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peintre et graveur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Gaston-Louis Roux né le à Provins et mort le à Paris est un artiste peintre, dessinateur et graveur français.
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Académie Ranson, Paris, 1919-1922 |
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Gaston-Louis Roux est le second enfant - son frère Lucien est de trois ans son aîné - né le au 15, place Saint-Ayoul à Provins du mariage d'Armand Roux, alors commis de banque - il sera plus tard marchand de vins en gros puis agent d'assurances - et de Marie-Louise Gozdik, couturière d'ascendance polonaise[1].
La famille vit à Provins jusqu’à la fin de la guerre 1914-1918, s’installant alors à Paris où l'adolescent suit de brillantes études jusqu’au collège mais ne souhaite cependant pas poursuivre dans cette voie. Il est en effet attiré par le dessin et la peinture et, déclinant la bourse d'études dans l'enseignement secondaire qui lui était proposée, entre en 1919, malgré l'avis opposé de ses parents, à l’Académie Ranson où il a comme professeurs Maurice Denis, Ker-Xavier Roussel, Paul Sérusier et Édouard Vuillard[2],[3]. Il y demeure jusqu’en 1922 où il rejoint Raoul Dufy en tant qu'assistant décorateur[4]. En 1924, il effectue son service militaire au service de santé du Val-de-Grâce où il est chargé de la réalisation de planches d'anatomie[5].
En 1926 commence pour Gaston-Louis Roux une carrière de dessinateur grâce à André Malraux et à Pascal Pia qui lui confient des travaux d’illustration (Les souvenirs d’égotisme, de Stendhal ; Les exploits d’un jeune Don Juan d’Apollinaire ; Les Lettres de Mérimée, etc.)
En 1927, il fait la connaissance d’Élie Lascaux et d’André Masson qui le présentent à Daniel-Henri Kahnweiler. Ce dernier dirige la galerie Simon et prend aussitôt le jeune peintre sous contrat[6]. Gaston-Louis Roux rencontre alors les artistes de la galerie, dont Pablo Picasso qui, selon James Johnson Sweeney et George L. K. Morris (en), aurait été largement inspiré par ses « distorsions figuratives » dans sa période de Dinard[7], le peintre espagnol Josep de Togores (es) (1893-1970) avec qui il effectue un long séjour dans le Midi de la France en 1930 et de nombreux écrivains parmi lesquels Paul Éluard, Max Jacob, Carl Einstein ou Vicente Huidobro. En 1929, Kahnweiler lui offre sa première exposition individuelle, préfacée par Roger Vitrac qui l'y définit comme « le grand peintre du mouvement », trouvant dans ses « automates monstrueux à l'invisible machinerie » - comme dans son tableau L'arracheur de dents - l'illustration de « la lumière moderne »[8].
La crise de 1929 dont les effets se font sentir plus tardivement en France conduit cependant la galerie Simon à interrompre en 1932 les versements qu’elle fait à ses peintres. Quelques jours avant Noël 1933, Daniel-Henri Kahnweiler confirmera du reste à Gaston-Louis Roux : « J'ai quelque chose de bien triste à vous annoncer : je ne pourrai plus vous acheter de tableaux. Vous vous doutez bien qu'il ne s'agit plus d'affaires depuis longtemps, mais simplement de trouver l'argent nécessaire aux achats. J'avais réussi jusqu'à présent mais je n'y arrive plus. Je n'ai pas besoin de vous dire que votre peinture n'est pas en cause : je l'aime toujours autant mais ne pourrai plus l'acheter, ni la vôtre, ni celle des autres »[6].
Sans travail, sans perspective d’en trouver un et désirant mettre fin à une liaison sentimentale, Gaston-Louis décide, accompagné de la linguiste Deborah Lifchitz (Kharkiv, 1907 - Auschwitz, 1942), de participer, comme peintre, à la mission « Dakar-Djibouti »[9] dont fait partie son ami, l’ethnologue Michel Leiris. L'odyssée, épique, impose à l'artiste une polyvalence inattendue : « il procède à des relevés graphiques, restitue ainsi Pierre Vilar, et se découvre une vocation de naturaliste. Non seulement il travaille à la mise à mort par arme à feu et à la préparation de volatiles destinés au Museum mais, vers le début de son voyage, il doit, de ses propres mains, enterrer un colonel italien assassiné près du camp »[10].
