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chanteur et acteur français, d'origine italienne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Ivo Livi, dit Yves Montand, né le à Monsummano Terme (Italie) et mort le à Senlis (Oise), est un chanteur et acteur français d'origine italienne[1].
Nom de naissance | Ivo Livi |
---|---|
Naissance |
Monsummano Terme (Italie) |
Nationalité |
Italienne Française (depuis 1929) |
Décès |
(à 70 ans) Senlis (France) |
Profession |
Acteur Chanteur |
Films notables | voir filmographie |
Issu d'une famille ayant fui l'Italie fasciste, le jeune Ivo Livi grandit à Marseille et se passionne pour le cinéma, notamment pour les comédies musicales américaines, admirant Fred Astaire et ses numéros de claquettes. D'abord dans les cabarets marseillais, puis dans des salles et en tournée, grâce à son producteur Émile Audiffred, il se fait un nom dans la chanson et finit par monter à Paris après la guerre. Grâce au soutien d'Édith Piaf, il devient une vedette du music-hall français, avec des chansons comme Les Feuilles mortes, C'est si bon, Mais qu’est-ce que j’ai ?, Rien dans les mains, rien dans les poches ou encore La Bicyclette.
Son succès musical l'amène vers le cinéma. Il parvient à s'imposer en tant qu'acteur avec son premier grand rôle dans Le Salaire de la peur (1952), film multiplement récompensé, ainsi qu'au théâtre dans Les Sorcières de Salem en 1955. Son passage sur les scènes de Broadway le conduit à tourner Le Milliardaire (1960), film musical hollywoodien, où il joue aux côtés de Marilyn Monroe. La consécration critique arrive avec la trilogie politique de Costa-Gavras (Z, L'Aveu et État de siège), qui lui confère son statut d'acteur engagé. Il renoue avec le genre de la comédie musicale pour Trois Places pour le 26 de Jacques Demy en 1988.
Acteur à succès tout au long des années 1960, 1970, puis 1980, il tourne sous la direction de grands réalisateurs français tels que Claude Berri, Henri-Georges Clouzot, Jean-Pierre Melville, Henri Verneuil, Costa-Gavras, Claude Sautet ou encore Alain Corneau, alternant les drames, les films politiques, les polars et les comédies. Beaucoup de ses films sont devenus des classiques du cinéma français, comme Paris brûle-t-il ? (1966), Le Diable par la queue (1969), Le Cercle rouge (1970), La Folie des grandeurs (1971), César et Rosalie (1972), Vincent, François, Paul… et les autres (1974), Le Sauvage (1975), Police Python 357 (1976), I… comme Icare (1979) et le diptyque Jean de Florette / Manon des sources (1986).
Connu pour son engagement politique à gauche, Montand interprète de multiples chansons et films engagés, dont ceux de Costa-Gavras, dénonçant les extrémismes. Militant du Mouvement de la paix et des Droits de l'homme, il donne notamment un récital à l'Olympia en soutien aux Chiliens après le coup d'État de Pinochet. Dans les années 1980, son revirement idéologique sera total, il adhèrera au courant d'idées du libéralisme.
Avec Simone Signoret, qu'il épouse en 1951, il forme l'un des couples les plus célèbres du cinéma français.
Ivo Livi, fils de Giovanni Livi et Giuseppina Simoni (1893-1971), naît à Monsummano Alto, en Toscane (Italie), un an avant l'arrivée au pouvoir de Benito Mussolini (le ) et la mise en place du régime fasciste. Il est le dernier d'une fratrie de trois enfants (sa sœur Lydia (1915-2003), et son frère aîné Giuliano — Julien — (1917-1994)). Il est issu d'une famille ouvrière et militante, qu'il vénérera toute sa vie, et qui lui transmet son attachement pour le communisme[2].
En 1923, en raison de ses activités militantes communistes, le père d'Ivo Livi voit son atelier incendié par les Chemises noires, qui le passent ensuite à tabac[3]. Il fuit alors les persécutions de l'Italie fasciste, emmenant avec lui toute sa famille[3]. Souhaitant émigrer vers les États-Unis, il est en transit à Marseille lorsque le consulat américain cesse de délivrer des visas en raison de nouvelles restrictions à l'immigration. La famille est alors bloquée[4] dans la cité phocéenne, et s'installe dans un des quartiers industriels et ouvriers du Nord de la ville, où se trouve une importante communauté toscane. Ivo n'a alors que deux ans. Son père crée une petite fabrique de balais dans le quartier des Crottes. Les deux aînés quittent rapidement l'école pour gagner leur vie : Lydia devient coiffeuse, et son frère Julien serveur de café et fervent militant communiste. L'enfance d'Ivo est difficile matériellement ainsi que moralement. Il est en effet considéré comme un « immigré rital ». C'est à cette époque qu'il se passionne pour le cinéma et notamment pour les comédies musicales américaines, en particulier celles de son idole Fred Astaire et ses numéros de claquettes.
Par décret du [5], la famille Livi obtient la nationalité française et Ivo voit son prénom francisé en Yves. La même année, la famille déménage dans le quartier de La Cabucelle, impasse des Mûriers. Les conséquences de la Grande Dépression ruinent le père d'Yves qui se voit contraint de déposer le bilan de la fabrique familiale de balais en 1932. Yves a onze ans et est nettement plus grand que la moyenne des enfants de son âge lorsqu'il falsifie ses papiers pour se faire engager dans une fabrique de pâtes (la loi interdit le travail avant l'âge de quatorze ans)[6]. Il sera encore livreur, également serveur dans la confiserie « Mignon » avant d'être à quatorze ans apprenti dans le salon de coiffure pour dames où travaille sa sœur Lydia, et il passe avec succès un CAP de coiffeur[7]. Il travaille par la suite sur les docks de Marseille.
En 1938, à l'âge de dix-sept ans, Yves Livi décroche une place de « chauffeur de salle » dans un cabaret de music-hall de Marseille. Par la suite, il participe à un spectacle dont la première partie accueille des débutants. Il chante Trenet (C'est la vie, Boum), Chevalier (On est comme on est) et se livre à des imitations de Fernandel et de personnages de Walt Disney. L'organisateur du spectacle, Francis T (de son vrai nom Trotobas, alias Berlingot), le prend sous son aile et lui conseille de se trouver un nom de scène. Yves Livi devient Yves Montant — orthographié alors avec un « t » — pseudonyme choisi en souvenir de sa mère. En effet, dans un mélange d’italien et de français, elle lui crie, lorsqu'il joue dans la rue et afin qu’il rentre chez eux : « Ivo, monta »[8].
