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La littérature prolétarienne est un courant littéraire qu'Henry Poulaille, fondateur du Groupe des écrivains prolétariens de langue française, connu aussi sous le nom d'«école prolétarienne» (terme que Poulaille désapprouvait), fut le premier à définir et organiser en France dans les années 1930.
autodidacte (ayant quitté tôt l'école pour travailler, ou à la rigueur ayant bénéficié d'une bourse — en général pour devenir instituteur dans le système primaire, «l'école des pauvres», à l'époque où deux systèmes scolaires cohabitaient),
et qui témoigne dans ses écrits des conditions d'existence de sa classe sociale.
La définition première précise aussi que l'auteur prolétarien doit continuer de gagner sa vie comme ouvrier ou comme paysan, mais plusieurs auteurs faisant exception à cette règle (à commencer par Poulaille lui-même qui a exercé divers métiers de 13 à 27 ans, mais s'est consacré ensuite à des activités moins «ouvrières» dans l'édition et le journalisme) sont cependant considérés comme auteurs prolétariens, du fait que leurs ouvrages et leur action restent orientés vers la défense du prolétariat et d'une expression littéraire spécifiquement ouvrière.
La littérature prolétarienne, entendue comme «des écrivains s'intéressant au prolétariat, et écrivant sur lui[1]», ne se résume donc pas au groupe initié par Henry Poulaille dans les années 1930. Elle s'est développée et continue son expression sous des formes diverses et hors de toute «école littéraire».
Les prémices (1913-1930)
Marcel Martinet est le premier à tenter de définir une culture spécifiquement prolétarienne. Très marqué par les Réflexions sur l'éducation (publiées en 1912-1913 dans La Vie Ouvrière), où l'instituteur syndicaliste Albert Thierry (1881-1915) revendique son appartenance de classe, et définit le «refus de parvenir», Martinet[2] publie dès , dans l'Effort libre dirigé par Jean-Richard Bloch, un manifeste intitulé L'art prolétarien. Entre 1918 et 1923, il publie plusieurs articles qu'il rassemblera en 1935 dans le recueil Culture prolétarienne[3]. De 1921 à 1924, il est directeur littéraire de L'Humanité; il publie les premiers textes du jeune Henry Poulaille. Il fait se rencontrer Poulaille et Lucien Bourgeois et les incite à écrire d'un point de vue prolétarien. Bourgeois publie L'Ascension en 1925. En 1922, Poulaille rencontre Tristan Rémy et ensemble ils recherchent des écrivains ouvriers et paysans avec le projet de former un groupe littéraire. Une tentative semblable a lieu parallèlement en Belgique, sous l'impulsion d'Augustin Habaru, d'Albert Ayguesparse et de Pierre Hubermont.
Pendant cette même période, Victor Serge[4] se tourne vers la littérature soviétique et la vie culturelle en URSS. Pour deux périodiques français, La Correspondance internationale et Clarté, il observe les nouvelles tendances nées après la Révolution de 1917 et parmi elles les essais de créer une culture («le Proletkult») et une littérature prolétariennes. Il analyse les nouvelles œuvres, comme celles de Vladimir Maïakovski. De 1922 à 1926, il écrit vingt-cinq articles. Dans l'un des derniers de ceux-ci[5], il interroge: «Une littérature prolétarienne est-elle possible?». Une part de ces articles est reprise en 1932 et publiée par la Librairie Georges Valois[6], sous le titre «Littérature et révolution». Pour Victor Serge la littérature prolétarienne est un moyen de combat et d'émancipation dans «une culture du prolétariat militant[7]».
En 1930, la réflexion de Poulaille sur la littérature prolétarienne arrive à maturité[10], et il développe ses théories dans un essai, Nouvel âge littéraire[11]. Cet ouvrage a un fort retentissement, et de nombreux écrivains prolétaires commencent à se rassembler autour de Poulaille. En , Tristan Rémy, Marc Bernard et d'autres dont Poulaille forment le Groupe des écrivains prolétariens, qui publie aussitôt un Bulletin des écrivains prolétariens, dans le premier numéro duquel paraît un manifeste intitulé Notre position et signé par 36 auteurs (cf. liste ci-après[12]).
