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écrivain espagnol De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jorge Semprún Maura, né le à Madrid (Espagne) et mort le à Paris 7e[1],[2] (France), est un écrivain, scénariste et homme politique espagnol dont l'essentiel de l'œuvre littéraire est rédigé en français.
Ministre de la Culture | |
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- | |
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Jorge Semprún Maura |
Pseudonyme |
Federico Sánchez |
Nationalités | |
Formation | |
Activités | |
Père | |
Mère |
Susana Maura Gamazo (d) |
Fratrie | |
Conjoints |
Loleh Bellon (à partir de ) Colette Leloup (en) (de à ) |
Enfants |
Jaime Semprun Ricardo Semprún (d) Pablo Semprún (en) |
Parentèle |
Parti politique | |
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Membre de | |
Lieu de détention |
Buchenwald (- |
Distinction | |
Archives conservées par |
Jorge Semprún est issu d'une famille de la grande bourgeoisie espagnole. Sa mère, Susana Maura (morte en 1932), est la fille de l'homme politique libéral des années 1880-1925 Antonio Maura, président du gouvernement espagnol, et la sœur de Miguel Maura, ministre et républicain modéré. Son père, José María Semprún Gurrea (1893-1966), catholique et républicain, avocat et professeur de droit, a occupé pendant la deuxième république des fonctions de gouverneur civil de province (Tolède, Santander). Durant la guerre civile espagnole, il fut diplomate au service de la République espagnole à La Haye[3][source insuffisante][4]. Veuf, José María Semprún a épousé en secondes noces l'institutrice particulière qui enseignait à ses enfants.
En 1939, après la défaite des Républicains, la famille s'établit définitivement en France.
Pendant le déclenchement de la guerre d'Espagne, en , la famille se trouve en vacances à Lekeitio, près de Bilbao ; elle gagne Bayonne à bord d'un chalutier, séjourne d'abord à Lestelle-Bétharram[N 1] (Pyrénées-Atlantiques) dans la maison de Jean-Marie Soutou[N 2], un proche d'Esprit, revue dont José María Semprún était correspondant en Espagne, puis dans la région de Genève où il se voit offrir un poste diplomatique[réf. nécessaire] : du début de 1937 à , il représente la République espagnole aux Pays-Bas. Jorge et ses six frères et sœurs[N 3] passent donc deux ans dans ce pays ; Jorge est scolarisé dans un lycée local et maîtrise, à cette époque, le néerlandais[N 4].
Après la fermeture de la légation républicaine à La Haye, la famille s'exile en France ; Jorge termine ses études secondaires au lycée Henri-IV[N 5], à Paris ; il participe à la manifestation patriotique du . En 1941, il obtient le 2e prix de philosophie au Concours général et est reçu au baccalauréat, puis commence des études de philosophie à la Sorbonne.
Il rejoint aussi la Résistance[6]. Il entre en contact avec le réseau communiste des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre ouvrière immigrée (FTP-MOI) et entre au Parti communiste d'Espagne (PCE) en 1942. Mais il intègre, avec l'accord de la MOI, le réseau Jean-Marie Action, qui relève de l'organisation Buckmaster, c'est-à-dire la section France des services secrets britanniques (SOE)[N 6],[7]. Ce réseau, dirigé par Henri Frager[N 7], opère en Bourgogne en réceptionnant les parachutages d'armes et en les répartissant dans les maquis de l'Yonne et de la Côte-d'Or.
En septembre 1943, Jorge Semprún est arrêté par la Gestapo à Joigny alors qu'il est hébergé par Irène Chiot (qui sera elle aussi arrêtée)[9] et, après un séjour à la prison d'Auxerre, déporté au camp de concentration de Buchenwald. Après la période de quarantaine dans le Petit Camp, il est affecté par l'organisation communiste clandestine du camp à l'Arbeitsstatistik (l'administration du travail), sans toutefois entrer dans la catégorie des détenus privilégiés (Prominenten)[N 8].
Dans cette organisation, il a pour supérieurs de futurs cadres des démocraties populaires : Josef Frank, Ladislav Holdoš (cs), Ernst Busse (de), Walter Bartel, Willi Seifert (de) (kapo de l'Arbeitsstatistik)[N 9]. Pour le compte du PCE, dont le leader dans le camp est Jaime Nieto (dit « Bolados »), il est chargé d'organiser des activités culturelles pour les déportés espagnols. Par ailleurs, il a l'occasion (pendant la demi-journée de repos du dimanche après-midi) de fréquenter le sociologue Maurice Halbwachs, ainsi que le sinologue Henri Maspero, eux aussi détenus à Buchenwald, jusqu'à ce qu'ils y meurent : Maurice Halbwachs décédera de la dysenterie[N 10].
