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écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur Français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français, né le à Aubagne (Bouches-du-Rhône) et mort à Paris le .
Président du jury du festival de Cannes | |
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Fauteuil 25 de l'Académie française | |
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Président Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique | |
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Naissance | |
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Sépulture | |
Nom de naissance |
Marcel Paul Pagnol |
Nationalité | |
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Lycée Thiers Université d'Aix-Marseille (d) |
Activités | |
Père | |
Mère | |
Fratrie |
Paul Pagnol Germaine Pagnol (d) René Pagnol (d) |
Conjoints |
Simonne Collin (d) (à partir de ) Orane Demazis (de à ) Josette Day (de à ) Jacqueline Pagnol (à partir de ) |
Enfants |
Jacques Pagnol (d) Jean-Pierre Burgart Francine Pagnol (d) Frédéric Pagnol (d) Estelle Pagnol (d) |
A travaillé pour | |
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Topaze (), Trilogie marseillaise (- |
Il devient célèbre avec Topaze, pièce de théâtre créée en Allemagne en 1927 puis présentée en France en . Il fonde à Marseille en 1934 sa propre société de production et ses studios de cinéma puis réalise de nombreux films avec les grands acteurs de la période parmi lesquels on note Raimu, Fernandel et Pierre Fresnay dans des films comme Angèle (1934), Regain (1937) ou La Femme du boulanger (1938).
En 1946, il est élu à l'Académie française. Après 1956, il s'éloigne du cinéma et du théâtre et entreprend la rédaction de ses Souvenirs d'enfance avec notamment : La Gloire de mon père et Le Château de ma mère. Il publie enfin, en 1962, L'Eau des collines, roman en deux tomes : Jean de Florette et Manon des Sources, inspiré de son film Manon des sources, réalisé dix ans auparavant et interprété par Jacqueline Pagnol.
Marcel Pagnol est le fils de Joseph Pagnol (1869-1951), instituteur à Aubagne depuis 1889, laïque et républicain et d'Augustine Pauline Henriette Lansot (1873-1910), couturière à la santé fragile de confession catholique[2]. Il est l'aîné de trois autres enfants : Paul Pagnol, né en 1898, Germaine, née en 1902 et René, né en 1909. Un frère aîné, Maurice, né le et mort le de la même année, ne sera jamais mentionné dans l'histoire familiale[3].
Marcel Pagnol écrira en incipit de La Gloire de mon père : « Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers » ; il naît dans un appartement du troisième étage d'un immeuble bourgeois dont ses parents étaient locataires, au 16[4] cours Barthélemy[5].
Sa famille paternelle est originaire de Romanos, ses ancêtres ayant quitté l'Espagne au XVe siècle pour s'installer dans le Midi de la France. Ses aïeux se spécialisent dans le métier d'armurier et d'artificier avant que son grand-père ne devienne tailleur de pierre, compagnon du Tour de France[6],[7].
En 1897, le jeune ménage s'établit dans le logement de fonction de l'école de Saint-Loup, à Marseille. Marcel sera baptisé catholique en avril 1898 à l'âge de trois ans en l'église Saint-Charles, à l'initiative de sa mère et sans doute en cachette de son père, farouche "hussard noir"[8],[9].
Lorsqu'elle va au marché, sa mère laisse Marcel dans la classe de son père, qui a un jour la surprise de le voir capable de lire couramment, alors qu'il n'a que trois ans (sa mère cesse alors de le laisser à l'école avant l'âge obligatoire)[10].
À la rentrée 1900, Joseph est nommé « instituteur titulaire à l'école du Chemin des Chartreux, la plus grande école communale de Marseille »[11] et la famille emménage au 54, avenue des Chartreux. En 1902, les Pagnol déménagent rue du Jardin des Plantes, puis rue Terrusse, dans ce « grand rez-de-chaussée, que complétait un sous-sol, éclairé, sur le derrière, par un petit jardin »[12], où Marcel passera une grande partie de son enfance.
