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conflit armé (1600-1601) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La guerre franco-savoyarde de 1600-1601 est un conflit qui oppose, en 1600, le duché de Savoie de Charles-Emmanuel et le royaume de France d'Henri IV et qui se termine en 1601 par le traité de Lyon favorable à la France.
Date | 1600-1601 |
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Lieu | Savoie |
Issue |
Victoire française Traité de Lyon |
Royaume de France | Duché de Savoie |
Henri IV Maréchal de Biron Lesdiguières Duc de Sully |
Charles-Emmanuel Ier Nicolas de Watteville Gérard de Watteville Humbert de Saix d'Arnans |
16 000 environ |
Guerre franco-savoyarde
Batailles
Guerre franco-savoyarde (1600-1601)
Coordonnées | 45° 35′ 00″ nord, 6° 20′ 00″ est |
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Le traité de paix entre la France et l'Espagne, signé à Vervins en 1598, laissait en suspens le différend entre la France et la Savoie à propos de la possession du marquisat de Saluces. Le texte en confiait le règlement à l'arbitrage du pape Clément VIII qui éprouva des difficultés à rapprocher les points de vue et finalement renonça à trancher.
Lorsqu'en 1548, la maison de Saluces, anciennement souveraine puis vassale de la France, s'éteignit par la mort de Gabriel de Saluces, dernier marquis, Henri II réunit le marquisat de Saluces à la couronne de France[1],[2].
Pour Charles-Emmanuel Ier de Savoie, la possession de ce territoire est presque indispensable pour avoir une communication entre le Piémont et le comté de Nice. Profitant des troubles intérieurs français, il s'empare, le 1er octobre 1588, du marquisat sous prétexte d'empêcher le chef des protestants en Dauphiné, Lesdiguières, de le prendre pour répandre ses doctrines en Italie.
En 1595, lorsque Henri IV vient à Lyon, il offre au duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier le marquisat de Saluces à titre de fief français pour l'un de ses fils. Mais Charles-Emmanuel faisant valoir ses droits de suzeraineté que ces ancêtres avaient exercés pendant le XIVe siècle, réclame le pays comme sa propriété.
Le , le roi de France reçoit le duc de Savoie à Fontainebleau. Durant son séjour, Charles-Emmanuel complote ; il entre dans les bonnes grâces d'Henriette de Balzac d'Entragues, marquise de Verneuil, qui était la maîtresse du Roi depuis la mort de Gabrielle d'Estrée, en lui faisant de somptueux cadeaux. Il s'efforce également de gagner les faveurs des ducs d'Épernon, de Bouillon, de La Trémoille, le maréchal de Biron et le comte d'Auvergne, fils naturel de feu Charles IX, qui étaient mécontents du Roi.
Afin de régler le différend, Henri IV propose à Charles-Emmanuel soit de rendre purement et simplement le marquisat de Saluces, soit de le garder contre la cession de la Bresse, la principauté de Barcelonnette, la vallée de Sture, la vallée de la Pérouse[3] et la ville de Pignerol.
Le duc de Savoie demande un délai de réflexion de 3 mois et, en , repart très mécontent pour ses États. Il s'adresse à la cour d'Espagne par l'intermédiaire du gouverneur de Milan Pedro Enríquez de Acevedo, comte de Fuentes, pour l'assister dans ses projets.
Pendant ce gain de temps, le duc fait rassembler des milices et quelques troupes pour s'opposer à Lesdiguières qui pouvait attaquer par Exilles. Il envoie à Conflans le seigneur d'Albigny avec quelques cavaliers et quelques compagnies d'infanterie italienne, ordonne au colonel Ponte, qui occupe la place, de se rendre à la forteresse de Pignerol avec 400 cavaliers. Il obtient également 1 500 Espagnols qui étaient en garnison à Milan. Le 5 août, le seigneur de Berny, par courrier, avertit Henri IV que le duc de Savoie ne veut pas exécuter le traité.
Le terme de 3 mois étant écoulé, Henri IV somme Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répond qu'une guerre lui serait moins préjudiciable qu'une paix comme celle qu'on lui offrait. Immédiatement, Henri IV lui déclare la guerre, le , afin de ne pas laisser le temps au comte de Fuentes de terminer ses préparatifs.
Afin de couper court aux intrigues, Henri IV se prépare à la guerre. Le , il se rend à Lyon pour organiser l'armée des Alpes et se rapprocher du futur théâtre des opérations. À cet effet, Henri de Schomberg fournit 2 000 lansquenets allemands, une milice provinciale incorporée en grande partie dans les Gardes françaises.
Les régiments Picardie, Piémont, Champagne et Navarre sont reconstitués avec les restes des régiments supprimés en 1598. Les compagnies des Gardes sont portées à 300 hommes et les autres à 200. On fixe à 6 sous et 8 deniers la solde journalière du fantassin qui doit toutefois s'habiller et se nourrir par lui-même. La solde du cavalier, cheval compris est de 1 livre, 13 sols et 4 deniers. Chaque soldat reçoit 2 pains de 12 onces par jour et l'armement est fourni par les capitaines.
