27], et prévoit en 2017 un quota de chasse de 7,2 millions de kangourous[28].
En Floride, une unité d'élite d'une vingtaine de personnes a été créée pour éliminer les pythons birmans, avec une récompense de 50 dollars par serpent[29]. Donna Kalil est la première femme à en faire partie[30].
En France, certaines espèces animales sont classées par arrêté dans diverses catégories de nuisibles (au niveau national ou local), et peuvent alors faire l'objet d'une régulation par la chasse selon certaines conditions[31].
À la fin du XXe siècle, en Occident, le monde de la chasse met en avant la fonction de régulation des populations animales herbivores que remplit la chasse, en remplacement des grands prédateurs disparus ou devenus rares, notamment dans les régions fortement anthropisées. Ses fonctions écologiques s'étendraient aussi à la préservation d'espèces menacées par les activités humaines, comme le petit tétras dans les Alpes, et au développement d'espèces autrefois chassées de façon aléatoire. Le tir sélectif a ainsi fait ses preuves pour une gestion restauratrice de populations de cerfs ou de quelques espèces emblématiques comme le chamois ; les plans de chasse ont dynamisé les populations de sanglier, à tel point que leur population, excessive dans certains départements, présente à son tour un problème.
En revanche, de nombreux territoires ont recours à des lâchers de gibier de tir, qui affaiblissent considérablement les populations existantes quand celles-ci n'ont pas déjà disparu du fait de la dégradation de leurs milieux et de la prolifération d'espèces classées nuisibles comme la corneille noire. Dans cette optique, les lâchers de gibier de tir seraient à proscrire, au profit de véritables politiques de restauration des milieux, seules capables de permettre un retour des espèces sensibles comme les perdrix, le lapin ou le lièvre, voire d'espèces protégées comme le râle des genêts ou l'outarde canepetière.
La position du monde de la chasse quant à la préservation de la biodiversité ne doit pas faire oublier la réalité des évolutions règlementaires en France : jusque dans les années 1970, tous les rapaces et de nombreux petits passereaux étaient chassés, et on doit essentiellement aux associations écologistes d'avoir obtenu la loi de 1976 sur la protection de la faune, qui a permis de sauver in extremis de nombreuses espèces durement touchées par une chasse non sélective.
Pour certains opposants, la fonction de régulation écologique de la chasse reste très discutée, car la sélection naturelle pratiquée par les grands prédateurs qui pistent et tuent préférentiellement les animaux jeunes et inexpérimentés, mal-formés, vieux et malades, n’est que rarement comparable dans ses effets aux résultats du tir au fusil, en particulier pour la chasse de nuit (oiseaux d’eau) qui ne permet pas de distinguer l’état des oiseaux ni même d’identifier avec certitude toutes les espèces, ou concernant une multitude d’espèces non chassées par l’humain (souris, mulots et autres campagnols, par exemple) qui sont les principales proies du loup, du renard, etc., longtemps empoisonnées ou piégées en tant que concurrents de l'humain, mais que le chasseur semble difficilement pouvoir remplacer. De plus, certaines études laissent penser que les déplacements de chiens ou certaines introductions de gibiers ont des impacts sanitaires importants sur les populations sauvages : zoonoses, parasites, appauvrissement ou dérives génétiques, pollution génétique par introduction d’animaux exotiques, d’élevages, ou issus de croisements et marronnage.
Remarques sur la chasse à l'arc : celle-ci se développe, avec un matériel de plus en plus sophistiqué, et se présente également pour certains comme une chasse plus écologique. Elle a le mérite de ne pas émettre de substances polluantes dans l'environnement (de la même manière que pour les balles ne contenant pas de plomb), et de limiter le dérangement de la faune par le bruit et le stress liés aux déflagrations, à l'usage des chiens et des battues. Elle permet aussi de chasser dans des zones « périurbaines » avec des risques bien moins grands pour les riverains grâce à la portée réduite des flèches. Pour mémoire, l'ordre de grandeur de la portée d'une carabine de chasse type .300 WM est de 5 km, celle d'une balle de calibre 12 de 1,3 kilomètre et celle d'un arc moderne à la puissance maximale exploitable par un humain actuel (80 livres à poulies) est de l'ordre de 300 m. Elle a été interdite en France par la loi du qui considérait que ce type de chasse silencieuse favorisait le braconnage, puis autorisée en 1995 par un arrêté[39].