À partir de 1904, inquiet pour la santé d'Augustine, dont les poumons sont fragiles, Joseph décide de louer pour les vacances une « villa dans la colline, juste au bord d'un désert de garrigue qui va d'Aubagne jusqu'à Aix »[13]. La « Bastide Neuve », située à proximité du village de La Treille, à la périphérie de Marseille[14] et les collines qui l'entourent constitueront ce paradis de l'enfance heureuse où se déroulent les plus beaux épisodes des Souvenirs d'enfance, en particulier aux côtés de son ami « Lili des Bellons » (David Magnan, 1898-1918).
Reçu deuxième à l'examen des bourses de Sixième, il entre en 1905 au lycée Thiers[15] où il fait de brillantes études, malgré une vie mouvementée de demi-pensionnaire qu'il racontera dans les deux derniers tomes de ses Souvenirs (Le Temps des secrets et Le Temps des amours). Dès lors, il commence à écrire des poèmes qui paraissent à partir de 1910 dans la revue Massilia. Il a notamment pour condisciples Codert, cancre âgée de treize ans et protecteur du petit Marcel; Il fera fortune dans l'industrie du matériel roulant. Au lycée à la même période, il se lie d'amitié avec le futur romancier Albert Cohen[16].
Il n'a que 15 ans à la mort de sa mère, avec qui il entretenait une relation fusionnelle (« L'âge d'Augustine, c'était le mien, parce que ma mère, c'était moi, et je pensais, dans mon enfance, que nous étions nés le même jour »)[17]. À la suite d'un coup de froid, Augustine meurt « des suites d'une pneumonie aiguë » le , à l'âge de 36 ans. Elle est inhumée au cimetière marseillais de Saint-Pierre, puis à La Treille.
Joseph s'installe alors avec ses enfants au quatrième étage du 117, cours Lieutaud[18]. Le , il se remarie avec Madeleine Julien, veuve qu'il avait engagée pour s'occuper du ménage et qui n'a que huit ans de plus que Marcel. Ce dernier l'accepte mal, au point de se brouiller avec son père[19].
En 1913, à 18 ans, il obtient le baccalauréat de philosophie avec mention « Assez bien » et commence des études de lettres à l'université d'Aix-en-Provence.
Le , il fonde la revue littéraire Fortunio, avec quelques copains du lycée Thiers à Marseille et de khâgne parmi lesquels les écrivains Georges Finaud, Jean Ballard et Yves Bourde, nommé rédacteur en chef[20]. La revue devient ultérieurement Les Cahiers du Sud, dans laquelle il publie quelques poèmes et son premier roman, Le Mariage de Peluque.
Au début de la Première Guerre mondiale, il est mobilisé pour son service militaire au 163e régiment d'infanterie de Nice. Il est réformé en pour faiblesse de constitution et ne participe donc pas au conflit[21]. Son ami d'enfance Lili des Bellons sera tué au front en [22].
Le , Marcel épouse Simonne Collin[23],[24],[25].
En novembre 1916, il obtient une licence de lettres et littératures vivantes (anglais).
Nommé répétiteur d'anglais, il est successivement affecté dans les collèges de Digne (Alpes-de-Haute-Provence), Tarascon[26] (Bouches-du-Rhône), Pamiers (Ariège) et Aix-en-Provence, puis promu professeur adjoint et nommé au lycée Saint-Charles à Marseille, où il exerce de 1920 à 1922. Durant cette dernière période, il écrit deux pièces en vers : Catulle, puis, en collaboration avec Arno-Charles Brun, Ulysse chez les Phéaciens.
En 1922, il est nommé au lycée Condorcet de Paris, comme surveillant d'externat, puis comme professeur adjoint[27],[28]. Il renonce à se présenter à l'agrégation, craignant, en cas de succès, d'être nommé dans une ville de province où il n'y aurait pas de théâtre.