Les troupes françaises, qui comptaient d'abord 8 000 hommes, passent rapidement au double. Le grand maître de l'artillerie de France, Maximilien de Béthune, marquis de Rosny, ordonne aux lieutenants d'artillerie du Lyonnais et du Dauphiné, aux commissaires de la Bourgogne, de la Provence et du Languedoc de rassembler leurs meilleurs canons, ce qui fournit en très peu de temps une artillerie considérable et des munitions en abondance.
Le 11 août, la guerre est déclarée, le roi de France donne l'ordre aux maréchaux Biron et Lesdiguières de pénétrer dans le duché de Savoie.
Le duc est sans inquiétude, car il compte sur la force de ses places et sur l'assistance de ses alliés pour vaincre le roi de France. Toutefois, les forteresses dont le duc de Savoie est si fier tombent l'une après l'autre :
En date du , dans la lettre d'Henri IV au marquis de Rosny, il indique « Je m'en vais coucher à Marche, qui est en Savoie, et dés ce soir voir le chasteau de Montmelian, où ceux qui sont dedans sont de pauvres gens. Il y peut avoir cent soldats assez mauvais, et trois ou quatre cens hommes, de pauvres gens ou femmes de la ville, qui s'y retirèrent lorsque les nostrés entrèrent dedans, et qui en voudroient bien sortir ; mais je ne le leur veux pas permettre ». La citadelle de Montmélian, également appelée château de Montmélian ou fort de Montmélian, et qui sera pris le , restera l'évènement le plus considérable de cette guerre[10]. Une fois la ville prise, le commandement français, s'apercevant qu'il ne serait pas facile de prendre la citadelle qui résiste, divise ses forces en 2 corps et laissant quelques forces pour bloquer la citadelle.
Le corps de Louis des Balbes de Berton de Crillon, composé des Gardes françaises, des Gardes suisses et du régiment du Bourg de Lespinasse partent investir Chambéry. Sa première action est de se rendre maître du faubourg du Reclus et du faubourg de Montmélian. Mais durant la nuit, deux compagnies de Français se prenant réciproquement pour des groupes d'ennemis, s'entrebattent avec une telle fureur qu'ils jonchent le sol de morts et de blessés, ralentissant ainsi le délai d'investissement de la capitale savoyarde[11].
Le corps de Lesdiguières remonte la vallée de l'Isère avec trois régiments et deux canons, et marche sur Saint-Pierre-d'Albigny, Miolans en direction de Conflans où il pense rencontrer les troupes savoyardes commandées par Pierre de Seyssel, qui décampe apprenant qu'il allait être attaqué.
Le roi passe la nuit aux Marches. Le même jour, Berton de Crillon, mestre de camp du régiment des Gardes françaises se rend maître des faubourgs de Chambéry.
Après cette victoire, Henri IV détache une partie de son armée, avec 4 canons, sous les ordres du maréchal Lesdiguières, qui connaissait parfaitement le pays et qui s'était déjà couvert de gloire lors de ses succès contre le même Charles-Emmanuel Ier de Savoie. Le corps d'armée était composé d'un millier d'arquebusiers du Dauphiné habitués aux combats en montagne, aux attaques de nuit et aux coups de main inconcevables.
La guerre se joue également sur des fronts secondaires, en particulier dans le comté de Nice que les Français menacent depuis le commencement des hostilités. Charles, le duc de Guise, a rassemblé un corps de troupes auxquels les Savoyards ne peuvent opposer que de faibles détachements.
Après plusieurs semaines d'observation le long du Var, sans rien entreprendre, Annibal Grimaldi, comte de Beuil, reçoit de la part du Charles Ier de Guise, gouverneur de Provence, une proposition de trêve entre les provinces, qui est signée le 22 septembre.
Le 25 septembre, trois jours après la convention, un aide de camp du duc de Guise prévient Annibal Grimaldi qu'un ordre exprès ordonne aux troupes françaises d'attaquer. Immédiatement, le gouverneur niçois fait appel aux gentilshommes et à la milice royale de la province qui viennent immédiatement renforcer la garnison.
Le 28 septembre, les troupes françaises campent sous les murs de Nice. Les défenseurs se trouvent assez forts pour effectuer une sortie. Les Français se replient jusqu'au Var, dont un violent orage venait d'emporter les ponts. Ils traversent donc la rivière à gué ; attaqués par les Niçois, ils subissent quelques pertes.
Le 1er octobre, à la nuit tombée, un détachement de 600 Français arrive aux portes de Nice, qu'ils espéraient surprendre. Mais les gardes piémontais tuent les pétardiers et font une sortie. Le duc de Guise, qui était à la tête des troupes, se retire à la hâte et rentre en Provence[27].
Le 13 octobre, le roi est à Montmélian où il entre en pourparler avec les défenseurs, sans succès. Le soir, il est à Chambéry[28]. Lesdiguières retourne à Montmélian rejoindre le Roi. Au soir, le roi réunit toutes ses forces contre le château de Montmélian[29].
