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château à Saint-Vougay (Finistère) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le château de Kerjean est un château sur la commune de Saint-Vougay, dans le département français du Finistère. Il est classé au titre des monuments historiques par arrêté du [1]. Témoignage de la Bretagne prospère, la forteresse de Kerjean est un des plus beaux exemples d’architecture de style Renaissance du pays de Léon. Le château de Kerjean appartient à l'État qui en confie la gestion au département du Finistère. L'EPCC Chemin du patrimoine en Finistère gère son ouverture au public.
Château de Kerjean | |
Vue aérienne du château | |
Période ou style | Style Renaissance |
---|---|
Début construction | 1545 |
Fin construction | 1596 |
Propriétaire initial | Louis Barbier |
Destination initiale | Habitation |
Propriétaire actuel | État - Ministère de la Culture |
Destination actuelle | Musée |
Protection | Classé MH (1911) |
Coordonnées | 48° 34′ 50″ nord, 4° 08′ 50″ ouest |
Pays | France |
Anciennes provinces de France | Duché de Bretagne (Léon) |
Région | Bretagne |
Département | Finistère |
Commune | Saint-Vougay |
Site web | http://www.cdp29.fr |
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À la fin du XVIe siècle, la Bretagne, et en particulier le Léon, traverse une période faste : l’agriculture et le commerce sont florissants, grâce aux cultures de céréales et de lin, et la fabrication de toiles, vendues sur toute la façade de l’Europe, depuis les ports de Morlaix, Landerneau et Roscoff. C’est dans ce contexte de prospérité économique que la famille Barbier fait construire sa demeure sur ses terres, à Saint-Vougay, une commune située à mi-chemin entre Lesneven et Saint-Pol-de-Léon. La famille Barbier est une famille noble mais modeste implantée dans le Léon au 15e siècle dans les villes Plougoulm et Tréflez[2]. À la place de l’ancien manoir, la famille fait ériger une forteresse, surpassant toutes les demeures nobles de la région : le château de Kerjean[3].
Lieu de réception et d’agrément, l’édifice suit la mode de son siècle et donc les règles de l’architecture de la Renaissance, qui abandonne le gothique au profit de l’esthétique antique. Le nom du maître d’œuvre du chantier demeure aujourd’hui inconnu, mais ses sources d’inspiration transparaissent à travers les formes du château. Jacques Androuet du Cerceau, l’architecte qui a construit le pont Neuf à Paris, Philibert Delorme, bâtisseur du palais des Tuileries ou encore Sebastiano Serlio, auteur d’un important traité d’architecture, ont sans doute influencé le style de Kerjean[3]. Cependant, les préoccupations architecturales de la famille Barbier ne sont pas qu'esthétiques. On ordonne alors l'édification d'une grande enceinte défensive de forme trapézoïdale et qui est flanquée d'un petit bastion à chacun de ses quatre angles. Cette enceinte est remparée, c'est-à-dire que derrière ses épais murs en maçonnerie est entassée une grosse levée de terre dont le sommet aplani peut servir de plate-forme d'artillerie. Les bastions sont munis de casemates étagées sur plusieurs niveaux. Elles permettaient aux défenseurs d'effectuer des tirs de flanquement le long des courtines. Ces bastions miniatures ainsi que le remparage de l'enceinte répondaient aux derniers progrès de l'architecture militaire de cette époque. Un fossé sec entoure cette enceinte. Il est franchi par un pont dormant menant à la double porte (charretière et piétonne) traversant le rempart. On l'a alors surnommé le « Versailles de la Bretagne »[4].
En 1618, la famille Barbier demande à Louis XIII que le domaine de Kerjean soit érigé en marquisat. Le roi, qui considère le château comme l’une des plus belles demeures de France, accède à la requête des propriétaires. Quelque peu délaissé au XVIIe siècle, l’édifice retrouve son éclat avec les successeurs des Barbier, les Coatanscour. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Suzanne Augustine de Coatanscour, épouse de François-Gilles de Kersauzon, y reçoit la noblesse léonarde dans un cadre luxueux. Mais la Révolution française met un terme à ce prestigieux train de vie : la marquise de Coatanscour est arrêtée, emprisonnée à Brest et guillotinée[3].
