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guerre de 2003 à 2011 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La guerre d'Irak, ou seconde guerre du Golfe, commence officiellement le avec l'invasion de l'Irak (dite opération Liberté irakienne) par la coalition menée par les États-Unis contre le parti Baas de Saddam Hussein. L'invasion conduit à la défaite rapide de l'armée irakienne, à l'arrestation et à l'exécution de Saddam Hussein ainsi qu'à la mise en place d'un nouveau gouvernement.
Date |
– (8 ans, 8 mois et 28 jours) |
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Lieu | Irak |
Casus belli | « Guerre contre le terrorisme » |
Issue |
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Irak (2003-2011) Région du Kurdistan
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Irak (mars - mai 2003) OMPI[1] Jama'at al-Tawhid wal-Jihad Armée islamique en Irak Armée des hommes de la Naqshbandiyya • Brigades de la révolution de 1920 Ansar al-Islam Ansar al-Sunna (2003-2007) • Armée de Mahomet Brigade de l'étendard noir • Armée des Moudjahidines (2004-2011) • Front islamique pour la résistance irakienne (2004-2011) • Hamas en Irak (2007-2011) • Front pour le djihad et la réforme (2007-2011) (et autres) |
Armée du Mahdi (2004-2008) Brigade du jour promis (2008-2014) Kataeb Hezbollah (2008-2011) Asaïb Ahl al-Haq (2008-2011) Brigade Badr • Les soldats du Ciel (2007-2011) • Réseau Sheibani (2003-2010) (et autres) Iran Hezbollah |
George W. Bush Barack Obama Robert Gates Donald Rumsfeld Tommy Franks Ricardo Sanchez George William Casey David Petraeus Raymond Odierno Lloyd Austin Tony Blair Gordon Brown David Cameron Silvio Berlusconi José María Aznar Ghazi Mashal Ajil al-Yawer Jalal Talabani Iyad Allaoui Ibrahim al-Jaafari Nouri al-Maliki Massoud Barzani Babaker Baderkhan Shawkat Zebari Kosrat Rasul Ali |
Saddam Hussein † Qoussaï Hussein † Oudaï Hussein † Ali Hassan al-Majid † Barzan Al-Tikriti † Ezzat Ibrahim Al-Duri Abou Moussab Al-Zarqaoui † Ismail Jubouri (en) |
• Moqtada al-Sadr • Faleh al-Fayadh • Abou Mehdi al-Mouhandis • Mohammad Baqir al-Hakim † • Hadi Al-Amiri • Qais al-Khazali |
16 623 morts 4 489 morts 179 morts 33 morts 23 morts 18 morts 13 morts 11 morts Autres pays de la coalition : 41 morts Sociétés militaires privées 1 002+ morts[4] 1 328 blessés[5],[6] |
21 221 à 26 405 morts (ensemble de la guérilla irakienne, sunnite et chiite, 2003-2011) | Inconnues |
Batailles
Cette guerre est l'une des rares mises en œuvre[10] du concept de guerre préventive, ici menée pour parer à la menace des armes de destruction massive (ADM) dont l'administration Bush affirmait, à tort, détenir la preuve dans un rapport présenté au conseil de sécurité de l'ONU le [11],[12].
Le président George W. Bush déclare officiellement l'achèvement des combats le , sous la bannière Mission accomplie. Toutefois, la violence contre les forces de la coalition conduit rapidement à une guerre asymétrique impliquant plusieurs groupes d'insurgés, des milices, des membres d'Al-Qaïda, l'armée américaine et les forces du nouveau gouvernement irakien.
La guérilla irakienne est menée côté sunnite, principalement par l'Armée islamique en Irak, par les baasistes de l'Armée des hommes de la Naqshbandiyya et par les djihadistes d'Al-Qaïda en Irak qui forment en 2006 l'État islamique d'Irak. Plusieurs milices chiites sont également constituées, la principale étant l'Armée du Mahdi.
Le [13],[14], un attentat contre le sanctuaire Al-Askari à Samarra provoque la première guerre civile irakienne, entre sunnites et chiites, qui fait des centaines de milliers de morts. Elle s'achève en 2008 par la victoire des milices chiites qui prennent le contrôle de Bagdad et chassent la majeure partie de la population sunnite de la capitale, tandis que Nouri al-Maliki forme un gouvernement à la tête du parti islamiste chiite Dawa[15].
À partir de 2009, les États-Unis se désengagent progressivement en finançant notamment les milices sunnites Sahwa afin d'affronter l'État islamique d'Irak. Alors que les milices chiites rallient progressivement le pouvoir, les Sahwa contribuent à marginaliser les djihadistes et à instaurer une relative accalmie en Irak[15]. Le , les forces américaines achèvent leur retrait du pays[note 1],[16]. La coalition militaire en Irak aura duré 3 207 jours, soit huit ans et neuf mois.
Le nombre des victimes du conflit n'est pas connu avec exactitude et varie considérablement selon les études et les estimations qui vont de 100 000 à plus d'un million de morts pour la période 2003-2011, tant parmi les combattants que les civils.
La deuxième guerre d'Irak a été menée sous l'impulsion des États-Unis. Après avoir lancé une offensive en Afghanistan, lieu où Oussama Ben Laden se serait réfugié après les attentats du 11 septembre 2001, et suspectant des liens entre le régime irakien et les terroristes d'Al-Qaïda, George W. Bush charge Donald Rumsfeld et Tommy Franks de constituer un plan d'attaque contre l'Irak. C'est le plan d'opération 1003V, qui est une « évolution » du plan de guerre de la première guerre du Golfe.
Les raisons invoquées officiellement étaient principalement :
En , on révéla qu'il s'agit de plus de 5 000 munitions chimiques qui ont été trouvées[19]. Mais l'Iraq Survey Group (ISG) déclara en 2004 qu'il n'y avait plus aucune production d'arme chimique depuis 1991, ni aucun programme en cours en vue d'en obtenir de nouvelles (voir plus bas), et que seules ont été alors collectées dans tout le pays 500 munitions abandonnées ou oubliées et dans un état dégradé, datant de la guerre Iran-Irak[20],[21],[22].
Mais ces éléments sont contestés par beaucoup d'analystes, journalistes. Les éléments avancés par les États-Unis pour affirmer leurs dires sur la présence d'armes de destruction massive, les recherches visant à fabriquer de telles armes ou encore les liens entre l'Irak et le terrorisme provoquent beaucoup de débats, surtout après la publication du memorandum de Downing Street. De plus, d'autres éléments provoquent des doutes sur les motivations de l'intervention, comme :
On peut donc distinguer deux sortes d'objectifs, les objectifs/enjeux officiels, énoncés lors des discours des représentants de la Maison-Blanche et relatés dans la presse, et l'avis de la doctrine qui s'exprime par des objectifs/enjeux officieux.
Établir le plus rapidement possible un gouvernement de transition (gouvernement provisoire irakien) qui désignerait dans le peuple un gouvernement démocratique représentatif de toutes les communautés irakiennes (chiites, sunnites et kurdes).
Capturer les membres du parti Baas et les juger.
Renverser le régime dictatorial mis en place par Saddam Hussein et sa famille et affecter les biens (palais, argent…) saisis à ceux-ci pour la reconstruction des infrastructures détruites lors de la guerre.
Libérer l'Irak de son dictateur Saddam Hussein, afin que l'Irak devienne un pays uni, stable et libre, appuyer la reconstruction et l'aide humanitaire, minimiser les dommages causés à l'infrastructure du pays et à la population civile, condamner Saddam Hussein pour ses crimes (violation des droits de l’homme), punir l'Irak pour les 16 résolutions des Nations unies qu'elle n'a pas respectées et le non-respect du programme « pétrole contre nourriture 2 ». Promouvoir la démocratie.
Écarter une menace qui pèse sur le monde, due aux capacités qu’a Saddam Hussein à mener une guerre ; neutraliser les armes de destruction massive (biologique, chimique et nucléaire) ainsi que les missiles à longue portée et les autres armements, frapper des cibles militaires sélectionnées, rendre au Koweït des biens (œuvres d’art, matériel militaire) et des prisonniers de guerre, qui ont été dérobés lors de la première guerre du Golfe.
Le , dans un entretien donné à la chaîne de télévision ABC News, le président Georges W. Bush a reconnu, concernant les armes de destruction massives, que « Le plus grand regret de toute cette présidence consistera dans la défaillance du renseignement en Irak. » À la question de savoir si la guerre aurait été lancée s'il avait su que Saddam Hussein ne détenait pas ces armes, le président Bush a répondu : « C'est une question intéressante. Ce serait revenir sur ce qu'on a fait, et c'est une chose que je ne peux pas faire. »[24],[25].
Le 10 septembre 2002, Philip Zelikow (en), proche des milieux gouvernementaux américains, prononce une allocution à l'université de Virginie. Des médias rapportent que, dans cette allocution, Zelikow a dit que l'Irak ne menace pas véritablement les États-Unis mais Israël, et que la véritable menace est passée sous silence par le gouvernement américain parce qu'elle ne se vend pas bien au public. En 2006, John Mearsheimer et Stephen Walt reprennent dans la London Review of Books les propos attribués par les médias à Zelikov. Dans un numéro suivant de la revue, Zelikow, sans nier formellement l'authenticité des citations de son allocution faites par Mearsheimer et Walt ainsi que par leurs sources médiatiques, les accuse d'avoir donné une image tendancieuse de ses propos. Mearsheimer et Walt répondent[26] par cette citation d'un enregistrement de l'allocution : « La menace non dite. Et ici, je critique un peu le gouvernement [Bush], parce que l'argument qu'il ne cesse de donner est qu'il s'agit d'une menace pour les États-Unis. Alors tout le monde répond: ‘Montrez-moi une menace immédiate de l'Irak pour l'Amérique. Montrez-moi pourquoi l'Irak attaquerait l'Amérique ou utiliserait des armes nucléaires contre nous ?’ Eh bien, je vais vous dire quelle est selon moi la menace réelle, et l'a été en fait depuis 1990. C'est la menace contre Israël. Et c'est la menace qui n'ose pas dire son nom, parce que les Européens, je vais vous le dire franchement, ne se soucient pas beaucoup de cette menace. Et le gouvernement américain ne veut pas trop s'appesantir sur elle dans son discours justificatif, parce que ce n'est pas un argument de vente populaire. »
D'autres sources ont attesté que parmi les objectifs militaires figurait, dans l'esprit de certains néoconservateurs influents à la Maison-Blanche, la prévention d'une attaque contre Israël (en écho aux tirs de missiles Scud sur Israël lors de la guerre du Golfe de 1991). Le journaliste Ari Shavit écrivait le dans le journal israélien Haaretz[27] : « La guerre d'Irak a été conçue par vingt-cinq néoconservateurs, juifs pour la plupart, qui incitent le président Bush à changer le cours de l'histoire ». Ari Shavit donnait la parole à un de ces néoconservateurs, William (Bill) Kristol, qui mettait au crédit de l'intervention américaine l'absence d'attaque contre Israël[28].
Détruire les poches de soutien au terrorisme situées en Irak, éliminer un allié d'Al-Qaïda qui aide et protège les terroristes, les finance, et qui procure un refuge pour divers groupes terroristes palestiniens, qui met des armes et des bases militaires à la disposition des groupes terroristes iraniens.
Le , au lendemain des attentats du World Trade Center, George W. Bush convoque des membres de son administration, dont Richard Clarke, afin d’explorer les possibilités de liens entre les attentats du perpétrés par Al-Qaïda et l’Irak. Il demande à savoir si « Saddam avait fait cela » ou « s’il n’y a pas participé de quelque manière que ce soit »[29].
Le , Richard Clarke envoie un mémo à Condoleezza Rice portant le titre « Survey on intelligence information on any Iraq involvement in the September 11 attacks ». Il explique que seules quelques preuves anecdotiques lient l’Irak à Al-Qaïda et précise qu’il n’y a aucune trace concrète de l’intervention de l’Irak dans la préparation ou la mise en œuvre des attaques du . Il se justifie notamment en expliquant que Ben Laden n’aime pas le sécularisme de Saddam Hussein[30].
Pour justifier leurs soupçons sur l’existence de liens entre l’Irak et Al-Qaïda, les services de renseignements américains évoquent différentes rencontres entre Ben Laden ou ses sbires, et des personnalités irakiennes du renseignement ;
Selon les services de renseignements, d’autres rencontres auraient encore eu lieu, dont une au cours de laquelle Saddam Hussein aurait proposé à Ben Laden de s’installer dans son pays. Cette offre aurait été refusée par ce dernier, jugeant sa situation plus favorable en Afghanistan que ce que lui proposait l’Irak[37].
Les rapports font état d’une bonne entente entre Al-Qaïda et l’Irak, mais aucun ne laisse paraître la preuve d’une collaboration entre eux pour s’attaquer aux intérêts américains[38].
Par ailleurs, l’existence d’un lien entre l’Irak baasiste de Saddam Hussein et l’organisation terroriste Al-Qaida aurait eu des implications largement discutables[39].
Protéger les richesses pétrolières qui seront utiles pour la reconstruction du pays et aussi pour le programme « pétrole contre nourriture », arrêt de l’important marché noir[40].
Selon des révélations de l'ancien secrétaire au Trésor Paul O'Neill, reprises par le journaliste Ronald Suskind (The Price of Loyalty), le Conseil national de sécurité de la Maison-Blanche discutait un Plan pour l'Irak après Saddam dès le mois de février 2001, soit quelques semaines après l'arrivée à la présidence de George W. Bush et bien avant les attentats du . Selon ce témoin, « Bush voulait chasser Saddam Hussein à n'importe quel prix »[41].