Peu avant l'arrivée des troupes américaines du général Patton, il participe au soulèvement des déportés. Le camp est libéré le ; Jorge Semprún est évacué le 26 et de retour à Paris à la fin du mois d'avril.
Le retour à la vie civile[12] est très difficile, avec notamment un incident de chute de train à l'arrivée en gare de Saint-Prix (où habite son père) en [13]. Pendant un séjour dans le canton suisse du Tessin avec la famille de sa sœur Maribel ( à ), il commence à mettre par écrit ses souvenirs de Buchenwald, mais il se rend compte que la poursuite de ce travail le mettrait en danger psychologiquement. Il prend alors la décision non seulement d'y mettre fin, mais encore de ne plus repenser à ce qui s'est passé durant ces années (il parle d'« amnésie volontaire[N 11] »).
En 1947, il a un fils, Jaime, avec la comédienne Loleh Bellon[14].
En 1998, Laure Adler publie une biographie de Marguerite Duras[15]. Elle y explique qu'en 1950, Semprún aurait « dénoncé » Robert Antelme, Dionys Mascolo et Duras à la direction du Parti communiste pour avoir tenu des propos critiques à l'égard de plusieurs personnalités communistes, lors d'une conversation dans un café. Cette dénonciation aurait motivé l'exclusion d'Antelme, Mascolo et Duras.
Dans une lettre au journal Le Monde, Semprún conteste vigoureusement cette accusation tout en concédant que ces « propos de bistrot » ont pu être repris dans d'autres conversations du même genre, « personne n'ayant demandé le secret ou la retenue sur ces propos ». Il indique que seul Robert Antelme a été exclu, Duras et Mascolo ayant démissionné du Parti[16]. Quelques jours plus tard, Monique Antelme, veuve de Robert Antelme, confirme cependant les révélations de Laure Adler. Elle mentionne ainsi la présence de Jorge Semprún à la réunion au cours de laquelle « Perlican, secrétaire de la section du 6e arrondissement du PC, a lu (...) un rapport infamant, dirigé principalement contre Robert Antelme, et présenté comme ayant pour auteur Jorge Semprún ». À l'issue de cette réunion, Monique et Robert Antelme, ainsi que Bernard Guillochon, sont exclus du parti. Mascolo et Duras ont choisi préalablement de quitter le parti, en envoyant une lettre de démission et une lettre d'insultes[17]. Dans son livre de souvenirs, Edgar Morin confirme les accusations de Monique Antelme[18].
Il reste un membre actif du PCE. Pendant quelques années, il milite tout en travaillant, principalement comme traducteur à l'UNESCO. En 1952, il devient permanent du parti[N 12] affecté au travail clandestin en Espagne.
De 1953 à 1962, il coordonne la résistance communiste au régime de Franco, faisant plusieurs longs séjours dans l'État espagnol sous différents pseudonymes, notamment celui de « Federico Sánchez[N 13] ». Il est plus particulièrement chargé des relations avec les milieux intellectuels.
Il entre au Comité central du PCE en 1954, puis au Comité exécutif (Bureau politique) en 1956. Il effectue aussi plusieurs missions dans les pays de l'Est, en particulier auprès de Dolores Ibárruri, Secrétaire général du parti, en à Bucarest et de nouveau en 1959, à Ouspenskoie (URSS), avec Santiago Carrillo : c'est à ce moment que Dolores Ibárruri annonce à ses visiteurs sa démission du poste de Secrétaire général. Il devient à cette époque le numéro deux du parti, derrière Santiago Carrillo[19].
En 1962, Santiago Carrillo, devenu Secrétaire général, décide de le retirer du travail clandestin en Espagne.
Il est exclu du parti en 1964, en même temps que Fernando Claudín. La raison invoquée est : « divergence de point de vue par rapport à la ligne du Parti[20] ». À partir de ce moment, il se consacre principalement à l'écriture.