Poulaille fonde des revues pour diffuser les auteurs ouvriers (Nouvel âge, 1931, 12 numéros; Prolétariat, 1933, 12 numéros; À contre courant (sans tiret), 1935-1936, 12 numéros). Il est aussi invité par Emmanuel Mounier à publier dans sa revue Esprit un Cahier de littérature prolétarienne de 30 pages (1936-1937, 4 numéros). Pour sa part, Henry Poulaille s'appuie sur Le Peuple, quotidien de la CGT, où il n'est plus directeur littéraire, et qui publie en feuilleton les trois premiers volumes du cycle autobiographique «Le Pain Quotidien» entre 1931 et 1937[13]. Il n'est d'ailleurs pas le seul auteur «prolétarien» à être promu par ce journal. Ainsi en 1937-1938, Le Peuple publie les Mémoires d'un libertaire, de Charles Malato.
Au fil des années 1930, les attaques venant du PCF pleuvent de plus en plus durement sur Poulaille et le groupe prolétarien. Henri Barbusse et Marcel Martinet, quoique appartenant au PCF, continuent de soutenir Poulaille. Martinet publie en 1935 Culture prolétarienne, où il réaffirme des positions prolétariennes contre la ligne officielle du PCF (voir ci-dessous le paragraphe Peuple et littérature dans les années 1930). Mais Tristan Rémy, le compagnon des débuts, rejoint l'AEAR (Association des écrivains et artistes révolutionnaires, fondée par le PCF en ). Édouard Peisson, Léon Gerbe, Marc Bernard rejoignent une association impulsée par la SFIO. Jean Fréville, Louis Aragon ou Paul Nizan invectivent le chef de file de l'école prolétarienne dans la presse communiste, essentiellement en raison des prises de position de celui-ci contre le stalinisme (affaire Victor Serge en 1935-1936, procès de Moscou). En 1937, en raison de nombreux départs, le Groupe prolétarien n'a plus d'existence concrète[14].
Le , Poulaille, Paul-Adolphe Loffler, René Bonnet, Ferdinand Teulé, Édouard Peisson et J. Romagne ouvrent Le Musée du soir. Il s'agit d'un local destiné aux ouvriers: une bibliothèque met à leur disposition des livres, des revues, journaux et brochures, des expositions de photos ou de gravures y sont organisées, ainsi que des rencontres avec des écrivains. 300 livres sont prêtés chaque mois. Il y aura jusqu'à 450 adhérents en 1939. Mais la guerre survient et Le Musée du soir[15] ferme en 1940. D'autres chiffres mêmes sur cette expérience limitée, 450 lecteurs, mais 157 ouvriers et ouvrières parmi eux[16], posent la question de la réception de cette littérature: à quels lecteurs s'adresse-t-elle?
Signataires du manifeste du «groupe des écrivains prolétariens» (1932)
Après la guerre, Poulaille souhaite reformer un Groupe Prolétarien, et pour cela il crée une nouvelle revue (Maintenant, 1945-1948, 10 numéros): cette revue rassemble des anciens (Lucien Bourgeois, Émile Guillaumin, Charles Plisnier, René Bonnet, Ludovic Massé… et même Tristan Rémy), elle favorise aussi l'apparition de nouveaux venus qui vont prendre la relève de la défense d'une littérature spécifiquement ouvrière et paysanne (Roger Boutefeu, Jules Mougin, Michel Maurette, Bénigno Cacérès, Michel Ragon…). Cacérès fonde en la revue Peuple et Culture. Ragon fonde la revue Les cahiers du Peuple (1946-1947, 3 numéros), publie deux livres, Les écrivains du peuple (1947) et Histoire de la littérature ouvrière (1953), et fonde avec Jean L'Anselme la revue Peuple et poésie (1947-1951).
Charles Bourgeois fonde en 1946 le «Groupe des écrivains paysans», qui édite un bulletin auquel participe Emile Guillaumin. D'autres revues, certes confidentielles, vont naître et permettre aux auteurs ouvriers et paysans d'être publiés: Faubourgs (1949), Après l'boulot (1953-1956), Le Musée du Soir (1954-1968), etc.
