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peintre français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Carzou, pseudonyme de Karnik Zouloumian, né à Alep (Syrie) le , et mort à Marsac-sur-l'Isle (Dordogne) le , est un peintre, lithographe, graveur (eau-forte, pointe-sèche) et décorateur français d'origine arménienne.
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Գառնիկ Զուլումեան |
Pseudonymes |
Jean Carzou, Carzou |
Nationalité | |
Activités | |
Formation |
École spéciale d'architecture (jusqu'en ) Kalousdian Armenian School (en) Lycée français du Caire Académie de la Grande Chaumière |
Lieu de travail |
France () |
Enfant |
Jean-Marie Carzou (d) |
Distinctions |
Né en Syrie, à Alep, le , au sein d'une famille arménienne, de son vrai nom Garnik Zouloumian, orphelin de père très jeune, il étudie d'abord chez les Pères maristes, puis au lycée français du Caire où, en 1924, ses brillants résultats scolaires lui valent une bourse de la communauté arménienne[1].
Il rejoint ainsi Paris où il entre à l'École spéciale d'architecture dont il sera diplômé en 1928[2], études « en dépit desquelles il sera un peintre autodidacte »[3]. À l’approche des années 1930, il « fait des ronds, des carrés » à Montparnasse. Il fréquente librement l'Académie de la Grande Chaumière, plus particulièrement l'atelier d'Édouard Goerg dont il restera l'ami[4], vivote grâce à ses caricatures d’hommes politiques publiées dans la presse (sa caricature d'Adolf Hitler en Père Noël allemand paraît lors de la fête de Noël 1933[5]) et à ses dessins sur tissus. Il peint « loin des écoles »[1]. Mais, observe Pierre Mazars, « il aime à regarder longuement les choses jusqu'à ce que leurs contours se mettent à bouger et à se brouiller : de là lui vient cette écriture particulière qui n'est aucunement un procédé mais le résultat de ce que l'on pourrait appeler cet affût permanent du peintre ». Ses premiers vrais sujets sont, vers 1945, les malheurs de la guerre, évoqués avec « des ruines et des canons, des armes cassées et des débris »[6].
Il commence à exposer, dans les divers Salons parisiens, notamment au Salon des indépendants, aux Tuileries, au Salon d'automne, etc.[1] Il organise aussi des expositions particulières de ses œuvres à Paris, en province et à l'étranger. Sa première exposition particulière est en 1939 dans une galerie de la rue de Seine à Paris[7]. La France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Liban, l’Égypte, le Japon ont accueilli plusieurs de ses expositions d’encres, de crayons, de gouaches ou de pastels étranges. Il participe aussi à plusieurs expositions officielles organisées par la France hors d'Europe, et reçoit le prestigieux prix Hallmark à trois reprises (en 1949[1], 1952[8] et 1955), ainsi que le prix du public des peintres témoins de leur temps en 1953[1].
Devenu parisien, il déménage à diverses reprises, habitant successivement : 34, rue Desnouettes 15e - 2 rue Gustave-Larroumet 15e - 40 rue des Jeûneurs 2e - 16 rue Théophraste-Renaudot 15e - 6 rue Léon-Séché 15e - 26 rue de la Sablière 14e[9] - 23 rue des Plantes 14e. Ses principaux ateliers sont situés au 26 rue des Plantes 14e, 228 boulevard Raspail 14e et 235 boulevard Jean-Maurel à Vence[10]. Il fera également l'acquisition d'une maison au Vaudoué en 1960[11].
Il épouse en 1936 Jeanne Gabrielle Blanc, dite Nane († ), « une provençale de beauté classique, aux yeux clairs, avec laquelle il apprend le bonheur de vivre »[12]. Il est le père du réalisateur de télévision Jean-Marie Carzou, né en 1938[13], et le grand-père de l'écrivain et journaliste Louis Carzou.
Il est aussi décorateur de théâtre, notamment pour Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau, mises en scène par Maurice Lehmann à l'Opéra de Paris en 1952, où il est dit « qu'il renoue là avec la féerie du XVIIIe siècle français », pour Le Loup, le ballet de Roland Petit créé en 1953[1], pour Giselle à l'Opéra de Paris en 1954[14], pour Athalie à la Comédie-Française en 1955, pour After Eden dansé par les ballets Harkness aux États-Unis en 1966, pour Jeanne et ses juges de Thierry Maulnier mise en scène par Marcelle Tassencourt au théâtre Montansier de Versailles en 1968[15] ou pour La Périchole de Jacques Offenbach[16],[17], mise en scène en 1969 par Maurice Lehmann au Théâtre de Paris[18].
