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terme polysémique qui désigne à la fois une forme d'art, et l'ensemble des œuvres littéraires De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La littérature est l'ensemble des œuvres écrites ou orales auxquelles on reconnaît une valeur esthétique[1] ; c'est un art exprimant un idéal de beauté. Grâce aux productions littéraires, elle permet de manifester des émotions et de révéler aux lecteurs ou aux auditeurs ce qu'une personne a dans le cœur. La littérature vise à éduquer, à communiquer des pensées, à influencer et même à séduire. Elle constitue un héritage patrimonial et peut concourir à la préservation du patrimoine d'un pays, lorsqu'elle en souligne les valeurs, la culture et la civilisation.
Le mot « littérature », issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît souvent au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres ». Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il prend son sens principal actuel, à savoir l'ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C'est avec les beaux sentiments que l'on fait de la mauvaise littérature », André Gide) ou l'activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).
La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu'il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l'emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d'informations même complexes. Aujourd'hui, la littérature est associée à la civilisation des livres par lesquels nous parlent à distance les auteurs, mais elle concerne aussi les formes diverses de l'expression orale comme le conte (en plein renouveau depuis une trentaine d'années[évasif] dans les pays occidentaux), la poésie traditionnelle des peuples sans écriture — dont nos chansons sont les lointaines cousines — ou le théâtre, destiné à être reçu à travers la voix et le corps des comédiens. La technologie numérique est cependant peut-être en train de transformer le support traditionnel de la littérature ainsi que sa nature.
Le concept de littérature a été régulièrement remis en question par les écrivains comme par les critiques et les théoriciens : c'est particulièrement vrai depuis la fin du XIXe siècle où l'on a cherché à redéfinir — comme pour l'art — les fonctions de la littérature (par exemple avec la notion d'engagement pour Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?) et sa nature (réflexion sur l'écriture et la lecture de Roland Barthes ou études des linguistes comme Roman Jakobson) et à renouveler les critères esthétiques (du « Il faut être absolument moderne » de Rimbaud au nouveau roman en passant par le surréalisme, par exemple).
Il reste que, riche de sa diversité formelle sans limites autant que de ses sujets sans cesse revivifiés qui disent l'humaine condition, la littérature est d'abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. La littérature apparaît donc comme une profération nécessaire, une mise en mots où se perçoit l'exigence profonde de l'auteur qui le conduit à dire et se dire[2].
Le mot français « littérature » provient d'un mot latin litteratura dérivé de littera, « lettre », au sens de signe graphique servant à transcrire une langue.
Le dictionnaire latin-français Gaffiot expose l'évolution du sens du mot latin : celui-ci désigne d'abord (exemple de Cicéron, Ier siècle av. J.-C.) un ensemble de lettres constituant le fait d'écrire ou un ensemble de lettres constituées en alphabet (Tacite) ; le sens s'élargit ensuite au Ier siècle apr. J.-C. (ex. de Quintilien et Sénèque) à celui de grammaire, de philologie, c'est-à-dire à l'étude technique et érudite des textes écrits, pour aboutir avec Tertullien au début du IIIe siècle au sens de savoir, d'érudition dans le domaine des textes écrits[3].
Selon le Trésor de la langue française informatisé (TLFi)[4], le mot « littérature » est attesté au début du XIIe siècle (en 1121) avec le sens premier latin de « ce qui est écrit »[5]. Le mot ne retrouve le sens du latin tardif « érudition, connaissance (acquise dans l'étude des livres) » qu'à la fin du XVe siècle : le TLFi cite en exemples J. de Vignay et Philippe de Commynes.
Selon Philippe Caron, le mot « littérature » garde l'acception générale de « connaissance obtenue par les livres » jusqu'au XVIIe siècle : on dit alors « avoir de la littérature » comme on dit aujourd'hui « avoir de la culture », le terme recouvrant tous les domaines du savoir général ; ainsi, en 1699, Fontenelle présente les mathématiques comme « un genre de littérature »[6].
Mais dans la seconde moitié du siècle, parallèlement à l'acception généraliste, le mot s'applique de plus en plus à une catégorie de savoir spécifique, celle des « belles-lettres » liées au beau langage. Ce glissement s'explique par l'évolution sociale des élites sous Louis XIV où s'instaure la notion de l'honnête homme, apte à une vie sociale raffinée faite de pratiques culturelles valorisées comme la connaissance des œuvres littéraires, particulièrement celles de l'Antiquité qui nourrissent le théâtre classique, tandis que les poètes exploitent les genres définis par Aristote comme la poésie épique.