Dans les années 1970, les défenseurs de la littérature prolétarienne ne désarment pas: fondation de la revue et des éditions Plein Chant par Edmond Thomas (1971 jusqu'à aujourd'hui), fondation de l'Association des Écrivains Paysans (1972, encore active aujourd'hui sous le nom d'AEAP), fondation en 1972 de l'association Les amis d'Henry Poulaille et de la littérature d'expression populaire, publication de Histoire de la littérature prolétarienne de langue française de Michel Ragon (1974).
Encore aujourd'hui, la littérature prolétarienne (ou «ouvrière») est le sujet de publications, de débats publics, d'études. «Dans la seconde moitié du XXesiècle, les ouvriers et les ouvrières ont continué à écrire en grand nombre pour se raconter et pour témoigner, à travers leurs expériences, des réalités du monde ouvrier» constate une thèse universitaire soutenue en 2017[17].
Ce courant de la littérature prolétarienne[18] se distingue de deux autres courants littéraires des années 1920-1935, le populisme contre lequel il s'est d'abord défini, et les courants portés par le Parti communiste français (PCF). Les polémiques et les attaques sont vives entre ces courants, mais nombre d'écrivains prolétariens s'y reconnaissent, simultanément ou tour à tour, sans établir de frontières étanches entre eux. Xavier Vigna, souligne dans L'espoir et l'effroi[19], synthèse parue en 2016, sur «les écritures de la classe ouvrière et les écritures sur elle», les faiblesses de la position d'Henry Poulaille:
«Certains écrivains qui pourraient se réclamer de la littérature prolétarienne la refusent par crainte d'être cantonnés à une catégorie littéraire vouée seulement à l'évocation. Le projet même est contesté (…) (car) l'origine sociale, garantissant l'authenticité du propos, ne peut suffire à la prise d'écriture. Le classement (opéré par Poulaille) a pour inconvénients de durcir les oppositions et d'écarter toute une série de production qui peinent à se réclamer d'un courant littéraire et/ou politique»
Le populisme (André Thérive et Léon Lemonnier, Manifeste du populisme, 1929) prend le peuple comme sujet de fiction; il prône un retour au naturalisme du XIXesiècle qui, dans la foulée de George Sand puis Zola, avait affiché un intérêt pour les humbles, le peuple, le monde ouvrier et paysan. Réagissant contre cette tendance une fois encore amorcée par des écrivains extérieurs au prolétariat, Henry Poulaille fonde le Groupe prolétarien, affirmant que des écrivains issus du peuple sont les mieux à même de parler du peuple[20]. La confusion est entretenue encore de nos jours entre les deux courants, confusion s'appuyant notamment sur le fait que le groupe populiste a attribué certaines années son prix littéraire (Prix du roman populiste) à des auteurs du groupe prolétarien: Eugène Dabit et Tristan Rémy[21] ont accepté ce prix. Plus tard Louis Guilloux, René Fallet font de même. Henry Poulaille, intransigeant, s'y refuse et le fait savoir, en 1935, lorsque son nom est avancé lors de la publication de son livre Les Damnés de la terre[22].
Parallèlement, le PCF, dans sa presse et dans ses éditions, ressent la nécessité d'utiliser la littérature comme moyen d'agit-prop au service de son combat politique. Dans une première période de tâtonnement (1921-1932), Marcel Martinet, puis Henri Barbusse ont carte blanche, et ils soutiennent les auteurs du Groupe prolétarien, qu'ils publient dans L'Humanité puis dans Monde.
Pour le PCF, l'important n'était pas que les écrivains appartiennent au prolétariat[25], mais qu'ils appartiennent au Parti[26]. Or la majorité des auteurs prolétariens, comme la majorité des ouvriers politisés et des syndicalistes avant 1935, n'étaient pas marxistes, mais plutôt proches des différents courants de ce qu'on a appelé le «socialisme anti-autoritaire» (anarchistes ou libertaires, proudhonniens, fourieristes, syndicalistes révolutionnaires, etc.). Comme l'écrivait Paul-Adolphe Loffler, écrivain communiste hongrois ami de Poulaille, dans son Journal en 1931: «Il est exact que Poulaille n'aime pas Staline, mais cela ne l'empêche pas qu'il puisse être un prolétaire honnête. Il est anarchiste, mais qui n'est pas anarchiste en France?»