Jorge Semprún | |
Fonctions | |
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Ministre espagnol de la Culture | |
– (2 ans et 8 mois) |
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Président du gouvernement | Felipe González |
Gouvernement | González II et III |
Prédécesseur | Javier Solana |
Successeur | Jordi Solé Tura |
Biographie | |
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Ministres espagnols de la Culture | |
modifier |
En 1966, il demande aux autorités espagnoles un passeport officiel qui lui est accordé avec réticence, compte tenu de son passé. Il peut ainsi circuler librement entre l'Espagne et la France où il continue de résider. En 1969, Jorge Semprún participe à la création des éditions Champ libre aux côtés de Gérard Lebovici.
De 1988 à 1991, Jorge Semprún occupe le poste de ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste de Felipe González. Dans cette fonction, il se trouve en conflit avec Alfonso Guerra, numéro 2 du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol). En 1991, il quitte le gouvernement, Felipe González ayant décidé de couvrir des affaires de corruption incriminant Alfonso Guerra[21] — c'est l'explication qu'il donne dans son ouvrage Federico Sánchez vous salue bien. Il apparaît cependant que Guerra, impliqué dans un scandale lié à l'enrichissement de son frère, a démissionné du gouvernement le 15 janvier 1991, soit en fait trois mois avant le remaniement qui voit le départ de Semprún. Celui-ci a durement critiqué Guerra, le considérant comme un « opportuniste sans autre ligne politique claire que celle de tenter de se situer de manière populiste et démagogique à la gauche de ceux qui sont à gauche[22] ». Peut-être victime de son franc-parler, Jorge Semprún reste malgré tout en bonne intelligence avec Felipe González.
En 1989, il participe à la veillée funèbre de Dolores Ibárruri, ainsi que Fernando Claudín[23].
Il meurt le dans le 7e arrondissement de Paris[24]. Il est inhumé « dans le drapeau républicain espagnol » à Garentreville, en Seine-et-Marne[25].
Jorge Semprún a inspiré de nombreux auteurs.
L'écrivain français Pablo Daniel Magee dit avoir été subjugué par sa rencontre avec Semprún lorsqu'il avait dix-sept ans, rencontre qui le pousse à vouer sa plume à la préservation de la mémoire historique en[pas clair] Amérique latine[26]. Le premier opus de Magee est d'ailleurs préfacé par l'éminent collaborateur de Jorge Semprún, Costa-Gavras.
L'œuvre romanesque de Jorge Semprún se répartit autour de quelques thèmes et des grands événements qui ont émaillé son existence. Beaucoup de ses ouvrages éminemment autobiographiques sont des témoignages, des réflexions sur la terrible expérience qu'il a vécue dans les locaux de la Gestapo à Paris, puis dans le camp de Buchenwald et sa difficile réadaptation : Le Grand Voyage, L'Évanouissement, Quel beau dimanche, Le mort qu'il faut, L'Écriture ou la Vie et Vingt ans et un jour.
D'autres retracent plutôt son parcours clandestin à l'époque du franquisme quand il était un membre éminent du PCE : Autobiographie de Federico Sanchez et La Deuxième Mort de Ramon Mercader.
Une autre catégorie importante concerne sa vie d'exilé en France et les années de l'après-franquisme : Adieu vive clarté…, Montand la vie continue, L'Algarabie, La Montagne blanche et Federico Sánchez vous salue bien.
Semprún affirme qu'après une tentative de suicide à la fin de 1945, il lui a été impossible d'écrire pendant une vingtaine d'années quoi que ce soit sur son expérience de déporté, afin de sauvegarder sa propre existence, mise en danger par l'écriture de l'indicible. En revanche, il a écrit sur d'autres sujets ; lui-même cite dans l'Autobiographie de Federico Sanchez (en espagnol : Autobiografía de Federico Sánchez, 1977 ; parue en français sous le titre en français : Autobiographie de Federico Sánchez, 1978) quelques textes de ceux qu'il a écrits durant cette période. C'est le cas par exemple de Soledad, une pièce de théâtre d'orientation communiste, ainsi que de nombreux poèmes, relevant du culte de la personnalité. Il ne considère cependant pas ces productions comme pourvues d'un grand intérêt et ne les cite que comme reflets d'une période politique, celle du stalinisme triomphant. En tout état de cause, avant Le Grand Voyage, l'activité d'écriture littéraire occupe une place très limitée dans son existence.
Scénariste, sauf mention particulière
Jorge Semprún a écrit des romans, des récits autobiographiques, des pièces de théâtre et des scénarios, pour lesquels il a reçu plusieurs récompenses. Un thème récurrent de son œuvre est la dénonciation de l'horreur de la guerre, et notamment des camps de concentration.
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