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ancienne chaine de télévision française, de 1986 à 1992 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Cinq, éditée par la société France 5[1],[2],[3],[4], puis par la Société d'exploitation de la 5e chaine[5],[6],[7] (ou La Cinq S.A.)[8], est la première chaîne de télévision généraliste nationale commerciale privée et gratuite française d'origine italienne diffusée du [9] au [10]. Avec la chaîne musicale TV6, La Cinq est la première chaîne nationale française à s'être vue retirer son autorisation d'émettre.
Création | |
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Disparition | |
Propriétaire |
Chargeurs réunis et Fininvest (1985–1987) Robert Hersant et Fininvest (1987–1990) Hachette et Fininvest (1990–1992) |
Slogan |
« La Cinq, votre nouvelle amie » (1986) « Cinq you La Cinq ! » (1987) « Cinéma ou télévision, La Cinq, tous les soirs un film » (1988) « La Cinq, la télé qui ne s'éteint jamais » (1988) « L'information sans concession, c'est La Cinq ! » (1990) « La 5, c'est 5 sur 5 » (1991) « Faites la chaîne pour votre chaîne » (1992) |
Format d'image | |
Langue | |
Pays |
France, Monaco, Suisse et Italie |
Statut |
Généraliste nationale privée |
Siège social | |
Site web |
Diffusion |
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En 1985, à un peu plus d'un an des élections législatives, les socialistes redoutent un échec politique et souhaitent créer un espace nouveau, hors du domaine institutionnel de la télévision publique, susceptible de toucher un large public, différent du statut de la chaîne privée à péage Canal+ cryptée, permettant de constituer un relais d'opinion en faveur de leurs idées, s'ils viennent à retourner dans l'opposition.
Le 16 janvier 1985 à 20 heures, le président de la République François Mitterand annonce au journal télévisé d'Antenne 2[11], la création de deux nouvelles chaînes privées gratuites, La Cinq et TV6 et prévoit même jusqu'à 85 télévisions locales[12]. Il lance l'idée d'« un espace de liberté supplémentaire » et demande au gouvernement de Laurent Fabius d'étudier le projet. L'avocat Jean-Denis Bredin, chargé par le Premier ministre de rédiger un rapport sur l'ouverture de « l'espace télévisuel à la télévision privée », le lui remet le . Ce dernier préconise la création de deux chaînes nationales privées en clair financées par la publicité et dont les fréquences seront concédées par l'État conformément à l'article 79 de la loi du sur la communication audiovisuelle. Le , Georges Fillioud, secrétaire d’État français chargé des Techniques de la communication, présente en conseil des ministres une communication sur le développement de l’audiovisuel. Il annonce un projet de loi définissant la création d'ici le printemps 1986, de deux nouvelles chaînes de télévision privées à diffusion nationale, l'une généraliste, l'autre à vocation musicale, ainsi que des chaînes de télévision locales, au capital desquelles se retrouveraient groupes de presse, sociétés de production et publicitaires.
Un appel à candidature est lancé pour lequel postule de façon officieuse, la CLT qui cherche à implanter RTL Télévision sur le territoire français. Le groupe Fininvest du magnat italien de la télévision commerciale Silvio Berlusconi y voit l'opportunité d'étendre son réseau en Europe, afin de commercialiser son catalogue de programmes[13]. Silvio Berlusconi s'associe début au groupe Chargeurs réunis de Jérôme Seydoux et à Christophe Riboud pour créer la société France 5 qui présente un projet de télévision commerciale pour l'obtention d'une concession sur le nouveau cinquième réseau hertzien. Berlusconi fait dès lors jouer ses relations politiques au plus haut niveau, dont celle auprès du président socialiste du Conseil italien, Bettino Craxi, qui se charge de le recommander chaudement à François Mitterrand[14].
Au même moment, le gouvernement engage une bataille avec l'opposition à l'Assemblée nationale pour obtenir un amendement de la loi sur les télévisions privées permettant la libre installation d'émetteurs par TDF en haut de la tour Eiffel, sans avoir à obtenir l'autorisation de la ville de Paris, propriétaire du monument et dont le maire de droite n'est autre que le président du RPR, Jacques Chirac. L'amendement Tour Eiffel est finalement adopté par les députés de la majorité de gauche, le .
« Ce qu'on attend beaucoup, c'est dans le domaine des variétés : les chansons. Parce que Canale Cinque, la télévision commerciale italienne est en général, plus avancée que la télé française. Avec plus de rythme dans les émissions, des décors magnifiques. Une gaieté qu'il n'y a pas toujours dans les émissions de variétés françaises". »
— Étienne Mougeotte, directeur de Télé 7 Jours dans 1986 Canale 5 "Voilà la Cinq" du [15]
Le , le gouvernement accorde une concession de service public de 18 ans à la société France 5 pour l'exploitation du cinquième réseau hertzien de télévision à diffusion nationale, malgré la désapprobation de certains ministres[16] et conseillers du président français militant pour un programme culturel et de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle qui n'approuve pas le cahier des charges de la chaîne mais n'a aucun pouvoir pour le modifier. Il accorde également une publicité à volonté et une protection contre la concurrence[17].
Jérôme Seydoux et Silvio Berlusconi présentent les orientations et le style des émissions de la future cinquième chaîne de télévision lors d'une conférence de presse le . À ses détracteurs qui l’accusent de vouloir fabriquer une télé « Coca-Cola », Silvio Berlusconi, qui bâtit les programmes de la Cinq à partir de ses catalogues, promet une télé plutôt « beaujolais » avec « champagne le samedi », ainsi que des stars de la télévision ou du cinéma qui ont la faveur du public[18].
Décidée à contrecarrer ce projet de nouvelles chaînes de télévision dont elle a cerné les enjeux politiques, l'opposition de droite fait annuler l'amendement Tour Eiffel par le Conseil constitutionnel le [19], obligeant le gouvernement à passer en force via un nouveau projet de loi définitivement voté le par le Parlement. Le , la société France 5 a été constituée sous la forme anonyme avec siège à Paris. Le , la CLT dépose en vain un recours en annulation de l'accord de concession devant le Conseil d’État et n'obtient du gouvernement qu'un droit à utiliser l'un des deux canaux encore libres du futur satellite TDF 1. Le , Silvio Berlusconi présente les programmes de sa future chaîne commerciale, officiellement baptisée La Cinq, petite sœur dérivée du Canale 5 italien, aux journalistes, industriels et publicitaires afin de convaincre ces derniers d'acheter du temps d'antenne publicitaire pour financer la chaîne[20]. Le lendemain, les forces de l'ordre sont obligées d'intervenir pour permettre aux techniciens de TDF de venir installer les émetteurs de La Cinq en haut de la tour Eiffel, à la suite du refus de la ville de Paris, qui invoque des problèmes de sécurité[21],[22].