Des voix, différentes de celles de Poulaille et ses amis, défendant une conception moins «anarchisante» de la littérature prolétarienne se font cependant entendre. Ainsi lors du Premier congrès international des écrivains pour la défense de la culture, tenu en 1935, la romancière Georgette Guéguen-Dreyfus, intervient au nom des «écrivains prolétariens révolutionnaires»[27].
La littérature prolétarienne se compose principalement de récits. Pour autant il y a une forte tendance à éviter, consciemment ou non, le romanesque ou l'esthétisme. Les récits prennent plutôt la forme de témoignages, de chroniques, d'autobiographies, de souvenirs, voire de confessions. Certaines autobiographies de militants ouvriers entrent dans cette catégorie[34].
Il y a cependant des romans. Il existe aussi une tradition poétique, marginale, mais constante (depuis Rutebeuf).
Cette tradition poétique s'exprime aussi et surtout sous la forme chansonnière[35] tout au long des XIXeetXXesiècles. Elle véhicule alors, souvent, des idées révolutionnaires. Les productions les plus connues de cette forme d'expression d'abord littéraire puis orale sont L'Internationale, Le Chant des canuts, La Chanson de Craonne, etc. La chanson réaliste se situe également dans le registre de cette littérature du peuple.
Des écrivains ouvriers et paysans écrivaient avant que Poulaille et ses comparses ne proposent un cadre rassembleur. Depuis la disparition du Groupe prolétarien, d'autres auteurs «prolétariens»[36] n'ont pas cessé d'écrire, jusqu'à nos jours… même si le mot «prolétarien» a un usage moins courant aujourd'hui que dans les années 1930-1960[37].
La littérature prolétarienne comprend de très nombreux auteurs. Thierry Maricourt en présente 381 dans son Dictionnaire des auteurs prolétariens, Paul Feller en avait recensé 850 dans un catalogue établi en 1960), de nombreux chefs-d'œuvre, de rares succès: Marie-Claire, de Marguerite Audoux, Travaux, de Georges Navel…
Certains de ces ouvrages ont été publiés en collection de poche et peuvent encore se trouver.
Des précurseurs aux années 1930
Poulaille, Ragon et d'autres ont reconnu comme précurseurs des écrivains issus du peuple et autodidactes:
Louis Gabriel Gauny, menuisier parisien, dont l'œuvre, redécouvert par Jacques Rancière près de cent ans après sa mort, est publié en 1983 (sous le titre Le philosophe plébéien)
Le cas d'Annie Ernaux (La Place, 1984) est particulier. Elle ne témoigne pas en tant que prolétaire, mais en tant que «déclassée»: poussée par ses parents à «s'en sortir», elle ne parvient en réalité jamais à se sentir appartenir à la bourgeoisie, mais elle n'appartient plus non plus à la culture de ses parents. Elle raconte ce déchirement, notamment dans deux ouvrages remarquables, le premier écrit à la mort de son père (La place, 1983), le second écrit à la mort de sa mère (Une femme, 1989).
Des écrivains contemporains appartenant à la classe ouvrière continuent d'écrire, sans intermédiaire:
des enfants de travailleurs immigrés: Mehdi Charef (Le Thé au harem d'Archi Ahmed, 1983), Azouz Begag (Le Gone du Chaâba, 1986).
des «irréguliers»: Charlie Bauer (Fractures d'une vie, 1990), Alexandre Dumal (Je m'appelle Reviens, récit autobiographique d'un mauvais garçon étonnamment publié dans la Série noire, 1995), Abdel Hafed Benotman (Éboueur sur échafaud, 2003).
Aurélie Lopez est l'auteure d'Aurélie, journal d'une O.S aux éditions ouvrières (1979)[73].
Jean-Pierre Levaray, publie en 2002 avec Putain d'usine, en 2003 Classe fantôme, en 2005 Une année ordinaire, journal d'un prolo[74], etc.
Daniel Martinez livre en 2003 ses Carnets d'un intérimaire, aux Éditions Agone, Marseille[75].
