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écrivain français d'origine suisse De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Frédéric Louis Sauser, dit Blaise Cendrars [blɛz sɑ̃dʁaːʁ][1], est un écrivain suisse[2] et français, né le à La Chaux-de-Fonds, canton de Neuchâtel en Suisse et mort le à Paris. À ses débuts, il utilise brièvement les pseudonymes Freddy Sausey, Jack Lee et Diogène.
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Cimetière des Batignolles (- |
Nom de naissance |
Frédéric Louis Sauser |
Surnom |
Freddy Sausey, Frédéric Sausey, Jack Lee, Diogène, Blaise Cendrars |
Pseudonymes |
Jack Lee, Freddy Sausey |
Nationalités | |
Activité | |
Conjoint | |
Enfant |
Arme | |
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Unités | |
Conflit | |
Genre artistique | |
Distinction |
Grand Prix littéraire de la Ville de Paris (1961) |
Archives conservées par |
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Dès l'âge de 17 ans, il quitte la Suisse pour un long voyage en Russie puis, en 1911, il se rend à New York où il écrit son premier poème Les Pâques (qui deviendra Les Pâques à New York en 1919). Il le publie à Paris en 1912 sous le pseudonyme de Blaise Cendrars, qui fait allusion aux braises et aux cendres permettant la renaissance cyclique du phénix. En 1913, il fait paraître son poème le plus célèbre, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Dès le début de la guerre de 1914-1918, il s'engage comme volontaire étranger dans l'armée française avant d'être versé dans la Légion étrangère. Gravement blessé le , Cendrars est amputé du bras droit et en conséquence réformé. Il écrit sur cette expérience son premier récit en prose : il s'agit d’une première version de La Main coupée.
Le , il est naturalisé français, à la suite de son engagement à la guerre. Il travaille dans l'édition et délaisse un temps la littérature pour le cinéma, mais sans succès. Lassé des milieux littéraires parisiens, il voyage au Brésil à partir de 1924.
En 1925, il s'oriente vers le roman avec L'Or, où il retrace le dramatique destin de Johann August Sutter, millionnaire d'origine suisse ruiné par la découverte de l'or sur ses terres en Californie. Ce succès mondial va faire de lui, durant les années 1920, un romancier de l'aventure, que confirme Moravagine en 1926. Dans les années 1930, il devient grand reporter.
Correspondant de guerre dans l'armée anglaise en 1939, il quitte Paris après la débâcle et s'installe à Aix-en-Provence[alpha 1]. Après trois ans de silence, il commence en 1943 à écrire ses Mémoires : L'Homme foudroyé (1945), La Main coupée (1946), Bourlinguer (1948) et Le Lotissement du ciel (1949). De retour à Paris en 1950, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française. Victime d'une congestion cérébrale le , il meurt des suites d'une seconde attaque le .
L'œuvre de Blaise Cendrars, poésie, romans, reportages et mémoires, est placée sous le signe du voyage, de l'aventure, de la découverte et de l'exaltation du monde moderne où l'imaginaire se mêle au réel de façon inextricable. Le fonds d'archives de Blaise Cendrars a été créé en 1975 par Miriam Gilou-Cendrars (1919-2018), sa fille, et se trouve aux Archives littéraires suisses à Berne[3].
Frédéric-Louis Sauser naît le à La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel), dans une famille bourgeoise d'origine bernoise francophone. Frédéric, appelé Freddy, grandit au sein d'une famille désunie dans un climat d'insécurité. Les voyages de son père, un homme d'affaires un peu niais et instable, font mener à la famille une vie itinérante, notamment à Naples. Sa mère, elle, est neurasthénique et néglige ses enfants. Le jeune Freddy souffre de la mésentente de ses parents et de l'instabilité familiale[4]. Envoyé en pension en Allemagne, il fugue. Ses parents l'inscrivent à l'École de commerce de Neuchâtel, pour des études qui ne lui plaisent pas.
En 1904, dans sa dix-huitième année, au vu de ses mauvais résultats scolaires, il est envoyé en apprentissage à Moscou et surtout à Saint-Pétersbourg, alors en pleine effervescence révolutionnaire. Jusqu'en 1907, il y travaille chez un horloger suisse. À la Bibliothèque impériale, dont il devient l'habitué, un bibliothécaire, R. R., l'encourage à écrire. Freddy commence à noter ses lectures, ses pensées, il aurait alors écrit La Légende de Novgorode, de l'or gris et du silence. Pour lui faire une surprise, R. R. l'aurait traduit en russe et fait imprimer à 14 exemplaires en blanc sur papier noir. Du vivant de Cendrars, personne n'a jamais vu ce livre qu'il a pourtant fait figurer en tête de toutes ses bibliographies à partir de Séquences (1913). Beaucoup doutaient de son existence, lorsqu'un poète bulgare en découvre un exemplaire, en 1995, chez un bouquiniste de Sofia. Depuis lors, l'authenticité de cette plaquette fait l'objet de controverses, ce qui enrichit la mythologie du poète de nouveaux épisodes. Vers la fin de son séjour, il se liera à une jeune femme russe, Hélène Kleinmann, à laquelle il donne des cours de français.
