Abbaye de Bourgueil
abbaye située en Indre-et-Loire, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L’abbaye de Bourgueil, plus précisément l’abbaye Saint-Pierre de Bourgueil-en-Vallée, est une abbaye bénédictine, qui adopte la réforme de Saint-Maur en 1630. Elle est située à Bourgueil, autrefois Burgolium, dans le pays du Bourgueillois, dépendant avant 1790 de l’élection de Saumur, du siège royal de Chinon et du diocèse d'Angers, donc de l'Anjou historique. Mais de nos jours Bourgueil est en Indre-et-Loire. Cette importante abbaye est fondée en 990 par Emma, fille de Thibaud le Tricheur, comtesse de Blois et duchesse d’Aquitaine.
Abbaye Saint-Pierre- de-Bourgueil-en-Vallée | |||
Présentation | |||
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Culte | catholique romain | ||
Type | abbaye | ||
Rattachement | diocèse d'Angers | ||
Début de la construction | 990 | ||
Fin des travaux | 1791 | ||
Protection | rares vestiges en partie classés | ||
Site web | https://abbaye-bourgueil.fr/ | ||
Géographie | |||
Pays | |||
Région | Anjou | ||
Département | Indre-et-Loire | ||
Ville | Bourgueil | ||
Coordonnées | 47° 16′ 46″ nord, 0° 10′ 18″ est | ||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Indre-et-Loire
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Très rapidement, du Xe siècle au XVIIIe siècle, cette abbaye a sous sa dépendance 42 prieurés, 64 paroisses et un ermitage de l’Angoumois à l’Isle de France en passant par la Lorraine. Un des abbés, Baudri de Bourgueil, loue avec ses poèmes le vin que les moines contribuent à développer dans la région… Elle est aussi célèbre pour ses vastes jardins chantés par Ronsard. François Rabelais veut donner à son moine l'abbaye de Bourgueil, où ceux-ci développent la culture de la vigne et améliorent la qualité des cépages. L'abbaye devient une baronnie relevant du roi. Beaucoup de familles, nobles ou non, viennent dans le Bourgueillois pour occuper une fonction liée à la présence de l’abbaye. Même les rois ou futurs rois et les reines séjournent à l’abbaye Saint-Pierre de Bourgueil-en-Vallée et y prennent des décisions importantes. En 1156, Henri II Plantagenêt y tient les États généraux de ses provinces. En 1208, le pape Innocent III prend l’abbaye sous sa protection directe. Ravagée par les Grandes compagnies et les Anglais, pendant la guerre de Cent Ans, détruite en partie par des Huguenots, voulant se venger des crimes de l’un de ses abbés, Saint-Pierre est à plusieurs reprises, pendant les 801 ans de son existence, reconstruite en partie, agrandie, restaurée… Au XVIe siècle, elle est mise en commende. À la Révolution, l'Assemblée nationale, disposant des biens ecclésiastiques, chasse en 1791 les moines. L'abbaye de Bourgueil est ruinée par les destructions qui s’ensuivent, mais il reste néanmoins encore trois groupes de bâtiments datant d’avant 1789.
Bourgueil est l’un des mansiones placés sur la grande voie romaine allant d’Angers à Tours. D’autres voies romaines arrivent à Burgolium. Avant 977, ces terres appartiennent à Thibaut Ier « le Tricheur », comte de Blois. Il les donne en dot à sa fille Emma[1]. Avant 977, des moines sont déjà établis à Bourgueil dans un prieuré.
Emma de Blois, duchesse d’Aquitaine, lassée des nombreux adultères de son mari, Guillaume IV d'Aquitaine (935-995), notamment sa liaison avec Aldéarde de Thouars, se venge en faisant rudoyer et violer sa rivale lors d'une rencontre[2]. Elle trouve refuge avec son jeune fils, le futur Guillaume le Grand, chez son frère Eudes Ier de Blois au château de Chinon.
Les comtes de Blois sont une famille très pieuse. Leur oncle et leur frère sont archevêques de Bourges. Eudes est abbé laïc de Saint-Martin de Tours et de Marmoutier. Malade, il rentre à l’abbaye de Marmoutier de Tours, où il meurt le jeudi .