Mais surtout, Roux rapportera les fresques - datées de la fin du XVIIe siècle, voire de 1714 selon Wilhelm Staude (de) qui voit en elles « la manifestation monumentale d'une école de peintres, enlumineurs surtout, qui florissait en Abyssinie dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe siècle »[11],[12] - qu'avec Marcel Griaule il a démarouflées en l’église Abba Antonios, construite sous le règne de Yohannès Ier au nord-ouest de Gondar, y laissant en lieu et place les copies, « éblouissantes » selon Michel Leiris, qu'il a fidèlement exécutées[13],[14], un vieux peintre abyssin « très au courant de son art »[15], le prêtre Kasa, œuvrant à ses côtés[16], devenant son meilleur ami parmi ses compatriotes et l'appelant « Abba Fatanou » (littéralement : Père qui travaille vite)[14].
Initialement déposées au Musée de l’Homme - parmi elles, la Lapidation d'un martyr chrétien (très vraisemblablement Saint Étienne)[17] -, les fresques originales sont actuellement conservées au musée du Quai Branly - Jacques-Chirac[18],[19],[20],[21],[22].
Dès son retour, il se remet à la peinture et retrouve ses amis poètes Jacques Baron, Robert Desnos et Roger Vitrac. Avec certains d’entre eux, il devient alors membre du premier jury du prix des Deux Magots créé par Martyne, bibliothécaire de l’École nationale supérieure des beaux-arts, lequel est attribué à Raymond Queneau pour son premier roman Le Chiendent en 1933. Il fréquente également Jacques et Pierre Prévert ainsi que Georges Bataille et de nombreux surréalistes, sans toutefois adhérer au mouvement.
En 1935, il épouse Pauline Chenon (1914-2015) et s’installe à Luxembourg avec elle : tous deux ont en effet accepté des postes de speakers à Radio Luxembourg. En 1936, cependant, il revient à Paris : Zette Leiris et Armand Salacrou lui ont proposé un poste à Radio Cité (Paris).
Infirmier dans un train sanitaire au début de la Seconde Guerre mondiale, il a la chance de pouvoir gagner la Zone libre au moment de la débâcle puis de rejoindre Paris après la démobilisation. Une période noire s’ouvre alors pour lui : il a quitté Radio Cité en raison de la ligne collaboratrice adoptée et se retrouve sans travail. Le monde qui l’entoure le plonge dans un état de dépression profonde, il continue à peindre mais difficilement et sa peinture auparavant pleine d’invention et de gaîté se fait souvent lugubre. Il tire ses revenus de l’illustration d’ouvrages (États de veille, de Robert Desnos ; Chansons de Robert Ganzo[23]). En 1943, il réussit cependant à se faire engager comme speaker par l’Union des aveugles de guerre. Son fils Philippe est né en 1941, sa fille Catherine en 1944 : il veut assurer un revenu stable à sa famille.
À la fois lecteur et directeur du service du « Livre parlé », il met progressivement à la disposition des aveugles des milliers d’ouvrages[24]. Travaillant dans cet organisme l’après-midi, il consacre ses matinées à la peinture, en toute indépendance. Jusqu’à un âge avancé, il continue d'ailleurs à enregistrer des livres pour cette institution à laquelle il reste attaché[Note 1], sans doute par le besoin de communiquer avec ceux auxquels il ne peut montrer sa peinture.