Au XVIIIe siècle, le mot « littérature » est devenu un parfait synonyme de « belles-lettres », c'est-à-dire d'œuvres reconnues par les gens de goût et constituant la culture mondaine de l'époque formée par une meilleure éducation et par le monde des salons littéraires et des académies ; ainsi, pour Voltaire, « [l]a littérature désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût ». Un autre exemple montre que le mot « littérature », avec le sens commun qu'il possède aujourd'hui, est désormais bien installé au milieu du siècle des Lumières : en 1753, Charles Batteux intitule son ouvrage Cours de belles-lettres, ou Principes de la littérature et en 1764, il le réédite en gardant pour seul titre Principes de la littérature. La même année paraît L'école de littérature de l'abbé Laporte dont le sous-titre de la 2e partie « Des règles particulières de chaque genre de Littérature en Prose et en Vers », est sans ambiguïté[6].
La signification du mot évolue encore lentement à partir de 1750 vers le sens plus large de « création langagière écrite », laissant une place grandissante au jugement subjectif libéré de critères esthétiques contraignants : telle sera plus tard la conception romantique du poète créateur libre même s'il doit être un poète maudit, conception que préfigurait déjà Jean Le Rond d'Alembert dans son Discours préliminaire de l'Encyclopédie lorsqu'il affirmait que les œuvres d'art relèvent principalement « de l'invention qui ne prend guère ses Lois que du génie ». Paul-Louis Courier[7] définit de la même façon, dans les années 1820, une œuvre littéraire comme « produite par l'instinct et le sentiment du beau » donc par le sentiment de l'auteur et pas nécessairement celui de l'ordre établi.
Vers 1800, le sens moderne est devenu le sens commun : le mot « littérature » s'applique à des textes auxquels « on » accorde une qualité esthétique que l'on peut discuter, qu'il s'agisse du jugement d'une institution de doctes exprimant le goût commun mais aussi de l'auteur ou du lecteur individuel : c'est l'emploi qu'en fait Madame de Staël dans son ouvrage emblématique De la littérature en 1799.
Au milieu du XIXe siècle, le grammairien Bernard Jullien distingue encore « littérature » et « grammaire » : pour lui, la pointe ultime de la « haute grammaire » dépasse depuis l'Antiquité[8] la description des mécanismes de la langue pour aborder les critères du beau dans l'aspect formel et stylistique des textes. La littérature qui « classe et étudie les ouvrages (présentant un intérêt de style) »[9] va au-delà : elle prend en charge l'étude et le questionnement sur le fond, sur le contenu des œuvres, par exemple les thèmes abordés et les points de vue choisis par les auteurs, ce qui n'exclut évidemment jamais les interférences avec la morale comme le démontrent les procès faits à la même époque, en 1857, à Baudelaire et Flaubert pour atteinte aux bonnes mœurs. Bientôt la « grammaire » se limitera à la description de la langue, devenant un outil pour la littérature qui s'occupera de l'observation et à l'appréciation des aspects formels comme des contenus des œuvres. On peut noter que des « sciences » nouvelles comme la stylistique ou la linguistique reprendront dans la seconde moitié du XXe siècle le rôle qui était dévolu à la haute grammaire dans l'étude des textes.
Finalement, le champ de la « littérature » s'élargit au XXe siècle à toutes les productions écrites, non sans débats sur les canons littéraires : on discute aussi bien les contenus (sentimentalisme des romans de gare, pornographie et érotisme) que la forme (roman sans ponctuation, vers libre, écriture automatique). On utilise donc de plus en plus des catégories affinées comme roman historique, littérature de science-fiction ou paralittérature, sans que disparaissent les désaccords sur la qualification littéraire de certains types d'œuvres comme le roman de gare, le roman-photo ou la bande dessinée. On remet également en cause les notions de « genre littéraire » et de « types de texte » ainsi que leur hiérarchisation comme on réévalue les œuvres du passé (voir, à titre d'exemple récent, Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005). Inversement, l'historien et écrivain Ivan Jablonka propose de replacer certains textes de sciences humaines et sociales dans la littérature, définie selon six critères (forme, imagination, polysémie, voix singulière, institutionnalisation, recherche du vrai)[10].