Francis T, chanteur-parodiste, organisateur et animateur de spectacles, devient alors son premier imprésario et l'accompagne de 1938 à 1941. Il prend des cours de chant avec Marguerite Francelli à partir de l'été 1937. Le débutant, de temps à autre, décroche quelques engagements ; sur scène, il est accompagné au piano par Mado, la fille de son professeur de chant. Ses galas le conduisent parfois jusqu'à Narbonne et Toulouse et, au début de 1940, son nom attire le public. Montand ambitionne alors de passer à l'Alcazar de Marseille.
Le , il joue sur la scène de l'Alcazar de Marseille, le public paraît conquis par son tour de chant, lequel mêle aux reprises des créations originales. Cependant, la guerre éclate et remet en cause son projet de « monter à Paris ».
Yves Montand se retrouve manœuvre aux « Chantiers et Ateliers de Provence ». Un emploi qu'il finit par perdre et, ne retrouvant pas de travail, il décide de chercher des engagements comme chanteur. Il passe dans des cafés, des cabarets modestes, des cinémas où il chante durant l'entracte. Il trouve un emploi de docker et chante encore parfois le dimanche. Francis T, en , lui permet de reprendre à plein temps la chanson.
Au début de l'été 1941, Yves Montand se produit une seconde fois à l'Alcazar et obtient un triomphe. Il est remarqué par le producteur Émile Audiffred, surnommé « Audi », qui prend en charge sa carrière, persuadé de tenir un chanteur au fort potentiel scénique. Avec lui, le chanteur suit des cours de danse et affine son jeu de scène. Audiffred lui présente Reda Caire qui lui apprend à mieux chanter, articuler, soigner sa diction et sa présentation sur scène ; il lui enseigne aussi les bonnes manières et en fait son « secrétaire » particulier[Note 1]. Le biographe Emmanuel Bonini, dans son livre Le Véritable Yves Montand, soutient que le chanteur a entretenu une relation intime avec Yves Montand pendant durant la guerre, confirmant les propos de Jean-Claude Brialy tenus à l'émission Tout le monde en parle en 2004. Audiffred fait comprendre à Montand qu'il doit agrandir son répertoire, car « Vivre sans chanson, pour un artiste, c'est vivre sans amour ; on n'est rien du tout » lui dit-il, et le chanteur ajoute des chansons célèbres qu'il se réapproprie avec succès[10]. Montand se souvient d'Audiffred pour L'Express en 1969 : « C'est à lui que je dois mes débuts. Il a été très chic pour moi. Il me disait : « Tu verras, petit, tu seras mondial à Marseille ! » Et on riait tous les deux. N'empêche que, le premier soir, j'avais un de ces tracs »[11].
Audiffred le fait chanter au Colisée Plage à Marseille et à Lyon en première partie de Rina Ketty. À Marseille, Montand obtient un nouveau succès avec son passage au Théâtre de l'Odéon. Il chante à Aix, Nice, Toulon…
À la rentrée 1941, Émile Audiffred monte la revue Un soir de folie dont Yves est la vedette. Pour cela, il a besoin d'un répertoire original. Hubert Melone, alias Charles Humel, un auteur-compositeur aveugle, lui écrit deux chansons : Y'a du swing partout, qu'il n'enregistrera jamais, et Dans les plaines du Far-West, qui sera son premier vrai succès[12]. Envoyé aux chantiers de la jeunesse créés par Vichy, il y reste presque une année, puis reprend la scène. En cette période, malgré l'occupation, il gagne assez bien sa vie, mais doit régulièrement prouver que son nom Livi ne dissimule pas en fait celui de Lévy. Risquant d'être envoyé en Allemagne, il décide, en accord avec Émile Audiffred, de partir pour Paris[13] afin d'éviter le service du travail obligatoire (STO).
En 1944, fraîchement débarqué dans la capitale, épaulé par Audiffred et le comédien Harry-Max, Montand se produit au théâtre de l'ABC en février. Par la suite il joue à Bobino, aux Folies-Belleville et au célèbre Moulin-Rouge, où il passe fin juillet, grâce aux relations d'Émile Audiffred, en première partie d'Édith Piaf. Cette rencontre est décisive pour Montand, désormais soutenu par la déjà célèbre chanteuse et ses conseils avisés sur le métier et la vie d'artiste. Piaf lui apporte la reconnaissance d'un public élargi et le présente à de nombreux futurs collaborateurs : Loulou Gasté, Jean Guigo, Henri Contet, Louiguy, Marguerite Monnot, Philippe-Gérard… Une idylle naît, mais ils doivent s'aimer en secret car Piaf est alors — pour un temps encore — la maîtresse d'Henri Contet[14].
Le chanteur, sous l'influence d'Édith, peaufine ses entrées en scène, abandonne son accent méridional, se constitue un nouveau répertoire et renouvelle son jeu de scène. Peu à l'aise dans « son nouveau costume », en tournée avec Piaf, durant l'automne 44, Montand ne convainc pas vraiment le public. Le chanteur emporte son adhésion, en au Théâtre de l'Étoile, une fois encore en première partie d'Édith Piaf, laquelle lui a écrit plusieurs chansons, notamment Elle a… qui obtient du succès.
Le , il enregistre pour la première fois pour la marque Odeon : Luna Park, Dans les plaines du Far West, Elle a…, Il fait des…[15]. En octobre, Édith Piaf permet à Montand de chanter en vedette à l'Étoile. Durant sept semaines, il obtient un considérable succès, qu'il prolonge à l'Alhambra. La carrière du chanteur est définitivement lancée.
La même année, il débute au cinéma dans Étoile sans lumière de Marcel Blistène, avec Édith Piaf en vedette[16]. En 1946, il obtient un succès d'estime avec Les Portes de la nuit de Marcel Carné qui est un échec critique et commercial. Yves Montand partage la vedette avec Nathalie Nattier, vedettes par défaut de rôles initialement prévus pour Jean Gabin et Marlene Dietrich. Le chanteur fera encore quelques films, avant de trouver la consécration au cinéma en 1952.
En 1946, Édith et Yves se séparent, à l'initiative de Piaf qui juge que le talent de Montand lui fait quelque peu de l'ombre[15].