Installer un régime démocratique qui servira les intérêts des alliés et qui de plus soutiendrait les Occidentaux dans leur lutte contre plusieurs régimes islamiques voisins de l'Irak. À la suite des menaces terroristes, qui se sont exprimées avec les attentats du World Trade Center, et le déclenchement de la guerre contre le terrorisme (Irak et Afghanistan), cela a permis à l'administration Bush de devenir un rempart contre le terrorisme aux yeux de millions d'Américains et a permis le déploiement sans précédent de la puissance militaire américaine et de renforcer l'image de Bush en tant que « patriote » et « défenseur de la nation ».
Placer des troupes alliées et des bases en permanence sur le sol irakien pour ainsi avoir un contrôle sur le golfe Persique, montrer au monde que les Occidentaux sont toujours puissants et qu'ils peuvent agir efficacement et rapidement, libérer des prisonniers de guerre retenus en Irak.
Ce conflit permettrait également à beaucoup d’entreprises européennes et américaines de profiter du pétrole irakien, prendre le contrôle des puits de pétrole du 4e détenteur de réserves ; il s'agirait donc d'une raison motivée par les analystes de la géopolitique du pétrole. Le secteur de l'armement aurait également l'occasion « d'écouler les stocks » et de stimuler la production par une augmentation des « besoins ». Beaucoup d'argent pourrait ainsi être réinjecté dans l'économie, plus spécifiquement dans le secteur de l'armement et des hydrocarbures.
Cette guerre fait suite à la mission de l'ONU en Irak qui avait en charge le désarmement de l'Irak (résolution 1441 (2002), votée à la demande des Américains et des Britanniques) le . Le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas pu se mettre d'accord entre les partisans :
Plus spécifiquement, les arguments américains seront développés comme suit :
Après la guerre du Golfe, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte le la résolution 687 qui, en son article 8, décide que « l'Irak doit accepter inconditionnellement que soient détruits, enlevés ou neutralisés, sous supervision internationale :
Cette résolution 687 met en place le l'United Nations Special Commission (UNSCOM), dont la mission est d'inspecter les installations nucléaires, chimiques et biologiques irakiennes. L'UNSCOM veille au démantèlement des armes de destruction massive irakienne conjointement avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). L'Irak est contraint de remettre toutes ses armes chimiques et biologiques à l'UNSCOM afin qu'elles soient détruites, et a l'obligation de se conforter aux exigences du Traité de 1968 sur la non-prolifération des armes nucléaires. L'UNSCOM, qui a donc une mission d'inspection et de destruction, est à l'origine composée d'experts envoyés par les différents pays. À sa tête se trouve le diplomate suédois Rolf Ekéus, nommé le , qui dirige une équipe de 20 experts provenant d'Autriche, de Belgique, du Canada, de la Chine, de la République tchèque, de Finlande, de France, d'Allemagne, d'Indonésie, d'Italie, du Japon, des Pays-Bas, du Nigeria, de Norvège, de Pologne, de Russie, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Venezuela[44].
Le , l'Irak déclare ses armes chimiques et ses matières premières aux Nations unies, comme exigé dans la résolution 687, et prétend ne pas avoir de programme d'armes biologiques. Mais le , l'Irak aurait admis effectuer des recherches sur des armes biologiques « à but défensif »[45].
Les premières inspections des sites irakiens sont conduites par l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) du 15 au . Les inspecteurs de l'UNSCOM quant à eux débutent leurs inspections le . Divers incidents vont se produire :
Durant l'été 1991, l'UNSCOM obtient des photos aériennes de surveillance de l'Irak qui ont été prises par un avion espion américain Lockheed U-2 de la CIA. Scott Ritter, un des inspecteurs américains de l'UNSCOM, explique « nous avons fait voler un avion U-2 au-dessus de l'Irak. […] Pour nous, c'était une activité mandatée ». En effet, peu de personnes sont compétentes pour utiliser un avion U-2 et, précise-t-il, « Si vous voulez interpréter des photographies, il faut des gens compétents, et ils viennent des gouvernements. Cela étant, qui dans les gouvernements est capable d'interpréter des photographies d'avions U-2 ? Des gens qui travaillent pour des organisations de renseignements, des organisations civiles ou militaires. Donc nous avons recruté ce genre de personnes, nous leur avons demandé de nous aider »[46].
Les inspecteurs de l'Organisation des Nations unies (ONU) et de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont procédé à des inspections des sites irakiens jusqu’en : à cause de l'Operation Desert Fox (Renard du Désert), les inspections sont stoppées et l'UNSCOM quitte l'Irak[44]. Du 16 au , le Président Clinton a ordonné de bombarder l'Irak pour le punir de son manque de coopération avec les inspecteurs des Nations unies : Saddam a survécu aux quatre jours de bombardement, mais ce n'a pas été le cas du programme d'inspection que Saddam était accusé de ne pas respecter[46].
Le , le Conseil de Sécurité des Nations unies a adopté la résolution 1284 qui prévoit la reprise des inspections en désarmement de l'Irak et la suspension des sanctions pour une période de 120 jours renouvelables. Ces inspections ne seront plus effectuées par l'UNSCOM (United Nations Special Commission), mais par une nouvelle commission nommée Commission de surveillance, de vérification et d'inspection des Nations unies (United Nations Monitoring, Verification and Inspection Commission - UNMOVIC). La résolution a été adoptée avec 11 votes pour, et 4 abstentions dont trois membres permanents sur les 5 du Conseil de Sécurité :
L'Irak a rejeté cette nouvelle résolution, principalement parce qu'elle ne respecte pas les conditions pour la levée des sanctions imposées depuis 1990[47]. Malgré l'adoption de la résolution, il n'y a pas eu de retour des inspecteurs en désarmement ni de changement dans le programme humanitaire.
Fin , Washington met en garde Bagdad contre la production d’armes de destruction massive (ADM) : George W. Bush exige la reprise des inspections des Nations unies pour le désarmement en Irak. Les États-Unis exercent une pression de plus en plus élevée sur l’Irak en tentant de convaincre Saddam Hussein de laisser revenir les inspecteurs de l’ONU.
Le , le chef de la diplomatie irakienne a dit que l'Irak refusait le retour des inspecteurs en désarmement demandé par Washington, estimant que seule l'ONU, et non les États-Unis, a le droit de décider de leur retour.
Le , le président américain George W. Bush estime que l'Irak, au même titre que la Corée et l'Iran, fait partie d'un « axe du mal » : « Le régime irakien a comploté pour développer de l’anthrax, des gaz neurotoxiques, et des armes nucléaires depuis plus de dix ans. C’est un régime qui a déjà utilisé des gaz asphyxiants pour massacrer des milliers de ses propres citoyens, laissant les corps des mères courbés sur leurs enfants morts. C'est un régime qui a accepté les inspections internationales puis a expulsé les inspecteurs. C'est un régime qui a quelque chose à cacher au monde civilisé. De tels États et leurs alliés terroristes constituent un axe du mal s’armant pour menacer la paix dans le monde. En voulant acquérir des armes de destruction massive, ces régimes posent un danger grave et croissant. Ils pourraient fournir ces armes aux terroristes, leur donner des moyens égaux à leur haine. Ils pourraient attaquer nos alliés ou faire du chantage aux États-Unis. […] Les États-Unis ne permettront pas aux régimes les plus dangereux de nous menacer avec les armes les plus destructives au monde »[48]. Selon George Bush, l'Irak constitue une menace car il n'a pas hésité à utiliser des armes chimiques contre son peuple et n'hésitera par conséquent pas à les utiliser contre les Occidentaux. Il accuse le régime irakien de poursuivre ses programmes d'armes chimiques et nucléaires secrètement, et ouvre la porte à une action préventive car Saddam Hussein ne se conforme pas aux inspections. Il est donc convaincu que le désarmement imposé au niveau international n'a pas marché.
Le , l'Irak se dit prêt à autoriser la reprise des inspections de désarmement, mais fera marche arrière le estimant que c'était un « complot américain ».
Le , Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies rencontre le ministre irakien des Affaires étrangères afin de négocier le retour en Irak des inspecteurs en désarmement.
Le , le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a indiqué que son pays accepterait le retour des inspecteurs en désarmement des Nations unies, mais seulement si l'ONU définissait les sites à visiter et fixait un calendrier pour leur mission.
Le , le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a dit douter que de nouvelles inspections permettent de lever les doutes sur les programmes d'armes de destruction massive de Saddam Hussein. Elles ne permettront pas, selon lui, d'assurer que le président irakien Saddam Hussein n'est pas en train de développer des armes nucléaires, chimiques ou biologiques. Rumsfeld a expliqué aux journalistes que même lorsque les inspecteurs des Nations unies étaient en Irak dans les années 1990, « la plus grande partie de ce qu'ils ont découvert était le résultat d'informations provenant de transfuges ». La remarque de Donald Rumsfeld reflète les différences de position au sein même de l'administration Bush à propos de la reprise des inspections. Certains hauts responsables craignent en effet que les inspections ne compliquent leur objectif de renverser Saddam Hussein par la force ; tandis que le département d'État a fait pression pour que l'Irak accepte la nouvelle commission des Nations Unies et permette la reprise des inspections qui avaient été abandonnées en 1998. Philippe Reeker, un porte-parole du département d'État, a dit que la politique des États-Unis était de soutenir la commission et les résolutions des Nations Unies qui exigent que l'Irak laisse un « accès libre et inconditionnel » aux sites d'armement suspectés. Selon lui, les inspecteurs « doivent pouvoir agir n'importe quand et n'importe où pour permettre aux inspections de répondre aux normes fixées par le Conseil de Sécurité »[49].
Hans Blix a expliqué que son approche consistera à placer la « charge de la preuve » sur l'Irak. C'est donc l'Irak qui devra démontrer qu'il ne possède pas et ne produit pas d'armes de destruction massive. Par ailleurs, il a dit qu'il y aurait des changements dans la façon de procéder, par rapport aux inspections qui ont eu lieu dans les années 1990[49] :
Hans Blix a par ailleurs fait comprendre qu'aucun système n'était infaillible et qu'il s'attendait à ce qu'une « incertitude » persiste après les inspections[49].
Le , les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies votent la résolution 1441 qui stipule que si Saddam Hussein manque à ses obligations en matière de désarmement, il en découlera de « graves conséquences »[51].
Le , l’Irak accepte que la nouvelle résolution de l’ONU soit mise en application et voit la reprise des inspections dès le lendemain. La CIA, qui espère rendre les contrôles plus efficaces et accroître les chances de trouver des armes de destruction massive, renseigne les inspecteurs sur leurs caches et emplacements probables[52].
La CIA, dans son rapport d’ intitulé « Iraq’s Weapons of Mass Destruction Programs » est très claire sur le sujet : depuis la fin des inspections de 1998 et en violation des résolutions et des restrictions des Nations unies, l’Irak a maintenu ses projets d’armes chimiques, a poursuivi le développement et la production de missiles et s'est investi bien plus encore dans les armes biologiques. La plupart des experts estiment que l’Irak a reconstitué son programme d’armes nucléaires, a repris la production d’agents chimiques (gaz VX, sarin, moutarde…), conservé et développé des missiles, a acquis un moyen d'enrichir l'uranium, etc.[53].
Néanmoins, ce n’est pas l’avis de tout le monde. Ainsi, Joseph C. Wilson, ancien diplomate et chargé de la question de l’Irak, s’est vu confier par la CIA, en , l’enquête sur l’uranium nigérien dont aurait pu se servir Saddam pour son programme nucléaire. Son rapport est clair : il n’a rien trouvé[54].
Cependant, le , l’uranium nigérien refait surface dans un rapport britannique ; ce rapport précise que l’Irak tente de se fournir en uranium dans des pays africains[55]. Et, en , pour prouver devant les Nations unies que l’Irak relance son programme nucléaire, George W. Bush fait usage du rapport britannique[56].
Bien que les agents de la CIA n’aient pas trouvé d’arme de destruction massive, ils restent persuadés que l’Irak en possède. Ils fondent leur conviction en comparant le document de 11 807 pages que l’Irak a remis aux Nations unies dans le cadre de la résolution 1441, déclarant ce que l’Irak possède encore comme armement, avec ce qu’ils ont comptabilisé après la guerre du Golfe de 1991[57].
Entre l'invasion de l'Irak en 2003 et 2011, plus de 5 000 munitions chimiques pour l'artillerie et l’aviation datant d'avant 1991 ont été découvertes dans le pays ainsi que plusieurs tonnes de divers produits chimiques, la moitié environ en 2006[58],[59]. Pour exemple, en 2004, le forces armées polonaises ont trouvé 17 munitions chimiques[60]
Le , le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin déclare dans un discours remarqué que « l'intervention militaire serait la pire des solutions. » Ce discours, qui précède celui de Jacques Chirac à la télévision américaine le , marquera le début d'une campagne antifrançaise menée par plusieurs membres du parti républicain, qu'illustrent bien les Freedom fries, renommées ainsi en lieu et place des French Fries[61]. Devant les réserves de la France et de l'Allemagne, qui rappellent notamment le que « seul le Conseil de sécurité des Nations unies est habilité à […] engager une opération militaire contre l'Irak », les États-Unis suscitent diverses initiatives.
Le , le secrétaire d'État Colin Powell passe devant le Conseil de sécurité des Nations unies pour dévoiler les preuves des activités illicites du régime baasiste. Il fait défiler des photos de camions présentés comme des prototypes de laboratoire mobile de recherche biologique (en) (sur la base des faux renseignements de « Curveball », ingénieur chimiste irakien à l’origine d’une des plus grandes supercheries de l’histoire du renseignement[63],[64]), des photos satellites d’usine d’armes chimiques et de bunkers, l’enregistrement d’une conversation entre des officiers de la garde républicaine irakienne qui parlent d’« agents neurotoxiques » et présente finalement un flacon de poudre blanche : de l’Anthrax. Il insiste : « chacune des déclarations que je fais aujourd’hui s’appuie sur des sources, des sources solides ». Cependant, quand Lewis S. Libby, secrétaire général du vice-président Dick Cheney, avait remis ce discours à Colin Powell, ce dernier l’aurait rejeté en disant : « c’est de la merde, rien ne se tient ! »[65].