Pendant que le Roi est occupé par ce siège, certains bruits de complots contre l’État se répandent ; ces soupçons sont principalement étayés par l'attitude trop tranquille du duc de Savoie face aux dangers auxquels il se trouvait exposé, comme s'il n'avait rien à craindre, restant calmement à Turin sans envoyer aucun secours, alors que le Roi de France lui avait pris presque toutes les places de la Savoie. Rapidement, les germes de la conspiration éclosent dont celui de Charles de Gontaut-Biron est le plus funeste.
Le 25 octobre, le légat du Pape cherchant un moyen de conclure la paix, engage le duc à consentir un accord. Le duc de Savoie promet par écrit de donner en échange du marquisat de Saluces, la Bresse, le bailliage de Gex et la vallée de Barcelonnette avec une somme d'argent.
Le 7 novembre, Charles-Emmanuel Ier de Savoie quitte le val d'Aoste avec 22 500 combattants piémontais[30], espagnols, suisses et savoyards, pour franchir le col du Petit-Saint-Bernard puis redescendre dans la vallée de la Tarentaise. Toutefois 4 000 soldats espagnols prêtés au duc par le comte de Fuentès refusent de dépasser le Saint-Bernard. Les passages du col du Petit-Saint-Bernard au pas de Seltz étant gardés par des éléments des régiments de Navarre et de Chambaud[31], la menace d'attaque des troupes savoyardes, n'effraya pas les Français. Le duc de Sully reçoit l'autorisation du Roi de France d'aller assiéger la forteresse de Montmélian et le corps d'infanterie de Lesdiguière reprend la route de la Tarentaise.
Au début du mois de novembre, l'armée piémontaise menace de déboucher en Tarentaise. Charles-Emmanuel de Savoie a réuni une armée composée de 6 000 Piémontais ou Savoyards, 6 000 d'autres états Italiens, 4 000 Espagnols, 600 Suisses et 50 compagnies de cavalerie formant un corps de 800 maîtres et 4 500 arquebusiers à cheval.
Le roi décide de porter la guerre dans le marquisat de Saluces, afin de créer une diversion. Sous le commandement de monsieur d'Auriac 1 500 hommes d'infanterie et 200 cavaliers entrent dans la vallée de Maïra et attaquent le fort de d'Acceglio. Le feu de la place retarde les troupes françaises qui finissent par pénétrer dans la place en enfonçant la porte avec un pétard ; après un combat à l'intérieur, les défenseurs se rendent. D'Auriac s'avance alors à Saint-Damian, puis Cartignan et Dronero. L'alarme est sonnée en Piémont, indiquant qu'une armée française importante attaque.
Le marquis d'Este rassemble une partie de la milice royale à Savillan, où il appelle 800 Espagnols de la garnison de Carmagnole et 200 chevaux-légers à la tête desquels il se porte à Busque.
Le 27 novembre, il avance sur Dronero ; le 28, il entre dans la vallée de Maïra et chasse les Français de Cartignan, puis marche sur Saint-Damian.
Les Français se retirent alors aux Portes. Le général piémontais fait immédiatement marcher un détachement de 150 hommes par les montagnes qui séparent la vallée de Maïra de celle de Grana et un autre, également de 150 hommes, sur les hauteurs qui plongent sur le village de Lod. Ce dernier corps se trouve en premier en présence des Français. Un combat long et incertain se déclenche. Après s'être saisis d'une chapelle, les Savoyards contraignent les Français à la retraite. L'autre détachement rencontre des ravins impossibles à franchir et n'arrive aux postes indiqués qu'après de longs détours ; il ne rencontre qu'une faible résistance.
Les hauteurs étant désormais occupées, le marquis d'Este s'approche des Portes par le fond de la vallée et donne le signal d'attaque. Après un combat opiniâtre, les troupes françaises se replient durant la nuit sur Lod et Strop. Pendant cette journée, les Piémontais avaient été renforcés par la milice royale de la province d'Asti ; la milice du Canavais, arrivée la veille à Dronero s'était portée à Saint-Peyre, dans la vallée de Varaita, comptant gagner les arrières françaises en passant par le col d'Elva. D'Auriac, averti de ce mouvement, se retire à Acceglio en laissant quelques troupes aux granges de Naufie et de Strop avec l'ordre de s'y retrancher.
Manquant de vivres, le général français rappelle ses postes avancés et repasse les Alpes[27].
Le roi Henri IV, afin de commémorer cette victoire sur le duc, fait frapper une médaille représentant la Savoie sous la forme d'un centaure abattu aux pieds de Hercule, tenant entre ses mains une massue et une couronne, sur laquelle est gravé « opportunius »[36] (traduction littérale en français : « Encore plus opportun »). Une légende « vengeresse » pour Babelon. Elle répondait en effet à une médaille frappée par le duc de Savoie narguant le roi de France, sur laquelle la légende « Opportun » était gravée, sous la représentation d'un Centaure triomphant.
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