Hippolyte de Barrau naît le [1] à Rodez en pleine tourmente révolutionnaire, le château[2] de sa famille à Carcenac a été pillé et incendié en 1793 par un détachement révolutionnaire venu du Lot[3]. Il est le second d'une famille qui comptera neuf enfants. À l'époque de sa naissance son père est emprisonné à Rodez et sa mère est aux arrêts dans cette même ville. Après la Révolution française ses parents reconstruiront la demeure familiale de Carcenac où il passera les années de sa jeunesse mais aussi à Rodez.
Hippolyte de Barrau s'oriente d'abord vers la carrière des armes. Depuis son ancêtre Firmin de Barrau, qui avait servi avec le ban et arrière-ban de la noblesse du Rouergue au temps de Louis XIV[4], plusieurs membres de sa famille avaient choisi cette voie. Son père avait été garde du corps du roi Louis XVI. Trois de ses frères serviront également les armes.
Il est admis à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr en . Christian Paulin rapporte: « À Saint-Cyr, la vie des futurs officiers n'est ni sucre ni miel, forte tête ou plutôt homme de caractère, Hippolyte est cassé par deux fois, menacé de conseil de guerre pour «propos pessimistes» tenus au lendemain de la retraite de Russie. »[5]. En 1814 il est nommé garde du corps du roi Louis XVIII (compagnie écossaise comme son frère Victor de Barrau et leur père Pierre de Barrau avant la Révolution française[6]), puis lieutenant au 17erégiment de chasseurs à cheval en 1815. Il se bat en duel et il est mis aux arrêts[6]. Il dit ne pas aimer la discipline et les assujettissements liés à la vie militaire[6]. Retiré du service en 1820, il est rappelé au 2erégiment de carabiniers en 1826 et quitte définitivement l'armée en 1829[7] (en réalité il est mis à la retraite d'office selon ses Mémoires).
Dans son ouvrage consacré à l'affaire Fualdès, Philippe Méraux écrit qu'«Hippolyte de Barrau faisait partie des chevaliers de la Foi (Ordre catholique, royaliste et secret) attroupés au château de La Goudalie»[8] dans la nuit du 16 au avec pour objectif d'envahir Rodez afin de provoquer un soulèvement à partir du Rouergue, cela dans le but de faire reconnaître comme roi le comte de Provence, frère de Louis XVI. Ce projet avorta, et certains pensent que c'est la cause de l'assassinat en 1817 du procureur Antoine Bernardin Fualdès.
Il est le rédacteur de La Gazette du Rouergue[7], éphémère journal d'opinion légitimiste, paru sous la monarchie de Juillet de 1831 à 1836[9].
Il est d'abord nommé conseiller de préfecture en 1849[10],[11], puis, sous le Second Empire il est secrétaire général de la préfecture de l'Aveyron du [12] jusqu'à sa révocation le [10],[11].
Dans l'Annuaire de l'institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques, M. de Gibrac écrit ceci sur Hippolyte de Barrau: «L'Aveyron gardera longtemps le souvenir de ses services et de la courageuse énergie qu'il montra lors de l'invasion de la préfecture en . Connaissant à fond les affaires du département, il fut le conseil et l'ami de plusieurs préfets distingués et jouissait au plus haut point de la considération publique, lorsqu'en 1854, il fut tout à coup révoqué de ses fonctions, par suite de l'hostilité de certaines personnes que son influence offusquait.»[13]
En 1836 il propose la création d'une société savante qui aura pour nom la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron[14],[15],[16]. Il en est l'un des fondateurs, avec quelques autres notables aveyronnais dont Jules Duval[17], et le président jusqu’à sa mort en 1863[7]. Il fait dans une lettre le commentaire suivant sur sa participation à cette société savante: «J'ai mené à bonne fin une assez grande entreprise: c'est la formation d'une société littéraire, scientifique et industrielle, composée des hommes distingués de toutes les opinions, tels monsieur de Bonald, monsieur de Gaujal, le général Tarayre, l'évêque de Rodez, Girou de Buzareingues, monsieur de Guizard, etc., et qui m'a élu pour président le dernier. Cette combinaison d'éléments hétérogènes est un assez joli coup de force.»[18]
Parmi ses manuscrits et études sur des sujets divers, les sciences historiques prennent une large place. Ses principaux travaux sont:
Étude relative à l'histoire du corps des carabiniers (étude inachevée)
Du monde invisible ou recherches sur les faits d'un ordre surnaturel
Mémoires privés d'un Ruthénois. Sur ce manuscrit, deux témoignages: « Hippolyte de Barrau a laissé des souvenirs qui, publiés longtemps après sa mort dans le Journal de l'Aveyron, en 1900 et 1901, n'ont malheureusement pas été édités en volume. Ils ont pour titre Mémoires privés d'un Ruthénois. Eux aussi constituent une source précieuse pour l'histoire de l'Empire et de la Restauration dans notre province. (...). Nous y trouvons un tableau vivant de la société ruthénoise depuis les beaux jours de l'Empire, avec des anecdotes savoureuses, le rappel discret de plus d'une intrigue galante, des portraits piquants, des souvenirs politiques. Il serait très souhaitable que cette œuvre fût reprise et publiée avec une annotation critique. Elle n'a rien perdu de son attrait et de son utilité documentaire. »[19]. « (...) précieux témoignage de cette époque écrit par un jeune officier demeuré profondément royaliste (...). »[20]