Parmi les mots de la même famille, on distingue :
Les débats esthétiques et moraux ne seront jamais clos d'autant que les ambitions des auteurs ne correspondent pas nécessairement aux attentes des lecteurs, ce qui pose ainsi la question des avant-gardes qui apparaissent à chaque génération ou presque depuis 1830 et que reflètent les mouvements littéraires qui se sont succédé comme le romantisme, le naturalisme, le décadentisme, le dadaïsme… Le découpage en périodes historiques ou en aires linguistiques fait aussi débat et se conjugue avec d'autres éclairages : distinction des auteurs selon le genre (littérature féminine avec Marguerite Yourcenar et féministe avec Simone de Beauvoir, L'Invitée et Virginia Woolf, Orlando et Une chambre à soi), l'orientation sexuelle (littérature « gay » et lesbienne avec Monique Wittig), des approches politiques (littérature communiste), etc.
Bien que la plupart des prix Nobel de littérature aient été attribués à des hommes (en 2021 101 hommes pour 16 femmes), plusieurs femmes l'ont obtenu : Selma Lagerlöf, Grazia Deledda, Sigrid Undset, Pearl S. Buck, Gabriela Mistral, Nelly Sachs, Nadine Gordimer, Toni Morrison, Wisława Szymborska, Elfriede Jelinek, Doris Lessing, Herta Müller, Alice Munro, Svetlana Alexievich, Olga Tokarczuk, Louise Glück, Annie Ernaux[13].
La littérature s'interroge aussi sur sa nature et sur son rôle depuis la fin du XIXe siècle dans la pratique (ex. Lautréamont, Mallarmé, Camus) comme dans la théorisation (ex. Valéry, Sartre). D'abord surtout centrée sur la poésie par les « modernes » (surréalistes, lettristes, Oulipo), la réflexion s'est portée sur le roman avec le Nouveau Roman dans les années 1950-1970 et L'Ère du soupçon qui remet en cause la notion de personnage, sur la chronologie (ex. Claude Simon, Jean Ricardou) ou sur des genres nouveaux comme l'autofiction aujourd'hui, et également sur le théâtre (Antonin Artaud - théâtre éclaté de Beckett ou Ionesco). Des débats se sont ainsi ouverts, portés par les créateurs comme par les universitaires et les critiques, par exemple à propos du lien entre l'œuvre et l'auteur récusé par Proust contre Sainte-Beuve, ou de « la mort de l'auteur » que proclame Roland Barthes pour qui la place majeure revient au lecteur qui réécrit le texte pour lui-même.
En fait, la « littérarité d'un texte », c'est-à-dire ce qui en fait un texte littéraire, ce qui fait qu'il appartient à la littérature, est toujours la question centrale : des approches comme le structuralisme avec Roland Barthes, la narratologie de Gérard Genette, la stylistique, définie comme une « linguistique des effets de l'énoncé » par Michael Riffaterre[14] ou l'analyse du schéma de la communication et des fonctions du langage de Roman Jakobson cherchent à bâtir une approche technique et plus objective des textes qui se heurte néanmoins à des oppositions fortes, par exemple celle d'Henri Meschonnic[15].
La littérature antique est l'ensemble des littératures nées au sein des différentes civilisations antiques dans le monde, soit les œuvres orales ou écrites remarquables par leur esthétique durant l'Antiquité.
Dans les premiers temps de l'historiographie européenne, la littérature antique se bornait bien souvent à celle des civilisations grecque et romaine. Depuis l'époque moderne cependant,[réf. souhaitée] et notamment depuis le XXe siècle, cette conception s'est élargie aux autres civilisations, comme celles de l'Inde, du Moyen-Orient, de l'Afrique et de l'Amérique précolombienne.La littérature de la Mésopotamie antique comprend un ensemble de textes en écriture cunéiforme, écrits pour la plupart sur des tablettes d'argile exhumées sur les sites de Mésopotamie et de régions voisines (Syrie, Anatolie) par les archéologues depuis le XIXe siècle. Elles sont rédigées dans les deux langues majeures de cette civilisation, le sumérien et l'akkadien.