Dans un très grand nombre de pays, d'importantes manifestations ont rassemblé la population voulant montrer son refus de l'intervention américano-britannique. Le mouvement a été particulièrement intense en Europe, où, selon les sondages, entre 70 et 90 % de la population était opposée à cette guerre. À Londres, à Barcelone et Madrid particulièrement, les importantes manifestations ont démontré la rupture entre les décisions des deux gouvernements, qui soutenaient la guerre, et la volonté des citoyens, qui étaient massivement contre.
Noam Chomsky pense que c'est « la première fois dans l'histoire occidentale qu'une guerre impérialiste suscite une telle opposition avant même qu'elle ait été lancée »[66].
Le plasticien Phil Hansen a, par la suite, stigmatisé le conflit à travers son portrait-charge de George W. Bush comportant les mentions nominales des soldats américains morts en Irak.
Le gouvernement Bush a été très sensible aux critiques venant de citoyens américains, au point de demander à la CIA des enquêtes et des écoutes téléphoniques illégales pour pouvoir dénigrer publiquement les détracteurs de cette guerre[67].
Les négociations devant les Nations unies pour tenter de trouver une solution pacifique au « problème irakien » n'aboutissent pas. La France, la Russie et la Chine, trois membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, menacent d'utiliser leur droit de veto pour empêcher que l'ONU n'approuve l'intervention armée contre l'Irak. La probabilité qu'une majorité du Conseil de sécurité refuse de suivre les États-Unis et le Royaume-Uni est forte, et ces derniers décident d'attaquer l'Irak sans l'aval du Conseil de Sécurité, ce qui constitue une violation de la Charte des Nations unies. Les forces de la coalition menée par les États-Unis, dont les forces sont déjà prépositionnées dans le golfe Persique et prêtes à intervenir, lancent l'assaut sur l'Irak le . Leur objectif est Bagdad, la capitale irakienne, l'un des piliers du régime de M. Hussein.
Engagement de forces armées lors de l'offensive initiale : États-Unis, Royaume-Uni et Australie.
Pays ayant un rôle actif et significatif dans le soutien logistique, politique et armé : l'Australie, la Bulgarie, la Corée du Sud, le Danemark, l'Espagne jusqu'en (retrait des troupes à la suite des élections législatives), les États-Unis, la Hongrie, l'Italie, le Japon, la Lituanie, les Pays-Bas, les Philippines, jusqu'en (désengagement à la suite de l'exécution d'un otage philippin), la Pologne (fin d'engagement officielle le 4/10/2008), le Portugal, la Roumanie, le Royaume-Uni, la République tchèque, la Slovaquie, la Turquie, l'Ukraine.
En , les 48 pays de la coalition cités par la Maison-Blanche sont : l'Afghanistan, l'Albanie, l'Angola, l'Australie, l'Azerbaïdjan, la Bulgarie, Colombie, la Corée du Sud, le Danemark, la République dominicaine, le Salvador, l'Érythrée, Espagne, l'Estonie, les États-Unis, l'Éthiopie, la Géorgie, le Honduras, la Hongrie, l'Italie, l'Islande, le Japon, le Koweït, Lituanie, la République de Macédoine, les Îles Marshall, les États fédérés de Micronésie, la Mongolie, le Nicaragua, l'Ouganda, l'Ouzbékistan, les Palaos, Panama, les Philippines, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, le Rwanda, Singapour, la Slovaquie, la République tchèque, le Royaume-Uni, les Tonga, la Turquie, l'Ukraine.
Le Costa Rica, initialement inclus, est enlevé après la décision de la Cour constitutionnelle invalidant le soutien apporté par le Président Pacheco[68].
L'Espagne reste engagée seulement un an dans la coalition. Elle y participe initialement sur décision du président du gouvernement José María Aznar, du Parti populaire (PP), tandis que José Luis Rodríguez Zapatero, du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), s'y oppose et s'engage à rapatrier le corps expéditionnaire s'il accède au pouvoir. Ayant remporté les élections générales du 14 mars 2004, il confirme cet engagement et les troupes déployées en Irak reviennent au pays à la fin de l'année.
L'engagement australien : lors de l'invasion de l'Irak en , l'Australie menée par le conservateur John Howard lance l'opération Bastille, en envoyant environ 2 000 hommes, trois navires de guerre et une quinzaine d'avions de chasse. Pendant la campagne électorale de l'automne 2004, l'opposition travailliste avait promis de ramener les soldats australiens au pays. La victoire du parti de John Howard, allié de George W. Bush, aux élections législatives d' a prolongé le soutien à l’opération américaine en Irak (environ 850 Australiens sur place en 2004) jusqu'à la fin de la mission militaire le [69].
En , les forces non-américaines, représentent environ 10 % des effectifs.
Outre le Royaume-Uni, les nations ayant alors des forces en Irak sont (dans l'ordre décroissant des effectifs) : la Corée du Sud, l'Australie, la Pologne, la Roumanie, le Danemark, le Salvador, la Géorgie, l'Azerbaïdjan, la Bulgarie, la Lettonie, l'Albanie, la Slovaquie, la République tchèque, la Mongolie, la Lituanie, l'Arménie, la Bosnie-Herzégovine, l'Estonie, la Macédoine, le Kazakhstan et la Moldavie soit plus de 14 000 militaires[70].
Des nations comme le Japon ont retiré à cette date leurs forces terrestres mais contribuent à la logistique de l'opération.
En 2010, hors un contingent américain dont le retrait est annoncé, il reste environ 150 Britanniques ayant un rôle de formateurs.
Le , à 5 h 34 du matin heure de Bagdad, l'invasion de l'Irak débute sans déclaration de guerre[71]. Le , à 21 h 37, soit quelques heures après la fin de l'ultimatum de 48 heures qui demandait au président irakien Saddam Hussein ainsi qu'à ses fils Oudaï et Qusay de quitter l'Irak, les États-Unis ont lancé des missiles sur Bagdad.
L'Irak réplique en envoyant sur le Koweït, à partir d'une vedette rapide de fabrication soviétique dissimulée dans le littoral, plusieurs missiles anti-navires HY-2. Au total, l'armée irakienne lance une vingtaine de missiles balistiques en direction du Koweït, où est prépositionnée une bonne partie des forces de la coalition. La plupart sont interceptés par des batteries de missiles MIM-104 Patriot ou tombent dans des zones inhabitées. L'un d'eux, cependant, tombe près du quartier général de la 1st Marine Expeditionary Force américaine, le à 7h18 UTC[72].
La stratégie de la coalition consiste d'abord en des bombardements ciblés et répétés de la capitale irakienne et autres villes importantes, visant à la fois à terroriser les Irakiens (l'espoir de la coalition étant de voir des désertions massives dans l'armée irakienne ou un soulèvement de la population irakienne) et à détruire les systèmes de défenses du pays. Les bâtiments les plus bombardés sont les palais présidentiels (en)[73] et les édifices du parti Baas, ainsi que les casernements que les forces armées irakiennes avaient évacuées plusieurs semaines auparavant[réf. nécessaire], et les systèmes fixes de communications irakiens. Les forces de la coalition passèrent à l'offensive terrestre à partir de 18 h 30 UTC quelques heures après le début les bombardements aériens contrairement à ce qui s'était passé lors de l'opération Tempête du désert[74].
Parallèlement aux bombardements aériens, trois divisions de l'US Army, la 1re force expéditionnaire de Marines américaine (I Marine Expeditionary Force[75] de l'US Marine Corps et la 1re division blindée britannique[76] de la British Army, comptant 100 000 hommes de troupe et des milliers de blindés sous le commandement de l'United States Central Command stationnés au Koweït, entrent dans le pays essentiellement par la frontière sud et affrontent trois des dix-sept divisions de l'Armée régulière irakienne (chaque division irakienne étant d'une force militaire équivalente à un régiment de la coalition[note 2], soit à un régiment mécanisé en combat rapproché[note 3], soit à un régiment d'infanterie légère[note 4][réf. nécessaire][77][réf. nécessaire], et les onze autres au Kurdistan[réf. nécessaire]) et ne disposant pas d'une logistique leur permettant de se déplacer à plus de quelques dizaines de kilomètres de leur garnison[réf. nécessaire])) et quatre des six divisions de la Garde républicaine (chaque division de la Garde étant d'une force militaire équivalente à une brigade de la coalition : au total, trois Brigades blindées en combat rapproché[note 5] et 1 Brigade d'infanterie motorisée[note 6][réf. nécessaire][note 7]) ; les diverses milices, tels les fedayins de Saddam, essentiellement chargées d'assurer la garde statique de points sensibles, n'ont pratiquement pas eu l'occasion de combattre.
Des combats sont menés pendant plusieurs jours dans les villes d'Umm Qasr et de Nassiriya, pendant près de deux semaines à Bassorah, la résistance des Irakiens, combattant exclusivement en milieu urbain ou semi urbain, étant plus forte que ce que l'état-major de la coalition ne l'avait escompté. En particulier, des commandos irakiens (ou des forces spéciales irakiennes) tiennent des quartiers d'Umm Qasr pendant presque une semaine[réf. nécessaire], et les forces de l'armée régulière irakienne à Bassorah composé de la 6e division blindée irakienne et de la 51e division mécanisée irakienne de la coalition. Les forces irakiennes de Bassorah étaient seulement appuyées par une artillerie du volume total d'un bataillon (canons tractés D-20 et/ou D-30) et ne disposaient d'aucun appui aérien[réf. nécessaire], « fixèrent » la 1re division blindée britannique[76] flancgardée sur sa droite par la 3 Commando Brigade des Royal Marines débarquée à Faw, et disposant de l'appui aérien de la coalition) dans les faubourgs de cette ville[note 8] pendant toute la durée du déplacement des forces américaines vers Bagdad[réf. nécessaire], et empêchèrent ainsi cette division blindée britannique de participer à l'offensive sur Bagdad au côté des forces américaines, comme cela était très probablement initialement prévu[78] ; une fois leur mission accomplie, les forces irakiennes de Bassorah ne se rendirent pas, mais « s'évaporèrent »[réf. nécessaire], alors qu'elles avaient certainement la possibilité de tenir encore plus longtemps. De même, une force de l'armée régulière irakienne de Nassiriya, composé de la 11e division irakienne d'infanterie, appuyée par un petit nombre de mortiers, ne disposant pas de blindés, s'opposa avec succès à Nassirya, pendant près de trois jours, au franchissement à cet endroit de l'Euphrate par une brigade de l'US Marine Corps disposant pourtant de moyens très supérieurs sur le plan de la qualité[réf. nécessaire]. L'infanterie mécanisée américaine, fortement blindée, avec ses chars lourds de combat Abrams, ses VCI Bradley, accompagnée d'une très puissante artillerie lourde (automoteurs M109 howitzer et lance-roquettes multiples M270) et disposant d'une suprématie aérienne totale, a ensuite contourné les villes dans leur marche vers Bagdad. L'objectif était d'atteindre le plus rapidement possible le point central du régime, en espérant qu'une chute de la capitale entraînerait la reddition des foyers de résistance partout ailleurs.
En parallèle, dans la région du Kurdistan, la coalition avait initialement prévue que la 4e division d’infanterie mécanisée de l'US Army venue de la province de Mardin en Turquie, division assez légère mais la plus moderne de toute l'armée américaine au point de vue de son informatisation (mais encore en cours d'expérimentation), « fixe » dans cette région, avant l'invasion, une partie importante de l'armée irakienne, cette division ayant pour mission, soit de menacer Bagdad dans l'hypothèse où l'armée régulière irakienne se trouvant au Kurdistan se serait rendue, soit de « fixer » pendant toute la durée de l'invasion, et jusqu'à la chute de Bagdad, une partie importante de l'armée irakienne dans cette région, les forces kurdes du PDK et du UPK devant dans le même temps menacer Mossoul et Kirkouk[réf. nécessaire]. Cette division n'est finalement pas autorisée à débarquer en Turquie et, devant rejoindre le Koweït par bateau, arrivera après la fin des combats.