Mi-février, le capital de la société France 5[23] créée pour gérer La Cinq (50 millions de francs) est bouclé, dont 40 % sont détenus par la Fininvest (Berlusconi) et 60 % par la SEPC (participations françaises).
Après trois mois d'hostilités[24] et un mois d'essais techniques, La Cinq peut enfin commencer à émettre le jeudi à 20 h 30 dans le cadre de l’émission de présentation de la chaîne Voilà la Cinq enregistrée dans les studios milanais du groupe Mediaset de Berlusconi. Jusqu’à minuit, Christian Morin, Roger Zabel, Amanda Lear, Élisabeth Tordjman et Alain Gillot-Pétré reçoivent les grandes vedettes de la variété française (Johnny Hallyday, Serge Gainsbourg, Mireille Mathieu, Charles Aznavour) et internationales, comme Ornella Muti, invitées par Silvio Berlusconi à parrainer un show dont les effets n’ont rien à envier aux divertissements de TF1 ou d’Antenne 2[25],[26],[27],[28]. Les premières semaines de programmes sont alors constituées de jeux et de shows (Pentathlon, C’est beau la vie, Cherchez la femme), mais aussi de quelques magazines comme Jonathan[29] et Mode, etc (Nonsolomoda)[30], adaptés des formats à succès de Canale 5, la chaîne italienne de Silvio Berlusconi. Nouveauté dans le paysage audiovisuel français, les programmes sont rediffusés[31] toutes les quatre à cinq heures et sont entrecoupés de plusieurs pages de publicité (jusqu’à trois au sein d’un même programme). Les premiers animateurs, qui gagnent quatre fois plus qu'en France[32], sont pour grande partie des transfuges de TF1 (Christian Morin) ou d'Antenne 2 (Alain Gillot-Pétré, Roger Zabel et Élisabeth Tordjman), ou encore des transfuges des chaînes italiennes de Berlusconi (Amanda Lear). La chaîne se dote également de speakerines pour présenter les programmes[33].
Voilà La Cinq est diffusée le jeudi à 20h30 et rediffusée à minuit, puis le lendemain trois fois, à 7h30, 11h30 et 15h30. À l'instar de cette soirée d'inauguration, les programmes de la chaîne sont multi-diffusés selon le système dit de la « boucle ». Proposant 4 heures de programmes répétés 5 fois par jour, permettant à la chaîne d'émettre 20h/24. À partir de mars 1986, La Cinq propose quelques films la nuit[34].
Dès février 1986, les séries télévisées américaines occupent toute la grille de la journée et de la seconde partie de soirée[35]. Toutes ces séries sont issues du catalogue de la Fininvest[13] et distribuées par Reteitalia[36]. Certaines ne sont pas inconnues des téléspectateurs, car déjà diffusées dans les années 1960[37] et 1970 mais dont les droits ont été abandonnés ou raflés aux autres chaînes françaises : Arnold et Willy, Happy Days, Mission impossible, Star Trek, Shérif, fais-moi peur ou Wonder Woman. D'autres sont encore inconnues du public français et doublées pour la circonstance comme La Cinquième Dimension. En 1985, TF1 s'intéresse à la nouvelle version de La Quatrième Dimension alors qu'elle n'a pas encore été diffusée par CBS. Cependant, aucun des responsables des achats de TF1 ne considère sérieusement qu'une jeune chaîne privée encore inexistante, puisse entrer en concurrence avec eux. C'est ainsi que la première chaîne rate cette acquisition au profit de La Cinq[38]. Pour fêter l'évènement, Philip Deguere, le producteur exécutif de La Cinquième Dimension souhaite bonne chance à La Cinq, dans un message diffusé lors de la soirée inaugurale[39]. Juste avant le film de 20 h 30, la case stratégique de 19 h 30 est occupée chaque jour de la semaine par l'émission À fond la caisse[40] dans laquelle est diffusée une série à chaque fois visant un public jeune : Supercopter le lundi, K2000 le mardi, Riptide le mercredi, CHiPs le jeudi et Tonnerre mécanique le vendredi.
Alors que FR3 n'est autorisée à diffuser que 310 films par an, contre 170 pour TF1 et Antenne 2, La Cinq diffuse dès sa 1re année 250 films plusieurs fois par semaine à 20 h 30. Parmi les premiers films diffusés à gros budget de la première semaine figurent L'Africain (premier film, diffusé le dimanche à 20h30), La Fièvre du samedi soir (diffusé le lundi à 20h30) et La Féline (diffusé le mardi à 20h30) ; film au sujet duquel son réalisateur Paul Schrader intente une action en justice, opposé à la coupure publicitaire[41]. Les films représentent la plus forte audience de la chaîne[42].
Les professionnels du cinéma, invoquant un risque de baisse de fréquentation des salles, critiquent vigoureusement le fait que le cahier des charges de La Cinq l'autorise à diffuser des films deux ans après leur sortie en salles, contre trois pour les autres chaînes (excepté Canal+)[43].
Le cinéaste Bertrand Tavernier, alors président de la Société des réalisateurs de films, prend la tête d'un mouvement de contestation des réalisateurs[44]. Afin de protester contre le "saucissonnage des films" par la publicité sur La Cinq, il renvoie sa médaille de chevalier des Arts et Lettres[45]. Il est signataire de L'appel d'Aubervilliers, en compagnie de Bernard Giraudeau, François Chaumette, Pierre Arditi, Gérard Blain, Marcel Bluwal, Maurice Dugowson, Anny Duperey, Jacques Fansten, Philippe Léotard, Stellio Lorenzi, Jean Rochefort, Claude Santelli[46]...
À la suite des élections législatives de mars 1986, la droite revient au pouvoir. Jacques Chirac, devenu Premier ministre, demande à son ministre de la Communication, François Léotard, de mettre en œuvre la politique audiovisuelle du gouvernement : privatisation de TF1 (FR3 était initialement prévue) et annulation des concessions des deux nouvelles chaînes privées, La Cinq et TV6, trop rapidement attribuées sur pression de l'Élysée sans réel appel d'offres. Par le décret no 86-901 du , le gouvernement Chirac décide de réattribuer cette chaîne avant la fin de sa concession[47].