Dès son arrivée à Paris, Pagnol y retrouve Paul Nivoix, ancien directeur de l'hebdomadaire marseillais Spectator devenu rédacteur à Comœdia, « seul quotidien français des Lettres et des Arts ». Grâce à lui, Pagnol entre dans le milieu des jeunes écrivains puis du théâtre moderne et « commence à douter de l'intérêt de ses tragédies grecques et romaines ». En 1924, il publie sous le pseudonyme de Castro, un vaudeville composé avec Nivoix, Tonton (ou Joseph veut rester pur), qui à son grand étonnement remporte un certain succès au théâtre des Variétés. Cela les encourage à écrire leur première pièce de théâtre, Les Marchands de gloire, représentée en 1925 au théâtre de la Madeleine. Cette satire du patriotisme est boudée par le public, de même qu'une seconde pièce, Jazz, donnée en 1926 au théâtre des Arts.
En 1927, il décide de « prendre congé de l'Éducation nationale pour cause de littérature ».
Marcel Pagnol a vu jouer en 1926 à Bruxelles Le Mariage de mademoiselle Beulemans et se voit conforter dans sa conviction intime « qu'une œuvre locale, mais profondément sincère et authentique peut parfois prendre place dans le patrimoine littéraire d'un pays et plaire dans le monde entier ». Topaze, satire de l'arrivisme à laquelle il travaille depuis 1923, est créée en Allemagne au théâtre de la Renaissance à Berlin en 1927 puis au théâtre des Variétés la saison suivante et connaît un immense succès avec notamment plus de huit cents représentations à Paris, 1500 en province et l'organisation d'une centaine de tournées mondiales.
En ce qui concerne Marius, le premier volet de la trilogie marseillaise qui suit Topaze, la raison d'un Marcel Pagnol provençal en exil à Paris, nostalgique de Marseille et que son entourage aurait dissuadé d'écrire une pièce marseillaise qui est souvent avancée pour expliquer l'écriture de cette pièce est quelque peu fabulée et ce, même si Pagnol lui-même a pu à l'occasion la mettre en avant. En effet, il existe un grand nombre d'artistes provençaux très en vogue en France depuis l'après-guerre comme Mayol, Tramel, Raimu et bien d'autres et qui depuis plus de 10 ans remplissent les théâtres de France. Le style a très bonne presse et le producteur Oscar Dufrenne s'est fait spécialité de les produire depuis 1914 dans la quinzaine de théâtres qu'il possède dont la moitié est à Paris.
Ainsi, le , Marius pièce en quatre actes et six tableaux, est créée au théâtre de Paris avec Raimu dans le rôle de César. Nouveau triomphe pour un Marcel Pagnol déjà consacré par le succès mondial de Topaze; Raimu et lui se lieront à vie, d'une amitié aussi orageuse que sincère.
Séparé de Simonne Collin[23] depuis 1926, il rencontre la jeune danseuse anglaise Kitty Murphy. De leur union naît en 1930 Jacques Pagnol, qui deviendra l'assistant de Marcel après la guerre, puis caméraman pour France 3 Marseille.
L'année 1929 est décisive pour sa carrière : il assiste à Londres à la projection d'un des premiers films parlants, Broadway Melody et en est si bouleversé qu'il décide de se consacrer au cinéma parlant.
Pagnol fait la connaissance du directeur de la succursale française de la firme Paramount, Bob Kane, qui lui propose d'acheter les droits de sa pièce Marius cinq cent mille francs. Pagnol refuse, mais accepte de se contenter d'un simple pourcentage sur les recettes à condition que le film soit tourné avec tous les comédiens de la troupe théâtrale (Raimu bien sûr mais aussi Pierre Fresnay dans le rôle de Marius, Fernand Charpin dans celui de Panisse et tous les autres) et sous sa direction. Kane, qui voulait imposer les vedettes en contrat avec sa firme, finit par accepter au début de 1931 mais exige un réalisateur américain. Ce sera Alexander Korda, hongrois émigré aux États-Unis où il a conquis Hollywood (il se fixera ensuite en Angleterre où, naturalisé, il fera une brillante carrière). Sorti le , Marius est l'un des premiers films à succès du cinéma parlant français. Les recettes sont colossales, y compris à l'étranger. Pressé par le public d'en écrire la suite, il livre Fanny, pièce en trois actes et quatre tableaux, créée sur scène en au théâtre de Paris. Ce deuxième volet de la future oeuvre ou célèbre trilogie marseillaise, dont l'action se passe dans l'ambiance légendaire du Bar de la Marine, sur le vieux port de Marseille. L'adaptation cinématographique, réalisée par Marc Allégret, sort le .
