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sculpteur français (1741–1828) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean-Antoine Houdon, né le [1] à Versailles et mort le à Paris, est un sculpteur français.
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Marie-Ange-Cécile Langlois (d) (à partir de ) |
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Joséphine Calamatta (petite-fille) Marguerite-Julie-Antoinette Houdon (cousine germaine) |
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Genre artistique | |
Distinction |
George Washington, L'Écorché, Portrait de Voltaire |
Il est l'un des plus importants statuaires du XVIIIe siècle. Réputé pour le rendu réaliste de ses œuvres, habile non seulement dans le travail en marbre, Houdon avait aussi un talent et aptitude pour façonner la terre, le plâtre et le bronze. On l'appelle souvent « le sculpteur des Lumières »[2].
La mère de Jean-Antoine Houdon, Anne Rabache, était issue d'une famille de jardiniers du château de Versailles[3]. Quant à son père Jacques Houdon, il était domestique puis concierge de la Nouvelle École des protégés du Roi à Paris, jusqu'en 1775. Cette fonction était plus importante que le sens actuel ne le laisse supposer.
Houdon commence à sculpter enfant, à neuf ans, dans l'atelier de Jean-Baptiste Pigalle, puis devient élève de Michel-Ange Slodtz dont il revendiquera l'influence[4].
Après l'Académie, Houdon obtient en 1761 la bourse rétribuant le prix de Rome. Il arrive à Rome lorsque le classicisme florissant commence à détrôner le berninisme. Houdon étudie les œuvres de l'Antiquité et les artistes de la Renaissance comme Michel-Ange. Il apprend rapidement à combiner le réalisme avec l'idéalisme grec. Il séjourne à Rome de 1764 à 1768, date à laquelle il revient à Paris. Houdon s'intéresse vivement à l'anatomie du corps humain et veut que ses œuvres soient fidèles à la nature. « J'ai employé ce temps à des études profondes sur l'anatomie comme base du dessin », écrit-il[5]. C'est pendant son séjour à Rome qu'il réalise son chef-d'œuvre l’Écorché, sculpté en 1767 avant son retour à Paris, et son premier succès.
Il est agréé par l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1769 où il est reçu le . Il expose au Salon à partir de 1771 jusqu'en 1814.
En 1778, il réalise quatre portraits de Voltaire, dont seul le portrait tête nue donne satisfaction au philosophe et dont la grande version en marbre du Voltaire assis est conservée à Paris à la Comédie-Française. De plus, Houdon moule son masque mortuaire[6]. Il réalise les portraits des philosophes Diderot et Rousseau. En 1787, il réalise le portrait du roi Louis XVI, dont il présente le marbre[7] au Salon de 1790.
Houdon s'installe en mars 1772 dans un atelier fondé en 1731 rue du Faubourg-du-Roule (actuellement 195-205, rue du Faubourg-Saint-Honoré) comprenant une fonderie où ont travaillé les sculpteurs Jean-Baptiste Lemoyne, Edme Bouchardon et Jean-Baptiste Pigalle. Il en est chassé en mars 1787 et achète le 21 mars 1787 une propriété en face au 76-78, rue du Faubourg-du-Roule (actuellement 228, rue du Faubourg-Saint-Honoré) où il construit des fourneaux. Il y réalise de nombreux chefs-d'œuvre, les statues d'Apollon en 1788, de Diane en 1788, l'écorché en 1790. Les opérations de fonte étaient ouvertes au public pour lequel Houdon distribuait des billets d'entrée. Il y vit avec sa famille jusqu'à sa mort[8].
Sa rencontre avec Diderot, et le succès du portrait du philosophe « au naturel » (1771), c'est-à-dire sans perruque, ouvre les portes des cours étrangères de Prusse et de Russie. Houdon fait deux voyages à la cour de Saxe-Gotha, principauté de Thuringe, pour répondre à la commande d’un mausolée en mémoire de la duchesse Louise-Dorothée et du duc Frédéric III. Leur fils le duc Ernest II Saxe-Gotha-Altenbourg commande alors plusieurs centaines de plâtres à Houdon, lui offrant un véritable musée visible aujourd'hui encore au château de Friedenstein, à Gotha. Après la haute société allemande qui lui passe de nombreuses commandes, c'est la cour de Russie avec les figures des princes Dimitri Alexievitch Galitzine et Stroganov qui lui passe commande des portraits de Diderot et la tsarine de Russie Catherine II [9]. La cour de France ne lui passe, elle, que trois commandes.