Cette famille, et certains de ses alliés, veut devenir suffisamment puissante pour braver le roi Hugues Capet, en particulier sur la Loire. Ce souverain est pourtant le mari de sa belle-sœur, Adélaïde d'Aquitaine, et son héritier Robert II le Pieux se mariera avec la veuve d’Eudes Ier de Blois, Berthe de Bourgogne.
Ce sont donc des guerres entre parents proches, détenant une grande partie de leur pouvoir de l’Église. La fondation d’une abbaye est donc aussi motivée par des raisons politiques. Elle renforce la puissance de ces princes tout autant que la construction du donjon de Langeais, l'un des premiers bâtis en pierre.
Emma de Blois fonde en 990 cette abbaye non loin du château de Chinon. Il y a tout lieu de penser que c’est elle aussi qui, prenant sur ses biens venus de son oncle, Herbert III d'Omois, mais surtout d’un grand nombre de domaines qu'elle avait reçus de son mari. C’est le cas pour Brolium, Longua-Aqua, Oziacum , Vendeia… Le Breuil, Longève, Gazais et La Vendée en Poitou[3]. Son mari, Guillaume IV d'Aquitaine, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, et son fils Guillaume V (969-1030) peuvent eux aussi être considérés comme des fondateurs de cette abbaye. C’est une grosse et riche fondation. Elle comprend de grands domaines, des terres et prés et une grande forêt, avec les eaux de la Loire et de grands droits seigneuriaux et féodaux qui lui donneront par la suite le titre de baronnie.
Ces puissants seigneurs la font bâtir dans cette vallée de l'Authion, située cinq ou six lieues au-dessus de Saumur. Ce lieu est appelé à cette époque la cour de Bourgueil. La duchesse Emma fonde ce monastère pour des religieux de l'ordre de Saint-Benoît, qu'elle envoie quérir à l’abbaye de Saint-Julien de Tours, dont l'abbé, appelé Gaubert ou Guibert, est parent de la duchesse. Les titres de Bourgueil nous insinuent que l'abbé Gaubert et ses religieux s'établirent dès cette année à Bourgueil : Ann. 990 : charte de la fondation de l'abbaye de Bourgueil-en-Vallée, par la comtesse Emma Anno ab incarnatione domini nostri Jesu Christi DCCCC LXXXX[4].
La confirmation de la fondation que la duchesse Emma obtient du comte Eudes, son frère, et celle qu'il obtint des rois Hugues Capet et Robert, son fils, sont toutes deux de l'an 994. Elles font voir qu'il y a des religieux établis en cette année-là et que l’abbaye a déjà un abbé. Cette fondation est aussi confirmée par deux papes, Jean XV et Sylvestre II, à la charge que les abbés qui seront élus, soient présentés aux futurs ducs d’Aquitaine, descendants d'Emma.
Emma de Blois meurt peut-être le . Elle est inhumée dans l’église de son abbaye, ce qui est généralement le cas pour les fondateurs d’abbaye.
La première église abbatiale romane est consacrée en 1001. Elle comporte une tour de sept étages abritant un carillon de neuf cloches. Au Moyen Âge l’abbaye va surtout cultiver l’anis, la coriandre et la réglisse fort appréciées une fois confites dans le sucre.
Gausbert de Blois ou Gaubert, ou bien Gobert, Ier abbé de Bourgueil de 991 à 1004. La charte de fondation de l'abbaye qui est de l'année 991, le désigne comme étant à cette époque abbé de l’abbaye de Saint-Julien de Tours. Il est appelé à Bourgueil par la duchesse Emma de Blois, sa parente, pour y conduire des religieux de l'ordre de Saint-Benoît, ce qu'il fait et il les gouverne en qualité d'abbé durant quelques années. Il devient en outre, et simultanément, abbé de Saint-Pierre-de-la-Couture au Mans, de Maillezais et de Marmoutier. L'Histoire littéraire de la France rapportera qu'il réforme ces monastères. En 1001, il y a transaction entre Gausbert, abbé de Bourgueil, et Gautier, chevalier, homme-lige de Foulques Nerra, touchant les droits de viguerie et de justice sur les hommes de Saint-Pierre de Bourgueil[5], et au sujet des immunités de Bourgueil. La même année, l’abbaye reçoit de la reine Berthe de Bourgogne et de ses fils, Thibaut et Eudes, une charte qui confirme la donation faite à l'abbé Gausbert et aux religieux de Bourgueil, par Emma, comtesse de Poitiers, de différents lieux situés dans le pays d'Évreux, Coldra videlicet et Longavilla[6]. Gausbert obtient une bulle du pape Sylvestre II une bulle qui confirme à cette abbaye tous les biens qu’elle possède[7]. À Chinon, la chapelle Sainte-Melaine est construite à cette époque par les moines de l'abbaye de Bourgueil. Elle verra mourir Henri II d'Angleterre.
