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habitants européens de Nouvelle-Calédonie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le terme Caldoche désigne la partie de population néo-calédonienne essentiellement d'origine européenne (mais pouvant avoir aussi connu un fort métissage), installée en Nouvelle-Calédonie depuis la colonisation commencée au milieu du xixe siècle. Le terme a fait l'objet, à l'instar du terme canaque devenu kanak chez les Mélanésiens, d'une récupération identitaire et est parfois revendiqué par une partie des personnes concernées pour mettre en avant leur lien à la terre où ils sont nés et où leur famille a évolué. Beaucoup préfèrent toutefois le terme plus neutre, et plus générique, de « Calédoniens »[2].
Nouvelle-Calédonie | 73 199[1] (2014) |
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Population totale | 73 199[1] (2014) |
Régions d’origine | |
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Langues | français |
Religions | Catholicisme, protestantisme |
Ethnies liées | Divers européens - Métis - Français ultramarins - Océaniens |
Plusieurs versions existent sur l'origine du mot « Caldoche ». La plus répandue, notamment définie par l'ouvrage collectif Mille et un mots calédoniens, lexique d'expressions néo-calédoniennes édité par la FOL en 1982, et reprise par le dictionnaire calédonien du site officiel de La Brousse en folie de Bernard Berger, impute son invention à la journaliste et polémiste locale Jacqueline Schmidt.
Participant activement à la fin des années 1960 au débat sur l'adoption des très controversées lois Billotte (surtout la première de ces lois, qui transfère à l’État les plus hautes responsabilités de l’activité minière calédonienne[3]), elle signait alors ses articles sous le pseudonyme de Caldoche, unissant le radical Cald-, renvoyant à son fort sentiment d'appartenance à la Nouvelle-Calédonie où sa famille était installée depuis près d'un siècle, au suffixe -oche, reprenant l'insulte de « sale Boche » que certains parents de ses camarades de jeu lui lançaient durant son enfance en raison de ses origines germaniques (les Schmidt font partie d'une importante communauté germanophone, essentiellement rhénane, ayant fui l'Allemagne pour éviter de se soumettre à la domination prussienne dans les années 1860[4]). Le propriétaire du journal D1TO, Gérald Rousseau, trouvant le surnom amusant, l'a ensuite repris et popularisé[5].
Les revendications d'une identité caldoche ont fluctué en fonction des rapports de force politiques avec l'Hexagone et les Kanak depuis le milieu du XXe siècle[6].
Cependant le terme « Caldoche » n'en reste pas moins un sobriquet, au même titre que le terme « Zoreilles » ou le diminutif « Zore », utilisés pas les habitants de Nouvelle-Calédonie, pour désigner les Français venus de métropole.
Les familles « caldoches » trouvent leur origine essentiellement dans les différentes vagues de colonisation connues par la Nouvelle-Calédonie du milieu du xixe siècle au milieu du xxe siècle. Et les raisons qui ont amené les « pionniers » à venir s'y installer peuvent être particulièrement multiples, avec une première distinction entre colons libres et pénaux.