Six nouvelles chansons sont enregistrées en novembre, puis il passe au Club des Cinq, un cabaret Faubourg-Montmartre. Francis Lemarque est présent dans le public et enthousiasmé par la performance de Montand, il lui propose trois chansons : Ma douce vallée, Bal, petit bal et Tueur affamé. Cela scelle le début d'une collaboration fructueuse et Montand, qui se réserve l'exclusivité des chansons de Lemarque, lui devra quelques-uns de ses plus grands titres.
Début 1947, le chanteur passe en vedette à l'ABC. Il signe un contrat de sept ans avec la Warner, qu'il finira par juger trop contraignant et qu'il dénoncera plus tard. Attaqué en justice, l'affaire se conclut sans préjudice pour lui. En , il chante Mais qu’est-ce que j’ai ? (musique d'Henri Betti et paroles d'Édith Piaf) au Théâtre de l'Étoile et l'enregistre le . L'année suivante, il enregistre trois autres chansons composées par Henri Betti qui seront des succès : C'est si bon (paroles d'André Hornez) le , Maître Pierre (paroles de Jacques Plante) et Rien dans les mains, rien dans les poches (paroles d'André Hornez) le .
Montand se console de la rupture avec Piaf en multipliant ses prestations sur scène. Il participe à l'opérette Le chevalier Bayard qui est un échec, sans que son succès personnel en soit entaché. Cette année-là, il engage le pianiste Bob Castella, qui pour les quarante-quatre années à venir sera son accompagnateur. Grâce à Jacques Prévert, il rencontre le guitariste Henri Crolla, qui sera emporté par un cancer en 1960.
Fort de cette fructueuse collaboration, le chanteur, plus jazzy, plus swing, enchaîne les enregistrements : Clopin-clopant, À Paris, Les cireurs de souliers de Broadway, Les enfants qui s'aiment - ces deux dernières chansons sont signées Prévert - Clémentine… Le , il enregistre Les Feuilles mortes[Note 2],[17].
En 1948, son producteur, Émile Audiffred, meurt prématurément, Yves Montand fait une pause de trois ans au Music-hall. Prévert lui fait découvrir La Colombe d'Or, une auberge de Saint-Paul-de-Vence. Il en devient un habitué et il y rencontre Simone Signoret le . C'est le coup de foudre, ils ne se quittent plus. L'actrice met un temps sa carrière entre parenthèses et après son divorce avec le réalisateur Yves Allégret - de leur union est née Catherine Allégret - ils vivent place Dauphine.
En , le chanteur triomphe avec un tour de chant de vingt-deux chansons, qui marque l'histoire du music-hall et influencera nombre de chanteurs qui s'essayeront au one-man-show[18]. En 1953, ce tour de chant restera à l'affiche à l'Étoile pendant 8 mois à guichets fermés, un record, et ce sera le premier double album 33 T enregistré en public (encore disponible en CD) qui reste une leçon de music-hall toujours exemplaire.
Le , Simone Signoret et Yves Montand se marient à la mairie de Saint-Paul-de-Vence et deviennent l'un des couples français les plus en vogue du monde du spectacle.
En 1953, Montand, avec le film d'Henri-Georges Clouzot Le Salaire de la peur, obtient son premier rôle marquant au cinéma. Cette année-là, le film obtient le Grand Prix du Festival de Cannes (ancêtre de la Palme d'or). La même année, la chanson Quand un soldat, datée de 1952, chantée par Montand et écrite par Francis Lemarque est interdite[19].
En 1954, le couple achète une propriété à Autheuil-Authouillet, en Normandie. Cette demeure devint par la suite un haut lieu pour des rencontres artistiques et intellectuelles. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Serge Reggiani, Pierre Brasseur, Luis Buñuel, Jorge Semprún y séjournent régulièrement. Le couple milite en faveur de ses idées de gauche et est bientôt catalogué « compagnon de route » du Parti communiste français (PCF).
À partir du 15 décembre 1954[20] puis durant l'année 1955, Montand et Signoret se produisent au théâtre avec la pièce Les Sorcières de Salem de l'écrivain Arthur Miller. Traduite et adaptée en français par Marcel Aymé, elle est présentée pour la première fois au Théâtre Sarah-Bernhardt à Paris, dans une mise en scène de Raymond Rouleau. Le succès de la pièce est tel que la forte demande du public amène les producteurs à organiser de nouvelles représentations, jusqu'au 24 décembre 1955[21].
En 1956, il s'apprête à entamer une tournée de music-hall en URSS, lorsque le les chars de l'Armée rouge envahissent Budapest, en Hongrie (insurrection de Budapest). Montand décide malgré tout de chanter devant les Soviétiques à Moscou, où il rencontre le Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, Nikita Khrouchtchev[22]. L'entretien dure quatre heures, et Montand demande personnellement des explications au chef du Kremlin sur les raisons de l'invasion de la capitale hongroise[23].
En 1957, accompagné de Simone Signoret (et de ses musiciens, Bob Castella, Henri Crolla, Emmanuel Soudieux, Roger Paraboschi, et Marcel Azzola, qui remplace Freddy Balta pour la tournée en URSS), il entreprend une tournée triomphale dans tous les pays du Bloc de l'Est. Cependant, il en revient profondément désabusé, déçu de ce qu'il a vu de l'application concrète du communisme en l'Europe de l'Est. Ses convictions dans ce système politique étant enracinées en lui avant tout par les profondes croyances familiales, surtout paternelles, il aura beaucoup de mal à les réfuter et mettra du temps à reconnaître ses erreurs de jugement[24].
En 1959, il est engagé par le producteur Norman Granz et, une fois les visas accordés, accompagné par Simone Signoret, il part pour les États-Unis, où, à partir du , il se produit à Broadway durant trois semaines. Le soir de la première, il est applaudi par de nombreuses célébrités : Montgomery Clift, Lauren Bacall, Ingrid Bergman et Marilyn Monroe. Le chanteur triomphe, obtient pas moins de seize rappels ; le lendemain, la presse ne tarit pas d'éloge sur sa prestation. Il chante ensuite à Hollywood, San Francisco et Montréal. Montand conquiert l'Amérique[25]. Il accède alors au statut de vedette internationale : il se produira à New York en 1961 et sera de retour à Broadway en 1963. Il accomplit également avec succès plusieurs tournées à travers le monde, au Canada et au Japon.
À cette époque, il danse à la télévision avec Dinah Shore, et c'est grâce à cette apparition sur la chaîne NBC qu'il se voit proposer un rôle dans le film Le Milliardaire de George Cukor, avec Marilyn Monroe[25].