Le , son frère Paul, « le dernier chevrier des collines d'Allauch »[29], à qui il rend souvent visite dans les collines où il a passé avec lui son enfance, meurt à l'âge de 34 ans. Souffrant du « haut mal » (grand mal épileptique), il meurt à l'hôpital de Courtrai (Belgique) après une opération de la dernière chance effectuée par le professeur Émile Eugène Lauwers. Il est inhumé dans le caveau de la famille Pagnol au petit cimetière de La Treille.
Devant le succès de Marius, la Paramount a fait l'acquisition début 1932, sans son accord, des droits d'adaptation de sa pièce Topaze, confiés au réalisateur Louis Gasnier avec comme interprète Louis Jouvet. Pagnol réussit à participer au tournage mais s'estime dépossédé de son œuvre (il tournera plus tard lui-même deux autres versions de Topaze en 1936 avec Alexandre Arnaudy et en 1950 avec Fernandel). Désormais devenu très riche, il décide de devenir producteur et fonde au printemps 1932 à Paris sa propre société de production. Il installe ses studios à Boulogne-Billancourt au bord de la Seine et à Marseille en plein cœur du célèbre quartier du Prado.
En 1932, il rencontre Jean Giono qu'il incite à s'intéresser au cinéma et pour lequel il va adapter quatre œuvres, telles que Jofroi (d'après Jofroi de la Maussan), Angèle (d'après Un de Baumugnes), Regain, La Femme du boulanger (d'après un passage de Jean le Bleu). Il y tourne désormais lui-même ses films. Son premier film en tant que réalisateur est Le Gendre de monsieur Poirier en 1933, suivi de Jofroi en 1933, d’Angèle en 1934, de Merlusse et de Cigalon en 1935 de César en 1936, de Regain en 1937, de La Femme du boulanger en 1938, etc. Il fait jouer les plus grands acteurs français de l'époque Raimu, Pierre Fresnay, Fernandel, amis avec qui il joue à la pétanque entre deux scènes. En 1934, il achète, dans les collines au-dessus du village de La Treille où, enfant, il passait ses vacances, un domaine de vingt-quatre hectares (plus tard agrandi à quarante), dans l'idée d'en faire son « Hollywood provençal ».
Il vit désormais avec Orane Demazis, qui incarnait tous les soirs le personnage de Fanny dans Marius et Fanny, ils ont un fils en 1933, Jean-Pierre Burgart, car Pagnol ne le reconnaît pas. Puis, en 1936, Yvonne Pouperon, sa nouvelle collaboratrice des bureaux de la rue Fortuny à Paris, met au monde une fille, Francine Pagnol. La même année, il fonde la revue Les Cahiers du film, avant de diriger sa propre maison d'édition en 1937.
En 1941, pour réaliser son « ambition de construire, sous le ciel de Provence, la Cité du Cinéma », il fait, sans l'avoir vu, l'acquisition du château de la Buzine avec quelques hectares de prairies au bord du canal. En visitant son domaine huit jours plus tard, il reconnaît « l'affreux château, celui de la peur de ma mère » (Le Château de ma mère) : sa mère s’était évanouie lorsque la famille traversait clandestinement la propriété pour rejoindre la Bastide Neuve, un garde les avait surpris et leur avait fait faire demi-tour.
La Seconde Guerre mondiale fait toutefois rage. Le régime de Vichy essaie de « récupérer » Pagnol et son oeuvre au service du régime, mais l'auteur et cinéaste est réticent et opposé aux nazis[30]. Il subit des tentatives de pression et des intimidations pour mettre son studio au service du régime. Son dernier film de la période, La Fille du puisatier (1940), se voit censuré par le régime, qui n'apprécie pas les thèmes de l'histoire, considérés comme pas assez alignés avec l'idéologie vichyssoise[31]. Les références à l'invasion de la Pologne par Adolf Hitler et les scènes critiques au sujet de la Luftwaffe sont censurées[32]. Le film finit par être interdit de projection par la Kommandantur[33].