Afin de ne pas laisser un écran noir, La Cinq est autorisée à continuer à émettre mais doit immédiatement cesser de diffuser des films de cinéma[48]. Dès le dimanche , un téléfilm remplace le film prévu et les films programmés ultérieurement voient leur case réattribuée à des séries ou téléfilms. Pour pallier ce manque de longs-métrages, la chaîne achète des mini-séries de prestige[49]. En avril 1986, RTL Télévision récupère les droits de la série Dynastie pour la France et les transfère à FR3, afin d'empêcher le magnat des médias italien Silvio Berlusconi de diffuser la série sur La Cinq[50]. En décembre de la même année, La Cinq est autorisée, de nouveau, à diffuser des films de cinéma : le premier sera Les Blues Brothers.
À la suite d'un recours de TV6, ce décret est annulé par arrêté du Conseil d'État le , car le ministre n'a pas respecté l'échéance légale de la concession d'un an[51]. Toutefois, la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL), qui a remplacé la Haute Autorité de la communication audiovisuelle depuis le , fixe le les obligations générales et particulières des « télévisions hertziennes nationales privées en clair » par les décisions no 87-1 et 87-2. Le , le décret no 87-50 résilie le contrat de concession de la cinquième chaîne qui s'achève le à minuit[52] et ouvre par la même occasion l'appel à candidature pour la réattribution du réseau. Toutefois, pour éviter l'écran noir, la CNCL invite la Cinq et TV6 à poursuivre leur programmes le temps de réattribuer les 2 réseaux.
« Côté production, la Cinq " va enfin pouvoir sans délais mettre au travail la SFP et les producteurs indépendants français. C'est ainsi qu'elle portera très haut le fanion de la télévision française." (18 février 1987) »
— Robert Hersant, candidat à la reprise de La Cinq dans l'article du Monde du [53]
Le premier candidat sur les rangs pour répondre à l'appel à candidature de la CNCL est le groupe Socpresse (Le Figaro, France-Soir) de Robert Hersant qui, avec l'appui du gouvernement, cherche à s'implanter dans la télévision. Il s'allie aux anciens propriétaires de la chaîne, Silvio Berlusconi et Jérôme Seydoux, pour constituer dès le la Société d'exploitation de La Cinq[54], qui souhaite créer une chaîne pluraliste et informative[55]. De son côté, la Lyonnaise des Eaux via Nicolas de Tavernost, en s'alliant à la chaîne canadienne Télé-Métropole, prépare un projet de chaîne privée française dénommée Métropole Télévision[56], et confié à l'ancien PDG d'Antenne 2, Jean Drucker, chargé de présenter cette candidature à la CNCL[57].
Les seuls concurrents sérieux lors de cet appel d'offres sont le groupe Occidentale media TV[58] mené par Jimmy Goldsmith qui souhaite former une chaîne populaire, généraliste et familiale[59]. Quant à la CLT, elle ignore que ce réseau a déjà été promis à un autre ami du Premier ministre, le magnat de la presse Robert Hersant. Dans l'intervalle, Télé-Métropole quitte le projet de la Lyonnaise des Eaux pour rejoindre La Cinq[56] en achetant 3,42 % du capital de la nouvelle chaîne privée. La CLT renonce finalement à sa candidature sur ce réseau après avoir obtenu l'assurance du gouvernement de récupérer la sixième chaîne. Hachette, qui concourt pour le rachat de TF1 en cours de privatisation, ne présente aucun projet[60].
Le , la CNCL attribue pour dix ans la concession de service public sur le cinquième réseau hertzien national à la société d'exploitation de La Cinq[61]. Robert Hersant entre alors au capital de La Cinq en tant qu'opérateur principal de la chaîne et nomme Philippe Ramond directeur général. Les deux hommes misent sur l’information et engagent au printemps 1987 Patrice Duhamel comme directeur de l’information, le chargeant de constituer une rédaction placée sous l'autorité de Jacques Hébert. Cette toute nouvelle rédaction s’installe au 241, boulevard Pereire à Paris, dans un ancien garage Renault devenu le siège de la chaîne. Autour de figures déjà connues des téléspectateurs, comme Jean-Claude Bourret ou Marie-France Cubadda venus de TF1, une équipe de jeunes journalistes va s’efforcer de créer chaque jour, à partir du , cinq éditions du journal télévisé au ton résolument direct et novateur.
Dès le , la grille des programmes s'étoffera, en diffusant tous les jours de nouveaux dessins animés japonais inédits en matinée et fin d’après-midi : Princesse Sarah, King Arthur, Robotech, Cathy la petite fermière.
En avril 1987, les droits de la série Dallas sont acquis par La Cinq, Silvio Berlusconi proposant de payer 600 000 francs par épisode, au lieu de 280 000 francs pour TF1[62],[63].
« TF1 est attribuée à Bouygues, et à ce moment-là Silvio Berlusconi nous dit: "Maintenant, il faut aller vite. (...) Il faut acheter les vedettes, avant que le béton, il devienne sec." »
— Philippe Ramond, directeur général de La Cinq (1987-1990) dans Télévision (Histoires secrètes) du [64],[65]
Dans sa volonté de s’affirmer comme une grande chaîne généraliste, la nouvelle Cinq débauche aussi les trois animateurs à succès de TF1 en cours de privatisation (Patrick Sébastien[66], Patrick Sabatier et Stéphane Collaro), en leur proposant plus de 3 millions de francs par émission[65]. Elle s’assure également les services de Philippe Bouvard (animateur d’une émission très populaire sur RTL, Les Grosses Têtes, collaborateur de longue date du groupe Hersant) et de Michel Robbe (animateur sur TF1 de La Roue de la fortune). Afin de capter un public jeune et urbain[67],[68], La Cinq ouvre son antenne à de nouveaux visages : Childéric Muller[69], venu de TV6 est responsable de divertissements « Pop » et Thierry Ardisson, qui lance ses interviews décalées dans Bain de Minuit.
À la rentrée 1987, la France se couvre d’affiches où les nouveaux animateurs, en photo, invitent le public à venir sur la chaîne, sous le slogan de « Cinq you La Cinq ! » (jeu de mots avec « Thank You La Cinq ! »)[70].
Cependant, en cette période, la chaîne ne peut être reçue que sur une partie restreinte du territoire, surtout dans les villes, alors que les programmes de divertissement proposés correspondent à ce que l'on appelle pudiquement la « France profonde ». Par ailleurs, les nouvelles chaînes diffusent sur une variante plus moderne du SÉCAM compatible avec le télétexte, l'image apparaissant en noir et blanc sur des postes un peu anciens, ce qui nécessite une antenne large bande pour être captées.