Ils sont venus sans contrainte, sans avoir été condamnés, tout au long de la période, soit par initiative personnelle, soit dans le cadre d'une politique engagée ou soutenue par les autorités gouvernementales dans le but de faire de la Nouvelle-Calédonie une colonie de peuplement. Parmi celles-ci on peut citer :
En dehors de cette colonisation planifiée et organisée, qui n'a rencontré que des succès très relatifs, de nombreux colons sont venus s'installer suivant des démarches individuelles, et pour des raisons variables : désireux de fuir une situation difficile pour tenter leur chance ailleurs (les Irlandais ou Italiens qui quittent des régions miséreuses, des paysans français venus des endroits les plus touchés par la crise rurale du xixe siècle, notamment des pays montagneux ou accidentés du Massif central, des Pyrénées, des Alpes ou de Bretagne), attirés par le potentiel économique (notamment des familles liées aux grandes compagnies marchandes bordelaises ou nantaises comme les Ballande, et les familles associées des Bonneaud, des Berge ou des Laroque, ou encore les de Béchade, les Castex, mais aussi les Catala de Montpellier, les Milliard de Marseille ou les Barrau d'Avignon, ou plus généralement des marins caboteurs ou aventuriers qui viennent surtout s'investir dans la mine), par choix politique (notamment des militants républicains qui quittent la France après le Coup d'État du 2 décembre 1851 de Napoléon III, comme les Porcheron ou les Dezarnaulds, ou encore les Alsaciens et Allemands refusant la domination prussienne), ou tout simplement des fonctionnaires ou militaires ayant décidé de rester dans la colonie après la fin de leur affectation (les Agez, Betfort, Calimbre, Creugnet, Debien, Garrigou, Goujon, Harbulot, Hénin, Rossard et Ulm descendent ainsi de militaires, de carrière ou du contingent, les Bénébig, Baronnet, Baudoux, Blum, Boulet, Gérard, Guépy, Lafleur, Meyer, Nagle et Taddeï de surveillants ou agents du Bagne, les De Gaillande ou les de Rouvray de l'administration coloniale).
Il est difficile de chiffrer exactement les membres de familles Caldoches descendantes de colons libres. J.C. Roux fait état de 1 060 colons libres sur 2 005 Européens en 1866, 2 703 sur 16 845 (ils sont alors dépassés par les bagnards) en 1877, 5 600 sur 18 800 en 1887 et 9 300 sur 20 730 en 1896 (au début de la colonisation libre, ce chiffre a certainement chuté ensuite)[13].
Les 250 premiers « transportés » arrivent à Port-de-France le à bord de L'Iphigénie. En tout, 75 convois amèneront, entre 1864 et 1897, environ 21 630 immatriculés au bagne, selon les estimations d'Alain Saussol[13]. Il existe alors trois types de « bagnards » ou « chapeaux de paille »[16] :
Après les travaux forcés, les bagnards doivent « doubler » leurs peines en étant placés dans des fermes pénitentiaires et, une fois libérés, y obtiennent une terre en concession. L'administration pénitentiaire se dote pour ce faire d'un important domaine foncier, largement pris sur les terres Kanak, qui monte à son apogée jusqu'à 260 000 hectares. En tout, les concessions définitivement attribuées aux libérés sont évaluées à 1300 environ. Les centres d'implantation des colons pénaux sont Bourail dès 1867 (avec quelque 460 concessions), La Foa-Farino (avec les centres de Fonwhary, Focola, Ouraï, Farino et Tendéa) à partir de 1876, Ouégoa après 1880 et Pouembout en 1883. Les derniers centres pénitentiaires sont fermés en 1922 et en 1931, mais de nombreux descendants de « libérés » restent installés sur les concessions de leurs ancêtres[17].
Le nombre de pénaux présents en Nouvelle-Calédonie est monté jusqu'à 11 110 en 1877, soit les 2/3 des Européens présents dans la colonie, et en 1897, date de l'arrêt des convois de transportés et relégués, ils sont encore 8 230[13].
Les familles peuvent avoir des ascendances assez variées, avec en général une souche européenne mais ayant pu donner lieu à de nombreux métissages au fil du temps.