En 1907, Frédéric-Louis Sauser revient en Suisse. Quelques mois après son retour, Hélène meurt brûlée vive dans un incendie[5]. Sur cet accident a toujours plané le fantasme du suicide.
Étudiant en médecine à l'université de Berne, il rencontre Adolf Wölfli, interné à l'asile de la Waldau. Ce schizophrène violent, dessinateur de génie, pourrait être un des modèles de Moravagine, le « grand fauve humain » qui va obséder Cendrars comme un double pendant de longues années. Quant aux études universitaires, elles apportent peu de réponses aux questions qui le hantent sur l'homme, son psychisme, son comportement. Sous l'influence du Latin mystique de Remy de Gourmont, il écrit ses premiers poèmes : Séquences.
Après un court séjour à Paris, il retourne en 1911, pour quelques mois, à Saint-Pétersbourg. Il y écrit son premier roman, Moganni Nameh qui ne paraîtra, en feuilleton, qu'en 1922 dans la revue Les Feuilles libres. Il se plonge dans Schopenhauer ; une formule de ce philosophe illumine son rapport à la réalité : « le monde est ma représentation ». Désormais, la vie et la poésie seront pour lui des vases communicants.
Fin 1911, Freddy s'embarque pour New York afin de rejoindre Fela Poznańska, une étudiante juive russo-polonaise rencontrée à Berne. Il l'épousera par la suite et elle sera la mère de ses enfants Odilon et Rémy[7], et de Miriam. Ce séjour aux États-Unis lui montre la voie, nouvelle et soumise aux lois de la mécanique, de la vitesse, de la modernité, dans lequel le monde s'engage. Au sortir d'une nuit d'errance, il rédige son premier long poème, Les Pâques à New York, texte fondateur de la poésie moderne. Pour le signer il s'invente le pseudonyme de Blaise Cendrart, qui sera ensuite Cendrars.
Pour Cendrars, l'acte de création artistique a lieu lorsque le poète est telle une braise, qui se consume au cours de la création, puis s'éteint pour se transformer en cendres. C'est pourquoi il choisit le pseudonyme de Blaise comme braise, et Cendrars comme cendre[8],[9].
Il revient à Paris pendant l'été 1912, convaincu de sa vocation de poète. Avec sa femme il demeure au 4, de la rue de Savoie. Avec Emil Szittya, un écrivain anarchiste, il fonde Les Hommes nouveaux, une revue et une maison d'édition où il publie Les Pâques, puis Séquences, un recueil de poèmes plus anciens d'inspiration décadente, marqués par l'influence de Remy de Gourmont qu'il admire comme un maître. Séquences appartient davantage à Freddy Sauser qu'à Cendrars, même s'il le signe de son pseudonyme.
Il se lie d'amitié avec des personnalités de l'avant garde artistique et littéraire : Apollinaire et les artistes de l'école de Paris, Chagall, Léger, Survage, Modigliani, Csaky, Archipenko, Delaunay, Kisling. En 1913 il publie La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France, avec des compositions en couleur de Sonia Delaunay-Terk. Dans ce premier livre simultané, le texte et l'image sont étroitement imbriqués pour créer une émotion artistique nouvelle, qui sera à l'origine d'une vive polémique. Ce poème-tableau de deux mètres de hauteur, présenté sous forme de dépliant, est reconnu aujourd'hui comme une contribution majeure à l'histoire du livre d'artiste.
L'amitié liant Cendrars à certains artistes de l'École de Paris le conduit à la création de poèmes abstraits révolutionnaires, qui constituent aussi, pour certains, des hommages directs à des peintres comme Chagall et Léger : il s'agit des Dix-neuf poèmes élastiques publiés en 1919.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, Cendrars lance, avec l'écrivain italien Ricciotto Canudo, un Appel aux artistes étrangers qui vivent en France, et s'engage à la Légion étrangère pour la durée de la guerre dans le régiment de marche du camp retranché de Paris. Il est affecté à la 6e compagnie du 3e régiment de marche du 1er étranger. Parmi ses compagnons d'armes de la Légion, figure notamment Eugene Jacques Bullard, premier pilote de chasse noir des forces alliées à partir de 1917[10][réf. à confirmer].
