La première unité des gardes du corps est la garde écossaise créée par le roi Charles VII vers 1422. Cette unité est composée de soldats écossais portant le titre d’archers du corps du roi. Le terme d'archer désigne à l'époque un cavalier légèrement armé, à la différence des gens d'armes ou cavaliers cuirassés. Louis XI adjoignit à cette garde deux compagnies d'archers français. Une quatrième compagnie est créée par François Ier en 1515. Dès cette époque, la compagnie écossaise compte plus de Français que d'Écossais.
Les quatre compagnies de gardes du corps — ce terme supplantant au XVIesiècle celui d'archer du corps — n'ont toutefois aucun lien entre elles. Elles sont dirigées par des capitaines différents, souvent de haut rang. La compagnie écossaise est ainsi souvent commandée par des membres de la famille royale d'Écosse, les compagnies françaises par des maréchaux de France. En 1664, Louis XIV dote les gardes du corps d'un état-major commun.
Les compagnies de gardes du corps sont supprimées en 1791. Nombre d'entre leurs membres participent à la contre-révolution. Le corps est rétabli en 1814 et définitivement supprimé en 1830.
Benoît Defauconpret dans son ouvrage Les preuves de noblesse au XVIIIesiècle écrit: «Le recrutement des gardes du corps se fait très majoritairement par cooptation, les candidats étant présentés par des officiers, bas officiers ou gardes de la compagnie. Il faut être né sujet du roi, ancien catholique, de bonnes mœurs, bien fait et mesurant au moins cinq pieds cinq pouces. La solde ne suffit pas à l'entretien, et il faut disposer de quelques revenus. (...). Un garde du corps ne peut servir auprès du roi avant d'avoir un an de réception et de service au quartier.»[1]
Les gardes du corps - vêtus de bleu, veste, culotte et bas rouges, le tout galonné d'argent - «servaient par quartiers, et pendant leurs trois mois (...) passaient alternativement une semaine au château, une à l'hôtel pour les chasses, et la troisième où ils voulaient. Ainsi, cent gardes du corps et quelques centaines de Suisses formaient toute la défense du palais». Leur service consistait «à monter la garde aux portes des appartements, à prendre les armes quand les princes passaient, à garnir la chapelle pendant la messe et à escorter les dîners de la famille royale». Ils sont la protection rapprochée du prince[2].
Avec les Cent-Suisses, les gardes du corps veillent sur le roi à l'intérieur de son palais. Ils assurent la garde des portes du palais la nuit. Dans un déplacement ou une bataille, ils se tiennent à la droite du souverain.
Dans la compagnie écossaise sont choisis vingt-quatre gardes parmi les plus anciens, qui portent le titre de «gardes de la manche». Ils sont chargés d'escorter la personne du roi en permanence. Parmi les gardes de la manche, on distingue encore six «gardes écossais», chargés des mêmes fonctions lors de cérémonies exceptionnelles telles que sacre ou mariage. Les gardes de la manche se distinguent par le port d'un hoqueton, sorte de casaque blanche brodée d'or portée par-dessus leur uniforme. Ils assurent également la garde du corps du souverain défunt et sa mise en bière.
De par leur place près du roi, l'accès aux compagnies de gardes du corps est un privilège envié. Jusqu'au règne de Louis XIV, les places de gardes du corps sont vendues par les capitaines des quatre compagnies. Louis XIV met fin à ce privilège en 1664. Il s'attache à faire des gardes du corps une troupe d'élite en y intégrant les meilleurs éléments des régiments de cavalerie de ligne. Les gardes bénéficient de privilèges de noblesse à titre viager. Le rang de garde du corps équivaut à celui de sous-lieutenant de cavalerie et, au terme de 15 à 20 ans de service, à celui de capitaine de cavalerie.
À Versailles, les gardes du corps du roi sont logés entre la rue de l'Orangerie et l'avenue de Sceaux. Ils ont également des garnisons à l'extérieur de Versailles: Saint-Germain, Chartres et Beauvais.
Les gardes portent un habit bleu sur une veste, des culottes et des bas rouges. Cet uniforme leur vaut le surnom de «maison bleue du roi». Ils sont en effet l'un des seuls corps de la maison militaire du roi à porter le bleu comme couleur principale.
Les gardes du corps du roi ont d'abord pour devise Erit haec quoque cognita monstris (On les reconnaîtra, eux aussi, à leurs actions d'éclat), puis au temps du roi Louis XIV, Nec pluribus impar (À nul comparable (le soleil)).