Gausbert meurt à Bourgueil, le , suivant Mabillon et Dom Martène[8] et est inhumé dans l'abbaye Saint-Pierre de Bourgueil dans la salle capitulaire, selon Carré de Busserole.
1009-1012 : charte d'Hubert de Saumur, chevalier, qui donne à l'abbé Bernon, et aux religieux de Saint-Pierre de Bourgueil la viguerie et les droits de justice du château de Chinon, qu'il tint d'Alo, son seigneur. Il reçoit des religieux, pour cette donation, 4 000 sols. Alo donne son consentement à cette donation et reçoit deux cents sols, une cuirasse de prix et un cheval. Le comte Eudes, leur seigneur, confirme la charte et reçoit cent sols, parce que ladite viguerie relève de son fief[10]. Hubert de Saumur lui donne aussi le prieuré de Saint-Melaine de Chinon et le chevalier Milesendis un autre prieuré, celui de Saint-Étienne de la Rajace[7].
Dans une autre charte Giraud, Giraldus, fils d'Ausbert, donne à l'abbé Bernon et aux religieux de Bourgueil octo victos ad glaulas super aquam argentum de pratis ad censum duos solidos et octo denarios. En récompense de cette donation, l'abbé et les religieux associent Giraud et sa femme Ermesende à leurs prières. Data in mense maio, septimo kalendas maii, regnante Henrico rege Francorum[11].
Bernon meurt le et est inhumé dans la salle capitulaire.
En 1068, Joscelin II de Parthenay, entré en religion, devient trésorier de l'abbaye Saint-Hilaire de Poitiers, puis archevêque de Bordeaux. Il accorde à Raymond, abbé de Bourgueil, la faveur d’édifier une église en dehors du château existant. Il déclare aussi qu’après son achèvement, l’église appartiendra à perpétuité au monastère. Il donne aussi, la chapelle existante à l'intérieur du château, un four dans le bourg, une masure et demie de terre, soit 40 hectares, le droit de pêche dans un vivier (étang), la faculté de couper du bois et, sept arpents pour planter des vignes. Joscelin II de Parthenay promet à tous ceux qui viendraient construire leur habitation autour de la nouvelle église, une immunité fort recherchée, celle de ne pas être justiciable de la juridiction baronniale, mais uniquement de la justice des moines, plus douce et plus intelligente[13]. Marcel Garaud dans son mémoire de 1964 sur L’Avènement du régime Féodal au XIe siècle, écrira qu’à cette époque, les seigneurs exemptent de leur juridiction tous les hommes du monastère qu’ils fondent. Un privilège analogue est octroyé à l’abbaye de Bourgueil pour son prieuré de Secondigny[14]. Ce texte semble montrer qu’à sa fondation, Secondigny possédait son prieuré avec des moines. Une longue liste de vassaux et de serviteurs accompagne l’archevêque Joscelin II de Parthenay, l’évêque de Poitiers et Raymond, abbé de Bourgueil, lors de la donation du bourg de Secondigny à l’abbaye de Bourgueil. Une fois l’église construite, l’abbaye de Bourgueil perçoit des revenus des paroissiens, la dîme, car comme l’écrit George T. Beech toute nouvelle terre mise en culture apporte de nouveaux revenus à son propriétaire. En 1069, en date du , nous notons aussi parmi les cartulaires de l’abbaye de Bourgueil, que par acte, Geoffroy de Blois, du consentement de sa femme Pétronille, héritière d’Argenton et de son fils Aimery, donne les deux églises à construire, d’Argenton Château, à l’abbaye de Bourgueil. Cette charte est confirmée par le suzerain, le vicomte Aimery V de Thouars, au seigneur Raymond abbé, abbas Raymundus. Parmi les témoins, nous notons Hebo de Partiniaco, que nous supposons être Hebbon, le seigneur de Parthenay. Confirmation la même année d’Isambert II, évêque de Poitiers.