En , Signoret et Montand, au Beverly Hills Hotel de Los Angeles, sympathisent avec leurs voisins Arthur Miller et Marilyn Monroe, alors époux à la ville. En avril, Signoret reçoit l'Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation dans Les Chemins de la haute ville de Jack Clayton, puis part à Rome pour un prochain tournage. Miller, lui, s'envole pour l'Irlande. Marilyn et Montand tournent à Hollywood le film de George Cukor. Bientôt, ils sont bien plus l'un pour l'autre que des partenaires de cinéma… Leur brève liaison alimente la presse, brise le couple Miller-Monroe, alors que Simone Signoret donne le change face à la presse à scandale.
Il tourne encore Sanctuaire de Tony Richardson avec Lee Remick pour partenaire, puis déclinant plusieurs autres propositions, il rentre en France. Cette infidélité de Montand brise définitivement une bonne partie de la confiance que Simone Signoret portait en elle-même[26]. Yves Montand, de son côté, demeure un séducteur impénitent[27]. Bien que l'équilibre du couple soit profondément affecté par cet épisode, que Signoret en son for intérieur a très mal vécu[28], ils resteront unis jusqu'à la mort de Simone Signoret, en 1985.
En , Montand triomphe encore à Broadway, au John Golden Theatre, où il chante durant huit semaines. L'année suivante, il effectue une longue tournée qui le mène de l'Angleterre au Japon. Début 1963, il chante à Paris à l'Étoile, où, bien que sa popularité soit sans faille, il constate que le métier est en train de changer. Il peine à trouver des titres nouveaux, et Francis Lemarque, à l'instar des Brassens, Brel, Ferré, Aznavour et autres Gainsbourg ou Nougaro, interprète désormais ses propres créations. Une autre génération, dont un certain Johnny Hallyday, bouleverse tout et Montand est conscient que sa grande période d'artiste de music-hall s'achève[29].
En 1963, il fait la narration dans le film Le Joli Mai de Chris Marker et Pierre Lhomme, et y interprète la chanson Joli mai, adaptation par Michel Legrand de la chanson populaire russe Odinokaya garmon' (russe : Одинокая гармонь, « accordéon solitaire ») composée par Boris Mokrousov. Les paroles du poète Mikhaïl Issakovski n'ont pas été conservées dans cette version française.
À partir de 1964, il se consacre presque exclusivement à sa carrière d'acteur et ne reviendra à la scène que de façon épisodique. C'est à partir de 1965 qu'il s'impose définitivement au cinéma. La rencontre avec Costa-Gavras, avec qui il tourne Compartiment tueurs en est la clef de voûte. Il tourne avec Alain Resnais, René Clément, Claude Lelouch, Philippe de Broca, Jean-Pierre Melville, Gérard Oury, Jean-Luc Godard… et devient l'un des acteurs fétiches de Claude Sautet avec qui il tourne trois films[30]. Durant les années 1970, l'acteur alterne drames, films engagés et comédies et s'impose comme l'un des acteurs français les plus populaires.
En , le chanteur fait une pause dans les répétitions de sa rentrée à l'Olympia pour un bref tournage à Alger[31]. Dans ces décors rappelant Athènes, Costa-Gavras réalise Z, retraçant l'assassinat du député grec Grigóris Lambrákis, le cinéaste entendant dénoncer, avec son coscénariste Jorge Semprún, l'avènement du régime des colonels[32]. Son cachet est mis en participation pour alléger le budget. Montand n'apparaît que douze minutes dans le rôle du député dont la mort « accidentelle » et l'enquête qui s'ensuit sont au cœur de ce thriller politique[32].
En septembre 1968, Yves Montand redevient chanteur le temps de se produire à l'Olympia. Il crée La bicyclette et Mon frère. Son retour sur scène après cinq ans d'absence est un triomphe et réaffirme sa place de roi du music-hall français[33].
Cette même année, son engagement et ses convictions politiques connaissent un revirement complet : après l'écrasement du Printemps de Prague, sa rupture avec le parti communiste français est définitive.
Si l'on excepte Le Milliardaire à Hollywood, Yves Montand n'obtient son premier rôle principal comique qu'en 1969 dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca, auréolé du triomphe de L'Homme de Rio (1964)[34]. Montand démontre sa capacité à mener une comédie pure dans son rôle de voleur hâbleur et séducteur[34]. Le Diable par la queue sort en et enregistre au total un million et demi d'entrées[35]. La critique est surprise de le découvrir autant à l'aise dans la comédie populaire que dans des œuvres plus sérieuses[34]. Cependant, il a déjà employé ce brusque passage d'un ton à l'autre dans ses tours de chants, depuis les années 1930[36]. Sorti trois semaines après, Z remporte un étonnant succès[32], réunissant 3,5 millions d'entrées sur sa seule première année d'exploitation[35]. Cette association de la politique et du cinéma à spectacle est saluée par la presse généraliste, mais rebute la critique cinéphilique de gauche[37]. À la fin de la décennie, Yves Montand prouve l'étendue de son registre et de ses possibilités, passant avec autant de talent de la légèreté de comédies à des rôles plus graves ou austères, et alternant les productions « grand public » avec des œuvres plus « difficiles » ou confidentielles[34].
Costa-Gavras adapte en 1970 L'Aveu d'Artur London, publié en 1968. Ce dernier, né à Prague en 1915, entré aux Jeunesses communistes à l'âge de quatorze ans, a fait partie des Brigades internationales antifranquistes, résistant en France, et déporté à Mauthausen. Après la guerre, il devient vice-ministre des Affaires étrangères de Tchécoslovaquie, il sera arrêté en 1951 et accusé de trahison lors d'un procès stalinien à Prague en 1952, au cours duquel onze condamnations à mort sont prononcées. Artur London en réchappera, et sera réhabilité en 1956. Le film L'Aveu s'achève sur l'arrivée des chars soviétiques à Prague en 1968. Cette fois encore, Costa-Gavras a coécrit le scénario avec Jorge Semprun, mais c'est l'interprétation magistrale d'Yves Montand qui retiendra l'attention et permettra de faire comprendre au grand public l'ampleur de la répression dans les pays du bloc soviétique. L'exemple du courage d'Artur London suffit pour dénoncer les méthodes staliniennes des régimes communistes[38].