Sur leurs épées, on peut lire l'inscription: Vive le Roy.
D'un point de vue héraldique, les capitaines, chefs de corps des compagnies, pouvaient poser leur écu sur deux bâtons d'ébène à pomme d'ivoire disposés en sautoir.
Le nombre de gardes du corps augmente entre le règne de François Ier et celui de Louis XIV de 400 à 1 600 hommes. Au XVIIIesiècle, l'effectif se stabilise autour de 1 500 hommes.
En 1737, chaque compagnie compte 320 hommes, organisés en deux escadrons et six brigades.
1814-1825: Joseph-Anne-Maximilien de Croÿ d'Havré (1744-1839): se démet de sa fonction en 1825 en faveur de son gendre, mais en conserva les honneurs; la Cie est connue comme "la compagnie d'Havré".
Louis XI, par édit du , avait institué pour la garde de son corps (c’est au roi que l'on doit cette dénomination singulière) une compagnie de 100 hommes d’armes français, sous le commandement d’Hector de Galard. Cette troupe fut longtemps connue sous le sobriquet de «gentilshommes au bec de corbin», parce qu’ils portaient, dans le service, une hache équilibrée sur son manche par une pointe recourbée.
Chacun de ces gentilshommes devait entretenir à ses frais deux archers. En vertu de lettres patentes données à Rouen le , le roi dispensa ces gentilshommes de l’entretien des archers; il prit ceux-ci à sa solde et en forma une compagnie particulière dont il confia le commandement à Jean Blosset, seigneur du Plessis-Pâté.
Cette compagnie des archers s’appelait «la petite garde du roi», pour la distinguer de la 1recompagnie (garde écossaise) que l’on désignait officiellement sous le titre de «Cent lances des gentilshommes de l’hôtel du roy», ordonnée pour la grande garde de son corps, c'est-à-dire de son escorte.
La petite garde servait aussi bien à pied qu’à cheval, c'est-à-dire dans les appartements et dans l’intimité du roi.
C’est cette petite garde, transformée par François Ier en compagnie de 100 hommes d’armes, qui est devenue en 1515, la 1recompagnie française des gardes du corps. Cette compagnie s’est distinguée des autres, à partir du règne de Louis XIV, par la couleur bleue de ses étendards, bandoulières, banderoles et équipages.
Elle avait ses quartiers ordinaires à Coulommiers et servait à Versailles le quartier d’avril.
Louis XI, satisfait des services de ses «petits gardes» de la 1re Cie française, créa en 1479 une seconde compagnie semblable, et en donna le commandement à Claude de La Châtre.
Elle devint, comme la précédente, compagnie des gardes du corps au commencement du règne de François Ier.
: François Potier (1612-1646), marquis de Gesvres, frère du précédent;
1646: Léon Potier (vers 1620-1704), duc de Gesvres, frère du précédent;
Lauzun, qui perdit, en 1669, la charge de colonel général des dragons, reçut celle de capitaine de cette compagnie, grâce à l'appui (ou la passion que lui vouait) de Mlle de Montpensier qui, non seulement obtint l’agrément du roi, mais paya cette charge 750 000 livres au duc de Gesvres.
À son avènement à la couronne, François Ier possédait une compagnie des ordonnances qui était commandée par un capitaine-lieutenant, Raoul de Vernon, seigneur de Montreuilbouyn. Il avait aussi une garde personnelle commandée par Louis Leroy de Chavigny.
Souhaitant disposer de cinq compagnies des gardes du corps, toutes organisées sur le pied de la compagnie écossaise, il transforma donc en 1515, comme dit précédemment, les deux compagnies d'archers de la petite garde de Louis XI, et en ajouta deux autres formées avec ses gardes personnelles et avec des détachements de compagnies d'archers de Crussol et de La Chatre.
En 1545, il remania l'organisation des gardes du corps, et il n'en conserva que 4 compagnies. La 4ecompagnie avait ses étendards, bandoulières et équipages de couleur jaune. Elle faisait le service à la cour du au , et était habituellement casernée à Dreux.
La Restauration française rétablit les compagnies de gardes du corps, par ordonnances des et (elles furent licenciées le ).