Pagnol réalise en 1941 La Prière des étoiles, mais le tournage s'avère difficile, et les autorités refusent d'autoriser l'équipe à se rendre à Paris pour tourner des scènes[31]. Afin d'échapper aux pressions de Vichy, Pagnol interrompt ses tournages et vend ses studios à la Gaumont[30]. Ceci lui permet de se dérober aux pressions d'Alfred Greven, président de la Continental (société de production française à capitaux allemands), qui veut lui faire réaliser du cinéma de propagande nazie. Apprenant que Continental souhaite racheter son film en cours de tournage, La Prière aux étoiles, Pagnol en détruit la pellicule[34]. La société de production de Pagnol, rachetée par Gaumont, produit une trentaine de films de propagande sous la pression des autorités[35],[36], sans que Pagnol ne soit impliqué[33]. Elle réalise notamment des commandes telles que La Tragédie de Mers El-Kébir (1940) ou Français, vous avez la mémoire courte ! (1941)[37]. Du fait de l'Occupation et du verrou mis par les autorités sur ses productions, le rythme de production artistique de Pagnol se réduit. Il refuse des invitations insistantes à monter à Paris pour tourner des films pour Alfred Greven[32]. Il accepte de rejoindre le Comité d'organisation de l'industrie cinématographique de Vichy dans l'espoir d'en faire « un centre de résistance à la mainmise allemande sur le cinéma national », mais y échoue et ne s'y rend plus à partir de 1942 ; il est critiqué à la Libération pour ce qui apparaît comme une compromission[33]. Pagnol ne réalise plus de film jusqu'à la fin de l'Occupation, et son premier film, Naïs, ne sort en salles qu'en 1945[31].
Pagnol divorce de Simonne Collin[23]. L'auteur se met en couple avec l'actrice Josette Day, rencontrée en . Leur liaison ne dure que le temps de leur refuge en zone libre, jusqu'à la fin de la guerre. Bien que très lié à Orane Demazis puis à Josette Day, Pagnol n'a été marié ni à l'une ni à l'autre et trois enfants lui sont nés hors mariage (Jacques, Jean-Pierre et Francine). Sa propre mère, Augustine, a accouché d'un premier enfant moins de quatre mois après son mariage. Cela explique sans doute que le thème de l'enfant naturel soit une constante de son œuvre[38].
Il acquiert en 1942 le Domaine de l'Étoile à La Gaude, où il réemploie le personnel de ses studios comme ouvriers horticoles pour la culture d'œillets, afin de leur éviter le Service du travail obligatoire en Allemagne. Cette reconversion spectaculaire inspire à Raimu la boutade suivante : « Si Marcel devient fleuriste, alors moi, je n'ai plus qu'à aller vendre des rascasses ! »
En 1944, Pagnol est élu président de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Chargé de constituer une commission d'épuration, il s'emploie à défendre les nombreux auteurs et artistes ayant continué à travailler pendant l'Occupation[réf. nécessaire].
Il épouse en 1945 l'actrice Jacqueline Bouvier, rencontrée en 1938 et qui sera jusqu'à sa mort son « brin de poésie et de tendresse ». Elle tourne dans cinq de ses films. Ensemble, ils ont deux enfants : Frédéric, en 1946 et Estelle, en 1951 (décédée d'une encéphalite en 1954).
Âgé de 51 ans, il est, avec Paul Claudel, Maurice Garçon, Charles de Chambrun, Jules Romains et Henri Mondor, l'une des six personnes élues le à l'Académie française lors de la deuxième élection groupée de cette année visant à combler les très nombreuses places vacantes laissées par la période de l'Occupation. Il y remplace Maurice Donnay au 25e fauteuil et devient le premier cinéaste reçu sous la coupole[39]. Il est reçu le par Jérôme Tharaud à ce fauteuil qu'occupa jadis Prosper Mérimée. Un discours est prononcé en hommage à l'écrivain par le médecin Jean Bernard lors de l'intronisation le [40].