Face à cette menace, les Irakiens avaient massé à l'ouest de Bagdad onze divisions de l'armée régulière irakienne et deux divisions de la Garde républicaine[réf. nécessaire] : en première ligne, face à la frontière avec la Turquie, les forces irakiennes étaient équivalentes à deux brigades d'infanterie motorisée de la coalition, auxquelles il faut ajouter des groupes paramilitaires dans Mossoul et Kirkouk ; en seconde ligne, des forces équivalentes à trois brigades de la coalition se trouvaient sur chacun des trois axes routiers menant du Kurdistan à Bagdad. Les forces en présence étaient relativement équilibrées, voire légèrement à l'avantage des défenseurs irakiens, bien que la suprématie aérienne de la coalition lui donnait certainement en réalité l'avantage ; néanmoins, au cas où l'armée régulière irakienne aurait décidé de combattre, il est peu probable que cette Grande Unité américaine, « expérimentale » et dont tous les équipements n'étaient pas encore opérationnels, aurait réellement cherché à l'affronter et à la réduire, par souci de limiter ses pertes en vies humaines[réf. nécessaire]. Finalement, moins d'un mois avant la date de l'invasion, la Turquie n'autorisa pas les forces terrestres américaines à opérer depuis son territoire ; néanmoins, compte tenu de la faiblesse de la logistique irakienne, la plus grande partie de l'armée irakienne du Kurdistan fut forcée de demeurer sur place, à l'exception de quelques unités de la Garde républicaine qui furent envoyées en renfort des unités de la Garde qui assuraient la défense de Bagdad[réf. nécessaire]. En remplacement de cette Division d'infanterie mécanisée, l'armée américaine envoya au Kurdistan une Brigade aéroportée, principalement destinée à empêcher une intervention de l'armée turque dans cette région et à contrôler l'action des forces kurdes du PDK et du UPK[réf. nécessaire] ; cette Brigade, en conformité avec une tactique que l'armée américaine avait déjà utilisée en Afghanistan, se contenta de suivre et d'appuyer si nécessaire les forces kurdes, sécurisant par exemple les ponts, forces kurdes qui avaient maintenant pour objectif la prise des villes de Mossoul et de Kirkouk. Les forces de l'armée régulière irakienne n'opposèrent pratiquement aucune résistance aux forces kurdes, ayant probablement eu pour consigne (pour motiver ses soldats dans une guerre qui se voulait être une « guerre de défense nationale » et non pas une guerre de défense du régime ou une guerre civile) de ne combattre que les forces « étrangères », les Kurdes étant alors considérés par les Irakiens comme des Irakiens[réf. nécessaire], et les villes de Mossoul et de Kirkouk furent pratiquement prises sans combat, après que les forces de l'armée régulière irakienne se furent (tout comme les autres forces de l'armée irakienne, qui ne se rendirent jamais, à l'exception, à la fin des hostilités, des généraux commandant des régions militaires) « évaporées »[réf. nécessaire].
Dans les mois qui avaient précédé l'invasion, les forces de la coalition avaient fait courir le bruit d'une possible vaste opération aéroportée qui, depuis le désert irakien situé près de la frontière jordanienne, aurait pu conduire une offensive sur Bagdad en passant par Falloujah ; en réalité, cette opération, demandant des moyens très importants, en particulier au niveau de la logistique, et très risquée si les Irakiens avaient décidé de mettre en place des troupes sur les aérodromes qui auraient dû dans ce cas être utilisés par les forces de la coalition, ne semble jamais avoir été réellement planifié, et les Irakiens ne semblent pas y avoir réellement cru[réf. nécessaire] ; ils placèrent néanmoins quelques troupes à Falloujah, ville qui pouvait, de toute manière, être menacée par des troupes de l'US Army si celles-ci avaient décidé de se flanc garder sur leur aile gauche lors leur attaque principale sur Bagdad par le Sud[pas clair]. En fait, la coalition se contenta d'envoyer quelques forces spéciales dans cette région désertique uniquement défendue côté irakien par des gardes frontières. Les forces spéciales américaines se contentèrent de progresser vers le nord, afin de contrôler la frontière de l'Irak avec la Syrie et d'empêcher ainsi une fuite éventuelle des dirigeants irakiens en direction de la Syrie, si ceux-ci avaient décidé de faire une telle tentative[réf. nécessaire].
Après seulement 19 jours de déplacement et au prix de quelques combats (depuis le départ du Koweït), l'armée américaine a bousculé facilement au sud et à l'est de Bagdad des unités de la Garde républicaine[réf. nécessaire] (entièrement composées de militaires professionnels, en majorité, ou presque exclusivement, des sunnites[réf. nécessaire]), principalement équipées de chars moyens T-72 Lion de Babylone, de véhicules de transport de troupes (VTT) BTR à roues, de véhicules de combat d'infanterie (VCI) BMP-1 et de VCI BMP-2, ne dépassant jamais un volume équivalent à un escadron blindé des forces de la coalition[réf. nécessaire], unités combattant de façon isolée et apparemment très mal commandées au niveau du commandement de la Garde républicaine[note 9] ; le commandant des opérations (civil) de la région militaire centre, incluant en particulier les régions de Bagdad, de Tikrît, de Baqubah et de Kut, défendue par la garde républicaine, était Qoussaï Hussein[réf. nécessaire], l'un des deux fils de Saddam Hussein. L'armée américaine a alors pénétré dans Bagdad, menant des attaques contre des bâtiments symboliques du gouvernement irakien, alors que le premier plan du Pentagone aurait prévu de parvenir à 80 km de la capitale après 47 jours. Pendant le déboulonnement de la statue de Saddam Hussein, celui-ci se trouve à quelques kilomètres de là dans un quartier de Bagdad, où il exhorte ses troupes aux combats; c'est sa dernière apparition connue avant son arrestation[79]. L'armée américaine a pris le contrôle de la capitale avec une série de raids blindés qui ont facilement réduit une faible résistance, mal organisée, de la Garde républicaine chargée de la protection des palais présidentiels, et de divers groupes paramilitaires.
Le régime de Saddam Hussein est tombé dans les jours suivants. Les dernières poches de résistance armée n'ont alors pas tardé à tomber.
Les troupes de la coalition recherchent ensuite les hauts responsables du gouvernement irakien déchu (symbolisés à travers les figures d'un jeu de cartes). Certains peuvent être arrêtés rapidement, d'autres ne sont pris qu'au bout de plusieurs mois, en particulier les deux fils de Saddam Hussein, Udaï et Qusaï (tués tous deux le ). En , sur les cinquante-cinq plus hauts dignitaires de l'ancien régime, seuls onze sont encore en fuite. Parmi eux se trouve Ezzat Ibrahim al-Douri, le « roi de trèfle », dont la mort a été annoncée à plusieurs reprises mais qui serait encore actif en Irak, dans la clandestinité, en 2015.
Saddam Hussein, quant à lui, est arrêté dans une cave par l'armée américaine à Tikrit dans la nuit du 13 au , avec l'aide de Kurdes. Après avoir été jugé par le Tribunal spécial irakien, il est pendu le au matin.
Une des grandes premières de cette guerre a été sa très grande médiatisation. Certains journalistes étaient présents aux premières lignes, intégrés ou aux côtés des troupes de la coalition, ou dans des zones potentiellement dangereuses. Seuls les journalistes embarqués avaient directement accès au front, et leur neutralité a été mise en cause pour des raisons psychologiques et d'indépendance.
Les journalistes embarqués devaient s'engager à respecter des règles destinées à protéger le personnel militaire contre les informations qui pourraient potentiellement porter atteinte à leur sécurité durant les opérations de combat. Selon le Combined Press Information Center du Multi-National Forces-Iraq (MNF-I), le but de ces règles n'est pas d' « empêcher la publication d'informations embarrassantes, négatives ou de dénigrement » ou de porter atteindre au droit des médias de couvrir les opérations de combat ; le CPIC considère que « durant une opération, des informations spécifiques sur les mouvements, des tactiques et la disposition des forces alliées qui pourraient mettre en péril la sécurité ou la vie ne doivent pas être diffusées ». À ce titre, les médias ne peuvent pas rapporter l'appellation des unités, les noms des opérations et la taille des forces alliées impliquées, avant que cela n'ait été rendu public par l'unité opérationnelle ou le MNF-I. Les règles à respecter par les journalistes sont inscrites dans la directive 5122.5 « News Media Ground Rules » du département de la Défense. Parmi ces règles, il est prévu que :
Une partie importante de la presse internationale était rassemblée au plein cœur de Bagdad, dans l'hôtel Méridien-Palestine. Le , deux journalistes qui filmaient à partir des fenêtres de cet hôtel tombent victimes d'un obus tiré par un tank américain : l'Ukrainien Taras Protsyuk de l'agence Reuters et l'Espagnol José Couso, de Telecinco. Le même jour, Tarek Ayoub, journaliste à la chaîne Al Jazeera, est tué par un missile tiré d'un avion américain alors qu'il filmait depuis le toit de sa maison[81].
La presse était surtout bienvenue pour les opérations de propagande. Ainsi, la libération de la militaire Jessica Lynch d'un hôpital irakien, où elle est alors soignée après avoir été gravement blessée le lors d'une embuscade, est présentée comme une opération de sauvetage à haut risque, filmée par des caméras à vision nocturne, alors qu'il n'y a aucune présence militaire irakienne dans la zone. Cette mise en scène hollywoodienne et l'énorme médiatisation subséquente servirent à l'administration Bush pour justifier la guerre. Dans des entrevues au Time et à CNN, Jessica elle-même reconnaît que toute l'opération menée contre l'hôpital avait été une mise en scène[82],[83].
Une autre conséquence de la médiatisation de cette guerre est le bruit qui a couru, et qui s'est confirmé, à propos des tortures dans les prisons d'Abu Ghraib, à l'ouest de Bagdad.
La fin de l'opération de guerre conventionnelle est savamment orchestrée lors d'un discours du président prononcé le sur le pont d'un porte-avions nucléaire sur lequel on peut lire la bannière Mission accomplie ; le président américain le prononce sur un ton victorieux après avoir atterri avec un Lockheed S-3 Viking.
La position officielle de la France, qui est contre une telle invasion armée, aura pour conséquence l’émergence d’un fort sentiment anti-français en Amérique[84]. Ce sentiment a été poussé autant par les différents acteurs politiques du pays que par les médias américains d’eux-mêmes.
Le développement du sentiment anti-français à partir de 2003 a plusieurs similarités avec celui qui s’est développé vers la fin années 1790 durant la quasi-guerre de 1798 à 1800 qui a opposé la France aux États-Unis. Cette quasi-guerre prend ses origines par rapport à la neutralité des États-Unis dans la guerre opposant à l’époque la France du Royaume-Uni ainsi que le refus des américains de payer la dette contracté à la France. Cela ira jusqu’à la coupure des relations diplomatiques entre les deux pays, mais les pertes humaines seront tout de même relativement faibles[84]. Cependant, lors des deux crises, on retrouve des déclarations des plus hauts niveaux du gouvernement américain qui présentent la France comme un antagoniste des États-Unis. En 1798, c’est le président John Adams lui-même qui fait des appels aux armes contre les français devant des assemblées municipales et des compagnies de milice, alors que des représentants du Congrès prônent a leur tour une « guerre ouverte et mortelle avec la France »[85]. En 2003, on retrouve également des réactions similaires des hauts responsables d’État américains, avec le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld qui déclarera que « La France a été un problème », la volonté de la secrétaire d’État Condoleezza Rice de « punir la France » ou encore Colin Powell qui affirmera que la France aura à souffrir de son opposition à la guerre[84]. Tout cela aurait grandement incité l’éditorialiste Thomas Friedman du New York Times à écrire dans le journal ces lignes : « Il est temps pour nous, Américains, de nous rendre à l'évidence : la France n'est pas seulement notre alliée gênante. Elle n'est pas seulement notre rival jaloux. La France est en train de devenir notre ennemi ».
En 1798 comme en 2003, les médias américains diffusent des images dépréciatives de la France et de ses français dans l’objectif de monter l’opinion publique américaine contre celle-ci. En 1798, on remarque que les trois quarts de la presse américaine soutiennent la position de l’État contre la France[85]. Des journaux fédéralistes tels que The Boston Gazette ou encore le New York Commercial Advertiser deviennent des endroits clés de la sphère publique pour faire émerger les rumeurs d’une invasion imminente des États-Unis par des troupes françaises. Alexander Hamilton écrira dans sa série d’articles intitulée The Stand : « Comme le prophète de La Mecque, les tyrans de France se pressent en avant avec l’alcoran de leur foi en main et l’épée dans l’autre »[86]. Cette association entre la France et un prétendu envahisseur musulman sera largement réutilisée en 2003, la presse américaine voyant la réticence de la France à envahir l’Irak comme une preuve de son amitié avec cette dernière. Des prétendus fuites (qui se révéleront être fausses) accusant la France d’avoir vendu du matériel militaire à l’Irak donneront du souffle à une vaste campagne de désinformation visant la France auxquels participeront des journaux controversés tels que The Washington Times ou le New York Post mais aussi des journaux plus prestigieux et avec un plus vaste lectorat, comme The Washington Post et The New York Times[87]. Entre autres, Christopher Hitchkens décrit Jacques Chirac dans le Wall Street Journal comme un « monstre de vanité », un « abject avocat de Saddam » ou encore comme « le rat qui a tenté de rugir »[88]. Cette campagne de désinformation vise surtout à déshumaniser les français aux yeux de l’opinion publique américaine et à en créer des sortes de « monstres » allant directement à l’encontre du nationalisme américain et de ses valeurs, ce qui fait écho au traitement médiatique américain de la quasi-guerre de 1798[84]. En effet, c’est également de cette façon que le portrait de la France y est peint, avec par exemple la caricature du « Cinq-têtes ou le monstre parisien » où l’on retrouve un homme aux 5 têtes hideuses censées représenter le barbarisme et la tyrannie terrorisante de la France[84]. À la télévision, le comédien Conan O’ Brien ironise à la très écoutée émission Late Show : « Vous savez pourquoi la France refuse de bombarder Saddam Hussein ? Parce qu’il déteste l’Amérique, adore les maîtresses et porte un béret. Il EST français les gens ! »[89]. En bref, on continue de présenter la France comme une nation caractérisée par sa décadence, sa lâcheté et son incompétence.
De nombreux efforts ont été mis en œuvre pour localiser et détruire les armes chimiques irakiennes. Durant l'Operation Desert Storm (1990-1991), la plupart des sites de production d'armes chimiques ont été fortement bombardés, mais de grandes quantités de munitions remplies ou vides et de composants chimiques sont restées sous le contrôle du régime à la fin de la guerre[90].
Après la guerre de 1991, et sous la pression de l'Agence International de l'Énergie Atomique (AIEA), l'Irak a décidé unilatéralement de détruire les armes qu'elle avait caché aux Nations unies. L'Irak aurait achevé la destruction non supervisée de ses stocks d'armes chimiques non déclarées à la fin 1991. Une grande partie de ses stocks auraient été détruits en . Cependant, le nombre et le type d'armes que l'Irak a détruit n'a pas pu être vérifié[90].