Après son baptême du feu sur la Somme en , il est promu légionnaire de 1re classe après six mois d'engagement puis caporal pour son courage au feu le . Son régiment est dissous en et il est alors affecté au 2e régiment de marche du 2e étranger.
Le , meurt Remy de Gourmont, son « maître en écriture »; le lendemain, durant la grande offensive de Champagne, il est gravement blessé au bras droit par une rafale de mitrailleuse et amputé au-dessus du coude (Cendrars est droitier). Il est alors cité à l'ordre de l'armée, décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec deux palmes, avant d'être réformé[11].
Après une « année terrible » où il n'écrit plus, le poète manchot apprend à écrire de la main gauche. Le , il est naturalisé français. Vers la fin de l'année il rencontre Eugenia Errazuriz (en), grande mécène chilienne qui recevra, jusqu'à la « drôle de guerre », Cendrars, « son poète » dans sa villa de Biarritz, de même que Picasso, Rubinstein ou Stravinsky. Fin 1916, il publie La Guerre au Luxembourg. Au cours de l'été 1917, qu'il passe à Méréville (Seine-et-Oise, aujourd'hui Essonne), il découvre son identité nouvelle d'homme et de poète de la main gauche, en rédigeant, au cours de sa « plus belle nuit d'écriture », le , La Fin du monde filmée par l'Ange N.-D. Commence alors une période d'activité créatrice intense placée sous le signe tutélaire de la constellation d'Orion, dans laquelle la main droite du poète s'est exilée. De ce renouveau créateur naissent aussi des œuvres comme L'eubage ou encore Profond aujourd'hui. Avec Profond aujourd'hui (1917), le poète de la main gauche publie son manifeste en présentant une vision poétique de la modernité.
Dans J'ai tué (1918), premier livre illustré par Fernand Léger, il écrit quelques-unes des pages les plus fortes et les plus dérangeantes[non neutre] qui aient été écrites sur la guerre :
« Mille millions d'individus m'ont consacré toute leur activité d'un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voilà qu'aujourd'hui j'ai le couteau à la main. L'eustache de Bonnot. « Vive l'humanité ! » Je palpe une froide vérité sommée d'une lame tranchante. J'ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J'ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le Boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre. »
Paraissent également des poèmes écrits avant-guerre : son troisième poème « homérique » ou « whitmanien », Le Panama ou les aventures de mes sept oncles (1918), ainsi que les Dix-neuf poèmes élastiques (1919).
S'éloignant de Paris, il prend congé des milieux littéraires d'avant-garde (Dada, puis surréalisme) dont les polémiques lui paraissent dépassées et gagne Bruxelles, où il donne des conférences à l'U.L.B. (Université Libre de Bruxelles), s'y liant d'amitié avec Robert Goffin. Attiré par le cinéma, qui incarne pour lui la modernité de l'expression artistique, il devient l'assistant d'Abel Gance pour J'accuse, où il tient également un rôle de figurant, puis pour La Roue. En 1921, par l'entremise de Cocteau, il passe lui-même à la réalisation, à Rome où il réalise La Venera Nera (La Vénus Noire), un film aujourd'hui perdu, mais l'expérience est un échec.
Comme beaucoup d'artistes et d'écrivains à cette époque, il se passionne pour l'Afrique et compile dans son Anthologie nègre (1921) des contes de tradition orale, qu'il est le premier à considérer comme de la littérature. Pour les Ballets suédois, il tire de ce recueil l'argument de La Création du Monde (1923), avec une musique de Darius Milhaud, des décors et costumes de Fernand Léger[12].
En , il se rend au Brésil à l'invitation de Paulo Prado (pt), homme d'affaires et mécène des poètes modernistes de São Paulo, parmi lesquels Oswald de Andrade et Mário de Andrade. Dans un pays où la nature aussi bien que la population s'accordent à ses aspirations profondes, il découvre son « Utopialand » qu'il célébrera souvent dans ses livres. Il y retournera par deux fois, de janvier à et d' à . Il s'y lie notamment avec les poètes Oswald de Andrade (qui lui dédia son recueil Pau Brasil, publié en 1925 au Sans Pareil), Mário de Andrade, Sérgio Milliet, Luis Aranha, Manuel Bandeira et Carlos Drummond de Andrade, ainsi qu'avec les peintres Cícero Dias et surtout Tarsila do Amaral, qu'il nomme « la plus belle Pauliste du monde ».