La brutale disparition, en , de son ami Raimu est pour lui une douloureuse épreuve : « On ne peut pas faire un discours sur la tombe d'un père, d'un frère ou d'un fils ; tu étais pour moi les trois à la fois : je ne parlerai pas sur ta tombe »[41].
En 1948, il tourne, avec Tino Rossi, La Belle Meunière, « premier film français en couleur réalisé en France par des Français avec un procédé français » (le Rouxcolor, procédé utilisant l'optique au lieu de la chimie, mis au point par deux Français, les frères Roux). Le procédé est un échec retentissant; il entraîne une perte financière de cinquante millions de francs pour l'entrepreneur Pagnol. En 1950, il écrit le scénario d'une version modernisée de la nouvelle de Maupassant, Le Rosier de madame Husson, avec Bourvil, acteur alors débutant, dans le rôle d’Isidore. Le film, mis en scène par Jean Boyer, très mal accueilli par la critique, connaît cependant un succès commercial.
Pagnol prend sa vraie revanche deux ans plus tard, en 1951, avec la troisième version de Topaze — au générique, Fernandel (Topaze), Larquey (Tamise), sa femme Jacqueline (Ernestine Muche) — un grand succès unanimement salué par la critique : « Nous avons eu le phénomène Raimu, il existe aussi un phénomène Fernandel », écrit Jean-Jacques Gautier dans Le Figaro.
En 1951, il s'installe à Monte-Carlo[42] dans une somptueuse villa du XIXe siècle en bord de mer, La Lestra, auprès de son admirateur et ami le prince Rainier III de Monaco. En 1954, à la mort de sa fille Estelle, il fuit l'endroit pour revenir à Paris dans un hôtel particulier au square du Bois-de-Boulogne, près de l'avenue Foch, se rapprochant de ses bureaux de la rue Fortuny.
Toujours en 1951, Pagnol achève le scénario de Manon des sources. Brouillé avec Fernandel, il choisit Rellys pour le rôle d’Ugolin. Henri Poupon (le Papet), Raymond Pellegrin (l'instituteur) et Jacqueline Pagnol (Manon) font partie de la distribution. Le film, qu'il tourne à La Treille, sort en avec un accueil mitigé. Toujours très actif dans le domaine du cinéma, il signe la même année l'adaptation et les dialogues du vaudeville Carnaval, mis en scène par Henri Verneuil et se lance dans ce qui sera sa dernière œuvre pour le cinéma, Les Lettres de mon moulin. Pagnol « traduit en langue parlée » trois contes d'Alphonse Daudet, Le Secret de maître Cornille, l’Élixir du révérend Père Gaucher, tourné à l'abbaye Saint-Michel de Frigolet avec Rellys dans le rôle-titre et Les Trois Messes basses.
En 1955, à 60 ans, il préside le jury du 8e festival du film de Cannes. Il fait également jouer au festival d'Angers sa traduction d’Hamlet de William Shakespeare avec Jacqueline Pagnol et Serge Reggiani. Puis, le , il fait donner au théâtre de Paris sa tragédie en cinq actes Judas. L'éclairage nouveau, voire d'avant-garde, du personnage, tant il se rapproche de l’Évangile de Judas, est mal perçu par l'ensemble des confessions. L'accueil tout aussi froid réservé à Fabien, comédie en quatre actes qui sort quelques mois plus tard, inciteront Pagnol à mettre un terme à son activité d'auteur dramatique, comme il l'avait déjà fait pour sa carrière de cinéaste.
Les années 1950 sont des années où Pagnol se tourne à nouveau vers l'écriture, et notamment vers le théâtre[43]. En 1957, il commence la rédaction de ses Souvenirs d'enfance avec La Gloire de mon père, premier tome qui connaît un immense succès (plus de cinquante mille exemplaires vendus en un mois), dû, entre autres, à la façon dont Pagnol décrit les personnes qui lui sont chères dans le petit monde provençal qui l'entoure et à la vivacité de ses souvenirs, embellis par le temps et l'imagination. Le deuxième tome, Le Château de ma mère, en 1958, s'inscrit en tête du classement des meilleures ventes de l'année.