Les animateurs-producteurs achetés à prix d'or (un budget de 3 millions de francs par émission, pour Collaro[71], 4 millions de francs environ pour Sébastien[72]) ne suffiront pas à faire décoller l'audience[73] et attirer les publicitaires[74]. La chaîne est donc contrainte de revoir sa grille[75] et de baisser ses dépenses (150 millions de francs par mois)[76] d'un tiers.
L'apparition du satellite et la musique du générique des journaux télévisés, Ainsi parlait Zarathoustra, a été choisie par Robert Hersant lui-même[77],[78]. Quant aux incrustations illustrant les sujets de reportage et le décor sur fond de régie, bleutée ou fond noir, le journal permanent (idée importée du Japon) ils sont dus à Christian Guy, ancien journaliste, rédacteur en chef et producteur du journal de La Cinq[79].
Chaque journal télévisé fait appel au vote du public via le « télévote ». Jean-Claude Bourret crée la première émission télévisée interactive avec Duel sur la Cinq : les téléspectateurs votent chaque jour (par téléphone et Minitel) et choisissent le débatteur qui les a le plus convaincus. Quant à Guillaume Durand il pose la « question minitel ». Chaque soir, les téléspectateurs sont invités à voter "oui" ou "non" au sujet d'une question d'actualité[80], une méthode astucieuse pour habituer le téléspectateur à utiliser son Minitel, puis participer à des jeux et faire gagner de l'argent à la chaîne[81].
En octobre 1987, Marie-France Cubbada impute la faible audience du 20h aux techniciens de TDF qui freineraient l'extension du 5e réseau. D'autres journalistes considérant que Boulevard Bouvard diffusé en access prime-time n'est pas une bonne locomotive pour le JT[82].
Pour respecter ses obligations en matière de quotas de production française, La Cinq importe du Québec le concept du téléroman[83]. Afin de préparer les téléspectateurs, la chaîne diffuse au préalable tout l'été qui précède, des séries québécoises : L'Or du temps, Marisol, Belle Rive[84], Le Clan Beaulieu[85]....
Voisin, voisine : en tournant 18 épisodes de 60 minutes par semaine (plus de 3 épisodes par jour)[86], La Cinq avait pour objectif de remplir, pour le moins cher possible, les quotas de productions francophones diffusées sur son antenne (400 heures/an exigées). Diffusée dès le , la série met en scène la vie des habitants d'un immeuble. Cette série diffusée d'abord le matin dans une relative discrétion, a ensuite été "découverte" par un public d'insomniaque lors de rediffusion nocturne. La pauvreté des dialogues résultant d'improvisations a inspiré à Tonino Benacquista son roman Saga.
Tendresse et Passion : Une autre série, également créée afin de satisfaire aux exigences légales susdites. Diffusée à partir du , cette série placée dans le milieu hospitalier, mettait en vedette Pascale Roberts. Elle sera parodiée par Les Inconnus dans leur sketch Maitresses et patients diffusé le 22 mars 1991 dans La Télé des Inconnus.
Dès 1991, les épisodes des deux séries rempliront ensuite les nuits, après Cas de divorce, le Journal de la Nuit et Le Club du Télé-Achat.
Les émissions d'information de La Cinq rencontrent un certain succès, que ce soient l'édition de Jean-Claude Bourret dès 12 h 30, qui donne la parole aux téléspectateurs via un sondage par Minitel en fin de journal, ou remet le débat à l'honneur dans son Duel sur la Cinq d'avant journal, ou le Journal de 20 heures de Guillaume Durand, couronné par un 7 d'or du « Meilleur présentateur du journal télévisé » en 1989[87], l'émission de grand reportage de Patrick de Carolis Reporters, ou Childéric, l'émission musicale de Childéric Muller. A contrario, les autres émissions de la chaîne, y compris celles présentées par Patrick Sabatier, Stéphane Collaro ou Patrick Sébastien, ne réalisent pas l'audience escomptée et stagnent autour de 5 %. Les animateurs vedettes finissent par regagner TF1 courant 1988.
À la suite de ses bonnes audiences lors de la couverture de la révolution roumaine de 1989 et de la chute du mur de Berlin, La Cinq lance à partir du Le Turbo sur l'info[88]. Le magazine Reporters est diffusé tous les jours à 19 h et le Journal est avancé à 19h45. La Cinq va innover et vivra alors deux années axées sur l'information, le sport (Paris-Dakar) et les films issus du catalogue Berlusconi, dont de nombreuses séries B à petit budget classées comme des téléfilms (« La Cinq, tous les soirs un film ! ») et des séries américaines[89].
Créé en mars 1986 et né de la volonté de diverses productions européennes de travailler ensemble, le Consortium européen pour la télévision commerciale réunit la Fininvest, Robert Maxwell, Beta Taurus et la SEPC (holding des participations françaises au capital de la Cinq)[131]. Au départ, il doit gérer la diffusion satellitaire de La Cinq et de La Sept, la future chaîne culturelle via TDF1[132],[133],[134]. Mais le gouvernement Chirac met fin à ce projet[135]. Le Consortium se tourne alors vers la coproduction de fictions de prestige, jusqu'à sa dissolution début 1989 après le retrait du groupe Chargeurs[136]. La confiscation de la régie publicitaire de la chaîne par Robert Hersant, et ses initiatives pour acquérir des programmes hors du catalogue de la Fininvest vont encourager l'italien à s'allier au groupe rival[137]. Le , Berlusconi entre au capital de TF1 à hauteur de 3,9 %[138]. C'est ainsi que naît Tricom, société de production possédée par Silvio Berlusconi, Leo Kirch, et TF1[139],[140].
En , Télé-Métropole demande à Robert Hersant de modifier sa stratégie de gestion pour protéger son investissement alors que la chaîne a perdu près de 400 millions de dollars depuis son lancement[141]. Finalement Télé-Métropole revend ses parts à profit en après avoir injecté 6,5 millions de dollars[142],[143]. Sous le poids des dettes accumulées depuis 1987 causées par l'échec d'une grande partie des programmes créés, Robert Hersant reproche à Berlusconi de vendre ses fictions américaines trop cher. Ce dernier désapprouve la trop grande place qu'Hersant accorde à l'information, la jugeant coûteuse et non rentable. Hersant, après une bataille judiciaire, se rend compte que le poids des dettes de la Cinq menace d’écraser son groupe de presse ; il cède alors sa part dans La Cinq au groupe Hachette dirigé par Jean-Luc Lagardère, candidat malheureux au rachat de TF1 en 1987 et qui rêve d'acquérir une chaîne de télévision nationale. À la faveur d'une augmentation de capital, Hachette augmente sa participation dans la Cinq de 22 à 25 % tandis qu'Hersant la réduit de 25 à 10 %. Le , le Conseil supérieur de l'audiovisuel accorde la chaîne à Hachette, qui promet de « sauver La Cinq »[144].
