Paul Rebeyrolle, né le à Eymoutiers (Haute-Vienne) et mort le à Boudreville (Côte-d'Or), est un peintre, lithographe et sculpteur français[1].

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Paul Rebeyrolle
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Biographie
Naissance
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Nationalité
Activités
Conjoint
Autres informations
Mouvements
Influencé par
Distinction
prix de la Jeune peinture (1950)
prix Fénéon (1951)
Œuvres principales
Le Cyclope (Hommage à Georges Guingouin), 1987
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Artiste expressionniste et matiériste, il est rattaché au courant de la nouvelle figuration.

Biographie

Né du mariage de Jean Rebeyrolle et de Marie Ensergueix, instituteurs, Paul Rebeyrolle voit son enfance marquée par le mal de Pott, tuberculose osseuse l'obligeant à de longs moments d'immobilité[2]. Il effectue ses études secondaires jusqu'à l'obtention du baccalauréat de philosophie au lycée Gay-Lussac de Limoges avant de rejoindre Paris en [2]. Il découvre alors les peintres contemporains ainsi que la peinture classique au musée du Louvre et, restitue Bernard Dorival, c'est rapidement qu'il est remarqué « pour la robustesse de ses dons : il s'oriente bientôt vers un réalisme violent où se retrouve son goût pour les peintres espagnols. Figures rudes des paysans de son pays, animaux morts, chienne ou chèvre au ventre énorme lui sont des thèmes familiers »[3].

Il est acteur engagé du Manifeste de l'homme témoin qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, prône autour du critique d'art Jean Bouret un retour au réalisme contre les tendances de l'art contemporain[4]. Il participe ainsi le à la galerie du Bac à l'exposition de « L'homme témoin » avec Bernard Lorjou, Yvonne Mottet, Michel Thompson, Michel de Gallard et Gaston Sébire. Ce groupe de « L'homme témoin », que rejoindront bientôt Bernard Buffet, Jean Couty, Simone Dat et André Minaux, sera fondateur du mouvement de la Jeune Peinture. En la même année 1948, il exécute pour les abattoirs de la Villette une fresque murale précisément intitulée Les Abattoirs de la Villette[5].

Ainsi, en 1949 (année où il épouse Simone Dat[6]), Rebeyrolle  il est alors installé à La Ruche du 2, passage de Dantzig[7]  est à l'origine du Salon de la Jeune Peinture avec Denys Chevalier, Pierre Descargues, Philippe Cara Costea et Gaëtan de Rosnay, dont la première édition intitulée Premier Salon des Jeunes Peintres se tient du au  année de deux voyages en Italie et en Espagne, qu'il consacrera à la visite des musées[8]  à la galerie des beaux-arts[7]. C'est à la fin du quatrième salon, soit le , que le comité fonde l'Association de la Jeune Peinture dont les statuts, rédigés par l'avocat Jean Guillemot « en étroite collaboration avec Rebeyrolle »[9] sont déposés en préfecture le revêtus de la signature de l'artiste[9].

Membre du parti communiste français à partir de 1953, Rebeyrolle rompt avec ce dernier en 1956 lors de l'invasion russe en Hongrie et du fait de la duplicité du parti face à la guerre d'Algérie[10]. À cette occasion, il peint un grand tableau intitulé À bientôt j'espère[11].

En 1959 à Eymoutiers, il exécute un grand tableau intitulé Planchemouton (nom d'une rivière et d'une grange), commandé par le comité de la première Biennale de Paris, pour orner l'escalier du palais des Beaux-Arts. En 1963, il quitte Paris et s'installe à la campagne pour y vivre et travailler, d'abord dans le département de l'Aube puis en Côte-d'Or.

À partir de 1968, il commence un cycle de séries souvent définies par le terme de « politique », que l'on peut énumérer par leurs titres[12] :

  • 1968 : « Guérilleros » ;
  • 1970 : « Coexistences » ;
  • 1972 : « Les Prisonniers » ;
  • 1973 : « Faillite de la science bourgeoise » ;
  • 1975 : « Natures mortes et pouvoir » ;
  • 1980-1982 : « Les Évasions manquées » ;
  • 1983 : « Le Sac de Madame Tellikjian » ;
  • 1984-1985 : « On dit qu'ils ont la rage » ;
  • 1986 : « Germinal » ;
  • 1987 : « Au Royaume des aveugles » ;
  • 1990-1991 : « Les Panthéons » ;
  • 1993 : « Splendeur de la vérité » ;
  • 1996 : « Le Monétarisme » ;
  • 2001 : « Clonage » ;
  • 2004 : « Autophages ».