Une grande majorité est néanmoins d'origine française, avec quelques foyers principaux. On peut ainsi citer tout d'abord une importante communauté d'Alsaciens ou Lorrains venus après la guerre de 1870 et l'annexion de l'Alsace et de la Moselle par la Prusse (les familles alsaciennes Blum, Dillenseger, Eschenbrenner, Freudenreich, Girold, Spahr ou Ulm, les familles lorraines Boulet, Cornaille, Delaveuve (cf. Rémy Delaveuve), Harbulot, Idoux, Jeannin, Kindel, Lafleur, Mayet, Mercier, Nagle, Poncelet, Thonon ou Weiss). S'y ajoutent les descendants des créoles de La Réunion venus dans les années 1860 et 1870 pour fuir la crise sucrière de leur île natale (les Bernier, Boyer, Clain, De Gaillande, De Greslan, Douyère, Gillot L'Étang, Guichard, Kabar, Imbault, Lalande-Desjardins, Ragot, Rapadzi, Revercé, Rolland ou Sautron, ou encore les Desmazures de l'île Maurice), des commerçants et armateurs bordelais (les Ballande, Berge, de Béchade, Bonneaud, Castex, Laroque, Ménard, de Saint-Quentin) ou Nantais (Deligny, Laborde) attirés à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle par les possibilités économiques que pouvait offrir une colonie de peuplement en plein essor et découvrant à cette époque le nickel, des Picards (Devambez, Devillers, Létocard, Lomont), et gens du Nord arrivés assez tôt (Gayon, Agez, Labat, Millon) ou bien au contraire très tardivement dans le cadre de la « colonisation nordiste » des années 1920 (Prévost, Bernast).
De même, des marins et/ou aventuriers venus de toute la façade maritime de l'Atlantique viennent peupler la colonie et sont à l'origine de plusieurs familles calédoniennes : des Normands (Bichon, Caillard, Cheval, Christy, Féré, Lefèvre, Le Goupils, Magnin, Tranchand, Trubert), Bretons (Audrain, Babo, Botrel, Dubois, Gérard, Guégan, Hénin, Lainé, Le Mescam, Lucas, Morault, Ollivaud, Le Pironnec), Charentais (Bégaud, Besnard, Betfort, Bourdy, Creugnet, Waintiligon, Madani, Déméné, Talon) ou Girondins (Bonnet de Larbogne, Fabre).
Enfin, les régions rurales les plus reculées (et les plus hostiles), en difficulté dans ce siècle de Révolution industrielle, donnent leurs lots de pionniers. Ainsi plusieurs familles puisent leurs sources dans le Massif central et notamment dans le Quercy-Rouergue (Bourgade, Lapélerie, Loupias), le Gévaudan (Pagès), l'Auvergne (Cacot, Chautard, Forest, Papon), le Limousin (Delathière, Soury-Lavergne) ou le Vivarais (Jocteur). Dans les zones pyrénéennes, plusieurs colons viennent de l'Armagnac (Ducasse), du Pays basque (Goyetche), du Roussillon (Fruitet, Jorda, Parazols), du Béarn (Bénébig, Gauharou, Péré), de la Région toulousaine (Leyraud), du Bigorre (Bouteille, Vergès) ou du Narbonnais (Clavel). De Savoie ou plus généralement du massif alpin, on peut citer les Boyer, Brun, Mathelon ou Veyret.
L'une des premières vagues de colonisation, parfois avant même la prise de possession par la France, a été britannique. C'est le cas notamment par le biais des colons Paddon et/ou Cheval, que ces derniers ont recruté en Australie. Plus tard, d'autres Australiens viendront à leur tour s'installer dans la colonie française, généralement comme agents d'affaires ou commerçants (on peut citer l'armateur Thomas Johnston, arrivé en 1883, l'agent d'affaires John Brock).
Parmi les descendants d'anglais, on peut ainsi citer les Martin (qui se prononce « Martine », ils remontent aux neveux de Paddon, et en est issu l'ancien président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Harold Martin), Johnston, Hickson, Brock, Wright, Elmour, Unger ou encore George. Il faut y ajouter des Irlandais issus de la diaspora causée par la Grande famine que connaît leur île natale au milieu du xixe siècle, attirés en Nouvelle-Calédonie à leur tour par Paddon ou Cheval : les Daly (prononcé Délé en Nouvelle-Calédonie, mais dont la prononciation irlandaise est « Dêli »), O'Donoghue, O'Connor, O'Callagan, Newland notamment ont fait souche. D'un autre côté, des Irlandaises (veuves, orphelines ou filles à marier) venues individuellement dans la colonie se sont mariées à des colons déjà installés. Les familles Soulard, Creugnet, Cheval, Vergès, Hoff, tout en ayant des patronymes à consonance française, ont ainsi des origines généalogiques dans l'île verte.