En 1924, il publie Kodak (Documentaire). Il faudra attendre les années 1970 pour découvrir que Cendrars avait composé ces poèmes par collage en découpant et réaménageant des fragments du Mystérieux docteur Cornélius, un roman populaire de Gustave Le Rouge. Il voulait ainsi montrer à son ami qu'il était lui aussi un poète. La même année, paraît Feuilles de route, son dernier recueil de poèmes, illustré par Tarsila do Amaral.
Au retour du Brésil, il se lance dans le roman. En quelques semaines, il écrit L'Or (1925), où il retrace le tragique destin de Johann August Suter, millionnaire d'origine suisse ruiné par la découverte de l'or sur ses terres en Californie. Ce succès mondial va faire de lui, durant les années 1920, un romancier de l'aventure. Suivent bientôt Moravagine (1926), puis Petits contes nègres pour les enfants des blancs et Dan Yack qui rate le Goncourt.
Une vie romancée de l'aventurier Jean Galmot (Rhum - L'aventure de Jean Galmot, 1930) lui fait découvrir le monde du journalisme. Dans les années 1930, il devient grand reporter pour explorer les bas-fonds (Panorama de la pègre, 1935). Son ami Pierre Lazareff, le patron de Paris-Soir, l'envoie prendre part au voyage inaugural du paquebot Normandie, puis visiter Hollywood, la Mecque du cinéma. Pendant la même période, il recueille dans trois volumes d'« histoires vraies » les nouvelles qu'il a publiées dans la grande presse. En , il rencontre Henry Miller qui deviendra un de ses amis.
Entre 1937 et 1938, il se retire dans les Ardennes, sur la propriété d’Élisabeth Prévost, une jeune femme baroudeuse de vingt-sept ans qu'il a rencontrée à Paris et à laquelle il dédiera L'Homme foudroyé[13]. En 1939, lorsque la guerre éclate, il s'engage comme correspondant de guerre auprès de l'armée britannique. Ses reportages paraissent notamment dans Paris-Soir et le livre qu'il en tire, Chez l'armée anglaise, sera pilonné par les Allemands. Profondément affecté par la débâcle, il quitte Paris et le journalisme pour se retirer à Aix-en-Provence pendant toute l'Occupation[14]. Durant trois ans, il cesse d'écrire.
À la suite d'une visite du romancier Édouard Peisson, il sort enfin du silence le et commence L'Homme foudroyé (1945) que suivront La Main coupée, Bourlinguer et Le Lotissement du ciel. Ces volumes de « mémoires qui sont des mémoires sans être des mémoires » forment une tétralogie marquée par deux grands traumatismes : la perte de sa main droite et le suicide d'une jeune fille profondément amoureuse de lui. Ils sont composés comme des rhapsodies par Cendrars qui renoue ainsi avec la formation musicale de sa jeunesse.
À l'occasion de ce retour à l'écriture, un jeune photographe inconnu, Robert Doisneau, est envoyé à Aix pour faire un reportage sur Cendrars. Il illustre l'article que Maximilien Vox publie en 1945 dans La Porte ouverte, la revue de la chambre de commerce franco-suédoise, sous un titre qui résume bien ces années de guerre : Cendrars, un éléphant solitaire. Quatre ans plus tard, en 1949, Cendrars écrit le texte du premier album de Doisneau : La Banlieue de Paris, qui révèle un grand photographe.
En 1944, Cendrars, qui n'écrit plus de poèmes depuis vingt ans, a recueilli ses Poésies complètes chez Denoël, avec l'aide et une préface de son ami Jacques-Henry Lévesque resté à Paris.
En , il quitte Aix-en-Provence pour Villefranche-sur-Mer. De jeunes poètes viennent lui rendre visite : André Miguel, Frédéric Jacques Temple.
L'année suivante, le , il se marie avec Raymone Duchâteau, à Sigriswil dans l'Oberland bernois. Depuis qu'il a rencontré cette jeune comédienne en , il lui voue un amour idéalisé, non sans ambivalence, traversé de nombreuses crises[14].