« Les marquis de Kerjean étaientles plus orgueilleux entre les orgueilleux. La dernière marquise, Suzanne de Coatcanscour, femme renommée autant par sa beauté que par son luxe et son orgueil, tenait garnison dans ce château , dont les créneaux portient de l'artillerie, et, chaque soir, les clefs de la place étaient déposées sous le chevet de la châtelaine ». Dernière châtelaine de Kerjean (aucun des enfants du couple ne survécut longtemps), elle se renferma dans sa demeure qu'elle tint continuellement sur le pied de guerre, faisant garnir les remparts et les tours de couleuvrines et d'engins de défenses ; les ponts-levis étaient relevés tous les soirs au son de la cloche et les clefs du château déposées à la fin du jour au chevet de son lit. Elle fut l'orgueilleuse princesse des dernières années de la Monarchie, mais elle sut aussi se faire aimer des pauvres dont elle ne cessa de secourir les misères et qui gardèrent, comme ses serviteurs, le pieux souvenir de ses bienfaits. Elle fut arrêtée dans son château, condamnée à mort et guillotinée à Brest le 9 messidor an II (). Le château fut démantelé et son artillerie emmenée à Brest[4].
Confisqué par la Nation (devenu bien national), Kerjean sert, dans un premier temps de garnison, avant d’être vendu en 1802 à la famille Brilhac[Note 1]. Cette dernière participe au démantèlement d’une partie du château en vendant les matériaux. Les propriétaires suivants, les familles Forsanz[Note 2], puis Coatgoureden[Note 3], maintiennent l’édifice en l’état. Et c’est finalement en 1911 que l’État rachète le château et le classe aussitôt monument historique[3].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château de Kerjean accueille les collections du château de Brest, ainsi que les statues le Triomphe d'Amphitrite, Neptune et la Marne (autrement appelée l'Abondance) du sculpteur baroque français Antoine Coysevox, données à la ville de Brest en 1801. Après guerre, si la plupart des collections purent regagner Brest, ce ne fut pas le cas pour le canot impérial de Napoléon Ier et des statues de Coysevox, qui prirent la direction de Paris, pour se retrouver pour le premier, au musée national de la Marine au palais de Chaillot, et pour les dernières, au musée du Louvre.
Depuis 1985, le domaine est mis à la disposition du conseil général du Finistère. La restauration de la demeure seigneuriale a été achevée en 2005[3].
La famille Barbier, originaire probablement du Morbihan, s'installe dans le Léon et entrent en possession de Kerjean au début du XVIe siècle, Yves Barbier (né en 1421, décédé après 1512) étant probablement le premier propriétaire du domaine, dont hérita son fils Jean Barbier.
En 1802, le château de Kerjean (qui avait été vendu comme bien national et occupé par la troupe, les soldats contribuant largement à le détériorer, pendant la Révolution française) est acheté par la famille Brilhac qui vend le plomb des toitures et des pierres du rempart, ajoutant à la ruine, déjà bien entamée, du château ; dans le courant du XIXe siècle le château passe successivement aux mains de la famille Forsanz, puis Coëtgoureden. Ces derniers le vendent à l'État qui en confie la gestion au département du Finistère.
La forteresse de Kerjean se dresse au cœur d’un parc de 19 hectares. Cet espace naturel venait à l’origine renforcer l’image de richesse véhiculée par l’architecture hors normes du château.
Aujourd’hui, trois éléments témoignent de la puissance seigneuriale : un colombier de 9 mètres de diamètre, à l’entrée du domaine (jusqu’à la Révolution française, seules les familles nobles étaient autorisées à en faire construire), des poteaux de justice (le seigneur de Kerjean pouvait exercer la haute justice sur ses terres, c’est-à-dire prononcer les peines capitales, et donc condamner à la pendaison) et une fontaine près de l’étang. Un élégant puits à trois colonnes reflète par ailleurs le goût des bâtisseurs de l'époque pour l'art italien de la Renaissance.
Depuis le , cinq domaines patrimoniaux du Finistère - l’abbaye de Daoulas, l’abbaye du Relec, le manoir de Kernault, le château de Kerjean et le domaine de Trévarez - sont réunis au sein de l’établissement public de coopération culturelle « Chemins du patrimoine en Finistère ».
En 2011 un parterre régulier est réaménagé dans le but d’agrémenter la promenade autour de l’enceinte et de souligner certains monuments comme le colombier, les poteaux de justice ou la fontaine[6].
La chapelle du château de Kerjean est située dans l'un des angles de la cour du château.
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