Le comte de Provence et le comte d’Artois avaient chacun deux compagnies de gardes du corps (celles de Provence avaient été créées en 1771 et celles d'Artois en 1773), qui ont été supprimées le , sans laisser d’autres traces dans l’histoire que les noms de leurs capitaines et la description de leurs uniformes:
Les compagnies de Monsieur avaient l’habit entièrement bleu, et la culotte et les bas rouges:
La 2e eut la bandoulière et l’équipage en violet et avait pour capitaine le comte de Chabrillan.
Les compagnies du comte d’Artois portaient l’habit vert-saxe, avec le collet, les parements, la doublure, la culotte et les bas cramoisis.
La 1re, commandée par le prince d'Hénin avait la bandoulière et l’équipage bleu céleste.
La 2e, commandée par le chevalier de Crussol, les avait de couleur rose. Pierre-Octave de Milleville s'illustra ici en mai 1775 lorsque, suffisamment courageux pour s'opposer au marquis de Louvois -maître de camps au Royal-Roussillon, il le fit condamner par un tribunal.
Les deux compagnies du comte d’Artois ont reparu pendant le règne de Louis XVIII. À la mort de ce dernier (1824), la compagnie des gardes du corps S.A.R. Monsieur, frère du roi (Charles Philippe, comte d'Artois) devient la 5ecompagnie des gardes du corps de S. M. Charles X.
Capitaines ou chefs de corps:
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Étienne Pellorde ou Pelourde (mort après 1462), écuyer de la garde du roi, échanson du Roy, capitaine de la grosse tour de Bourges.
Règne de Charles IX
Gaspard de La Châtre (1539 - 1576), seigneur de Nançay, qui protégea Marguerite de Valois lors de la Saint-Barthélémy[7].
Règne de Henri IV
Gabriel Anselmet, écuyer, seigneur des Bruneaux, capitaine-exempt des gardes du corps de Sa Majesté et gentilhomme ordinaire de sa chambre, chevalier de l'Ordre du roi.
Jérôme du Buisson (mort en 1622), écuyer, seigneur de La Marsaudière, garde du corps du roi (1602, 1610-1615, 2ecompagnie), fauconnier du roi (chef du vol pour Corneille de la grande fauconnerie du roi (1605-1615)), conseiller du roi en ses conseils d'État et privé et son ambassadeur en Angleterre.
Antoine Grimoard de Beauvoir, baron du Roure (mort en 1622), baron de Banne et de Grisac, capitaine de cent hommes d'armes, lieutenant de la garde écossaise, lieutenant des gardes du corps du roi (compagnie écossaise).
Jean II de Mazelière, seigneur de Douazan et de Nazareth, capitaine exempt des gardes du corps du roi.
Gabriel de Monchy, dit le comte d'Hocquincourt, (1643 - tué le 25 juillet 1675 - à Gramshusen, lors de l'attaque de l'église tué d'un coup de mousquet à la tête), exempt des gardes du corps du roi (1671, Cie de Rochefort), commandant des Dragons de la Reine (1673).
Antoine de Guillebon de Wavignies (1675-1758) Brigadier des Gardes du corps du Roi, 3e compagnie du duc de Villeroy (1708), Capitaine de cavalerie, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.
Antoine de Montlezun (mort en 1715), baron de Viane, lieutenant des gardes du corps (à la Cie de Villequier en 1650), brigadier des armées du roi, maréchal de camp, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis.
François Pierre Gontier de Biran (1766-1824), dit Maine de Biran, garde du corps dans la Cie de Noailles en 1785, député, sous-préfet de Bergerac et philosophe, ainsi que son cousin François Gontier de Biran, dit Biran l'Amour[9].
Charles Griffon de Plenneville (1764-1802), sous-lieutenant des gardes du corps du roi (Cie de Villeroy), seigneur de Plenneville, distingué lors de la campagne des princes.
Martial de Guillebon (1773-1861), garde du corps du roi, Cie de Luxembourg, seigneur puis maire du Frestoy-Vaux, il se tint aux côtés de Louis XVI lors des journées des 5 et 6 octobre 1789.
Guy François Marc de La Boussardière de Beaurepos (1738-1789), Seigneur de Beaurepos, des Chaponnières, de Villiers, de La Grande Sauvagère, garde de corps du roi (1789), capitaine, aide-major au régiment provincial d'Alençon, officier-major du régiment de La Rochefoucault grenadiers royaux, chevalier de l'Ordre du Roi, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis.