Pagnol est alors au premier plan de l'actualité littéraire. Grasset lui réclame sa traduction des Bucoliques de Virgile commencée cinq ans plus tôt. Suivent en 1960, Le Temps des secrets (Le Temps des amours, inachevé, sera publié en 1977 après sa mort), puis en 1962, L'Eau des collines, une version romancée en deux tomes, Jean de Florette et Manon des Sources, de son film de 1951. En 1965, passionné par cette énigme historique, il publie à son compte Le Masque de fer, remanié en 1973 sous le titre Le Secret du masque de fer.
En 1967, il tourne pour la télévision un conte d’Alphonse Daudet, dont il avait commencé quelques scènes en 1954 pour Les Lettres de mon moulin avant de l'abandonner, Le Curé de Cucugnan avec Fernand Sardou qui sera diffusé le jour de Noël 1968.
En 1968, il fête les quarante ans de Topaze, son premier succès. La pièce a alors été jouée plus de cinq mille fois depuis sa création.
Pagnol a dit : « Si j'avais été peintre, je n'aurais fait que des portraits ». Peintre de la nature humaine, précurseur du portrait psychologique et de la valorisation de la culture régionale et provençale, il a légué à la postérité des portraits vivants des personnages de son enfance. Auteur comblé, il reçut tous les honneurs de son vivant : le succès, l'argent, la gloire et la reconnaissance des siens.
Durant ses dernières années, Marcel Pagnol essaye de résoudre un problème mathématique auquel se sont heurtés les mathématiciens depuis des siècles, à savoir trouver une formule simple reliant les nombres premiers. Croyant en avoir trouvé une, « [il] a prétendu que n + (n+2) + n(n + 2) est premier pour tout n impair[44] ». Mais cette affirmation est fausse et l'exemple qu'il donne lui-même[alpha 1] (287 pour n = 15) n'est pas un nombre premier mais un nombre composé (287 = 7 × 41).
Atteint d'un cancer[46], Marcel Pagnol meurt le , à l'âge de 79 ans, dans sa maison du square de l'Avenue-Foch à Paris. Son corps repose au cimetière marseillais de la Treille, auprès de sa mère et de sa dernière fille Estelle, non loin du caveau de la famille Pagnol où reposent son père et sa seconde femme (Madeleine Julien), ses frères et sœur et leur famille[47]. Sur sa tombe, en guise d'épitaphe, une citation de Virgile : Fontes amicos uxorem dilexit (Il a aimé les sources, ses amis, sa femme)[48].
Sa dernière épouse, Jacqueline, meurt le à 95 ans[49].
« L'accent ne constitue pas, chez Pagnol, un accessoire pittoresque, une note de couleur locale, il est consubstantiel au texte et, par là, aux personnages. Ses héros le possèdent comme d’autres ont la peau noire. L'accent est la matière même de leur langage, son réalisme. Aussi, le cinéma de Pagnol est tout le contraire de théâtral, il s'insère par l'intermédiaire du verbe dans la spécificité réaliste du cinéma.[...] Pagnol n’est pas un auteur dramatique converti au cinéma, mais l'un des plus grands auteurs de films parlants. »
— André Bazin, Qu'est-ce que le cinéma ? (en 4 volumes), t. II, Le Cinéma et les Autres Arts, 1959, Éditions du Cerf
Le nom de Pagnol a été donné à l'astéroïde 10306 (10306) Pagnol, découvert en 1990.
En 2015, Pagnol était le vingt-deuxième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements scolaires français, publics ou privés : 234 écoles, collèges ou lycées ont adopté son nom, après saint Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434)[52].
De nombreuses voies et places portent le nom de Pagnol, notamment, à Paris, le square Marcel-Pagnol (8e arrondissement).
Marcel Pagnol est le réalisateur des films suivants :
Marcel Pagnol est l'auteur ou l'adaptateur des scénarios et dialogues des films suivants :
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