Afin de retranscrire au mieux la déchéance de London, Yves Montand s'inflige un dur conditionnement physique et psychologique[39]. Le tournage se déroule dans l'ordre chronologique de l'intrigue, suivant ainsi l'affaiblissement progressif de l'acteur comme du personnage[39]. Montand subit un régime drastique, perdant au total 12,5 kg au cours des six semaines de prises de vues, et finit avec les côtes saillantes et le visage émacié[40],[39]. Il réclame que les menottes le serrent vraiment et marquent sa chair (à tel point que la douleur va persister après le tournage), que les comédiens incarnant les gardiens ne feignent pas leur violence, ou encore que de l'eau jetée sur lui lors d'une scène soit glacée (une séquence d'ailleurs rejouée vingt fois)[41]. En dehors du tournage, il s'isole volontairement des autres pour rester dans l'état d'esprit de son rôle[41]. Plutôt que l'habituelle suite d'hôtel, il dispose d'une chambre au confort minime et masque la fenêtre pour se sentir enfermé ; certaines nuits, il dort à même le sol, dans son costume du film, dans le froid[41]. La nuit lui viennent les mêmes cauchemars de prisonnier que subit London dans sa cellule[41]. La privation et la douleur le sonnent et affectent tellement sa santé mentale que Costa-Gavras lui propose de mettre en pause le tournage, mais Montand refuse[42]. Il lui faut ensuite plusieurs mois pour recouvrer son poids et sa santé[43]. Toute cette souffrance que s'impose l'acteur constitue pour lui une manière d'expier ses aveuglements passés sur le stalinisme[42]. À l'exception de L'Humanité, la critique apprécie le film, son écriture et sa réalisation, et loue l'implication du comédien[43]. En dépit de son caractère oppressant, L'Aveu attire deux millions de spectateurs en France et connaît un excellent accueil à l'étranger[44]. Succès au box-office malgré des sujets lourds, les films de Costa-Gavras apportent à Montand la reconnaissance critique.
Tournant pour des réalisateurs aussi différents que peuvent l'être Jean-Pierre Melville, Henri Verneuil, Costa-Gavras ou encore Gérard Oury et Claude Sautet, il campe aussi bien un flic alcoolique en recherche de réhabilitation dans Le Cercle rouge, qu'un père primesautier dans Tout feu, tout flamme, un procureur intègre dans I… comme Icare ou un désespéré amoureux dans Clair de femme. Aussi à l'aise dans la comédie (Le Sauvage, La Folie des grandeurs) que le drame (Le Salaire de la peur), il s'impose également dans plusieurs polars : Compartiment tueurs, Police Python 357, Le Cercle rouge, Le Choix des armes. Sa rencontre avec Claude Sautet lui permit d'apposer une empreinte supplémentaire sur le cinéma français : César et Rosalie (1972), Vincent, François, Paul... et les autres (1974) et Garçon ! (1983).
Il remonte exceptionnellement sur scène en , pour soutenir les réfugiés chiliens et condamner le récent coup d'état du général Pinochet, en donnant un unique récital à l'Olympia. La préparation et la captation de ce tour de chant donnent lieu à un documentaire de Chris Marker, La Solitude du chanteur de fond[45].
Le début des années 1980 marque le grand retour d'Yves Montand à la chanson et à la scène, après treize ans d'absence (à l'exception du concert de 1974)[45]. Le chanteur enregistre l'album Montand d'hier et d'aujourd'hui, publié en 1980, qui donne lieu à un quatrième show télévisé de Jean-Christophe Averty ; l'album remporte un grand succès avec plus d'un million d'exemplaires vendus, ce qui le certifie deux fois disque d'or[46]. Montand triomphe ensuite sur la scène de l'Olympia, à guichets fermés trois mois durant, du au [46]. À presque soixante ans, il livre une prestation énergique, seul en scène, avec un chapeau, une canne et une chaise[45]. Le succès est tel que, après s'être produit en province de mars à juillet, il revient à l'Olympia durant l'été pour de nouvelles représentations, du au [46]. Fin août, il entame une tournée mondiale, qui le conduit au Brésil, aux États-Unis, au Canada et au Japon[45]. Ce retour triomphal est aussi son dernier passage au music-hall[45]. Il fête son soixantième anniversaire sur scène à l'Olympia[47]. La captation de la tournée par Guy Job sort en 1983 sous le titre Montand International[46],[48].
Claude Berri lui confie le rôle du « Papet », plein de truculence et de tragédie, dans le diptyque qu'il adapte de Marcel Pagnol : Jean de Florette et Manon des sources. Montand refuse d'abord, ne voulant pas se vieillir davantage à l'écran, puis se laisse séduire par le rôle lors d'essais filmés avec Coluche à Autheuil[49]. Le , lors du double tournage de ces films, Simone Signoret meurt d'un cancer du pancréas à l'âge de soixante-quatre ans.
« Que des gens aient été prêts à suivre un saltimbanque comme moi, ce n'est pas très bon pour la classe politique. »
— Yves Montand à La Nouvelle République, [50].
Yves Montand est de plus en plus sollicité pour exprimer ses opinions politiques, dans des interviews souvent très suivies, au moins à partir de 1983[46],[51]. Il prend en quelque sorte la suite de Coluche dans la posture de personnalité du spectacle très populaire qui prend part au débat public[50]. Lors d'un passage au journal de 20 heures d'Antenne 2 en 1983, Christine Ockrent va jusqu'à le qualifier de « phare de la pensée contemporaine »[52]. Il multiplie les interventions politiques à la télévision et aligne des audiences énormes par ses apparitions dans 7 sur 7 en 1983, Les Dossiers de l'écran en (où il explique longuement son retournement sur le communisme[53]), et ses présentations de Vive la crise ! en et La Guerre en face en 1985[46],[51]. Pendant ces années, Montand devient l'objet médiatico-politique qui l'installe à la une de journaux ou magazines, certains titrant « Montand président ! »[46].
Tandis que l'aura politique d'Yves Montand se consolide[54], divers commentateurs lui prêtent des ambitions, à une époque où l'ancien acteur Ronald Reagan est président des États-Unis[46],[55] et Clint Eastwood est maire d'une petite ville[56]. Certains voient en lui un potentiel rénovateur du centre gauche, une tête de liste aux élections européennes de 1984, un ministre, voire un président[57]. En , répondant au New York Times qui lui demande s'il envisage de se lancer en politique, Montand explique : « La politique représente beaucoup de travail (…). Je n'ai ni parti ni organisation : je suis tout à fait seul (…). Mais peut-être (…). Pourquoi pas ? »[56],[58]. Dans son interview, l'acteur-chanteur critique à la fois le président François Mitterrand et le Premier ministre de cohabitation Jacques Chirac, explique que les Français souhaiteraient dépasser les traditionnels clivages entre gauche et droite et chercheraient des hommes politiques nouveaux, pragmatiques : en 1986, il s'affiche comme l'un de ceux-là, ni de droite ni de gauche, mais « indépendant »[56] en précisant, qu'il est « un peu de gauche, car convaincu que l'État doit se soucier (et plus que M. Reagan, précise-t-il) des plus déshérités, et un peu de droite car également persuadé que l'État doit " laisser les gens libres de créer des emplois et de la richesse pour la France, même s'ils trichent un peu au passage " »[58].