Geoffroy de Blois, seigneur d’Argenton, continue ses libéralités à l’abbaye de Bourgueil en donnant peu après, l’église de Beaulieu-sous-Bressuire. Il est fait quantité d’autres dons et des fondations à l'abbaye de Bourgueil, tandis que celui-ci est abbé, principalement à l'égard des prieurés du Bouchet, Saint-Porchaire, Saint-André à Mirebeau, Saint Saturnin de Chevreuse, Saint-Pierre de La Péruse, au diocèse de Limoges[12]. En 1076, Alo, fils d'Alo, fonde le prieuré de Neuil-sur-Dive, en Poitou, dépendant de l'abbaye de Bourgueil[15]. Raimond. abbé de Bourgueil, du consentement de Barthélemy, archevêque de Tours, fait échange avec les religieux de Saint-Martin de Candes, d'une maison qu'il possédait à Candes, contre un cellier, que les religieux de Candes-Saint-Martin possèdent entre l'église de Saint-Martin et celle de St-Maurice[16]. Charte de Regnault, qui, du consentement de sa femme, Béatrix, et de sa mère, Letitia, se désiste des prétentions injustes qu'il élève sur une terre et sur les colliberts de l'abbaye de Bourgueil, situés apud Coziacum. En récompense de son désistement, l'abbé Raimond lui donne un cheval et quinze livres de monnaie courante[16]. L’abbaye est ravagée par un incendie le . Les libéralités des seigneurs des environs permettent de la reconstruire rapidement[1].
Baudri de Bourgueil, (VIIe abbé de 1087 à 1107), Angevin de naissance, homme très savant pour le siècle, devient abbé en 1089. Il obtient de Pierre II, évêque de Poitiers, en 1087, une confirmation des églises que l'abbaye de Bourgueil a en l'évêché de Poitiers. Il est consacré évêque de Dol-de-Bretagne en 1107. Il a donné, sous le titre de Historia Hierosolymitana, l'histoire de la première croisade (1095-1099), publiée dans le recueil de Jacques Bongars et la Vie de Robert d'Arbrissel, dans le recueil de Jean Bolland. Moraliste, il s’élève contre le contenu de plus en plus faible des rouleaux des morts, parchemins transmis d’abbaye en abbaye à l’occasion de la mort d'un moine[17]. De son temps, l'église de Limours, qui est du titre de saint Pierre, est donnée en 1091, par Geoffroy de Boulogne, évêque de Paris, à l'abbaye de Bourgueil. Les moines y forment un prieuré. En tant que paroisse, elle est comprise au Doyenné de Château-Fort[18], dans le pouillé de Paris, écrit au XIIe siècle, et marquée sous le nom de Lirais, comme dépendante de Bourgueil pour la nomination. En tant que prieuré, elle est marquée avec le nom de Prioratus de Limoves, sous le doyenné de Macy. Le Pelletier, dans son pouillé de 1691, marque que l'un et l'autre sont à la nomination de l'abbé de Bourgueil[19].
En 1093, nous avons une charte d'Herbert, surnommé Payen, qui fait enterrer sa mère Bénédicte dans le monastère de Saint- Pierre de Bourgueil, où son père était déjà enterré, et qui donne aux religieux de cette abbaye, en reconnaissance de la sépulture accordée à ses père et mère, une écluse située sur l'Indre. Hugues, Aimery et Chrétien, ses frères, Adda et Guiberge, ses sœurs, Pépin, mari d'Adda, consentent à cette donation[20]. Cet abbé fait-il réellement preuve de zèle pour le rétablissement de la discipline, puisque l'on voit que de son temps on n'observe pas l'abstinence de la viande dans l'abbaye de Bourgueil, même le samedi ? Bien loin de s'y opposer, il blâme la conduite d'un moine de son abbaye, qui ne veut point se conformer à cet usage, il le qualifie même de juif qui observe le sabbat[21]. L'abbé Baudry ou Baldric a fait la description de l'abbaye de Bourgueil en vers latins et loue la beauté du grand jardin abbatial. Mais ce n'est encore rien du temps de Baudri de Bourgueil, comparé aux embellissements, canaux, jardins, allées, fontaines et autres agréments et promenades, que les abbés vont faire faire dans les siècles qui suivent. Au XVIIIe siècle, ce lieu sera devenu l’une des plus délicieuses et agréables demeures du royaume. C’est néanmoins déjà, au début du XIIe siècle, un véritable trésor empli de simples où viennent puiser les moines médecins et que Baudry célèbre en ces termes : J’ai un jardin rempli de plantes parfumées où fleurissent la rose, la violette, le thym et le crocus, le lis, le narcisse, le serpolet, le romarin, le jaune souci, le daphné et l’anis. D’autres fleurs s’y épanouissent à leur tour de sorte qu’à Bourgueil le printemps est éternel.