Houdon fait partie d'une loge maçonnique, les Neuf Sœurs, qui a soutenu la jeune république américaine. Il y côtoie Benjamin Franklin, et lorsque celui-ci retourne en Amérique, fait la connaissance de son remplaçant, Thomas Jefferson, qui lui commande un buste et le persuade de faire une statue de George Washington. En 1785, « appelé par l'État de Virginie pour fixer les traits de Washington », Houdon traverse l'Atlantique et passe quinze jours à Mount Vernon pour saisir les traits de Washington qui pose pour lui. Houdon est accompagné de ses assistants praticiens Bégler et Michetti. L'État de Virginie paye 25 000 livres plus une caution de 10 000 livres à la famille du sculpteur s'il arrivait malheur pendant le voyage qui dure de à . Une des statues de Washington se trouve aujourd'hui au capitole de Richmond. Les sculptures sont sculptées à Paris et envoyées aux États-Unis en 1796[10]. Houdon est un des rares artistes européens de son temps à avoir fait le voyage en Amérique du Nord.
Peu après être retourné à Paris en 1788, Houdon présente au Salon des statues mythologiques et allégoriques, notamment une Diane et une Baigneuse (New York, Metropolitan Museum of Art).
Houdon se marie le avec Marie-Ange-Cécile Langlois[11]. Elle va prendre en charge la gestion de l'atelier du sculpteur, tant pour les relations commerciales des éditions qu'avec les commanditaires pour les contrats et les paiements[12]. Fille adoptive de la comtesse de Villagagnon[13] et du banquier britannique Thomas Walpole qui est le cousin de Horace Walpole et descendant du premier ministre britannique Robert Walpole. Cécile Houdon traduit le roman anglais Belmour[14],[15] de la sculptrice et romancière anglaise Anne Seymour Damer, qui est sa cousine par alliance.
Avec son mari ils auront trois filles, Sabine (née en 1787), Claudine (née en 1788) et Anne-Ange (née en 1790) qui servent au sculpteur plusieurs fois de modèles pendant les années de la Révolution.
La peintre et graveuse Joséphine Calamatta (1817-1893) est leur petite-fille. Une peintre, morte à Paris en 1795, semble être une parente du sculpteur[16]. Le 3 janvier 1790, il est témoin du mariage de sa cousine germaine la peintre Marguerite-Julie-Antoinette Houdon[17].
Parmi ses bustes exposés au Salon de 1790 figurent ceux de La Fayette, de Benjamin Franklin, d'Honoré de Mirabeau, de Jacques Necker, et de Jean Sylvain Bailly. En 1793, dénoncé par Jacques-Louis David[18], au Comité de Salut Public pour avoir travaillé une statue de Sainte Scolastique[19], Houdon est acquitté en transformant sa sculpture en Philosophie. La sculpture est payée et placée dans la salle de Séances de la Convention en 1795[20]. Houdon propose alors de réaliser un Monument à Jean-Jacques Rousseau aux Champs-Élysées[21], puisqu'il a réalisé le masque mortuaire du philosophe[22],[23].
Devant se défendre, Houdon produit un mémoire où il explique que son œuvre est pillée par la contrefaçon, et qu'il a dû dès 1787 créer son propre atelier de fonderie pour fondre en bronze ses portraits de Voltaire, Rousseau, ainsi que son fameux Écorché en 1792[24]. En 1793, il offre à l'Académie des beaux-arts un moulage de Cheval écorché moulé sur nature[25],[26].
En 1795, sous le Directoire, Houdon est nommé membre de l'Institut. Lorsqu'il cesse d'exposer en 1814, il aura successivement travaillé sous Louis XVI, sous la Révolution française et sous l'Empire.
Sous l'Empire, tous ceux qui comptent passent par son atelier, l'Empereur, Joséphine, maréchaux et artistes en renom[27]. En 1806, il réalise une sculpture monumentale de Napoleon Ier en bronze[28] pour la Colonne de la Grande Armée à Boulogne mais également des portraits en marbre de l'Empereur (aujourd'hui à Versailles). Il est nommé chevalier de l'Empire le [29]. En 1812, il réalise la sculpture de Voltaire debout pour le Panthéon de Paris. En 1814, il participe pour la dernière fois au Salon.
Houdon est nommé professeur à L'Ecole des Beaux-Arts de Paris, le , succédant à Pierre Julien[30]. Il y reste jusqu'en 1823, date à laquelle meurt son épouse. Agé de 82 ans, Houdon demande sa retraite et meurt en 1828 à Paris. Durant ces cinq dernières années, spectateur assidu de la Comédie Française où il a une loge, il se dégrade lentement. Lors de ses lentes promenades il ramasse des pierres et des cailloux qu'il observe avec attention et rêverie, ce qui pour ses contemporains était un signe de retour à l'enfance [31].