L'année 1991 commence avec la guerre du Golfe, permettant aux journaux télévisés d'atteindre plus de 9 % de parts de marché[145].
Hachette va tout changer en commençant par l'identité de la chaîne. Jean-Luc Lagardère donne carte blanche à son directeur des programmes, Pascal Josèphe, qu'il vient de débaucher d'Antenne 2, pour lancer de nouvelles émissions concoctées par Hachette et qui doivent faire de La Cinq une grande chaîne familiale généraliste capable de concurrencer TF1. En fait, la chaîne est aussi dans l'obligation de produire des émissions nouvelles parce que le stock de séries américaines se raréfie. À partir d'avril 1991, Pascal Josèphe met à l'antenne la grille d'access prime time qu'il destinait à Antenne 2 et qu'il a remaniée[146].
Au lieu d'essayer de réduire les frais et de combler le déficit existant, Hachette multiplie les dépenses (nouvel habillage, réfection de tous les locaux, création de trop nombreux nouveaux programmes). La Cinq s'est complètement transformée. Pascal Josèphe souhaite miser sur le public féminin[147] et sur la famille[148]. Guillaume Durand est remplacé au 20h afin de débloquer l'audience[149]. La place consacrée à l'information est amoindrie. Patrice Duhamel donne consignes aux journalistes de réduire les sujets et reportages consacrés à l'international au profit des sujets nationaux[150],[148]. Après des réserves émises par le CSA quant à la représentativité d'un vote téléphonique[151], le nouvel actionnaire Hachette supprime le "Télévote", "La question minitel" et "Duel sur La Cinq"[80]. À cette occasion Bourret demande aux téléspectateurs le si "« Duel sur la 5 », c'était bien ou nul ?"[152].
22 nouveaux programmes sont donc mis à l'antenne dès , mais ils s'arrêtent tous au bout de quelques semaines ou quelques mois, sans parvenir à augmenter significativement les parts de marché. À l'exception des sports mécaniques, avec 40 % de parts de marché, pour la Formule 1[153] arrachée à TF1, le Paris-Dakar, le Grand Prix de Pau, les Soirées Walt Disney cinéma du mardi soir, la série Mystères à Twin Peaks et l'information, qui ont du succès. La Cinq ne progresse qu'en milieu urbain[154].
Non seulement ces nouveaux programmes n'attirent pas de nouveaux téléspectateurs, mais ces bouleversements déboussolent quelque peu certains fidèles, à tel point que la chaîne reprogramme la série Kojak pour sauver l'acces prime time[155],[156]. Le jeu La Ligne de chance, et la série comique Léon Duras, chroniqueur mondain n'ayant pas trouvé leur public.
L'audience reste stable et la chaîne reste la troisième chaîne nationale quant à l'audience ; cependant, si l'on considère que de nouveaux émetteurs diffusent alors le programme de La Cinq, on peut considérer que l'audience s'est tassée à cette époque. Elle se situe en l'occurrence aux alentours de 11 à 14 %. De plus, Lagardère ne réussit pas à assouplir les contraintes que le gouvernement impose par voie réglementaire, si bien qu'il reste soumis au bon vouloir du pouvoir politique[157].
Un an après sa reprise par Hachette, le déficit annuel de la chaîne s'élève à 1,1 milliard de francs, les pertes cumulées depuis la création de la chaîne s'élevant à 3,5 milliards de francs. Le , son PDG, Yves Sabouret, doit alors se contraindre à licencier 576 salariés, soit les trois quarts du personnel de la chaîne. Le soir de l'annonce, Béatrice Schönberg et Gilles Schneider annoncent le triste événement dans leur Journal de 20 heures[158], dont l'ancien générique historique (la Terre, le satellite, la musique de Ainsi parlait Zarathoustra et l'ancien logo) fut diffusé à la fin[159]. Quelques jours plus tard, interviewé par Jean-Claude Bourret lors du Journal de 20 heures, le PDG s'entendra répondre par le présentateur que l'action entreprise « ressemble à une écurie de course de Formule 1 qui vendrait les pneus pour acheter l'essence ». À l'écran, le logo « 5 » est affiché en noir pendant 24 heures tandis qu'une banderole indiquant que « la 5 ne sera pas le Matra-Racing » est brandie dans les locaux de la rédaction. Les drapeaux de la chaîne, qui arboraient le nouveau logo sur l'immeuble du boulevard Pereire, sont arrachés par le personnel. Le , La Cinq dépose le bilan. Elle est déclarée en cessation de paiement le et placée en redressement judiciaire le [160].
AB Distribution apparaît afin de fournir des dessins animés pour ses émissions jeunesses de TF1 et gérer les droits de toutes les productions maisons. Elle achète alors les droits de distribution de productions japonaises. Dans son catalogue d'origine se trouvent ainsi de nombreux animés. On leur doit l'introduction des Chevaliers du Zodiaque, de Dragon Ball et Dragon Ball Z, puis de Dr Slump, Nicky Larson, Ken le Survivant et bien d'autres.
Après avoir pris connaissance du décret no 90-66 du expliquant que chaque chaîne doit diffuser 60 % de programmes européens par an[161], Claude Berda décide d'acquérir toutes les séries et téléfilms européens diffusables, dont les séries allemandes : Derrick, Le Renard… AB devient ainsi un des premiers fournisseurs de La Cinq[162].
Au cours de la guerre que se livreront TF1 et La Cinq, début 1991 Berlusconi, qui sent le navire couler, vend les droits des dessins animés historiques de La Cinq à son grand rival AB Productions. En fait, AB joue sur les deux tableaux : afin de neutraliser la cinquième chaîne, TF1 diffuse, via AB programme, Salut les filles, série inédite destinée à La Cinq. Mais, AB la diffuse sous le titre Tommy et Magalie en enlevant la plupart du temps le générique interprété par Claude Lombard. Dans la foulée, le Club Dorothée programme aussi Robotech, Princesse Sarah, Olive et Tom, Le Petit Lord, Max et Compagnie ou Embrasse-moi Lucile, rebaptisé Lucile, amour et Rock'n Roll, etc. Du coup, la chaîne se fournira chez Saban, avec Samouraï Pizza Cats et Pinocchio[163].