En 1992, la Commission Spéciale sur l'Irak (UNSCOM) a mis sur pied le Chemical Destruction Group (CDG), qui a opéré en Irak de 1992 à 1994, puis de nouveau en 1996. Ce groupe d'experts était chargé de détruire tous les agents chimiques déclarés par l'Irak, les munitions remplies et les matières premières (précurseurs chimiques) de l'ancien programme d'armes chimiques. Sous la supervision du Chemical Destruction Group, toutes les munitions chimiques déclarées devaient être détruites au complexe Al Muthanna. Le Chemical Destruction Group a supervisé la destruction de 30 000 pièces d'artillerie, 480 000 litres d'agents chimiques et plus de deux millions de litres de précurseurs chimiques[90].
Pendant l’Operation Iraqi Freedom qui a débuté en , les forces de la coalition ont systématiquement identifié, consolidé et détruit les munitions ennemies trouvées en Irak, afin d'éviter qu'elles ne soient réutilisées notamment pour la fabrication de dispositifs explosifs artisanaux (Improved Explosive Ordnance - IED). Plusieurs dizaines de caches d'armes ont été découvertes par les forces de la coalition. Chaque fois qu'une telle découverte a été réalisée, les munitions ont été identifiées et déplacées vers un des sept dépôts où elles ont été détruites, ou ont été détruites sur le lieu de leur découverte. En , la coalition a mis sur pied l'Iraq Survey Group (ISG) chargé d'enquêter sur les anciens programmes d'armes de destruction massive irakiens. Une partie de l'enquête de l'ISG consistait à surveiller les opérations qui se déroulaient dans les sept dépôts de munitions ennemis capturés afin de dresser l'inventaire des munitions irakiennes, et si possible les munitions qui pourraient servir d'armes de destruction massive. Rendant ses conclusions en , l'Iraq Survey Group a déterminé avec une quasi-certitude qu'aucune arme chimique n'avait été découverte ou détruite[90].
Richard Butler, diplomate australien et chef de la Commission spéciale des Nations unies (UNSCOM) chargé des recherches sur le sujet après la guerre du Golfe, dont certains [réf. nécessaire] affirmeraient qu'il aurait été à l'origine, ou couvert, [réf. nécessaire] la communication au Pentagone du contenu militaire (plans détaillés de l'intérieur des installations industrielles inspectées en Irak par les inspecteurs en désarmement de l'UNSCOM, ayant permis la programmation des bombes guidées par GPS utilisées pour la destruction de ces installations en 1998 et en 2003 [réf. nécessaire]) des rapports d'inspection qui étaient exclusivement destinés à l'ONU, a publié un livre en 2000, intitulé The Greatest Threat: Iraq, Weapons of Mass Destruction, and the Crisis of Global Security (ISBN 1-58648-039-1). (« La plus grande des menaces : les ADM de l'Irak et la crise pour la sécurité globale »). Dans ces pages, il explique que les inspecteurs ont découvert en 1998 que l'Irak produisait du gaz VX. L'Irak avait démenti, puis admis en avoir produit seulement 200 litres, puis 3 900 litres mais sans toutefois être en mesure de les utiliser comme armes[réf. nécessaire].
En 2002, les inspecteurs de l'ONU ont résumé ce qu'ils avaient trouvé en Irak, dans un rapport écrit par l'analyste Kenneth Katzman. Entre 1991 et 1994, les inspecteurs ont découvert quarante laboratoires secrets de recherche nucléaire ainsi que trois programmes clandestins d'enrichissement d'uranium[réf. nécessaire].
Hans Blix, le , a affirmé dans son rapport que les inspecteurs de l'ONU avaient découvert, fin 2002, que l'Irak de Saddam Hussein produisait du gaz VX ainsi qu'un gaz proche du gaz moutarde, le thiodiglycol ainsi que des missiles balistiques tactiques[réf. nécessaire].
Une catégorie de ces missiles sont des missiles Al Samud (Résistance en arabe, missile balistique tactique « Short Range Ballistic Missile » (SRBM) « sol-sol » dérivé du missile « sol-air » soviétique SA-2 Guideline, conçu, mis au point et fabriqué par les Irakiens), lancés à partir de plates-formes de lancement mobiles réalisées en Irak, missiles qui avaient été développés en toute légalité par l'Irak sous le contrôle des inspecteurs de l'UNSCOM à partir de 1994, qui estimaient en 1998 que sa portée réelle était de 149 km, en conformité avec la Résolution 687 de l'ONU qui fixait à 150 km la portée maximale des missiles que pouvait détenir, fabriquer ou développer l'Irak, mais dont les structures semblent avoir été allégées après 1998, ce qui aurait donné aux modèles de production une portée pouvant atteindre 160 km ou 190 km selon les versions[91].
Une dizaine a été détruite devant les médias quelques semaines avant l'invasion. Une douzaine a été capturée le par les forces américaines.
Une version du FROG-7, le Ababil-100/Al Fatah, d'une portée maximale déclarée par l'Irak de 161 km, a été construite à environ 95 exemplaires entre 2001 et 2003[92]. Ils ont été utilisés durant l'invasion contre le Koweït, sans pertes, et contre le Quartier Général de la 2e brigade de la 3e division d'infanterie des États-Unis le tuant 3 soldats, 2 journalistes, blessant 14 autres militaires et détruisant 22 véhicules[93],[94],[95],[96].
À partir de , aux États-Unis et au Royaume-Uni, plusieurs enquêtes sont en cours afin de déterminer les responsabilités dans le dévoilement de fausses informations, tels les rapports d'avant-guerre exagérés sur la présence d'armes de destruction massive en Irak, raison qu'avaient invoquée les États-Unis et le Royaume-Uni pour justifier leur intervention armée. La CIA est mise en cause. Des équipes de la CIA ont été envoyées en Irak pour trouver des preuves, après plus de deux mois de recherches infructueuses.
Différentes commissions s'ouvrent courant , au Royaume-Uni et aux États-Unis, à propos des faux documents confirmant la présence d'armes de destruction massive soumis par ces gouvernements à leur population.
Le , Dick Cheney, vice-président américain, réaffirme que le régime de Saddam Hussein était lié au réseau terroriste Al-Qaïda. Il maintient également que l'Irak poursuivait des programmes de développement d'armes de destruction massive (ADM), bien qu'aucune preuve n'ait été découverte après plus de 6 mois de présence sur le territoire irakien par l'armée américaine et ses alliés [réf. nécessaire].
Le , David Kay (en), chargé de la recherche d'armes de destruction massive en Irak par le gouvernement des États-Unis, démissionne et proclame qu'il n'y a pas eu production d'armes de destruction massive depuis la fin de la première guerre du Golfe - tout en ne condamnant pas l'intervention militaire. George Tenet, directeur de la CIA, nomme un remplaçant, Charles Duelfer (en). Colin Powell confirme finalement qu'il y a peu de chances qu'il y ait eu des armes de destruction massive en Irak. Peu avant cette démission, le premier ministre britannique Tony Blair se réaffirmait convaincu de la présence d'ADM en Irak devant des journalistes.
Le , Charles Duelfer rend un rapport public dans lequel il affirme que le régime de Saddam Hussein ne possédait pas d’armes de destruction massive et n'en avait pas fabriqué depuis 1991, et surtout qu'il ne disposait pas non plus de la capacité d'en produire, comme les inspecteurs de l'ONU sur place en avaient acquis la certitude [réf. nécessaire]. Le rapport crée un scandale international en mentionnant le nom de personnalités soupçonnées d'avoir bénéficié de fonds occultes de la part du régime de Saddam Hussein, notamment l'homme politique français Charles Pasqua.
Le , le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan, annonce la fin de la mission américaine de recherche d'armes de destruction massive en Irak, sans avoir trouvé trace d'armes prohibées[réf. nécessaire].
Le chef inspecteur de la mission de l'Iraq Survey Group (ISG), Charles Duelfer, témoigne que « l'on ne peut pas écarter la possibilité que les ADM aient été transférées en Syrie. » Il cite « un nombre important de preuves crédibles[97] ».
L'ISG affirme dans son rapport que parmi les ADM recherchées, figureraient quatre-vingt tonnes de gaz moutarde qui ont disparu des entrepôts irakiens[98].
Environ 5 000 munitions chimiques, essentiellement des obus de 155 mm, des roquettes al-Borak de 122 mm et des bombes pour avions datant d'avant 1991 ont été découvertes dans le pays, ainsi que plusieurs tonnes de divers produits chimiques en date de 2010, la moitié environ en 2006[58],[99].
En 2006, le général George Sada, deuxième adjoint des forces aériennes irakiennes sous la présidence de Saddam Hussein, a écrit un livre, Saddam's secrets, dans lequel il explique qu'il a recueilli les témoignages de pilotes de Boeing 747 qui ont utilisé leurs avions pour transporter des ADM en Syrie, en [100]. Une colonne de camions a fait également le trajet, avec le matériel le moins lourd. La CIA a effectivement des images satellites montrant des colonnes de camions irakiens traversant la frontière, à la même période[101].
John Loftus, ancien procureur fédéral des États-Unis, a publié un rapport fin 2007[102] sur les collusions entre le régime bassiste et les envois d'enveloppes contaminées au bacille du charbon et la présence, selon lui, d'ADM en Irak en 2003. Cependant Bruce Ivins, un des principaux chercheurs du laboratoire P4 militaire de Fort Detrick (Maryland), spécialisé dans les armes biologiques et auteur d'un vaccin contre le bacille du charbon se suicidera en 2008, surveillé depuis un ans en tant qu'auteur présumé des envois de Bacille.
Une des sources d'informations, Rafid Ahmed Alwan al-Janabi (surnommé « Curveball »), ingénieur chimiste irakien, qui a fait défection en Allemagne en 1999 et a été interrogé par le BND a fourni de faux renseignements accréditant l'existence d'un programme d'armement biologique. Cela fut révélé au grand public en 2007[103] et il confirmera avoir menti en [104].
En , Tony Blair, fit part de ses regrets face à la guerre en Irak, en particulier en raison des informations erronées qui avaient conduit à l’option militaire[105].
Différentes conclusions montrent que le Royaume-Uni a été trompé par les États-Unis[106]:
Après leur victoire, les troupes de la coalition ont cherché à stabiliser la situation en Irak en installant un gouvernement militaire provisoire, l'autorité provisoire de la coalition. Néanmoins, la population est massivement hostile aux troupes de la coalition et des conflits surviennent. En outre, la majorité des villes se trouvent dans une situation difficile : pillages, affrontements, règlements de compte…
En , l'ancien chef du Commandement central américain, le général Tommy Franks, décide de suspendre la peine de mort en Irak.
Le , la résolution 1483 voté par le conseil de sécurité des Nations unies demande aux puissances occupantes de travailler à la formation d'une administration provisoire « jusqu'à ce qu'un gouvernement internationalement reconnu et représentatif puisse être établi par le peuple irakien ». Le , l'administrateur américain en Irak, Paul Bremer, annonce la dissolution de l'armée irakienne et d'autres organismes de sécurité de Saddam Hussein, ce qui sera considéré par la suite comme une grave erreur. Cette mesure touche près de 400 000 militaires irakiens[108], qui pour la plupart n'avaient que l'armée comme source de revenus. Peu après, il ordonne la dissolution du Parti Baas et annonce l'interdiction à tout membre du parti d'exercer dans la fonction publique. La quasi-totalité de l'administration civile irakienne, soit 200 000 personnes, se retrouve alors sans emploi. Cette transition brutale entraîne une désorganisation de la société irakienne dans la mesure où la grande majorité des policiers, fonctionnaires, techniciens du service public étaient affiliés au Baas[109]. Cette décision est extrêmement impopulaire, et attise un peu plus la méfiance envers la coalition et les États-Unis, d'autant plus que l'immense majorité des fonctionnaires avait adhéré au parti Baas pour des raisons de carrière beaucoup plus qu'idéologiques[109]. Le , les États-Unis annoncent qu'ils occuperont militairement l'Irak plus longtemps que ce qui avait été annoncé auparavant.
Au cours du mois de , l'armée américaine, qui subit de nombreuses attaques de la part de la rébellion civile irakienne et de groupes terroristes, lance une opération nommée « Scorpion du Désert (en) », essayant de prendre le contrôle du pays. Les États-Unis demandent à la population civile de leur livrer quelque 5 millions d'armes qui leur auraient été confiées par le régime de Saddam Hussein et les menacent d'emprisonnement dans le cas d'un refus. Seules quelques milliers d'armes leur sont livrées. Le , un groupe jusqu'alors inconnu, les Brigades de résistance irakiennes, revendique les attaques contre l'armée d'occupation américaine. Ce groupe se déclare indépendant de l'ancien président Saddam Hussein, non islamiste, et affirme être un « groupe de jeunes Irakiens et d'Arabes qui croient en l'unité, en la liberté et en l'arabité de l'Irak ». Par la suite, de nombreux groupes de rébellion apparaissent. On pense qu'ils recrutent de nombreux partisans chez les membres des anciennes forces militaires et paramilitaires du régime baassiste, les États-Unis ayant été longs à envisager de les recruter afin de maintenir l'ordre.
Courant , les États-Unis demandent à plusieurs pays et à l'ONU de les aider dans le contrôle du pays par l'envoi de troupes armées, mais ces derniers refusent, ne voulant pas cautionner l'invasion jugée illégale de l'Irak.
Le , cent jours après la fin déclarée par l'occupant, de la guerre, Amnesty International publie un article, exposant que les droits de l'homme ne sont toujours pas respectés par l'armée américaine en Irak (tortures, assassinats, détentions dans de mauvaises conditions de prisonniers, même innocentés)[110].