À sa mort son atelier au Palais de l'Institut et l'intérieur de son domicile à la Bibliothèque Royale, sont mis en vente dans deux vacations cataloguées.
Il est inhumé au cimetière Montparnasse.
Houdon est principalement connu comme portraitiste. Ses portraits sont extrêmement précis et vivants et de nombreuses personnalités de son temps posent pour lui. On lui doit les bustes de la tsarine Catherine II de Russie et du philosophe Denis Diderot, quatre bustes différents de Voltaire, un buste posthume de Jean-Jacques Rousseau ainsi qu'un buste de Cagliostro. Le réalisme du rendu des yeux de ses portraits est célèbre. Melchior Grimm, frappé par le jeu de la lumière et l'expressivité de leurs regards, remarquait que : « Houdon est, peut-être, le premier sculpteur qui ait su modeler les yeux »[32]. Auguste Rodin remarquait : « Le regard, c’est plus de la moitié de l’expression pour ce statuaire. À travers les yeux, il déchiffrait les âmes. »[33]. On peut encore citer ses portraits de Voltaire (en buste, en pied au Panthéon de Paris, ou assis au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg), de la comédienne Sophie Arnould, de Molière, de Boissy d'Anglas, de Napoléon Bonaparte, ainsi que ceux de plusieurs grands hommes américains : outre celui de Washington déjà évoqué, de Robert Fulton, Benjamin Franklin ou Thomas Jefferson.
Houdon fit le portrait du musicien et compositeur d'opéra Christoph Willibald Gluck en 1777. Au Salon, le réalisme saisissant du portrait scandalisa les partisans d'une idéalisation du portrait. Le sculpteur n'avait pas hésité à représenter les cicatrices profondes de la petite vérole sur le visage du compositeur, marques que les artistes tel le peintre Duplessis, avaient eux pris soin d'effacer [34]. Le buste fut cependant placé dans le foyer de l'opéra.
Les méthodes commerciales de Houdon sont connues à travers le contrat qu'il établit en 1775 avec la cantatrice Sophie Arnould représentée dans le rôle d'Iphigénie de Gluck. Il lui vend pour 3800 livres son portrait en marbre, auquel s'ajoutent 30 tirages en plâtre sur piédouches, l'original en terre accompagné d'une clause pour 20 tirages en plâtre supplémentaires à 60 livres chaque[35].
Chef-d'œuvre[36] du sculpteur qui se passionne pour l'anatomie, l’Écorché, bras droit tendu devant de 1766-1767, et sa variante, l’Écorché, le bras replié au-dessus de la tête[37], restent aujourd'hui des modèles de référence dans l'apprentissage de l'anatomie artistique.
Le Musée du Louvre a acquis en 2022 la statuette Homme écorché debout, le bras droit élevé, sculptée en 1776 par Houdon et fondue en bronze par Pierre-Philippe Thomire[38],[39].
Houdon s'est intéressé à ce sujet dès son séjour à l'Académie de France à Rome, en 1764-1768. Il y a suivi les cours d'anatomie sur les cadavres donnés par un professeur de chirurgie. Passionné par la myologie, il a alors réalisé le premier écorché en plâtre, grandeur nature, avec le bras tenu à l'horizontale, qui a été acquis en 1767 par l'Académie de France à Rome. Il est toujours conservé à la Villa Médicis. Par la suite, il a donné d'autres écorchés en plâtre à d'autres académies, à Gotha en Saxe, à Paris, ... Il a réalisé en 1778 une version en plâtre grandeur nature envoyée en 1779 à la Société des beaux-arts de Montpellier (1779-1787) et conservé aujourd'hui au musée Fabre. En 1790, il a réalisé un bronze destiné à l'Académie royale de peinture et de sculpture, aujourd'hui à l'École des beaux-arts.
Pendant de la statue de L'Été (1785, Montpellier, musée Fabre), L'Hiver, dit aussi La Frileuse, fut un grand succès d'édition en bronze. L'esquisse en terre cuite (1781) et la statue en marbre (1783) sont conservées au musée Fabre[40].
Armes de chevalier de l'Empire : « D'azur au chevron cousu de gueules du tiers de l'écu, chargé du signe des chevaliers légionnaires, accompagné en chef, à dextre d'un croissant, à sénestre d'un arc et d'une flèche, le tout d'argent ; et en pointe d'un vieillard assis dans un fauteuil, le tout aussi d'argent. » Ces armes rappellent la statue de Voltaire assis dans un fauteuil, un des chefs-d'œuvre de l'artiste[29].
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