Ordres équestres. Documents sur les Ordres du Temple et de Saint-Jean-de-Jérusalem en Rouergue, suivis d'une notice historique sur la Légion-d'Honneur et du tableau raisonné de ses membres dans le même pays
L'Époque révolutionnaire en Rouergue. Étude historique (1789-1801). Ouvrage préparé en collaboration avec son frère Eugène de Barrau, repris et publié par leur neveu Fernand de Barrau
Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes, publié en 4 volumes, entre 1853 et 1860, réédité en 1972 par les éditions du Palais royal et en 2009 par la Société des sciences, arts et belles lettres du Tarn
Membre et président de divers groupements et instances au sein du département de l'Aveyron: fondateur et président du comice agricole de Cassagnes-Bégonhès en 1842; président du comice vinicole de Marcillac; vice-président de la commission hippique du département de l'Aveyron; etc.[21]
Capitaine commandant de la garde nationale de la commune de Salmiech (1830, 1834, 1837, 1840, 1848)[11]
Il fait partie du comité des sept membres investis de la mission de rétablir l'ordre dans l'arrondissement de Rodez ()[11]
À Rodez, rue Neuve, sur le mur de la maison natale d'Hippolyte de Barrau, une plaque commémorative a été apposée: Hippolyte de Barrau, fondateur avec Jules Duval de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron en 1836, est né dans cette maison le [25].
Par délibération du conseil municipal de la ville de Rodez en date du a été inaugurée au lieu-dit Conque Saint-Jean (ou Val Saint-Jean), quartier de Saint-Félix-La Gineste, l'avenue Hippolyte de Barrau[26].
À Carcenac, face à l'église du village, se trouve la place Hippolyte de Barrau, historien du Rouergue.
Bibliographie
Henri Affre, Biographies aveyronnaises, page 33, Rodez, éditions Pierre Carrère, 1881
Henry Bedel, Les trois historiens de Barrau (Hippolyte, Eugène et Fernand de Barrau dont des critiques avancent que les principaux ouvrages sont d'orientation monarchiste et anti-révolutionnaire)
[Lamathière 1875] Théophile de Lamathière, Panthéon de la Légion d'honneur, t.XV, Paris, Dentu, -, 512p. (lire en ligne), p.420-421.
Philippe Méraux, Clarisse et les égorgeurs. L'affaire Fualdès
Hippolyte de Monseignat et Jules Duval, Procès verbaux de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 4, pages 105 à 108 et 118 à 120
Catherine de Sulzer-Wart, Hippolyte de Barrau ( - ) et le mouvement légitimiste dans l'Aveyron (Mémoire présenté à la faculté des Sciences humaines de Poitiers)
Bernard Combes de Patris, Mémorialistes aveyronnais (dans Revue du Rouergue, no4, 1948, page 445)
Émile Vigarié, Les frères de Barrau (dans Esquisse générale du département de l'Aveyron, tome 2, page 236)
Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, fonds H. de Barrau
Louis de Guizard, Procès verbaux de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 5, pages 10–15
Hippolyte de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes. Editeur: impr. de N. Ratery (Rodez) 1853-1860 Page 104.
Cité page 155 dans l’article de Christian Paulin intitulé «Hippolyte de Barrau, 1794-1863, et le mouvement légitimiste dans l’Aveyron», tome XXXXIII (pages 153 à 158), procès-verbaux des séances de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron.
Les chemins d'une vie (Carnets intimes d'un notable aveyronnais, 1832-1862) (Mémoires d'Eugène de Barrau), Archives historiques du Rouergue, 27, éd. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, 2007, pages XXII, XXVIII et XXIX.
Les chemins d'une vie (Carnets intimes d'un notable aveyronnais, 1832-1862) (Mémoires d'Eugène de Barrau), Archives historiques du Rouergue, 27, éd. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, 2007 page XXVI.
Hippolyte de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes. Éditeur: impr. de N. Ratery (Rodez) 1853-1860 Page 100.
Archives nationales, Le personnel de l'administration préfectorale 1800-1880, répertoire nominatif par Christiane Lamoussière, documentaliste aux archives nationales, corrigé et complété par Patrick Laharie, répertoire territorial et introduction par Patrick Laharie, chargé d'études documentaires aux archives nationales, avant-propos par Philippe Bélaval, directeur des archives de France, Paris, centre historique des archives nationales, 1998, page 82.
Lettre d'Hippolyte de Barrau à son frère Adolphe de Barrau du 10 avril 1837. "Acte de fondation", archives de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.
Lettre du 10 avril 1837, archives de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, citée par Robert Taussat dans le bulletin de liaison de la dite Société, année 2004.
Mention dans la note de Mr de Gibrac. Annuaire de l'Institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques, année 1864, pages 8 et 9.