Ironie du sort, La Cinq, ainsi vidée de ses dessins animés historiques ayant fait le succès de Youpi ! L'école est finie, devra aussi se fournir chez AB Productions, qui lui cède ses fonds de stocks. C'est ainsi qu'arriveront à l'antenne début 1991 : Goldorak, Candy Candy, Paul le pêcheur, Nadia, le secret de l'eau bleue, etc.
AB, via sa filiale Animage, ayant racheté le catalogue de Berlusconi, en revend une partie à La Cinq[164].
Seules deux séries inédites seront sauvées : La Reine du fond des temps et Théo ou la Batte de la victoire.
Durant ses derniers mois d'antenne, plusieurs personnalités se sont succédé sur le plateau du journal pour soutenir la chaîne ou l'enterrer[165].
Jacques-Yves Cousteau exprime son attachement à l'idée de la reprise La Cinq par les téléspectateurs :
« Je pense que la disparition de La Cinq (...) pourrait être remplacée par quelque chose de sérieux (...) Or, j'ai eu l'occasion, par quelques contacts gouvernementaux, de connaître la majorité des projets qui sont (...) en train de s'échafauder. Ils sont tous à mon avis d'une médiocrité lamentable (...) Je rêve d'une chaîne de téléspectateurs interactive. »
— Commandant Cousteau dans Le journal 20h du [166],[167]
« Foutu pour foutu, La Cinq, allez-y. Faites des choses gonflées. Faites des choses artistiques. Ne vous occupez plus de cette merde d'audimat. L'audimat, c'est pas la pensée des gens. »
— Jean-Michel Ribes dans Le journal 12h45 du [168],[169]
Jacques Séguéla réagit au projet de chaîne d'information sur le réseau de La Cinq :
« J'ai l'impression de revivre "Danse avec les loups". La Cinq est là, blessée. Et au lieu de lui porter secours, on voit tous les rapaces qui se demandent comment se répartir les dépouilles (...) Il ne s'agit pas du tout de faire CNN, mais d'envoyer sur La Cinq, un peu l'info poubelle, celle qui n'est pas passée sur les autres chaînes. »
— Jacques Séguéla dans Le journal 20h du [170],[171]
« Les difficultés de l'audiovisuel, devenues depuis longtemps "spectacle" me navrent (...) Cette intrusion de ce qu'on appelle les opérateurs. Des gens qui ont eu la folie des grandeurs ou pas. Dont certains sont mes amis, d'ailleurs. Tout ça a créé beaucoup de difficultés. »
— Bernard Kouchner dans Le journal 20h du [172],[173]
« Au départ La Cinq est tellement mal née (...) Elle a été conçue dans des conditions imbéciles, et vous payez les conditions de sa naissance (...) J'ai été interdit sur La Cinq. J'ai eu aucun de mes films produits, parce que je m'étais battu contre les coupes publicitaires (...) Donc je m'en fous de la chaîne. Puisque les gens m'ont carrément dit, comme sur la une et sur la cinq, étant donné que vous vous êtes battus contre la coupure publicitaire (...) Y'a même pas à envoyer les scénarios. »
— Bertrand Tavernier dans Les coulisses de La Cinq le [174],[175]
Le , l'association de défense de La Cinq est créée par Jean-Claude Bourret.
Le , Régie 5, la régie publicitaire de la chaîne réintroduit des coupures publicitaires dans les journaux télévisés[176].
Le , Silvio Berlusconi propose un plan de sauvetage de La Cinq[177],[178].
Le , Charles Pasqua souhaite créer une société d'économie mixte et s'associant à Silvio Berlusconi pour reprendre la chaîne[179],[178].
Le , Berlusconi jette l'éponge, à cause des pressions du gouvernement, de l'influence de certains hommes politiques et de l'hostilité des autres chaînes privées (TF1, Canal+ et M6) montées en coalition, qui proposent de créer ensemble une chaîne d'information qui prendrait la place de La Cinq. L'objectif est double : chasser Silvio Berlusconi de France et faire en sorte qu'aucune chaîne commerciale ne renaisse sur le cinquième réseau. Ce projet n'est pas accepté, mais la coalition l'emporte tout de même.
Le tribunal de commerce de Paris prononce la liquidation judiciaire le [180] et La Cinq cesse d'émettre le dimanche à minuit[181]. Le , l'État préempte le cinquième réseau hertzien pour y installer Arte, qui y est diffusé en soirée dès le , rejoint en journée par La Cinquième (devenue France 5 le ) à partir du , rendant un retour de La Cinq impossible sous son ancienne forme.
Le groupe Hachette indemnise AB productions (Animage) à hauteur de 41 millions de francs[164].
Le 16 avril 1992, Hervé Bourges, alors président d’Antenne 2 et FR3 fait part de son hostilité à l’arrivée d’Arte sur le cinquième réseau, jusqu’alors attribué à La Cinq qui vient de faire faillite[182].
Le 23 avril 1992, le secrétaire d’État Jean-Noël Jeanneney annonce que le gouvernement use de son droit de préemption sur le cinquième réseau pour le réserver à Arte[183] à partir de 19 heures pour septembre 1992[184], précisant que :
« Pas un sou de l’argent qui sera consacré à Arte ne sera pris sur les dotations d’Antenne 2 et de FR3. (...) »
— Jean-Noël Jeanneney (secrétaire d'État) dans Le Monde du [184].
Divers députés de Droite et du Centre manifestent leur opposition :
« Nos partenaires allemands eux-mêmes n’étaient d’ailleurs pas du tout partisans de faire venir Arte sur le réseau hertzien. (...) un bien mauvais service à lui rendre que de jeter ainsi dans le "grand bain" un programme conçu à l’origine pour le câble. (...) »
— François d’Aubert (UDF, Mayenne) dans le Monde du [184].
« Risque de déception des téléspectateurs face à des programmes peu faits pour être diffusés par voie hertzienne à l’attention d’un vaste public. (...) »
— Jacques Barrot (UDC, Haute-Loire) dans le Monde du [184].
Bernard Pivot exprime son opposition à l’arrivée d’Arte à la place de La Cinq :
« Une nouvelle ânerie des politiques (...) ARTE, sur le réseau de La Cinq, va surtout bénéficier à TF1 (...). Cela va surtout faire du tort à FR3, car ARTE est une machine de guerre contre les télévisions publiques. Cela va de plus les encourager à faire moins de culturel (...) »
— Bernard Pivot dans le Monde du [185].
