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historien français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marc Ferro, né le à Paris 8e et mort le à Maisons-Laffitte, est un enseignant-chercheur et historien français. Directeur d'études de l'École des hautes études en sciences sociales, il est spécialiste de la Russie, de l'URSS et de l'histoire du cinéma.
Directeur d'études École des hautes études en sciences sociales |
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Marc Roger Ferro |
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Annales. Histoire, Sciences sociales (à partir de ) École polytechnique (- École pratique des hautes études (à partir de ) Centre national de la recherche scientifique (- Lycée Rodin de Paris Lycée Montaigne École des hautes études en sciences sociales Cahiers du monde russe et soviétique (d) Institut national de l'audiovisuel |
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Marc Roger Ferro naît au 47, rue du Rocher à Paris, dans le 8e arrondissement. Son père, Jacques Ferro, né le à Corfou (Grèce), est un agent de change italo-grec. Sa mère, Netty Firman[1] (ou Oudia Fridmann), née le à Novohrad-Volynskyï (alors dans l’Empire russe, aujourd'hui en Ukraine[Note 1]), est première modéliste dans la maison de couture Worth[2]. Ferro a cinq ans lorsque meurt son père. Sa mère se remarie.
En 1941, Marc Ferro habite Paris avec sa mère et son beau-père[3]. Il est élève au lycée Carnot. Il est menacé par la politique antisémite[4] du régime de Vichy en raison de son origine juive par sa mère[4]. Son professeur de philosophie, Maurice Merleau-Ponty, lui recommande alors, ainsi qu'à d'autres de ses condisciples également menacés, de fuir au plus tôt la zone occupée. Un ami de sa mère, André Bordessoule, pourtant rédacteur en chef d'un journal antisémite, lui propose de traverser la ligne de démarcation dans le coffre de sa voiture pour rejoindre Saint-Yrieix, la ville dont il est maire[5],[6]. Parvenu en zone non occupée, Marc Ferro se rend ensuite à Grenoble. Sa mère est détenue à la caserne des Tourelles à Paris, puis déportée, par le convoi no 55, en date du , de Drancy vers Auschwitz[7], où elle meurt le [8].
C'est à la faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Grenoble que Marc Ferro prépare sa licence d'histoire-géographie. Âgé de 19 ans en 1944, il est sous la menace d'une réquisition par le Service du travail obligatoire (STO). Une amie communiste, Annie Kriegel, anime un réseau de résistants à Grenoble. Elle le recrute en raison de sa connaissance de la langue allemande. Il est chargé d'identifier des cibles potentielles pour le réseau parmi les soldats qui stationnent aux portes de la ville. Mais une partie du réseau est arrêtée et Marc Ferro, à partir de début juillet 1944, part rejoindre la Résistance dans le maquis du Vercors. Sa capacité à lire les cartes d'état-major décide de son affectation. Il reçoit pour mission de pointer avec précision sur les cartes les mouvements des forces en présence[9]. Il est aussi chargé de transmettre les ordres du lieutenant-colonel François Huet, alias Hervieux, commandant la défense du Vercors. Quelques jours à peine après l'arrivée de Marc Ferro, l'armée allemande prend d'assaut le massif du Vercors pour réduire entièrement le bastion de la résistance. Marc Ferro effectue de périlleux ravitaillements. Le réseau reçoit l'ordre de se disperser. Marc Ferro retourne alors à Grenoble. Il participe à la libération de Lyon le , puis reprend ses études et devient ensuite professeur d'histoire.
Après la guerre, il épouse le Yvonne France Blondel (1920-2021) à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime)[9].
Il enseigne à Oran au lycée Lamoricière entre 1948 et 1956. Il y déclencha l'hilarité générale lorsqu'il annonça à ses élèves qu'ils allaient étudier ensemble la culture arabe. « Mais, m'sieur, les Arabes, ils ne sont pas civilisés… »[10]. Il découvre l'Algérie française de l'époque et prend conscience du fait colonial. Après les événements violents de la Toussaint en 1954, il participe à la fondation de Fraternité algérienne, un mouvement progressiste dit de la troisième voie, hostile à la fois au système colonial en cours et à la guerre radicale menée par le FLN.