Toutes ces données de tir maximal nécessitent un tir dans des conditions particulières, qui n'ont que peu de rapport avec la chasse. Il faut, en effet, tirer à la manière d'un canon militaire pour obtenir une portée maximale, soit un angle proche des 45° vers le ciel. Le tir du grand gibier (à balle) ne s'effectue pas vers le ciel (ces tirs concernant celui des oiseaux, à grenaille de plomb). Dans la pratique, une balle de carabine tirée à l'horizontale touchera le sol au bout d'environ 300 m (chute liée à la gravité), une balle de fusil à canon lisse cal. 12 touchera le sol au bout d'environ 200 m, et une flèche d'arc à poulie touchera le sol au bout de 70 m.
Pour les chasseurs, l’intérêt principal est de faire durer la chasse aussi longtemps que souhaité puisque les animaux ne peuvent pas s’échapper. En outre, ceux-ci sont nourris, plus nombreux et moins farouches qu’à l’extérieur[40].
La chasse en captivité est autorisée en France dans deux types de structures : les « parcs », dans lesquels la chasse est autorisée pendant les mêmes périodes qu’à l’extérieur ; les « enclos », dans lesquels la chasse est autorisée toute l’année. En France, il existe près de 1 300 parcs et enclos qui détiennent entre 50 000 et 100 000 animaux : sangliers, cerfs, chevreuils, mouflons et daims[40].
En 2022, One Voice révèle la carte des élevages officiels de « grands gibiers » en France[41]. Les animaux à destination des chasseurs y sont identifiés.
Les agents de l’Agence française de la biodiversité, chargés de contrôler les chasseurs en France, n’ont pas le droit d’entrer dans les enclos de chasse sans mandat particulier[40].
Le débat sur la chasse, sur certains types de chasse ou sur ses excès, est extrêmement ancien. Ainsi, Diderot regrette dans l'article consacré à la chasse dans l'Encyclopédie que le goût de la chasse « dégénère presque toujours en passion ; qu'alors il absorbe un temps précieux, nuit à la santé, et occasionne les dépenses qui dérangent la fortune des grands, et qui ruinent les particuliers ».
La chasse (et certains types de chasse en particulier) fait l'objet de nombreuses critiques de la part d'associations et de personnes soucieuses de comportement éthique envers les animaux (par exemple les sabotages de chasse). Celles-ci remettent en question des éléments tels que :
La mauvaise utilisation des armes à feu fait courir un risque aux chasseurs ainsi qu'aux autres personnes. C'est la cause chaque année d'accidents mortels, ou causant de graves séquelles, dont les chasseurs eux-mêmes sont majoritairement victimes[46],[47]. D'autres types de chasses entraînent également des accidents, comme la chasse à l'arc[48] , à l'arbalète[49] ou au harpon[50].
En France une formation obligatoire à la sécurité est associée au permis de chasse depuis 2003.
Un réseau « Sécurité à la chasse », constitué par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), publie un bilan annuel des accidents portés à sa connaissance durant la saison écoulée (de juin à mai) et en analyse la nature et les circonstances, afin notamment d’améliorer la formation des chasseurs à la sécurité :
Selon l'ONCFS, ce sont les négligences ou le non-respect des règles de sécurité qui provoquent la majorité des accidents, notamment le non-respect de la réduction de l'angle de tir à moins de 30°[46]. « Les chasseurs de moins de 40 ans, ayant donc tous passé un examen du permis de chasser, avec l’épreuve pratique existant depuis 2003, causent proportionnellement moins d’accidents que les tranches d’âge supérieures »[52]. En France en 2016, 65 % des accidents de chasse se sont produits lors d'une chasse au grand gibier ; une arme basculante est en cause dans 59 % des cas, devant l'arme semi-automatique (31 %), les autres types armes correspondant à 10 % des accidents[55]. Selon un rapport sénatorial français de 2022, 9 % des accidents graves et décès sont dus à une consommation d'alcool par un chasseur[62].
