unité de longueur De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La lieue (du latinleuca ou leuga emprunté au gaulois) est une unité de longueur, de définition très variable, anciennement utilisée en Europe et en Amérique. La seule unité encore en cours, la lieue marine valant trois milles marins, reste peu utilisée[1].
La lieue métrique française vaut exactement 4 km; la lieue terrestre ou lieue commune de France vaut 1/25 de degré de l'ellipse méridienne terrestre, soit exactement 4,445 3 km; la lieue marine vaut 1/20 de degré de l'ellipse méridienne terrestre, soit 3 milles marins ou exactement 5,556 6 km.
Lieue résulte de l'évolution régulière du latin leuca ou leuga, terme d'origine gauloise[5] selon les auteurs latins[6]. Même si son étymologie est pré-latine, son caractère proprement celtique se révèle incertain étant donné l'absence de cognats dans les langues celtiques insulaires[7],[2], bien qu'il reste possible[8].
La lieue (leuga ou leuca) est à l'origine une unité de mesure utilisée dans les trois Gaules et les provinces de Germanie, sous l'empire Romain. Selon des sources de la fin du IVesiècle et du VIesiècle, sa valeur est de un mille romain et demi, soit environ 2 222 m. Cependant l'analyse des relevés topographiques et des bornes milliaires laisse penser qu'une autre lieue plus grande, entre 2 400 m et 2 500 m, aurait été utilisée, qui aurait été l'héritière d'une lieue gauloise préromaine[9].
Sous la domination romaine, deux mesures sont utilisées: le mille dans la province romaine; et la lieue au-delà de Lyon[10]. Sur les bornes milliaires, la distinction est indiquée avec, précédant le chiffre du nombre de lieues, soit un «M» pour les milles, soit un «L» pour les lieues. Arcisse de Caumont précise par ailleurs que la lieue gauloise est «désignée tantôt sous le nom de lieue, tantôt sous celui de mille, et que souvent le mot millia n'indique point des milles romaines, mais des lieues gauloises, lorsqu'il s'applique à la partie des Gaules où cette mesure était usitée»[11].
Les lieues du Maine, du Perche, du Poitou, sont de 24 au degré[n 10];
Les lieues du Berry sont de 26 au degré moins un onzième[n 11];
Les lieues de Bourbonnais sont de 23 au degré[n 12];
Les lieues du Lyonnais contiennent 2 450 toises, et sont de 23 au degré, plus 710 toises[n 13];
Les lieues de Bourgogne sont de 21 & ½ au degré[n 14];
Les lieues de Gascogne & de Provence contiennent 3 000 toises, et sont de 19 au degré; voilà nos plus grandes lieues[n 15],[12].
On trouvait également une lieue de marche «extrêmement variable» , correspondant à une distance parcourue en une heure[13].
On trouve aussi, plus récemment, les valeurs suivantes[14]:
La lieue métrique vaut exactement 4 km;
La lieue terrestre ou lieue commune de France vaut 1/25 de degré du périmètre terrestre, soit exactement 4,444 8 km[n 2];
La lieue marine vaut 1/20 de degré du périmètre terrestre, soit 3 milles marins ou exactement 5,556 km[n 2].
Belgique
La lieue métrique belge vaut exactement 5km.
Suisse
La Stunden von Bern, à partir de la révision des poids et mesures de 1838, vaut 16 000 pieds suisses soit 4,8 km. Les distances sont mesurées à partir de la tour de l'horloge de Berne, la Zytglogge[15].
Espagne
La legua ou lieue espagnole représentait à l'origine 3 milles espagnols[16]. Ces unités pouvaient varier, dépendant de la définition locale du pie, le pied espagnol, et aussi de la précision de la mesure; la legua valait officiellement 4 180 mètres au moment de son abolition par Philippe II d'Espagne en 1568. Celle-ci demeure officieusement en usage par endroits en Amérique latine, où sa définition varie.[réf.nécessaire]
La Legua nautica (lieue nautique ou lieue marine): Entre 1400 et 1600, celle-ci valait 4 milles romains de 4 842 pieds, c'est-à-dire 19 368 pieds, (5 903 mètres ou 3,187 6 milles marins d'aujourd'hui). Le ratio de lieues nautiques par degré pouvait varier de 14 ¹⁄₆ à 16 ²⁄₃; en pratique, la longueur d'une lieue marine variait de 25 733 pieds (7 843 mètres ou 4,235 milles marins) à 21 874 pieds (6 667 mètres ou 3,6 milles marins)[16].
Dans les pays anglo-saxons, la lieue (English land league) est définie comme valant 3 milles impériaux soit exactement 4,828 032 km. Avant la révolution, cette lieue était utilisée dans la province de Bretagne.
Il existe aussi une lieue carrée, unité de mesure de superficie. Elle est mentionnée dans les écrits de Voltaire.
François Rabelais explique – cocassement – dans Pantagruel pourquoi les lieues sont plus petites en France qu'ailleurs, mais s'étendent à mesure que l'on s'éloigne de Paris.
Dans les contes de fées, les bottes de sept lieues sont des bottes magiques qui s’adaptent à la taille de celui qui les chausse et permettent de parcourir sept lieues en une seule enjambée.
Une lieue marine vaut 3 milles marins, ou 1/20e de degré de latitude soit 5 555,55 m[1]. En vigueur actuellement, cette unité reste peu utilisée[17].
La «nouvelle lieue de Paris» – avec sa définition de 1674 – fut appelée aussi «des Ponts et des Chaussées» après 1737. La «lieue des Postes» fut créée en 1737, tout comme la «lieue tarifaire (du transport de grains)».
Les équivalences en kilomètres sont évaluées sur la base d'un périmètre terrestre de 40 003,2 km. Ce périmètre est toutefois actuellement évalué à 40 075,017 km.
Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris, Errance, , 2eéd., 440p. (ISBN2-87772-237-6, ISSN0982-2720), p.200: «la celticité du mot, en l'absence de corrélats insulaires, est très incertaine».
Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Paris, Éditions Errance, , 239p. (EAN9782877720892), p.196 Une recension de cet ouvrage est faite dans une revue scientifique: Pierre Flobert, «Bibliographie», Études celtiques, 1995/31, p.266-269 (lire en ligne, consulté le )
[du Mesnil 1881] Clément-Edmond Révérend du Mesnil, «La lieue gauloise de la table de Peutinger» (Procès-verbal de la réunion du 12 septembre 1881), Bulletin de la Diana, t.2 (mai 1881 - août 1884), , p.51-57 (voir p. 52) (lire en ligne[sur gallica], consulté en ).
Grand vocabulaire français: contenant l'explication de chaque mot dans ses diverses acceptions grammaticales (…), Par Guyot (Joseph Nicolas, M.), Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort, Ferdinand Camille Duchemin de la Chesnaye; Ed. C. Panckoucke, 1768; Voir l'article Louveterie.