Auguste Laget de Bardelin (1768-1852), lieutenant des gardes du corps du roi (1782), Cie de Gramont.
Jean-Baptiste Bernard Viénot de Vaublanc, garde du corps du roi (1783), Cie de Villeroy, Membre du Conseil du Portugal (1808), Inspecteur en chef aux revues de la Grande Armée (1812).
Hippolyte de Barrau (1794-1863), saint-cyrien, garde du corps du roi, officier de cavalerie, fondateur et président d'une société savante, conseiller puis secrétaire général de préfecture, historien et généalogiste.
Joseph-Alexandre Berthier (1792-1849), garde du corps du roi, sous-lieutenant avec grade de major, dans la Cie de Wagram (on trouve aussi Cie de Noailles), maréchal de camp.
Pierre Jean-Baptiste Victor Chebrou de Lespinats (1802-1875), garde du corps du roi, Cie de Luxembourg du au , puis garde à pied avec rang de sous-lieutenant (27 février 1820), participe à l'expédition d'Espagne en 1823 aux chasseurs à cheval de la Vienne, capitaine au 2erégiment de grenadiers à cheval de la garde royale, (1825-1828), chef d’escadron aux cuirassiers d’Orléans (1842), lieutenant-colonel aux services des remontes (1847), officier de la Légion d’honneur (1851).
Alexandre Théophile Courlet de Boulot (1793-1863), lieutenant de cavalerie sortant des gardes du corps du roi, entré au 4e régiment des gardes d'honneur (juin 1813), brigadier (juillet 1813), fourrier (août 1813), maréchal des logis chef (octobre 1813), garde du corps du roi (juin 1814). A accompagné le roi à Béthune.
Charles Mathias Durant de La Pastellière (1779-1814), garde du corps du roi, capitaine de cavalerie dans l'armée de Stofflet, aide de camp du marquis de Grignon (1795, guerres de Vendée).
Jean-Marie de La Croix d'Azolette (1770-1842), garde du corps du roi, capitaine commandant la gendarmerie royale du département de la Loire, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis et de la Légion d'honneur, anobli par Louis XVIII (1815)[12].
Louis-Marie Joseph de Guillebon (1803-1890), officier d'infanterie, garde du corps de Charles X de 1827 à 1830, maire de Loye-sur-Arnon..
Jean Antoine Stanislas Pascal, baron de Trannoy-Watteau (1830), officier de la première compagnie des gardes du corps du roi (1814)[14], commandant provisoire de la place d'Arras (1814), nommé colonel (1817), puis intendant de la laiterie royale de Rambouillet, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis[15].
Avis aux bons citoyens, aux amis de la Constitution ou Extrait de la procédure criminelle instruite au Châtelet de Paris, sur la dénonciation des faits arrivés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789, (lire en ligne)
Lucien Mouillard, Régiments sous Louis XV: constitution de tus les corps de troupes à la solde de France pendant les guerres de succession à l'Empire et de sept ans, J. Dumaine, , 120p.
Léon de Forges de Parny, Les Gardes du corps du roi, imprimerie Devaye, Cannes, 1972
L. Funcken et F. Funcken, Encyclopédie des uniformes et des armes: L'Uniforme et les Armes des soldats de la guerre en dentelle: France, maison du roi et infanterie sous Louis XV et Louis XVI, Grande-Bretagne et Prusse, infanterie, 1700 à 1800, vol.1, Casterman, , 156p.
J.-F. Labourdette, La Compagnie écossaise des gardes du corps du roi au XVIIIesiècle: recrutement et carrières, dans Histoire, économie & société, 1984, no3-1, p.95-122(lire en ligne)
Chagniot, Jean, "Maison militaire du roi", Dictionnaire de l'Ancien régime, Lucien Bély dir., Paris, PUF, 1996
Grouvel, François, Histoire des Gardes du Corps du Roi pendant la Période Révolutionnaire, Coudoux, F.G.C. 1998
Barbiche, Bernard, Les Institutions de la monarchie française à l'époque moderne, Paris, PUF, 1999
O'Brien, David, '"Traditional virtues, Feudal ties and Royal Guards: The Culture of service in the Eighteen-century 'Maison Militaire du Roi'", French History, Vol.17, No.1, Oxford, Oxford University Press, 2003, p.19-47
Bodinier, Gilbert, Les Gardes du corps de Louis XVI, Versailles, Service historique de l'armée de terre, Ed. Mémoire & Document, 2005