On compte également de nombreux patronymes d'origine italienne (issus des forts mouvements de migrations d'Italiens ayant eu lieu dans la deuxième moitié du xixe siècle, tels que Mostini, Marini, Gervolino, Taddeï, Luciano, Pantaloni, Paladini), allemande (surtout de la région rhénane et essentiellement des personnes s'opposant à la domination prussienne sur l'Allemagne, les Gaërtner, Hagen, Metzger, Ohlen, Schmidt, Streiff ou Tuband), belge (Busiau, Liétard, Loiseau, Metzdorf), suisse (Engler, Léoni), espagnole (Colomina, Bouteille qui initialement s'appelaient Botella), croate (Draghicevicz) ou polonaise (Komornicki).
Mais il existe également des familles n'étant pas d'origines européennes mais largement métissées et considérées comme des « Caldoches » : ce sont surtout des descendants des différentes main d'œuvre amenées pour travailler dans les plantations de café (Indonésiens) ou de canne à sucre (Malbars, Cafres), ou dans les mines (Javanais dits « Niaoulis » lorsqu'ils sont nés sur le Territoire, Tonkinois dits « Chân đăng », Japonais) dès la fin du xixe siècle, et qui ont fini par s'installer définitivement en Nouvelle-Calédonie, contrairement à la majorité de leurs compatriotes (qui sont souvent rentrés dans leurs régions natales, les Indonésiens ou les Vietnamiens après les indépendances de leurs pays, les Japonais lors de la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle beaucoup ont été expulsés et leurs biens confisqués).
Divers patronymes évidents :
Enfin, des descendants de Chinois ayant profité de l'ouverture des ports de leur pays par le Traité de Nankin pour s'embarquer sur des navires marchands (notamment les santaliers ou pêcheurs d'holothurie du Pacifique, et parmi eux ceux d'un certain James Paddon) se retrouvent dans les familles Alilong, Haho ou encore, et surtout, les Song.
Parmi les « Caldoches, on distingue généralement les familles nouméennes et les familles « Broussardes » (ou de Brousse). Les premières comptent en leur sein les plus anciennes de l'archipel, remontant pour beaucoup d'entre elles à la colonisation « pionnière » de l'avant bagne, c'est-à-dire des années 1850, 1860 et 1870. Elles conservent souvent une propriété rurale en dehors de la ville, signe qu'elles descendent de colons-éleveurs de Brousse venus s'installer au chef-lieu pour une raison ou pour une autre (par exemple, pour y développer une activité commerciale ou libérale, ou en raison de l'échec de leur exploitation agricole) ou encore qu'elles étaient présentes dès le départ dans la presqu'île de Nouméa avant que l'urbanisation ne les rattrape. Certains ont même donné naissance à de véritables dynasties financières et/ou industrielles (les Ballande ou les Pentecost dans le secteur marchand, de la distribution et de l'import-export, les Magnin dans le domaine de la santé, les Cheval dans la mine et l'immobilier, les Lafleur dans la mine puis l'agroalimentaire et des industries diverses dont la production de produits ménagers, les Montagnat dans la mine également, les Jeandot dans l'imprimerie, la papeterie et la concession d'automobiles), et de nombreuses figures de la vie politique locale sont issues de ses rangs (le sénateur Henri Lafleur puis son fils le député Jacques Lafleur, les anciens présidents du gouvernement Pierre Frogier et Harold Martin, l'ancien maire de Nouméa, Roger Laroque et son successeur Jean Lèques). La forte proportion d'Européens dans le chef-lieu a d'ailleurs valu à celui-ci d'être longtemps surnommé « Nouméa la Blanche ». Bien que celle-ci soit plus cosmopolite aujourd'hui du fait de l'arrivée continus de travailleurs wallisiens ou futuniens ou encore en raison du fort exode rural venu des tribus Kanaks de brousses, la population européenne (Caldoches, sans prendre en compte ceux d'origines non européennes, et Zoreilles) représente toujours en 2009 61 034 personnes dans le Grand Nouméa, soit la première communauté de l'agglomération avec 37,28 % de sa population (ils forment 43,4 % des Nouméens). En y ajoutant les personnes s'étant déclarées comme appartenant à plusieurs communautés (beaucoup de Caldoches étant métis) ainsi que ceux ayant choisi une autre appellation communautaire que celles proposés lors du recensement (dont une grande partie de personnes se déclarant « Calédoniennes »), cela donne 88 728 individus dans l'aire urbaine (54,19 %, et 58,17 % des Nouméens). Il faut néanmoins relativiser ce dernier chiffre dans le sens où le groupe des Européens comprend la quasi-totalité des « Métropolitains » et les catégories « Autres » ou « Plusieurs communautés » pouvant correspondre à d'autres populations que les Caldoches (Antillais, métissages océaniens ou asiatiques, par exemple), presque tous installés dans la capitale locale ou sa banlieue, tandis que le nombre de personnes que peuvent représenter ces derniers est difficilement quantifiable.