Si l'écriture apparaît vers 3300 av. J.-C., les premiers textes connus sont de nature administratives ou technique, et les plus anciens textes narratifs connus datent des environs du milieu du IIIe millénaire av. J.-C. (v. 2600-2500 av. J.-C.). À partir de cette période se développe un ensemble de genres littéraires, qui perdure jusqu'à la disparition de l'écriture cunéiforme aux débuts de notre ère. Ces différents genres, dont certains sont particuliers à cette culture, comprennent aussi bien les mythes et épopées, les hymnes et chants, les chroniques historiques, les textes de sagesses. Les textes techniques, non narratifs, servant à l'apprentissage, sont une portion majeure des fonds de tablettes à la disposition des lettrés mésopotamiens. Du reste beaucoup de textes littéraires narratifs sont connus par des copies d'entraînement faites dans un cadre scolaire.
Cette littérature est la manifestation d’une tradition lettrée qui s'est progressivement élaborée et complexifiée, dans un milieu lettré spécifique qui a longuement préservé des traditions héritées de temps très lointains, comme en témoigne la persistance d'une littérature en sumérien bien après que cette langue a cessé d'être parlée. Cette production littéraire a eu une influence très importance durant l'Antiquité. Elle a ainsi été la première à mettre par écrit des mythes sur la cosmogonie, la création de l'homme, ou bien le Déluge. Certaines de ces œuvres ont connu un grand succès en dehors de Mésopotamie. Le cas le plus exemplaire est l'Épopée de Gilgamesh, dont on a retrouvé des versions en Syrie, en Anatolie et en Palestine.Le premier texte de type littéraire connu, daté de , est l'œuvre d'Enheduanna, une grande prêtresse mésopotamienne[16].
Les premières œuvres littéraires connues composées en grec ancien sont des épopées mythologiques (Iliade et Odyssée d'Homère, Théogonie d'Hésiode, etc.). On doit aussi aux Grecs la tragédie (représentée par Eschyle, Sophocle et Euripide), la comédie (dont seules les pièces d'Aristophane et de Ménandre nous sont parvenues) et le récit historique, qui naît avec Hérodote puis se poursuit avec Thucydide et Xénophon. La fiction romanesque n’y occupe qu’une part minime. La philosophie et la littérature didactique (études, traités) tiennent aussi une place prépondérante, notamment par les écrits de Platon et d'Aristote. En poésie, l'œuvre de Sappho est aussi connue que celle d'Homère dans l'antiquité[17].
L'influence de la littérature grecque antique perdure jusqu'à aujourd'hui. Les auteurs romains de la littérature latine s'en inspirent largement. Par la suite, la littérature grecque n'a cessé de marquer la culture et la littérature occidentales (et en particulier la littérature française), qui puisent dans ses thèmes et ses œuvres lors de mouvements comme la Renaissance, l'Humanisme ou le Classicisme.
La littérature latine désigne la littérature écrite en latin, principalement dans la Rome antique mais aussi dans tous les territoires où cette langue était parlée du fait d'une conquête effectuée par Rome ou simplement de l'influence de la culture romaine. Du point de vue chronologique, on a continué très longtemps à écrire en latin. Mais la plupart des histoires de la littérature latine ne portent que sur les textes rédigés sous la République et l'Empire romain : les chercheurs considèrent que les changements culturels qui ont accompagné la transition entre l'Antiquité et le Moyen Âge, mais aussi le net recul du latin comme langue parlée dans les premiers siècles du haut Moyen âge, marquent la fin de la littérature latine au sens premier du terme, puisqu'elle cesse d'être nourrie par un parler vivant communément répandu[18]. La littérature écrite en latin à partir du Moyen Âge devient réservée à une élite savante et au clergé.
On peut également poser la question des textes à inclure ; on prend généralement en compte des textes de nature très variées : des ouvrages d'histoire comme ceux de Salluste et de Tacite, des discours judiciaires et philosophiques, ceux de Cicéron en particulier, des traités philosophiques et humanistes, ceux de Sénèque par exemple... Cela se justifie par les différences entre les conceptions latines des lettres et la vision moderne de la littérature.
La littérature latine a été très fortement influencée par la littérature grecque antique. Elle a, à son tour, largement influencé la littérature et les arts européens des siècles ultérieurs, particulièrement le classicisme aux XVIIe et XVIIIe siècles.La littérature de la Renaissance s'inscrit dans le mouvement plus général de la Renaissance, qui naît en Italie au XIIIe siècle et se prolonge jusqu'au XVIe siècle en se diffusant dans le monde occidental.