Silien Larios, ouvrier de PSA Aulnay[76], publie en 2013 un roman L’Usine des cadavres. La revue Europe publie dans son numéro 1051-1052 (novembre-) des extraits de son roman encore inédit: La tour de Malévoz. En , les éditions Crise et Tentation publient l'intégralité de La tour de Malévoz sous forme de conte avec des peintures de Philippe Faghérazzi.
Patrice Thibaudeaux publie en 2016 L’Usine nuit et jour, journal d’un intérimaire[77] aux éditions Plein Chant.
La poésie et la chanson «rouge»
Les poètes du groupe prolétarien: Marcel Martinet (Les temps maudits, 1917), Tristan Rémy (recueil Prolétariat, 1932), Jules Mousseron, poète mineur, Francis André, poète paysan (Poèmes paysans, 1929), Jules Mougin (Le comptable du ciel, 1960).
«La vie du prolétariat racontée par des auteurs qui sortent de ses rangs, voilà la littérature prolétarienne.» Tristan Rémy
«L'éducation ne viendra pas au peuple d'ailleurs que du peuple.» Marcel Martinet
«Il n'y a pas d'art de classe?… Quelle plaisanterie! La vérité est qu'il n'y a pas, qu'il n'y a jamais eu, en aucune période sociale saine, d'autre art qu'un art de classe.» Marcel Martinet
«La culture prolétarienne est condition de l'émancipation humaine du prolétariat. Mais en même temps, il lui appartient de décrasser et de sauver la culture humaine tout entière, qui se survit aujourd'hui dans l'oubli de sa raison d'être.» Marcel Martinet
«Depuis toujours on s'est habitué à considérer l'art et la littérature comme étant les prérogatives d'une élite (…). Et il en aurait été peut-être ainsi toujours si le peuple n'avait connu la lecture. Maintenant, à ceux qui ne le convient qu'à lire, il répond qu'il veut également tenter de s'exprimer.» Henry Poulaille
«Je ne prétends pas que toute littérature ouvrière est admirable, même si, dans ses intentions, elle est en effet admirable. Mais je soutiens que la littérature d'expression populaire française a déjà produit maints chefs-d'œuvre.» Michel Ragon
«Ce qui caractérisera notre époque sera l’ascension de la classe prolétarienne vers la prise de pouvoir […]. Comment peut-on prétendre que ce grand bouleversement n’entraînera pas une nouvelle façon de sentir et de voir? Comment peut-on concevoir que l’art demeure immobile, figé, au milieu de ce torrent de vie?» Marc Bernard[78]
Michel Verret, La Culture ouvrière, p. 252-253. Voir ses réflexions sur Les Ouvriers écrivains:
«à peine encore des voix propre d'ouvriers […], mais la quasi-totalité, d'ouvriers sortis de leur classe ou en voie de surclassement, mis en contact par leur descendance ou leur engagement d'organisation (anarchiste ou communiste) avec des milieux intellectuels devenus inducteurs, souvent correcteurs, parfois co-rédacteurs de l'écriture…»
Sur Marcel Martinet voir le numéro que lui consacre la revue Plein chant: N° 26, printemps 1975, Bassac (Charente), articles de Jean Prugnot, Nicole Racine-Furlaud, Edmond Thomas, Pierre Boujut. 168 p.
Henry Poulaille est directeur littéraire au Peuple jusqu'en 1929. Il s'intéresse alors aux écrivains régionalistes. Voir Vincent Chambarlhac, «Les savoirs politiques sur le peuple», pp. 137 et suiv., in Xavier Vigna, Jean Vigreux, Serge Wolikow, Le pain, la paix, la liberté. Expériences et territoires du Front populaire, éditions sociales, 2006 (ISBN2-35367-000-8)
Alain Amant, Nouvel âge littéraire, p. 107-112, dans Entretien n° 33, Henry Poulaille. Voir bibliographie. En exergue de cet article, une citation de Henry Poulaille: «Nous n'avons que faire des bavards et des dilettantes.»
Michel Ragon, Histoire de la littérature prolétarienne, cf. Manifeste de l'École prolétarienne, p. 184. Paul A. Loffler, Chronique de la littérature prolétarienne de 1930 à 1939, p. 36, communique cinq signataires ne figurant pas dans les noms livrés par M. Ragon. Ils sont inscrits ici en fin de liste.