Le , Moqtada al-Sadr, dignitaire chiite considéré comme influent, demande à Najaf, « le retrait des forces d'occupation » américaines, devant une foule de cent mille fidèles.
Le , un attentat au camion piégé détruit le siège des Nations unies à Bagdad faisant 22 morts dont le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Irak, le Brésilien Sérgio Vieira de Mello. Attribué à Ansar al-Islam et Al-Qaïda en Irak, cette attaque marque le début d'un cycle de violences continue dans le pays.
Le , Saddam Hussein, est arrêté par l'armée américaine. On le voit fatigué, avec une longue barbe. Il est transféré dans un endroit tenu secret pour des interrogatoires. Mais son arrestation, bien qu'étant un succès pour les forces des États-Unis, ne décourage pas la rébellion armée.
Fin janvier 2004 en Irak, des attentats quasi quotidiens frappent toujours les forces militaires d'occupation et les civils travaillant pour eux.
Courant janvier et , les attaques aux engins piégés des points de recrutement de la police et de l'armée irakienne se multiplient. Certains analystes pensent que des rebelles veulent ainsi empêcher toute aide aux forces d'occupation étrangère de la part de leurs concitoyens.
Le , un ensemble de pays voisins de l'Irak (Syrie, Iran, Koweït, Arabie saoudite, Jordanie, Égypte et Turquie), après une réunion à Koweït, demandent solennellement le retrait de la coalition des forces d'occupation et l'aide de l'ONU, pour rendre le pays à ses habitants.
En , les forces américaines et la nouvelle armée irakienne affrontent les insurgés dans la première bataille de Falloujah, baptisée « opération Vigilant Resolve »[111] : 2 000 marines et deux bataillons irakiens conquièrent les deux tiers de la ville et tuent 184 insurgées et 616 civils (nombre de blessés inconnu), pour 27 morts du côté de l'armée américaine[111]. Selon des renseignements recueillis par l'Armée française, les deux bataillons irakiens qui participent à cette opération « s'évanouissent » au premier accrochage[112], et ne participent pas à l'opération. Après trois semaines de combats, les États-Unis renoncent, officiellement devant les pertes civiles.
Le , après d'âpres discussions, une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU est adoptée sur les conditions du transfert de souveraineté à l'Irak, prévue le 30 juin. Le gouvernement intérimaire doit préparer des élections, prévues pour le début de 2005. La résolution stipule qu'il pourra demander le départ de la coalition, mais celle-ci peut toujours intervenir à chaque fois qu'elle l'estime nécessaire.
Le , Paul Bremer, administrateur d'occupation, transmet la souveraineté au gouvernement intérimaire irakien, deux jours avant la date prévue, afin d'éviter les attentats. Le gouvernement intérimaire obtient le contrôle économique du pétrole, mais pas celui des dix-huit milliards de dollars d'aide américaine.
Du 6 novembre au (officiellement), seconde bataille de Falloujah, baptisée « Operation Phantom Fury » (« Operation Al-Fajr » pour les irakiens)[113] : 10 à 15 000 hommes du IIIe corps américain répartis en six bataillons, et 2 000 hommes de la nouvelle armée irakienne, y participent. La bataille débute par des bombardements aériens et d’artillerie, avec l'usage de phosphore blanc (une arme chimique interdite) décrit par la journaliste Giuliana Sgrena[114],[115], après un bouclage de la ville par la coalition. Des caches d’armes, des bunkers et des réseaux de tunnels sont découverts. Cette fois, les unités irakiennes sont en deuxième échelon, elles aident à s'emparer de points critiques comme les mosquées et, surtout, à occuper les territoires conquis. Malgré ce retrait, le comportement des soldats irakiens ne se serait amélioré que très lentement, et les jugements portés par les Marines sur leurs alliés à Falloujah en novembre restent très sévères[112]. Au 15 novembre, il reste quelques centaines d'insurgés bien équipés. L’essentiel des combats porte alors sur la réduction des poches de résistance. Au 15 décembre, l’armée américaine lutte toujours pour réduire les dernières poches de résistance, dont elle estime les effectifs à 200 hommes environ. Ceux-ci auraient encore eu 45 morts entre le 11 et le . Une grande partie des insurgés parvient finalement à s’échapper et se dispersent dans l’ouest irakien. D’autres seraient revenus quelques semaines après la fin de la bataille[116]. Les chiffres officiels font état de 470 morts et 1 200 blessés, parmi lesquels 243 femmes et 200 enfants, mais plus de 1 350 morts (sans distinction subtile entre « insurgés » et « civils »)[113] et/ou de 4 000 à 6 000 civils tués selon d'autres sources[117] (nombre de blessés inconnu), et 106 morts du côté de la coalition, au [113].
La guérilla ne désarmant pas, les troupes de la coalition entament des opérations dont l'envergure est de plus en plus grande. Au mois d', la ville sainte de Najaf est l'enjeu d'un siège et de combats urbains, dont l'épicentre est le mausolée d'Ali, et les trésors (livres rares, bijoux, objets d'orfèvrerie, pierreries) qu'il renferme. Les clefs du trésor qui étaient en effet détenues par la famille Al-Rufaïe depuis plusieurs siècles auraient été subtilisées par Moqtada al-Sadr[réf. nécessaire], dont les milices luttèrent contre les forces de la coalition autour du mausolée.
En plus des opérations terrestres[118], l'aviation intervient ponctuellement, 285 bombes et missiles largués en 2004, 404 en 2005, 229 en 2006, 237 du 1er janvier au [119].
Les succès de la guérilla sont visibles dans les quantités de pétrole exportées avec la baisse provisoire de la quantité de pétrole exporté, celle-ci ayant retrouvé son niveau d'avant 2003 en 2007. En est créé le Conseil consultatif des Moudjahiddines en Irak réunissant plusieurs groupes à Al-Qaïda.
Le , George W. Bush et Tony Blair reconnaissent leurs erreurs en Irak. Le président américain a notamment déclaré que ses propos avaient « envoyé de mauvais signaux », que « les choses ne se sont pas déroulées comme nous l'avions espéré » et que « la plus grosse erreur, du moins en ce qui concerne l'implication de notre pays, c'est Abou Ghraïb »[120].
L'attaque terroriste la plus meurtrière depuis le début de la guerre survient à Qahtaniya, dans le nord-ouest du pays, le . Elle vise la minorité religieuse des Yézidis, faisant 572 morts et 1 562 blessés[121]. Peu de temps après, Bush reconnaît, le , que l'engagement politique, économique et militaire des États-Unis en Irak devra se poursuivre après sa présidence[122].
Dès , une vidéo diffusée sur internet présente au monde entier la décapitation de l'entrepreneur américain Nick Berg. Des experts de la CIA américaine affirmeront reconnaître la voix du bourreau comme étant celle du chef de la branche irakienne d'Al-Qaïda, Abou Moussab Al-Zarqaoui. Pourtant la qualité de la vidéo de décapitation est mauvaise, et Zarqaoui est censé porter une jambe de bois à la suite d'un accident, selon ces mêmes experts, ce qui n'est pas le cas sur la vidéo.
Durant l'été 2004, les enlèvements se multiplient en Irak, créant un climat d'insécurité pour tous, ressortissants des pays membres de la coalition ou non. Les ravisseurs appartiennent à la guérilla (mouqawama, la « résistance » irakienne) menée par d’anciens baasistes des services de Saddam Hussein, des djihadistes étrangers, des islamistes et des salafistes.
Le , deux journalistes français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, sont enlevés au sud de Bagdad par un groupe alors inconnu, l'Armée islamique en Irak. Une campagne internationale réclame leur libération : les représentants des musulmans de France, l'association des oulémas musulmans d'Irak (en), Yasser Arafat ou encore Abbassi Madani demandent la libération des deux journalistes français. Une manifestation de soutien a lieu le à Paris. Des dizaines de personnes manifestent le dans les rues de la capitale irakienne pour exiger la libération des deux otages français. Les ravisseurs réclament l'abrogation de la loi sur les signes religieux à l'école qualifiée d'« injustice et d'agression contre l'islam et la liberté personnelle dans le pays de la liberté présumée ». Le groupe revendique l'assassinat de plusieurs otages, notamment celui du journaliste italien Enzo Baldoni, et a même obtenu en juillet 2004 le retrait d'Irak des troupes philippines en échange de la libération du camionneur Angelo dela Cruz (en). L'organisation publie un communiqué sur Internet le , qui reproche à la France d'être l'ennemie des musulmans, d'être intervenue en Algérie au moment des élections de 1992, d'opprimer les musulmans en Afrique, de soutenir Israël, de s'opposer au voile islamique, et enfin d'avoir affamé le peuple irakien avec l'embargo des années 1990.
Le , l'armée américaine relâche 275 détenus de la prison d'Abou Ghraib.
Dans la province d'Al-Anbar, à l'ouest du pays, une partie de l'insurrection tribale sunnite forme en le Conseil du salut d'Anbar, dirigé par Abdul Sattar Abou Richa, qui sera assassiné un an après et remplacé par son frère aîné Ahmed Abou-Risha. Aussi désignées sous le nom de Sahwa (Mouvement du réveil), ces forces tribales sunnites s'allient au gouvernement d'al-Maliki (majoritairement chiite à la suite de l'abstention massive des sunnites lors des élections de décembre 2005) et aux Américains contre Al Qaida en Mésopotamie. En , le nombre de ces miliciens est estimé à 80 000, sunnites à 82 %, et leur action a contribué à une baisse de 60 à 70 % du nombre des attentats par rapport à 2007[123]. Ils font de la province d'Al-Anbar, qui était l'un des foyers de l'insurrection islamiste, l'une des plus sûres du pays[124].
Les renforts (surge) envoyés au début de 2007[125] et l'application d'un programme de contre-insurrection symbolisé par la nomination de David Petraeus au poste de commandant des opérations appuyé par l'armée irakienne et les milices (Réveil d'Anbar, Fils de l'Irak) contribue à faire baisser le niveau de la violence. Fin , le président Bush annonce le retrait des troupes américaines des agglomérations irakiennes pour la fin et la date du pour le retrait des unités combattantes américaines de ce pays[126].
En , les gouvernements irakien et américain signent un pacte bilatéral incluant le Status of Forces Agreement (SOFA) qui fixe à la fin 2011 le terme de la présence militaire des États-Unis. À partir de la mi-2009, les forces américaines ne patrouilleront plus dans les rues[127]. Ce texte, qui comprend trente articles, a été adopté jeudi au Parlement Irakien par 149 députés sur 198 présents, 35 ayant voté contre et 14 députés se sont abstenus[128].
Fin 2008, il reste 14 brigades américaines dans ce pays[129]
Les seules forces armées étrangères autorisées à rester en Irak après l'expiration du mandat de l'ONU le sont celles des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie, du Salvador, de l'Estonie et de la Roumanie[130]. Le gros des 4 000 militaires du contingent britannique a été rapatrié en . Il reste, au , une quarantaine d'instructeurs sous commandement OTAN pour la formation des officiers irakiens et un contingent d'une centaine d'hommes pour assurer la protection des sites pétroliers offshore et former la marine irakienne[131].
Le ministère de la santé irakien annonce que 134 irakiens ont été tués en , soit le chiffre le plus bas jusqu'ici depuis l'invasion de 2003 et le porte-parole de l'armée américaine en Irak annonce que treize attaques importantes ont eu lieu[132].
Al-Qaïda en Irak a subi de nombreux revers depuis 2007. Le réseau a été considérablement affaibli par la stratégie de contre-insurrection de l'armée américaine jouant sur la lassitude des sunnites face aux violences islamistes et leur ralliement à l'armée américaine, la montée en puissance des forces de sécurité irakiennes ainsi que de vastes opérations militaires inscrite dans la durée comme l'Opération Bashaer al-Kheir s'accompagnant d'opérations spéciales de ciblage des responsables insurgés et terroristes[133]. Pour le gouvernement central du premier ministre Nouri al-Maliki, il s'agit aussi avec ces démonstrations de force de s'imposer sur la scène politique face aux multiples partis et acteurs de la société irakienne[134], notamment face aux Kurdes irakiens dont les peshmergas contrôlent militairement le nord du pays et qui cherchent à étendre leur autorité sur les territoires contestés autour de Kirkouk[135]. Les violences sont ainsi tombées en à leur plus bas niveau depuis 2004[136].
Aux opérations de recherches et destructions s'ajoutent celles voulant s'assurer le retour à la vie civile des insurgés comme l'Opération Restore Peace III.
Au début de 2006, après le relatif succès des élections législatives de décembre 2005, la situation semble partiellement apaisée : les autorités irakiennes considèrent que 14 provinces sur 18 sont « sûres », les violences concernant surtout l'agglomération de Bagdad et les provinces sunnites du nord-ouest, Ramadi, Mossoul et Bakouba[137]. Mais la situation va se détériorer rapidement après l'attentat contre le sanctuaire Al-Askari, lieu sacré chiite de Samarra, le , point de départ d'une guerre interconfessionnelle entre chiites et sunnites[13],[14].
Plusieurs représentants chiites et sunnites signent en le Document de La Mecque sous l'égide de l'Organisation de la conférence islamique, qui exige le rétablissement de l'ordre et de la paix.