La première église abbatiale romane est démolie au XIIe siècle. Il faut que Baudry ait quitté l'abbaye de Bourgueil avant que d'être consacré évêque, car nous trouvons dès l'an 1106 un autre abbé que lui. Il s'appelle Humbert. Mais il ne figure pas sur toutes les listes[22].
Le prieuré de bénédictins Saint-Christophe, à Châteaufort, dépend au milieu du XIIe siècle de l'abbaye de Bourgueil[25]. Il revient à l’église paroissiale et la maison diocésaine. Le prieuré de Bénédictins Saint-Gervais à Neuillé, à côté de Saumur, datant peut-être d’avant le XIIe siècle, appartient aussi à l’abbaye[26]. Audeberte, abbesse de Fontevrault, et la communauté du dit lieu, s'accordent, en présence du roi Henri II d'Angleterre, avec l'abbé Aimery et l'abbaye de Bourgueil, au sujet des terres et des bois des Loges (de Lotgis), ci-devant prieuré conventuel de l'Ordre de Fontevraud [27]. Ingrandes-de-Touraine est un fief de l'abbaye de Bourgueil depuis la fin du XIIe siècle.
L'église paroissiale Saint-Martin à Houlette appartient d'abord à l'abbaye Saint-Cybard d'Angoulême. Elle est donnée à l'abbaye de Bourgueil, puis par la suite, en 1589, au prieuré d'Angoulême et enfin, en 1680, à l'abbaye Saint-Ausone d'Angoulême[30]. Ce prieuré Notre-Dame-de-Beaulieu d’Angoulême a appartenu à l’abbaye de Bourgueil.
De son temps, en 1260, naît à Bourgueil, Étienne de Bourgueil, dans une famille de condition modeste, selon Louis Moréri. Ce Bourgueillois, élevé par les moines, ne devient pas abbé de Bourgueil, mais professeur de droit à Angers, puis archevêque de Tours (1324-1334) et fondateur d'un collège à Paris, où il loge hôtel Bourgueil. En 1333, Étienne de Bourgueil fait édifier le collège de Tours. Les abbés de Bourgueil ont leur maison de ville, l’hôtel Bourgueil, à Paris, rue de la Calandre, dont ils héritent d’Étienne de Bourgueil.
Lettres patentes de Philippe VI de France, déclarant que le monastère de St-Pierre de Bourgueil a toujours été placé sous la sauvegarde royale, qu'il entend qu'il en soit toujours de même à l'avenir et mandant aux baillis de Touraine, d'Anjou et du Maine et au sénéchal de Poitou, qu'ils veillent à ce que les religieux jouissent de tous leurs privilèges, tant pour leur dit monastère que pour leurs prieurés[34].
Gervais meurt le et est remplacé par Bertrand de Vignac[35].
De son temps, Bourgueil est ravagée par les Grandes compagnies. Le l’abbaye et la ville sont incendiées. En conséquence de cela, le roi Charles V de France donne l’ordre de fortifier l’abbaye. Une nouvelle église abbatiale, plus monumentale est mise en chantier (le chœur comportait 70 stalles) ; elle demeurera inachevée. Autour de son église, l’abbaye comprend un château abbatial, un cloître, une galerie, des dortoirs de moines, des ateliers, l’hôtellerie, l’infirmerie, l’ancienne cuisine (semblable à celle de Fontevraud), les écuries, le chenil, sans oublier greniers et celliers flanqués de tourelles circulaires (chapelle actuelle), et le moulin du monastère, les jardins, en particulier les vignes du prieur et de l’abbé.