Plusieurs personnes le confortent dans ses ambitions, notamment Bernard Kouchner qui lui met en tête de se présenter à la prochaine élection présidentielle, sur l'exemple de Reagan[59],[53]. De fait, après ses thrillers politiques, ses interventions médiatiques et ses deux documentaires sérieux, Yves Montand est vu comme un candidat possible à l'élection présidentielle de 1988[60],[53]. Un sondage indique que 36 % des Français seraient prêts à voter pour l'acteur-chanteur lors d'une élection présidentielle à venir[46],[55]. Des intellectuels parmi lesquels Michel Foucault, André Glucksmann, Jorge Semprún, Jean-Claude Guillebaud, Michel Albert, Chris Marker et Costa-Gavras l'entourent comme une équipe de campagne[50]. Même en Israël, où il se rend en , invité par le Premier ministre Shimon Peres à un spectacle de soutien aux Refuzniks, Montand est accueilli « comme un chef d'État »[61].
En , Yves Montand est le président du jury du quarantième festival de Cannes[46]. Il se montre pour la première fois au bras de Carole Amiel lors de la montée des marches, deux mois après avoir révélé leur relation à la presse[46]. Membre du jury, Danièle Heymann raconte plus tard que Montand « était un président chaleureux, flatté d'être ainsi distingué, et assez désarmé d'avoir à exercer une autorité. Lui qui était un super patron quand il faisait son métier de chanteur se montrait intimidé par des personnalités très fortes. Et il était très modeste devant ceux qu'il admirait… »[62]. La politique le rattrape pendant sa présidence du festival, quand une délégation d'ouvriers de la Normed, chantier naval au bord de la fermeture, lui demande une audience, après s'être vu refuser une rencontre avec le ministre du Travail ; le président Montand les reçoit symboliquement sur le galion du film Pirates de Roman Polanski et intercède pour leur obtenir un rendez-vous au ministère[54]. À la fin du festival, l'annonce du palmarès est houleuse, la remise de la Palme d'or à Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat étant vivement contestée[62],[63].
En , Yves Montand participe à l'opéra Garnier à une cérémonie célébrant le quarantième anniversaire de la fondation de l'État d'Israël, où il lit la déclaration d'indépendance à la demande de Shimon Peres[54]. L'annonce de sa possible candidature l'élection présidentielle est escomptée par la presse pour l'émission Questions à domicile sur TF1, en , six mois avant le scrutin[54]. Finalement, tout à la fin de cette interview chez lui, Yves Montand annonce qu'il ne sera pas candidat : « En soi, la Présidence de la République ne m'intéressait pas, puisque, pour l'essentiel, c'est la satisfaction d'un désir de gloire et de réussite, d'une ambition. Toutes proportions gardées, cela, je l'avais déjà. Mais j'avais envie de dire des choses. Or, pour les dire et être entendu, il fallait jouer le jeu. J'espérais faire de la politique sans devenir politicien. C'est impossible »[46]. La révélation par Le Canard enchaîné du cachet de 800 000 francs versé à Montand pour cette interview provoque l'indignation les jours suivants[64],[65] et efface tout son crédit politique[55].
En 1989 il préside le jury du Festival international du film de Tokyo.
Il tourne encore trois autres films : Trois Places pour le 26 de Jacques Demy (1988), comédie musicale où il interprète son propre rôle, revenant à Marseille pour y monter un spectacle chanté de sa vie, Netchaïev est de retour de Jacques Deray (1991) et IP5 de Jean-Jacques Beineix.
En 1990, Patrick Rotman et Hervé Hamon publient sa biographie « officielle », Tu vois, je n'ai pas oublié, fruit de longs entretiens depuis 1988[46],[66].
En 1991, Montand tourne son dernier film, IP5 de Jean-Jacques Beineix. Son personnage meurt d'ailleurs d'une crise cardiaque à la fin. Pour les besoins du scénario, protégé par une combinaison de plongeur sous ses vêtements, l'acteur se baigne, fin septembre, dans un lac glacé des étangs de Commelles dans la forêt de Chantilly, près de Senlis. Après le tournage d'un dernier raccord, Montand ressent un malaise. Il déclare à l'un des pompiers dans l'ambulance qui le conduit à l'hôpital de Senlis : « Avec tout ce que j'ai vécu, j'ai eu une vie tellement formidable que je ne regretterai pas de partir »[67]. Le samedi à 13 h 50, Montand meurt à Senlis[68] d'un infarctus du myocarde à l'âge de 70 ans. À cette période, l'acteur-chanteur ambitionne de faire sa rentrée sur la scène de Bercy au printemps 1992, un retour motivé par la volonté de chanter pour son fils[69],[46].
Une silhouette de roses rouges et blanches est dressée en hommage éphémère à l'homme de scène devant son dernier domicile parisien, au 114, boulevard Saint-Germain[70]. À ses obsèques le , au cimetière du Père-Lachaise, sont présents entre autres Jean-Louis Livi, son neveu, Catherine Allégret, sa belle-fille, Jean-Pierre Castaldi, son gendre, Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Jack Lang, le sculpteur César, la marraine de Valentin Christine Ockrent, Bernard Kouchner, Gérard Depardieu, Claude Sautet, Alain Corneau, Claude Berri, André Glucksmann, Gérard Oury, Michèle Morgan, Danièle Thompson, Jean-Paul Rappeneau, Jorge Semprún, François Léotard, Léon Schwartzenberg, Olivier Martinez, Jean-Jacques Beineix, Serge Reggiani, François Périer, Costa-Gavras, Miou-Miou ou encore Daniel Auteuil[71]. Il est inhumé en bordure de la 44e division aux côtés de Simone Signoret, la seule femme à laquelle il a été marié.