Selon un rapport publié le par l'Intelligence Community, on peut y lire : « La communauté du renseignement juge que le terme de guerre civile » ne représente pas de manière adéquate la complexité du conflit en Irak. Cependant, le terme de « guerre civile » décrit de manière correcte des éléments-clés du conflit en Irak, qui incluent un durcissement identitaire dans chaque communauté, un changement dans le phénomène des violences, une mobilisation confessionnelle et des déplacements de population. »
Cependant, la majorité des médias occidentaux utilisent aujourd'hui l'expression « guerre civile » pour désigner le conflit irakien, notamment du fait de l'implication de milices confessionnelles disposant de représentants au parlement. Dans un film d'investigation réalisé à Bagdad en , le journaliste Paul Moreira enquête par exemple sur une prise d'otage géante de 150 personnes au ministère de l'éducation supérieure, ayant eu lieu le [138]. La version officielle parle de miliciens « déguisés » en policiers. Le film montre qu'il s'agit plus probablement de vrais policiers infiltrés par une milice chiite. Un responsable des services secrets lui avoue qu'il s'agit d'un groupe armé qui a un « parti au parlement »[139].
La situation du gouvernement irakien est d'autant plus précaire qu'il contrôle mal ses propres forces de sécurité. La police est largement infiltrée par les radicaux chiites partisans de Moqtada Al-Sadr[140]. En , à Muqdadiyah au nord de Bagdad, les forces américaines procèdent à une opération contre un groupe de policiers chiites qui pratiquaient l'enlèvement contre rançon de riches sunnites[141]. Les miliciens sunnites sahwa, souvent d'anciens insurgés, contribuent à la tension intercommunautaire en prétendant évincer leurs rivaux chiites et jouer un rôle politique[123].
Le , un sextuple attentat à Bagdad fait 95 morts et plus de 550 blessés : c'est l'attentat le plus grave à Bagdad depuis 2008, deux des bombes étant posées devant les ministères irakiens des Finances et des Affaires étrangères, au cœur de la zone verte[142]. Les autorités irakiennes accusent d'abord des hauts responsables du Parti Baas en exil en Syrie, mais l'État islamique d'Irak revendique le les attentats[143]. Le premier ministre Nouri al-Maliki limoge à la suite de ces attaques près de 12 000 fonctionnaires de l’Intérieur et de la Défense, soupçonnés d’accointances avec les réseaux baasistes[144].
L'armée turque en lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a déclenché plusieurs offensives contre ce mouvement à l'intérieur du Kurdistan irakien depuis 1984, notamment en [145]. Elle lance de nouveaux bombardements aériens contre le PKK en Irak en [146], en [147], en [147] et en [148].
En , l'armée iranienne bombarde également des villages suspectés d'abriter des séparatistes du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK)[149]. Les Gardiens de la révolution iraniens feront une nouvelle incursion contre le PJAK au Kurdistan irakien en [150].
Depuis fin 2006, les forces américaines et irakiennes ont capturé ou tué plusieurs hauts officiers du corps Ramazon de la force Qods iranienne créée pour agir en Irak qui soutenaient certains groupes de la guérilla. Plusieurs sont libérés en 2009[151].
À partir de , l'Iran recommence à intervenir ouvertement en Irak, en envoyant des soldats d'élite de la force Al-Qods contre l'État islamique, pendant la seconde guerre civile irakienne[152],[153].
En mi-2006, 135 000 militaires américains, soit dix-sept brigades dont six de la garde nationale des États-Unis, sont déployés, seuls 50 000 sont réellement opérationnels dans l'ensemble de l'Irak, le reste s'occupant de la logistique. Ces effectifs sont en de 150 000 militaires renforcés par 163 000 contractuels privés de 122 SMP dont 49 % des employés sont Irakiens, 34 % d'entre eux sont originaires de pays tiers et 17 % Américains[154] dont plus de 13 000 sont armés, pour lesquels aucun compte officiel des pertes n’est tenu.
140 000 militaires américains sont sur place en .
Au , le commandement de la force multinationale est remplacé par la United States Forces – Iraq (en) (USF-I). En , les forces de combat américaines entament leur retrait. La dernière unité de combat présente en Irak, la 4e brigade de la 2e division d’infanterie, a quitté le pays la nuit du 18 au par la frontière koweïtienne.
Au , il ne reste que 50 000 soldats placé sous le commandement du général Lloyd Austin. Ils ont un rôle d’assistance et de formation auprès des soldats et des policiers irakiens, mais ne seront pas directement impliqués dans les opérations de maintien de l’ordre. Le , les Américains annoncent la fin de la guerre et les derniers soldats quittent le pays le [16], ne laissant que quelques soldats chargés d'entraîner les forces irakiennes et un contingent de Marines affecté à la protection de l'ambassade des États-Unis en Irak à Bagdad qui abrite plus de 5 500 Américains et des milliers d'employés étrangers.
Mais les violences continuent. Dès le lendemain du retrait total des forces américaines, Tareq al-Hachemi, chef du Parti islamique irakien, fait l'objet d'un mandat d'arrêt qui relance la crise confessionnelle. La politique sectaire du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki jette ainsi de nombreux sunnites dans l'opposition, les attaques de l'État islamique d'Irak continuent de faire des milliers de morts, et les ambitions indépendantistes des Kurdes, qui ont formé un Gouvernement régional du Kurdistan autonome en 2005, se heurtent de plus en plus au gouvernement central irakien[15].
En 2013, l'influence du Printemps arabe se fait ressentir, des manifestations réclament le départ d'al-Maliki, mais la répression fait des centaines de morts. En décembre 2013, la situation dégénère et des tribus sunnites se soulèvent dans la province Al-Anbar. Alliées à l'État islamique en Irak et au Levant, elles s'emparent de Falloujah, de plusieurs quartiers de Ramadi et d'une grande partie de la province[15]. Cette insurrection est considérée comme le début de la seconde guerre civile irakienne.
Puis en juin 2014, l'État islamique en Irak et au Levant, renforcé par son engagement dans la guerre civile syrienne, lance une grande offensive dans l'ouest de l'Irak. Il s'empare des villes de Mossoul et de Tikrit, ainsi que de la majeure partie des provinces de Ninive, Salah ad-Din et une partie de celle de Kirkouk. Le gouvernement irakien perd le contrôle d'un tiers de son territoire[15].
Face à la progression des djihadistes, les États-Unis interviennent de nouveau en août 2014 et forment en septembre avec plusieurs pays européens et arabes, une deuxième coalition qui engage des opérations aériennes pour soutenir l'armée irakienne et les peshmergas kurdes.
Le nombre des victimes irakiennes n'est pas connu avec exactitude et varie considérablement selon les sources, les diverses estimations allant de 100 000 à plus d'un million de morts pour la période 2003-2011, tant parmi les combattants que les civils[7],[8],[9].
En , le ministère irakien des Droits de l'homme avance qu'au total de 85 694 personnes ont été tuées depuis le début du conflit[9]. Les États-Unis donnent fin un bilan officiel de 77 000 civils et militaires irakiens tués entre 2004 et [9],[155]. En 2010 cependant, WikiLeaks rapporte que selon des documents militaires secrets américains, 109 032 personnes ont été tuées lors du conflit entre le et le , dont 66 081 civils, 23 984 insurgés, 15 196 membres des forces gouvernementales et 3 771 membres des forces de la coalition[9],[155].
L'ONG britannique Iraq Body Count (IBC) affirme avoir recensé au moins 162 000 morts, dont 79 % de civils, entre et [156]. L'IBC a croisé ses propres statistiques (consacrées aux civils) avec celles des autorités irakiennes, les pertes américaines ainsi que des données révélées par le site WikiLeaks (Iraq War Logs)[156],[157]. Selon l'IBC, les violences ont atteint leur pic fin 2006, avant de commencer à baisser à partir de fin 2008[156]. Les forces américaines sont directement responsables de la mort de 14 705 civils, dont plus de la moitié pendant l'invasion de 2003 et les batailles de Falloujah en 2004[156]. La police irakienne compte quant à elle au moins 9 019 morts[156]. Par la suite, après la reprise d'un nouveau conflit fin 2013, Iraq Body Count comptabilise la mort de 190 000 Irakiens entre 2003 et 2017, dont 72 000 rien qu'à Bagdad[158].
Début 2007, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime dans une étude que 120 Irakiens sont morts en moyenne chaque jour entre et et donne une estimation de 104 000 à 230 000 morts violentes, dont plus de la moitié à Bagdad, pour cette même période[159],[8]. L'estimation basse est alors deux fois plus élevée que celle d'IBC pour la même période[8]. Pour cette étude, l'OMS s'est fondée sur les données recueillies auprès de 9 345 ménages dans un millier de quartiers et villages répartis sur tout le territoire irakien[159].
En 2008, l'organisation Iraq Family Health Survey Study Group, publie une étude, fruit de sa collaboration avec plusieurs institutions irakiennes, estimant le nombre de morts liés au conflit à 150 000 entre et [9],[160]. Ce nombre est repris par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais selon France 24 il suscite la controverse : « le groupe a mené son enquête en interrogeant environ 10 000 foyers irakiens sur les pertes dans leurs familles respectives. Une méthodologie jugée peu fiable par ses détracteurs »[9].
En octobre 2006, la revue médicale The Lancet estime le nombre de décès irakiens imputables à la guerre à 655 000[9],[161]. Cette étude compare les taux de mortalité dans les foyers de 1 982 individus en 2006 (certificats de décès à l'appui) à des chiffres officiels de 2003. Cette étude est néanmoins fortement critiquée par de nombreuses associations et organisations internationales, y compris par l'Iraq Body Count[162],[9]. Selon France 24 : « Les critiques dénonçaient le manque de pertinence de l’échantillon retenu. La plupart des foyers se situaient en effet dans des zones proches des grands axes de circulation, cibles fréquentes des attentats »[9],[163].
Le bilan le plus élevé est donné en par l'institut de sondage britannique Opinion research business (en) qui estime que plus d'un million d'Irakiens ont été tués entre et [164],[165]. Cette étude, menée en collaboration avec l'Institut indépendant d'études pour l'administration et la société civile (IIACSS), est basée sur l'entretien de 2 414 Irakiens et conclut qu'un cinquième des ménages irakiens ont perdu au moins un membre de leur famille à cause du conflit entre et [164],[165]. Elle estime alors que le nombre de morts entre et est « susceptible d'être de l'ordre de 1 033 000 », avec une fourchette de 946 000 à 1,12 million de morts[164],[165].
En 2013, la revue scientifique PLOS Medicine dresse un bilan en partenariat avec des universitaires américains et le soutien d'experts du ministère irakien de la Santé et estime que 461 000 Irakiens ont trouvé la mort pendant le conflit entre 2003 et 2011, dont 60 à 70 % dans des actes de violence directe et 30 à 40 % à cause de facteurs indirects tels que des problèmes d'hygiène ou des problèmes de santé liés au conflit[166],[167],[168]. Pour cette étude, les chercheurs ont sondé des adultes d'environ 2 000 foyers installés dans une centaine de régions à travers l'Irak et les ont interrogés sur les circonstances de la mort de personnes de leur entourage[166]. Les personnes sondées ont attribué la mort de leurs proches aux forces de la coalition dans 35 % des cas et aux groupes insurgés dans 32 % des cas[166]. Selon l'étude, 60 % des victimes du conflit ont été tuées par balles, environ 13 % dans des attaques à la voiture piégée et 9 % dans des explosions diverses[167].
La guerre a provoqué l’exode d’au moins deux millions d’Irakiens, réfugiés à l’étranger depuis 2003 (principalement en Syrie et en Jordanie, mais également en Europe et aux États-Unis)[169].
Selon les estimations de l'ONU en , presque 2,5 millions d'Irakiens (soit un Irakien sur huit) ont fui leur pays en raison des violences. 1 million ont trouvé refuge en Syrie, 75 000 en Jordanie et 150 000 en Égypte et 500 aux États-Unis. De plus, selon le HCR, 1,8 million d'Irakiens ont été déplacés à l'intérieur du territoire. Près du quart des Irakiens ont donc été obligés d'abandonner leurs domiciles depuis le début de la guerre[170]. Depuis , on assiste à un retour de plusieurs dizaines de milliers de réfugiés[171]
Morts et blessés
Selon les sites Internet indépendants icasualties.org[172] et antiwar.com[173] le bilan de la guerre est, du au date officielle de retrait du dernier soldat américain :
À ces nombres, il faut compter les « mercenaires », les travailleurs, les diplomates et civils étrangers morts en Irak, le nombre des victimes dépassait les 10 000 morts et près de 130 000 blessés selon le NY Times mi-2007[175]. À la fin du conflit, les données disponibles révèlent la mort de 62 membres d’organisations humanitaires, 231 journalistes, 318 « alliés », 3 418 prestataires de service employés par le département d’État et d’autres agences gouvernementales et 10 819 membres des forces militaires et de police « alliées »[176].
Cela en fait la guerre la plus meurtrière pour les États-Unis depuis la guerre du Viêt Nam.
Le bilan annuel — officiel — pour la coalition se décompose ainsi :
Pertes matérielles
Selon le magazine Raids[177], en , on dénombrait dans les forces armées des États-Unis :
Les pertes matérielles sont dues aux faits de guerre et accidents, mais aussi aux conditions d'utilisation (poussière, chaleur). On estime que la maintenance des hélicoptères a représenté, depuis le début des opérations d'Afghanistan en 2001, 20,6 milliards de dollars, et la maintenance globale pour 2006 est évaluée à 200 millions d'heures de travail.
Impacts psychologiques
Le même magazine raids, dans son numéro de , aborde la question des conséquences psychiques et psychologiques de ces engagements sur les soldats concernés et notamment les réservistes. Il s'agit d'une étude relative aux soldats américains engagés dans le conflit irakien entre 2005 et 2006. Elle a été publiée par The Journal of the American Medical Association et porte sur 88 235 soldats dont la moitié de réservistes.
Selon l'étude d'une manière plus générale les réservistes sont deux fois plus nombreux à manifester des troubles de stress post-traumatique dans leur ménage ou leur activité professionnelle.