Le terme de « Broussard » renvoie quant-à-lui aux habitants blancs de la Brousse, ou campagne néo-calédonienne, qui vivent encore d'une activité rurale sur des propriétés (appelées « stations ») de tailles variables, pratiquant essentiellement l'élevage extensif de bovins, mais aussi de cervidés, de volaille ou de lapins. Elles sont surtout réparties dans les communes de la côte ouest de la Grande Terre, de Païta au sud à Koumac au nord (leur proportion diminue en même temps que l'éloignement par rapport à Nouméa augmente). Il en existe également un peu sur la côte est, notamment à Touho ou Poindimié ainsi que dans les villages miniers de Kouaoua ou Thio, leur proportion dans la population locale y oscillant entre 7 et 20 % selon le recensement de 2009. Ils sont en revanche totalement absents des Îles Loyauté qui sont toujours restées des réserves coutumières kanaks intégrales.
De plus, la population caldoche se distingue des Métros (ou « Zoreilles » ou « Zozos », dans le parler local) que sont les Français de métropole présents depuis peu dans l'archipel, que ce soit par une affectation comme enseignant, militaire ou fonctionnaire, ou bien par recherche d'un emploi.
Il est difficile d'évaluer leur nombre aujourd'hui. En effet, les recensements ethniques (dont le dernier a eu lieu en 2009), ne prennent pas en compte le fait d'être Caldoche, mais distinguent les Européens (qui comprennent donc Caldoches et Métropolitains ou Zoreilles, soit en tout 71 721 personnes et 29,2 % de la population locale en 2009) des personnes se déclarant appartenir à « plusieurs communautés » (ou métis, 20 398 individus et 8,31 %) ou se définissant simplement comme Calédoniens (12 177 habitants et 4,96 %), mais aussi des Indonésiens (5 003 personnes et 2,5 % du total) et des Vietnamiens (2 822 et 1,43 %) alors que, nous l'avons vu, une partie de ces derniers peut se considérer ou être considérée comme faisant partie de la communauté « Caldoche »[18].
Les Caldoches parlent tous le français et il s'agit, pour une grande partie d'entre eux, de leur langue maternelle. Néanmoins, ils s'expriment souvent avec un accent particulier et des expressions empruntées à l'ensemble de la mosaïque ethnique de l'archipel. Les sons an se transforment généralement en ôn et, inversement, les sons on en ân. La tonalité subit un allongement phonétique, les a, les o, les an ont une tonalité basse, allongée, légèrement gouailleuse, les fins de mot sont souvent non prononcées comme « valable » se dit « valab' » ou « quatre » qui se dit « quate », ou bien au contraire exagérées comme « quatreu » ou encore « cerff » (en prononçant le f final) pour « cerf »[19].