En , Yves Montand rencontre Simone Signoret en vacances à Saint-Paul-de-Vence[72]. C'est le coup de foudre. Elle quitte Yves Allégret pour le suivre, avec sa fille Catherine Allégret[46]. Ils se marient le à l'auberge La Colombe d'or à Saint-Paul-de-Vence, Jacques Prévert est le témoin de Simone Signoret[73]. Signoret, issue d'un milieu bourgeois, parfait son éducation et l'introduit dans les cercles intellectuels[72]. Ils forment l'un des couples les plus fameux de l'époque en France et l'un des plus célèbres du cinéma[72]. Malgré les infidélités, Signoret ne quitte jamais Yves Montand jusqu'à sa mort[72].
En 1960, lors du tournage d'un film en commun Le Milliardaire, Yves Montand et Marilyn Monroe, entretiennent une liaison de plusieurs semaines, qui prend fin après avoir été dévoilée par la presse américaine[74]. Signoret doit affronter une honte internationale, mais livre à la presse des réponses remarquables comme « Si Marilyn est amoureuse de mon mari, c'est la preuve qu'elle a bon goût »[75] ou encore « Vous en connaissez beaucoup d'hommes, vous, qui resteraient insensibles en ayant Marilyn Monroe dans leurs bras ? »[46],[72]. Montand finit par se lasser des sentiments pourtant sincères de l'actrice américaine à son égard et revient vers Signoret[75]. Il raconte dans les années 1980 : « Pas une seconde je n'ai envisagé de rompre avec ma femme, pas une seconde ; mais si [Simone] avait, elle, claqué la porte, j'aurais probablement refait ma vie avec Marilyn. Ou essayé. Ça n'aurait peut-être duré que deux ou trois ans. Je n'avais pas trop d'illusions. N'empêche, ces deux ou trois ans, quelles années ! »[46].
Simone Signoret, elle, regrette que Monroe, morte en 1962, n'ait jamais su qu'elle ne lui en a pas voulu[76]. Après la mort de son épouse, Montand adopte Catherine Allégret en 1987[77].
La dernière compagne d'Yves Montand est Carole Amiel, née le , son assistante sur la tournée de 1982, avec laquelle il entretient déjà une liaison au moment où disparait Simone. Il a avec elle son seul enfant, Valentin, né le .
Élie Allégret (1865-1940) | Suzanne Ehrhardt (1869-1950) | André Kaminker (1888-1961) | Georgette Signoret (1896-1984) | Giovanni Livi (1891-1968) | Giuseppina Simoni (1893-1971) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Marc Allégret (1900-1973) | Renée Naville (1909-2000) | Yves Allégret (1905-1987) | Simone Signoret (1921-1985) | Yves Montand (1921-1991) | Carole Amiel (1960) | Giuliano Livi (1917-1994) | Elvire Nutini (1917-1993) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Gilles Allégret (1936-1955) | Maurice Vaudaux (1949) | Catherine Allégret (1946) | Jean-Pierre Castaldi (1944) | Corinne Champeval (1966) | Valentin Livi (1988) | Florence | Tanya Lopert (1942) | Jean-Louis Livi (1941) | Caroline Silhol (1949) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Clémentine Vaudaux (1984) | Valérie Sapienza | Benjamin Castaldi (1970) | Flavie Flament (1974) | Aurore Aleman (1977) | Giovanni Castaldi (1990) | Paola Castaldi (1996) | Margot Livi (2019) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Julien Castaldi (1996) | Kiara Bonventi | Simon Castaldi (2000) | Enzo Castaldi (2004) | Gabriel Castaldi (2020) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Élio Castaldi (2022) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
« Yves Montand a prêté au communisme à la française son visage, avant d'être, à la fin des années 1960, l'une des incarnations de la désillusion vis-à-vis des mythes staliniens et des trucages de l'Histoire, puis un militant de leur dénonciation. Homme de spectacle soucieux de participer au débat politique, il a témoigné de l'importance qu'a eue la culture communiste dans la société française. »
— Le Monde à sa mort en 1991[78].
Issu d'une famille ouvrière et militante, Yves Montand suit longtemps les idéaux communistes, dans le sillage de son père qui a dû fuir l'Italie à cause de ses convictions et de son frère Julien Livi (1917-1994) qui tient des responsabilités à la CGT[78],[3],[50]. Devenu artiste, après ses boulots ouvriers, l'engagement d'Yves Montrand se précise vraiment à partir de sa rencontre avec Simone Signoret dans les années 1950, qui l'entraîne dans les milieux artistiques et intellectuels parisiens, côtoyant Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ou encore Jorge Semprún[78],[45],[50]. Sans jamais adhérer au Parti communiste français, il lui fait néanmoins de généreux dons[79]. Montand et Signoret figurent ainsi parmi les plus célèbres « compagnons de route » du parti[50]. Ils signent par exemple l'appel de Stockholm en 1950, pétition contre l'arme atomique[78]. Malgré ses liens avec le parti, Montand n'a pourtant jamais chanté à la fête de l'Humanité[78],[80]. Sa proximité avec les milieux communistes lui vaut d'être fiché et suivi par les Renseignements généraux et d'y disposer d'un numéro de dossier dès 1949[81].
Ce courant transparaît dans ses œuvres. L'origine prolétarienne d'Yves Montand, appelé parfois le « prolo chantant », est exploitée dans des chansons « réalistes » (J'aime flâner sur les grands boulevards, Luna Park)[45],[78],[82],[80]. L'époque de l'après-guerre est aux chansons et films sur le peuple, le souvenir du Front populaire et la mise en avant d'un Paris ouvrier, que Montand parvient à incarner[78]. Plus tard, en tant qu'acteur, il crée au théâtre avec Simone Signoret la version française des Sorcières de Salem, allégorie du maccarthysme, qu'il reprend ensuite au cinéma[50]. Dans Z, Costa-Gavras lui fait tenir le rôle du député de gauche Grigóris Lambrákis, dont l'assassinat par l'extrême-droite est à l'origine du coup d'État instaurant la dictature des colonels en Grèce[50].
La répression de l'insurrection de Budapest et la révélation des crimes de Staline en 1956 érodent une première fois ses convictions, en plus d'une tournée en Europe de l'Est qui ébranle sa vision de la société soviétique[46],[45],[82],[50]. Il adopte une position critique vis-à-vis du communisme, suivant son ami Jorge Semprún, qui écrit certains de ses films[46]. Son opinion reste toutefois discrète, par fidélité pour son père[46],[80]. Croyant d'abord à une possible réforme du communisme, il rompt définitivement avec le Parti et l'idéologie au moment de l'écrasement du Printemps de Prague en 1968, après la mort de son père[82], perdant à la suite de cela tout contact avec son frère Julien[46],[50].