En 1977, il dessine lui-même son épée d'académicien avant de faire son entrée à l'Académie des beaux-arts[1] au fauteuil de Jean Bouchaud. Pourfendeur du laxisme de la société moderne en général, et du cubisme en particulier, il estime que Picasso est « une personnalité qui ne fait pas de la peinture »[1]. Lors de son discours d'inauguration à l'Académie, Carzou s'en prend violemment à l'art moderne. Son successeur Zao Wou-Ki résume : « Jean Carzou savait, lorsque cela lui semblait nécessaire, affirmer et défendre ses idées. Il a exposé, dans ce discours, une vision apocalyptique de l’avenir au travers de ses réflexions sur la peinture. Il a pointé d’un doigt accusateur Cézanne et Picasso. Il les a rendus directement responsables d’une libération de la peinture qu’il considérait trop grande, à tel point, qu’elle risquait en quelque sorte de s’autodétruire. Pour ce peintre-artisan, les avant-gardes développées autour des années cinquante sont trop éloignées de cette grande tradition française à laquelle il était si attaché »[19]. Selon lui, seuls Claude Lorrain, Watteau et Salvador Dalí sont « de grands peintres ». Il achète aussi des œuvres de ses collègues peintres figuratifs, et notamment de Maurice Boitel à la galerie Drouet, faubourg Saint-Honoré, au début des années 1980[20].
Auteur d'une importante œuvre lithographique et d'illustration (Les Illuminations de Rimbaud) et de tapisseries, décorateur de chapelle de l'église du couvent de la Présentation de Manosque devenue Fondation Carzou en 1991, l'artiste voit son œuvre consacrée en 1986, à Vence (Alpes-Maritimes), avec l'ouverture d'un musée privé à son nom, mais qui sera fermé quelques années plus tard.
Jean Carzou meurt le dans la maison de retraite de Marsac-sur-l'Isle, en Dordogne[1],[21],[22]. Il repose dans la 25e division du cimetière du Montparnasse à Paris où la dalle de sa sépulture est revêtue de sa signature[23].
« Qu'a apporté Carzou ? Une écriture et un style à la fois. Écriture fouillée, tissée, filée, où le mélange savant de droites et d'arabesques, fruit de la sûreté du dessin, concourt aux effets de perspective comme de composition générale de l'œuvre, ainsi qu'au mystère le plus souvent recherché par le peintre »[24]. On retiendra avec Patrick-F. Barrer que « volontairement en marge des grands mouvements picturaux, Jean Carzou, tout en inscrivant parfaitement son œuvre dans une époque dont il s'est fait le témoin, a su inventer, imposer et préserver un style des plus particuliers »[25]. Carzou demeure ainsi « parmi les artistes marquants de notre époque : il en a traduit mieux que quiconque les inquiétudes, les dangers, les réalisations grandioses et angoissantes mais, c'est là son originalité, il a su l'exprimer avec poésie »[26].
La toile La promenade des amants que Carzou accroche au Salon des peintres témoins de leur temps en 1952 lui vaut le premier prix[18].
Ses expositions les plus marquantes ont ainsi pour thème « Venise » (1953), « L’Apocalypse »(1957), « Figures rituelles » (1968) et jusqu’à « Versailles » (1994). Depuis son arrivée à Paris jusqu'en 1992, il a exposé au Salon des indépendants, société d'artistes à laquelle il avait adhéré dès 1929, dont il est devenu sociétaire le , envers laquelle il marquait un grand attachement et à laquelle il a été fidèle jusqu'à la fin de ses jours alors qu'il connaissait la célébrité. Il a participé également au Salon d'automne de 1940 à 1979[25] et est l'auteur de l'affiche du salon de 1973 (Hommage à Paris) qui a été tirée sur les presses de Fernand Mourlot.
Carzou ne se contente pas de peindre des toiles bleues et singulières. Il enchâsse ses tableaux et ses aquarelles dans des médaillons de velours ou de papiers dentelés. À certains critiques d'art qui le qualifient de « décorateur », il lance « vous aurez de la peinture mais aussi du théâtre ».
Après une longue carrière de peintre, graveur et décorateur de théâtre, Carzou entreprend en 1990 une gigantesque Apocalypse dont il pare les murs de l’église de la Présentation à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence)[54] ; non pas l’illustration littérale de l’Apocalypse de saint Jean, mais « le climat de notre époque » peuplée d’horizons dévastés, de navires embrumés, de rails enchevêtrés et de blockhaus traduisant sa hantise de la guerre et de l’holocauste. Il y réalise notamment un portrait de femme-arbre au visage de Madone, délivrant au monde un message d’éternelle humanité[55].
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