Les caméras d'action fixées sur les armes de chasse, risquant de pousser les chasseurs à l'imprudence, sont interdites en France depuis un arrêté ministériel publié au Journal officiel du [63].
Au Québec, 37 % des décès accidentels seraient causés par des armes à feu résultant d'accidents de chasse (en 1995, 49 personnes sont mortes des suites de blessures causées de manière accidentelle par des armes à feu, le nombre de blessés serait à multiplier par 13). Dans 55 % des cas la victime fait feu sur elle-même. D'autre part, de 1974 à 1996, 55 % des homicides sont réalisés au moyen de fusil de chasse ou d'une carabine (39 % en 1996). Enfin, en 1995, moins du quart des 4 000 suicidés au Canada l'ont été par une arme à feu, un fusil de chasse plutôt qu'une arme de poing[64].
Il existe au Québec un formulaire pour déclarer les accidents de chasse[65].
L'activité cynégétique a historiquement marqué les écosystèmes et les paysages, notamment quand elle s'est accompagnée de l'usage du feu, des chiens ou de rapaces dressés, du piégeage et du poison.
Si une espèce comme le tigre à dents de sabre semble avoir naturellement disparu, de nombreuses espèces pourraient avoir brutalement disparu du fait de la chasse, bien avant l'extension de l'agriculture et des villes, dans l'hémisphère nord, en Australie et sur un certain nombre d'îles. L'archéologie préhistorique et la paléontologie montrent que ces extinctions ont commencé par la disparition des gros animaux (dont en Europe le mammouth, l'éléphant, l'ours des cavernes, le lion des cavernes, le megaloceros, etc.). Ces extinctions ont coïncidé avec l'extension des populations de l'homme de Cro-Magnon très habile dans l'usage du silex, du propulseur de sagaies, de l'arc, et peut-être de techniques de piégeage et d'empoisonnement.
En Europe de l'Ouest, à la fin du Moyen Âge, la plupart des grands mammifères (cerf, chevreuil, aurochs, bison, renne, etc.) étaient en régression, hormis dans les forêts royales et les zones reculées. Même les gens d'Église pouvaient pratiquer la chasse comme le rappelle un parchemin du moine Abélard qui interdit aux moines qu'il a sous son autorité de chasser l'ours plus de deux jours par semaine. Un menu commun de banquet de Louis XIV pouvait comprendre 300 oursons farcis[66].
Après la Révolution française, les grands mammifères chassés et les oiseaux ont encore fortement régressé, disparaissant de régions entières[réf. nécessaire] (ou totalement pour l'aurochs) et partout hors des zoos puis des anciennes forêts royales de Pologne.
En Amérique du Nord, l'utilisation généralisée des fusils a très rapidement provoqué la régression d'espèces telles que le bison des prairies et la disparition totale des pigeons migrateurs qui par vols de millions d'oiseaux pouvaient obscurcir le ciel et cacher le soleil il y a deux siècles à peine. L'abattage systématique des bisons était plus politique que du fait des chasseurs, dans le but avoué d'affamer les indiens.