Le vocabulaire comprend certains mots d'origine :
Il existe également certaines expressions propres aux jeunes, tels que « choc » pour « c'est bien », « ceb' dem' tal' » (raccourci qui trouve son origine dans le langage sms local pour « c'est bon, demain, taleur ») ou « tal toul » pour « au revoir ».
L'accent, ainsi que la « mentalité » caldoches ont été particulièrement parodiés notamment par l'humoriste et chansonnier François Ollivaud[20] ou dans la bande dessinée La Brousse en folie de Bernard Berger, à travers le personnage tonton Marcel, sa femme Mimine et leur fils Fifils[21]. Autre succès de la BD locale, Frimeurs des Îles de Niko et Solo se moquent surtout de Caldoches de Nouméa, de leur passion supposée immodérée pour les grosses voitures et le tuning[22].
La cuisine caldoche est, comme pour la langue, un mélange d'influences diverses, et utilise massivement :
Pour les boissons, outre les grandes marques internationales de soda ou d'alcools fabriqués localement sous licence (Coca-Cola, Fanta, Sprite, Orangina et leurs dérivés, Kronenbourg 1664 par la Société Le Froid du groupe Lafleur, Pepsi, Lipton Ice Tea, 7 Up, Sport+, Amigo, Tarino, Kick et leurs dérivés, Heineken et Adelscott par la GBNC) ou importés (notamment pour tous les spiritueux ou encore la Desperados, le whisky, généralement appelé « bouteille carrée », est particulièrement apprécié au moment de l'apéritif), certaines boissons sont des produits exclusivement locaux :
Du côté des biscuits, sucreries et pâtes à tartiner, les plus populaires sont importés d'Australie ou d'origines chinoises :
La cuisson se fait traditionnellement à l'huile et sans graisses animales, même si l'importation accrue des produits laitiers à partir des années 1970 a permis de développer l'usage du beurre[26].
La cuisine caldoche a largement été popularisée auprès des autres composantes de la population néo-calédonienne et des touristes. « Mamie Fogliani » (Éliane Fogliani, habitante de Farino) est notamment devenue une autorité en la matière pour avoir présenté des émissions culinaires sur la chaîne de télévision locale dans les années 1980 et 1990, édité une série de livres de recette baptisés Les Recettes calédoniennes de Nouvelle-Calédonie (Tome 1 : Viandes et Volailles, Tome 2 : Poissons et fruits de mer, Tome 3 : Salades et entrées, parus aux éditions locales Grains de Sable entre 1985 et 2005) et pour sa table d'hôte réputée située dans son village de Farino. Plusieurs foires rurales sont organisées durant l'année en « Brousse » afin de présenter les produits et pratiques locales (notamment avec des rodéos), la plus célèbre et la plus fréquentée restant celle de Bourail durant le week-end de la semaine du 15 août[27]. On peut également citer la fête du cerf et de la crevette de Boulouparis lors du deuxième week-end de mai[28], la fête de la génisse à la broche en mai-juin[29] et la foire (en septembre, constitue le principal rendez-vous agricole et artisanale du Territoire)[30] de Koumac, la fête du ver de bancoule de Farino (connue pour sa dégustation par les touristes et visiteurs de vers de bancoule crus, organisée le deuxième dimanche de septembre par Mamie Fogliani)[31] ou encore la fête du bœuf de Païta le troisième ou quatrième dimanche d'octobre[32].
Certains écrivains qui ont connu une carrière en métropole sont nés sur le territoire et issus d'une famille locale : c'est le cas notamment du poète Francis Carco, ou encore de l'éditeur, écrivain et critique littéraire (connu pour son rôle de collaborateur pendant la Seconde Guerre mondiale) Alain Laubreaux.