En 1370 des lettres du roi Charles, adressées à son frère, le duc d'Anjou, précisent que l'abbaye et les religieux de Bourgueil ont toujours été sous la protection immédiate des rois de France, et que l'abbé ne doit serment qu'à lui. En conséquence, il lui enjoint de demander à ses officiers de ne point obliger les religieux à des choses auxquelles ils ne sont point astreints[38].
François Rabelais vient régulièrement à Bourgueil en voisin de sa propriété toute proche de La Devinière (à Seuilly). Dans Gargantua, en 1534, après avoir offert à son moine Frère Jean des Entommeures de le nommer abbé de Seuilly, il lui propose l'abbaye de Bourgueil, cadeaux que ce dernier refuse. Gargantua et le moine batissent alors une "abbaye à son idée" : l'abbaye de Thélème[62].
L’abbaye est fortifiée. Les habitants des villages aux alentours doivent venir y monter la garde. Malgré ses défenses, en 1562, les protestants ravagent de nouveau le bourg et l’abbaye, notamment les deux églises et ils brûlent les reliques. Leur chef emporte les vases sacrées. À cette époque, l’abbé de Bourgueil nomme les curés des villages environnants et il échappe à l’autorité de l’évêque d’Angers. L’abbaye est une fondation royale et une baronnie. Bien entendu, elle rend la haute, moyenne et basse justice sur ses hommes, vassaux et sujets. Ils sont exempts de toutes chevauchées… en cas de guerres.
Le jardin Renaissance est créé par Philippe Hurault de Cheverny et embelli par la suite par Léonore d'Estampes de Valençay. Ces vastes jardins en terrasse jardins suspendus sont très célèbres à cette époque et jusqu’en 1789 pour leur exceptionnelle beauté. Ronsard, neveu de l’abbé Charles de Pisseleu, qui séjourne très souvent à l’abbaye, les chante dans ses œuvres.
Une notice écrite au milieu du XVIIIe siècle et citée par Jacques-Xavier Carré de Busserolle nous donne une idée de cette abbaye avant sa destruction : Ce monastère est fort bien situé dans un air fort serein et tempéré, fertile en bon fruits, bien que son principal terrouer soit assez ingrat n’étant qu’une terre sablonneuse ; et ce lieu est fort propre pour la chasse, abondant pour le gibier, principalement en bêtes fauves, comme cerfs, biches et sangliers, qui font de grands dégâts dans les biens des pauvres laboureurs. Ce monastère n’est pas un des moindres des provinces d’Anjou et de Touraine, soit que l’on considère la seigneurie de Bourgueil qui porte le titre de baronnie, la situation du lieu, la qualité des habitants qui sont assez bien partagés pour les dons du corps et d’esprit et fort portés à la piété ; soit que l’on considère les bâtiments du dit monastère dont l’église est fort belle avec des voûtes fort larges et élevées, à laquelle pour la rendre complète il ne manque qu’une nef. Les lieux réguliers qui l’accompagnent lui donne de lustre, car il y un beau cloistre, un beau chapitre bien voûté, accompagné d’un beau dortoir et d’un grand réfectoire bien percé et fort bien lambrissé, avec un petit jardin à fleurs, au bout duquel il y a un grand jardin avec un petit bosquet de charmes et de sycomores et un clos de vigne. Mais ce qui donne la perfection aux lieux et bâtiments du dit monastère et y donner le dernier lustre, sont les appartements du logis abbatial qui consistent en de magnifiques bâtiments au-devant desquels il y a deux grandes cours avec porte cochère et une belle entrée de monastère, avec pont-levis et au derrière un beau parterre, de beaux jardins, une grande galerie sur un canal de 500 pas de long et une vigne au bout d’un pré, et à côté un beau parc fermé d’un côté de murailles et de l’autre d’un canal à mettre du poisson… toutes les susdites choses si bien compartées et divisées qu’elles rendent le logis abbatial le plus accompli des deux provinces d’Anjou et de Touraine…[68].