Voir Nicole Racine-Furlaud, Les mouvements en faveur de la littérature prolétarienne en France (1928-1934), p. 77-98, dans le volume Entretiens N° 33, consacré à Henry Poulaille, éditions Subervie (voir bibliographie). Elle constate: «Au tournant des années trente, on constate un phénomène nouveau qui est la naissance presque simultanée de mouvements organisés en faveur de la littérature prolétarienne»
Voir la contribution de Vincent Chambarlhac, Donner la parole aux ouvriers, Henry Poulaille, Marcel Martinet, p. 103-114, dans Sophie Béroud, Tania Régin, Le roman social. Littérature, histoire et mouvement ouvrier, éditions de l'Atelier, 2002
Sur cette problématique contradictoire, et moins linéaire que les anathèmes lancés de part et d'autre, voir le numéro de la revue Europe, 1977, notamment les articles de Wolfgang Klein, Barbusse et le mouvement littéraire communiste autour de la conférence de Kharkov, p . 187-193, et Jean Relinger, Les conceptions de Barbusse sur la littérature prolétarienne, p. 193-203
non sans réserves, dans leur pratique d'écrivain et dans Commune, qui se veut unitaire: Eugène Dabit, Tristan Rémy y collaborent. Cf Wolgang Klein, Commune. Revue pour la défense de la culture (1933-1939), Esthétique et politique, éditions du CNRS, 1988
Cependant, le PCF encourageait l'écriture ouvrière: correspondants ouvriers, édition de romans ouvriers aux éditions sociales internationales, concours de nouvelles dans l'Almanach Ouvrier et Paysan, institution du prix Ciment. Cf. Xavier Vigna, p. 76
Wolfgang Klein, op. cit., p. 114. Georgette Guéguen Dreyfus (1892-1973) avait publié en 1934 un roman: Tu seras ouvrier. Voir sa notice dans Le Maitron.
Henri Poulaille, Nouvel âge littéraire, p. 188 et suiv., cite des auteurs «dont les œuvres nous sont parfaitement inconnues»! (p. 201): URSS, Allemagne)
Thierry Maricourt, dans le Dictionnaire des auteurs prolétariens de langue française de la Révolution à nos jours, p. 5, insiste sur l'aptitude des auteurs qu'il recense, difficilement classables quant aux origines populaires de tous, à «porter témoignage (…) sur le monde du travail» en particulier. Il inclut sous cette appellation des auteurs que, peut-être, Henry Poulaille n'aurait pas reconnus comme tels (Louis Pergaud, Paul Nizan, Roger Vailland, André Stil, Robert Linhart). Il pourrait en être de même des écrits des prêtres-ouvriers: cf. Oscar L. Cole-Arnal, Prêtres en bleu de chauffe, éditions ouvrières, 1992.
Jean Sévry, Statut et devenirs des littératures prolétariennes, p. 223-235, dans André Not, Jérôme Radwan, Autour d'Henry Poulaille et de la littérature prolétarienne: «À propos de quelques malentendus».
Le manuscrit du livre de Joseph Benoît, Confessions d'un prolétaire, écrit principalement avant 1865, déposé à la Bibliothèque de Lyon en 1881, n'est publié qu'en 1968, aux éditions sociales, par l'historien Maurice Moissonnier
Du Forez à «La Revue socialiste» Benoît Malon (1843-1893). Réévaluations d'un itinéraire militant et d'une œuvre fondatrice, Publication de l'Université de Saint-Étienne, 2000.
Publiées en 1981 par les éditions Maspero. Michel Winock en introduction à ce livre, p. 20, interroge: Mais l'écrivain? Tout autodidacte qu'il est, Allemane a le sens de la narration.
Publiées par les éditions Maspero, sous l'égide de Pierre Ponsot, elles ont été republiées, dans leur intégralité, en 2010 avec le concours de l'Écomusée du Creusot-Montceau sous le titre: Souvenirs d'un militant ouvrier (Le Creusot, 1841-Paris, 1926)
Rééditées en 1977 par les éditions Maspero dans la même collection que les auteurs précédents: Actes et mémoire du peuple. Voir aussi, dans cette collection, l'œuvre poétique de Louise Michel: À travers la vie et la mort, Paris, 1982.