La Fédération de l’audiovisuel du Syndicat national des journalistes dénonce un :
« coup de poignard dans le dos pour FR3 et l’ensemble du secteur public de la télévision (...) »
— La Fédération de l’audiovisuel du Syndicat National des Journalistes dans les Echos du [186].
Le 14 mai 1992, Jean-Noël Jeanneney annonce que 160 millions de francs supplémentaires sont octroyés à Arte en 1992, (en plus du coût initial d’1,2 milliard partagé à égalité entre la France et l’Allemagne)[187]. Le surcoût de la diffusion hertzienne ne devant pas excéder 400 millions de francs en 1993[186], ajoutant que la chaîne ne serait :
« ni austère, ni ennuyeuse, ni guindée, mais frivole, cocasse, drôle et même farfelue. (...) Elle élèvera l’âme et enrichira l'esprit. (...) »
— Jean-Noël Jeanneney (Secrétaire d’État) dans le Monde du [187].
Les demandes d’annulation de l’attribution du cinquième réseau à Arte pour excès de pouvoir, formulées par l’Association de défense de la Cinq, AB Productions et Hamster Productions déposées les 29 juillet, 18 septembre[188], 24 août et 23 décembre 1992[189]sont rejetées par le Conseil d’État.
Jusqu'en 1997, l'association de défense de La Cinq laissait un petit espoir de revoir renaître la chaîne soit sur le câble, soit à partir d'une diffusion depuis la principauté d'Andorre, mais ce ne fut pas le cas. Ensuite, le président Jean-Claude Bourret a semblé abandonner en attendant de prendre la décision finale, mais l'association existe encore[190].
Le logo initial de La Cinq est directement dérivé de celui de Canale 5 (anciennement Tele Milano 58) créé en 1980, mais qui a été stylisé depuis.
Disparition du corps de vouivre, la tête de Biscione et la fleur, emblèmes du groupe Fininvest, sont remplacés en France par une étoile et le nom de la chaîne en toutes lettres. L'étoile (symbole de l'Europe) étant choisie pour appuyer le développement européen du groupe Berlusconi.
Quelques mois plus tard, le logo de Canale 5, s'inspirera du logo français et sera stylisé à son tour.
Les termes « LA CINQ » ont été enlevés, permettant au nouvel actionnaire Hersant de se différencier de la période Berlusconi/Seydoux. Ce logo relooké et en 3D sera utilisé dans différentes variantes dans les habillages et génériques de la chaîne[191], bien qu'inchangé dans les magazines de presse et sur les micros, caméras et voitures de la chaîne.
Après le rachat de la chaîne par Hachette fin 1990, l'habillage reste le même. Seul le logo au bas de l'écran change. Le contour du "5" est conservé sans étoile pour identifier à l'écran la nouvelle Cinq jusqu'à la mise en place d'une nouvelle identité visuelle[192].
Jean-Paul Goude crée le nouveau logo de La Cinq en 1991. Initialement, il imagine un « 5 » se tricotant et se détricotant ou encore un générique de fermeture d'antenne mettant en scène un souffle éteignant une bougie. S'inspirant du travail de Jasper Johns (père fondateur du pop art), qui a réalisé dans les années 1960 des toiles mettant en scène des chiffres, Jean-Paul Goude, avec la collaboration de Fabien Baron, crée un habillage composé de chiffres se superposant[194].
Constituée d'environ 120 journalistes, la rédaction de la Cinq était jeune et polyvalente avec notamment :
La Cinq fut éditée par la société France 5 du au , dont le capital d'environ 15 000 000 FRF était détenu à 40 % par Chargeurs réunis, à 40 % par le groupe italien Fininvest de Silvio Berlusconi et à 20 % par Christophe Riboud.
À partir du , La Cinq est éditée par la Société d'exploitation de La Cinq, détenue à 25 % par le groupe Socpresse de Robert Hersant qui entre au capital en tant qu'opérateur principal de la chaîne, à 25 % par le groupe Fininvest, le reste étant partagé entre Chargeurs réunis et des actionnaires minoritaires (Jean-Marc Vernes, Les Échos, Télémétropole, Groupama).
Sous le poids des dettes, Robert Hersant cède sa part dans la Société d'exploitation de La Cinq au groupe Hachette de Jean-Luc Lagardère, qui récupère ses 25 % le et devient opérateur principal de la chaîne.
Le 3 avril 1992 survient la liquidation judiciaire de Cinq SA[204].
Le siège de la société France 5 et premier siège de La Cinq de 1986 à 1987 était situé au 21, rue Jean-Goujon dans le 8e arrondissement de Paris.
La Société d'exploitation de La Cinq installe son siège au printemps 1987 au 241, boulevard Pereire dans le 17e arrondissement de Paris, dans un ancien garage Renault de 4 220 m2 repéré par Philippe Ramond et entièrement réaménagé deux ans auparavant pour y créer les studios de la société de production télévisée de Robert Hersant, TVES[205] (pour TV Européenne par satellite), dotés de la régie de production la plus moderne d'Europe[206]. La Cinq intègre les locaux durant l'été 1987, ce qui permet à sa toute nouvelle rédaction de bénéficier dès ses débuts des meilleurs outils de production pour ses émissions d'information. Cette adresse reste le siège de la chaîne jusqu'à sa disparition en 1992.
La dernière émission, intitulée à la fois Il est moins 5 et Vive La Cinq (selon que l'on se base sur l'annonce d'avant-programme ou le générique d'ouverture de celui-ci) a commencé le dimanche à 20 h 45, après le dernier Journal de 20 heures présenté par Jean-Claude Bourret et une parodie de bulletin météo présentée par Chantal Bultez[248] et Véronique Touyé.
Elle a eu lieu dans la rédaction de la chaîne, boulevard Pereire à Paris, avec tout le personnel. Présentée par Gilles Schneider (alors présentateur du Journal de 20 heures en duo avec Béatrice Schönberg), Marie-Laure Augry (alors présentatrice du journal de 12 h 45), Jean-Claude Bourret (alors présentateur des journaux du week-end) et Patrice Duhamel (directeur de l'information), elle proposait de revivre les six années d'existence de la chaîne. Elle s'est terminée par une longue série d'adieux, suivie d'une animation d'une « éclipse totale » d'une « planète 5 » par un astre fait d'un écran brouillé (au son du générique original du journal télévisé, Ainsi parlait Zarathoustra mais dans une version « lugubre »). Apparaît finalement un écran noir avec le texte « La Cinq vous prie de l'excuser pour cette interruption définitive de l'image et du son », puis « C'est fini », suivi d'un écran cette fois totalement vide après que la chaîne a définitivement cesser d'émettre.
