Bataille de Tall Afar (2017)
offensive militaire en 2017 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La bataille de Tall Afar a lieu lors de la Seconde Guerre civile irakienne. Elle débute le par une offensive de l'armée irakienne et des Hachd al-Chaabi soutenus par la coalition afin de reprendre la ville de Tall Afar, tenue par l'État islamique depuis juin 2014. Tall Afar est reprise le , les djihadistes se replient ensuite dans un village, al-Ayadiya (ar), qui est repris à son tour le .
Date | – |
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Lieu | Tall Afar |
Issue | Victoire de l'Irak et de la coalition |
Abdelamir Yarallah (en) Abdelghani al-Assadi Haider al-Obeidi Sami al-Aridi Qassem Jassim Nazzal Raëd Chaker Jawdat Maytham al-Zaïdi |
40 000 à 50 000 hommes[1],[2] 20 000 hommes[3] |
1 000 à 2 000 hommes[4],[5],[6] |
115 morts[1] 679 blessés[1] |
600 à 2 000 morts[4],[7],[1] 100 à 300 prisonniers[4],[8] |
Seconde guerre civile irakienne
Coordonnées | 36° 22′ 27″ nord, 42° 27′ 13″ est |
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La ville de Tall Afar est située 70 kilomètres à l'ouest de Mossoul[12]. Elle est prise à l'armée irakienne par les djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant le [13]. En 2016, lors de la bataille de Mossoul, l'offensive dans la région de Tall Afar est assignée aux milices chiites des Hachd al-Chaabi[14],[15]. Le , ces dernières coupent la route de Sinjar à l'ouest et réalisent leur jonction avec les peshmergas stationnés au nord ; la zone de Mossoul et Tall Afar se retrouve encerclée dans une seule et même poche[16],[17],[18]. Puis, le , les miliciens chiites et la 9e division blindée (en) de l'armée irakienne (en) coupent la route qui relie ces deux villes ; Tall Afar est alors totalement encerclée, tandis que Mossoul retombe aux mains des forces irakiennes (en) en [19].
Avant sa prise par les djihadistes, la ville de Tall Afar comptait 150 000 à 200 000 habitants, dont une majorité de chiites turkmènes, enclavée dans cette région sunnite[15],[20],[21]. Mais par crainte des massacres, la plupart des habitants ont fui[15],[21]. En , selon l'armée irakienne, le nombre de civils restant dans la ville se limiterait à 5 000 personnes[5]. La coalition affirme pour sa part que 10 000 à 50 000 habitants sont encore présents à Tall Afar et ses environs[3].
Les djihadistes sont encerclés à Tall Afar : les forces irakiennes (en) et les milices chiites sont déployées au sud, tandis que les peshmergas sont positionnés au nord[5]. L'aéroport (en), situé à six kilomètres au sud-ouest de la ville, est notamment contrôlé par les forces irakiennes depuis le [22].
L'armée irakienne (en), la police fédérale, les unités de l'Iraqi Special Operations Force » (ISOF) surnommées la « division d'or », et les miliciens des Hachd al-Chaabi sont engagés dans l'assaut[12],[23],[24]. L'armée déploie les 9e (en), 15e (en) et 16e divisions[23],[24] ; au total 40 000 hommes[25]. La police fédérale engage la 6e division de la Force d'intervention rapide[24]. Le commandement des Hachd al-Chaabi affirme pour sa part avoir mobilisé 20 000 hommes[3] ; douze brigades de cette coalition participent à l'offensive[24] — notamment l'Organisation Badr[26], la Division de combat d'al-Abbas[26],[27] et les Brigades de l'imam Ali[28] — et parmi ces derniers figurent également un certain nombre de Turkmènes chiites originaires de la ville[29]. Le commandement des opérations militaires à Tall Afar est confié au général Abdelamir Yarallah (en)[6].
La France soutient l'offensive avec la Task force Wagram, constituée de quatre CAESAR et 150 hommes[30],[31]. Des forces spéciales américaines[32] et belges[32] appuient également les troupes irakiennes, de même que les aviations française[33], britannique[34] et australienne[35]. Au cours de la bataille, les forces aériennes de la coalition mènent 89 frappes en douze jours[36].
Le général irakien Najm al-Joubouri estime que la bataille ne devrait pas être la plus acharnée ; selon lui les hommes de l'État islamique sont « exténués et démoralisés » et seraient environ 2 000 retranchés dans Tall Afar[37],[5]. L'armée américaine donne le même nombre[6]. Des responsables locaux cités par des agences de presse évoquent pour leur part un millier de combattants[38]. Parmi les effectifs de l'État islamique à Tall Afar figurent également une proportion assez importante de combattants turcs[24].
Les djihadistes ont préparé leur défense en creusant des tranchées autour des 26 quartiers de la ville[39]. Les rues de Tall Afar sont également assez larges pour permettre aux chars et aux véhicules blindés d'y circuler ; à l'exception du quartier de Saraï, le seul comparable à la vieille ville de Mossoul[37],[39].
Le , l'aviation irakienne commence une campagne de bombardements contre la ville[38] ; elle largue également des tracts à l'adresse des habitants et les autorités annoncent la mise en place d'une station de radio pour les tenir informés des développements[39]. Enfin, dans la nuit du au , le Premier ministre Haïder al-Abadi annonce le début de la bataille à Tall Afar[12] ; il déclare que les hommes de Daech n'ont « pas d'autre choix que de se rendre ou d'être tués »[3].