Elle se caractérise par l'adoption d'une philosophie humaniste, la récupération de la littérature classique de l'Antiquité et connaît un essor démultiplié grâce à la diffusion de l'imprimerie à partir du milieu du XVe siècle.
Le concept de littérature lui-même se précise d'ailleurs au cours de cette période. La fin du Moyen Âge voit la séparation du champ global des litterae (tout écrit, quel qu'il en soit le sujet), en humanae litterae et divinae litterae : respectivement, les écrits concernant l'activité humaine, ainsi que les écrits à caractère religieux. Quoique les humanae litterae se penchent, sans distinction, sur l'ensemble de l'activité intellectuelle humaine (science, comme littérature), leur importance et valorisation grandissante contribue de façon significative au développement de la littérature - et, notamment, à son autonomisation par rapport aux écritures saintes[19].
Pour les écrivains de la Renaissance, l'inspiration gréco-romaine se manifeste aussi bien dans les thématiques abordées (la nature, la mythologie…) que sur les formes littéraires adoptées elles-mêmes (reprises des théories aristotéliciennes de la Poétique). Étrangers aux valeurs de nouveauté et d'originalité que consacrera l'époque romantique, les écrivains de la Renaissance produisent ainsi une littérature dans le respect et l'imitation des modèles antiques. Dans cette perspective, ils privilégient volontiers l'usage de lieux communs[20]. Le monde est considéré depuis une perspective anthropocentriste. Les idées platoniciennes sont récupérées et mises au service du christianisme. La recherche du plaisir sensoriel et un esprit critique et rationaliste complètent le panorama idéologique de l'époque. De nouveaux genres littéraires (comme l'essai) ou modèles métriques (comme le sonnet) font leur apparition.On distingue traditionnellement trois grands domaines littéraires :
On notera qu'aucun de ces grands domaines ne peut se définir simplement par la présence ou l'absence de vers : par exemple, les romans de Chrétien de Troyes étaient écrits en vers, ce qui ne les empêche pas d'appartenir à la littérature narrative, et non à la poésie. Le théâtre peut s'écrire en vers comme en prose. Et la modernité a démontré que la poésie n'est pas nécessairement définie par la présence de vers, comme l'ont montré des poètes tels que Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud ou encore Saint-John Perse.
Ces grands domaines se déclinent en sous-domaines et en genres littéraires. Leurs frontières ne sont pas absolument étanches, en particulier si l'on s'intéresse à des œuvres contemporaines qui remettent en question les catégorisations traditionnelles.
L'un des trois grands domaines de la littérature est celui du roman et plus largement de l'ensemble des genres narratifs qui s'y apparentent. Le point commun de ces différents genres est la place prédominante qu'y occupe le récit. Les œuvres littéraires concernées sont pour la plupart écrites en prose, mais il existe aussi des romans en vers.
Le roman est défini par Michel Raimond comme un « genre sans loi », qui a « grandi un peu au hasard »[21]. En effet, il n'a pas été d'emblée théorisé ni accompagné de règles, ce qui lui a valu, au départ, un certain « discrédit »[21]. Cela ne l'a pas empêché de connaître un grand succès : le roman « a assuré son hégémonie sur les autres genres »[21]. De fait, le roman s'est arrogé « tous les procédés qui lui convenaient »[22] et peut adopter de multiples formes.
La diversité du genre romanesque est perceptible grâce au grand nombre de sous-genres en lesquels il se subdivise, parmi lesquels on peut citer, de façon non exhaustive :
La nouvelle est définie comme un bref récit dont l'intrigue est simple et se déroule sur une durée brève. Elle se conclut généralement sur une fin simple et rapide. Elle fait partie du genre narratif.
L'autobiographie est un récit dans lequel l'auteur raconte sa propre existence. On peut parler de « genres autobiographiques » au pluriel, dans la mesure où plusieurs genres s'apparentent à l'autobiographie tout en présentant des traits distincts, tels le roman autobiographique ou l'autofiction. Le genre autobiographique a notamment été théorisé par Philippe Lejeune.