1782 voit l'avènement du dernier abbé de Bourgueil. Les temps changent. Sur les droits d’usage, un procès oppose les habitants de la commune à différents propriétaires, entre autres l’abbaye de Bourgueil de 1781 à 1786.
En 1828, une communauté de soeurs s'installent à l'abbaye. Elles vont occuper différents bâtiments : l'ancien château du XVIIe siècle, les bâtiments du cellier du XIIIe siècle, l'ancien moulin, la grande aux Dîmes, le chai et les différents jardins attenants.
La partie monacale est rendue au diocèse de Tours sous l'influence de René François Renou, archevêque de Tours, à la fin du XIXe siècle. Il y fait un patronage qui se transforme en association loi 1901. L'Association de l'Abbaye, grâce au bénévolat, permet de restaurer et d'animer l'abbaye. Elle propose une kermesse annuelle, la vente de travaux manuels, une programmation cinématographique… Il est aussi possible de visiter les différents monuments ainsi que le musée, qui comporte plusieurs objets retraçant l'histoire de Bourgueil, que ce soit de l'époque de Napoléon en passant par le XVIIe siècle avec une série de projecteur et une chambre à l'identique.
Voici la liste des bénéfices. L'abbé qui est commendataire, et qui tire de cette abbaye pour sa part et portion vingt mille livres de rente, toutes charges acquittées, présente tous les bénéfices dépendant de celte abbaye, à la réserve des offices claustraux et chapelles régulières que voici, qui, avec la partition de la mense conventuelle, font environ seize mille livres de rente pour ces religieux. Ces offices sont et s'appellent : le prévôt, l'aumônier, le sacristain, l'infirmier, l'armoyer, le célérier, le prieur claustral, le sous-prieur, le chantre, et quatre chapelles régulières. Avant l'introduction de la réforme, il y avait d'ordinaire vingt religieux ou places de religieux à Bourgueil. Les réformés se sont réduits à dix ou douze, et ont réuni ces offices à la messe[71].
Les religieux donnent à l’hôpital de Bourgueil tous les ans huit cents boisseaux de différentes espèces de grains.
L'abbé de Bourgueil présente, en Anjou : les prieurés simples du Plessis-aux-Moynes, de La Roche-aux-Moynes, Breille, Brain-sur-Allonnes, La Chapelle-aux-Choux; et les cures de Bourgueil, Chouzé, Varennes, Lublé, Chalonnes près le Lude et de Marcilly[72].
Au diocèse de Poitiers : les prieurés de Saint-Porchaire dudit Poitiers, Saint-Aubin du Dolet, Saint-Étienne de La Rajasse, Saint-André de Mirebeau, Saint-Hilaire de Vouzaille, Saint-Fort de Tourtenay, Saint-Hilaire de Sorge, Saint-Jean-Baptiste de Dercé, Chassaigne, Le Bas-Nueil, Vorge, Baussay, Jaunay, Montbeille, Parthenay, Regnepont, Heresson, Faye-d'Anjou, et La Roche Rabaste, alias Montbrilais.
Au diocèse de Maillezais : Saint-Léger-de-Montbrun, Saint-Laur, Saint-Pardoul, Auzay, Fossey (Foussais), du Busseau, Longuesme, Bervilieu, Bernon, Sillé.
Au diocèse de Paris : Limoux, Châteaufort, Palaiseau, Chevreuse, Erval, Villepreux.
Au diocèse de Saintes : Beaulieu de la ville d'Angoulême, avec Segonzac son annexe.
Au diocèse de Nantes : Derval.
Au diocèse de Limoges : Saint-Pierre de La Péruse.
Au diocèse d'Évreux : Saint-Germain de Marcilli, et Saint-Martin de Voudras.
Au diocèse de Tours : Sainte-Croix à Tours, Saint-Michel-sur-Loire, Saint-Bomain d'Ingrandes-de-Touraine.
Au diocèse de Chartres : Goussainville, Peautiolle, Saint-André de Neauphle-le-Château, Plaisir, Montigny, Touville, Pavolets.
Au diocèse de Toul : l'ermitage de Bermont à Domrémy-la-Pucelle
Presque tous les prieurés et églises ci-dessus ont des cures du même nom, que l'abbé de Bourgueil présente pareillement[71].
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