Son œuvre, immense, toujours figurative, est marquée par la violence, la rage, la révolte face à l'oppression ou l'engagement politique. Elle est ponctuée de tableaux animaliers et paysagers, ainsi que de tableaux employant des matières collées sur la toile (terre, crin, ferraille…)[13]. « De ces amalgames, perçoit ainsi Jean-Louis Prat, surgissent des images qui affirment la résurrection de la matière, par là même celle de la peinture »[14].

Peu médiatisée de son vivant, méconnue du grand public ainsi que de certaines institutions, cette œuvre a néanmoins été appréciée par les philosophes Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault ainsi que par certains collectionneurs, tel François Pinault. Il meurt le dans sa maison de Boudreville[15],[16],[17],[18]. Ses cendres ont été dispersées dans la rivière Planchemouton à Eymoutiers[19].

Œuvres

Collections publiques

France

Canada

Cuba

États-Unis

  • Mission permanente de la France auprès de l'Organisation des Nations-Unies, New York, Paysage, huile sur toile 100 × 100 cm[21]

Collections privées référencées

Publications illustrées par l'auteur

Récompenses

  • Prix Paillard du jury du prix Drouant-David de la Jeune Peinture, 1949[21].
  • Prix de la Jeune peinture, 1950, pour La femme au gant (portrait de Simone Dat)[39].
  • Prix Fénéon, 1951, pour Portrait de Jean Rebeyrolle[3].
  • Prix de la Biennale de Paris, 1959, pour Planchemouton, panneau de 18 mètres titré du nom de la grange du Limousin dans laquelle il a été peint[5].
  • Premier prix de la section française à la John Moores Exhibition, Liverpool, 1959.
  • Grand prix de la Ville de Paris, [39].

Expositions

(Liste non exhaustive, classée par année de publications ou de réalisations).

Catalogues d'expositions

Expositions personnelles

  • Peindre, Galerie Julio Gonzalez, Arcueil, 2022[70].

Expositions collectives

Réception critique

« C'est de la chair et de la vraie peinture, ça a de l'ambition, ça cogne, ça vit, c'est plein de feu. »

 Jean Bouret[81]

« …À la Galerie Maeght où Rebeyrolle a exposé une nouvelle série, Coexistences, pour laquelle Sartre a écrit une préface. En 1969, Rebeyrolle avait dénoncé les forfaits de l'impérialisme ; cette fois il s'attaquait au socialisme, coupable non seulement des crimes perpétrés à Prague, à Moscou, mais responsable aussi de ceux qui se commettent au Brésil, en Grèce, au Vietnam, puisque, au nom de la coexistence, il ne tente pas de les empêcher. Le rouge du drapeau, porteur jadis de tant d'espoir, se confond sur ces toiles avec la couleur du sang versé, des chairs béantes. Ces corps broyés, Rebeyrolle ne les évoque pas abstraitement : c'est dans leur matérialité qu'il impose à notre regard l'horreur, la colère qui l'habitent. Si ces sentiments, tout en nous empoignant, demeurent supportables, c'est grâce à ce que Sartre appelle "l'alacrité" de ces tableaux ; la joie, qu'à travers sa fureur, Rebeyrolle a éprouvé à peindre, il nous la fait aussi partager. »

 Simone de Beauvoir[41]

« La forme, ici, est entièrement recomposée ; malgré les couleurs sombres et le ton sur ton, les silhouettes se découpent avec précision. Pourtant, le contour n'est pas obtenu par une ligne qui court net le long du corps, mais par des milliers de traits perpendiculaires, des brins de paille, qui forment un hérissement général, une sombre présence électrique dans la nuit. Il s'agit moins d'une forme que d'une énergie, moins d'une présence que d'une intensité, moins d'un mouvement et d'une attitude que d'une agitation, d'un tremblement difficilement contenus. Se méfiant du langage, Spinoza craignait qu'on confonde sous le mot chien l'animal aboyant et la constellation céleste. Le chien de Rebeyrolle , lui, est résolument animal aboyant et constellation terrestre. Ici, peindre la forme et laisser fuser la force se rejoignent. Rebeyrolle a trouvé le moyen de faire passer d'un seul geste la force de peindre dans la vibration de la peinture. »

 Michel Foucault[82]

« D'emblée, nous subissons l'emprise de la force extraordinaire qui se dégage d'une peinture où tout est tension, tempête, fureur et déchirement. Les toiles sont comme giflées par la couleur qui s'y projette avec véhémence, y formant des empâtements et y laissant des coulées d'où émergent les nus, sous la lumière à la fois pauvre et cruelle d'une ampoule électrique. »