La même année 1949, il publie Le Lotissement du ciel, dernier volume des mémoires, qui réunit les deux figures de Joseph de Cupertino, le saint volant du XVIIe siècle, et Oswaldo Padroso, un fazendeiro brésilien qui s'est pris d'un amour fou pour Sarah Bernhardt. Le prière d'insérer du volume tient de la profession de foi :
« Je voulais indiquer aux jeunes gens d’aujourd’hui qu’on les trompe, que la vie n’est pas un dilemme et qu’entre les deux idéologies contraires entre lesquels on les somme d’opter, il y a la vie, la vie, avec ses contradictions bouleversantes et miraculeuses, la vie et ses possibilités illimitées, ses absurdités beaucoup plus réjouissantes que les idioties et les platitudes de la « politique », et que c’est pour la vie qu’ils doivent opter, malgré l’attirance du suicide, individuel ou collectif, et de sa foudroyante logique scientifique. Il n’y a pas d’autres choix possibles. Vivre ! »
En 1950, il retourne définitivement à Paris et s'installe au no 23 rue Jean-Dolent[15], derrière la prison de la Santé. À l'initiative de son ami Paul Gilson, qui y dirige les programmes artistiques, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française en compagnie notamment de Nino Frank et Albert Rièra. Ses entretiens radiophoniques avec Michel Manoll connaissent un grand succès. Il se lie avec de jeunes écrivains qu'il recommande aux éditions Denoël : René Fallet, Robert Giraud, Jean-Paul Clébert, Jacques Yonnet.
Après un travail long et difficile, il publie, en 1956, Emmène-moi au bout du monde !…, un roman à clefs sous couvert d'une intrigue policière. La truculence de cette chronique théâtrale qui doit beaucoup à la vie de la comédienne Marguerite Moreno, une amie de Raymone, fait scandale.
Ce sera sa dernière œuvre car il est victime d'une première attaque cérébrale le 21 juillet 1956, puis d'une seconde en 1958[16]. En janvier 1959, c'est un grabataire qu'André Malraux fait Commandeur de la Légion d'honneur. Il se convertit au catholicisme le et épouse religieusement Raymone à l'église Saint-Dominique[16]. Le couple emménage en août au rez-de-chaussée d'un immeuble de la rue José-Maria-de-Heredia.
Il meurt le en son domicile au 5 rue José-Maria-de-Heredia dans le 7e arrondissement de Paris[17], après avoir reçu in extremis la seule récompense littéraire officielle qu'il ait obtenue de son vivant : le grand prix littéraire de la Ville de Paris.
Blaise Cendrars a reposé de 1961 à 1994 au cimetière des Batignolles à Paris.
Depuis 1923, il disposait d'une résidence, sa « maison des champs », au Tremblay-sur-Mauldre dans les Yvelines. En 1994, ses cendres ont été transférées dans le cimetière de ce village. En 2005, un Espace Blaise-Cendrars y est inauguré et la sente Blaise-Cendrars mène à la « maison des champs » où il écrivit L'Or.
Après sa mort, un lycée prend son nom dans sa ville natale de La Chaux-de-Fonds et à Sevran (Seine-Saint-Denis), ainsi qu'un collège de la ville de Boissy-Saint-Léger[18]. La médiathèque de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) porte aussi son nom. Le train RABDe 500 011-2 des CFF porte le nom de Blaise-Cendrars.
En 2011, le cinquantième anniversaire de la mort de Cendrars est inscrit en France parmi les célébrations nationales par le ministère de la Culture et de la Communication.
En , les Œuvres autobiographiques complètes de Blaise Cendrars entrent, en deux volumes, dans la Bibliothèque de la Pléiade chez Gallimard et l'album de la Pléiade lui est dédié à cette occasion. Suivent, en 2017, deux volumes d' Œuvres romanesques précédées des Poésies complètes.
Une fresque a été réalisée au marteau-piqueur par l'artiste Telmo Guerra en à La Chaux-de-Fonds sur la façade arrière de l’ancien cinéma Corso.
Le roman Les Pêcheurs d'étoiles de Jean-Paul Delfino, paru en octobre 2017 aux Éditions Le Passage Echo : Érik Satie et Blaise Cendrars traversent la nuit parisienne à la recherche de l'amour de l'un (Suzanne Valadon) et de l'ennemi des deux (Jean Cocteau).
Le Musée de la Légion Étrangère d'Aubagne a inauguré en juin 2018, une nouvelle exposition : « Zinoview - Cendrars : regards croisés de deux légionnaires sur la Grande Guerre » mettant en regard l’œuvre de guerre des deux artistes passés par la Légion Étrangère[19].
Année | Œuvre | Genre littéraire |
1945 | L'Homme foudroyé | Roman autobiographique |
1946 | La Main coupée | Roman autobiographique |
1948 | Bourlinguer | Roman autobiographique |
1949 | Le Lotissement du ciel | Roman autobiographique |
Publication posthume :
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L'AIBC adressait également à ses adhérents Séquence, une lettre semestrielle d'informations.
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