Ce n'est qu'à partir des années 1960/1970 qu'à la suite d'une évolution de la règlementation favorisée par la prise de conscience d'une part croissante de la population, à la suite des plans de chasse, et grâce à une alimentation artificielle dite « agrainage » que ces populations se sont reconstituées, sur des bases génétiques appauvries, et dans le cas du sanglier après croisements avec des cochons, mais non sans succès quantitatifs, parfois au point de faire d'importants dégâts dans les cultures ou dans les forêts surexploitées, posant des problèmes dits de déséquilibres sylvocynégétiques. Les populations humaines des régions tropicales et équatoriales, hormis sur les îles, ne semblent pas avoir fait disparaître d'espèces par la chasse, alors que les disparitions et régressions ont été très significatives dans les zones tempérées de l'hémisphère nord et en Australie.
Toutefois, l'amélioration apparente de certaines populations d'espèces chassables pose le problème de leur qualité génétique et sanitaire lorsque des repeuplements issus d'animaux d'élevage ont été réalisés. À la fin du XXe siècle, dans plusieurs pays a émergé un courant en faveur d'une chasse écologiquement responsable, représenté par l'ANCER en France.
Dans les forêts tropicales, la chasse exerce une très forte pression sur les populations d'animaux. Le déclin des mammifères, toutes espèces confondues, s’élève à 13 % du seul fait de la chasse[67].
Un autre problème est l'utilisation massive et encore préférentielle de munitions toxiques (au plomb) contenant des amorces composées de métaux lourds. Ce plomb est notamment à l'origine d'un problème grave et avéré de saturnisme aviaire malgré une évolution vers la substitution des cartouches au plomb par des munitions moins toxiques depuis les années 1980 dans certains pays et pour certains types de chasse. Dans plusieurs pays, la chasse avec des cartouches de plomb est interdite sur toutes les zones humides (étangs, rivières, marais, littoral…) ; les chasseurs ont l'obligation, dans ces zones, d'utiliser des cartouches de billes d'acier, ou d'alliages à base de bismuth ou de tungstène.
Le plomb, très polluant, notamment pour les plans d'eau et la chaîne alimentaire (les cartouches à plomb ne sont interdites d'usage en France que depuis 2005, et uniquement pour un chasseur tirant vers une zone humide ou dans une zone humide, mais des dizaines de milliers de tonnes de billes de plomb sont encore présentes dans les sols et sédiments, facteur de saturnisme aviaire).
Le chasseur est plus exposé que la moyenne à plusieurs risques sanitaires[68], notamment dans certaines régions à risque, s'il dépèce lui-même et sans précaution son gibier, s'il ingère une viande mal cuite (trichinose) ou encore s'il pratique des modes de chasse où l'on est couché au sol, en forêt. Le contact avec l'animal ou avec des chiens infectés est également une source de risques sanitaires.
Hormis les accidents, les principaux risques sont :
En , un sondage One Voice et Ipsos sur la perception de la chasse par les Français indique que le public rejette massivement la chasse et plébiscite une réforme radicale[69].
En France, selon les articles L.422-10 5, L.422-14, L.422-15, et L.422-18 du Code de l’Environnement, les propriétaires terriens dont les terrains sont soumis au droit de chasse d'une association de chasse bénéficient d'une opposition et donc d'un droit de retrait de leur parcelle pour « convictions personnelles opposées à la pratique de la chasse », et ce sans avoir à se justifier. Toutefois, l'exercice du droit d'opposition ne dispense pas l'opposant à la chasse de procéder ou de faire procéder à la destruction des animaux nuisibles et à la régulation des espèces présentes sur les terrains concernés[70].
La chasse de loisir est théoriquement interdite en Inde depuis le Wildlife Protection Act de 1972, ainsi que dans tout le sous-continent indien (la chasse sous contrôle de l'État pour la protection des cultures et la chasse de subsistance restant autorisées). Cependant, une méta-étude soulignait en 2012 que « la chasse se poursuit en fait à un rythme soutenu dans de nombreuses régions, comme en témoignent les nouvelles extinctions de populations locales d'animaux sauvages au cours de la dernière décennie »[71].