Les anciens combattants
L'étude souligne que beaucoup de vétérans sont laissés à eux-mêmes une fois rendus à la vie civile, il n'y a pas de véritable politique de suivi et d'assistance.
Aux États-Unis, 25 % des sans-abris sont d'anciens militaires[178].
Il y a eu une totale recréation de l'armée et des forces de sécurité (Nouvelle armée irakienne, Garde Nationale, police, milices d'autodéfense…) formées et reconstituées par l'armée américaine. Le , Paul Bremer, alors administrateur civil de l'Irak, ordonnait la dissolution de l'ancienne armée irakienne, des ministères de la Défense et de l'Information. L'adoption de ce décret no 2 a eu pour conséquence de mettre entre 350 000 et 400 000 soldats irakiens au chômage, et environ 2 000 employés du ministère de l'information. Les forces de la coalition ont entrepris de mettre sur pied une nouvelle armée irakienne, considérée comme la première étape d'un Irak libre qui assume sa défense. Cette nouvelle armée irakienne qui a réengagé de nombreux soldats de l'armée de Saddam, jusqu'au grade d'officier subalterne ; selon le décret de Paul Bremer, les militaires au grade de colonel ou un grade supérieur sont écartés d'office de toute fonction gouvernementale ou militaire[179].
Déjà sous le régime de Saddam Hussein l’éducation supérieure en Irak souffrait :
Aujourd’hui les salaires ont augmenté mais restent insuffisants. Les dépressions sont accentuées par le stress psychique causé par la peur de persécution. Souvent les professeurs en Irak n’osent pas dire publiquement leur opinion. Depuis la guerre en 2003, plus de 200 professeurs ont été tués, des bibliothèques ont été pillées, la bibliothèque de la faculté philosophique historique de l’Université de Bagdad par exemple a été entièrement brûlée. Selon l’UNESCO, 84 % des infrastructures des institutions d’éducation ont été endommagées par la guerre et le pillage, ceci avec 50 000 nouveaux étudiants, garçons et filles, intégrant les universités chaque année. L’admission des étudiants se fait sans considération de leur qualification, ce qui entraîne une surcharge des universités, notamment à Bagdad. Les 21 universités irakiennes comptent environ 250 000 étudiants. On estime qu'il manque 60 000 ordinateurs, 2 000 laboratoires scientifiques ainsi que de nombreux livres et du matériel scolaire. Depuis 1990, 40 % des professeurs parmi les mieux formés ont quitté leur pays et depuis vingt ans les universités et centres de recherche irakiens sont isolés de la communauté scientifique internationale. Seulement 7 % du corps enseignant sont des professeurs. Des professeurs sont obligés d’avoir une deuxième source de revenu. Leurs qualifications se limitent souvent à un niveau bachelier, alors qu’un master ou mieux un doctorat serait la norme. La qualité manque également au niveau académique. Les travaux de diplômes en histoire par exemple se limitent souvent à un listage d’événements historiques. Aucune critique ou contribution n'apparait, faisant cruellement défaut aux programmes. Des congrès, conférences et forum sont presque inexistants, sans parler d'une « vie d’étudiant ». Il n’y a guère de contacts vers l’extérieur. Beaucoup de scientifiques et étudiants manquent de connaissances linguistiques pour un échange international. Officiellement il n’existe plus de restrictions concernant le programme scolaire, malgré un manque de planification stratégique[182].
La guerre d'Irak a eu pour principale conséquence la fin de la paix religieuse permise par le régime laïc du parti baas de Saddam Hussein. Elle a vu la résurgence des anciens conflits religieux entre chiites et sunnites pour la prise du pouvoir et l'installation d'un régime religieux, après la chute de Saddam. Les tensions entre les trois grandes communautés d'Irak ont été ravivées et ont permis l'arrivée du groupe islamiste Daech (État Islamique en Irak et au Levant), soutenu par les sunnites.
L'Irak est divisé, avec d'un côté les chiites qui sont protégés par le gouvernement, la police et des milices paramilitaires ; de l'autre une communauté sunnite exclue du pouvoir et marginalisée qui rêve de revanche. Daech prospère sur les cendres de cette guerre de religion, en promettant la vengeance aux sunnites.
Les assassinats « religieux » se multiplient : ceux de nombreux chefs religieux chiites tel que l'Ayatollah Mouhammad Baqir Al-Hakim et Abdoul Majid al Khoï (chef chiite irakien modéré et pro-occidental, revenu d'exil après 12 ans), ceux de chrétiens autrefois protégés par le régime laïc de Saddam Hussein. On assiste à un exode vers l'étranger de centaines de milliers de chrétiens syro-chaldéens pour échapper à la mort.
Ainsi, pour Renaud Girard, « la guerre d'invasion anglo-saxonne de 2003 en Irak a provoqué une guerre civile entre les chiites et les sunnites, qui n'existait pas avant. »[183].
L'organisation National Priorities Project estime, au , à 820 milliards de dollars le coût de la guerre[188] mais selon le Time Magazine, le montant s'élèvera au total à 4 000 milliards de dollars pour le contribuable américain, en incluant les soins médicaux, les indemnités pour invalidité versées pour les soldats en service actif, les vétérans et les familles ainsi que l’embauche de nouveaux soldats pour les remplacer et les coûts socio-économiques[189].
Le coût financier de la guerre d'Irak peut en partie être calculé à partir des mesures budgétaires votées par le Congrès des États-Unis en sus des budgets de fonctionnement. Le département de la Défense est aussi autorisé à utiliser ce budget de fonctionnement pour financer la guerre. Le département de la Défense a dépensé en un total de 770,5 milliards de dollars pour les opérations dans ce pays[190]. Cette allocation budgétaire était de 213 milliards en septembre 2013[191].
De nombreuses associations américaines, pour la plupart hostiles à la guerre, suivent de près l'évolution des surcoûts liés à la guerre. Leurs estimations tournent autour de 500 milliards de dollars et intègrent aussi des frais indirects (pensions, indemnités...)[192].
Dans son discours du devant la Chambre des représentants des États-Unis, le sénateur honoraire du Massachusetts, James P. Mc Govern, estime le coût de la guerre à 246 millions de dollars par jour (soit 2 847 $ par seconde)[193]. Il rappelle que les dépenses directes (qui ne représentent pas l'ensemble des coûts) se sont montées à :
Linda Bilmes et Joseph Eugene Stiglitz (« prix Nobel » d'économie en 2001), deux chercheurs de Harvard et Columbia, ont réactualisé une étude sur les coûts du conflit de 2 267 milliards de $[Quand ?].
Les coûts budgétaires (en dollars) qu'ils identifient se décomposent ainsi :
Les coûts économiques se décomposent selon les auteurs de la façon suivante :
Au début de 2008, dans un livre intitulé The Three Trillion Dollar War: The True Cost of the Iraq Conflict. Ils identifient désormais un coût global de 3 000 milliards de dollars[194] Le coût des opérations a déjà dépassé celui des douze ans de la guerre du Viêt Nam et représente le double du coût de la guerre de Corée.
En 2003, environ 150 000 personnes avaient manifesté contre la guerre d'Irak dans les rues de San Francisco[195].
En , l'opinion publique américaine semble être en désaccord avec la politique des États-Unis en Irak : d'après une enquête publiée le par ABC/Washington Post, une majorité d'Américains désapprouvent la gestion de la situation en Irak. Plus d'un Américain sur deux pense que George W. Bush a « intentionnellement trompé » l'opinion américaine sur les raisons d'engager cette guerre.
Le , 100 à 300 000 manifestants[196] s'étaient rassemblés à Washington pour protester contre l'engagement américain en Irak. Dans ce contexte difficile (ouragan Katrina) pour George W. Bush, un sondage Gallup montrait que 63 % des Américains voulaient le retour des soldats dans leur pays.
Un mois plus tard, le Wall Street Journal révèle les résultats d'un sondage encore plus défavorable à l'intervention américaine : 53 % des Américains pensent que le conflit en Irak était « une erreur », contre seulement 34 % qui estiment qu'elle était justifiée.
Un nouveau sondage commandé par CNN au début du mois d' montre que les partisans de la guerre sont très minoritaires : 36 % approuvent encore le conflit en Irak alors que 60 % le rejettent[197].
Le , lors d'une allocution télévisée, le président annonce que 21 500 militaires supplémentaires seront envoyés en Irak pour permettre un retour à la paix plus rapide. Cette décision se heurte à un Congrès et une opinion publique hostile et majoritairement sceptique à cette démarche[198]. Cela remettrait les effectifs américains au niveau de au moment des élections législatives dans ce pays[199].
Le , une nouvelle manifestation est organisée par le collectif Unis pour la paix et la justice contre la guerre et l'envoi de renforts armés en Irak ; elle réunit plusieurs milliers d'Américains dans la capitale[200] ont manifesté le à Washington contre le maintien des troupes américaines ; ils ont défilé à l'appel d'Answer (Act Now to Stop War and End Racism) de la Maison-Blanche au Pentagone.
Le , le Sénat des États-Unis vote le retrait des troupes américaines d'Irak d'ici le mois de [201]. Le , la loi est définitivement adoptée par le sénat américain pour un retrait des troupes à partir du mois d'octobre en contrepartie d'une rallonge budgétaire de 124 milliards de dollars[202].
Le retrait des troupes d'Irak est alors soutenu par 56 % des Américains selon un sondage NBC/Wall Street Journal publié le (seuls 37 % soutiennent le président Bush sur ce point). Le sondage indique également que 55 % des Américains ne croient plus à la victoire en Irak (contre 36 % qui y croient et 9 % qui ne se prononcent pas). On pourra y lire encore que près de la moitié des sondés trouvent que la situation en Irak a empiré ces trois derniers mois (37 % estiment qu'elle est stable et 12 % pensent qu'elle s'améliore)[203].
Dans son éditorial du , le New York Times affirmait : « Il est temps pour les États-Unis de quitter l'Irak, sans plus de délai qu'il n'en faut au Pentagone pour organiser un retrait méthodique »[204]. Ainsi, l'un des journaux les plus influents du pays appelait au retrait des forces américaines d'Irak.
Le de nouvelles manifestations pacifistes sont organisées dans les principales villes américaines (New York, Los Angeles, Chicago, Philadelphie, San Francisco, Boston, Seattle, etc.[205]). Entre 10 000 et 30 000 personnes se sont rassemblées rien qu'à San Francisco[205].
En mars 2008, un nouveau sondage montre une montée de l'opposition de l'opinion publique américaine : d'après un sondage effectué pour CBS, 64 % des sondés pensent que la guerre n'en valait pas la peine[206].
En , le président Barack Obama annonce la fin du retrait des troupes combattantes américaines tout en maintenant en Irak 50 000 « conseillers » qui resteront jusqu'en . À cette date, selon les sondages, 65 % des Américains approuvent ce retrait, mais 69 % jugent que les États-Unis n'ont pas atteint leurs buts en Irak et 59 % qu’ils ne pourraient pas les atteindre quel que soit le temps passé dans ce pays[207].
Pour l'IFRI, en , « la cause religieuse l'emporte sur la cause nationale[212]. »
En , l'Organisation de la conférence islamique (OCI) rédige le « document de La Mecque ». Signé par des dignitaires irakiens chiites et sunnites, le texte lance un appel à la fin des violences interconfessionnelles, à la libération de tous les otages et à la préservation de l'unité de l'Irak[213]. La situation s'améliore graduellement à partir de 2007 grâce à l'envoi de renforts supplémentaires (« surge ») et d'autres facteurs[214],[215].
La commission Chilcot, chargée d'une enquête publique sur le rôle de la Grande-Bretagne dans la guerre d'Irak, a rendu son rapport le . Elle estime que l'invasion de l'Irak n'était pas justifiée[216].
Le , la procureure Fatou Bensouda de la Cour pénale internationale indique qu'il existe des preuves indiquant que des soldats britanniques ont commis des crimes de guerre contre des détenus en Irak. Cette annonce a été faite à la suite de la réouverture d'un examen préliminaire rouvert en . Selon des groupes de défense des droits de l'homme et des avocats, ce sont au moins 1 071 détenus irakiens qui ont été torturés et maltraités entre et . De plus, 52 personnes qui se trouvaient en détention provisoire durant cette période seraient morts à cause du personnel britannique[217].
Le bureau de la procureur indique que les déclarations individuelles victimes obtenues peuvent être considérées comme valides si elles sont validées par des documents datant de la période du conflit. Selon les procédures nationales liés à la guerre d'Irak et la gravité des crimes, Fatou Bensouda compte envisager la possibilité de demander l’autorisation aux juges de la CPI de lancer une enquête[217]. Un examen préliminaire datant de a déjà été clôturé faute de preuves par l'ancien procureur Luis Moreno Ocampo et avait décidé de pas ouvrir d'enquête en Irak.
Au début de l'année , le gouvernement britannique a supprimé l’organe chargé d’enquêter sur les accusations de violation des droits de l’homme par les soldats britanniques en Irak. Cette décision a laissé des centaines d’affaires irrésolues[217].
Les insurgés ont tué plus de 12 000 civils irakiens de janvier 2005 à juin 2006, selon le ministre irakien de l'Intérieur Bayan Jabr[218]. Les insurgés ont également mené de nombreuses attentat-suicide contre la population civile irakienne, ciblant principalement la communauté chiite majoritaire[219],[220],[221].
Pendant la guerre, des escadrons de la mort sectaires ont tué de nombreux civils principalement pendant la guerre civile irakienne. Les données du projet Iraq Body Count montrent que 33 % des décès de civils pendant la guerre en Irak ont résulté d'exécutions après enlèvement ou capture. Celles-ci ont été massivement menées par des acteurs inconnus, notamment des insurgés, des milices sectaires et des criminels[222].
Plusieurs films ont pour sujet la guerre d'Irak :
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