René Garguilo, Ambiguïté de la littérature populaire, p. 303-308, dans Pierre Abraham et Roland Desne, Histoire littéraire de la France, volume 6, de 1913 à nos jours
Christine Ferniot, «Didier Castino: “Je ne suis pas près de dire que je suis écrivain, le mot est trop fort“», Télérama, (lire en ligne, consulté le ).
Michel Ragon, Les écrivains du peuple, 1947; Histoire de la littérature ouvrière, éditions ouvrières, Paris, 1953; Histoire de la littérature prolétarienne de langue française, Albin Michel, 1974, nouvelle édition 1986, édité en poche 2006.
Pierre Brochon, La chanson française. Le reflet du pauvre (1834-1851), «les classiques du peuple», éditions sociales, Paris, 1957.
Georges Cogniot (présentation), La lyre d'airain. Poésie populaire et démocratique (1815-1918), coll. «Les classiques du peuple», éditions sociales, 1964.
Paul A. Loffler, Chronique de la littérature prolétarienne française de 1930 à 1939, Plein Chant, 1967; réédition, 1975.
Entretiens, N° 33, Henry Poulaille, éditions Subervie, Rodez, 1975 (Nombreuses contributions sur et autour d'Henry Poulaille et son courant littéraire)
Europe, La littérature prolétarienne en question, N° 575-576, mars-.
Robert Brécy, Florilège de la chanson révolutionnaire de 1789 au front populaire, éditions Hier et demain, 1978; Autour de La Muse rouge (Groupe de poètes et de chansonniers révolutionnaires) 1901-1939, éditions Christian Pirot, Saint-Cyr-sur-Loire, 1991 (ISBN2-86808-047-2).
Collectif, Quelques Écrivains du Peuple, Cahiers Trimestriels de Littérature, Plein Chant, Été 1979. (Contient des textes de Lucien Bourgeois, Emile Guillaumin, Lucien Jean, Constant Malva, Marcel Martinet, Charles-Louis Philippe, Henry Poulaille et Albert Thierry).
Edmond Thomas, Voix d'en bas, la poésie ouvrière du XIXe siècle, collection «La Mémoire du Peuple», éditions Maspero, Paris, 1979.
Jacques Rancière, La nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier, Fayard, 1981, repris en poche en 1997, Pluriel-Hachette.
Émilien Carassus, Les grèves imaginaires, éditions du CNRS, Paris, 1982, 247 p. (ISBN2-222-03137-0)
Philippe Bouquet, La Bêche & la Plume (- I. L'aventure du roman prolétarien suédois, 1986. - II. Un matin de novembre. Nouvelles choisies et traduites par Philippe Bouquet, 1987. - III. L'écrivain et la société. Textes choisis et traduits par Philippe Bouquet, 1988) aux éditions Plein Chant.
Thierry Maricourt, Dictionnaire des auteurs prolétariens de langue française de la Révolution à nos jours, Encrage, Amiens, 1994, 254 p. (ISBN2-906389-54-4)
Paul Aron, La littérature prolétarienne en Belgique francophone depuis 1900, Labor, 1995.
André Not, Jérôme Radwan (études réunies par), Autour d'Henry Poulaille et de la littérature prolétarienne, Publications de l'Université de Provence, Aix-en-Provence, 2003, 238 p. (ISBN2-85399-541-0)
Christian Chevandier, La Fabrique d'une génération. Georges Valero, postier, militant, écrivain, Les Belles Lettres, 2009, 432 p. (ISBN978-2-251-90002-5)
Jean Prugnot, Des voix ouvrières. Précurseurs, écrivains, militants, éditeurs, coll. «Voix d'en bas», éditions Plein Chant, Bassac, 2016, 414 p. (ISBN978-2-85452-326-3)
Les Éditions Plein Chant publient des auteurs prolétariens dans la collection «Voix d'en bas» (Jules Mougin, Emile Guillaumin, Constant Malva, Louis Nazzi, Josepkh Kjellgren, etc.) (Auguste Brepson, Un Gosse, Paris, Ed.Rieder, 1928, ré-édité aux éditions Plein Chant, 2017) ainsi, notamment, que les Cahiers Henri Poulaille et les trois volumes de Philippe Bouquet signalés ci-dessus.
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