L'audience aura culminé lors de cette dernière soirée jusqu'à 6 à 7 millions de téléspectateurs.
Pour respecter ses engagements face au CSA, la chaîne a produit 50 téléfilms de 90 minutes, qui ne seront jamais diffusés sur son antenne[249].
Sept marches vers un million, devait être le jeu diffusé en septembre 1992 face à La Roue de la fortune[250].
Michel Vaillant sera récupéré par France 3 et diffusé dans les Minikeums.
Xavier Couture, l'ancien responsable des programmes jeunesse de La Cinq de 1991 à 1992, lance M6 Kid, dès le et présenté par Amanda McLane.
En effet, après avoir abandonné son émission jeunesse Graffi'6, lancée en 1987, M6 revient dans la course, après le dépôt de bilan de La Cinq.
Il n’est donc pas étonnant que les premiers dessins-animés inédits soient des coproductions initiées par La Cinq. Ainsi seront diffusés : Bucky O'Hare, La Petite Boutique, Barnyard commandos et Draculito, mon saigneur. Seul Bucky O'Hare aura eu le temps d'être partiellement diffusé du « vivant » de La Cinq.
On retrouvera aussi des dessins-animés japonais ou américains issus du catalogue de Berlusconi, qu'on aurait dû voir sur La Cinq, si la chaîne avait survécu : Graine de Champion, Cascadogs, Prostars ou Hammerman (ces 2 derniers étant coproduits par DiC, Reteitalia et Telecinco). Sur TF1, Les Aventures de Robin des Bois en 1995 et Les Enfants du capitaine Trapp la même année, sur France 3. Sur les chaînes du câble au début des années 2000 : Erika, Nathalie et ses amis.
La carte interactive qui a permis aux téléspectateurs de jouer avec les émissions de France Télévision à partir de 1993, était destinée au départ aux téléspectateurs de La Cinq[251].
Sa version canadienne "Télécash" avait été testée en mai 1991 en France dans la région d'Orléans[252]. Elle devait permettre au Groupe Hachette de créer une "symbiose" entre ses titres de presse et l'audiovisuel[253].
Pascal Josèphe, ancien directeur général de l'antenne de La Cinq, est nommé dès avril 1992 directeur général adjoint de Antenne 2 et FR3, chargé des antennes. Il va donc intégrer à la grille des programmes des deux chaînes publiques, les émissions testées avec succès sur La Cinq.
(Liste non exhaustive)
La Cinq a bâti son succès sur la diffusion (ou rediffusion) de nombreuses séries à succès étrangères (surtout américaines, issues du catalogue de Silvio Berlusconi) et françaises (issues de l'INA ou coproduites).
La Cinq a aussi bâti son succès sur la diffusion (ou rediffusion) de nombreux films à succès étrangers (surtout américains, issus du catalogue de Silvio Berlusconi) et français (rediffusés ou coproduits) dans la case Le Film ce soir. En 2007, une enquête menée en Italie et aux Etats-Unis, puis un procès en 2012 révèlent que depuis 1988, Frank Agrama via la société Harmony Gold achetait des films et des séries aux majors américaines dont Paramount et Twentieth Century Fox et les revendait plus chers au groupe Berlusconi[267],[268]. Tout en faisant transiter la différence sur des comptes en Suisse afin de constituer une caisse noire. Le but étant de faire payer moins d'impôts en Italie au groupe Mediaset de Silvio Berlusconi[269]. Ces films acquis ont aussi été diffusés sur les autres chaînes européennes du groupe dont Telecinco et La Cinq[270].
La Cinq a toujours eu un nombre d'émetteurs réduit par rapport à TF1, Antenne 2 et FR3, ce qui explique en partie son audience. Son pic se situe en 1989 avec 13 %. Avec l'arrivée d'Hachette, l'audience s'effrite jusqu'à atteindre 10,9 % d'audience en 1991. À noter que pour le dernier jour avec Vive La Cinq, le , l'audience est de 21,5 % avec une pointe à 7 millions de téléspectateurs.
1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | 1991 |
---|---|---|---|---|---|
4,2 % | |||||
8,4 % | 10,3 % | 13,0 % | 11,7 % | 10,9 % |
Source : Médiamétrie[272]
La Cinq était diffusée en SECAM sur le nouveau cinquième réseau hertzien analogique terrestre français qui, à sa création, ne touchait que les grandes agglomérations et nécessitait une antenne large bande pour être capté. Fin 1986, la chaîne ne comptait que 54 émetteurs, touchant 45 % de la population[273], puis 168 en 1989 couvrant 60,6 % de la population. En tant que chaîne privée, La Cinq devait financer les nouveaux émetteurs installés par TDF, avec l'aide toutefois de certaines collectivités locales désirant répondre aux attentes de leurs administrés. Cette dernière particularité expliqua le fort mécontentement de certains élus locaux qui considéraient comme du vol la préemption par l'État de ce réseau qu'ils avaient financés pour y installer Arte sans qu'on leur ait demandé leur avis.
En plus de sa diffusion terrestre, La Cinq devait également être diffusée au niveau européen sur le satellite de diffusion directe TDF 1, comme le prévoyait l'accord d'attribution des canaux du qui fut finalement annulé en mai par le gouvernement Chirac. La chaîne fut donc relayée sur l'ensemble du territoire national par le satellite Telecom 1B, qui alimentait officiellement et sans cryptage les émetteurs terrestres de TDF et qui donc, officieusement, participa à la distribution et à la vente des équipements en parabole en France pour les particuliers. À la suite de l'arrêt de Telecom 1B en 1988, La Cinq passe sur son remplaçant, Telecom 1C jusqu'à la mort le .
La Cinq a également été diffusée sur le câble en France sur les réseaux de France Telecom Câble, Lyonnaise Câble et CGV, mais aussi en Belgique de à , quand elle fut contrainte de disparaître à la suite de la question des droits d'auteur non réglés et, surtout, aux fréquentes attaques de RTL-TVI qui reprochait à La Cinq de ne pas respecter les accords de priorités de diffusion, favorables aux chaînes belges. À plusieurs reprises, le Tribunal a obligé les câblodistributeurs à remplacer le film de La Cinq par un écran noir.
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