À la Libération, ses relations avec la galerie Simon, devenue la galerie Louise Leiris, reprennent. Une exposition, dont le catalogue est préfacé par Georges Bataille, a lieu en 1947. Mais la longue période de doutes et de troubles qui va de 1929 à 1944 fait que Gaston-Louis Roux a changé. Il ne veut pas rester prisonnier de la peinture qui lui a valu la notoriété dans sa jeunesse. Il a besoin de passer à autre chose et la figuration s’impose de plus en plus à lui. La rupture aura lieu en 1949-1951 mais il reste à la galerie Louise Leiris qu’il décide de quitter en 1956. Il se rapproche à cette époque de Jean Hélion qui, après une période abstraite, est lui aussi revenu à la peinture figurative et qui, dans leur correspondance suivie, l'encourage quant à cette « voie la plus juste » où il vient de s'engager[25].
Il est soutenu de même dans sa démarche par son ami Alberto Giacometti qu’il connaît depuis les années 1930 et par un groupe d’écrivains, de peintres, de sculpteurs et d’amateurs comme Pierre Bruguière qui va créer une dizaine d’années plus tard la « Rue de Bourgogne » pour tenter de promouvoir les peintres qu’il aime. Dans ce cadre nouveau, Gaston-Louis Roux fait notamment la connaissance du poète Yves Bonnefoy - qui l'évoquera dans son livre Un rêve fait à Mantoue[26] - ou des sculpteurs Raymond Mason (1922-2010) - dont l'épouse, la galeriste Janine Hao, accueillera plusieurs expositions personnelles de Gaston-Louis Roux - et surtout William Chattaway (en) (1927-2019) qui deviendront des amis.
Schématiquement son œuvre s’ordonne désormais autour de deux lieux principaux : son atelier, et le lieu où il passe l’été. Dans un premier temps, c'est donc l’impasse Ronsin pendant l’hiver et l'île de Ré) pendant l'été où, entouré de sa famille, il retrouve l'écrivain Georges Limbour. Sa peinture s’attache à montrer l’espace où son quotidien s’inscrit et la lumière de ses paysages reflète alors les lumières adoucies des rivages atlantiques.
En 1970, il doit quitter son atelier parisien du 6, impasse Ronsin, ce qui constitue pour lui une nouvelle rupture, double d’ailleurs. Craignant en effet de ne pouvoir se reloger à Paris, il achète une maison en ruine dans le Gard, au centre du village de Seynes, dans les Garrigues, au pied du Mont Bouquet, non loin d’Uzès. Mais André Malraux et Louis Chevasson interviennent et il peut s’installer au 9, rue Ricaut (13e arrondissement), dans un immeuble destiné aux artistes que les HLM de la Ville de Paris viennent de construire.
Une fois encore sa vie va se partager entre Paris et la campagne, séjournant chaque été à Seynes pour y rencontrer ou y recevoir des amis parmi lesquels les peintres Roger Montandon et Otto Schauer, le diplomate Stéphane Hessel ou le poète Jacques Baron. Sa peinture évolue sous les lumières dures du midi, lumières qu’il avait d’ailleurs découvertes au début des années 1960 à Velletri, en Italie. Cette lumière modifie sa palette mais il a toujours les mêmes attirances. Au-delà de quelques nus et portraits (tels l’Autoportrait de 1957[27], les portraits dans l'atelier de son épouse Pauline en 1962[28], de l'écrivain Christian Giudicelli en 1970[29] : « De ces portraits, observera Jacques Baron, se dégage tout le possible de la condition humaine. Le peintre est attentif à ne rien laisser perdre de la respiration de l'âme à travers la peau de son modèle. Il ne s'agit pas, bien entendu, de psychologie, mais d'une sympathie agissante par les moyens de l'art[30]. »), ce sont les objets qui l’entourent, l’arbre ou la pierre et la fleur ; c’est la route qui tourne avant de disparaître, un cheminement entre les arbres ou la falaise qui brusquement plonge mais dont un rideau d’arbres le protège.
De plus en plus fatigué mais sachant encore passer de l’angoisse à l’ironie et au plaisir de saisir l’instant présent, il continue à peindre jusqu’à la veille de sa mort, le dans le 13e arrondissement de Paris[1]. Il est inhumé au cimetière de Seynes où son épouse Pauline le rejoindra en août 2015.
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