 Jean Selz[83]

« Un art exprimant la rage de créer qui anime ce peintre du refus et de l'indignation, une peinture d'angoisse hallucinée et de réalisme exaspéré, de lutte pathétique avec le mystère des choses, de violece accusatrice aux accents céliniens. La figuration tragique de cet écorché vif s'accorde difficilement avec l'esprit cartésien français. Dans la véhémence d'un expressionnisme poussé jusqu'à la caricature, ce tempérament généreux et violent évoque toutes les souffrances humaines dans des formes tuméfiées surgissant d'une pâte épaisse et malaxée. »

 Gérald Schurr[39]

« Les séries peintes par Paul Rebeyrolle montrent avec toujours plus de vigueur, voire de colère et d'indignation, des thèmes dont les lignes de force sont évoquées par des titres courts qui éclairent sa peinture de tout son sens Les Guérilleros, Les Prisonniers… Il s'engage dans des séries, thèmes qu'il creuse sans cesse pour les forcer à l'extrême ; c'est l'indignation qui fait alors s'exprimer Rebeyrolle le dissident. Ses œuvres sont autant de regards portés sur le monde, leur acuité nous bouleverse. Puis le peintre revient à la nature, au repos qui en émane et auquel il aspire. La terre, les sources, les torrents sont cette respiration qui redonne un nouveau soufflé à l'œuvre, et les thèmes habituels réapparaissent : Sangliers, Nus ou Grands paysages. Ce terrien authentique prend la terre à pleine main, l'agglomère à sa peinture, y mêle ces éléments qui sont le plaisir des promenades, morceaux de bois, écorces, champignons, plumes ramassées au bord des chemins… De ces paysages et natures mortes émane une sérénité à l'opposé de l'anxiété du monde des vivants tel que Paul Rebeyrolle les peint… Dans tout cela rien de paisible, la vie est en danger et s'oppose à la quiétude des paysages. Grillages, fils de fer, fils électriques, fragments d'étoffes, crins enchevêtrés donnent une consistance, une réalité rude que l'artiste laisse échapper de la toile ; la matière élargit le champ habituel de la peinture, de la façon la plus littérale elle échappe à l'encadrement. »

 Alain Tourneux[13]

« Sartre (Guérilleros, 1968) et Foucault (Faillite de la science bourgeoise, 1973) font un bout de route avec celui qui se confronte à la politique et dialogue avec une nature toujours présente. Sa peinture entre en résistance. Des épaisseurs apparaissent, la couleur sensuelle et juteuse s'écrase puis rebondit. Avec rage et amour, les pigments flirtent avec le sable, le crin, la toile se laisse violer par le grillage à lapins, des matériaux qui traînent. Parmi les ultimes séries, Le Monétarisme, Clonage, Rebeyrolle refuse le conformisme, dénonce le "système autophage". Voilà pourquoi sa peinture est une arme, comme elle le fut pour Goya. Une œuvre immense est là. Visionnaire et éternelle. »

 Lydia Harambourg[18]

« Rebeyrolle témoigne du souci d'intégrer les fluctuations du goût : adieu Francis Gruber, vive Jackson Pollock ! Il échappe ainsi à l'opprobre qui entache ses camarades de la Ruche. Mais, Rebeyrolle n'en déroute pas moins nombre de ses partisans. Ceux qui saluent, au tout début des années cinquante, le digne héritier de Gustave Courbet, ne se retrouvent pas dans les toiles proches de l'abstraction peintes dix ans plus tard, même si l'artiste persiste à donner des visions formelles, celle des grenouilles ou des nus… L'artiste a imprégné la Jeune Peinture de son talent et de son charisme, d'une empreinte si définitive qu'elle suffit à lui ouvrir les portes du Panthéon réservé aux plus grands. »

 Éric Mercier[84]

« Avec Paul Rebeyrolle, c'est à un "peinturier" féroce et généreux que l'on a affaire. Son œuvre part du réel, viscéralement, pour en découdre avec lui, avec ses injustices flagrantes, ses coups de sang, sa beauté lourde à digérer aussi, transcrite sans ambages. Autant de points communs avec Courbet dont il se réclame haut et fort durant la seconde moitié du XXe siècle et qui partage son refus des conventions. »

 Tom Laurent[85]

« Mon père a toujours dénoncé la folie des hommes, la torture, les abus de pouvoirs. Pour moi, c'est un peintre intemporel. Il ne faisait pas de jolis tableaux, il faisait des tableaux qui disent »

 Nathalie Rebeyrolle[62]

Notes et références

Voir aussi

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