Dès lors, Yves Montand met en avant son reniement du stalinisme tout en poursuivant son engagement à gauche hors du communisme[46],[50]. Ses chansons abandonnent le terrain politique pour se recentrer sur « les thèmes les plus traditionnels du charme, des sentiments de convention et de la nostalgie »[80]. Au cinéma, après le réquisitoire contre le régime grec, Costa-Gavras continue de dénoncer les totalitarismes de droite comme de gauche[45]. Dans L'Aveu, Montand incarne le vice-ministre tchécoslovaque Artur London incarcéré par le régime communiste lors des procès de Prague, l'acteur expiant par la fiction et la douleur du tournage ses illusions passées[46],[82]. Dans État de siège, il incarne un agent américain, inspiré de Dan Mitrione, conseiller d'un régime militaire sud-américain, enlevé par l'extrême gauche. En 1973, après le coup d'État de Pinochet, le chanteur décide soudainement de remonter sur scène par soutien au peuple chilien, démarche filmée par Chris Marker dans La Solitude du chanteur de fond[46],[82]. Il met ainsi sa notoriété au service de causes plus consensuelles, médicales, humanitaires ou politiques[50],[80].
Dans les années 1980, ferme opposant au Parti communiste, il critique l'entrée des ministres communistes au gouvernement, soutient l'installation des fusées américaines en Allemagne de l'Ouest et l'intervention française au Tchad, et s'engage en faveur du syndicat polonais Solidarność de Lech Wałęsa[50]. Il connaît un revirement idéologique et adhère au courant d'idées du libéralisme[50], qui arrive alors en France, promu par le courant de pensée There is no alternative[83]. Dans l'émission télé pédagogique Vive la crise ! ()[84] suivie par 20 millions de personnes[85], il prône un « capitalisme libéral »[86] tout en avouant ne rien connaître à l’économie[87]. L'historienne Gwénaëlle Le Gras considère qu'il devient « le prototype des stars politiques »[50]. Selon l'universitaire Michel P. Schmitt, Montand endosse à l'époque « le personnage de l'artiste engagé transformé en moraliste grisonnant, pourfendeur de l'oppression et défenseur tous azimuts des droits de l'homme, et dont le discours peut s'autolégitimer de la reconnaissance bruyante de ses erreurs passées »[82]. La popularité de ses interventions médiatiques est telle que l'hypothèse d'une entrée en politique est avancée, allant jusqu'à une potentielle candidature à l'élection présidentielle de 1988, l'érigeant en une sorte de « Ronald Reagan français »[46],[60],[88].
Malgré ses engagements et soutiens publics, il n'a jamais appartenu à un parti politique, mais il est militant des droits de l'homme et du Mouvement de la paix[45],[78].
En 1989, Anne Drossart, ex-comédienne, engage une action en recherche de paternité au nom de sa fille Aurore, née le , pour démontrer que l'acteur est le père de celle-ci. En , le tribunal de Paris demande une analyse sanguine, mais Yves Montand refuse de son vivant de se soumettre à cette expertise biologique et conteste la validité des témoignages suggérant des « relations stables et continues » entre lui et Anne Drossart. Ce refus des témoignages (dont celui de Claude Sautet) entraîne l'ouverture d'une instruction pénale qui conclut deux ans plus tard, en 1993, après le décès d'Yves Montand, à l'existence confirmée de cette relation. Le tribunal de grande instance de Paris, par un jugement du tirant les conséquences probatoires d'un tel refus et s'appuyant sur les conclusions de l'instruction pénale ainsi que « sur la grande ressemblance de la jeune fille », déclare la paternité d'Yves Montand[89]. Les ayants droit d'Yves Montand (Catherine Allégret et Carole Amiel) saisissent la cour d'appel deux ans plus tard, en 1996, pour obtenir la réformation de la décision. Toutes les parties au procès sollicitent du juge que soit autorisée une expertise comparative d'ADN post-mortem. Cette décision fait suite au prélèvement biologique entre Drossart et Valentin Livi qui a conclu, avec une marge d'erreur de 0,1 %, à la non-paternité. Le résultat est contesté par Anne Drossart, les experts déclarent que seuls les tissus de l'acteur-chanteur peuvent apporter la certitude absolue. Sa dépouille est exhumée nuitamment le , pour faire l'objet d'un prélèvement à l'institut médico-légal. L'exhumation émeut fortement l'opinion publique et divise les juristes[90],[91]. Le , trois experts remettent à la cour d'appel de Paris leur rapport concluant à la « non-paternité » d’Yves Montand[92]. Les Drossart, défendus par Gilbert Collard, se pourvoient en cassation en 1999. Le pourvoi est rejeté en 2001, clôturant définitivement la procédure[93].
En 2004, son petit-fils adoptif, Benjamin Castaldi, dans son livre Maintenant, il faudra tout se dire, soutient qu'il y aurait eu une liaison amoureuse filialement perturbante, à la fois dite et non dite et connue de Signoret, entre Yves Montand et sa mère Catherine Castaldi née Allégret, fille de Simone Signoret, élevée par Montand et tout juste majeure[94]. En 2005, quatre mois après les affirmations de son fils Benjamin Castaldi, Catherine Allégret évoque ladite relation avec son père adoptif, dans un livre intitulé Un monde à l'envers, dans lequel elle écrit qu'il se serait livré à des attouchements sur elle au moins une fois quand elle était enfant et qu'il aurait longtemps gardé plus tard une « attitude plus qu'équivoque » à son égard[95]. En réaction, Carole Amiel et Valentin Livi, accompagnés d'une soixantaine de personnalités dont Alain Delon et Line Renaud, viennent rendre hommage à Yves Montand sur sa tombe[96]. Ces déclarations isolent la branche Allégret-Castaldi d'une partie du reste de l'entourage et de la famille de Montand[96].
Le prénom César est plusieurs fois présent dans sa filmographie, on peut citer, par ordre chronologique :
Yves Montand cumule 94 739 993 entrées sur 39 films répertoriés au box office, en France[97]. À Paris, Le Salaire de la peur reste son meilleur chiffre avec 1 601 140 entrées.
Ses films ont été également exportés principalement :
Grand Prix reste l’un de ses plus beaux succès à l’étranger avec 1 720 456 en Espagne et 3 500 000 en Italie.
Dans le tableau, sont comptabilisées et classées les entrées France des films auxquels Yves Montand a participé. Pour certains films, l’année de comptabilisation diffère de l’année de tournage et de production pour des raisons de sortie et d’exploitation en salle différée.
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