La chasse de loisir est en revanche effectivement interdite en Europe dans le canton de Genève depuis 1974, à la suite d'une initiative populaire lancée par les milieux de protection des animaux[72]. En règle générale, l'interdiction de la chasse est à séparer de la gestion des populations, puisque, par exemple, le canton de Genève effectue une régulation de la faune par des agents publics, en dérogation à l'interdiction de chasser[73]. La directive européenne « oiseaux » de 2009 interdisant certaines techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction d’espèces, des techniques de chasse traditionnelles peuvent être localement proscrites[74].
Données de 2007[77].
En 2018, la France comptait 1,1 million de chasseurs, essentiellement masculins (97,8 %), d'âge médian 55 ans. Leur sociologie est la suivante[78],[79] :
Cadre, profession libérale | 36,3 % |
Employé | 23,4 % |
Ouvrier | 15,1 % |
Artisan, commerçant | 9,4 % |
Agriculteur | 8,5 % |
Profession intermédiaire | 6,8 % |
Étudiant | 0,5 % |
En 1999, 73 % des chasseurs étaient fils de chasseur. Les motifs de satisfaction recherchés dans la chasse sont le contact avec la nature, le travail du chien, la pratique d'un loisir entre amis. Passent en second, la gestion d'un territoire, la protection des cultures et forêts, le tableau de chasse[80].
Avec la Révolution française, la chasse s'est popularisée en Europe. Avec les vagues de colonisations, les modes de chasse par arme à feu se sont développées sur tous les continents et elle reste une pratique plutôt rurale, qui tend à être de plus en plus encadrée (permis de chasser, licence, plans de chasse, droits de chasse…) qui alimente une économie importante (jusqu’à 70 % des revenus forestiers et couramment au moins 50 % en France).
En France, le privilège du droit de chasse de la noblesse instauré par une ordonnance de 1396, relayé ultérieurement par un droit de chasse exclusif du propriétaire terrien et la constitution de vastes réserves de chasse pour « les plaisirs du roi » (les capitaineries) constitueront les règles essentielles pendant près de quatre siècles jusqu'à la Révolution, conduisant à l'abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789.
Le droit de chasse exclusif est aboli à la suite de cette nuit du : le principe de la liberté de chasser se substitue au droit exclusif, même si le droit de chasse continue à être considéré comme un attribut du droit de propriété. En application de ce principe, le Parlement adoptera en 1844 une solution de compromis qui permet à tous de chasser avec l'accord tacite du propriétaire.
La loi du constitue encore, à l'heure actuelle, le fondement de l'organisation de la chasse dans son ensemble. Elle considère le gibier comme objet de prélèvement car nul ne songeait à l'époque à la gestion des effectifs, ni à la protection des biotopes. Cette législation a largement perduré depuis, complétée par diverses dispositions adoptées au cours du XXe siècle.
Cette loi a notamment interdit le droit à chasser avec des lévriers[81].
En droit, la chasse est définie comme un prélèvement artificiel sur la faune terrestre. La loi dite Verdeille définit l'acte de chasse comme « tout acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l'attente du gibier ayant pour but ou pour résultat la capture ou la mort de celui-ci » (article L.420-3 du code de l'environnement).
En 2010, est publié au Journal officiel un décret créant une contravention de cinquième classe pour obstruction à un acte de chasse, passible de 1 500 euros d'amende[82].
Juridiquement, la chasse a aussi une dimension d'appropriation d'animaux sans propriétaires légaux par un individu ou un groupe d'individus (Res nullius dans le droit). Ainsi en 1845, selon J. Perrève (ancien procureur du roi et juge, « la chasse, qui est un titre d'occupation, un moyen originaire, primaire d'acquérir la propriété, est l'action de les rechercher, de les poursuivre, de s'en emparer par force, par ruse ou adresse, soit au moyen d'engins, soit à l'aide d'animaux domptés pour l'usage domestique ou dressés à cette fin »[83].
Les opérations de destruction sont soumises au droit de destruction, qui diffère pour partie du droit de chasse.
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