Bien que très attaché à cette terre, il la quitte, car il est nommé professeur à Paris, aux lycées Montaigne, puis Rodin. Après avoir enseigné à l'École polytechnique, il est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) — groupe de recherches Cinéma et Histoire —, président de l'Association pour la recherche à l'EHESS et codirecteur des Annales, où il est nommé par Fernand Braudel en 1970. Il est un utilisateur régulier de la bibliothèque de la Fondation Maison des Sciences de l'homme créée par ce dernier. Ancien directeur de l'Institut du monde soviétique et de l'Europe centrale, il est également membre élu de l'Academia Europaea[11].
Concomitamment à son professorat, il travaille à sa thèse. L'historien contemporanéiste Pierre Renouvin lui propose de la consacrer à la Révolution russe de 1917.
Ainsi il se spécialise au début des années 1960 dans l'histoire soviétique, domaine dans lequel il a tenté de porter un discours non idéologique et de montrer par les archives audiovisuelles et écrites que la révolution prolétarienne est faite non par la classe ouvrière, mais par des femmes, des soldats et des paysans. Ses études dans le domaine de l'histoire sociale tranchent avec les analyses alors dominantes de l'« école » du totalitarisme[12].
Selon lui, l'insurrection d'Octobre ne se réduit pas au coup d'État bolchevique, car elle est indissociable du mouvement révolutionnaire et populaire en cours[13]. Il analyse également le processus de bureaucratisation-absolutisation du pouvoir à partir du sommet, mais aussi de la base[14]. Il n'en consteste pas moins dans deux ouvrages[15] et un article[16] le massacre de la famille impériale russe à Ekaterinbourg en juillet 1918. D'après ses analyses et l'examen d'archives inédites, seul le tsar russe Nicolas II a été fusillé, quand sa famille d'ascendance germanique a été épargnée et transférée à Perm pour un échange avec l'Allemagne.
Il s'affirme de gauche non communiste[17]. En , lors de la campagne présidentielle française, il signe avec 150 intellectuels un appel à voter pour la candidate socialiste Ségolène Royal, « contre une droite d'arrogance », pour « une gauche d'espérance » après avoir soutenu en 2002, la candidature de Jean-Pierre Chevènement[18].
En , il fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson[19]. Il est plus tard l'un des auteurs de la pétition Liberté pour l'histoire.
Marc Ferro meurt dans la nuit du à Maisons-Laffitte, « emporté par une complication du Covid-19 »[20],[21],[22],[23].
Marc Ferro a lancé la réflexion sur le cinéma et l'histoire[24]. Il utilise le cinéma comme instrument de connaissance de l'histoire des sociétés, considérant que le cinéma livre un témoignage au même titre que des sources traditionnelles[25]. Il a présenté à la télévision, d'abord sur la Sept à partir de 1989, puis sur Arte à partir de 1992, une émission historique de visionnage d'archives avec un décalage de 50 ans, nommée Histoire parallèle : son démarrage correspond à la veille de la Seconde Guerre mondiale, avec l'analyse d'actualités cinématographiques des différents camps, puis d'archives moins anciennes pour pouvoir comparer les époques[26]. En 1993, il est co-scénariste du film Pétain de Jean Marbœuf[27].
Classement secondaire par date de première publication.
D'après Pierre Assouline, Marc Ferro a refusé la décoration à l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne en en raison du fait que sa mère, d'origine juive et née le à Novohrad-Volynsky, a été arrêtée à Paris puis déportée en juin 1943 et gazée à Auschwitz [64].
Le nom de Marc Ferro a été donné à la médiathèque de Saint-Germain en Laye[69] en août 2021[70].
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