Mais l'écrivain néo-calédonien le plus prolifique reste certainement Jean Mariotti, issu d'une vieille famille calédonienne, qui écrit à Paris où il est installé mais situe la plupart de ses récits dans son île natale, en s'inspirant fortement des légendes kanaks mais aussi du mode de vie rural des « Broussards » ou de l'histoire des bagnards (son père ayant été un transporté)[33]. Ses principales œuvres sont alors :
L'écrivain Georges Baudoux écrit plusieurs nouvelles entre les années 1910 et 1950, dont certaines sont publiées par des revues locales sous le pseudonyme de Thiosse. Elles ne seront pourtant compilées dans des recueils et pleinement éditées qu'après sa mort, notamment à travers les deux tomes de Les Blancs sont venus parus par la Société d'études historiques de la Nouvelle-Calédonie en 1972 et 1979. L'essentiel de ses œuvres décrit et met en avant le cloisonnement de la société coloniale[38].
Plus récemment, l'Association des écrivains de Nouvelle-Calédonie a été fondé en 1996 par Nicolas Kurtovitch, lui-même issu d'une famille implantée dans l'archipel depuis le xixe siècle, et auteur contemporain néo-calédonien le plus productif et peut-être le plus connu. Son style est décrit par Jean-Claude Bourdais comme « une écriture en marche qui permet toujours une ascension », un itinéraire initiatique « toujours ancré dans l’espace ou le lieu dont il parle » qui débouche et se poursuit « par la défense et le combat permanent pour ce que le rêve a laissé entrevoir et permis d’atteindre. Seule la vigilance permet d’éviter que le rêve ne soit qu’un mirage »[39]. Son œuvre, mêlant culture occidentale et influences océaniennes ou orientales, cherche à « réconcilier deux mondes et rêve d'une fraternité universelle qui ne contredirait pas le lien au sol natal »[40]. Elle comprend[41] :
Il existe un style musical « caldoche » ou plus particulièrement « broussard », aux sonorités empruntées à la musique country et essentiellement jouée dans un contexte festif. On peut citer notamment les albums « Ambiance Souvenir » du groupe « Équipe du Nord - marche », avec des morceaux tels qu'une reprise du Zorro d'Henri Salvador, Les Héritiers du Texas, Je n'suis qu'un vieux broussard ou Lina Kalamity de Raymond Durand Honda, La pêche à Temala de Serge Mathelon ou C'est nous les broussards de Georgy Péraldi[45].
Le chansonnier caldoche François Ollivaud est célèbre localement pour ses morceaux humoristiques comme Le Ver de Bancoule, C'est toi mon amour, La Bande à Berger ou Notre caillou[46].
La colonisation de peuplement à partir du milieu du xixe siècle a permis le développement d'un style architectural résidentiel particulier dit des « maisons coloniales » qui se retrouve, avec certaines variantes, dans d'autres anciennes colonies françaises (Réunion, Antilles, Polynésie française, Indochine) ou anglo-saxonnes (dans les États du Sud des États-Unis ou l'Inde). Bien que de factures variables, elles offrent généralement un certain charme et un élément identitaire important pour les Calédoniens d'origine européenne, qui poussent pour leur préservation. Toutefois, les intempéries (notamment les cyclones), l'usure (rouille des toits, pourrissement et attaque de termites sur les éléments en bois) ou divers projets immobiliers ont entraîné la disparition de la plupart de ces maisons. Présentes dans la plupart des communes ayant connu une certaine implantation européenne, surtout sur la côte Ouest, les plus célèbres et représentatives restent l'ancienne Banque Marchand ou Ancienne Mairie (première banque locale de 1874 à sa faillite retentissante pour la colonie en 1880, avant de servir d'hôtel de ville de 1880 à 1975 et reconvertie en 1996 en musée de la ville[47]), la Maison Célières du Faubourg Blanchot (délabrée depuis le décès de sa dernière propriétaire en 1995 et « squattée » par plusieurs familles pendant des années, elle a été rachetée par un promoteur qui a eu la charge, en échange de la construction d'un immeuble sur une partie du terrain, de la reconstruire à l'identique de l'originale)[48],[49], le « château Hagen »[50] ou encore le bâtiment historique de la clinique Magnin à la Vallée des Colons pour Nouméa, le « Château Grimigni » à Pouembout. Elles comprennent généralement[51]
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