Vulnérables en terrain découvert, les djihadistes se replient rapidement à l'intérieur de la ville et abandonnent les villages environnants sans opposer de fortes résistances[24]. Le soir du , les forces irakiennes (en) atteignent les faubourgs de Tall Afar : la police fédérale contrôle alors cinq villages et n'est plus qu'à quelques centaines de mètres du quartier d'al-Kifah, à l'ouest de la ville ; les Hachd al-Chaabi atteignent aussi les faubourgs ouest et les unités du contre-terrorisme progressent au sud-ouest en reprenant cinq villages[40]. Le , l'armée irakienne (en), les unités du contre-terrorisme et les milices chiites entrent dans la ville par le sud et par l'ouest[41]. Les défenses de l'État islamique s'effondrent rapidement[42],[26]. Quelques heures plus tard, les Hachd al-Chaabi reprennent les quartiers d'al-Kifah, au nord-ouest, et al-Nour, au sud-est[43]. Le , ils atteignent le quartier d'al-Tanak, dans l'Est, tandis que les unités du contre-terrorisme investissent le quartier adjacent d'al-Sinaai[44]. Le soir du , l'armée irakienne affirme occuper cinq quartiers au sud et à l'est de la ville, dont ceux d'al-Nour et d'al-Mo'allameen, tandis que le quartier d'al-Wahda, à l'ouest, est également sous leur contrôle[45] ; un quart de la ville est alors aux mains des forces irakiennes[45]. Le , ces dernières s'emparent encore des quartiers d'al-Nasr, à l'est ; de Saad, à l'ouest ; et d'al-Taliaa, au sud de la citadelle[6] ; elles affirment alors contrôler les trois quarts de la ville[46]. Le , le centre-ville de Tall Afar est repris : les hommes de la division d'or réoccupent le quartier de Bassatine, ainsi que celui de la citadelle (en), où ils hissent le drapeau irakien[6]. Le même jour, les forces irakiennes reprennent également les quartiers d'al-Salam et d'al-Ourouba, au nord-est ; al-Qadissia, au nord-ouest ; et al-Rabie, à l'ouest[6]. Les combats se poursuivent cependant dans la localité d'al-Ayadiya (ar), au nord, ainsi que dans quelques poches de résistance à l'intérieur de la ville[6]. Le Commandement conjoint des opérations (JOC) affirme alors que les forces irakiennes occupent « 94 % de la ville, soient 27 quartiers sur 29 » ; il déclare également que 1 155 km2 sur 1 655 km2 occupés par les djihadistes autour de la ville ont été repris, soient 70 % de la zone[47]. Le , l'armée annonce dans un communiqué avoir repris le contrôle total de la ville de Tall Afar[48].
Les derniers combats se concentrant alors dans le secteur d'al-Ayadiya, une localité à 11 kilomètres au nord de Tall Afar, où environ 700 djihadistes se sont regroupés[26],[48],[49],[2]. Le , la police fédérale et la Force d'intervention rapide s'emparent du village de Qoubouq, tandis que l'armée irakienne et les Hachd al-Chaabi contrôlent la moitié est d'al-Ayadiya[27]. Cependant dans cette dernière localité, les djihadistes, estimés entre 150 et 200 par la coalition sans compter les membres de leurs familles, opposent cette fois une forte résistance[27]. Le , al-Ayadiya tombe entièrement aux mains des forces irakiennes ; le Premier ministre Haïder al-Abadi proclame la victoire et affirme que la province de Ninive est désormais entièrement reconquise[4].
Au soir du , l'armée irakienne (en) affirme avoir « éliminé » 250 à 259 djihadistes de l'État islamique lors des combats à l'intérieur de la ville de Tall Afar et dans ses environs[50],[26]. Selon le chercheur irakien Hicham al-Hachemi, 89 hommes de l'EI — dont 12 russophones et cinq francophones — se seraient rendus aux peshmergas le , au nord de Tall Afar[50].
Le , le brigadier-général Andrew A. Croft (en), commandant en second des forces aériennes de la coalition, affirme que sur les 1 000 à 1 400 djihadistes présents à Tall Afar au début de la bataille, 600 à 700 ont été tués et une centaine se sont rendus[4]. Le même jour, le lieutenant-général Stephen J. Townsend, chef des forces de la coalition, déclare que les pertes de l'État islamique sont estimées à environ 1 000 ou 1 200 morts, dont 500 à 700 tués à l'intérieur de la ville et 300 à 500 dans les villages environnants, tandis que les peshmergas ont estimé avoir abattu 130 à 170 djihadistes qui essayaient de fuir vers le nord[7].
Les peshmergas et la police fédérale irakienne affirment pour leur part à la date du avoir fait 300 prisonniers parmi les hommes de l'EI, dont des Turcs, des habitants d'Asie centrale et des Irakiens[8].
Selon le major-général Abdelamir Yarallah (en), les pertes des forces irakiennes à Tall Afar ont été de 115 morts et 679 blesssés et celles de l'État islamique de 2 000 hommes, dont 50 kamikazes[1].
En juillet 2024, une fosse commune est découverte par l'armée irakienne à Tal Afar, contenant les corps de 137 victimes de l'État islamique[51].
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