La poésie est un vaste ensemble d’œuvres littéraires, orales ou écrites, ayant ou non recours au vers[24]. Elle ne peut guère se définir par l'emploi de formes ou le traitement de thèmes particuliers. Si elle se caractérise souvent par l'importance accordée par l'écrivain au langage lui-même, le souci de perfection formelle n'est pas nécessairement premier.
Les œuvres théâtrales sont des œuvres littéraires destinées à être représentées sur la scène d'un théâtre. Le texte théâtral trouve donc son aboutissement dans une représentation. Ainsi, comme l'écrit Martine David, le théâtre « appartient à la littérature par ses œuvres dramatiques, au spectacle par ses techniques du jeu et de la scène, à l'histoire par ses rites et ses traditions »[25].
Il existe de nombreux genres théâtraux, parmi lesquels on peut citer la tragédie, la comédie, la tragi-comédie, le drame et le vaudeville.
Un genre littéraire est une notion permettant de définir un ensemble d’œuvres littéraires comme présentant des caractéristiques communes, qui les distinguent d'autres œuvres littéraires. Par exemple, la comédie, la tragédie, l'ode, l'élégie, le roman historique, le roman policier sont des genres littéraires. Il existe des genres littéraires, de la même façon qu'il existe des genres picturaux (la nature morte, la marine, le portrait…), des genres musicaux (l'opéra, le concerto…), des genres cinématographiques, etc. Toutefois, certaines œuvres littéraires peuvent remettre en question la typologie des genres littéraires.
Si le mot « littérature » désigne avant tout l'ensemble des œuvres littéraires, il s'applique aussi au champ du savoir constitué par l'étude de ces œuvres littéraires. En ce sens, la littérature est une discipline d'enseignement et de recherche, qui se subdivise elle-même en plusieurs champs disciplinaires.
L'analyse littéraire est au cœur de l'étude de la littérature dans de nombreux départements universitaires destinés à l'étude de la littérature en langue française[26]. Depuis 2006, le Collège de France possède ainsi une chaire « Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie »[27]. L'analyse littéraire est aussi une pratique essentielle du programme du cours de français au lycée où elle prend notamment la forme de la dissertation littéraire (sur un ouvrage, une œuvre ou un courant littéraire), de la dissertation générale littéraire (sur la littérature) et du commentaire composé (sur un extrait).
L'histoire littéraire est la discipline qui s'intéresse à l'évolution historique de la littérature et des œuvres littéraires, en relation avec le contexte donné d'une époque, avec l'histoire des idées, des courants et des mouvements littéraires. Par exemple, un ouvrage tel que Le roman jusqu'à la Révolution de Henri Coulet[28] peut être considéré comme un ouvrage d'histoire littéraire, puisqu'il étudie l'évolution d'un genre (le roman) sur une période donnée (du Moyen Âge à la Révolution) et dans un espace donné (la France).
La littérature comparée est la discipline qui s'intéresse à la comparaison d'œuvres différentes, issues ou non de milieux culturels ou d'époques différents ou encore de langues différentes.
Le statut de la littérature peut être interrogé face à la concurrence du cinéma et de la télévision et face à l'usage récent des technologies de l'information et de la communication et de l'informatique dans la production et la diffusion des textes, ces éléments posant la question plus générale de la place de l'écrit dans le monde post-moderne. Cependant, nul doute concernant l'avenir de la littérature : celle-ci dérive de l'Écriture, et on ne peut effacer le rôle de l'Écriture, elle remplace ce qui est dit, parlé, de voie orale[29].
Enfin, les littérateurs (mis à part les dramaturges ou les auteurs de chansons qui affrontent le monde de la scène et de la diffusion musicale) n'existent traditionnellement qu'à travers l'édition de leurs textes en ouvrage ou dans les journaux. Les rapports avec le monde de l'édition sont donc cruciaux pour la littérature et pour les écrivains qui ont eu à imposer la notion d'auteur garant de l'œuvre et l'existence de droits d'auteur (droits patrimoniaux et moraux) à la suite de Beaumarchais, à l’initiative de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, en 1777, et d'Honoré de Balzac avec sa « Lettre aux écrivains du XIXe siècle » parue dans la Revue de Paris en 1834[30] qui a abouti en 1838 à la création de la Société des gens de lettres. Cependant, seul un nombre très limité de créateurs de littérature peut vivre de sa plume, ce qui continue à poser la question du statut de l'écrivain.
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